The Multiversity

Le baron Morloon était un individu influent, qui avait fait fortune sur plusieurs systèmes stellaires en exploitant les planètes qui s’y trouvaient. Des planètes sans habitant, qu’il avait acheté il y a de nombreuses années à bas prix, et qu’il utilisait maintenant. Morloon avait ainsi fondé un empire spatial comprenant plusieurs systèmes solaires avec les planètes situées dedans. Ses appareils à terraformation avaient permis de rendre ces planètes mortes habitables. Le processus avait pris des milliers d’années. Pour réussir ce tour de force, Morloon avait investi fortement dans des technologies de terraformation, puis il s’était ensuite installé dans une station de cryogénisation. Il avait ainsi hiberné pendant des millénaires, et, quand il était revenu à lui, ses planètes avaient fructifié. Des planètes vierges, qui avaient attiré des bandits. Morloon, officiellement mort, avait ainsi pu investir sur les planètes à l’aide de placements boursiers et d’épargnes qu’il avait installé dans différentes banques par le truchement de sociétés civiles, en en confiant la gestion à des cabinets comptables. Un plan fou, mais qui lui avait permis d’être riche, tout en effaçant ses dettes. Cette stratégie payante avait rendu Morloon assez célèbre. Cependant, ses créanciers existaient encore toujours, des banques terriennes et des sociétés qui avaient réclamé leur dû, en considérant que Morloon avait fraudé ces derniers.

Suite à cela, le Consortium de Megapolis avait été saisi d’une plainte émanant de plusieurs banques. Les autorités judiciaires avaient fini par trancher. Morloon avait été condamné pour escroquerie et pour avoir organisé frauduleusement son insolvabilité en simulant sa propre mort. Il avait été condamné à rembourser ses créanciers, ce qu’il n’avait pas fait. Pour aggraver encore son dossier, Morloon avait investi son argent dans une milice privée, composée de pirates, de mercenaires, et d’individus peu recommandables. Son système avait officiellement fait sécession avec le Consortium. Sa base principale était la station spatiale où il avait hiberné, et qui se situait en orbite autour d’une géante gazeuse, la Futuristic Station. Cette station était devenue un palais des plaisirs, abritant des jeux divers et variés. C’était aussi une solide forteresse, puissamment gardée.

« Morloon se joue de l’autorité du Consortium, Samus. Je pense qu’il y a davantage derrière cette histoire qu’une banale histoire d’amendes fiscales. »

Samus s’en approchait. Elle avait reçu pour mission de la part du Consortium d’enquêter sur Morloon, et de découvrir les véritables objectifs de celui-ci. Le Consortium de Megapolis suspectait une trahison de grande ampleur. Officiellement, elle était chargée de trouver un accord de recouvrement entre Morloon et ses créanciers.

Elle rejoignit donc la station, où elle fut accueillie par un homme, qui lui indiqua que Morloon la recevrait bientôt, et la guida jusqu’à sa chambre.

*Et me voilà dans la gueule du loup…*

Ryu & Samus

« Je suis là pour plus que de l'argent. » C’est ce que je me disais en entrant dans ce repaire. La Futuristic Station n’était pas qu’une simple station spatiale. C’était un monstre de béton et de métal, un centre d’intrigues et de trahisons, et au cœur de tout cela, le Baron Morloon. Tout ce que je voulais, c’était de le défier dans un combat à la hauteur de sa réputation, mais il y avait quelque chose de plus grand ici. J’avais cette impression de danger qui flottait dans l’air, mais je ne pouvais pas reculer. J'avais entendu parler des combats clandestins organisés par Morloon. Il recrutait des combattants de toute la galaxie, des mercenaires, des ex-soldats et même des criminels. Ces combats étaient leur monnaie d'échange, une manière de tester leur force, d'acquérir du respect, mais pour moi, c'était juste une autre arène. Une autre occasion de mesurer ma puissance. Ils pensaient peut-être que j’étais juste un combattant de plus, mais j’avais une réputation à défendre.

« Où est ce foutu combattant de niveau supérieur dont on m’a parlé ? » Je me retrouvais dans la cage, les poings serrés, prêt à me battre. La foule autour de moi hurlait, excitée par la vue du combat à venir. J’étais dans l’arène, seul contre un autre, un gros gaillard dont les muscles semblaient faits de fer. Mais rien n’égalait la puissance du Hadoken ou de mes poings affûtés. Il s’élança vers moi, les bras tendus pour me saisir. « T’as l’air bien pressé. » Je lui adressai un sourire, le genre de sourire que l’on réserve aux adversaires que l’on respecte. Il fonça, mais j’esquivai en un mouvement fluide. La foule éclata en acclamations. Je me repositionnai rapidement, prêt à contre-attaquer. Le combat, c’était tout ce qui comptait. Pas d’arrière-pensées, juste moi et lui dans cet espace clos, chacun cherchant à écraser l’autre.

Il lança un coup de poing énorme, mais je le parai sans difficulté, l’utilisant pour me propulser vers lui. Un coup de pied circulaire frôla son visage, mais il parvint à l’esquiver de justesse. Je n’étais pas encore à fond, pas encore assez pour lui montrer toute ma puissance. C’était une question de stratégie, de patience. Il essaya à nouveau de m’attraper, mais je glissai sous son bras, me faufilant derrière lui pour lui asséner un coup de genou dans les côtes.

« T’es pas mal, mais ça ne suffit pas. » Je fis un pas en arrière et m’élançai, utilisant la Shoryuken pour lui envoyer un coup de poing enveloppé de flammes. Il roula sur le sol, se levant lentement, les yeux pleins de rage. La foule en délire, totalement à fond dans ce combat, attendait le prochain mouvement. Je n’étais pas ici juste pour les divertir, mais pour être respecté. Il tenta une attaque par le bas, un uppercut vicieux, mais je le bloquai avant de le repousser violemment avec un coup de pied surpuissant. Le sol vibra sous la force de l’impact. Il tituba, épuisé, et je savais que ce n’était plus qu’une question de temps. Je m’approchai de lui lentement, l’observant, m'assurant qu’il ne chercherait pas à me surprendre à la dernière seconde. Un combat, c’était avant tout de la discipline, de la concentration.

« C’est fini pour toi. » Je m’élançai une dernière fois, préparant un Hadoken en concentrant toute ma force dans cette boule d’énergie. Le temps sembla ralentir un instant. Je pouvais sentir la tension dans l’air. Puis, je la lançai. La boule d’énergie toucha sa cible, l’envoyant valser contre les parois de la cage. Il s’écrasa au sol, inerte. La foule devint folle, mais je n’y prêtais pas attention. C’était juste un autre combat, juste une autre victoire. Mais quelque chose me disait que ce n'était pas terminé.

« Où est Morloon ? » Je m’approchai de l’arbitre de l’arène, son visage figé dans une expression de peur. Il savait que ce combat n’était que le début. Je le saisissais par le col de sa tunique. « Je n’ai pas l’intention de rester là longtemps. » Il déglutit et pointa du doigt une porte à l’opposé de la cage. C’était là que je devais aller, là où Morloon se cachait derrière ses jeux de pouvoir et ses arcanes. Mais avant tout, il fallait que je fasse un choix : est-ce que je restais un simple combattant, ou est-ce que je devenais un pion dans un jeu bien plus vaste ?

« Je dois vous admettre être très surpris de voir quelqu’un de votre acabit s’occuper d’une banale affaire financière…
- Il m’arrive aussi de mener des missions tout à fait banales, Monsieur Morloon. En l’occurrence, le Consortium estime que vous devez beaucoup d’argent. »

Le bureau de Morloon était très agréable. Samus, dans sa Zero Suit, attirait forcément les regards. Morloon n’était guère dupe sur sa présence ici.

« Tout ça n’est qu’une simple erreur de contre-temps… Je ne conteste pas mes condamnations, mais la décision de condamnation ne s’est pas prononcée sur la totalité des condamnations. J’ai demandé à mes comptables de réunir les pièces nécessaires. Je sais que le Consortium me soupçonne de mentir sur les déclarations fiscales de ma compagnie, et je suis tout à fait disposé à laisser à votre disposition un accès à mes registres comptables. »

Samus n’y connaissait pas grand-chose en comptabilité, mais elle pouvait tout à fait copier les données, et en laisser l’analyse à Ever. Sa partenaire était l’éminence grise de leur duo, et elle maîtrisait bien mieux qu’elle les déclarations comptables, la lecture de bilans, l’analyse des flux sortants et entrants.

« Vous constaterez ainsi par vous-même que je n’ai rien à cacher, Madame Aran. D’ici là, vous êtes bien entendu mon invitée.
- Je vous remercie, baron Morloon, et j’espère vous importuner le moins possible.
- La visite d’une célèbre héroïne ne saurait m’importuner, vous savez. À ce sujet, je souhaiterai vous parler des combats qui ont lieu chaque soir. On m’a dit que vous étiez une combattante hors pair. Si vous souhaitez y participer… »

Samus avait considéré l’option, avant de se dire que ce serait une bonne façon de se dégourdir les jambes. Elle avait certes avec elle sa terrible armure de combat, mais l’armure n’était rien sans la personne à l’intérieur. Samus était pour le coup une rude combattante, qui s’entraînait régulièrement, et ce serait pour elle l’occasion d’en savoir davantage sur le fonctionnement de la Futuristic Station. Elle accepta donc la proposition de Morloon, et, comme on pouvait s’y attendre, sa participation fit rapidement le tour de la station.

Chaque soir, la station organisait des compétitions, autour d’un spectacle très apprécié qui était diffusé au sein des planètes de Morloon, mais aussi au sein des planètes du Consortium : le Morloon’s Challenge. Celui qui triomphait des combats et des épreuves pouvait rencontrer Morloon, et avait le droit de lui demander une faveur. Il s’agissait généralement de se battre à travers plusieurs épreuves différentes. Samus y participa donc, évidemment reconnaissable avec sa Zero Suit ultramoulante, et triompha sans grande difficulté des premiers ennemis qui se heurtèrent à elle.

Elle rejoignit ainsi une épreuve un peu plus centrale, « La Cage ». Une équipe de deux contre une équipe de deux. Il fallait triompher de l’autre équipe pour rejoindre la seconde et dernière partie du Morloon’s Challenge, le « Morloon’s Funnyhouse », un parc. Samus se retrouva ainsi face à deux guerriers cybernétiques : « Orion » et « Deathor ». Elle arriva depuis son couloir, et vit ensuite son coéquipier arriver depuis sa zone d’épreuves : Ryu.

*En voilà un qui est sacrément costaud…*

Un allié de poids contre leurs deux adversaires ! Samus le salua brièvement, car l’arbitre du match déclara le combat ouvert…

Ryu & Samus

Le bruit des grilles qui se ferment résonna dans l’arène, étouffé par les clameurs d’une foule en délire. La lumière crue tombait sur nous comme un projecteur divin, révélant les moindres grains de poussière flottant dans l’air. La Cage, c’était du brutal, du vrai. Pas de gadgets, pas de pouvoirs magiques. Juste la force, l’endurance, et la volonté de se relever quand tout le monde s’attend à te voir à terre. Je m’étais préparé à affronter n’importe quel genre de brute cybernétique ou de mutant dopé, mais pas… elle. Une silhouette fine, athlétique, dans une combinaison d’un bleu presque électrique. Elle entra par l’autre couloir, ses pas aussi calmes que mes battements de cœur l’étaient pas. Je ne la connaissais pas. Aucune idée de son nom, ni de ce qu’elle faisait là. Mais je sentais un truc. Elle n’était pas là pour jouer les figurantes. « T’as pas l’air d’être une habituée des tournois de Morloon. » Je lâchai ça à mi-voix, sans vraiment attendre de réponse. Elle se contenta d’un regard bref, presque évaluateur. Pas hostile. Juste… concentrée. Ce n’était pas le genre à se présenter avec des salamalecs. Elle était ici pour une raison, tout comme moi. Mais nos raisons n’étaient pas les mêmes, j’en étais sûr.

Pas le temps pour les présentations. Orion et Deathor débarquèrent, deux morceaux de métal vivants, bardés de techs, programmés pour blesser, ou tuer si nécessaire. Orion me désigna d’un signe de tête. Bien. Au moins, les choses étaient claires. J’ajustai ma garde, les pieds bien ancrés au sol. Tout le reste s’effaça. Il ne restait plus que l’instant, le combat. Orion fondit sur moi. Il pensait sûrement m’écraser par la force brute. Mauvaise lecture. J’encaissai son premier coup en absorbant l’impact sur mon avant-bras, pivotai, et frappai ses côtes avec un enchaînement rapide. Il grogna. Pas une machine complète, alors. Il sentait la douleur. Bonne nouvelle. « Tu vas devoir taper plus fort que ça. » Je reculai juste assez pour éviter son revers, puis me glissai dans son angle mort pour le frapper à la base de la nuque. Son système d’équilibre flancha, le forçant à reculer. De l’autre côté, la fille en bleu se battait avec un style bien à elle. Agilité, rapidité, précision. Pas un seul geste inutile. Elle savait se battre. Et bien.

Deathor lançait des attaques à distance, et elle dansait littéralement entre les projectiles. Elle lui fonça dessus et le plaqua contre une paroi avec un saut vrillé. Je la regardai une seconde de trop – Orion en profita pour me saisir. Je serrai les dents et libérai un Shoryuken sans retenue, droit dans sa mâchoire métallique. Il vacilla, retomba lourdement. Le sol vibra sous l’impact. Je me remis en garde, cherchant l’autre ennemi. Trop tard. Déjà au sol. Elle l’avait terminé, proprement. On se retrouvait seuls, elle et moi, les adversaires KO à nos pieds. La foule exultait, mais tout ce que je sentais, c’était ce calme étrange après le chaos. « T’es efficace ! » Je dis ça sans prétention, en la regardant. Aucune arrogance dans sa posture, juste de la discipline. On ne s’était pas parlé, mais on avait combattu ensemble comme deux engrenages bien huilés. Peut-être pas pour les mêmes raisons, mais ici, dans cette cage, ça suffisait.

Je venais à peine de relâcher ma garde, encore porté par le souffle du combat, que j’entendis un bruit strident — mécanique, rapide. Trop tard. Orion, encore fumant mais pas totalement hors-jeu, s’était redressé dans mon dos et, dans un ultime réflexe désespéré, activa un module d’énergie stockée. Une onde de choc magnétique m’atteignit de plein fouet. Mon corps fut soulevé, projeté violemment contre la paroi de la cage. L’impact me coupa le souffle, me laissant à genoux, le regard flou, les oreilles sifflantes. Le goût métallique du sang remonta dans ma gorge. Je grognai, les muscles tremblants. Ce n’était pas fini. Pas encore. Mais cette fois… j’avais baissé ma garde une seconde de trop.