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La Menace de Typhon [Valac]
Posté : 11 févr. 2025 21:48
par Purgatori

Le Palais d’Hadès avait connu de meilleurs jours. Il était situé au milieu d’une énorme faille volcanique qui plongeait dans les entrailles de l’Enfer, jusqu’à une partie très spéciale des Enfers, le Tartare, une prison géante au sein de l’Enfer qui abritait les terribles Titans, et autres monstres. Même après le Grand Conflit, l’Olympe avait conservé la gestion de cette prison, dont l’accès était à travers la Porte du Tartare située sous le Palais d’Hadès, et protégé par Cerbère. Hélas, pendant l’Olympomachie, Hadès, corrompu par les Maux de Pandore, avait ouvert la Porte. Cerbère avait été grièvement blessé par ceux qui étaient venus stopper Hadès, et avaient combattu des Titans au Tartare. Si l’Olympomachie était terminée, la Porte du Tartare était toujours ouverte, et toujours aussi dangereuse. Hypérion, le Titan du Soleil, avait déjà réussi à s’enfuir lors de l’Olympomachie en se manifestant au milieu de la mer de Papua. Les plus terribles Titans étaient encore à l’intérieur, comme Cronos, et surtout l’innommable Typhon. Pour empêcher leur sortie, les courageux guerriers qui avaient franchi la Porte du Tartare avaient trouvé la Mère de l’Olympe,
Rhéa, qui était restée au Tartare pour empêcher Typhon de sortir.
Zeus était toutefois mort. Avec sa mort, et avec celle d’Hadès, il n’y avait plus aucune autorité pour refermer la Porte. Les Princes Infernaux avaient conscience de l’imminence de la catastrophe, et avaient donc chacun fait route. Sept puissantes armées s’étaient agglutinées autour du Palais d’Hadès, représentant chacun des Sept Cercles. Les Sept Princes en personne avaient fait le déplacement, pour trouver un moyen d’empêcher l’arrivée de Typhon. La situation était si grave que même des Princes infernaux non liés aux Cercles étaient venus, comme Trigon, ou Méphisto. Le Palais était protégé par un dôme généré par la dernière personne qui habitait dans ces lieux, la magnifique et puissante
Perséphone. Autant dire que Perséphone ne pleurait que fort peu son époux défunt. Chacun savait qu’elle avait été enlevée et mariée de force par Hadès, et que Zeus, soucieux de trouver un compromis entre Hadès et Déméter, la mère de Perséphone, avait validé ce mariage, tout en autorisant Perséphone à passer huit mois hors du Palais des Enfers.
Après la mort d’Hadès, Perséphone surveillait les lieux, mais, sans Hadès, et surtout sans Zeus, la Déesse était bien incapable de refermer la Porte. Purgatori pouvait sentir la nervosité ambiante, tandis que Perséphone autorisait quelques démons à venir dans son Palais. La Princesse de la Colère assistait à une autre réunion entre plusieurs Princes Infernaux. Bélial, le Prince de la Colère, venait d’ailleurs de manifester son manque de patience en écrasant le crâne d’un de ses conseillers sur la table, un choc violent qui laissa ledit conseiller inerte.
«
Ne me dis pas ce que je dois faire, insolent ! »
Purgatori profita des discussions envenimées pour s’éloigner. La tension était palpable, et elle était intriguée. Elle avait récemment reçu la visite d’un Océanide, qui lui avait donné un endroit où aller, une galerie souterraine qui lui permettait de rejoindre le Palais d’Hadès. Perséphone souhaitait lui parler, et Purgatori se dirigea donc vers la galerie, sans se douter qu’elle n’était pas la seule à avoir audience avec la Reine des Morts…
Re: La Menace de Typhon [Valac]
Posté : 15 févr. 2025 13:58
par Valac
Les morts s’éveillaient. Anciens soldats, antiques guerriers, fantômes et spectres d’âmes déchues qui avaient jadis foulé d’innombrables champs de bataille. Les anciens combattants répondaient à l’appel de la déesse et se rassemblaient derrière les murailles du Palais d’Hadès. Ces ectoplasmes aux corps décharnés venaient de différentes terres et époques, un chaotique amalgame de légions anciennes et de troupes aux armes modernes.
Valac contemplait cette
impressionnante armée à travers l’un des immenses parapets qui surmontaient la maison du Dieu Chtonique. Leurs nombres étaient tels qu’ils débordaient hors des remparts jusqu’aux plaines des Asphodèles. Ici, on pouvait voir des guerriers vikings se rassembler autour d’un feu dont ils ne ressentaient pas la chaleur, frappant leurs haches et épées contre leurs boucliers pour faire bouillonner le sang qui ne coulait plus dans leurs veines. Là, un bataillon de troupes aux uniformes datant des guerres napoléoniennes organisait une parade militaire sous le son de flûtes et tambours. Plus loin, un groupe de vétérans plantaient des barricades et fils barbelés tandis que leurs camarades transportaient des caisses de munitions pour leurs armes à feu datant de la guerre froide. Le grondement d’une marche disciplinée de pieds écrasant le sol indiquait l’arrivée d’une légion romaine qui rentrait d’une énième patrouille, leurs armures poussiéreuses et délabrées brillant faiblement sous la lumière des flammes de l’Enfer.
L’hérétique prit une longue respiration, laissant le parfum sulfureux et âcre des Enfers remplir ses poumons. Voilà bien des siècles qu’il n’avait pas remis les pieds dans ce plan, pas depuis qu’il avait été banni et chassé pour avoir comploté, lui et ses frères et soeurs de l’Ars Goetia, contre la Monarchie Infernale. Sous la tutelle de Lilith, ils avaient fomenté un plan pour assassiner et prendre le pouvoir des mains des Septs Grands Archidémons, ceux qui tenaient un pouvoir absolu sur tous les démons. Mère Lilith avait toujours méprisé les Sept pour avoir accepté de pactiser avec les Anges, abandonnant tout désir de revanche contre leur bannissement des cieux pour garder l’illusion de pouvoir et d’autorité qu’ils avaient sur leurs sujets infernaux. Valac, à l’époque, avait aussi participé à ce projet, car il avait été conçu pour cet objectif précis, comme bon nombre de ses frères. Il avait certes exprimé son appréhension quant à la fiabilité de leur plan, voyant déjà les lacunes et failles qui pouvaient nuire à son succès, mais il était le plus jeune des enfants de Lilith, un diablotin sans pouvoirs ni force destructrice. L’hérétique fut donc obligé de suivre la majorité, et maintenant ... Non seulement ils avaient échoué, bien que de peu et cela surtout à cause de l’intervention de l’ange Yennesä, mais maintenant ils étaient traqués pour être exécutés ou torturés éternellement dans les cachots de Pandémonium.
Autant dire que sa présence ici était très, très risquée. En temps normal, l’écarlate exilé aurait évité de fouler à nouveau son ancien domaine pour ne pas être flairé par les limiers de Lucifer, mais une invitation des plus alléchantes lui parvint. Qui plus est, il avait eu un message codé d’une complexité telle qu’il devina sa provenance : c’était sa Génitrice, la Tentatrice Suprême, qui avait donné sa bénédiction pour qu’il intervienne. Un message que seul un membre de la Goetia aurait pu déchiffrer. Quant à l’invitation, elle venait ni plus ni moins que de la main de Perséphone, la Déesse des Morts. On refusait rarement de tendre l’oreille à ce genre d’opportunités.
En entendant le son de bottes claquant contre le sol dallé qui menait au trône de la Divine, le démon balafré se retourna avec une grâce naturelle. Habile diplomate, il arborait comme tenue de choix un
uniforme exquis et impérial inspiré des vêtements portés par les seigneurs de Byzance et de la Grèce Antique. Régal et élégant, ses yeux bicolores se portèrent vers la démone à la peau sanglante qui se manifesta, et Valac sourit, sa mémoire parfaite et son vaste puis de savoir traçant immédiatement un portrait sur l’identité de cette femme dont émanait une aura de force brutale.
“Sakkara, déesse des vampires. Toujours en vie malgré les sautes d’humeur de ce simplet qu’est Belial ? Rien d’étonnant en soit, avec ton don de séduire les puissants. Je l’imagine moins subtil qu’Oscara, en revanche.”
L’intelligent et vicieux disciple de Lilith offrit son sourire le plus charmant à la terrible princesse, dont la réputation était aussi sanglante que celle de son maître. Le langage corporel du diable montrait qu’il ne craignait pas que la diablesse l’attaque. Pensait-il être à l’abris sous prétexte qu’ils étaient tous deux des invités diplomatiques sous le regard de Perséphone ? Mais Valac était un être qui avait plus d’une fois échappé à des situations impossibles. On racontait même qu’il avait survécu à une escarmouche terrible avec Yehaël, l’Archange qui avait tué jadis Purgatori. Valac le savait, et son sourire devait trahir une certaine malice.
“La dernière fois que j’ai vu les légions infernales se regrouper dans leur entièreté, c’était pour nous donner la chasse. Seule une menace immense peut convaincre les Sept de mettre de côté leurs disputes et s’unir. Après tout, le Tartare a été la prison des pires engeances qui ont fait trembler le Panthéon.”
Re: La Menace de Typhon [Valac]
Posté : 16 févr. 2025 12:57
par Purgatori
La galerie secrète était assez sinistre. Embrumée, silencieuse, elle consistait en une sorte d’antique galerie romaine… Ou grecque. Ici et là, des poutres s’étaient effondrées. Purgatori se déplaça lentement. Les Océanides étaient toujours proches de Perséphone, des nymphes des océans. En voir une ici était surprenant, mais le Palais d’Hadès devait sans doute contenir un bassin pour leur permettre de se mouvoir. En chemin dans la galerie, Purgatori vit des fantômes, des spectres à travers la brume. Des soldats, des gladiateurs, des hoplites… Ils ne cherchaient pas à l’attaquer, mais se montraient vigilants. Les âmes déchues qui avaient fini au Tartare étaient encore sous le contrôle de Perséphone. Son armée des morts se composait de spectres, mais aussi de zombies. Le Tartare n’abritait pas que des Titans, mais aussi quantité d’esprits violents et de corps d’anciens guerriers, qui avaient échoué ici. Hadès les avait envoyés là-bas. Perséphone devait les utiliser pour sécuriser le contenu du Palais. Purgatori continua donc sa marche, jusqu’à rejoindre un escalier.
L’escalier en marbre la mena à une porte, qui la mena à un nouveau couloir, cette fois plus propre, puis jusqu’au grand hall central. Purgatori admira les lieux. Un très grand hall en forme cylindrique, avec plusieurs séries de mezzanines, un trône au fond en hauteur, et des fleurs au milieu du Grand Hall. Deux rangées de multiples fleurs, confirmant la passion de Perséphone pour la nature… Et un démon. Purgatori fronça les sourcils en reconnaissant ce dernier.
« Valac… Je te croyais mort. »
Purgatori connaissait les rejetons de Lilith. L’ancienne Maîtresse des Enfers, qui était aux côtés de Satan quand ce dernier régnait sur l’Enfer, et qui avait rejeté la légitimité de Lucifer. Elle avait fondé une école secrète, l’Aers Goetia, utilisant des techniques génétiques et magiques pour créer des démons améliorés, dans le but de renverser les Sept, et de de devenir la nouvelle monarque des Enfers. Son plan avait échoué, et les Sept Princes avaient uni leurs légions pour attaquer l’Ars Goetia. Purgatori s’en souvenait très bien, car elle avait fait partie des assaillants. Elle n’avait pas eu la chance de croiser Valac. Les démons de Lilith s’étaient enfuis, et avaient été traqués aussi bien par les démons que par les anges, le Conseil Angélique n’ayant pas apprécié que Lilith utilise des cobayes angéliques ou leurs gènes pour améliorer ses démons. La logique aurait voulu que Purgatori l’appréhende, mais quiconque connaissait un tant soit peu les démons savait qu’ils en faisaient souvent uniquement à leur tête.
Elle se déplaça lentement, tandis que Valac rappela la dernière union des Sept.
« Je pense que leur désunion est sans doute ce qui a permis à Lilith et à ses élèves les plus prometteurs de s’enfuir… Comme en ce moment. »
Les Princes Infernaux hésitaient entre, soit refermer le Tartare, soit l’exploiter. La perspective de côtoyer des Titans surpuissants comme Cronos ou Typhon les inquiétait autant qu’elle les excitait.
« Les Sept Princes ont chacun des besoins diverses, raison pour laquelle je ne peux me fier à eux. »
Descendant l’escalier menant à son trône, Perséphone apparut alors. Belle, magnifique, Purgatori ne pouvait que constater que les rumeurs à son sujet étaient fondées. Elle se rapprocha d’eux.
« Je vous remercie d’avoir accepté mon invitation. J’ai sollicité votre présence, Sakkara, car je vous pense plus fiables que les Sept Princes. »
Purgatori croisa les bras. Entre elle et Bélial, elle apparaissait sans doute comme étant plus stable. Perséphone se dirigea vers une porte, et le trio rejoignit un salon plus modeste, où Purgatori nota encore la présence de beaucoup de fleurs. Il y avait une table et des bibliothèques abritant des ouvrages. La table elle-même était parsemée d’ouvrages démoniaques, et de cartes… Visiblement des cartes du Tartare.
« Quant à vous, Valac, je suis au courant de vos talents particuliers. Il me peine de l’admettre, mais j’ai besoin d’aide pour refermer la Porte du Tartare. Comme vous avez dû le comprendre au vu du nombre de démons agglutinés dehors, le Tartare est ouvert depuis l’Olympomachie. Seul Hadès pouvait le refermer, mais il est mort. Zeus étant également mort, il n’est pas possible de compter sur son aide… Comme à chaque fois. Quoi qu’il en soit, le Titan Typhon cherche à s’enfuir. J’utilise l’aide de Rhéa pour le retenir, mais nous n’y arriverons pas éternellement. Voilà pourquoi j’en viens à demander votre aide. »
Re: La Menace de Typhon [Valac]
Posté : 16 févr. 2025 14:34
par Valac
L’exilé se contenta d’hausser avec nonchalance ses épaules à la remarque de l’ancienne vampire devenue démone.
“Ma mort a été, comme à de nombreuses reprises, grandement exagérée. Ce n’est pas faute d’avoir essayé. Ils sont très persistants dans leur rancœur, tes maîtres.”
Valac n’était pas nécessairement surprit de savoir que son nom était connu de Purgatori. S’il n’avait été qu’un diable mineur à l’époque où les légions infernales avaient mené leur purge et effacé toutes les archives et traces de la Goetia pour cacher au reste de l’univers l’affront qu’était l’attentat contre la Monarchie, il avait néanmoins commencé à se faire un nom du fait de ses multiples manigances et complots qui rivalisaient avec les intrigues des adorateurs de Tzeentch. Purgatori était réputée pour avoir aussi mené une rébellion sanglante contre Belial et cela lui avait donné un certain prestige, surtout du fait qu’elle ait survécu et même enfanté avec lui, mais les disciples de Lilith avaient commis l’ultime trahison : ils avaient défié la Cour des Sept Serpents à la fois. Pareil crime laissait une certaine image dans la mémoire de ceux qui avaient participé à sa rétribution.
Le balafré se tourna quand une voix les adressa, impériale et mélodieuse, forte mais douce à la fois. La déesse était enfin venue en personne, la glorieuse Perséphone dont la beauté faisait pâlir les récits en son nom, sans compter cette aura magique qui auréolait sa chevelure rouge sang. Une légère révérence vint de la part de Valac pour saluer la déesse, avant qu’il ne la suive avec Sakkara dans une pièce dont il devina être un point de stratégie et de conseil.
Quand elle indiqua la fiabilité douteuse des princes, l’hérétique souffla du nez d’un air moqueur, son sourire ne disparaissant aucunement. Son œil remarqua la présence d’une coupe garnie de fruits exotiques et il s’empara d’une figue dont le parfum était si délicieux qu’il comprit aussitôt que ce fruit provenait des célèbres jardins de Perséphone, dont les délices incomparables étaient les seules délicatesses qu’on pouvait trouver en Enfer, où même les banquets des plus puissants démons consistaient en une nourriture très banale.
“Vous m’honorez, majesté. C’est une tâche absolument ... titanesque, que vous nous suggérez. Fermer le portail qui retient des dieux primordiaux qui ont fait trembler le Panthéon ? Qui plus est, sous les yeux et le nez de la Cour Infernale dont chacun rêve de m’écarteler pour l’éternité ?”
La demande était effectivement très risquée, suicidaire même pour le cas du disciple de Lilith. Si Purgatori se tenait en respect pour l’instant, il n’en serait surement pas de même pour toute la multitude de diablotins, lémures et autres serviteurs infernaux qui seraient plus que ravis de ramener le traître vers les griffes de leurs maîtres. On racontait que Bune, qui avait été terrassé par l’ange Yehaël et banni en Enfers, avait été réclamé par le prince de la Cupidité, Mammon, pour le châtier personnellement, et qu’à ce jour Bune subissait le tourment du taureau d’airain.
Et c’était sans parler du danger d’aller dans les profondeurs du Tartare et rencontrer un des prisonniers monstrueux ...
Valac vint mordre à pleines dents la figue entre ses doigts, sa chaire juteuse lui offrant un élan de sensations exquises. Il savoura longuement sa bouchée avant de se lécher les lèvres et ajouter :
“J’ose imaginer qu’une compensation des plus alléchantes vient balancer cette délicate requête Je suis tout ouïe.”
Re: La Menace de Typhon [Valac]
Posté : 10 mars 2025 13:57
par Purgatori
La perspective de collaborer avec l’un des mutants de Lilith ne paniquait pas plus que ça Purgatori. En Enfer, la loyauté s’appréciait à l’aune de la force de chacun. Sakkara grimaça simplement quand Valac évoqua ses « maîtres ». Purgatori était indépendante, elle était certes affiliée à la Colère, mais elle n’aimait pas qu’on lui rappelle cet état de fait. Elle obéissait à Bélial, car il était plus fort qu’elle, mais la démone se considérait comme étant son égal. Elle chassa cela de son esprit en s’intéressant à la belle Perséphone.
L’histoire tragique de Perséphone était connue. Tombé fou amoureux d’elle, Hadès l’avait kidnappé et séquestré dans son Palais, déclenchant une crise avec Zeus. Elle n’avait rien perdu de sa beauté, et, si elle regrettait Hadès, ce devait sûrement être parce qu’il pouvait sceller le Tartare. Valac se montra relativement intéressé, tout en posant la question essentielle : qu’aurait-il à y gagner. Perséphone sourit doucement, et fit glisser sa magnifique main manucurée sur la table.
« Je ne connais pas vos motivations, sieur Valac, mais, si vous avez répondu à mon invitation, c’est que vous y trouvez un intérêt. Je sais que la Reine Lilith s’intéresse de près au Tartare. Elle a déjà cherché à y pénétrer avant l’Olympomachie. »
Le Tartare était une prison divine abritant les Titans, mais aussi d’autres créatures. Le Tartare était en soi un lieu énigmatique, conçu avant les Olympiens par Tartare, l’un des Dieux primordiaux. On disait d’ailleurs que Typhon était sa création, et qu’il était lui-même le fils de Chaos, le frère de Nyx, et aurait conçu Typhon avec sa propre mère, Gaïa. Tartare avait disparu, et on disait que cette prison avait été conçue sur son sacrifice. En réalité, Purgatori n’en savait rien, elle connaissait juste les légendes circulant sur le Tartare, et le fait que, outre les Titans, la prison abritait d’autres criminels, ainsi que tous les petits secrets néfastes des Olympiens. Nul doute qu’une folle comme Lilith y trouverait sans doute des choses utiles à l’intérieur.
« Ce que je vous propose, c’est de permettre à Lilith d’accéder au Tartare dès que nous en aurons rétabli l’accès. Vous comprendrez aisément que cet accord est précaire, et que cet accès est limité. L’Olympe n’a pas encore trouvé la réincarnation de Zeus, ce qui me laisse toute latitude quant à l’administration du Tartare, mais, dès que Héra aura retrouvé son époux, et lui aura redonné ses pouvoirs, je devrais obéir à Zeus. »
Purgatori n’aimait pas spécialement l’idée de laisser à une femme aussi dangereuse que Lilith la possibilité d’explorer le Tartare, mais elle réfléchissait aussi à l’idée de se rapprocher d’elle. Après tout, une femme aussi puissante pour liguer les Sept Princes contre elle pouvait sûrement être une bonne alliée.
« Quant à toi, Purgatori, je sais que tu es plus intelligente que ton époux Bélial. Je sais aussi que tu envisages de le tuer, et que tu conclues des pactes avec les Sept Princes.
- Vous êtes bien renseignée. »
Le trio rejoignit une autre salle, qui était une salle de banquet. Purgatori s’assit sur un fauteuil, et attrapa une cuisse de poulet. Quiconque connaissait un peu l’Enfer savait que la gastronomie infernale était totalement indigeste. Ce n’était pas en Enfer qu’on pouvait avoir des poulets ou de la viande. Purgatori croqua donc dans la cuisse.
« Les Olympiens ne se mêlent pas aux conflits entre les démons, comme tu le sais. Cependant, je peux te proposer quelque chose qui te sera utile.
- Quoi donc ?
- Tu cherches à obtenir des enfants auprès des Sept Princes… Je peux te proposer de porter notre enfant. Un demi-Dieu ou une demie-Déesse. Cet enfant agrandira ta famille, et te permettra de renforcer des alliances, comme l’a fait Onyxian Magoa en portant l’enfant de la Déesse Sha. »
Purgatori resta silencieuse, en considérant cette option. Après un certain temps, elle finit par hocher la tête.
« J’accepte ton offre, Perséphone. »
Restait désormais à voir ce que Valac en penserait…
Re: La Menace de Typhon [Valac]
Posté : 16 mars 2025 13:12
par Valac
Valac lécha lentement le jus sucré de la figue sur ses doigts écarlates, le regard fixé sur Perséphone. La proposition était aussi fascinante que dangereuse. Offrir à Dame Lilith un accès au Tartare… Cela revenait à libérer un poison dans le cœur même des Enfers. Le bassin génétique absolument énorme qu’offrait cette prison gigantesque servirait les desseins et expérimentations de sa maîtresse et génitrice. Une douteuse promesse, mais le goût du risque, la promesse de chaos, et la perspective de voir Lilith modeler la structure même de la réalité en sa faveur éveillaient en lui un frisson délicieux.
Le Balafré suivit discrètement les deux femmes à travers les ailes du palais, les mains croisées derrière son dos. Son esprit pesait déjà le pour et le contre d’une telle offre, jugeant particulièrement les limites de cette promesse. La déesse des morts l’avait avoué elle-même, l’accès au Tartare ne resterait pas éternellement une exclusivité de Perséphone et sa cour. Dès que l’ordre régnera à nouveau dans les rangs de l’Olympe, le nouveau patriarche risquait surement de condamner la porte de la prison, et même Perséphone ne pourrait s’opposer à son édicte. En revanche, les trésors interdits que l’Ars Goetia pouvait collecter dans cet antre infernal pouvait offrir de grands bénéfices à leur cause. Peut-être même que le succès de cette mission lui vaudrait le retour de sa mère exilée.
Quand la divine offrit une tout autre promesse à l’épouse de Belial, l’hérétique posa son regard doré sur Purgatori, dont le sourire carnassier traduisait une forme d’acceptation résignée. La démone connaissait la valeur d’un tel pacte — et surtout les implications politiques qu’il entraînerait. Les Sept Princes ne laisseraient pas un tel acte sans réponse. Et pourtant… la puissance de l’enfant à naître pourrait transcender le cercle infernal lui-même. Perséphone était bien généreuse avec elle, ce qui trahissait le désespoir de sa situation. En bon animal politique, Valac comptait bien tirer le meilleur de cette situation et pousser les négociations en sa faveur.
Valac s’appuya nonchalamment contre l’un des piliers de marbre noir de la salle de banquet, son sourire carnassier toujours accroché à ses lèvres. Il avait écouté Perséphone avec une attention toute particulière, ses yeux calculateurs scrutant chaque mouvement de la déesse, captant les moindres inflexions de sa voix suave, la tension délicate qui animait ses gestes gracieux. Analysant, mémorisant, planifiant.
Il fit lentement rouler une baie sombre entre ses doigts, avant de la porter à sa bouche. La pulpe juteuse éclata sur sa langue, un goût sucré et amer à la fois. Une métaphore appropriée pour cette négociation.
“Une offre très intéressante, déesse ... mais insuffisante.”
Il se redressa, traversa la pièce avec une lenteur calculée, s’approchant du trône d’onyx sur lequel s’était installée la reine des morts dont le parfum puissant inondait l’air. Avec sa voix suave comme du vin empoisonné, expressif tant par son visage que ses mains, il déclara sans craindre le regard interrogateur de Perséphone :
"Vous êtes une déesse, Perséphone. Une force primordiale dont la beauté seule a fait plier le cœur d’un des dieux les plus stoïques et froids. Et pourtant, vous attendez de moi que je mette ma tête en jeu dans cette affaire dangereuse, que je m’expose à la vindicte de la Cour Infernale et des Olympiens réunis… en échange de quoi ? Une faveur ? Une autorisation d’accès temporaire au Tartare ?"
Sa voix était basse, un murmure de velours chargé de promesses inavouables.
“Non, ce n’est pas suffisant. J’attends davantage de la part d’une déesse de votre envergure.”
S’arrêtant derrière le trône d’onyx, l’audacieux diable posa ses deux mains sur la surface de pierre du siège impérial, ses doigts rouges à quelques centimètres de la peau satinée des épaules de la divine. Se penchant lentement, poussant l’audace, son visage était si proche qu’elle pouvait sentir son souffle aux parfums épicés effleurer son cou. Pour un démon, il était terriblement bien entretenu et sentait agréablement bon.
“Vous cherchez une alliance, n’est-ce pas ? Vos vrais amis sont peu nombreux et vos ennemis, multiples. Votre domaine est encerclé par des seigneurs qui souhaitent chacun vous conquérir. Quant aux Olympiens ... ils n’ont eu aucun chagrin à vous trahir et vous abandonner ici. Qui vous garantit que le nouveau Zeus ne vous vendra pas à nouveau pour ses propres intérêts ?”
Elle était une déesse, une reine, une femme trahie par les dieux eux-mêmes. Une descendante de Titans. Maintenant qu’elle s’était affranchie du contrôle de son sombre époux forcé, des tyrans campaient aux portes de son royaume tandis que l’Olympe tournait la tête vers d’autres préoccupations. L’hérétique sentit l’électricité dans l’air, ce frémissement subtil qui précédait une tempête. Il savait qu’il marchait sur une corde raide, mais c’était exactement le genre de jeu où il excellait. Manipuler la reine des morts et une déesse qui avait partagé le trône d’Hadès était un défi qu’il avait murement considéré.
“Il vous faut une vraie alliance, une union entre nos deux camps. Votre maison et la mienne. Une union de chair et de pouvoir ... je ne parle pas d’un pacte de sang, je laisse ces grossièretés aux maîtres de Purgatori. Je parle d’une descendance.”
Re: La Menace de Typhon [Valac]
Posté : 17 mars 2025 02:04
par Purgatori
Purgatori jouait naturellement un jeu dangereux, mais elle y était habituée. C’était même sa spécialité. Elle avait déjà tenté de tuer son époux à plusieurs reprises, cela fonctionnait comme ça en Enfer. Bélial était toutefois fort, et elle avait perdu à chaque fois, non sans se rapprocher à chaque fois de son but. Autrement dit, la perspective d’un enfant semi-divin ne pouvait que l’intéresser. Il s’agissait d’un investissement sur le long terme, comme Onyxian Magoa l’avait fait en ayant l’enfant de la Déesse Sha. En soi, Sakkara ne voulait rien réclamer à l’Olympe, et il ne faisait aucun doute que, si elle cherchait à réclamer un quelconque droit de succession, Héra la crucifierait sur place. Mais Perséphone était la fille de Zeus et de Démeter, sa progéniture était donc puissante. Elle songeait à cela tandis que Valac essayait lui aussi de tirer la situation à son profit. Il expliqua que la perspective de rejoindre le Tartare était insuffisante, ce qui amena Perséphone à froncer les sourcils.
De son côté, Purgatori commença à sortir de ses idées pour s’intéresser un peu plus au discours de Valac. Elle savait que les mutants de Lilith étaient dangereux, tout comme Lilith l’était… Mais Purgatori ne voyait pas les choses comme un être humain standard. La puissance l’attirait, et, en Enfer, la puissance attirait tout le monde. Les Sept s’étaient liés pour empêcher Lilith de les supplanter, mais, si elle les tuait, aucun démon ne pourrait refuser de lui obéir, sauf à mourir lui-même. En Enfer, la puissance l’imposait sur tout, y compris sur la loyauté. Purgatori n’était pas loyale à Bélial, elle était loyale à ce que Bélial représentait, la force, la puissance… Le pouvoir. Officiellement, Lilith avait été tuée par les Sept quand ils avaient dévasté l’Aers Goetia. Tout le monde savait que c’était faux, mais Lilith était l’un de ces sujets tabous qu’il ne valait mieux pas évoquer. La Princesse Infernale était donc intriguée. Perséphone avait visiblement des informateurs bien placés, car elle avait réussi à retrouver Valac, et lui était doué pour avoir réussi à rejoindre le Palais au nez et à la barbe des Sept qui s’étaient agglutinés dehors. D’aucuns disaient que Lilith cherchait à recréer l’ancien Roi de l’Enfer, le vrai Satan, celui qui avait mené la révolte contre les Anges, et unifié l’Enfer, avant d’être tué par Lucifer… Officiellement.
*Jusqu’à quel point Valac est-il indépendant, ou suit les ordres de sa mère ?*
Les disciples de l’Aers Goetia avaient noué un lien particulier avec Lilith. Quand Purgatori en avait traqué, ils considéraient Lilith comme une puissante figure maternelle. Valac semblait en tout cas vouloir tirer son épingle du jeu, puisqu’il proposa finalement à Perséphone la même chose que ce qu’elle avait proposé à Purgatori :une descendance.
Perséphone considéra cette option sans rien dire pendant un certain temps.
« Je ne représente aucun clan, Valac, finit par répondre Perséphone. Je suis disposée à accepter votre proposition, mais vous admettrez qu’elle fait doublon avec celle de Purgatori. Je n’entends pas vous jouer un tour, alors je vous propose, avant que vous ne partiez vers le Tartare, de nous atteler à cette tâche ensemble. Je pourrais aisément porter vos enfants. »
La superfécondation, ou la fécondation de deux ovules par deux spermatozoïdes différents. Ce n’était pas fréquent, mais cela existait. C’est ainsi qu’on pouvait avoir des jumeaux n’ayant pas la même couleur de peau.
« Sachez toutefois, et je le répète, que vos enfants seront considérés comme des bâtards. Si vous tentez de les utiliser pour réclamer une quelconque alliance avec l’Olympe, il est probable que Héra cherchera à vous transformer en serpent, ou à s’emparer de vos enfants.
- L’Olympe ne m’intéresse guère, Déesse Perséphone. »
Perséphone hocha la tête, puis se retourna vers Valac.
« Pour vous répondre, je n’ai aucune garantie que Zeus ne se trompera pas à nouveau… Si ce n’est celle que les Maux de Pandore ont enfin été scellés, et que Héra n’a jamais aimé la transaction sordide que Zeus a dû faire en ce qui me concerne. J’accepte de vous donner un enfant, Valac, mais, pour ce qui est d’une alliance avec Lilith, je la rejette. Cet enfant est avec vous, ce pacte ne vous lie que vous, et non Lilith. Je souhaiterai également, autant que possible, que ces enfants vivent en ma compagnie. Vous pourrez bien sûr les voir quand vous voulez, et cela vous autorisera même à aller en Olympe… Mais je n’ai pas spécialement envie que mes enfants soient proches d’un fou furieux comme Bélial, ou soient traqués par les démons. Et puis, je ne pense pas que vous ayez envie d’avoir un bébé dans les pattes… C’est assez encombrant quand on cherche à séduire des dames, sieur Valac. »
Re: La Menace de Typhon [Valac]
Posté : 17 avr. 2025 23:15
par Valac
Valac n’interrompit pas le silence qui suivit la proposition de la Déesse des Morts. Il s’y glissa, lentement, tel un poison s’insinuant dans les veines d’un mourant. Sa main, encore imprégnée du sucre noir des figues infernales, tapota doucement le rebord d’un verre de cristal, résonnant comme une cloche annonçant non pas un banquet… mais une exécution.
Il observa Perséphone longuement, intensément. Non pas comme un homme regarde une femme, ni même comme un démon jauge une divinité… mais comme un horloger examine une clepsydre fissurée. Chaque fissure était une faille possible. Chaque faiblesse, un levier. Et derrière ce masque de beauté souveraine, Valac vit autre chose : une femme trahie par les dieux, qui avait troqué son trône pour une cage, et sa couronne pour une muraille.
Un sourire se dessina lentement sur ses lèvres — cette expression indéchiffrable qui n’appartenait qu’à lui. Ni joie, ni moquerie, ni menace : juste la promesse que tout ce qui allait suivre avait déjà été envisagé.
« Il me plaît, » murmura-t-il d’une voix douce et maîtrisée, « que vous soyez franche, Perséphone. C’est une denrée rare, même en Enfer. »
Il délaissa enfin son verre pour se redresser, redessinant sa silhouette longiligne et impeccablement habillée. Chaque pli de sa tenue semblait calculé, maîtrisé, à l’image de son port princier — celui d’un être qui n’avait jamais eu besoin d’élever la voix pour être écouté.
Son regard bifurqua vers Purgatori, s’attarda un peu plus longtemps cette fois. Son sourire se teinta d’autre chose. D’un intérêt... d’un appétit.
« Et il me plaît aussi de voir que le pragmatisme peut triompher des instincts les plus bestiaux, même chez les princesses de la Colère. »
Il laissa planer ses mots, une touche provocatrice flottant sur ses lèvres comme un défi. Il connaissait Sakkara. Il connaissait les cicatrices de son ambition, les brûlures laissées par ses défaites, les élans contrariés de sa quête de puissance. Et il savait surtout ce qu’elle désirait par-dessus tout : un trône… qui tienne.
« Le trône de Bélial te revient, Purgatori. Mais tu ne l’auras jamais seule. Il te faut une légitimité… et une arme. Je t’offre les deux. »
Il fit lentement un pas vers elle, cette fois. Un pas calculé, mesuré, comme si chacun de ses gestes dessinait déjà les contours d’un futur possible. Le démon s’arrêta à une distance respectueuse, et pourtant trop intime pour ne pas faire frémir les instincts les plus primitifs.
« Enfantons ensemble, toi et moi. Pas seulement pour ton sang et le mien, mais pour fonder un héritier qui ne soit pas un pion du Cercle, ni un outil de Bélial, mais un Sceau de rupture. Tu veux briser la chaîne, je peux te forger la clé. Je connais les secrets que les Princes veulent te cacher. Je peux t’en livrer quelques-uns... et davantage, si tu me tends la main. »
Puis il se retourna vers Perséphone.
« Très bien. Vous porterez l’un de mes enfants. Et Purgatori portera l’autre. Deux lignées, deux royaumes, deux héritages… unis par une même graine. »
Il s’approcha alors, plus près encore que la bienséance ne l’autorisait, son ombre effleurant les sandales d’or de la déesse.
« Vous tenez à ce que ces enfants vivent ici, sous votre protection, loin des intrigues infernales… soit. Je l’accepte. Car ce n’est pas leur loyauté que je veux. C’est leur potentiel. Et si vous êtes vraiment ce que l’on raconte, alors vos enfants me donneront ce que je désire. »
Il tendit une main cramoisie, paume ouverte, comme pour sceller ce pacte en un geste solennel. Mais dans ses yeux brillait autre chose. Une flamme intellectuelle qui n’était ni foi, ni ambition. C’était de la stratégie pure. Du calcul. Du contrôle.
Puis, enfin, il murmura :
« J’ai passé ma vie à défier ceux qui croient gouverner. À saboter leurs empires. À brûler leurs dogmes. Les Sept m’ont chassé. Les Anges m’ont traqué. Les Dieux m’ont ignoré. Mais vous… vous êtes différentes. »
Il pencha légèrement la tête, une élégante révérence sur le fil du sarcasme.
« Alors faisons un enfant ensemble, mes dames. Mais ne le faisons pas seulement pour nous. Faisons-le contre eux. »
Un soupir silencieux traversa la pièce, comme si même les ombres, les piliers, les fresques gravées dans les murs de cette salle millénaire avaient retenu leur souffle.
Et Valac, fils de Lilith, hérétique sans pouvoir mais maître du jeu, se tenait là… prêt à faire tomber les trônes avec rien d’autre qu’un sourire et une promesse.
Re: La Menace de Typhon [Valac]
Posté : 05 mai 2025 00:58
par Purgatori
Un accord venait donc de se trouver. Purgatori n’était pas totalement convaincue que Valac méritait de porter son enfant. Mais il avait bien manœuvré, avec son joli minois… Coucher avec une Princesse Infernale, ainsi qu’avec une Déesse olympienne. En un sens, Purgatori se disait que le démon devait avoir des tendances suicidaires. Quand Hadès reviendra à la vie, il risquait sans doute de s’énerver auprès du démon qui avait profité de son absence. Purgatori était surprise que Perséphone accepte. Elle sentait que la Déesse ne leur avait pas tout dit sur ce qui se passait dans le Tartare. Craignait-elle seulement Typhon, ou y avait-il autre chose ? Purgatori savait qu’un Titan s’était déjà enfui du Tartare et avait émergé à hauteur de la mer de Papua, le Titan Hypérion. Un Titan lié au soleil, à qui la mythologie consacrait peu de mythes. Le plus connu relatait la conspiration des Titans contre Hypérion, jaloux par la beauté de ses enfants, dont Hélios, le Dieu olympien du soleil. Hypérion s’était enfui, mais avait disparu par la suite.
Plongée dans ses pensées, Purgatori en revint quand Valac indiqua qu’il fallait faire un enfant contre leurs ennemis. Purgatori sourit brièvement.
« Garde tes manigances pour toi, Valac. Tu parles de ceux qui conspirent, de ceux qui complotent, de ceux qui ont… Des plans. Mais le seul qui complote, ici, c’est toi, et ta langue bien pendue. Bélial n’est pas un comploteur. »
On pouvait dire beaucoup de choses sur les Sept Princes, mais le Prince de la Colère n’était clairement pas assez intelligent pour comploter. Il était lié au dieu Khorne, et le dieu Khorne n’aimait pas les complots. Bélial était au contraire brut de décoffrage, et Purgatori estimait qu’il était sans doute le plus puissant de tous les démons, d’un strict point de vue physique. La relation entre Purgatori et Bélial était complexe. Ils s’aimaient autant qu’ils se haïssaient. Mais, après tout, que ce soit pour Purgatori ou pour Bélial, la plus belle preuve d’amour qu’on pouvait faire était un duel à mort, dans le sang puis à baigner dans le stupre. Cela, Valac ne pouvait guère le comprendre. Et Purgatori n’aimait pas ceux qui parlaient trop.
De son côté, Perséphone, restée assez silencieuse pendant le discours de Valac, enchaîna alors :
« Très bien, notre enfant aura droit à une bonne éducation. Il ne recevra pas le baiser d’Héra, mais héritera malgré tout de mes pouvoirs divins. »
Pour devenir un Olympien, il fallait qu’un bébé tète du lait maternel d’Héra. Ce lait, dont les anciens disaient qu’on en voyait la traînée dans l’espace, et qui avait donné son nom à la galaxie de la Terre (la Voie Lactée), Héra ne le donnait pas si facilement, et Perséphone la connaissait suffisamment pour savoir que sa progéniture n’y aurait pas droit. Pour autant, l’enfant d’un dieu héritait de ses capacités, et était de base prédestinée à une glorieuse destinée. Si on suivait les règles du Pacte, c’est à sa majorité que l’enfant aurait le choix entre, soit devenir pleinement un démon en rejoignant l’Enfer, soit resterait là où il était. Le libre arbitre, tout simplement.
Sakkara se racla la gorge.
« Bon, alors, on commence quand ? Vous avez sûrement une chambre, Déesse…
- Je me disais que vous souhaiteriez peut-être un banquet, ou ce genre de choses… »
La démone sourit alors, et haussa les épaules.
« Cessons les minauderies et les palabres. Je suis curieuse de voir si ce cher Valac a la queue aussi bien pendue que sa langue… Pas vous ? »
Ce n’était sûrement pas chez une démone de la Colère, aussi belle soit-elle, qu’il fallait s’attendre à de la poésie. Un léger sourire amusé orna les lèvres de Perséphone, qui se redressa alors, et se dirigea vers une porte.
« Cette porte nous mènera à ma chambre. »
La porte menait normalement sur un débarras, mais Perséphone l’enchanta pour qu’elle donne directement sur sa chambre. Une chambre comprenant un très grand lit rouge, et de nombreuses fleurs. Une élégante tapisserie, et aucun tableau d’Hadès, mais beaucoup de tableaux évoquant le printemps. Un décor qui disait tout de la personnalité de Perséphone…