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Multivers lubrique. [ft. Merveil]

Posté : 18 mars 2025 19:01
par The Fighterz
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Terry & Merveil
Je ne sais pas trop comment j’en suis arrivé là. Une minute plus tôt, j’étais assis sur un vieux fauteuil en cuir râpé, dans un laboratoire qui semblait sorti d’un mauvais film de science-fiction. L’instant d’après… tout est devenu flou. Tout avait commencé par une invitation un peu bizarre. Un certain « Professeur Albin » m’avait contacté, un type avec les cheveux en bataille et un regard un peu trop brillant pour être rassurant. Il disait avoir mis au point une machine révolutionnaire et avait besoin d’un cobaye volontaire. Il avait promis que c’était sans danger. J’aurais dû me méfier. Je m’étais retrouvé dans son antre, un capharnaüm de câbles, de moniteurs grésillants et de papiers éparpillés partout. Une machine massive trônait au centre, un amas de métal, de bobines électriques et de lumières clignotantes. Le professeur sautillait autour, tripotant des boutons en marmonnant pour lui-même.

« Bon, Doc’, c’est quoi exactement ton truc ? J’ai pas envie de finir grillé comme une tranche de bacon. » Il avait rigolé, un rire nerveux qui n’inspirait aucune confiance.

« Euh… c’est sûr que ça va pas exploser ? » Il n’avait pas répondu, trop occupé à abaisser un énorme levier. Il y eut une décharge électrique, un éclair bleu aveuglant, et tout mon corps s’était engourdi. Une sensation étrange, comme si j’étais aspiré dans un tunnel sans fin. Mon cœur battait à tout rompre. Puis… le néant. Quand j’ouvris les yeux, je n’étais plus dans le labo. J’étais allongé sur une longue table en bois massif, entouré de dizaines de visages surpris. Des torches illuminaient une immense salle aux murs de pierre. L’odeur du pain chaud et de la viande rôtie flottait dans l’air. Un banquet.

J’étais au beau milieu d’un fichu banquet.

« …Ok. J’ai dû rater un épisode. »

Les invités, vêtus d’habits médiévaux richement brodés, me fixaient comme si j’étais un monstre sorti de nulle part. Un type en armure lâcha sa chope de bière, la bouche grande ouverte. Je me redressai lentement, les muscles encore engourdis. Tout ça n’avait rien d’un rêve. Trop réel. Trop vivant.

« Euh… Salut ? Y’a moyen d’avoir une explication ? » Le silence fut assourdissant. Puis, un garde posa la main sur le pommeau de son épée. Mauvais signe. Très mauvais signe.

« Ah. Je sens que ça va être compliqué. »

Re: Multivers lubrique.

Posté : 18 mars 2025 21:25
par Merveil
Merveil se trouvait au banquet organisé en l'honneur de la naissance du prince héritier. Sa présence n'avait rien de fortuite car il était de coutume d'inviter trois membres du clergé pour ce genre d'évènement afin qu'ils puissent bénir l'enfant (dans d'autres contrées c'était trois fées). Outre Merveil, représentant Aphrodite, avaient été invités Porthios, un Prêtre d'Arès, et Kaspira, une Prêtresse de Zeus.

Or donc après la cérémonie du baptême au cours de laquelle le trio avait béni le nourrisson, en présence de la cour, on festoyait allègrement. Il va de soi que Merveil était le point de mire de la plupart des convives masculins, leurs regards s'attardant sur le décolleté vertigineux de sa robe immaculée. Même le roi - surtout le roi - n'était pas insensible aux charmes de la belle et il y avait fort à parier qu'il la retiendrait un peu plus tard, après le festin, pour discuter "d'une affaire politique de la plus haute importance".

On en était au second plat du troisième service - des cuissots de chèvre rôtis baignant dans de la graisse d'urus - quand se produisit un évènement inattendu.

Il y eut d'abord un grand *BOUM !!* suivi d'une explosion lumineuse puis quelque chose tomba avec fracas dans la grande table, renversant quelques assiettes, coupes, plats et saucières. Il y eut des exclamations de surprise, des jurons ("Diantre !", "Palsambleu !", "Morguienne !", "Mortecouille !"...) puis l'on s'aperçut que le quelque chose était une jeune homme à la chevelure blonde, vêtu d'étrange manière et qui semblait aussi surpris que les convives de sa présence en ce lieu.

Sur un signe de leur capitaine, les gardes royaux empoignèrent leurs armes : l'intrus pouvait être un assassin envoyé par une puissance ennemie pour occire le souverain de Lumen. Le nouveau venu était seul et sans armes mais s'il avait pu surgir au beau milieu du palais royal, soit il était un mage soit il avait reçu une assistance magique. Mieux valait ne pas prendre de risques.

Le prêtre d'Arès sortit une épée à double-tranchant de son fourreau et la prêtresse de Zeus une dague. Pour sa part, Merveil se contenta d'observer le jeune homme avec intérêt, se préparant toutefois à incanter un sort si jamais les choses tournaient mal.

Re: Multivers lubrique.

Posté : 18 mars 2025 22:06
par The Fighterz
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Terry & Merveil
Bon, ça commençait bien. À peine arrivé, j’avais déjà une épée et plusieurs lames pointées dans ma direction. Les types en armure ne plaisantaient pas, et à en juger par leur regard, ils étaient à deux doigts de me trancher en rondelles avant même que je puisse dire un mot. Je levai les mains en signe de paix, histoire de leur montrer que je n’étais pas une menace. « Wow, du calme les gars ! J’ai rien demandé, moi ! » Personne ne bougea. Le silence était pesant, seulement troublé par le crépitement des torches et le souffle des invités qui semblaient tout aussi perdus que moi. Un grand costaud en armure, sûrement un capitaine ou quelque chose du genre, fit un pas vers moi, la main sur son épée.

Toujours pas de réaction. Génial. Je sentais que la moindre parole de travers pouvait me coûter cher.

Mon regard balaya rapidement la salle. Il y avait un homme armé d’une énorme épée – sûrement un prêtre guerrier, vu son accoutrement – et une femme qui tenait une dague avec l’assurance de quelqu’un qui savait s’en servir. Mais c’est une autre silhouette qui attira mon attention : une femme en robe blanche, assise un peu plus loin, qui se contentait de m’observer avec un sourire intrigué. Elle n’avait pas l’air inquiète, ni même hostile. Juste… curieuse.

Je jetai un coup d’œil à la table en morceaux sous moi et lâchai un soupir.

« Bon, si vous ne voulez pas baisser vos armes... Je vais devoir vous péter les genoux. »

Un frisson me parcourut l’échine. Je n’aimais pas ça. Trop de tension, trop d’épées dégainées, et aucun moyen évident de parlementer. J’avais vu ce regard chez pas mal de gars dans ma vie : ils avaient déjà décidé que j’étais un ennemi. Pas le choix, il fallait que je frappe en premier. Je baissai légèrement les épaules, adoptant une posture plus soumise, les paumes toujours levées. Un des gardes s’avança prudemment, une main tendue pour m’empoigner. Mauvaise idée, mon pote. D’un coup sec, je balançai mon bras vers lui et attrapai son poignet, tirant avec force pour le déséquilibrer. Dans le même mouvement, je pivotai sur un pied et lui enfonçai mon coude dans l’estomac. Il s’effondra avec un gémissement sourd.

Les autres n’attendirent pas une invitation pour foncer. Un deuxième garde leva son épée dans une attaque verticale. Je me jetai sur le côté, esquivant de justesse la lame qui s’enfonça dans la table brisée. Avant qu’il ne puisse la retirer, je saisis l’occasion : je frappai du plat du pied dans son poignet, lui arrachant son arme, puis enchaînai avec un crochet du droit en plein visage. Son casque résonna comme une cloche avant qu’il ne s’écroule sur le sol. Le capitaine tenta de m’attraper dans une clé de bras. Je sentis ses doigts se refermer sur mon épaule, mais j’utilisai son élan contre lui : je basculai vers l’avant, passant sous son bras, puis lui décochai un uppercut magistral en pleine mâchoire. Son corps se souleva légèrement avant qu’il ne retombe lourdement, son épée glissant hors de sa main.

« Vous savez pas qui vous faites chier ! »

Re: Multivers lubrique. [ft. Merveil]

Posté : 18 mars 2025 23:01
par Merveil
Il n'y a pas à dire, il sait se défendre ! pensa Merveil tout en regardant le nouveau venu mettre au tapis deux gardes et leur capitaine. Mais bon, il a beau être expert dans l'art du combat à mains nues, il va vite être submergé par le nombre. Sans compter qu'il n'a ni arme ni armure. Et puis...

La cour de Lumen comportait une poignée de magiciens dont le fameux Talanthyr qui portait le titre - pas si ronflant que le prétendait ses adversaires et confrères jaloux - de Magus Suprême du Royaume. Du coin de l’œil, Merveil vit ce dernier prononcer les premières paroles d'une incantation. Elle n'était pas très calée en magie mais une sorte de sixième sens l'avertit que le sortilège qu'il s'apprêtait à lancer n'était pas piqué des vers.

Bien entendu, elle savait que Talanthyr n'allait pas balancer un sort offensif occasionnant moult dégâts de zone, comme une Boule de Feu ou un Éclair : on était à la cour du souverain et tout sortilège de ce genre serait plus susceptible de blesser ou de tuer l'un des courtisans, voire le roi lui-même, qu'un éventuel intrus.

Merveil choisit d'agir rapidement avant que la situation ne tourne au désastre : elle se leva et prononça un seul mot, un ordre plutôt.

HALTE !!


Le mot roula, enfla à travers la pièce, vers le jeune homme et l'atteignit de plein fouet, le stoppant net. C'était un simple sort, maitrisé par les prêtres novices, consistant à prononcer un seul mot auquel la victime ne pouvait qu'obéir. Ce sort avait ses limites : la cible pouvait y résister et il ne fonctionnait que durant quelques secondes. Cependant, il était un peu plus puissant quand il était prononcé par Merveil ou l'une de ses consœurs étant donné que sa divinité tutélaire était Aphrodite, Déesse de l'Amour, de la Beauté et du Charme.

Le jeune homme fut donc frappé par la puissance de l'Injonction et arrêta aussitôt de lutter. Les gardes mirent à profit ce bref instant d'inaction : ils l'empoignèrent, lui passèrent aux poignets des menottes en diméritium, métal annihilant les pouvoirs magiques, et, sur un ordre de leur capitaine, l'emmenèrent aux cachots en attendant qu'il soit soumis à la question par le tourmenteur du palais...

Le calme revenu, le festin reprit et chacun, le roi en premier, ne manqua pas de féliciter Merveil pour sa promptitude et son esprit d'initiative. Cette dernière accueillit ces louanges avec un sourire radieux.

Re: Multivers lubrique. [ft. Merveil]

Posté : 19 mars 2025 19:03
par The Fighterz
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Terry & Merveil
Tout se passait bien. J’avais mis plusieurs gardes au tapis, et pour être honnête, je commençais presque à y prendre goût. Mais avant que je ne puisse porter un autre coup, une voix s’éleva, forte et impérieuse, résonnant dans toute la salle :

HALTE !!

Ce mot m’écrasa comme une vague invisible. Mon corps refusa d’obéir, figé sur place comme si j’avais été transformé en statue. Un frisson me parcourut l’échine—ce n’était pas normal. J’avais déjà été paralysé par la peur, la fatigue, ou même la surprise, mais ça ? C’était autre chose. Quelque chose de puissant, d’implacable.

« …Qu’est-ce que… ? »

Pas le temps de comprendre. Les gardes profitèrent de ma soudaine immobilité pour me sauter dessus. Je sentis plusieurs mains me plaquer contre la table brisée, puis un froid métallique m’enserra les poignets. Une sensation étrange me traversa : une sorte de vide intérieur, comme si une énergie que je ne savais même pas posséder venait de s’éteindre.

« Hé ! C’est quoi ce truc ?! »

Aucune réponse, juste des bras qui me relevèrent de force et des regards satisfaits. Autour de moi, les courtisans chuchotaient, soulagés. Au fond de la salle, le roi esquissa un sourire, avant de porter son attention sur la femme en blanc qui venait d’intervenir. Je ne connaissais pas son nom, mais c’était forcément elle qui avait lancé ce foutu sort. On me traîna hors de la salle sous les murmures et les applaudissements polis. Je l’avais déjà dit, mais cette journée devenait vraiment n’importe quoi.

Quelques heures plus tard…

J’avais connu des cellules plus accueillantes. L’humidité rongeait les murs, et le sol en pierre glacée me rappelait que mon blouson ne servait à rien contre ce froid-là. Les menottes m’avaient lacéré les poignets à force de tirer dessus, mais elles tenaient bon. Puis, des bruits de pas. La lourde porte grinça, laissant entrer deux gardes, suivis d’un type massif vêtu de noir, son visage dissimulé sous une cagoule. Un bourreau, évidemment. Il tenait une pince de la taille de mon bras. Rien de rassurant. Derrière lui, le roi entra à son tour, prenant place sur un siège qu’on venait d’installer pour lui. À sa droite, la femme en blanc du banquet. Mon regard croisa le sien, et je haussai un sourcil.

« Vous êtes là pour profiter du spectacle, ou c’est vous qui posez les questions ? » Le bourreau fit craquer ses doigts.

Je soupirai. « Bon… Autant éviter les détours. Vous voulez savoir quoi ? » J’avais l’habitude des situations merdiques. Mais là, je sentais que j’étais tombé sur un sacré problème. La femme en blanc attira mon attention. Elle se tenait juste à côté du roi, droite, sereine, comme si tout ça n’était qu’une formalité. C’était forcément elle qui m’avait stoppé net tout à l’heure. Son regard était calme, mais pas dénué d’intérêt. Peut-être qu’elle se demandait qui j’étais… ou si je valais la peine qu’on me garde en vie. Bon, Terry, mon vieux, t’as déjà retourné des situations pires que ça. Quand on est menotté et qu’un type avec une pince géante veut vous faire chanter, mieux vaut tenter autre chose que la bagarre.

Je levai légèrement la tête, laissant un sourire en coin se dessiner sur mon visage.

« Vous savez, si vous vouliez que je me retrouve attaché comme ça, fallait juste demander… »

Un des gardes me poussa brutalement pour me faire taire, mais je ne quittai pas la femme des yeux. Mon ton resta léger, amusé, comme si je plaisantais avec une amie dans un bar et pas avec une prêtresse au beau milieu d’une salle de torture.

« Franchement, je suis flatté que vous soyez venue en personne. J’espère au moins que vous avez soufflé quelques mots en ma faveur. Parce que sinon, je vais être déçu… »

Je vis l’ombre d’une réaction sur son visage. Peut-être de l’agacement, ou peut-être autre chose. Intriguée ? Amusée ? Va savoir.

Re: Multivers lubrique. [ft. Merveil]

Posté : 19 mars 2025 20:52
par Merveil
Or donc, une fois le festin terminé, le roi, Merveil et deux gardes royaux descendirent dans les souterrains du palais où se trouvaient les cachots et la salle de torture.

Il était rare que le souverain en personne se déplaçât pour ce genre de choses : habituellement on dépêchait un greffier de la Couronne qui enregistrait les minutes de l'interrogatoire qui ensuite les transmettait au monarque, en suivant la voie hiérarchique. Mais il arrivait parfois que le roi désire assister à la "question", surtout quand l'affaire était d'importance. Merveil avait sauté sur l'occasion en demandant à sa majesté si elle pouvait l'accompagner ; ne pouvant rien refuser à la splendide jeune femme, il avait accepté.

Malgré la chaleur de l'été, il faisait assez froid dans les souterrains, aussi le roi était chaudement vêtu. Pour sa part, la prêtresse avait lancé un sort basique lui permettant de supporter sans trop de mal les températures extrêmes ce qui expliquait la légèreté de sa tenue. Cela n'était pas pour déplaire aux deux gardes qui louchaient sur son décolleté.

Tout comme le tourmenteur d'ailleurs qui s'était incliné devant le roi mais qui avait gardé les yeux fixés sur Merveil. Cette dernière ne lui accorda guère attention : elle était fixée sur le jeune homme qui avait fait une entrée fracassante il y a quelques heures de cela. Il était menotté aux poignets, assis sur la paille d'une cellule.

Le moins que l'on puisse dire est que le nouveau venu n'avait pas l'air spécialement effrayé par la situation dans laquelle il se trouvait, il réussit même à faire quelques remarques grivoises à Merveil qui haussa un sourcil tout en réprimant une légère envie de rire.

Le roi prit la parole :

- Quelques uns de mes conseillers, ainsi que cette jeune femme ici présente, pensent que tu n'es pas venu ici pour essayer de t'attaquer à ma personne mais que tu as été victime d'une sorte d'accident hum... magique, d'où ton arrivée en fanfare. Est-ce vrai ? Parle et n'essaie pas de mentir sinon le tourmenteur se fera une joie de te tirer les vers du nez.
- Je m'appelle Boris et dans ma famille on est tourmenteur de père en fils ! s'exclama fièrement le gaillard à l'adresse de Terry, manifestement ravi que le roi en personne se soit déplacé dans son "domaine", accompagné en outre d'une splendide jeune femme à qui il ferait bien quelques gâteries...

Re: Multivers lubrique. [ft. Merveil]

Posté : 22 mars 2025 11:14
par The Fighterz
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Terry & Merveil

Assis sur cette foutue paille, les poignets enchaînés, j’avais tout le loisir d’observer la scène. L’ambiance était pesante, entre la pierre glaciale des cachots, l’odeur d’humidité et de sueur rance, et les outils de torture méticuleusement rangés sur la table. Un vrai décor de cauchemar. Pourtant, j’étais plus amusé qu’inquiet. J’avais déjà vu pire, et franchement, pour l’instant, ces types ne m’impressionnaient pas. Le roi, bien droit sur son siège improvisé, m’observait avec un mélange de curiosité et d’agacement. Son regard me passait au crible, cherchant sans doute à percer mes intentions. Derrière lui, les gardes attendaient, raides comme des piquets, prêts à me tomber dessus au moindre faux pas. Mais franchement, ce n’était pas eux qui retenaient mon attention.

Elle. La prêtresse en blanc.

Son visage était impassible, mais ses yeux me scrutaient d’une manière bien différente de celle du roi. Il y avait un éclat d’amusement, un soupçon d’intérêt. Et vu la façon dont elle s’était interposée plus tôt, je pouvais parier qu’elle n’avait pas encore décidé si j’étais un ennemi ou un simple imprévu… Et ça, c’était peut-être ma meilleure chance de me tirer d’ici. Le roi ouvrit la bouche pour parler, mais c’est un autre type qui attira mon attention. Un colosse en tablier de cuir, le torse bombé, un air satisfait sur la tronche. Il devait être persuadé que cette salle était son royaume. Et visiblement, il était fier de son boulot, vu la façon dont il se présenta à moi. "Boris." Boris… le bourreau ?

« Attends… Ton nom, c’est vraiment Boris ? Boris le bourreau ? Sérieusement ?! » J’eus un éclat de rire avant même de pouvoir m’en empêcher. Un rire franc, qui résonna dans la cellule. Bordel, c’était trop beau pour être vrai.

« J’veux pas manquer de respect, mon pote, mais on dirait le méchant d’un mauvais conte pour enfants. Genre "Méfiez-vous de Boris, sinon il viendra vous pincer les doigts !" »

Le sourire du type s’effaça aussitôt. Je pouvais voir ses énormes mains se crisper sur son outil de torture. Apparemment, il n’avait pas l’habitude qu’on se marre en entendant son nom. Le roi fronça les sourcils. Il devait être du genre à ne pas apprécier qu’on se moque de son personnel. Tant pis. Je relevai les yeux vers lui, toujours amusé.

« Et vous, Majesté, vous êtes sûr que vous régnez sur un vrai royaume ? Parce que jusqu’ici, ça ressemble plus à une mauvaise pièce de théâtre. Entre Boris, les gardes qui ont la vivacité d’un escargot sous opium, et votre fascination évidente pour cette charmante demoiselle à votre droite… »

Et là, je le fis exprès. Je laissai mon regard glisser lentement vers la prêtresse. J’en profitai pour détailler encore une fois ses traits fins, sa robe qui lui allait trop bien, son port altier qui contrastait avec l’environnement miteux des cachots. Elle, au moins, était un spectacle agréable.

« Sérieusement, vous êtes bien la seule chose intéressante à regarder ici. Dites-moi, vous êtes venue parce que vous êtes intriguée… ou parce que vous espériez que je vous remarquerais ? »

Les gardes tressaillirent, jetant des regards nerveux au roi. Boris laissa échapper un grognement. Mais la prêtresse, elle, ne détourna pas le regard. Pas immédiatement, en tout cas. J’aurais parié qu’elle hésitait. Peut-être même un soupçon d’amusement. Ça, c’était bon signe. Les chaînes tintèrent légèrement quand je me redressai un peu, comme si je voulais mieux la voir.

« Bon, pour répondre à votre question, Majesté, j’suis pas un assassin, pas un espion, et encore moins un foutu magicien. J’sais pas comment j’ai atterri ici, mais je vous garantis que c’était pas prévu. Un vieux savant fou jouait avec des trucs qu’il comprenait pas, et BAM, me voilà, en train de partager un moment d’intimité avec Boris et sa pince. »

Je ponctuai ma phrase d’un sourire en coin, avant de retourner mon attention vers la prêtresse.

« Vous avez pas envie de me sortir de là, par hasard ? J’vous promets qu’on s’amuserait beaucoup plus ailleurs. »

Et cette fois, j’eus l’impression que mon petit jeu commençait à l’intéresser.

Re: Multivers lubrique. [ft. Merveil]

Posté : 22 mars 2025 12:16
par Merveil
-Eh bien, soit ce gars en a une sacré paire dans le pantalon, soit il est inconscient, soit il lui manque une case !... pensa Merveil, lançant un regard interloqué vers le roi pour ensuite se diriger vers le bourreau : le premier avait pâli sous les quolibets du jeune homme et le second avait rougi de colère suite à la manière dont il s'était moqué de son prénom ; à moins que ce ne fut sa rime qui avait provoqué son hilarité.

Quoi qu'il en soit, il répondit quand même à la question du roi, à savoir la manière dont il avait surgi de manière aussi spectaculaire dans le palais royal : un savant fou avait dû bricoler elle-ne-savait-quoi et il s'était retrouvé téléporté ici.

Merveil sentait plus qu'elle ne savait qu'il disait la vérité mais le souci est que le roi n'avait pas l'air convaincu et il y avait fort à parier qu'il n'ordonne à Boris de lui tirer les vers du nez à sa manière.

« Vous avez pas envie de me sortir de là, par hasard ? J’vous promets qu’on s’amuserait beaucoup plus ailleurs. »

La prêtresse haussa un sourcil : il était enchainé dans un cachot sombre et humide, sous le double regard inquisiteur du roi de Lumen et du bourreau royal et tout ce que ce type trouvait de mieux à faire était de la draguer ?! Il lui manque vraiment une case, voire deux...

S'il continuait ainsi, il allait connaître l'un des nombreux supplices que le bourreau affectionnait, comme la vierge de fer, les brodequins, les tisons ardents ou encore celui de l'eau introduite de force dans la bouche avec un entonnoir. Aussi devait-elle agir rapidement :

- Pardonnez-moi votre majesté mais je pense que cet homme dit la vérité. De ce fait, je me porte garant de lui et le place sous la protection du Temple !

Vu les circonstances, c'était la meilleure manière de tirer d'affaire cet homme : le roi lui-même n'oserait pas braver l'autorité du clergé d'Aphrodite.

- En êtes-vous sûre Dame Merveil ? Il est insolent, stupide et vous a même fait des avances d'une manière fort peu courtoise !
- Votre majesté, il en faut bien plus pour me choquer ! répondit-elle avec un sourire amusé. Pour ce qui est de son insolence, je pense qu'il vient d'une contrée lointaine, comme en atteste son étrange accoutrement, et que par conséquent il ne connait peut être pas tous les usages en vigueur dans votre royaume. Sans compter que son voyage hum... accidentel l'a peut être fort chamboulé et qu'il en subit encore les effets.
- Fort bien, il est vôtre désormais. Mais qu'il se tienne tranquille à l'avenir et qu'il mesure ses paroles en ma présence, sinon je lui fais arracher la langue, protection du clergé ou pas !
- Je vous remercie infiniment votre majesté ! Je l'attendrai dans le hall, le temps qu'on le libère et lui restitue ses possessions.

Juste avant de quitter les cachots, elle s'approcha du jeune homme et lui murmura : maint'nant, tu fermes eut'gueule, pigé ?!

Ce n'était plus le langage châtié qu'elle avait utilisé quelques secondes auparavant mais le patois de sa famille de cul-terreux, du temps où elle était Laideron. Malgré sa métamorphose, son intronisation au sein du clergé d'Aphrodite et sa fréquentation des grands de ce monde, elle avait encore certains réflexes de sa vie d'antan...

D'une démarche gracieuse, elle sortit de la cellule et emprunta les escaliers.

Re: Multivers lubrique. [ft. Merveil]

Posté : 22 mars 2025 13:13
par The Fighterz
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Terry & Merveil

Quelques instants plus tôt, j’étais menotté dans une cellule humide, prêt à goûter aux joies de la torture médiévale sous le regard furibond d’un bourreau vexé et d’un roi qui semblait à deux doigts de me faire arracher la langue. Et maintenant ? Une sublime prêtresse venait de m’accorder une sortie de prison gratuite. Pas mal pour une journée qui avait commencé par une expérience foireuse dans le labo d’un savant fou.

Je suivis du regard la jeune femme alors qu’elle quittait la cellule d’un pas léger, les hanches se balançant avec une grâce étudiée. Elle était belle à en damner un saint, et je devais avouer que son intervention tombait à point nommé. Mais ce qui m’amusa encore plus, c’était cette dernière phrase qu’elle m’avait soufflée dans un patois improbable. Une noble aux manières raffinées qui pouvait parler comme une fille du peuple ? Intéressant. Je laissai échapper un sourire en coin et jetai un coup d’œil aux deux gardes chargés de me détacher. L’un d’eux serrait les mâchoires comme s’il mâchait un citron, visiblement peu ravi de me libérer. L’autre me regardait avec une lueur d’envie mal dissimulée – il aurait bien aimé être à ma place sous la protection de cette prêtresse. « Pas la peine de faire cette tête, les gars. Je suis sûr que si vous priez bien fort, peut-être qu’une déesse vous enverra, vous aussi, une femme pareille pour vous sauver un jour. » Le premier garde serra plus fort les menottes avant de les retirer, comme pour me rappeler que la prochaine fois, ce serait une lame qui serrerait ma gorge. Une fois libéré, on me rendit mes affaires : ma casquette rouge, mon gilet sans manches, et mes gants de combat. Aussitôt, je remis la casquette sur ma tête en tapotant la visière du bout des doigts, comme pour saluer mes geôliers d’un geste moqueur.

En remontant les escaliers qui menaient hors des cachots, je réfléchissais à la situation. Ce royaume ne ressemblait à rien de ce que je connaissais. Des chevaliers en armure, des mages capables de balancer des sorts, un roi qui décidait du sort des gens sur un coup de tête… c’était comme être tombé en plein milieu d’un conte de fées avec une touche de danger bien réelle. Et puis il y avait elle. Cette prêtresse dont j’ignorais encore le nom, mais qui venait de me sauver d’un sale quart d’heure. Pourquoi ? Était-elle simplement magnanime, ou bien y avait-il une raison derrière ce geste ? Je comptais bien le découvrir. Lorsque j’arrivai dans le hall du palais, elle était là, m’attendant avec ce même sourire énigmatique. J’ajustai ma casquette et m’approchai d’elle avec mon air le plus décontracté.

« Alors, ma sauveuse, on va où maintenant ? Parce que je doute que ce soit juste pour mes beaux yeux que tu m’as sorti de là… » Je plongeai mon regard dans le sien, cherchant à deviner quelles cartes elle cachait encore dans sa manche. Alors que je m’approchais d’elle, mon regard glissa malgré moi vers le bas, attiré par la courbe parfaite de ses hanches et la manière dont le tissu immaculé de sa robe épousait chaque mouvement. Bon sang… Si toutes les prêtresses de ce monde ressemblaient à ça, j’étais prêt à me convertir sur-le-champ. Elle avait une démarche féline, élégante, presque provocante dans sa grâce, et je dus faire un effort pour ramener mon attention sur son visage avant qu’elle ne surprenne mon regard trop bas. Avec un sourire charmeur, je relevai la tête et posai un poing contre ma hanche avant de me présenter : « Terry Bogard, champion de la tôle froissée et des entrées spectaculaires. Et toi, c'est Merveil ? » Je ponctuai ma phrase d’un clin d’œil, curieux de voir comment elle allait réagir.

Re: Multivers lubrique. [ft. Merveil]

Posté : 22 mars 2025 14:23
par Merveil
Merveil n'eut pas à attendre longtemps : au bout de cinq minutes, le jeune homme, encadré par deux gardes, apparut dans le hall du palais royal. Une fois qu'ils eurent fini de l'escorter, pour le confier aux bons soins de la prêtresse, les factionnaires retournèrent à leur poste, non sans avoir jeté un regard mi-jaloux mi-furibond envers cet intrus qu'ils auraient aimé embrocher sur leurs hallebardes.

« Alors, ma sauveuse, on va où maintenant ? Parce que je doute que ce soit juste pour mes beaux yeux que tu m’as sorti de là… »

Merveil poussa un léger soupir d'agacement, ce qui fit légèrement remuer sa poitrine abondante et ferme : il est vraiment indécrottable ! pensa-t-elle. Ceci dit, peut être que là d'où il vient, il a l'habitude de parler ouvertement de cette manière.

Il l'examina et elle fit de même : elle n'avait jamais vu un tel accoutrement, comme cet étrange couvre-chef ou encore ses chaussures qui semblaient faites d'une matière inconnue. Elles ne sont pas très esthétiques mais elles doivent être sacrément confortables. pensa-t-elle, avant de jeter un regard interloqué à l'étrange dessin ornant son pourpoint. Elle allait lui demander ce qu'il signifiait quand le garçon se présenta :

« Terry Bogard, champion de la tôle froissée et des entrées spectaculaires. Et toi, c'est Merveil ? »
- Enchantée de faire votre connaissance Terry "Beau-Gars" ! répondit-elle avec un petit sourire mutin, préférant le vouvoiement pour s'adresser à lui, même si elle l'avait tutoyé tout à l'heure, dans sa cellule. Je suppose que vous devez avoir une faim de loup après votre démonstration de force de tout à l'heure ainsi que votre bref séjour dans les geôles royales ? Si c'est le cas, je connais une bonne auberge où vous pourrez vous restaurer.

Elle l'invita du geste à le suivre et ils débouchèrent sur la vaste esplanade du palais d'où l'on pouvait voir le fabuleux panorama de la cité de Lumen s'étalant majestueusement jusqu'à la mer.

- Puis-je vous demander la signification de votre blason ? lui demanda-t-elle, désignant de l'index son "pourpoint". Appartenez-vous à une famille noble ?

Re: Multivers lubrique. [ft. Merveil]

Posté : 22 mars 2025 19:24
par The Fighterz
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Terry & Merveil
Je suivis la prêtresse tout en profitant de la vue, autant celle sur la ville qui s’étendait majestueusement jusqu’à la mer que celle, plus immédiate, de Merveil se déhanchant devant moi. Sa robe légère épousait ses formes avec une précision divine, et chaque pas qu’elle faisait déclenchait un doux balancement de ses hanches. Je dus me retenir de siffler d’admiration. Je levai un sourcil en entendant sa question. Noble, moi ? Si seulement elle savait… Je baissai les yeux sur mon t-shirt rouge orné de mon fidèle loup blanc stylisé. Il avait pris quelques coups lors de mon altercation avec les gardes, mais tenait toujours la route. « Noble ? Moi ? Haha, non, pas du tout ! Ce blason, comme tu dis, c’est juste un symbole personnel. Le loup blanc, c’est ma marque de fabrique. Un truc qui me représente. » Je tapai du doigt sur mon torse avant d’ajouter, amusé : « En fait, dans mon monde, les nobles portent plutôt des costards-cravates et passent leur temps à s’engueuler dans des bureaux luxueux. Moi, je viens de la rue, des combats, des galères. Rien d’aussi raffiné que ton joli palais doré. » Je jetai un coup d’œil à Merveil pour voir sa réaction. Elle ne semblait pas dédaigneuse, juste curieuse. Une qualité rare chez les gens de son rang, du moins d’après ce que j’avais pu voir jusqu’ici.

La ville se dévoilait de plus en plus autour de nous : des ruelles pavées, des maisons aux toits de tuiles colorées, des marchands vantant bruyamment leurs produits. L’atmosphère avait quelque chose de presque familier, même si tout respirait l’ancien monde, comme un décor d’histoire fantastique. « Et d'ailleurs c'est Bogard, pas Beau-Gars ! ... Oh, mais c'est un compliment en fait ! » Je lui lançai un sourire charmeur, profitant du moment. Après tout, elle m’avait sorti des griffes du bourreau, je pouvais bien lui offrir quelques compliments. Et puis, soyons honnêtes, elle était fascinante. Je laissai ma main frôler son bras l’air de rien, testant les eaux. Cette femme était un mystère, et j’avais bien l’intention d’en apprendre plus sur elle… à ma manière. Merveil et moi quittâmes l’esplanade du palais pour nous enfoncer dans les rues animées de la cité. La lumière du crépuscule baignait les toits de tuiles d’une lueur dorée, tandis que les lanternes commençaient à s’allumer, projetant des ombres vacillantes sur les pavés. L’air sentait le sel de la mer, mêlé aux effluves alléchantes de pain chaud et de viande rôtie provenant des échoppes alentours.

Je marchais aux côtés de Merveil, observant la foule avec un mélange de curiosité et d’attention. Les habitants semblaient mener une vie paisible, discutant joyeusement, négociant aux étals ou appelant leurs enfants à rentrer avant la nuit. Une vision assez agréable, bien loin du vacarme des grandes villes d’où je venais. Je tournai la tête vers ma mystérieuse sauveuse, esquissant un sourire. « Puis, faut bien que tu me briefes un peu sur ce monde. Parce que je sens que si je commence à poser trop de questions, tout le monde va finir par comprendre que je débarque d’un autre univers… et j’ai pas super envie d’être de nouveau enchaîné. » Je passai commande sans me faire prier : une énorme pièce de viande, du pain, du fromage et une chope de bière bien fraîche. Je lançai ensuite un regard amusé à Merveil.

« Et toi alors ? T’as pas faim ? »

Re: Multivers lubrique. [ft. Merveil]

Posté : 22 mars 2025 20:41
par Merveil
Ainsi donc, Terry n'était pas noble. Son "blason" était ni plus ni moins qu'un dessin, imprimé sur son pourpoint, une image le représentant, symbolisant ce qu'il était. Il lui apprit que là d'où il venait, les nobles portaient des "costarcravatts" et se disputaient dans des bureaux... Tout ceci étaient bien étrange. Quoi qu'il en soit, son intuition était bien fondée : Terry venait bel et bien d'un autre monde. Quand elle était pensionnaire chez Skombarg le Magicien, elle avait lu quelques uns de ses ouvrages et l'un d'eux portait sur l'existence d'univers parallèles, de dimensions se trouvant au-delà de son monde, avec des habitants bien différents de celui-ci.

- En tout cas, cela prouve qu'il y a également des humains ailleurs que dans ce monde... pensa-t-elle, les mains dans le dos, parcourant en compagnie de Terry les rues de Lumen. Pour plus de discrétion elle avait revêtu un long manteau blanc à capuche afin de dissimuler ses traits et sa silhouette aux badauds. Mais même ainsi, elle passait difficilement inaperçue.

Terry en profita pour rectifier une erreur que j'avais faite à propos de son nom de famille, c'était "Bogard" pas "Beau-Gars", le prenant au final pour un compliment. Elle lui sourit : il était effectivement un "beau gars", un peu étrange certes, un poil fou, mais pas mauvais bougre d'après le peu qu'elle pouvait en voir.

Ils se promenèrent dans les rues de Lumen avant d'atteindre l'auberge mentionnée plus tôt par Merveil. Il n'y avait pas encore trop de monde à cette heure-ci, au Cochon Perdu, aussi trouvèrent-ils une place située près de la cheminée.

« Puis, faut bien que tu me briefes un peu sur ce monde. Parce que je sens que si je commence à poser trop de questions, tout le monde va finir par comprendre que je débarque d’un autre univers… et j’ai pas super envie d’être de nouveau enchaîné. »
- Oui, ou on va vous prendre pour un fou et vous enfermer dans un asile... répondit-elle avec un petit sourire malicieux. Cette ville est Lumen, capitale du royaume du même nom. Pour ma part, je suis Merveil, mais vous le savez déjà, Prêtresse d'Aphrodite, Déesse de l'Amour et de la Beauté...

Il passa commande auprès d'une des serveuses qui l'observa d'un air intrigué, sans doute à cause de sa tenue, et lui demanda, à sa manière un peu abrupte, si elle n'avait pas faim.

- Hum, je sors d'un festin de dix services, avec cinq plats chacun, donc je suis rassasiée... Je me contenterai d'un peu de cidre doux et d'un peu de raisin. Mais que cela ne vous empêche pas de manger de bon appétit.

Une fois servi, elle ne put s'empêcher de le questionner à son tour :

- Cet homme à qui vous devez votre entrée fracassante dans le palais royal, c'était un magicien ?

Re: Multivers lubrique. [ft. Merveil]

Posté : 23 mars 2025 12:14
par The Fighterz
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Terry & Merveil

Quand elle mentionna l’asile, un frisson me parcourut l’échine. Me faire traiter de fou, je pouvais encaisser. Mais finir enfermé, sans moyen de bouger, sans savoir ce qui m’attendait… Ça, c’était autre chose. J’avais passé ma vie à être libre, à courir, à me battre quand il le fallait. L’idée de me retrouver coincé dans une cellule capitonnée avec des types marmonnant dans leur barbe me donna la nausée. « Enfermé pour folie, hein ? Bah, ce serait pas la première fois qu’on me traite de cinglé, mais j’préfère éviter les cellules cette fois. » Mon ton se voulait léger, mais au fond, une part de moi savait que ce danger était bien réel. Ici, j’étais un étranger, un inconnu avec des idées trop étranges pour passer inaperçu. Si je voulais survivre, il allait falloir que je m’adapte vite. Et puis, elle balança qu’elle était prêtresse d’Aphrodite, déesse de l’amour et de la beauté. Tiens donc. Je la détaillai sous sa capuche, cherchant à voir au-delà de son manteau. Pas que j’avais besoin de beaucoup d’efforts : même avec ça, elle dégageait une aura bien particulière. Le genre de présence qui attire les regards sans même essayer. Une prêtresse de l’amour et de la beauté… Ils recrutaient sur physique avantageux, ou bien y avait une formation spéciale ?

« Prêtresse d’Aphrodite… Ça doit être un sacré boulot. Vous priez toute la journée en espérant que les gens se trouvent beaux et s’aiment un peu plus ? »

J’avais balancé ça comme une blague, mais au fond, j’étais curieux. Ce monde semblait fonctionner sur des règles bien différentes des miennes. Chez moi, la religion était surtout une affaire de foi et de traditions poussiéreuses. Ici, les dieux semblaient avoir une influence bien plus directe sur la vie des gens. Quand la serveuse arriva avec nos commandes, je sentis son regard peser sur moi. C’était devenu une habitude depuis mon arrivée. Mon accoutrement, mon allure, ma manière de parler… Tout ici faisait de moi un étranger. Un intrus. Mais au lieu de m’agacer, ça me donnait une étrange impression de liberté. Dans un monde où personne ne me connaissait, je pouvais être qui je voulais.

Puis Merveil lâcha qu’elle venait de se taper cinquante plats.

Je m’arrêtai net, mon bout de pain suspendu à mi-chemin de ma bouche.

« Attends… T’as vraiment bouffé cinquante plats y’a pas une heure ?! »

Je la fixai, cherchant un signe de plaisanterie sur son visage. Mais non, elle avait l’air parfaitement sérieuse. Cinquante plats. Même moi, après un entraînement intensif, j’aurais pas pu en descendre autant.

« Ok, si c’est ça la vie d’une prêtresse, je signe où ? »

Je rigolai, mais une part de moi se demanda s’il y avait un truc spécial avec elle. Un sort ? Un entraînement divin ? Parce que si toutes les prêtresses d’Aphrodite mangeaient comme ça, il fallait un budget nourriture astronomique.

« Magicien ? Non. C’était censé être un scientifique, mais avec ce qu’il trafiquait, il avait plus d’un sorcier que d’un homme de science. »

Je poussai un soupir, laissant mon regard errer sur la table. Toute cette histoire me semblait toujours aussi dingue, même en y repensant. J’aurais dû atterrir dans un laboratoire, prêt à en découdre avec un monstre de puissance. Un type qui se faisait appeler M. Bison, un vrai taré obsédé par la domination et la destruction. Je l’avais poursuivi pendant des années, et enfin, on avait une chance de le stopper. Mais non, au lieu de ça, me voilà dans un autre foutu monde, sans explication, sans moyen de rentrer.

« J’étais censé affronter un type dangereux, du genre qui ne rêve que de contrôle et de guerre. Je sais pas comment ce foutu scientifique a merdé, mais au lieu d’ouvrir un passage vers le labo de ce mec, il m’a envoyé ici. »

Je serrai le poing sur ma cuisse en repensant à ça. Bison était toujours là-bas, et moi, j’étais ici, coincé dans un univers où les mecs en armure régnaient et où on parlait de dieux et de magie comme si c’était la norme. Et pendant ce temps, qui sait ce que ce malade était en train de faire dans mon monde ? Je relevai les yeux vers Merveil. Elle avait l’air d’en savoir pas mal sur ce monde et ses mystères. Peut-être qu’elle avait déjà entendu parler de trucs comme ça, des passages entre dimensions, des artefacts capables de plier l’espace-temps. Après tout, si un scientifique pouvait le faire avec des machines, qui disait qu’un mage ou une divinité ne pouvait pas y arriver avec un peu de magie ?

« Si tu m'aides à trouver un moyen de retourner dans mon monde, je te remercierai. A ma façon... »

Re: Multivers lubrique. [ft. Merveil]

Posté : 23 mars 2025 14:29
par Merveil
Terry prit à la rigolade le fait d'être enfermé dans un asile mais Merveil sentit qu'il n'était pas aussi assuré qu'il en avait l'air sur ce sujet. Ceci dit, la perspective d'être enfermé avec des fous en avait effrayé plus d'un. Après, il était vrai que ce genre d'établissement était plutôt rare sur Terra, très peu de gens voyant l'intérêt de soigner les personnes atteintes d'une maladie mentale. En général on les laissait dans leur condition, errant dans les rues ou dans la nature et pour ce qui était des fous dangereux, constituant un danger pour les autres, on les exécutait.

Ma fonction de prêtresse avait l'air d'amuser Terry, me demandant si mon rôle consistait à prier dans l'espoir que les gens se trouvent beaux et s'aiment entre eux.

- Pas vraiment... fit-elle avec un petit sourire indulgent, en fait notre devoir n'est pas trop contraignant. Bien entendu, nous prions régulièrement mais rien ne nous oblige à nous entrainer au maniement des armes, comme c'est le cas pour les membres des clergés plus martiaux. En fait notre principale tâche est de répandre l'amour et de lutter contre tout ce qui peut l'entraver ; nos efforts sont surtout dirigés contre les mariages d'intérêt où deux familles utilisent leurs enfants pour contracter une alliance, sans tenir compte de leurs sentiments.

La serveuse leur apporta leurs commandes et Merveil but une gorgée de cidre avant de continuer :

- Après, pour ceux et celles qui sont plus préoccupés par des questions plus... charnelles, si l'on peut dire les choses ainsi, une partie de nos temples est réservée à ce genre d'activités.

Elle n'en dit pas plus, ne voulant pas dire, du moins pas tout de suite, qu'elle était une Prostituée Sacrée au service de la Déesse.

« Attends… T’as vraiment bouffé cinquante plats y’a pas une heure ?! »

Elle se mit à rire doucement devant l'expression interloquée de Terry puis lui répondit, un sourire amusé aux lèvres :

- Rassurez-vous, les convives ne sont nullement obligés de manger TOUS les plats, c'est juste que l'on s'assure que chacun soit rassasié durant un banquet royal et qu'il trouve un ou plusieurs plats à sa convenance. Ajoutons que les festins sont exceptionnels : celui-ci a été donné en l'honneur du baptême du nouveau né du roi. J'y ai été invitée parce qu'il fallait trois prêtres pour bénir l'enfant. Pour ma part, durant le repas, je me suis contenté de "picorer" : j'ai dégusté deux poulets, un cuissot de chèvre rôti, une bonne platée de fèves au lard, une aile de cygne au poivre noir, cinq tranches de pâté de cerf, quelques anguilles, six pommes, le tout descendu avec cinq ou six coupes d'hypocras. Pour être honnête, je n'ai pas l'habitude de manger autant...

Ainsi donc, Terry avait dû son entrée fracassante à cause d'un "scientifique" qui avait fait une erreur de calcul : au lieu de téléporter le jeune homme dans l'antre d'un sinistre individu, il s'était retrouvé propulsé en plein cœur de Lumen.

« Si tu m'aides à trouver un moyen de retourner dans mon monde, je te remercierai. A ma façon... »
- Hum, oui pourquoi pas... Rares sont les magiciens à maitriser les voyages entre les mondes et il faut savoir que ce n'est pas sans danger : vous pouvez vous retrouver dans un monde hostile ou tout simplement atterrir sur la paroi d'une montagne plongeant à pic, voire même dans ladite paroi... J'ai entendu parler d'une Dame de l'Espace et du Temps, capable de se déplacer aisément entre les dimensions, mais je pense que ce sont des racontars d'ivrogne. La meilleure solution serait de trouver un Portail : c'est moins aléatoire et plus sûr ; par contre, ils sont souvent calibrés pour mener à un endroit précis.

Re: Multivers lubrique. [ft. Merveil]

Posté : 23 mars 2025 21:12
par The Fighterz
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Terry & Merveil

Je m’étais moqué de cette histoire d’asile, mais la vérité, c’est que l’idée ne me plaisait pas du tout. Être enfermé entre quatre murs avec des fous, c’était un cauchemar. J’en avais vu, des cinglés, des vrais psychopathes, et je savais à quel point certains pouvaient être dangereux. Mais ici… ils n’enfermaient même pas les fous. Soit on les laissait traîner dans les rues, soit on les exécutait. Simple, efficace, brutal. « Charmant… Ça doit bien marcher, vu qu’il n’y a pas de débordement dans les rues. Mais c’est un peu radical. » J’avais dit ça avec un léger rictus, mais l’idée me mettait un peu mal à l’aise. J’avais grandi dans un monde où la justice était déjà bien tordue, mais au moins, on essayait de soigner ceux qui avaient perdu la tête. Enfin… quand ils n’étaient pas utilisés comme cobayes par des tarés en blouse blanche. Je m’étais ensuite intéressé à son rôle de prêtresse. C’était difficile d’imaginer une femme comme elle passer ses journées à prier et prêcher l’amour. Mais apparemment, son devoir allait au-delà de simples prières. Elle combattait les mariages arrangés et tout ce qui empêchait les gens de s’aimer librement.

« Faudra m'faire visiter ces autres lieux hein... ! »

Je soufflai doucement, un brin soulagé en l’entendant préciser que personne n’était forcé d’engloutir tout le banquet. Pendant un instant, j’avais imaginé une salle remplie de convives en train de se goinfrer sans fin, comme un défi imposé par l’étiquette royale. « Ah, ça me rassure… Pendant un moment, j’ai cru que c’était une sorte de tradition obligatoire, du genre "mange jusqu’à ce que t’exploses ou sois banni du royaume". » Je pris une bouchée de mon plat, réfléchissant à ce qu’elle venait de dire. Un festin pareil pour un baptême royal… Dans mon monde, une naissance dans la haute société entraînait surtout des intrigues politiques, des alliances de circonstance et des ennemis de l’ombre prêts à tout pour influencer l’héritier. Ici, on bénissait l’enfant avec des prêtres et des montagnes de nourriture. Une autre logique, une autre culture. Mon regard revint sur elle alors qu’elle détaillait son propre repas. Même si c’était beaucoup, au moins elle n’avait pas tout dévoré d’un coup. Ça expliquait aussi pourquoi elle tenait encore debout.

Je fis tourner distraitement ma fourchette entre mes doigts, pensif. Ce monde avait un rapport à la nourriture, aux traditions et aux célébrations bien différent de ce que je connaissais. Ça rendait les choses dépaysantes… mais pas désagréables pour autant. Je laissai échapper un léger soupir en repensant à ce foutu scientifique. Un dingue qui jouait avec des forces qu’il comprenait à peine, et moi, j’étais le cobaye involontaire de son délire. Si tout s’était passé comme prévu, je serais en train d’affronter un cinglé dans un labo, pas en plein cœur d’un monde où la magie existait pour de vrai. Un beau raté, et c’était moi qui en payais le prix.

« Ouais, franchement, il aurait pu bosser un peu plus ses calculs avant de me balancer à l’autre bout du réel… »

Je croisai les bras en l’écoutant. Elle ne rejetait pas complètement l’idée de m’aider, mais elle ne me vendait pas non plus du rêve. Des magiciens capables de ce genre de prouesses ? Rares et dangereux. Voyager entre les mondes ? Potentiellement mortel. Atterrir au mauvais endroit ? Possible. Je haussai un sourcil. « Super… Donc, si je tente un retour à l’aveugle, y’a une chance sur deux pour que je finisse fusionné avec une paroi rocheuse ou largué dans un désert sans fin. J’adore. » Je passai une main dans mes cheveux, pensif. Une "Dame de l’Espace et du Temps" ? Ça sonnait presque trop beau pour être vrai. Des racontars d’ivrogne, disait-elle. Mais dans ce monde où la magie existait, était-ce si absurde ? « Et ces Portails dont tu parles… T’en as déjà vu un de tes propres yeux ? T’en connais un qui fonctionne encore ? Parce que si c’est ma meilleure option, autant pas traîner. Après, j'suis bien crevé là... » Je relevai les yeux vers elle, cherchant à capter la moindre hésitation, le moindre indice. Parce que si une issue existait, je comptais bien la trouver.

Re: Multivers lubrique. [ft. Merveil]

Posté : 24 mars 2025 19:03
par Merveil
« Charmant… Ça doit bien marcher, vu qu’il n’y a pas de débordement dans les rues. Mais c’est un peu radical. »

Merveil, haussa un sourcil, ne comprenant pas trop à propos de quoi ou de qui cette remarque s'adressait mais ne releva pas, se contentant de boire une nouvelle gorgée de cidre. Quoi qu'il en soit, ses activités en tant que prêtresse d'Aphrodite sembla l'intéresser au plus haut point, notamment les plus charnelles, exprimant le désir de visiter les alcôves du Temple où se déroulaient ce genre de réjouissances.

- Pourquoi pas, si vous êtes sage... répondit-elle avec un sourire malicieux. Elle se demanda alors quel âge il pouvait bien avoir. Oh, il était jeune sans aucun doute, n'ayant pas encore atteint la trentaine, mais elle était quand même curieuse de savoir s'il était plus âgé qu'elle. Terry évoqua ensuite le festin royal auquel elle avait participé :

« Ah, ça me rassure… Pendant un moment, j’ai cru que c’était une sorte de tradition obligatoire, du genre "mange jusqu’à ce que t’exploses ou sois banni du royaume". »

Là non plus Merveil ne releva pas mais elle se dit en son for intérieur que ce Terry avait vraiment des idées bien arrêtés sur certaines choses ou alors il laissait son imagination galoper un peu trop vite...

Vint le passage le plus intéressant pour le garçon, à savoir les moyens de rentrer dans son monde d'origine et ce furent les Portails qui remportèrent son adhésion, étant plus sûrs, moins aléatoires que les autres.

« Et ces Portails dont tu parles… T’en as déjà vu un de tes propres yeux ? T’en connais un qui fonctionne encore ? Parce que si c’est ma meilleure option, autant pas traîner. Après, j'suis bien crevé là... »
- Hum, non... Mais j'ai entendu parler d'une cité en ruines à une bonne semaine de marche d'ici où vivait autrefois une race aujourd'hui disparue et qui s'était fait une spécialité de construire des Portails menant vers d'autres univers. Je pense que ça peut valoir la peine d'y jeter un œil. Le souci est que l'on raconte que cet endroit abrite une tribu de Gobelins ou d'Orks. Ceci dit, tu as l'air de savoir te défendre et je pense qu'à deux, avec un peu de préparation, on peut bien se débrouiller face à ces créatures...

Re: Multivers lubrique. [ft. Merveil]

Posté : 13 avr. 2025 16:06
par The Fighterz
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Terry & Merveil
J’avais beau essayer de garder une attitude détendue, un peu goguenarde même, à l’intérieur c’était un véritable chantier. Chaque phrase de Merveil soulevait de nouvelles questions dans ma tête. Ce monde… il m’échappait. Totalement. J’étais comme un touriste largué dans une dimension qui ne ressemblait ni à un rêve ni à un cauchemar — juste à quelque chose de totalement autre. Et j’avais beau vouloir paraître à l’aise, je sentais que mes sourcils passaient leur temps à grimper vers ma ligne de cheveux à chaque révélation. Le concept de temple dédié aux plaisirs charnels, par exemple. Un temple. Officiel. Béni. Géré par des prêtresses formées, probablement avec un planning et des bougies partout. Là, clairement, mon monde à moi n’était pas prêt pour ce genre de truc. J’avais d’abord cru à une blague. Mais Merveil ne plaisantait pas. Elle en parlait avec un naturel désarmant. Pas de honte. Pas de sous-entendus sales. Juste… une partie de son devoir sacré. Et le pire ? Ça me rendait encore plus curieux.

« Sage ? Moi ? Mais toujours. Je promets de rester d’une pureté exemplaire… jusqu’à la porte du temple, au moins. » Je lui avais balancé ça avec un sourire complice, mais en vérité, c’était difficile de ne pas être intrigué. Le mélange de sacré et de plaisir, d’amour et de sensualité — ça me retournait un peu la tête. Chez moi, c’est compartimenté, presque interdit. Ici, c’est intégré, assumé, valorisé. J’aimais bien cette idée. Elle avait quelque chose de… libérateur.

Et puis le sujet glissa vers les choses sérieuses. Ma quête pour rentrer. Quand elle prononça le mot Portails, je sentis mon cœur louper un battement. C’était la première fois qu’on m’offrait une piste concrète — un espoir tangible, même s’il était mince. Mes doigts se crispèrent sur ma coupe de cidre. Une cité en ruines, une ancienne civilisation disparue, des passages vers d'autres univers… Chez moi, on appelait ça de la fantasy. Ici, c’était juste lundi. « Une semaine de marche ? Et avec des Gobelins ou des Orks en prime ? Wow, vous avez une drôle de façon de dire "on va prendre l’air". » Je ricanai… mais ce rire sonnait un peu creux. Pas parce que je flippais. Enfin, si, peut-être un peu. Mais surtout parce que ça me rappelait brutalement que j’étais à des années-lumière de mon quotidien. Chez moi, les Orks, c’est des figurines, des créatures de fantasy qu’on peint sur des armées de jeu de plateau. Là, c’était apparemment un vrai problème logistique. Un danger concret. Avec des crocs, des armes, et probablement une haleine capable de décaper une palissade.

J’étais suspendu à ses lèvres comme un gamin devant un film d’animation. C’était fascinant. Un peu flippant aussi, mais surtout fascinant. Ce monde fonctionnait avec ses propres règles, ses propres codes, et moi j’y pataugeais comme un canard dans un jeu d’échecs. Et pourtant, j’adorais ça. « C’est ouf… Chez moi, les gens riraient si tu leur parlais de tout ça sérieusement. On a pas de portails, pas de magie, pas de créatures qui veulent t’arracher la tête juste parce que t’es passé sur leur caillou. Et pourtant, on est loin d’être peinards non plus… » Je marquai une pause, mon regard se perdant un instant dans les reflets dorés du cidre. J'avais quitté un monde de béton, d’écrans, d’ennui aussi, parfois. Et je me retrouvais propulsé dans un univers où les ruines murmuraient à travers les âges et où le danger avait une gueule concrète.

« T’sais quoi ? Ça me va. J’ai pas envie de rester assis ici à attendre un miracle. Si on peut tenter un coup… je suis partant. Même s’il faut marcher des jours et affronter une horde de bestioles de cauchemar. J’ai rien à perdre. Et si t’es avec moi, alors… j’me sens pas si paumé. »

Je lui lançai un regard franc, peut-être un peu plus intense que prévu. Elle représentait un ancrage dans ce chaos, une passerelle entre ce monde délirant et ma raison encore vacillante. Et malgré son air calme, elle avait ce feu tranquille dans les yeux, celui des gens qui n’ont pas peur d’aller voir ce qu’il y a au-delà.

« On fait quoi, alors ? On part aujourd'hui ? Demain ? J’imagine qu’on va devoir se préparer un minimum. Des vivres, des armes, peut-être une carte. Un manuel du parfait explorateur dimensionnel ? »

Je ris, cette fois franchement. L’aventure m’attendait, et même si je n’avais pas demandé à me retrouver ici, au fond, je commençais à croire que j’avais peut-être atterri là pour une bonne raison.