The Multiversity

Il y a quelques semaines, Félicia Hardy avait été hospitalisée après avoir été grièvement blessée. Un combat terrible qui l’avait confronté à deux super-vilains, Docteur Octopus, et Le Hibou. Les deux se livraient une lutte à mort qui faisaient des victimes. Alors en couple avec Spider-Man, la Chatte Noire avait aidé ce dernier à les combattre. Le combat s’était tourné de la pire des façons pour elle, car les tentacules d’Octopus s’étaient enroulés sur elle, et l’avaient terriblement blessé. Rien de sensuel là-dedans, les tentacules du docteur n’avaient rien de souples, c’était des tentacules métalliques qui avaient broyé plusieurs de ses os. Peter l’avait ensuite conduit à l’hôpital. Paniqué comme jamais, il avait fini par prendre conscience que cette vie mettait en danger Félicia, et aussi que, dans le fond, celle-ci aimait davantage Spider-Man que Peter Parker. Grâce à son endurance surnaturelle, Félicia avait réussi à cicatriser, et à ne pas être paraplégique à vie.

Le hasard avait voulu que, lors de sa convalescence, elle se soit retrouvée à partager une chambre avec une personne que Peter connaissait bien… Eddie Brock. Le journaliste du Daily Globe avait été couvert de honte en dévoilant l’identité secrète d’un super-vilain, le Sin Eater… Mais s’était trompé dans le nom de ce scoop. Il avait ensuite fusionné avec un symbiote extraterrestre, pour devenir Venom. La dernière fois que Félicia l’avait vu, Venom et Carnage, un autre symbiote, s’étaient alliés pour combattre Toxin, donnant lieu à d’intenses combats. Le fait est que les symbiotes pouvaient se reproduire, fabriquant un autre symbiote. Venom avait ainsi conçu Carnage, qui avait lui-même conçu Toxin. Aux termes d’affrontements intenses, Eddie avait été séparé de Venom, et Carnage avait été enfermé au Raft, une Supermax, soit une prison de très haute sécurité incarcérant des super-vilains. Dans son lit d’hôpital, Félicia avait appris qu’Eddie Brock avait un cancer. Difficile de dire si ce cancer était lié à Venom ou s’il était préexistant, mais, sans le symbiote, le cancer d’Eddie se développait vite.

Le symbiote de Venom avait été emmené au Raft. Toutefois, la vie ne se terminait jamais vraiment. Félicia venait d’apprendre ce soir que le Raft avait fait l’objet d’une émeute, et que Carnage avait tenté de s’évader. Il avait néanmoins été intercepté par un super-héros surpuissant, Sentry, qui avait choisi de balancer Carnage dans l’espace, où Sentry l’avait déchiré en deux. Cependant, lors de son évasion, Carnage avait aussi libéré le symbiote de Venom. Félicia avait appris cela de la bouche de son ex’, Peter, qui lui avait demandé d’aller à l’hôpital où Eddie Brock suivait sa chimiothérapie.

« Tout porte à croire que le symbiote va vouloir se relier à Eddie. »

Félicia devait donc s’y rendre, pendant que les super-héros étaient occupés au Raft. Dans sa combinaison moulante noire, elle rejoignit donc l’hôpital. Il régnait une certaine agitation à l’hôpital, car le personnel hospitalier devait venir en renforts aux personnes blessées au sein du Raft.

*Eddie, j’espère que tu n’as rien fait de stupide…*

À l’hôpital, Eddie et Félicia avaient sympathisé, mais sans plus. Sans son symbiote, Eddie ne se rappelait que Félicia était La Chatte Noire, et il était assez dépressif, avec des envies suicidaires… C’était à craindre que le symbiote en profite pour fusionner avec lui…

Le bip incessant des machines rythmait les secondes d’une vie qui s’étiolait. Eddie Brock était assis sur son lit d’hôpital, la tête basse, fixant ses mains amaigries. L’odeur du désinfectant et du plastique médical l’écœurait presque autant que sa propre existence. Quelle ironie… L’homme qui avait autrefois défié Spider-Man, qui avait connu la puissance absolue, n’était plus qu’un cadavre ambulant, rongé par la maladie. Comment en était-il arrivé là ?

Autrefois, il avait un avenir. Journaliste respecté du Daily Globe, il traquait les scoops avec une ambition dévorante. Il aurait pu devenir une légende du journalisme… mais son orgueil l’avait aveuglé. Il avait publié un article explosif sur l’identité du tueur en série Sin-Eater. Un « scoop » en béton armé. Du moins, c’est ce qu’il croyait.

Puis, Spider-Man avait ruiné sa vie.
D’un simple geste, le Tisseur avait dévoilé le véritable meurtrier, exposant au grand jour l’erreur monumentale d’Eddie. Ridiculisé, licencié, il avait tout perdu. Son job. Sa crédibilité. Sa dignité. Son avenir.

La honte s’était transformée en haine. Une rage insatiable qui l’avait conduit dans une vieille église, où il avait prié pour une délivrance. Et c’est là qu’il était venu.
Le symbiote.

Une entité vivante, sombre et vorace, nourrie par la haine. Ensemble, ils étaient devenus Venom, une créature redoutable, un cauchemar ambulant pour Spider-Man. Avec Venom, Eddie avait retrouvé un but. Une raison d’exister. Une revanche.
Mais la vérité, c’est que Venom l’avait aussi détruit. Chaque combat, chaque échec, chaque nouvelle humiliation l’enfonçait plus profondément dans un gouffre de violence. Eddie s’était perdu en Venom. Il n’était plus qu’une arme de haine, incapable de vivre sans son parasite.
Puis, un jour, tout s’était écroulé.

Il avait appris qu’un cancer le rongeait. Certains disaient que c’était la faute du symbiote. D’autres pensaient que la maladie l’attendait depuis toujours, tapie dans l’ombre. Peu importe. Eddie Brock était un homme condamné.
Alors il s’était séparé de Venom. Définitivement.

Le symbiote avait été enfermé au Raft, et lui… il était ici, à attendre la fin, les veines brûlées par la chimio, les muscles atrophiés par l’inaction. L’hôpital était devenu sa prison.

Il était perdu dans ses pensées quand un bruit attira son attention. Une silhouette s’approchait. Une démarche souple, fluide, féline. Félicia Hardy.
Bien sûr, Peter l’avait envoyée.

Eddie esquissa un sourire fatigué en levant les yeux vers elle.

—Laisse-moi deviner… Peter t’a envoyée pour m’empêcher de faire une connerie, c’est ça ? Rassure-toi, ma belle, dans mon état, je serais incapable de faire le moindre mal meme a une mouche.

Cependant, ce que Eddie ignorait, c'est que Vénom, son ancien compagnon d'armes, s'était fait la malle, et s'était échappé du Raft !

Félicia avait l’habitude de s’infiltrer dans des endroits sécurisés. Elle avait déjà réussi à s’infiltrer dans un Helicarrier du SHIELD. En comparaison, un hôpital n’était pas le plus dur à atteindre. De plus, avec le chaos ambiant, personne ne faisait vraiment attention à elle. Avec sa combinaison noire moulante, Félicia n’était pourtant pas très discrète, mais elle savait se faire petite. Elle rejoignit l’hôpital et grimpa par l’une des façades, jusqu’à repérer une fenêtre. Les fenêtres des chambres étaient sécurisées, pour empêcher toute défénestration, mais les fenêtres de salles techniques ou des escaliers étaient plus faciles d’accès. Tandis que Félicia ouvrait l’une des fenêtres, un hélicoptère de la police vrombit au-dessus d’elle, se dirigeant à toute allure vers le Raft. New York avait déjà connu des nuits agitées, mais celle-ci semblait vouloir battre tous les records ! En temps normal, Félicia évitait de sortir dans de telles nuits… Mais que ne ferait-on pas pour les beaux yeux de Spider-Man, après tout ?

La Chatte Noire se faufila dans l’hôpital, et grimpa à l’étage d’Eddie. Il y avait assez peu de monde ici, ce qui fit qu’elle rejoignit sans peine sa chambre. Cette zone lui était familière, elle l’avait déjà abordé quand elle se remettait de ses blessures contre Docteur Octopus. Elle put donc rejoindre rapidement la chambre d’Eddie, et ouvrit la porte.

Eddie lui faisait face, couché dans son lit, dans un état plus déplorable que jamais. Malgré la chimiothérapie, le cancer progressait. Elle constata aussi que la télévision n’était pas allumée.

« Hmmm… C’est bien Spider-Man qui m’a envoyé, Eddie, mais pour te protéger. Tu devrais regarder la télé’, c’est le bazar dehors, et… »

Comme pour confirmer ce qu’elle venait de dire, une explosion retentit dans l’immeuble. Les lumières s’éteignirent brusquement, avant que des lumières de secours ne se mettent en place, ces fameuses diodes rougeâtres qu’on voyait dans les films d’horreur. Coupée dans son élan, Félicia regarda par la fenêtre, et se pinça les lèvres.

« La Maggia… Ils sont venus plus vite que je ne le pensais. »

La Maggia… Un nom bien connu à New York, une puissante organisation criminelle internationale mafieuse. Elle avait ses antennes dans de nombreux pays, et disposait bien évidemment de sa zone d’influence à New York. La lutte contre le crime organisé historique de New York avait conduit la Maggia à regrouper les grandes familles mafieuses new-yorkaises, et à conclure des partenariats avec Le Caïd, véritable maître du crime organisé de New York.

« Bon, je vais te la faire courte, Eddie… Il y a une évasion massive du Raft. J’ignore encore les détails, mais les super-héros sont occupés à contenir les super-vilains qui s’y trouvent. Le symbiote se trouvait à l’intérieur du Raft, pour étude, et s’est évadé. La Maggia cherche à s’en emparer… Ils pensent que le symbiote va chercher à se relier de nouveau à toi… Je suis là pour empêcher ça, Eddie, et aussi pour empêcher la Maggia de te tuer, car ils pensent que, tant que tu es là, le symbiote refuse de se lier à toute autre personne. »

Félicia se rapprocha d’Eddie. Il était entubé de partout.

« Je sais que tu peux marcher un peu, il va falloir que tu me suives. Je compte t’emmener au Baxter Building, tu y seras à l’abri. »

Felicia Hardy, allié historique de Spiderman. Femme à la beauté redoutable, Felicia Hardy avait un sex-appeal suffisant pour faire trembler n’importe quel homme. Elle et l’homme araignée avaient d’ailleurs été ensemble par le passé, avant que les différents ne les sépare. Apparemment, la chatte noire n’appréciait pas le coté idéaliste de Spiderman, le jugeant trop soft et incapable d’embrasser son coté animal. En d’autres termes, Félicia Hardy semblait préférer les Bad-boys.

Si seulement il n’était pas sur son lit d’hôpital, gangrené par un cancer qui rongeait son corps et son âme, Eddie Brock aurait adoré passer un moment avec elle, loin des ténèbres de son existence actuelle. Il se serait sans doute laissé emporter par le feu de ses désirs, goûtant à la chaleur de son corps et à la tendresse de sa chair. Mais l’ironie de la vie voulait qu'il se trouve là, cloué dans ce lit, incapable même de la toucher. Et cela, plus que tout, était un dernier coup cruel du destin.

Eddie laissa un rire sans joie lui échapper, un son rauque et fatigué qui résonna dans la chambre plongée dans cette lumière rougeâtre oppressante. Il jeta un regard vers Félicia, puis vers les perfusions qui pendaient à côté de lui, comme des chaînes invisibles le maintenant cloué à ce foutu lit d’hôpital. Prisonnier dans son propre corps, Eddie Brock n’était plus que l’ombre de lui-même.

« Ah, la Maggia… Sérieusement ? T’aurais pu me dire que l’Empire romain était revenu d’entre les morts, ça m’aurait fait le même effet. »

Il grimaça en essayant de bouger, mais son corps ne répondait qu’en lui rappelant sa condition misérable. Chaque mouvement, aussi léger soit-il, lui demandait un effort titanesque. Une loque. Voilà ce qu’il était devenu, dans cet hôpital, attaché à des machines qui tentaient de le maintenir en vie alors qu’il n’avait aucune certitude qu’il en valait la peine.

« Alors laisse-moi bien comprendre… » Sa voix était de plus en plus lasse, presque dénuée de toute énergie. Il posa sa tête contre l’oreiller, fixant le plafond d’un air blasé, ses yeux perdus dans une contemplation silencieuse des néons qui créaient une atmosphère presque irréelle autour de lui.

« Spiderman t’envoie pour me protéger, alors que je suis déjà en train de crever dans un lit. Et tout ça pour un truc que je ne possède même plus. »

Il tourna lentement la tête vers Félicia, un rictus amer se dessinant sur ses lèvres, alors qu’il l’observait d’un œil fatigué.

« Je suis censé dire merci ? »

Une nouvelle explosion, plus proche cette fois, fit trembler la pièce, envoyant une vibration sourde jusque dans ses os. Eddie soupira, résigné, comme si la secousse venait de vaciller son esprit. Avec un effort monumental, il se redressa tant bien que mal, serrant les dents sous l’effet de la douleur, ses muscles protestant bruyamment à chaque mouvement. Il attrapa le fil de sa perfusion d’une main tremblante, puis l’arracha d’un geste sec, laissant une goutte de sang perler sur sa peau pâle. La douleur était intense, mais elle lui rappelait qu’il était encore vivant, d’une manière ou d’une autre.

« Tu veux que je te suive ? Très bien, mais à une condition... » Il se rapprocha légèrement d’elle, baissant la voix comme s’il lui confiait un secret :

« … Tu sortiras avec moi lorsque tout sera terminé. »

Le dernier mot résonna dans la pièce, lourd de sous-entendus. Il savait que c’était une demande absurde, une tentative désespérée de reprendre un peu de contrôle, mais justement, quand on était désespéré, on avait bien besoin d’un peu d’ironie…

La Maggia ne sembla pas ébranler davantage que cela Eddie. En soi, Félicia pouvait le comprendre ; son cancer était en phase terminale, et Eddie attendait désormais son transfert en soins palliatifs pour mourir dignement. Il avait eu une épouse, Anne Weying, et un enfant, Dylan Brock. Son épouse avait divorcé après avoir été grièvement blessée et être provisoirement devenue She-Venom, afin de la soigner. Elle avait eu la garde de Dylan, et le sort avait continué à s’acharner sur la famille Brock. Son ex-femme était morte lors d’un combat ayant impliqué Venom et Spider-Man, où elle avait glissé depuis son appartement. Eddie avait été déchu de son autorité parentale, confié à Carl Brock, son père. Le suicide d’Anne avait sans doute été l’un des éléments décisifs ayant brisé Eddie, et l’ayant amené à rejeter son symbiote. Il avait visiblement fait du travail sur lui, suffisamment pour prendre avec ironie ce qui se passait… Et pour proposer à Félicia un rencard.

Surprise, celle-ci le regarda pendant quelques instants.

« Tu… Ce n’est pas vraiment le moment pour ça, tu sais… »

Avant que le symbiote ne se lie à Venom, quand il appartenait encore à Peter, Félicia avait déjà pu voir les effets du symbiote… Des effets positifs, comme une libido forte chez Peter, mais aussi négatifs. Elle avait déjà eu l’occasion de voler un morceau du symbiote, et avait fini par convaincre Peter de faire examiner son symbiote par les Quatre Fantastiques. Cet examen avait permis de réaliser les dangers du symbiote. Félicia n’avait donc jamais affronté Venom en tant que tel, mais elle avait déjà fait l’amour avec le symbiote, quand il possédait Peter. Félicia décida d’éluder cette question, en tenant compte du fait qu’Eddie allait de toute façon mourir.

« Si on s’en sort, je te propose un rencard, Eddie, à toi de me séduire… Mais j’aime bien le célibat, tu sais. Enfin, ça ne nous empêche pas d’essayer… Si on sort d’ici vivant. »

Félicia se rendit dans le couloir, et entendit des éclats de voix.

« Sa chambre est par là !
- Don Fortunato va être ravi ! »

Don Fortunato… Félicia se pinça les lèvres. C’était Vincente Fortunato, le parrain de la famille Fortunato, des mafieux affiliés à la Maggia. Un rival redoutable de Fisk, que le Caïd avait en vain tenté de tuer. Vincente avait concurrencé l’autorité du Caïd en se liant à HYDRA. Fisk et Fortunato étaient en guerre, et Félicia savait que Vincente avait deux fils, Giacomo et Angelo. Giacomo était le plus influent des deux, un criminel surnommé « Jimmy-6 ». On disait d’Angelo qu’il était le petit-frère idiot, dont ses propres hommes se moquaient.

*Est-ce qu’il cherche à s’emparer du symbiote pour se faire mousser auprès de son père ?*

Félicia retourna dans la chambre, et fit signe à Eddie de se taire. Elle se dissimula dans les toilettes, à côté de la porte d’entrée, afin de prendre par surprise les truands qui entrèrent.

Ils étaient trois, et sourirent en voyant Eddie.

« Le voilà donc… Le fameux Eddie Brock !
- On pourrait abréger tes souffrances, mon vieux… On pense qu’il est temps pour lui de trouver un nouvel hôte…
- Il sera bien mieux entre les mains d’Angelo… »

L’un d’eux pointa son pistolet vers Eddie, et, quand il appuya sur la gâchette, Félicia bondit juste avant. Son pied frappa la main du truand, et la balle partit au plafond. Elle tournoya ensuite sur place, prenant appui sur l’un de ses pieds, et frappa un homme au visage d’un coup de pied retourné, le projetant contre le mur. Le malfrat qu’elle avait frappé au poignet eut à peine le temps de réagir que Félicia posa sa main sur son visage, le griffant au passage, et usa de sa force surhumaine pour le projeter contre le dernier malfrat. Gêné, celui-ci tira dans le dos. Félicia bondit ensuite en sifflant, une véritable chatte furieuse, et griffa encore. Elle était belle, mais beaucoup moins douce que Peter… Ce qu’elle confirma quand le malfrat qu’elle avait projeté contre le mur la visa.

Quand celui-ci tira, Félicia bondit en arrière, faisant un salto en arrière. La balle passa sous elle, et son pied heurta la tête de l’homme. Félicia frappa ensuite à la gorge de l’homme en sifflant, et celui-ci écarquilla les yeux en sentant le sang jaillir de sa gorge. Félicia venait de l’égorger, sans véritable état d’âme, et le laissa agoniser au sol. Elle tendit sa main vers Eddie.

« Je te l’ai dit, ils veulent te tuer. Suis-moi, Eddie. C’est certes Spider-Man qui m’a dit de venir, mais, si je suis venue, c’est parce que je le veux… Et parce que je pense que tu mérites mieux que de te faire tuer par des mafieux. »

Eddie ouvrit les yeux en entendant des bruits de pas lourds résonner dans le couloir. Son instinct lui soufflait que ça sentait le roussi. Il n’avait pas besoin de voir les visages des types derrière la porte pour savoir qu’ils n’étaient pas là pour lui apporter des ballons et des chocolats.
Un rictus tordu lui barra le visage blême.

— Sérieusement, les gars ? Toute une escouade pour un pauvre malade en pyjama ?

Il toussa violemment, une douleur aiguë lui serrant la poitrine. Bon sang, même respirer devenait une épreuve. Il inspira profondément avant d’ajouter, d’un ton moqueur :

— J’espère au moins que l’un de vous a ramené des fleurs… Parce que si c’est mon enterrement que vous préparez, j’aime bien les roses noires.

Un silence pesant s’installa, suivi d’un claquement sec quand l’un des hommes rechargea son arme.
— Tais-toi, pauvre con…

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase. Félicia Hardy surgit comme un félin bondissant sur sa proie. Son pied s’éleva avec une précision redoutable et frappa violemment le poignet du mafieux, envoyant son pistolet valser à l’autre bout de la pièce. Avant même qu’il ne puisse réagir, elle pivota sur elle-même asséna au deuxiéme coup de pied a la mâchoire, le projetant contre le mur avec un bruit sourd.
Et ce ne fut que le début du carnage.

Eddie, cloué sur son lit d’hôpital, observa la scène avec un mélange d’admiration et d’effroi. La Chatte Noire dansait entre les assaillants, esquivant les coups avec une aisance presque irréelle. Elle griffa un des hommes au visage, en projeta un autre avant d’égorger le troisième
Eddie n’eut même pas le temps de cligner des yeux qu’elle avait déjà réduit toute la première vague d’attaquants au silence.

Et bien, elle est aussi dangereuse que canon… pensa-t-il en la regardant se redresser

Félicia se tourna vers lui et l’aida à se relever. Il serra les dents alors qu’un éclair de douleur traversait son corps. Sa tête tournait légèrement, mais il n’avait pas le luxe de se plaindre.
Elle verrouilla la porte d’un geste rapide avant de jeter un regard vers le couloir. Des bruits de pas résonnaient, lourds, précipités.

— Ils ont ramené du renfort, apparemment, murmura-t-il.

Eddie jeta un regard circulaire à la pièce. La situation n’était pas brillante. Il était en pyjama d’hôpital, pieds nus, sans la moindre arme sur lui. Juste un homme mourant, face à une mafia prête à tout pour mettre la main sur Venom.
Génial.

— On va devoir improviser, reprit-il en scrutant leur environnement.

Les options n’étaient pas nombreuses. La porte était une impasse : la Maggia attendait derrière, armée jusqu’aux dents. Le plafond ? Pas de sortie. Restait la fenêtre…
Eddie grimaça en jetant un coup d’œil à l’extérieur.
Troisième étage. Une chute d’ici et c’était la mort assurée. Enfin… pour quelqu’un de normal. Félicia, elle, pouvait probablement s’en sortir sans problème.

« Oh non… Je sens que ça va me plaire. »

Derrière eux, un fracas. La porte commençait à céder sous les coups des mafieux.
« Eddie, bouge, putain ! » ordonna Félicia.

Elle n’attendit pas de réponse et s’élança avec agilité à travers l’ouverture. Son corps souple se plia en plein vol avant d’atterrir silencieusement sur le toit du camion en mouvement. Elle se redressa avec aisance, jetant un regard impatient vers Eddie.
Il inspira profondément, jeta un dernier regard derrière lui – la porte était sur le point de céder – puis se hissa sur le rebord.
Il sauta.

L’impact fut brutal. Ses côtes hurlèrent de douleur tandis qu’il roulait sur le métal froid du camion, son souffle coupé par la chute. Il s’immobilisa enfin, étendu sur le dos, fixant le ciel.

« Bordel… Je suis censé être en soins palliatifs, pas faire du parkour… » grogna-t-il.

Ils s’étaient enfin échappés de l’hôpital. Au loin, les mafieux les regardaient disparaitre dans les rues de New York. Ils étaient enfin sains et saufs

Comme si elle avait anticipé des difficultés, la Maggia avait envoyé beaucoup d’hommes dans cet hôpital. Félicia referma la porte de la chambre d’Eddie, et la bloqua avec une chaise en coinçant le haut de la chaise sous la poignée. Elle se retourna ensuite vers Eddie, qui regarda la fenêtre. C’était une vitre sécurisée, il fallut donc la force surnaturelle de la Chatte Noire pour l’ouvrir, en arrachant les loquets de sécurité. Dessous, une chute mortelle pour n’importe qui, mais pas pour elle, il y avait une ambulance en contrebas. Elle pouvait aussi se battre dans ce milieu exigu, mais c’était prendre le risque certain qu’Eddie se reçoive une balle. Félicia aurait tout aussi bien pu considérer que c’était un sort qu’il méritait. D’un point de vue purement rationnel, prendre autant de risque pour un homme en phase terminale, c’était absurde. Elle chassa toutefois rapidement cette pensée de son esprit, en se disant qu’Eddie aurait sans doute préféré mourir en compagnie de son fils que sous les balles de la Maggia.

Des coups de feu résonnèrent à hauteur de la porte.

« Défoncez cette putain de porte !
- Il est là-dedans, Boss ! »

Félicia comprit qu’Angelo devait être derrière. Elle sauta par l’ouverture, et se réceptionna sur le toit de l’ambulance en roulant dessus. La Chatte Noire fit ensuite signe à Eddie de venir. Celui-ci réussit péniblement à passer. Félicia le réceptionna dans ses bras, amortissant sa chute. Ils tombèrent tous les deux sur le toit de l’ambulance, et elle l’entendit grogner.

« Vois le bon côté des choses, tu auras droit à un rencard avec moi quand tout ça sera fini. »

Pas le temps de niaiser, comme auraient pu dire les Québécois, car les hommes d’Angelo avaient fini par ouvrir la porte. Félicia souleva Eddie, et le porta sur son épaule, avant de sauter en bas, puis de courir, évitant les balles des tueurs de la Maggia. Elle le reposa ensuite sur ses pieds en rejoignant une rue adjacente.

« Voilà, on est à l’abri… Pour le moment. »

Félicia le laissa respirer. Difficile de savoir où aller ensuite. La Maggia avait ses influences partout, y compris dans les commissariats, et Félicia n’aimait pas traîner ses pattes dans les commissariats. Emmener Eddie dans un autre hôpital allait aussi être compliqué, et présentait toujours le risque que les tueurs de la Maggia ne le retrouvent.

« Je propose d’aller chez moi en attendant que tout ce bordel se calme. »

Il suffisait de trouver une voiture à crocheter, l’une des spécialités de la Chatte Noire. Avant cela, elle se rapprocha d’Eddie, et posa ses mains sur ses épaules.

« Ça va aller ? Désolée, je suis une voleuse, je ne suis pas une infirmière… »

Eddie laissa échapper un rire rauque, à mi-chemin entre l’amusement et l’épuisement. Il avait du mal à croire qu’il venait de sauter d’un putain d’hôpital en plein assaut de la Maggia, porté comme un sac de patates par Félicia Hardy. Sa fierté en prenait un coup, mais il n’était pas en position de protester. Il passa une main tremblante sur son front, sa peau moite de sueur, puis regarda Félicia avec un sourire en coin.

« Une voleuse, hein ? J’dirais plutôt une magicienne. Tu viens de faire disparaître une salle d’op’ entière et de me téléporter sur une ambulance. Pas mal… »

Il serra les dents en essayant de se redresser contre le mur de la ruelle. Son corps était en feu, son souffle court, et chaque mouvement était une torture. Mais il était vivant. Pour l’instant.

Il jeta un regard vers la rue, son cerveau en surchauffe essayant d’évaluer leurs options. L’idée d’aller chez Félicia ne lui plaisait qu’à moitié. Pas qu’il soit contre le fait de se retrouver chez elle – au contraire, en d’autres circonstances, il aurait vendu son âme pour passer une nuit dans son lit – mais la Maggia n’était pas du genre à abandonner. Ils allaient les traquer comme des chiens, et elle venait de faire d’elle une cible en le sauvant.

« Écoute… » Il releva la tête vers elle, son regard plus sérieux. « Je suis reconnaissant, vraiment. Mais t’as conscience que tu viens de te foutre dans la merde jusqu’au cou pour un mec qui n’a même plus d’avenir ? »

Il la détailla un instant. Son visage était toujours aussi parfait, cette beauté féline qui lui donnait l’impression qu’elle appartenait à un autre monde, bien au-dessus du sien. Elle aurait pu laisser tomber, elle aurait pu le laisser crever dans cet hôpital sans se retourner. Mais non, elle était là, avec lui, en train de lui proposer un refuge.
Eddie soupira et hocha la tête.

« Ok, va pour chez toi. Mais si jamais la Maggia nous retrouve, rappelle-toi que c’était ton idée »

De toute façon, ils n'avaient pas d'autres solutions, Eddie ne pouvait qu'espérer que la Maggia soit ignorante a propos du lieu de résidence de Félicia.
La Chatte Noire se rapprocha ensuite de lui pour lui demander si ça allait. Oh bordel, quel était canon… Eddie aurait absolument tout donné pour avoir une chance de se la taper, quitte a devenir un super-héros idéal, comme Spiderman, et risquer sa vie pour protéger la veuve et l'orphelin.

« Oui, ça va… c’est juste que j’aurais préféré que mon dernier voyage soit plus paisible », dit-il avec un ton chagriné dans sa voix.
Puis, Eddie reprit ses esprits, essayant de cacher sa douleur. Il ne voulait surtout pas que Félicia le voit comme un faible.

« Bon, alors, on y va ? »

« Moi, me foutre dans la merde ? Je me ris du danger, Eddie. »

Elle ne craignait pas vraiment la colère de la Maggia, Félicia savait se débrouiller. Ce n’était pas pour rien si Peter lui avait demandé de venir récupérer Eddie. Finalement, elle était intervenue jusqu’à temps. Il accepta de la suivre. Félicia se déplaça vers la rue, et rejoignit une voiture. Aller de toit en toit était plutôt risqué avec un homme en phase terminale. Félicia évita les voitures neuves, elles disposaient de sécurités électroniques. Elle trouva finalement une Oldsmobile Aurora, et l’ouvrit. Elle grimpa ensuite sur le siège du pilote, et utilisa ses griffes pour dévisser le compartiment de la clef, et manipula les fils d’allumage. Le moteur se mit à ronronner. Félicia ouvrit ensuite la porte passager, et laissa Eddie s’asseoir.

Félicia démarra ensuite assez rapidement. La ville était plongée dans le chaos, et elle alluma la radio. Il y avait des grésillements. L’une des centrales électriques de la ville avait été prise d’assaut par Électro, entraînant des baisses de tensions fortes sur le réseau. Les feux de signalisation ne fonctionnaient plus, et la radio crépitait, ou annonçait un message du gouverneur de l’État de New York annonçant l’état d’urgence.

« …Tous les citoyens sont appelés à se confiner chez eux, à ne répondre à personne qui sonnerait à leur porte, et à ne pas encombrer les lignes d’urgence. Si vous n’avez pas accès à votre domicile, vous devez vous rendre au poste de police le plus proche pour bénéficier d’un hébergement d’urgence. Ceci n’est pas un exercice… »

Félicia rejoignit un carrefour, et aperçut des vandales s’attaquer à des vitrines, les brisant pour voler des télévisions, ou des articles. Des voitures brûlaient, et elle vit même un bus en feu au milieu d’un carrefour, tandis que des fumigènes s’élevaient ici et là.

« Je sais à quoi ressemble la France un soir d’émeutes, maintenant… » ironisa la Chatte Noire.

Eddie était encore conscient. Félicia fila sur une autre rue, évitant des poubelles et des barricades sommaires. Elle rejoignit un autre croisement…

…Quand une ambulance volée leur fonça dessus.

*BAANG !!*

Le choc fut terrible. Les airbags s’enclenchèrent, écrasant Félicia contre son fauteuil. La Oldsmobile s’envola en l’air, et fit une série de tonneaux, avant de s’écraser violemment contre la devanture d’un magasin. Des bandits sortirent de l’ambulance, pointant leurs armes sur le véhicule retourné.

« C’est bien eux ?
- Ouais ! Le traceur a marché !
- Ramassons-les vite, y a Daredevil qui traîne dans le coin ! »

Des mains saisirent une Félicia sonnée. Elle fut jetée au sol, et sentit le canon froid d’une arme sur sa tempe.

« Qu’est-ce que tu branles, mec ?!
- J’dis qu’il faut la buter !
- T’as vu comment elle est bonne ? Nan, on l’embarque, on la baise, et on la bute après ! J’ai toujours eu envie de me farcir la Chatte Noire ! »

D’autres malfrats avaient saisi Eddie. Félicia tenta de se redresser, mais se reçut un violent coup de crosse sur la tête.

« Réveille-toi, connard ! »

La voix fusa, ainsi que les électrochocs. Eddie put alors rouvrir les yeux. Il était de retour dans une chambre médicalisée, et, devant lui, un homme en costume aux longs cheveux bruns l’observait en souriant.

Angelo Fortunato. Un écran plat géant retransmettait des images télévisées depuis un hélicoptère. On voyait le RAFT en feu, ainsi que des vidéos prises depuis un hélicoptère montrant un combat aérien entre le Vautour et Iron Man.

« Réveillé, le débris ? Ça m’aurait fait chier que tu crèves, si proche du but, héhé ! »

Angelo se déplaçait. Plusieurs gardes l’accompagnaient. Un médecin s’était occupé de réanimer Eddie.

« On t’a réveillé, parce qu’on a capturé ton copain le symbiote… On pensait te buter, je l’avoue, et j’aurai fait une belle connerie. Le symbiote aurait eu mille occasions de s’associer, mais, curieusement, il ne cherche que toi. »

Angelo ordonna au médecin de mettre Eddie sur un fauteuil roulant. Une caméra de sécurité montra un laboratoire souterrain, où le symbiote flottait dans une cuve translucide. Angelo sourit.

« Putain, ça me fait tellement bander, ce truc ! Je prends le symbiote, je deviens Venom, et je serai enfin le patron du coin ! J’commencerai par buter ce gros con de Fisk… Et je veux que tu vois ça, Eddie. Je veux te tuer quand je serai Venom, pour que le symbiote comprenne qui est le maître. N’y vois rien de personnel. Et puis, vu ton état, t’offrir une mort rapide, c’est un état de grâce… »

Eddie avait atterri dans le manoir luxueux des Fortunato, un manoir situé en retrait de la ville, sur l’une des petites îles menant à Long Island, à côté de la réserve naturelle de Jamaica Bay. On installa Eddie sur un fauteuil roulant, tandis qu’Angelo marcha joyeusement vers l’ascenseur menant au sous-sol.

« J’ai demandé à mes hommes de préparer ta copine rebelle, mais je me la réserve en premier. Elle sera la première salope à se faire baiser par le nouveau Venom. »

Eddie se laissa porter par Félicia, ses pensées embrouillées par la douleur, le sang qui battait dans ses tempes et l'incertitude qui le rongeait. Il savait qu'il était en train de mourir. La chaleur de son corps semblait se dissiper à chaque seconde, chaque souffle lui coûtait plus cher que le précédent. Mais il n'était pas du genre à se laisser abattre, même face à l'imminence de la fin. Pas quand elle était là.

Félicia, toute en audacieuse, n’hésita pas une seconde avant de monter dans la voiture. Eddie, les yeux à moitié fermés, se laissa guider, appréciant, malgré tout, son sens du contrôle. Il ne comprenait pas comment elle faisait, mais il savait qu’il n’avait pas d’autre choix que de lui faire confiance. Quand elle parla de "se risquer dans la merde", il n'eut même pas la force de répondre par une moquerie. De toute façon, tout ça semblait absurde, mais Félicia n'avait pas tort. Si quelqu’un pouvait les sortir de ce merdier, c'était bien elle. Du moins, tant qu'ils avaient un peu de chance.
Au fil de la route, Eddie tenta de rester conscient, de lutter contre l'épuisement, contre la douleur qui lui tiraillait chaque fibre de son être. Le chaos de la ville défilait autour d'eux, mais il n'y prêtait plus vraiment attention. Ce qui le préoccupait, c'était l’absence du symbiote. Le lien entre eux semblait faiblir, comme si la créature se retirait, abandonnant son hôte à son sort. Il pouvait presque sentir l’absence de cette chaleur familière, cette sensation étrange de puissance qui l’accompagnait. Il savait que si le symbiote ne réagissait pas bientôt, il serait trop tard.
Puis, l'ambulance arriva comme une vision de la fatalité.

BAANG !

Le choc le propulsa dans un autre monde, ou du moins, il aurait aimé. La voiture se mit à tournoyer dans les airs, les airbags se déployèrent, et il sentit le corps de Félicia se faire écraser contre son propre fauteuil. Mais il ne pouvait même pas crier, trop faible, trop épuisé.
Les voix autour de lui étaient lointaines, déformées, mais les mots qu'il entendait percèrent son esprit comme une lame. “On les embarque, et on les tue après...”.

***************************

Eddie se battit pour garder les yeux ouverts, tout ce qu’il voyait devenait flou, puis il se retrouva face à une noirceur abyssale, un vide total.
Le souffle d’Eddie se coinça dans sa gorge lorsqu’il rouvrit les yeux. Le monde avait changé. Il n’était plus dans la voiture. Fini l’odeur du cuir, le ronronnement du moteur, la voix rassurante de Félicia. Il était allongé dans un lit médicalisé, sanglé, piqué, branché.
Des formes se dessinaient autour de lui. Un plafond luxueux. Des colonnes. Du marbre ? Une villa… Non, un manoir. Trop propre. Trop silencieux.
Puis la silhouette apparut.

Costume sur mesure. Cheveux longs. Regard de reptile.
Angelo Fortunato.
« Réveillé, le débris ? » lança-t-il, hilare. « Ça m’aurait fait chier que tu crèves, si proche du but. »
Eddie voulut parler, mais sa gorge était sèche comme le désert. Il sentit une aiguille être retirée de son bras. Un médecin, stoïque, penché sur lui. Et derrière lui, des hommes armés.
Angelo approcha, jubilant comme un gosse devant son jouet préféré.
« On t’a réveillé, parce qu’on a capturé ton copain le symbiote… »
Un écran plat s’illumina devant Eddie. Une cuve. Un liquide noir, vibrant. Le symbiote. Prisonnier. Isolé. Mais… pas mort.
Eddie ne ressentait plus son contact, mais il savait. Il était là. Silencieux. Patient.

Angelo ricana :
« Putain, ça me fait tellement bander, ce truc. Je prends le symbiote, je deviens Venom, et je bute tout ce qui bouge. Fisk, Spider-Man, et même toi. »
Il s’approcha du lit, tout près.
« Je veux que tu regardes. Je veux que tu voies à quoi ressemble ta fin. »
Eddie fixa la cuve. Il ne dit rien.

Un technicien, nerveux, était entrain sur son clavier. Des chiffres rouges s’affichaient. Il fronça les sourcils.
« Les constantes… elles fluctuent. »
Angelo, penché contre la vitre du laboratoire, mâchonnait un chewing-gum avec nonchalance. Il ricana.
« T’inquiète. C’est normal. Il doit sentir que son ancien copain est réveillé. Hein, Eddie ? »
Eddie, toujours sanglé dans son fauteuil, leva à peine les yeux. Mais il le savait. Il le sentait. Une vibration sourde dans l’air. Un appel.
"Tu n’es pas seul."
Un autre technicien paniqua. Il recula de son bureau.
« Monsieur… Les sécurités cèdent. Il manipule l’interface biologique de la cuve. De l’intérieur. C’est impossible. »

CLAC.

Une fissure apparut. Invisible d’abord. Puis un mince filet noir coula le long de la paroi.
Angelo s’avança, ricanant.
« Hé ! T’es pas censé pouvoir sortir, saleté ! Tu m’as entendu ? Tu m’appartiens maintenant ! »
Le symbiote répondit par un hurlement mental. Pas un son… mais une onde. Viscérale. Sauvage.
La cuve explosa.
Une gerbe de verre et de liquide visqueux éclata dans toute la pièce. Le technicien le plus proche hurla à la mort, alors que le symbiote bondissait sur lui. Il fut avalé en une fraction de seconde, son corps entièrement englouti.
Le liquide noir se mua en serpent vivant. Une créature sans forme, glissant sur le sol, escaladant les murs, cognant contre les vitres. Les gardes tirèrent. Les balles passèrent à travers. Inutiles.

« MERDE ! ABATTEZ-LE !! »

C’était trop tard, le symbiote s’élança sur Eddie. Venom s’enroula autour de lui, comme un serpent vorace, ses tentacules de nuit se collant à sa peau. Le venin s’insinua sous sa chair, effaçant instantanément la douleur, apaisant ses blessures. Ses liens cédèrent. Le fauteuil fut projeté contre un mur. L’instant d’après, la masse noire avait englouti le corps d’Eddie comme un amant retrouvé.

« TIREZ BORDEL !!! »

Angelo et ses hommes vidérent leur chargeur sur Eddie, ou plutôt, ce qu’il en restait. Les balles fusérenet par centaines, et un épais nuage de fumée recouvrit la piéce. On ne voyait plus le corps d’Eddie.

« C’est bon, il est mort ?! »

Les gardes n’eurent pas le temps de réagir.

Une forme noire jaillit de l’ombre, projetée à toute vitesse comme un boulet de canon vivant. Elle percuta le premier soldat avec une violence inouïe, le soulevant du sol avant de le fracasser contre le plafond. Son corps retomba comme une poupée désarticulée. Le deuxième n’eut même pas le temps de hurler : une tentacule jaillit du corps de Venom, transperçant son gilet pare-balles comme du papier. Son arme tomba au sol dans un clac ridicule.
Le monstre noir se redressa alors, imposant, colossal, des crocs dégoulinants de bave acide, des griffes comme des lames, le torse gonflé par une rage insondable. Ses yeux blancs brillaient comme deux lunes déformées, figés sur leur proie principale.
Angelo.

« On n’est pas content. » grogna Venom, sa voix profonde résonnant comme un écho caverneux. « Tu as essayé de nous enfermer… de nous séparer… »
Il avança d’un pas, lourd, implacable. Chaque pas faisait trembler les dalles du laboratoire. Angelo recula, arme en main, mais la peur le paralysait.
« Reculez ! Tirez-lui dessus ! TIREZ-LUI DESSUS !! » hurla-t-il.

Une pluie de balles s’abattit sur Venom. Les impacts ricochèrent contre sa peau comme des gouttes de pluie sur une cuirasse vivante. Il se contenta de pencher légèrement la tête, puis bondit en avant.
Ce fut une boucherie.

Venom traversa la salle comme un fauve enragé, brisant des côtes, des nuques, des crânes. Les tentacules s’enroulaient autour des armes, les arrachant des mains avant de les broyer. L’une des scientifiques tenta de fuir. Une langue noire la happa à la cheville et la fit tomber, avant qu’une griffe ne la projette contre un mur. Un autre garde fut broyé contre une armoire en métal, dont la porte se referma violemment sur son crâne.
Dans un nuage de fumée, de sang et d’éclats de verre, Venom s’approcha lentement d’Angelo, qui rampait désormais à reculons.

« Pitié… attends… on peut négocier… »
« On n’est plus à vendre. » cracha la voix d’Eddie, mêlée à celle du symbiote.
Il saisit Angelo d’une main massive et le souleva, le visage à quelques centimètres des crocs béants de la créature.

« Mais toi… tu vas payer. »
Et il hurla.

Un rugissement infernal, primal, qui fit trembler les murs du laboratoire. Les lampes éclatèrent. L’air devint suffocant, saturé de rage et d’acide. Puis, dans un fracas d’ombre et de chair, Venom ouvrit grand la mâchoire.

« WE ARE VENOM »

*CRRRRUUUUUUUSSSSHHHHHHHHHHHHH !*

Un rugissement bestial secoua le manoir alors que la tete d’angelo roula sur le sol.

VENOM était de retour.

Félicia se réveilla dans une cellule du manoir d’Angelo. Elle était sur une table, retenue par des harnais métalliques. Elle était nue, le visage ébloui par de puissantes lampes qui éclairaient son visage. Angelo avait fait ce qu’il avait dit à Eddie, Félicia avait été préparée pour qu’il vienne la saillir. La jeune femme mit un peu de temps à se réveiller, et à comprendre qu’il lui était impossible de se libérer des harnais.

« Inutile de vous débattre, Fräulein, ces harnais ont été conçus pour résister à Hulk. »

L’homme qui lui parlait était l’un des scientifiques travaillant pour la Maggia. Cette installation était bien trop futuriste pour une simple organisation mafieuse. Félicia commençait à comprendre que les rumeurs courant sur le fait que la Maggia s’était alliée avec HYDRA, la redoutable organisation terroriste, étaient fondées. L’homme qui lui parlait était un scientifique qui servait HYDRA. Il se rapprocha de Félicia, avec un sourire mesquin sur les lèvres. Félicia nota qu’il portait des lunettes rondes

« Vous êtes un spécimen très précieux, Fräulein. Votre père est la seule personne au monde qui connaît la formule du Super soldat, et une version altérée de cette formule circule dans vos magnifiques veines. Nous sommes curieux de savoir ce qui se passera quand Venom viendra se reproduire avec vous.
- Quoi ? Vous êtes taré, ma parole ![/color] »

La main gantée du scientifique malaxa l’un des seins de Félicia, qui siffla furieusement.

« Ne me touche pas, enfoiré ! »

Pour seule réaction, l’homme sourit.

« Nous savons que le symbiote extraterrestre mute et s’adapte en fonction de ses hôtes. Nous n’avions pas spécialement prévu à la base de vous utiliser comme cobaye, mais, maintenant que vous êtes là… »

Félicia frémit. Elle avait de quoi être dégoûtée par la situation. Le scientifique manifestait un intérêt croissant pour ses seins, et malaxa son autre sein, tout en commençant à avoir une érection.

« Oui, un magnifique spécimen, magnifique… »

C’est à ce moment que les alarmes retentirent. Surpris, le scientifique se redressa.

« Mais que… »

Les lumières aveuglant Félicia se coupèrent alors, et les harnais la retenant s’ouvrirent. Le scientifique eut à peine le temps de se retourner que Félicia bondit sur lui. Elle le frappa au visage avec son pied, et l’homme tomba au sol. Félicia se rua ensuite sur lui, et l’étrangla furieusement.

« Plus personne. Ne me. Touchera. Jamais. Sans mon accord ! »

En tombant, le scientifique néonazi avait renversé une armoire médicale, et attrapa un scalpel. Il le planta alors dan s le flanc de Félicia, qui bascula sur le côté. Le scientifique se redressa alors, et se reçut un nouveau coup de pied dans le ventre. Félicia se releva, le sang coulant de son flanc, et attrapa le scalpel, puis se rua en hurlant sur l’homme. Elle planta son scalpel dans l’œil de l’homme, qui hurla de douleur, puis Félicia, en pleine crise de rage, le coucha au sol, puis attrapa l’homme par l’arrière de sa tête, et commença à fracasser sa tête sur le sol froid de la salle. Elle frappa ainsi une bonne quinzaine de fois, jusqu’à ce que le visage de son tortionnaire ne soit plus qu’une bouillie infâme de chair tuméfiée, de morceaux osseux. L’un de ses yeux avait jailli de ses orbites.

Les mains pleines de sang, et le sang s’échappant de son flanc, Félicia parvint à sortir dans le couloir. Elle vit devant elle plusieurs soldats d’HYDRA en tenue verte s’élancer.

« Venom s’est échappé !
- Vite, allez chercher les lance-flammes ! »

Tenant son flanc, Félicia marcha péniblement. Elle avait déjà été grièvement blessée par le passé, mais elle soupçonnait ses geôliers de l’avoir drogué pour qu’elle soit plus docile. La plaie du scalpel semblait de plus assez profonde, car elle saignait encore. Des hurlements résonnèrent à l’autre bout du couloir. Des tentacules noirs jaillissaient, et elle entendait des détonations, des rafales de balles.

*Venom…*

Les soldats d’HYDRA mitraillaient en vain Venom. Ils n’avaient aucun espoir de survie. Félicia cligna encore des yeux, quand une porte sur laquelle elle avait posé sa main s’ouvrit.

« Putain !
- Qu’est-ce qu’elle fout là, cette salope ?! »

Deux soldats d’HYDRA lui faisaient face. Félicia se reçut un coup de pied dans le ventre, qui l’écarta. L’un des agents d’HYDRA sortit ensuite son pistolet de son holster, et…

*BANG !!*

La balle atteignit Félicia en pleine poitrine. Elle heurta le mur en face, et commença à glisser sur le sol, tandis que la balle de l’agent d’HYDRA s’était logé dans son cœur, la condamnant à une hémorragie violente et létale. Félicia se sentit glisser, et tomba au sol, le sang jaillissant de son corps. Elle n’avait plus que quelques instants à vivre, et la dernière chose qu’elle vit fut une énorme masse noire gélatineuse qui se rapprochait d’elle…

Le sang. L’odeur du sang.
Venom la sentit avant même de la voir. Une effluve métallique, douce-amère, celle qui annonçait la fin d’une vie. Celle de Félicia.

« Non. »

Les murs explosèrent sous la colère brute du symbiote. Une déferlante noire perça les couloirs, engloutissant soldats, murs, machines. Les rafales de balles ricochaient contre sa chair vivante. Les lance-flammes s’allumaient trop tard, brûlant de simples éclairs noirs avant d’être arrachés de mains tremblantes.
Ils avaient osé lui faire ça.
L’un des soldats tenta de relever son arme, mais Venom était déjà sur lui. Il arracha son crâne d’un coup sec, comme on ouvre un fruit trop mûr. Un autre fut empalé au mur par deux tentacules, pendant que sa cage thoracique éclatait sous une pression monstrueuse.
Et puis… il la vit.

Félicia.
Affaissée contre le mur. Nue. La plaie béante à la poitrine pulsait à peine encore. Son regard se voilait. Ses lèvres tremblaient d’un dernier souffle.
Eddie hurla intérieurement. Le monde se figea.

« NON. PAS ELLE. »

Au sol, le corps inerte de Félicia git dans une mare de sang. Son souffle est à peine perceptible. Son regard est vitreux. Le sang pulse par à-coups depuis la blessure mortelle à la poitrine.
Elle est en train de mourir.
Venom se pencha ensuite sur elle, la prit dans ses bras, et tourna les talons.

[INT. ENTREPÔT ABANDONNÉ – QUELQUES HEURES PLUS TARD]

Le lieu est silencieux, désert. Les murs de tôle sont couverts de tags oubliés, les vitres brisées laissent passer une lumière lunaire blafarde. Au centre de l’entrepôt, une couche de fortune faite de bâches et de vieux draps.

Félicia y repose, son corps recouvert par une couverture noire tissée du symbiote lui-même. Sa respiration est stable, calme.
Assis juste à côté, venom tend sa main vers Felicia, et Le symbiote pulse alors doucement, comme s’il répondait à son appel. Il s’étend vers la poitrine de Félicia, là où la balle avait frappé, et recommence son travail. Il commence par retirer soigneusement la balle. Le tissu vivant fusionne avec sa peau, refermant la chair ouverte, ressoudant l’os, recréant les tissus détruits. Le symbiote est entrain de devenir un avec Felicia Hardy.

Puis, un battement se fit entendre…

C’était un endroit bien connu d’elle. Le repaire du Hibou, un criminel de New York doté de capacités métahumaines. Lui et Docteur Octopus s’étaient déclarés la guerre, et Octopus avait attaqué la tanière du Hibou. Spider-Man s’était interposé pour combattre Octopus, et pour protéger Le Hibou d’une mort certaine. Félicia l’avait rejoint. Au milieu de la bataille, elle avait été attrapée par les tentacules d’Octopus, et mortellement blessée. Si Spider-Man l’avait protégé, elle s’était ensuite réveillée à l’hôpital, et avait passé des semaines à se rétablir.

« Tu peux devenir plus forte, Félicia…
- Qui es-tu ? »

Elle vit des excroissances jaillir de son corps, et repoussa avec les tentacules métalliques d’Octopus, avant de bondir sur lui. Elle le repoussa, et put le tuer, et sentit l’excitation grisante du pouvoir, une puissance terrifiante et jouissive à souhait.

« Incroyable…
- Tu peux devenir immortelle… Avec moi… »

Quand elle émergea, Félicia se redressa brusquement. De la main, elle retira la couverture du lit, la projetant contre le mur, et se redressa alors. Elle observa ses mains, et cligna des yeux. Ses mains étaient bien là, mais des veines noires filaient dessus. Elle sentait les battements de son cœur, et cligna encore des yeux. Les traces des balles avaient disparu, sa peau avait complètement cicatrisé. Le symbiote avait expulsé les douilles. Félicia cligna des yeux, silencieuse, et sentit la présence de Venom.

« E-Eddie, je… Tu m’as injecté le symbiote ? »

Dans sa tête, Félicia entendit alors le symbiote, qu’Eddie pouvait aussi t’entendre :

« Nous n’avions pas le choix, tu étais grièvement blessée… Comme Eddie. Nous vous avons guéri, nous vous avons amélioré. »

Félicia cligna des yeux à nouveau, et observa ses mains. Elle ferma les yeux, tandis que le symbiote évoluait sur son corps.

« Haaaa… »

Elle sentit le symbiote filer sur son corps, glisser sur elle, elle frémit en sentant la puissance, en sentant sa force… Et, quand elle rouvrit ses yeux, Eddie put voir ses magnifiques yeux verts, tandis que le symbiote avait épousé et magnifié les formes de Félicia, lui donnant un aspect aussi sensuel que bestial.

« Alors, Eddie, tu es toujours favorable pour un rencard ? »

The Multiversity

Le règne des Symbiotes [PV]

Le règne des Symbiotes [PV]

Re: Le règne des Symbiotes [PV]

Re: Le règne des Symbiotes [PV]

Re: Le règne des Symbiotes [PV]

Re: Le règne des Symbiotes [PV]

Re: Le règne des Symbiotes [PV]

Re: Le règne des Symbiotes [PV]

Re: Le règne des Symbiotes [PV]

Re: Le règne des Symbiotes [PV]

Re: Le règne des Symbiotes [PV]

Re: Le règne des Symbiotes [PV]

Re: Le règne des Symbiotes [PV]

Re: Le règne des Symbiotes [PV]