The Multiversity

Introducing : Cami, la guérisseuse.

*Quel endroit… étrange*, pensa le garçon en contemplant ces énormes rochers, véritables archipels volants qui emplissaient le ciel jusqu’à l’horizon.

Mais comment diable Vaan et son escorte étaient-ils arrivés jusqu’ici ? Et… où donc était ce « ici », d’ailleurs ? Ni lui, ni aucun des membres de sa garde rapprochée ne le savait vraiment.

Quelques heures plus tôt, une sorte d’orbe lumineux était apparu en plein milieu de la route, et c’est toute la carriole qui semblait avoir été comme avalée par ce dernier. Nulle trace d’une sphère similaire pouvant signifier l’opportunité d’un voyage retour pour l’instant, ainsi, après des heures à arpenter chacun de ces rochers, les uns après les autres, le groupe eût décidé de marquer une pause. Au moins le temps de regagner des forces… et de réfléchir à un plan.

Fort heureusement, les lois qui régissaient ce monde étrange semblaient différer en bien des points de celui duquel ils provenaient et leur carriole eût même la capacité de s’envoler, les menant avec aisance d’un point à un autre, comme si ici, les chevaux qui composaient son attelage n’étaient en rien affectés par la gravité. C’était pour le moins… curieux, mais bien utile.

« Oh. Hmmm… aah ! »

Le rouge aux joues, Vaan, assis les pieds dans l’eau au bord d’une petite mare trônant au centre de l’un des rochers les plus verdoyants, se mordilla les lèvres. Son pouls venait de s’accélérer.

« Ola, ola… c’est bien. Continue comme ça. »

Nerveux, le freluquet baissa la tête, ouvrant ses petits yeux légèrement plissés pour regarder Cami, qui se tenait à genoux devant lui, sa robe de femme d’église trempée par toute cette eau dans laquelle elle reposait.
Posée entre les cuisses du garçon, la guérisseuse souriait sans même le regarder, trop obnubilée par sa lance qu’elle caressait de sa paume délicate, et dirigeant sa pointe en direction du goulot d’une petite outre de cuir.

« Ha-haaa… Cami. Mon mana… »

Ne parvenant à refermer pleinement ses doigts en anneau autour de son vît, comme à chaque fois qu’elle s’y essayait, la grande blonde se contenta d’accélérer la cadence de ses gestes, galvanisée par les faibles gémissements du garçon, annonçant qu’elle approchait de son objectif.

« Haaaan… haaan… »

« La lance ! », lâcha-t-elle avec un enthousiasme débordant, alors qu’elle sentit le sexe de Vaan palpiter, au bord de l’extase. Voilà bien cinq minutes qu’elle le massait sans relâche. Elle touchait désormais au but.

S’écroulant vers l’arrière, le dos sur l’herbe fraîche, le garçon s’était soudain mis à gémir plus fort. Son sexe venait de gonfler à nouveau, ses bourses avaient tremblé… et, après quelques grognements extatiques, l’outre de Cami semblait s’être remplie comme par miracle, débordant même à grosses gouttes de la sève du garçon.

Gouttes que la nonne s’empressa de recueillir du bout de sa langue taquine, avant de remettre son bouchon sur le contenant.

« Mmmmh. Parfait. »

Se penchant au-dessus du garçon qui reprenait son souffle, les bras croisés sur ses yeux, elle tapota son abdomen avec bienveillance, l’air ravie.

« Tu as… bien travaillé, petit seigneur. », dit-elle en caressant d’une main la poche de cuir chaude qu’elle collait tout contre sa joue.

Baladant ses doigts le long de son ventre, lui arrachant un frémissement dont il se serait bien passé, encore sensible qu’il était, Cami se recula, se positionnant de sorte à admirer son gigantesque engin, qui semblait se rendormir.

Le poussant sur le côté d’un geste de la main, elle se baissa… et se baissa encore, posant ses jolies lèvres charnues sur les bourses du jeune Vaan.

« Haa… »

*smack*

« Mmm… mouaah »

« C-Cami ? »

« Hin hin ? »

Sortant sa petite langue de sa bouche, Cami recouvrit de sa salive l’une de ses testicules, entrouvrant encore… et la prenant en bouche.

« Haa. Qu’est-ce que tu fais ? »

« Mmf… ge… ge m’abbrêde à brendre la lanche dans ma bouge. Bourgoi ? »
(Comprenez : « je m’apprête à prendre la lance da ma bouche. Pourquoi ? »)

« M-mais ! Je viens juste de… haaa ! »

Décollant sa bouche à grands bruits, la jeune femme s’empara de l’énorme saucisse du garçon, qu’elle secoua pour tenter de lui redonner du volume. Quand bien même celle-ci était dans un bien triste état, elle ne parvint pourtant toujours pas à en faire le tour de ses deux petites mains, blanches et parfaites comme la porcelaine.

« Relax. Détends-toi… »

Ouvrant grand, elle s’empiffra de son gland, secouant la tête dans tous les sens pour faire entrer en sa bouche le plus possible de son phallus.

« MMMF ! »

« Aaaah ! »

N’attendant pas une seconde de plus, la nonne entama de rapides et brefs mouvements de va-et-vient, tordant et comprimant sa lance encore molle jusque dans sa gorge, arrachant tant de cris au garçon… qu’on aurait facilement pu le croire supplicié.

En vérité, de tout ce qu’il avait connu jusqu’à maintenant, ses sessions d’extraction de mana en compagnie de Cami figuraient parmi ce qu’il préférait, et ce quand bien même elles duraient des heures, comme aujourd’hui.

« Haaa ! », s’écria encore Vaan, alors qu’il agrippait de ses doigts les cheveux de la belle. Deux minutes s’étaient écoulées à peine, il n’était même pas dur, que déjà son manche retapissait la bouche de Cami, déversant contre sa langue tout autant de sa semence qu’il lui en avait fallu pour remplir son outre.

*gulp, gulp*

« Mmh… encore… J’en veux d’autre. »

Avait-elle à peine terminé d’avaler son dû en d’impressionnantes gorgées que la nonne s’activait à nouveau…
… lui soutirant presque instantanément de nouvelles salves de foutre.

*GULP GULP*

Sans doute du fait de son excitation croissante, ses deux énormes fesses n’avaient de cesse de se dandiner, roulant en rythme et presque à découvert, presque nues, sous le fin tissu de sa robe, empli d’eau.

C’est en apercevant cela, que Vaan se remit soudain à durcir.

Il n’avait pas encore compris comment cela fonctionnait, mais une chose est sûre, il avait fini par comprendre qu’il y avait quelque chose de très plaisant, à se servir de ses… « pouvoirs ». Du moins, à faire toutes ces… choses, qu’il pensait être le seul à faire, du fait de son statut si singulier.

Et, pour la première fois, il eût envie de prendre une initiative.

« Haa… Cami ? », dit-il en contemplant ses fesses, qui remuaient, se balançaient, encore et encore.

« Hmm ? »

« J-je… je crois que j’ai envie de vous bénir. »

« Ho ho… »

Ces quelques mots échangés, Cami n’avait pas perdu une seconde pour se mettre à nu, écrasant son opulente poitrine sur la roche, au bord du bassin. Par derrière, Vaan s’était empressé de se mettre à la besogner, arrachant à son amante de nombreux hurlements… qui ne passèrent pas inaperçus.

À force de jouir comme sur commande, la nonne semblait sur le point de perdre la raison, hurlant comme une désespérée… quand d’un coup…

*POUF*

Comme si elle n’avait jamais été là, Cami disparut, avalée par une nouvelle sphère de lumière. Ses hanches, que Vaan tenaient si fortement, s’étaient comme évaporées… le laissant bête, et seul, dans l’incompréhension la plus totale, une érection monumentale entre les jambes.

Il jouit de nouveau, mais au lieu de frapper les entrailles de sa partenaire, les gouttes de sa sève finirent leur course sur le bord du bassin, souillant l’herbe comme les fleurs.

« C-Cami ? Cami ! »

*POUF* *POUF*
*POUF POUF POUF*

Se précipitant hors de l’eau, le garçon accourut jusqu’au bord de ce rocher sur lequel il se tenait, pour observer celui en contrebas, où les autres avaient décidé d’installer leur campement.

« Vel ! »

*POUF*

Comme Cami, comme les autres avant elle, Vel disparut, emportée ailleurs par cette bien étrange apparition lumineuse. À leur tour, les autres disparurent aussi…

Vaan attendit son tour patiemment, prenant même le temps d’attendre que son érection retombe pour se rhabiller, mais son tour ne vint pas. Sa saisissant de l’outre de Cami, pleine de sa sève, Vaan regarda tout autour de lui. Où avaient-elles bien pu passer ?

Cet endroit était étrange… et il s’y passait définitivement quelque chose.
Mais quoi ?

Pour une fois, la Xéno-faë écoulait de petits jours paisibles dans la dimension merveilleuse - mais toujours aussi "ravagée" - de sa créatrice. L'Evocatrice, Mère des faës, ne lui avait pas donné de nouvelles missions depuis. Aucune expédition visant à créer de nouveaux liens et à fournir de quoi faire fleurir l'Arbre de Vie. Rien si ce n'était de l'attente avec... si peu de choses à se mettre sous la dent.

- Aaah... Tu m'étonnes que mes sœurs aient fini par se volatiliser.

Mourir d'ennui était chose possible, car c'était sans doute de ça qu'elles avaient succombé, les pauvres !
Alors que moi, je dormais dans ma chrysalide... il n'y a pas à dire : la vie est incroyablement injuste.
Ryanne Hilaris, la seule survivante d'une portée qui autrefois avait compté bon nombre de créatures aussi séduisantes qu'elle, finit par se sentir coupable de son inactivité. Cessant de contempler les rochers volants et les raies de lumière étoilée qu'ils venaient à masquer à force de léviter dans le vide, elle abandonna son perchoir - un arbre au tronc bleu qui était parvenu à pousser un petit peu plus haut que ses voisin rabougris - et se mit à déambuler entre les larges fissures qui serpentaient dans la roche rose.

- Et si j'allais direct mettre un coup de pied dans le derrière de la reine des fourmis ? Après tout, la "fourmilière" ne dénombre plus qu'un seul individu, alors bon ! Autant y aller franco avec la véritable paresse qui mine ma si trépignaAaAaAante existence !

Même en parlant toute seule, l'Envoûteuse s'exprimait autant avec la bouche qu'avec les mains. Une bouche si ennuyée qu'elle se mettait à rallonger les syllabes et à dévoiler la moindre des pensées de sa si DoUuUuUuUce propriétaire.

- J'imagine que ce doit être ça, la vraie définition de l'enfer...

En marchant ainsi, elle sentit quelque chose lui picoter la peau. Une sensation qui lui était familière, parce que liée à la magie. Une magie qui, elle ne tarda pas à le comprendre, n'appartenait point à Faëlya.

- De la visite ? Ici ? C'est proprement impossible !

D'incrédulité, Ryanne s'était figée. Son regard d'améthyste pointait dans une direction. Celle où le mana travaillait. La Xéno-faë n'aurait aucun mal à en remonter les effluves invisibles. Elles étaient bien trop étrangères à son environnement actuel. Pas comme sur Terra, par exemple, où il lui aurait fallu se concentrer un petit moment avant de-...
Empresse-toi d'aller voir ce qu'il se passe ! tonna, dans sa tête, la voix désincarnée de l'Evocatrice.
La Xéno-faë accusa un violent sursaut. Une grimace barra ses traits d'ordinaire si enfantins.

- Quel manque de manières ! Elle n'a même pas pris la peine de venir me le demander de vive voix, ronchonna la magicienne.

A quoi bon, puisque je t'entends !
Détail que son enfant avait peut-être oublié en cette période de crise tout à fait incompréhensible ?
La survie de notre monde est peut-être en jeu, lui expliqua froidement l'Evocatrice. Tu voulais une aventure ? En voici une, justement, qui se déroule certes à domicile mais qui ne mérite pas moins ton attention de girouette !
Les poings sur les hanches, Ryanne se tordit les lèvres de mécontentement.

- L'insulte n'était pas nécessaire. (Elle ne mit guère longtemps à trouver une faille dans le raisonnement de sa créatrice.) Je peux savoir ce qui vous empêche, vous, en personne, d'aller y jeter un œil ? En dehors, bien sûr, de votre incurable allergie pour tout ce qui provient de l'extérieur.

A peine eut-elle achever sa phrase qu'un gros rocher se décrocha du ciel, chutant droit vers sa position.
Ryanne, qui l'avait entendu arriver en sifflant comme une comète, l'esquiva d'un bond leste.

- ...Je crois que j'ai compris le message.

Cesse tes caprices et file ! Ou bien je jure que je t'en envoie d'autres encore plus gros que celui-ci. Tellement que tu regretteras le temps que tu as passé à te lamenter sur ton ennui.
La magicienne soupira fort par les narines.

- Et je crois aussi que je vous déteste. En toute franchise ! Pourtant, ce n'est pas dans mes habitudes.

Tant que tu feras ton boulot, j'y survivrai, claqua la voix de sa déesse.

Ryanne, qui ne voulait sûrement pas son déclin, renonça à poursuivre cette vaine conversation mentale. Elle braqua de nouveau son regard vers l'horizon. La magie, toujours en activité, semblait avoir gagné en puissance. Comme si elle était sur le point... d'exploser ?
Sans se poser plus de question, l'Envoûteuse se fit pousser des ailes et s'envola.


Elle arriva sur les lieux pile au moment où l'intrus... et bien, besognait une autre intruse ?
Ben ça alors ! Moi qui m'attendais à tomber sur une bombe...
Elle en avait bel et bien trouvé une, en quelque sorte. D'un genre différent, certes ! Plus humaine, en l'occurrence. Avec des formes absolument... vertigineuses ! La blonde plantureuse se faisait prendre par derrière et, comme le laissaient supposer ses cris d'extase, elle avait tout l'air de prendre un pied d'enfer.
De la magie lubrique ?
En tout cas, celle qui émanait de ces deux individus - en particulier de ce jeune homme aux courts cheveux brun - flamboyait, selon les sens aiguisés de la bonne fée, aussi fort qu'une étoile.
Impressionnant !
Sauf que le spectacle ne dura point. La partenaire du nom de Cami s'éclipsa d'un seul coup, laissant son culbuteur dans l'embarras. Moment qui ne l'empêcha néanmoins pas de jouir au bord de ce bassin, parmi l'herbe fraîche et les fleurs parfumées. Les fins sourcils mauve de l'observatrice montèrent bien haut. Effectivement, elle avait vu ce qui pendait entre les jambes de l'esseulé, et comprenait maintenant pourquoi la disparue avait produit autant de boucan.
Ciel ! Ce garçon a été croisé avec un minotaure ? Curieux : je ne vois pas ses cornes.
Bref ! Le jeune homme avait couru en direction de son véhicule et crié un autre nom. Autour de sa cariole, en contrebas, l'appelée avait elle aussi disparu.
C'est donc un groupe entier qui s'est glissé en Faëlya ?
Un sacré miracle !
Ryanne, de son point de vue aérien et parfaitement silencieux en raison de son camouflage magique, attendit que l'inconnu daigne revenir à son état normal et se rhabiller. Cela lui prit du temps qui, en l'absence d'imminente explosion d'autre chose que de la semence, ne dérangea ni l'Evocatrice ni sa courageuse éclaireuse.
L'heure est venue d'entrer en scène !
Renonçant à ses ailes de fée, la magicienne réintégra le sol où elle dissipa le voile d'Imagina qui interdisait tout regard indiscret de se poser sur sa délicate personne. Elle avait choisi de se présenter à lui dans sa tenue printanière, en y mettant les formes.



- On dirait bien que vous ignorez tout de l'endroit où vous vous trouvez, vigoureux voyageur.

Un adjectif qu'elle n'avait pas choisi au hasard. Peut-être pour lui mettre la puce à l'oreille quant à ce qu'elle avait pu voir, de là-haut ?
Quoiqu'il en fût, la bonne fée baissa humblement sa tête coiffée d'un béret fleuri, saluant l'intéressé d'une élégante courbette. Un signe de sa civilité qui tranchait avec le contexte, primitif mais enchanteur, dans lequel ils se trouvaient.

- Permettez que je me présente à vous ! Je m'appelle Ryanne Hilaris et...

Feignant la confusion, elle roula ostensiblement des yeux sur un côté.

- J'étais justement en train de me poser des questions sur notre environnement commun, hé hé~

Envisageait-elle de se faire passer pour ce qu'elle n'était pas ?
La magicienne était restée vague à ce sujet. Sa véritable stratégie, elle allait sans doute la construire sur le tas.
En attendant, peut-être, que l'Evocatrice lui soufflasse ses exigences ?

Cami ? Disparue. Vel ? Disparue. Comme l’étaient vraisemblablement Scarlet, Tar’ja, Maëlle, Ava, Natasha, Eri et Melony.

Autour du petit feu de camp qu’avait dû allumer Ava, juste à côté de la carriole, c’était bien simple : il n’y avait plus âme qui vive, si ce n’est Vaan qui venait de reposer le pas en ces lieux d’un grand bond défiant les habituelles lois de la gravité.

Cami qui hurlait à s’en décrocher la mâchoire il n’y a pas cinq minutes, voilà que le silence qui s’était d’un coup imposé lui paraissait bien pesant. Inspectant en vain les quelques mètres environnants, le garçon poussa un soupir.

Étrangement, le garçon qui, d’ordinaire et dans pareille situation, se serait mis à trembler comme une feuille, ne sembla pas broncher. Son esprit encore trop accaparé par les merveilles et étrangetés de ce décor inédit, comme par les souvenirs du traitement qu’il n’avait pas fini d’infliger aux deux gigantesques fesses rougies de Cami, Vaan sembla même plus calme qu’à l’accoutumée.

Évidemment, il était inquiet. Mais, au cours des mois qui venaient de s’écouler, Vaan avait appris qu’il pouvait sans la moindre hésitation s’en remettre aux neuf jeunes femmes. Elles reviendraient le chercher, c’était sûr. Aussi, plutôt que de s’affoler, il préféra patienter…

Enfin… quelques secondes, au moins.
C’est fou ce que le temps peut paraître long, des fois.

Faisant les cent pas autour du feu, il se mit à siffloter avant de se saisir d’un gros morceau de barbaque cuisant au-dessus du brasier. Sans doute Maëlle s’apprêtait-elle à n’en faire qu’une bouchée avant de s’évaporer subitement…

Machinalement, Vaan mordit dedans pour s’occuper, tout en continuant à tourner en rond.

Cherchant de quoi tuer le temps, il finit d’accrocher l’outre de Cami à sa ceinture et se baissa pour attraper un galet. Triangulaire. Ok… pour attraper une… « sorte de galet ».
Se tenant au bord du vide, il regarda en bas, cherchant à apercevoir le sol, quelque part.

« Fiou. C’est… vachement haut, quand même. », lâcha-t-il en scrutant le ciel sous ses pieds. Uniquement le ciel.

Laissant tomber le galet, celui-ci rebondit. Une fois, deux fois… avant de tomber… et de disparaître de son champ de vision.

« Waaaah ! Cami, Ava ! Vous avez vu ça ? »

Surexcité face à sa découverte, le garçon laissa son sourire retomber quand, s’étant retourné, il se rappela la cruelle vérité. Il était seul.

Bougonnant une seconde, il se saisit d’une nouvelle pierre et la lança cette fois vers l’avant, se mordant la langue et plissant les yeux, comme aurait pu le faire un joueur de pétanque en pleine compétition.

La pierre ne rebondit pas six, pas sept ni huit fois… mais neuf fois !

« Wouhouuu ! Yes ! », exulta-t-il, tout heureux qu’il était de s’être trouvé un nouveau record à battre. Maëlle aurait adoré ça. C’était le genre de jeux très simples qu’elle affectionnait tout particulièrement.

Posant genou à terre, il entreprit de se faire un stock des meilleurs galets à lancer.
Le nez vers le sol tel un chien pisteur, Vaan tournait sur son rocher. D’eux-mêmes, ses sourcils se froncèrent à la vue de deux bien étranges pierres, semblables à… des pieds ?

« On dirait bien que vous ignorez tout de l’endroit où vous vous trouvez, vigoureux voyageur. »

C’étaient des pieds.
Levant lentement la tête, Vaan fut aussitôt pris d’un sursaut quand se dessinèrent sous ses yeux les traits de ce visage qui lui était inconnu. Reculant d’un bond (étonnamment long du fait de la gravité moindre), il leva les mains comme pour se mettre en garde. Évidemment, cela n’avait rien de très effrayant, ni de très convaincant.

« AAAAH ! V-vous… vous êtes… »

Il n’eût pas le temps de terminer sa phrase que la jeune fille qui lui faisait face répondit d’elle-même à sa question.
Elle n’avait rien de bien effrayant, elle non plus, aussi faillit-il baisser sa garde. Mais combien de fois Tar’ja lui avait-elle fait la morale à propos de forteresses, de… de bastions imprenables, ou d’il ne savait encore trop quoi ? Un truc qui consistait à dire qu’il valait mieux se méfier de tout, de n’importe qui et de n’importe quoi… parce qu’on sait jamais. Leçon que Melony, voleuse de son état, n’avait fait que confirmer.

Gardant donc les poings levés, il préféra jauger la jeune femme de loin. Elle avait des fleurs sur la tête… Quel mal pourrait bien lui faire quelqu’un qui aime les fleurs ? Ce serait insensé.

Pesant ses mots, Vaan semblait hésiter. Comment pouvait-il savoir à qui faire confiance, si n’importe qui pouvait être une menace ?
C’était bien trop compliqué !

« Est-ce que… vous savez où nous… »

Et encore une fois, celle qui s’était présentée à lui comme étant « Ryanne Hilaris », donna réponse à une question qu’il n’avait pas fini de formuler.

« Oh. Je vois… »

Baissant la tête, Vaan réfléchit un temps dans son coin.
Lisait-elle dans ses pensées ? Comment se faisait-il qu’elle puisse deviner ce qu’il allait lui dire avant même que son cerveau lui-même ne termine de le formuler ?

Une seconde…
Quelqu’un qui aime les fleurs pourrait ne pas être une menace, mais là… c’était différent, non ? Celle-ci les portaient sur sa tête tel un trophée. De pauvres petites fleurs, arrachées à la terre qui les avaient vues naître et pousser. Monstre… Se pouvait-il que ce visage, en apparence innocent, cache quelque chose de bien pire ?

Il lui fallait en avoir le cœur net mais… comment ?

Reculant d’un autre pas, Vaan fit légèrement tourner sa ceinture, de sorte à ce que l’outre de Cami se retrouve dans son dos. Si cette… chose, en avait après son mana, tout fraîchement extirpé de sa source, il ne faudrait pas non plus qu’il lui facilite la tâche.

« Je m’appelle Vaan. »

Hésitant, il recula encore et réfléchit.

« Ok… j'ai juste besoin de m’assurer de quelque chose. À… dites-moi à quoi je pense, là tout de suite. »

À cet instant, le gringalet voulut penser à des trucs super cools, ou… épiques, comme la fois où il avait vue Maëlle se servir de sa hache de bataille comme d’un boomerang, mais… tout ce qui lui vint, furent ces merveilleuses images des grosses fesses de Cami, claquant et rebondissant sous les assauts féroces de sa lance. La sensation de son épaisse toison d'or chatouillant sa grosse pointe sensible...

Qu’est-ce que cela pouvait bien avoir de mal ?
Il ne faisait que la bénir !
Quoique… attendez, il avait fait exprès de ne pas se présenter à Ryanne comme étant le porteur de la lance divine !!!

Tout était fichu ! Raaaah !

Malgré ses précautions, elle l'avait surpris. Tellement qu'il avait bondi en arrière, d'une distance qu'il ne lui aurait pas été possible de créer ailleurs qu'en Faëlya du fait de la gravité insolite pesant sur l'endroit. Gravité qui n'était pas la même partout, précisons le tout de même ! Cette zone-ci permettant en outre quelques rigolotes fantaisies acrobatiques.
Tiens donc ! Membré comme personne mais craintif, le garçon ?
Un constat ayant eu le mérite d'élargir un peu son sourire.
Ryanne se présenta tout de même. En prenant cette initiative, elle le prit de court une fois. Puis encore une autre en évoquant son absence de renseignement sur la région - pour ne pas dire "le monde" ou "la poche dimensionnelle". Ce comportement, pour le moins dynamique, éveilla des soupçons chez son locuteur. La Xéno-faë le vit baisser la tête pour réfléchir. Elle inclina légèrement la sienne de côté, curieuse de savoir ce qu'il allait bien pouvoir lui répondre. Ce traînant coup d'œil excita ses sens de fäe, et notamment sa perception de la magie. Il s'avérait qu'il y en avait beaucoup à l'intérieur de cette outre, pendue à sa ceinture, qu'il s'efforçait de cacher dans son dos. Et peut-être encore plus au niveau de son entrejambe au repos. Dans la ligne de son regard discrètement analytique, ces deux sources se chevauchaient tant et si bien que Ryanne eut l'impression qu'un brasier de magie entourait les hanches de l'humain.

- Vaan ? Un nom exotique mais joli ! Je me demande bien de quel peuple vous le tenez.

Elle essayait de ne pas l'effrayer mais, de toute évidence, l'affaire ne s'annonçait pas des plus évidente ; Vaan, méfiant, avait continué à reculer comme un petit chien au abois. L'Envoûteuse fut néanmoins soulagée de l'entendre parler. Il n'avait pas tout à fait la pétoche, le bougre !

- Vous voulez jouer aux devinettes ? Eh bien, si cela peut vous rassurer, je ne m'attendais pas vraiment à cela...

Déçue ? Non ! Plutôt intéressée par son profil.
Tout en silence, elle réfléchit donc à ce qu'avait récemment vécu son compagnon de causette. Il était, avant toute chose, un homme - oh, ça, elle l'avait bien remarqué, oui ! - et sacrément bien pourvu par Mère Nature. Alors s'il y avait bien quelque chose de marquant dans cette tête masculine, Ryanne était prête à parier qu'il s'agissait de ses récents ébats avec la grande blonde.

- Vous êtes en train de songer à vôtre dernier coït, déclara-t-elle.

Avant qu'il ne puisse s'envoler sous le coup de cette présumée prédiction, la Xéno-faë déplia un doigt en direction de son pantalon.

- Cette bosse que je vois là est connectée à votre psyché, spécifia-t-elle, et je tiens à vous signaler que je vous ai aperçu et entendu, tout à l'heure, en train de faire vos petites affaires.

Amusée, Ryanne ferma les yeux. Nouveau petit sourire amical.

- Je suis certes une magicienne, mais n'allez pas vous imaginer que je suis capable de fouiller dans votre tête ! Ce serait malavisé de ma part, Vaan.

Malavisé ? Le mot était-il bien choisi, avec un tel avantage psychique ?

- Je sais par expérience que beaucoup n'apprécient pas qu'on les épie. C'est tout à fait normal, comme réaction ! Je n'aimerais pas non plus que l'on vienne me sonder les neurones en quête d'information compromettante. Alors croyez le bien quand je vous assure qu'il m'est aisé de me mettre à votre place.

Elle fit volte-face, se dirigeant au bord des rochers pour s'y installer en laissant pendre ses jambes dans le vide.

- Tranquillisez-vous, Vaan ! Je ne vais pas vous manger.

En tournant la tête dans sa direction, la bonne fée lui décocha un sourire malicieux.

- Si j'avais voulu vous chiper un morceau, je l'aurais fait tout à l'heure pendant que vous étiez occupé à jouer à saute-mouton.

Puis elle se prit d'une soudaine contemplation pour le campement abandonné.

- J'ai beau ne pas être végétarienne, je ne possède aucun lien de parenté avec les lycans. Ce n'est donc pas demain la veille que je risque de faire de vous mon repas ! Ah ha !

Tapotant la place à ses côtés d'une main délicate, elle l'invita à la rejoindre.

- Je voyage ici depuis plusieurs jours, vous savez ? Je puis donc vous assurer que nous sommes seuls, et qu'il n'y a pas âme qui vive dans les environs.

Elle haussa les épaules, l'air d'entonner : "voilà pourquoi..."

- Le simple fait de vous voir m'a donné envie de vous approcher. Mais si jamais je vous dérange, dites le moi tout de suite, avec des mots clairs je vous prie, et je m'en irai en espérant trouver quelqu'un d'autre avec qui élucider le mystère de notre présence céans.

Ou comment donner l'illusion du choix à quelqu'un qui n'en savait pas autant qu'elle ?

Avec tout l’entrain et le dynamisme qui semblaient caractériser sa petite personne, l’étrange jeune femme reprit le contrôle de la conversation, acceptant sans la moindre hésitation de jouer au jeu du garçon.

« Vous êtes en train de songer à votre dernier coït. », lui répondit-elle du tac au tac, comme si cela pouvait se lire en plein milieu du visage de Vaan, qui affichait alors comme un soupçon d’incompréhension.

Très certainement aurait-il bondi encore s’il avait su ce que voulait dire ce mot, complètement absent de son vocabulaire. Il faillit bien lever le doigt pour en demander la définition, comme à l’école, mais Ryanne le devança de nouveau, pointant du doigt la gigantesque bosse qui, même dans cet état, déformait affreusement son pantalon, comme s’il y avait caché le généreux butin d’un vol à l’étalage.

Ouvrant grand les yeux et se mettant à rougir, Vaan se figea un instant quand elle mentionna ses « petites affaires », comme s’il venait d’être pris sur le vif. Or, il n’en était rien. Ignorant tout des questions relatives à la sexualité, le garçon n’avait, de son point de vue, rien fait d’autre que ce que l’on attendait de lui… et de sa lance.

Jamais ô grand jamais il ne se serait imaginé que la raison pour laquelle Cami avait recours à ses « services » si souvent était due au fait qu’elle s’était prise de passion pour les arts de la fellation.
Non, pas un instant n’aurait-il pensé que ses partenaires abusaient parfois un peu de sa « condition » pour satisfaire leurs bas instincts.

Si Vaan s’était figé, donc, c’est parce que là encore… la sorcière avait vu juste ! Et "coït", donc, devait être synonyme de rituel, ou quelque chose comme ça.

« A-ha ! », fit-il en la pointant du doigt, comme pour lui dire « je t’ai démasquée ! ».

La jeune femme reprenant et expliquant qu’elle n’avait aucunement le don de lire dans sa petite tête, il remit son doigt à sa place, faisant alors comme si de rien n’était. Cela dit, il n’avait pas tort sur toute la ligne. Ryanne venait elle-même de l’avouer : elle était magicienne !

La suivant dans sa contemplation des alentours, le garçon décida, cette nouvelle révélation faite, de ne plus quitter des yeux l’étrange mage, dont les paroles ne faisaient que le rendre plus suspicieux.

Pourquoi parlait-elle donc de le manger ?
Cami lui avait dit un jour qu’il avait un goût… fruité, mais cela pouvait-il se sentir aussi ? Vaan n’en avait jamais eu l’impression. Dans le doute, il chercha une seconde à se sentir, des fois qu’il puisse humer quelques notes de framboise, ou d’autre chose…
Non. Vaan ne sentit que la viande qui grillait, et dont l’odeur alléchante embaumait les environs.

Ou… peut-être Cami parlait-elle de…
Se tournant légèrement, le garçon observa l’outre à sa ceinture une seconde. Peut-être son mana avait-il un goût de fruits ? C’est vrai, ça… il n’avait jamais pensé à essayer de…

Ryanne le sortit de ses bien étranges pensées lorsqu’elle affirma qu’il n’y avait plus qu’eux, en ces lieux. Pensif, Vaan pensa aux filles tout en approchant de cette autre, qui venait de prendre place au bord du vide.

« Seuls, seuls ? Et comment on sort d’ici, alors ? Mes amies étaient là avec moi il n’y a pas dix minutes et… d’un coup, pouf, toutes disparues comme on est venus. »

Hésitant, il continua d’approcher, sans pour autant prendre place.

« Vous n’allez pas essayer d’me pousser, hein ? J’vous préviens, elles sont plutôt du genre balèzes, vous savez ? »

Peut-être vaincu par ces nombreux sourires respirant la sympathie qu’elle lui avait assénés, Vaan s’assit, mettant malgré tout un bon mètre de distance entre eux.

« C’que vous dites n’a aucun sens. Si on est vraiment seuls ici, ben vous irez voir personne d’autre, en fait. Alors… on va dire que vous m’dérangez pas. D’accord ? »

Quelque peu satisfait d’avoir mouchée la magicienne sur ce coup, le jeune homme lui adressa un sourire malicieux avant de s’en retourner jeter son regard au loin.

« Vous n’avez pas l’air méchante. C’est juste que c’est… bizarre de se retrouver tout seul. »

Zieutant l’immensité s’étendant devant lui, Vaan resta pensif un instant. Comment allait-il faire pour les retrouver dans un endroit pareil ? Étaient-elles encore ici, pour commencer ?
Sur ce coup, même la lance divine ne semblait pas être d’une quelconque utilité.

Incapable de penser à la moindre piste qui soit, le garçon s’en remit à Ryanne, battant des pieds dans le vide, l’air interrogateur et curieux.

« Alooooors… vous avez des pouvoirs utiles ? Oh ! Vous lancez des boules de feu ? Enfin… ça servirait à rien s’il n’y a personne d’autre que nous ici, mais… Ou alors, vous êtes capables de retrouver des gens par magie, ou bien de sentir la magie des autres, peut-être ? Il y a plusieurs magiciennes dans mon groupe, alors ce serait super ! »

Et puis, en dernier recours, Vaan pouvait se servir de l’outre de Cami, pour lui donner un coup de boost. Si comme elle, elle s’alimentait de son mana, peut-être cela décuplerait-il ses sorts ?

« Nan ? »

"Toutes disparues comme ils étaient venus". Un phénomène étrange par-dessus un autre. Dans un sens comme dans l'autre, Ryanne était, pour le moment, incapable de fournie une explication plausible.
Comme quoi Faëlya, même après tout ce temps, possédait encore bien des secrets sur son fonctionnement...
A la crainte émise par le seul "survivant" du coin, Ryanne réprima un rire.

- Elles ne sont plus là, pas vrai ? J'en déduis qu'elles auraient du mal à venir vous rattraper.

Réflexion de petite sorcière mal intentionnée ?
L'Envoûteuse s'accordait un nouveau rôle par-dessus le premier.
Sa remarque n'avait pourtant pas été suffisante pour jeter un froid.
Vaan s'était installé à ses côtés. A un tout petit mètre de distance les séparait.
Comme désireux de trouver une faille dans le raisonnement de la Xéno-faë, Il y alla alors de sa logique.

- Pour le moment, nous sommes seuls, contre-attaqua la magicienne. Mais peut-être que dans un futur proche, nous ne le serons plus ? Alors... je pourrais vous abandonner à votre solitude, en quête d'un meilleur parti que la vôtre~

Des mots qu'elle n'avait pas choisis au hasard !
Qu'attendait-elle de lui ? Il était encore trop tôt pour le dire, seulement... il était un homme et elle, une femme. Un homme qui s'était fait plaisir sur le dos d'une autre femme tout à l'heure, qui plus est ! De quoi donner quelques idées sur leur possible relation au cœur de ces contrées féeriques.
Ils pourraient possiblement s'amuser un petit peu avant que Faëlya décide de le recracher comme les autres - si tel était le sort que la dimension leur avait bien réservé. Ryanne, qui n'avait pas pris la peine de consulter mentalement sa créatrice depuis le début de cette entrevue avec Vaan, préférait n'en rien savoir.
Le garçon abandonné à lui même ne la voyait pas comme une "méchante". Comme quoi, il y avait du progrès !

- De toute évidence, vous êtes habitué à ce que l'on vous tienne compagnie.

Etait-il une sorte de prince ? de privilégié aux yeux de la populace ? ou bien le pilier d'une équipe constituée exclusivement de femmes ?
Auquel cas certaines de ses nuits devaient être sacrément mouvementées, à celui-là !
Vaan s'interrogea ouvertement sur capacités magiques. L'Envoûteuse s'amusa de ses hypothèses. Le lancer de boules de feu ou d'éclairs, c'était un peu la base en matière d'offensives directes. Ryanne était capable d'agir sur son environnement, après tout ! D'utiliser la flore pour attaquer, voire même de manipuler le sol sous leurs pieds. Avec ses Mots de Pouvoirs et son Imagina, énormément de choses lui étaient possibles. Même si elle possédait une certaine affinité avec le vent et la foudre - ses éléments fétiches, pour ainsi dire.

- Vous voulez que je vous révèle mon jeu alors que nous nous connaissons à peine ? C'est très présomptueux de votre part~

Elle jeta un regard en coin à son outre. Ryanne était suffisamment vive pour l'attraper et l'arracher à sa ceinture. Mais ainsi, elle se mettrait à dos son propriétaire dont les moyens de subsistance étaient limités au sein de cette dimension. Chose qu'elle voulait éviter. Si la magicienne arrivait à se comporter en grande optimiste, c'est avant tout parce qu'elle n'avait pas pour habitude de se montrer hostile. Farceuse et espiègle, peut-être, mais clairement pas animée par le désir de descendre ses rencontres.

- Je pourrais éventuellement vous aider à retrouver les vôtres mais qu'est-ce que j'y gagnerais, dans cette histoire ? La paix ? Vous m'apparaissez être de bonne compagnie malgré votre méfiance naturelle qui, je le sens, tend à s'amenuiser. (Elle sourit derechef à la perspective de le voir redresser sa garde.) Pour être honnête, cela m'ennuierait de vous perdre ! Il se trouve que j'aime bien causer, et qu'il m'est beaucoup plus agréable de le faire avec un tiers que d'avoir à me contenter de mon propre monologue.

Nouveau coup d'œil du côté de son bagage liquide.

- Un petit marché, ça vous branche ? (D'un mouvement de tête, elle lui indiqua son outre.) Vous me dites ce qu'il y a là-dedans, en échange de quoi je m'engage à vous aider à revoir vos copines.

Ses yeux mauves pétillaient d'un doux espoir.

- En parallèle, vous m'expliquerez aussi tout ce qu'il y a à savoir sur vos particularités car, comme vous l'avez deviné, je suis bel et bien capable d'humer la magie. J'aimerais, par exemple, comprendre pourquoi elle flamboie à l'intérieur de ce récipient et... brûle d'un feu à moitié comateux entre vos gambettes.

Le lien n'était pas si difficile à tisser pour un cerveau comme le sien, mais autant qu'elle donne un peu de grain à moudre à ce cher Vaan !

Quel bien étrange personnage que cette Ryanne.
Ses choix de mots étaient particulièrement bizarres, voire indélicats, même, pour le garçon qui n’en comprenait pas vraiment la malice.

En effet, si ses piques et ses remarques étaient destinées à l’amuser, eh bien… ça ne le faisait tout simplement pas rire. Bien au contraire, même, la façon avec laquelle la jeune femme avait soulignée l’absence de ses amies avait tout particulièrement irrité le jeune Vaan, lui arrachant une moue quelque peu boudeuse.

S’il avait fait l’effort de se montrer ouvert et curieux à son sujet, les réponses que le garçon venait d’obtenir ne lui avaient pas plu. Ni ce ton qu’elle prenait avec lui, d’ailleurs. Cela ne lui rappelait que trop la condescendance de quelques garçons et filles de son village natal.

Les bras croisés et la tronche de travers, il quitta des yeux son interlocutrice pour regarder dans la direction qui lui était opposée, se murmurant alors à lui-même :

« Tss, dites plutôt qu’vous z’êtes nulle comme mage, ouais… »

Sa remarque suivante le fit hausser un sourcil et il faillit rire de la jeune femme à son tour, comme il avait eu l’impression qu’elle le faisait de lui.
Sa méfiance ? Amenuisée ? Peuh !
Elle aurait pu viser juste, il était vrai, mais pour ça aurait-elle dû garder bouche close, avant de la ramener.

L’oreille toujours attentive, Vaan écoutait tout de même Ryanne sans perdre une miette de ses sornettes. Il était de plus en plus clair que quelque chose ne collait pas dans tout ça, et sentir son regard se faire de plus en plus insistant sur son outre ne faisait que renforcer ses inquiétudes, revenues au galop.

Se répétant dans sa tête toutes ces choses qu’elle énonçait comme pour mieux recoller les morceaux, il la laissa quelques secondes sans autre réponse que celle donnée par le bruit du vent.

Ryanne semblait prendre cette situation bien trop à la légère…

« Vous m’avez demandé ce que vous y gagneriez, nan ? »

Se retournant pour la confronter, une main serrée sur son outre pour éviter qu’elle ne la lui vole, le garçon reprit, les sourcils froncés.

« Vous savez quoi ? J’vous crois quand vous dites que vous pouvez pas lire dans ma tête. Sinon vous auriez compris ce qu’il y avait à gagner à trouver du monde pour nous aider. D’autres mages, surtout. Vous avez dit qu’vous vous posiez des questions sur cet endroit, vous aussi, mais… vous savez c’que je pense, là tout de suite ? Non, bien sûr que non. Moi, je pense que vous n’avez aucune intention de sortir d’ici. Si c’était le cas, trouver de l’aide vous aurait suffi. »

Expirant bruyamment comme pour lâcher la pression après ce monologue bien trop intense pour sa petite personne, Vaan décrocha son outre de sa ceinture pour la tendre au-dessus du vide après lui avoir ôté son bouchon.

« Vous voulez savoir ce que c’est ? D’accord, je vais vous le dire. »

Penchant le contenant sur le côté, le garçon laissa se déverser bien des quantités de son épaisse et sirupeuse semence encore chaude.

« Si ça sent la magie, c’est parce que ç’en est. C’est pas plus compliqué que ça. C’est c’que m’a dit le vieux prêtre en tout cas. Du mana à l’état pur, comme celui qui alimente le monde… »

Jetant un bref coup d’œil en direction de tous ces autres rochers volant autour d’eux, il reprit :

« … ou LES mondes, comme dit Eri. »

L’outre complètement vide, Vaan lui remit son bouchon.

« Ça vous va ? »

Se levant tout doucement, le garçon, d’ordinaire joyeux, épousseta son pantalon tout en toisant la jeune femme, légèrement dédaigneux.

« Maintenant, si vous voulez me laisser à ma solitude… eh bien allez-y, faites. J’ai pas besoin de vous pour les retrouver. Surtout si comme je le pense, vous ne me dites pas du tout la vérité. Hmpf. »

Un chouïa trop présomptueuse, cette Envoûteuse ? Vaan n'était pas sot. Il savait lire entre les lignes et n'était pas dépourvu de mordant non plus ! Son caractère de cochon le rendait plus intéressant encore aux yeux de l'autochtone qui s'évertuait pourtant à se faire passer pour le contraire.
Je l'ai énervé ? Tant mieux ! Il ne pouvait pas être plus réactif que cela et... qu'est-ce qu'il est en train de me faire, avec son outre ?
Après lui avait fait part de ses soupçons vis-à-vis d'elle et de son comportement nonchalant, l'esseulé vida le contenu magique de son outre dans le vide. Le liquide, sujet à la gravité, tomba ; parvenu à une certain distance, il se mit ensuite à onduler paresseusement dans l'espace.
Quel gâchis...
Ryanne le déplorait. Son absence de sourire en disait long à ce sujet.
Mais il existait toujours des maux plus regrettables que cela !
Sa joie lui revint très vite - même si elle restait tout à fait contenue.
A sa question rhétorique, elle répondit en croisant les bras :

- J'y survivrai. Comme je l'ai toujours fait~

Le garçon demeurait, en lui-même, une source de magie beaucoup plus importante et prometteuse que le liquide qu'il croyait avoir foutu en l'air.
Ryanne, en l'occurrence, sentait que quelque chose, en Faëlya, avait réagi à ce suc étranger. Elle se tut, le temps de voir la créature émerger du néant, entre les rochers volants.

- Je regrette mais je ne puis me résoudre à vous abandonner à celle que vous venez inconsciemment d'appâter.

L'Envoûteuse leva son regard violet sur cette grande femme à la peau couleur lavande. Flottant dans le vide, elle les étudiait en retour sous le rebord de cet ample chapeau rond, aux extensions dégradées d'un vert presque fluorescent, qu'elle portait. Un élégant bustier couvrait le dessous de sa poitrine, là où ni ses bras ni ses jambes n'étaient visibles en raison d'un large "tissu" ample qui les recouvraient. Une robe longue et d'imposantes manchettes composaient la majeure partie de sa tenue qui, à bien y regarder, paraissait faire partie de sa... structure corporelle ?
Avec un soupçon de stupeur à peine perceptible, la voix de l'Evocatrice résonna dans l'esprit de la Xéno-faë :
La Marche-Songes est de retour.
Ryanne ne répondit rien. La puissance magique qui émanait de cette beauté troublante la préoccupait bien davantage.
Elle décroisa lentement les bras...



La force vitale de cet humain m'a tirée de ma prison. Grâce à lui, je n'ai eu qu'à ouvrir les yeux et suivre la lumière.

Sa voix était comme désincarnée. Elle en était le vecteur, mais ses lèvres pleines ne remuaient pas du tout. Une autre manifestation de ses capacités surréalistes.

- Pouvons-nous savoir ce qui vous amène ?

La même chose que toi, miraculée de Faëlya.

En rentrant légèrement la tête dans les épaules, Ryanne eut un sourire d'excuse à l'attention de Vaan à qui, comme il s'en était douté, elle avait sciemment menti. La magicienne ne s'attarda guère sur son cas, ses yeux mauves retrouvant le visage impassible de l'impressionnante Marche-Songes.

- Et qu'entendez-vous par là, exactement ?

Etant donné que ce monde n'est plus que ruines morcelées, je vais m'accaparer son pouvoir à des fins personnelles et rejoindre une dimension viable où continuer à prospérer. Où les Xéno-faës de ton acabit, ces créatures défectueuses et anachroniques, ne seront pas les bienvenues.

Ryanne fit la moue.

- Dites donc ! Vous êtes culottée, madame la Marche-Songes. Ce n'est même pas la moitié de ce que j'avais en tête, bougonna-t-elle.

Tes désirs, ainsi que ceux de ta créatrice, n'ont plus la moindre importance.

La réplique physique fut immédiate ! L'ordre de l'Evocatrice ne vint pas assez tôt. La Marche-Songes écarta les mains - ou plutôt ses manches en éventail - et cinq points lumineux, reliés en un pentagone, crachèrent un rayon de nature identique pour venir percuter la poitrine de l'Envoûteuse. La force de l'impact propulsa la fée en arrière. Elle disparut dans le décor à la manière d'une roquette tirée on ne savait où.
Vaan se retrouva seul face à cette entité improbable.

A compter de cet instant, petite âme égarée, ton essence et toi, vous appartenez à Phaethusa.

Des pétales fluorescents, plus larges encore que le torse de l'intéressé, se détachèrent de la robe de la Marche-Songes pour venir se scotcher contre lui ! Elles l'empêchèrent de se mouvoir, resserrant ses bras contre ses flancs non sans lui injecter un produit paralysant dont les effets commençaient tout juste à se faire ressentir.

Rassure-toi, mortel : très bientôt, tu ne sentiras plus rien.

La confrontation paraissait très mal engagée...

Il y eut une explosion de lumière au loin. La détonation sonore retentit si fort que, malgré la distance, tout le monde put l'entendre. En particulier Phaetusa dont le regard s'était soudain relevé. L'instant suivant, un trait de foudre d'Imagina - et donc mauve - rebondit contre l'ourlet de sa robe. Le choc, sans toutefois la blesser, eut au moins le mérite de la faire reculer sur quelques mètres.
Aussitôt, Ryanne réapparut, accroupie, en lingerie fine, aux côtés de Vaan. Celui-ci sentit un courant d'air l'envelopper avant que de fines lames d'air, presque invisibles à l'œil nu, réduisent ses entraves à la consistance végétale en milliers de lambeaux. La Xéno-faë, put-il le remarquer, était coiffée d'une auréole féerique et portait dans son dos quatre petites ailes de libellule.
Nullement gênée par sa "tenue", elle adressa un clin d'œil au porteur de la Lance.



- Rien de cassé ?

Souverainement, la Marche-Songes s'éleva un peu plus haut.

Vous ne me laissez d'autre choix que de vous briser tous les deux.

Ryanne raffermit son regard.
Autorisation de la remettre à sa place ? demanda-t-elle, en pensée, à sa supérieure.
La réponse ne se fit point attendre : Essaye de ne pas trop l'abîmer.
Avec un sourire rusé sur les lèvres, la Xéno-faë fondit sur son adversaire, engageant alors avec elle un spectaculaire duel aérien !