CHAPITRE 1
LA THÉOLOGIE DE L’ORDRE DIVIN : LE CULTE DIVIN
La théologie d’un culte, c’est l’ensemble des éléments qui le composent spirituellement ou intellectuellement : ses textes sacrés, son dogme, sa tradition... Sur Terra, on appelle cela «
le Culte Divin », ou encore «
le Culte du Dieu Unique ». Avant d’envisager le dogme en lui-même, il convient de voir les sources du Culte.
I - LES SOURCES DU CULTE
Que serait une religion sans ses textes divins ? Comme bien des religions, l’Ordre Divin a, à la source de son culte, un ensemble de textes sacrés, formant le «
Corpus Sacré », qu’on appelle encore «
les sources primaires ». Parallèlement à cet ensemble de textes, il existe également «
les sources secondaires », à savoir l’ensemble des textes résultant du Corpus Sacré.
1°) Le Corpus Sacré – Source primaire du Culte Divin
La source primaire a beaucoup évolué pendant les premières années du Culte, avant que le
Premier Concile Œcuménique, sous la gouvernance du Jeune, ne parvienne à clarifier un peu les choses en déclarant apocryphes certains textes fondateurs du culte. Nous ne présenterons donc dans cette partie que les textes déclarés comme canon, et fondant officiellement le culte Divin. Plusieurs textes sont ainsi à relever, car ils sont d’importance :
Texte majeur et central, la
Fondation est le premier de tous les livres sacrés. Il constitue le cœur du Corpus Sacré en ce qu’il relate l’effondrement du monde devant des forces infernales et chaotiques, les Grands Anciens, et l’avènement de l’Homme-Dieu : Arthur Eld, plus généralement appelé «
l’Aîné ». Cette figure christique est dépeinte dans
La Fondation comme un homme né sous le sceau divin, et qui, après une longue quête initiatique, a accepté ses origines. L’Aîné est à l’Ordre Divin ce que Jésus est au christianisme, le lien entre le Divin et l’Humain. La
Fondation en fait à la base le fils de Dieu, expliquant ainsi l’absence de ses origines généalogiques par le fait qu’il a été directement créé par Dieu, et détenait en lui son âme et sa volonté.
La
Fondation s’intéresse également aux autres panthéons, même si ce thème sera bien davantage développé dans la
Cosmogonie, et les décrit comme les enfants du Créateur, du Dieu Unique.
La
Fondation contient enfin une grande partie consacrée à la reconstruction de Terra après l’attaque des Grands Anciens, et y tient d’ailleurs là l’origine de son titre. Le livre est avant tout le récit mythologique de la fondation de l’Eld et de sa glorieuse capitale, Gilead.
Ce texte majeur constitue également le récit le plus détaillé dont nous disposons sur la Bataille de la Tour qui eut lieu entre les Dieux et les Grands Anciens, appelés «
Dieux Extérieurs » dans la
Fondation. Il est néanmoins à prendre avec les pincettes de rigueur, puisque la
Fondation n’est clairement pas un livre rédigé par un historien, et ce d’autant que le texte a été modifié à plusieurs reprises par les Fondateurs du Culte. Pour autant, la
Fondation reste le socle de toute la théologie divine.
Équivalents des Testaments chrétiens, les
Témoignages se présentent comme les récits autobiographiques des personnes à l’origine du culte, c’est-à-dire les compagnons d’Arthur Eld, ceux qui participèrent à la fondation du Culte. C’est parmi les
Témoignages que beaucoup furent déclarés apocryphes, c’est-à-dire essentiellement ceux décrivant l’Aîné dans une vision différente que celle voulue par le Culte.
Les
Témoignages décrivent essentiellement les parcours des Fondateurs du Culte après l’attaque des Grands Anciens, et la manière dont ils distillèrent la foi parmi les peuples désespérés et brisés. L’objectivité de ces textes est fortement remise en cause par tout historien digne de ce nom, même si cet ensemble de textes constitue l’historiographie primitive du Culte. Les
Témoignages développent l’idée d’un monde en ruines, baignant dans l’obscurité et l’ignorance, dans le désespoir et l’abandon, avant que les Fondateurs ne répandent la parole de l’Eld.
Autrement dit, les
Témoignages s’inscrivent dans le prolongement de la
Fondation.
Les
Témoignages canoniques sont au nombre de quatorze, et correspondent aux
Gardiens-Totems de la Tour. On trouve donc :
- Le Témoignage de la Tortue,
- Le Témoignage de l’Ours,
- Le Témoignage du Cheval,
- Le Témoignage du Dromadaire,
- Le Témoignage du Loup,
- Le Témoignage du Lion,
- Le Témoignage du Cerf,
- Le Témoignage du Lièvre,
- Le Témoignage de l’Éléphant,
- Le Témoignage du Dragon,
- Le Témoignage du Chien,
- Le Témoignage du Chat,
- Le Témoignage de l’Araignée,
- Le Témoignage du Poisson.
Comme indiqué, de nombreux
Témoignages ont été écartés et déclarés apocryphes quand le Jeune décida de clarifier la doctrine divine. L’un des cas les plus sujets à débat reste le
Témoignage d’Elduin, l’elfe qui accompagna l’Aîné de son village natal à la Tour. Elduin reste l’elfe ayant connu le plus l’Aîné. Si les elfes continuent à voir dans le
Témoignage d’Elduin un texte authentique et sincère, le Jeune a décidé de l’écarter, le déclarant comme apocryphe. Les raisons sont confuses, car ce témoignage ne comprenait pas, en soi, d’éléments contredisant la doctrine officielle sur le caractère saint de l’Aîné. Toutefois, il tendait aussi à amplifier et à embellir le rôle des elfes dans la formation et l’éducation de l’Aîné, ce qui allait à l’encontre de la visée politique de l’Ordre Divin, visant à promouvoir l’humanité. De plus, et à l’époque, il existait des tensions entre le jeune royaume de l’Eld et les royaumes elfiques à l’abandon, ce qui expliqua sans aucun doute pourquoi le Premier Concile Œcuménique choisit de l’écarter.
Le caractère apocryphe ou non du
Témoignage d’Elduin continue à diviser les théologiens, même aujourd’hui.
Œuvre monumentale, la
Cosmogonie est un volumineux texte ayant pour but de présenter toute la mythologie divine : la place des Anges, des panthéons, le rôle du Dieu unique... La
Cosmogonie est un texte très spirituel, voire métaphysique sur certains aspects. Ce texte a pendant longtemps constitué la principale encyclopédie humaine.
Schématiquement, la
Cosmogonie décrit les Dieux comme des représentants du Dieu unique, et classe les panthéons. Si le panthéon olympien est estimé comme proche aux enseignements divins, d’autres panthéons ont été rejetés, comme s’étant écartés de la lumière de Dieu. Il s’agit par exemple du panthéon aztèque, en raison de ses sacrifices humains, ou, sous certains aspects, du panthéon nordique. Concrètement, les panthéons décriés comme éloignés du dogme devinrent au cours de l’Histoire la cible de l’Ordre Divin, qui détruisit et réduisit sensiblement l’influence de ces cultes.
La
Cosmogonie consacre également un long chapitre aux Dieux Extérieurs. L’Ordre Divin consacre la théorie selon laquelle les Dieux Extérieurs ne sont pas antérieurs au Dieu unique, mais sont tout simplement ses enfants s’étant le plus éloignés de lui.
L’ouvrage aborde également le cas des Anges, porteurs de la parole divine et protecteurs de la Tour.
Comme les autres textes, la
Cosmogonie a également fait l’objet d’évolutions et de modifications historiques.
On désigne sous ce qualificatif l’ensemble de paraboles, de mythes, et de contes façonnant la doctrine religieuse. Au centre des
Enseignements, on trouve les
Commandements, désignant toutes les règles que les fidèles doivent suivre. Les
Enseignements constituent ainsi le socle du
droit canon, et forment un ensemble de règles juridiques ou relevant de la morale. La finalité de ces textes est de préserver l’âme des fidèles, de les éloigner contre l’influence nauséabonde des Dieux Extérieurs.
C’est essentiellement à partir des
Enseignements que le droit canon a émergé, ainsi que, de manière plus générale, les sources secondaires du Culte.
2°) L’interprétation du dogme - Les sources secondaires du Culte Divin
Les sources secondaires se décrivent toujours comme ayant pour fonction de développer et d’interpréter le Corpus Sacré. Ces sources sont de plusieurs natures.
Le droit canon est une pure création consacrée lors du Premier Concile Œcuménique, dont la finalité est de protéger les humains contre les menaces spirituelles. L’idée est assez ambivalente, car le droit canon vise à instaurer une certaine forme de laïcité, en ce sens que les humains sont autonomes et libres d’adopter leurs propres systèmes, tant que leurs règles juridiques ne vont pas à l’encontre du droit canon. Il s’agit donc d’une laïcité assez biaisée, car le droit canon vise à soumettre le droit séculier, ou temporel, au droit ecclésiastique, ou droit spirituel.
Évidemment, cette soumission a été source de nombreux conflits, le plus retentissant ayant été celui ayant opposé les Mijakiens à l’Ordre Divin. C’est également cette soumission qui a permis le développement de la puissante
Inquisition.
Le droit canon a en effet donné naissance à une juridiction ecclésiastique, se définissant sur le principe comme une juridiction d’exception, ou d’appel. Originellement, les tribunaux ecclésiastiques n’avaient vocation qu’à porter des décisions sur les décisions émanant des juridictions civiles afin de se prononcer sur leur conformité vis-à-vis du droit canon. Toutefois, au gré des évolutions historiques, ces juridictions ont parfois gagné en influence, jusqu’à devenir, lors de certaines périodes, des juridictions de premier degré, c’est-à-dire se substituant aux juridictions civiles.
Plutôt rares, les Conciles Œcuméniques n’en sont pas moins d’importance. Il s’agit d’une très vaste assemblée, regroupant la majorité des pontes du Culte, afin de débattre sur le dogme, sur l’avenir du Culte, sur son positionnement. Les Conciles sont d’une importance significative. Le Premier Concile Œcuménique fut ainsi le concile fondateur, qu’on appelle encore «
Concile du Jeune ». C’est lors de ce concile que le Roi Arthur II instaura les règles fondatrices et définitives du Culte, après plusieurs années où les textes dits authentiques avaient fleuri. Les Conciles Œcuméniques ont ainsi pour fonction de préserver la doctrine du dogme, et de la réinterpréter à travers les siècles.
Le dernier Concile Œcuménique en date est celui qui s’est tenu après la Chute de Gilead, et qui a abouti à la diabolisation définitive de l’Empire de Mijak, dépeignant l’Empire comme un «
Empire du Mal », et appelant tous les croyants à une gigantesque croisade contre les Mijakiens.
Les bulles divines, qu’on appelle également «
ordonnances divines », sont des textes, des missives émanant du Saint-Siège. Elles ne visent nullement à définir la politique globale de l’Ordre Divin, et sont de différentes natures. Certaines portent juste sur la nomination de tel ou tel ecclésiastique, mais d’autres ont pu décréter des croisades, ou désigner tel ou tel individu comme menaces à l’Ordre.
II – LA PRÉSENTATION DU DOGME
1°) Concept de base
La base du culte divin est en soi assez similaire à la vision chrétienne : le bonheur ne peut être atteint dans la vie terrestre. Fondamentalement, l’Ordre Divin reste une religion assez pessimiste, qui considère que la vie terrestre sera continuellement marquée par l’influence corruptrice des Dieux Extérieurs, et par l’idée fondamentale qu’il appartient à l’Homme de se protéger en sauvant son âme. Plus spirituellement, l’Ordre Divin considère qu’un être humain se compose de trois attributs fondamentaux : son corps, et son âme, les deux reliés par son esprit. Si le corps et l’esprit sont corruptibles, l’âme, elle, est un don de Dieu, ce qui dissocie l’être humain de l’animal. L’âme ne peut donc être corrompue, mais le corps, lui, qui est un produit de la terre, peut l’être.
Dans cette conception religieuse, l’Aîné, en parvenant à repousser les Dieux Extérieurs, a réussi à préserver le salut de l’âme, mais le corps, lui, reste éternellement soumis aux tentations des Grands Anciens. C’est pour cela que l’Ordre Divin existe, pour protéger l’Homme des Grands Anciens, que ce soit à travers leurs créatures difformes, ou à travers leurs tentations sinistres. Il appartient à l’Homme de protéger autant que possible son âme, et de pouvoir ainsi goûter au salut dans l’Au-Delà.
Il existe également au sein de l’Ordre Divin un sexisme ambiant, qui est lié au fait que l’Aîné était de sexe masculin. Les femmes sont ainsi considérées par l’Ordre Divin comme plus faibles que les hommes, mais avec quelques nuances. En réalité, l’Ordre estime que le rôle de la femme est d’aider l’homme, de l’assister, et de veiller à la préservation de leur âme mutuelle, puisque l’homme a aussi pour rôle de se battre contre les menaces externes. Pour le dire autrement, l’idée du Culte est, dans un ménage, d’associer l’homme aux affaires externes du foyer, et la femme aux affaires internes.
Par la figure de la Mère, l’Ordre Divin accorde également une grande importance à la rédemption. L’âme ne pouvant être souillée, l’homme ayant péché peut toujours trouver la rédemption, et ainsi se faire pardonner.
2°) Les figures mythologiques
Tout comme le christianisme, il n’existe pas, au sein de l’Ordre Divin, une figure proprement divine. « Dieu » n’existe pas en tant que tel, car Il ne peut être défini, et n’est appréhendé qu’à travers des personnages proches, mais qui ne permettent de saisir qu’une partie de ce qu’il est.
Le Père est ce qui se rapproche le plus de la figure divine. Source d’autorité, le Père est tout simplement le père de l’Aîné, mais aussi le Père des Dieux. Il représente la figure d’autorité suprême, indélébile, symbole de la justice, de l’ordre, et de la bravoure.
Peu abordée dans les textes sacrés, la Mère est surtout présente dans la
Cosmogonie. Elle est la figure mythologique à l’origine de la naissance de l’Aîné, la Ève de l’Ordre Divin. Mais la Mère n’est pas née des côtes du Père. Elle est son égale, et, là où le Père est une figure d’autorité, la Mère, elle, est une figure d’amour. Elle permet la rédemption, elle autorise le pardon, elle est clémente et bienveillante. C’est une figure positive qui encourage l’amour du prochain, la tolérance.
Figure mythologique la moins connue, ou en tout cas celle qui est historiquement la moins utilisée, la Tour est décrite comme l’enveloppe externe de Dieu, son incarnation physique dans notre monde. Il est ainsi dit que les humains, au moment de mourir, voient leur âme passer à travers la Tour. S’ils en sont dignes, la Tour les envoie dans les Cieux, et, à défaut, les renvoie dans ce monde.
Figure centrale et fondatrice, l’Aîné est la figure la plus répandue au sein de Terra. L’expression populaire «
au nom de l’Aîné » l’illustre. On l’appelle aussi l’
Homme-Dieu. Cette figure christique est honorée à travers tout l’Ordre. Il est celui qui a sauvé l’Homme de ses péchés en repoussant les Dieux Extérieurs, et qui s’est sacrifié pour eux.
Premier des Gardiens-Totems, la Tortue est considérée comme le guide spirituel de l’Aîné, et donc des hommes. On dit d’ailleurs de l’Église Divine qu’elle a été fondée sur la carapace de la Tortue. La Tortue est réputée dans les comptines d’enfant pour sa lenteur d’esprit, mais aussi pour le profond amour qu’elle nourrit envers les enfants, se félicitant de leur vivacité d’esprit, de leur joie et de leur innocence. La comptine de la Tortue est une comptine eldéenne qui fut très populaire, et qu’on retrouve parfois encore à Lumen :
« Vois la TORTUE comme elle est ronde !
Sur son dos repose le monde.
Son esprit, quoique lent, est toujours très gentil,
Il tient chacun de nous dans ses nombreux replis.
Sur son dos se prêtent tous les serments ;
Elle ne peut nous aider mais jamais elle ne ment.
Elle aime la terre, elle aime l'océan,
Et elle m'aime, moi qui ne suis qu'un enfant. »
3°) Les symboles mythologiques
L’Ordre Divin connaît plusieurs symboles religieux. En voici les principaux :
Symbole majeur de l’Ordre Divin, la croix n’est pas, sur Terra, en hommage à la crucifixion du Christ, puisque l’Eld n’a jamais été crucifié. Elle est la reprise moderne de symboles plus anciens, des artefacts magiques visant à protéger les gens contre des monstres. La croix divine, qui ressemble trait pour trait à la croix latine, a plusieurs symboliques :
- La barre horizontale représente l’être humain et sa vie sur Terra,
- La barre verticale inférieure symbolise la déchéance, et est plus longue que la barre verticale supérieure, car elle illustre le fait que la tentation sera toujours plus forte, dans ce monde, que la vertu,
- La barre verticale supérieure, par opposition, symbolise donc l’Idéal du Culte, la vie dans les Cieux.
Le fait que la barre horizontale soit plus proche du sommet tend aussi à démontrer que l’Homme a profondément vocation à rejoindre les Cieux. Le fait d’inverser la croix revient donc à retourner cette logique, en disant que l’Homme est en réalité bien plus proche des Démons que des Anges.
Considéré sur Terre comme le symbole du poisson, l’
ichtus est au contraire vu sur Terra comme le symbole de la Tortue. C’est un symbole un peu désuet, mais source de protection et d’unité entre les peuples.
4°) Les récits et les paraboles
L’Ordre Divin, comme toute religion digne de ce nom, exprime sa doctrine à travers un certain nombre de mythes et de paraboles. Beaucoup sont communes au christianisme, mais font l’objet de modifications.
- Le mythe du Jardin d’Éden
Dans la mythologie divine, le Jardin d’Éden existe. Il est l’endroit où les âmes viennent y trouver le bonheur, ou se réincarnent en Anges pour retourner dans le monde. C’est ici que l’Aîné aurait vu le jour. Contrairement au christianisme, le Père et la Mère n’ont pas été bannis du Jardin d’Éden, mais ont dû abandonner leur enfant en voyant que le Jardin était menacé par les Dieux Extérieurs.
Le Jardin d’Éden reste donc toujours accessible aux croyants.
- Les Dieux Extérieurs et le mythe de l’Équilibre
Le libre arbitre est une notion fondamentale de l’Ordre Divin. L’Homme a la capacité de choisir, et peut donc choisir d’entreprendre de mauvaises actions parce qu’il est libre. L’une des corollaires du libre-arbitre est la notion d’
équilibre. Le Mal et le Bien existent, car le Bien ne peut exister sans son penchant inverse. Les deux se livrent une bataille ancestrale, et c’est l’Homme qui a la capacité de faire pencher la balance d’un côté comme de l’autre, parce qu’il a le choix. Si l’Équilibre penche en faveur du Mal, c’est la Création toute entière qui est menacée.
Les Dieux Extérieurs, ou Grands Anciens, symbolisent le Mal à l’état pur, une force terrible qui divise les théologiens. En effet, si la doctrine majoritaire voit en eux des Dieux renégats, d’autres, au contraire, estiment, sur une ligne bien plus minoritaire, qu’ils ne sont pas les Fils de Dieu, mais des menaces externes à la Création, que la Création protège, et qui se libèrent en fonction des mauvaises actions des hommes. Cette ligne minoritaire est toutefois peu appréciée, et a souvent été rejetée en bloc, car elle sous-entend que le Dieu unique n’a pas tout créé. Ces débats théologiques sont toujours d’actualité.
Quoi qu’il en soit, l’Ordre s’accorde toute entière sur le fait que, si les Grands Anciens ont envahi Terra, c’est en raison des péchés des hommes, de leur incapacité à faire le bien, à préserver leur âme. Trop faibles, ils ont laissé les Dieux Extérieurs venir pour s’emparer de leurs âmes, et les damner éternellement.
Le mythe fondateur de l’Ordre Divin est l’invasion des Dieux Extérieurs, qui ont été repoussés par l’arrivée de l’Aîné, et par le pardon que le Créateur a accordé aux humains. Dans le prolongement de ce mythe, il y a donc l’idée que les Dieux Extérieurs peuvent revenir si l’Homme ne se montre pas à la hauteur, et c’est pour ça que l’Ordre Divin existe.
Le mythe de la Tour de Babel existe aussi au sein de l’Ordre Divin, à travers le mythe de la «
Tour de l’Hubris ». Et son sens profond est le même que le mythe de la Tour de Babel. La Tour de l’
Hubris est une tour qui aurait été faite dans le but d’égaler la Tour Divine, provoquant l’ire du Dieu unique, qui, en représailles, aurait décidé de punir les hommes pour leur arrogance. Globalement, les interprétations autour de ce mythe sont de deux ordres :
- Une interprétation négative, où le mythe signifie que l’Homme n’a pas à chercher à développer par lui-même de connaissances scientifiques, et doit se fier au dogme religieux pour pouvoir comprendre le monde et son fonctionnement,
- Une interprétation positive, consistant à mettre en garde l’Homme contre sa propre tendance à se prendre pour Dieu, à vouloir faire prendre d’arrogance en dépassant sa propre condition, qui ne pourra conduire qu’à des désastres majeurs.
Il n’appartient évidemment pas à l’Observateur de se prononcer sur le sens à donner à ce mythe, juste d’en apporter les précisions utiles.
Tout au long des
Témoignages ou des
Enseignements, le lecteur peut y trouver les paraboles. Ces courts récits sont les paroles rapportés de l’Aîné après sa victoire, pendant la construction du royaume de l’Eld, et qui permettent, à travers ces petites histoires, de répandre la bonne parole divine.