The Multiversity

VOTRE CIBLE DU SOIR, LES TOCARDS : VECNA !

IL INVOQUE DES MONSTRES DEPUIS SON REFUGE DANS L’AUTRE MONDE.

C’EST UN TÉLÉPATHE TRÈS PUISSANT.

VOUS ALLEZ SÛREMENT MOURIR.

Reika se pinça les lèvres en grognant. Comme toujours, les indications données par Gantz n’étaient pas très encourageantes. Mais elle y était habituée. Elle avait enfilé sa combinaison moulante de combat, et, comme à chaque fois, avait vivement conseillé aux nouveaux de mettre la leur. Comme toujours, ils étaient surpris, ne comprenant pas où ils avaient atterri. C’était son rôle de les aider, qu’ils survivent autant que possible. Cela n’intéressait guère Nishi, qui s’était adossé contre le mur, bras croisés, et sifflait quand des gens s’approchaient de lui.

« Je ne comprendrais jamais pourquoi tu perds du temps avec ces minables. Ils crèveront tous, ces faibles ! »

Elle savait qu’il était inutile de répondre, mais un vieil homme le regarda.

« Soyez poli, jeune homme !
-  Regarde-moi ce débris, il est obligé de se tenir avec une canne ! »

Nishi éclata de rire, et Reika se redressa, le rouge lui montant au nez.

« La ferme, Nishi ! »

Nishi haussa les épaules. Il était là depuis plus longtemps qu’elle, et, quand elle était à la place de ceux qu’elle conseillait, n’avait accepté de l’aider que si elle lui faisait une branlette espagnole. C’était un être répugnant, abject, mais il était trop nihiliste pour être l’auteur du massacre. Shion Izumi resta également silencieux. Lui et Nishi étaient les deux anciens de l’équipe. Shion restait le plus aimable des deux, quelqu’un qui avait appris à Reika à se battre avec son épée, et qui s’intéressait uniquement aux duels d’envergure.

« Il va falloir rejoindre leur monde… Trouver une entrée, donc. Voilà qui promet d’être intéressant. Reika, sois gentille, et tâche de surveiller le Portail, qu’aucun de ces gens ne nous suivent.
-  Peuh ! Aucun risque ! »

Reika grommela sur place.

*Ils sont vraiment aussi odieux les uns que les autres…*

Elle se retourna vers le vieil homme, Hanzo, et lui sourit doucement.

« La porte de l’appartement va bientôt s’ouvrir, et nous serons ensuite dans une ville quelconque du Japon. Il ne faudra pas vous éloigner trop de la zone, et, si vous entendez des bourdonnements dans votre tête, ne continuez pas. Il… Nous avons une puce dans la tête, qui explose si nous nous éloignons trop.
-  Vous êtes sérieuse ?!
-  Oui… La mission se termine quand les monstres sont morts. »

Les lumières de l’appartement clignotèrent alors, puis s’éteignirent toutes. Dans un vrombissement sonore, la porte d’entrée se déverrouilla, et un gaz commença à s’échapper dans la pièce.

« Sortez vite, ou vous serez disqualifiés ! »

Ils traversèrent la porte, et rejoignirent un parc public, dans la commune de Kumamoto. Reika regarda autour d’elle, sentant l’air frais de la nuit parcourir ses cheveux. Elle ne tarda pas à entendre un hurlement, et se déplaça.

Dans le parc, des promeneurs nocturnes hurlaient en fuyant d’horribles monstres qui les traquaient…

Kumamoto était l’une des plus grandes villes du sud du Japon, qui abritait un château-fort historique. Reika constata vite qu’ils avaient atterri à Suizenji Jojuen Garden, un petit parc à proximité du château-fort. Les chiens infernaux se ruaient tout autour d’eux, fondant sur les civils. Un chien renversa une femme, la clouant sur le ventre, et sa gueule s’ouvrit en grand, comme les pétales d’une fleur aux dents acérées. La bestiole allait lui dévorer la tête quand Kaze hurla en frappant le monstre d’une attaque redoutable du plat de la main. Expert en arts martiaux, Kaze avait appris à se battre avec son corps, utilisant la combinaison pour amplifier ses capacités physiques. Paniquée, la femme tourna la tête en voyant ce grand costaud en combinaison moulante.

« Takeshi, évacue les civils, et ne te mets pas en danger !
-  À vos ordres, Grand-Balèze ! »

Au sein de l’équipe, tout le monde savait que s’en prendre à Takeshi, c’était subir l’ire de Kaze. Kaze avait pris sous son aile ce jeune homme. Un enfant qui avait été tué par son beau-père violent et sa mère dépressive et toxicomane. Kaze était son père de substitution, et refusait que Takeshi se batte. Lors des opérations, Takeshi restait donc en retrait, et aidait à l’évacuation et à la protection des civils. Reika, de son côté, faisait parler sa lame électrique. Un chien infernal cracha sur elle une flopée de tentacules dans son dos, et elle soupira en sentant les tentacules s’enrouler autour de son cou. La bête jeta Reika au sol, la traînant vers elle. Celle-ci battit des bras en sentant l’air lui manquer. Suzuki tira alors sur le chien avec l’arme de base des Gantzers, un pistolet à détente tirant des salves explosives. Le tir faucha la gueule du monstre et les tentacules. Doyen de l’équipe, Suzuki restait en retrait, protégeant Takeshi, et offrant un soutien tactique.

Reika éternua douloureusement en se redressant, et s’élança à nouveau. Elle rejoignit une colline, et sauta en l’air, atterrissant près d’un bâtiment de maintenance où des chiens infernaux s’étaient regroupés. La femme termina sa course épée en avant, transperçant le corps d’un monstre, et releva sa lame. Plusieurs des abominations se ruèrent vers elle, et elle bondit sur le côté, tranchant dans le vif, dansant au milieu des proies. Un monstre essaya de la prendre sur le flanc en générant des tentacules. Reika le sentit arriver, et sauta en l’air en tournoyant, sa lame tranchant la pointe des tentacules… Et vit alors un inconnu surgir, et briser la colonne vertébrale du monstre en le frappant avec force… Une technique qui n’était pas sans rappeler les prises de catch de Kaze.

L’homme la regarda alors. Reika, surprise, avait déjà affaire à ce type de profil, des héros improvisés qui ne faisaient que les encombrer.

« Monsieur, reculez avec les civils, nous sommes là pour assurer votre protection, et…
-  C’est Reika-chan ! hurla alors une voix parmi les victimes.
-  Reika-chan nous a sauvés ! »

Reika déglutit doucement, et se pinça les lèvres. Sa popularité la poursuivait partout au Japon. Elle se releva alors, et les regarda :

« Sortez d’ici, rejoignez la police ! Je… Nous travaillons pour le gouvernement, partez ! »

Elle les vit s’éloigner, mais le grand costaud resta.

« Écoutez, c’est trop dangereux pour vous. Partez avec ces gens, vous ne feriez que nous déranger. Si vous ne voulez pas mourir, Monsieur, repliez-vous ! »

Mourir ... mourir, c'était vite dit. Balthazar ne comptait pas se laisser dévorer par une de ces créatures. Outre sa force colossale, il disposait de quelques atouts magiques qu'il n'utilisait quasiment jamais sauf son sort naturel de téléportation, comme tous les membres de sa famille d'ailleurs. La joie combattante l'avait mis en garde et oui, il allait faire attention. Mais maintenant qu'il avait mit la main sur ce joli petit lot, il n'allait pas l'abandonner dans cet horrible chaos. En tout cas, l'équipe de guerriers en noir était efficace. Peut être étaient-ils des membres de l'armée? Mais apparemment des fuyards reconnurent la fille et l'appelèrent Reika.

Reika? Ce nom lui disait quelque chose... Il l'avait vu récemment mais où? AH! OUI! REIKA! La star qui domine la scène nippone. Evidemment qu'il l'avait vu. Son joli visage était omniprésent sur les panneaux publicitaires de la ville. Mais que faisait-elle alors ici? Son histoire de gouvernement cachait anguille sous roche.

Elle évita une attaque d'une Bête dont elle trancha les pattes avant et la créature vint s'affaiser aux pieds du colosse. Balthazar leva la jambe et la rabattit, broyant la tête du monstre dans des éclaboussures de sang. Déjà, le groupe de tueurs se rassemblait et tenait conciliabule quand à la conduite à tenir. Balthazar s'approcha pour les écouter. Tuer les monstres, gagner des points? Qu'est ce que c'était que cette histoire? Il vint se camper derrière Reika dont le charmant fessier était bien moulé dans sa combinaison en latex. Sa chevelure longue et soyeuse était agitée par une bise qui se levait et chassait l'odeur des monstres morts.

Un peu plus loin, un cri d'horreur retentit, signalant l'agonie certaine d'une victime accaparée par les Choses. le groupe se sépara de nouveau et tout naturellement, le géant emboita le pas à la star. Elle se déplaçait vraiment rapidement et le distança très vite. Elle se battait déjà quand il la rejoignit dans un bosquet isolé, tout près d'une aire de jeux d'enfants. Elle venait d'ôter la vie à une créature et guettait les alentours avec attention. Balthazar déboula derrière elle et elle faillit le décapiter en se retournant.

"Holà holà! Tout doux ... Reika!"

Il leva les mains pacifiquement devant lui et resta quand même à distance de la lame ensanglantée.

"Je ... suis avec toi. Je ne suis pas comme les autres ici. Et toi non plus. Donc on se comprend n'est ce pas? Dis moi ce qu'il se passe et je pourrais t'aider. On n'est jamais trop nombreux pour lutter face à l'adversité hein?"

Bien sûr, le courageux géant avait bien une idée en tête. Il était prêt à l'aider mais à terme, il la fourrerait bien dans son lit aussi. Dans sa quête d'épanouissement sexuel, l'homme avait déjà acquis beaucoup d'expérience et de maturité. L'idiot qui avait débarqué de son royaume natal il ya un moment déjà avait disparu. Il s'était habitué au contact des femmes, en avait baisé des centaines sur Terre, Terra ou ailleurs et n'avait plus grand chose à apprendre. il lui fallait juste diversifié son cheptel maintenant. En termes de célébrités, la chasse avait été peu fructueuse. Il attrapait souvent de parfaites inconnues qui ne résistaient pas à son corps musclé. La seule vraie star qu'il avait baisé, et pas qu'un peu, avait été la combattante des rings, Bubble, à Uatis City. Il l'avait d'ailleurs laissé sur le carreau, ravagée et malheureusement, il n'avait pas réussi à la revoir. Dommage, il aurait adoré la détruire à nouveau.

Son regard glissa sur les formes de Reika, sacrément mises en valeur par sa tenue. Se nicher entre ses seins devait relever du rêve absolu ... Mais pour l'instant, l'odeur du sang le ramena à la réalité présente.

"Fais moi confiance s'il te plait. j'ai des ressources qui peuvent t'aider."

Si elle acceptait, il l'espérait, elle pourrait lui raconter son histoire et il pourrait voir ce dont il était capable pour l'aider.

Voir des gens mourir en jouant les héros était devenu bien trop classique pour Reika. Sans combinaison, c’était tout simplement peine perdue ! La Gantz suit les protégeait, et elle avait sauvé plus d’une fois la vie de Reika. Des fans qui voulaient se ruer vers elle, elle en avait vu trop souvent mourir, et, pour elle, ce grand costaud, aussi sexy et musclé soit-il, faisait partie de ces quelques fous qui mouraient pour elle. Il insista donc, la suivant jusqu’à une aire de jeux. Les monstres déferlaient dans le parc, et Reika avait eu le cœur serré en voyant déjà plusieurs victimes, dévorées par ces monstres. Alors, quand Balthazar insista, elle grogna.

« Écoutez, vous allez mourir si vous me suivez ! Ce n’est pas une question de confiance, mais de… »

Distraite, elle ne fit pas attention, et un tentacule rampant silencieusement l’attrapa soudain autour du cou. Reika écarquilla les yeux, et le tentacule la jeta au sol, puis se mit à la traîner en arrière. Elle en lâcha son épée, disparaissant à travers les buissons.

« Argh ! »

Le tentacule la draina avec force, et elle réussit à frapper le tentacule avec un shuriken accroché à sa ceinture. Le tentacule lâcha prise, et, quand elle se retourna, elle constata qu’elle avait été traînée dans un sous-bois, face à un monstre abominable… Un Xylomid ! L’immonde bestiole l’observait rageusement avec de multiples yeux globuleux, et cracha un jet d’acide de sa gueule massive et béante. Reika bondit sur le côté, s’abritant derrière un tronc, et vit les branches de l’arbre fondre tout autour d’elle.

*Bordel, bordel !*

Elle était désemparée, et sentit des tentacules supplémentaires fuser. Sans son épée, elle en sentit un s’enrouler autour de sa cheville, la soulevant en l’air. Récupérant un autre shuriken, Reika le lança. Le projectile perça l’un des yeux du Xylomid, le faisant beugler, mais sans pour autant le faire lâcher prise, plaçant Reika en fâcheuse posture…

La tête à l’envers, Reika avait perdu son épée. Elle essayait de récupérer une autre arme, quand elle entendit des bruits de pas. Tout s’enchaîna ensuite très vite. Le Xylomid grognait, claquant des dents, quand le colosse que Reika avait vu tantôt fit irruption, récupéra l’épée de Reika, et s’en servit pour la planter dans le corps du monstre, évitant au passage un jet d’acide… Ce qui témoignait d’une grande agilité malgré sa musculature impressionnante. Quand l’épée se planta dans le corps du Xylomid, la créature poussa un hululement plaintif, coulant son sang verdâtre, et le tentacule lâcha Reika… Qui tomba dans les bras de l’homme. Surprise, elle croisa son regard, et, avant qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit, l’homme réitéra son intervention. Reika fronça les sourcils, et se défit de ses solides bras, posant ses pieds sur le sol.

« Hum… Vous êtes encore plus collant que mes fans les plus assidus, vous… Mais je dois vous remercier, vous m’avez sauvé. »

Reika récupéra son épée, et la remua doucement, constatant qu’elle fonctionnait toujours.

« Cette combinaison ne sert pas qu’à mouler mes fesses, elle me protège aussi. Et vous, vous n’en avez pas. Je ne peux pas vous empêcher de me suivre, mais évitez de vous mettre en avant. Vous n’avez pas de protection, et ces créatures sont dangereuses. »

La jeune femme s’éloigna de la carcasse du Xylomid, qui était doucement en train de s’évaporer.

« Pour répondre aux questions que vous devez vous poser, je ne sais pas trop ce que sont ces monstres. On pense qu’elles doivent venir d’une autre dimension, et, quand elles apparaissent, nous sommes… Convoqués. On est réunis dans un appartement où on peut enfiler cette combinaison et prendre les armes spéciales comme mon épée. Ensuite, notre mission est de tuer les monstres, de trouver leur chef, et de mettre fin à cette incursion en le tuant. »

Ils s’éloignèrent du sous-bois, atteignant la sortie du Suizen Jojuen Garden.

« J’ai été séparée du reste de l’équipe, ils se dirigent vers le point d’incursion… Au château de Kumamoto. »

Reika allait devoir traverser un bout de la ville pour rejoindre le château, ville qui était en pleine effervescence.

« Plus le temps passe, et plus ces incursions sont intenses et violentes… Au fait, vous êtes qui, vous ? Un flic, un militaire ? Je dis ça, parce que… Enfin, vous avez de sacrés réflexes, et vous n’avez pas froid aux yeux non plus… »

Reika n’était pas au bout de ses surprises, car elle vit ce géant musclé (Balthazar) faire apparaître une combinaison similaire à la sienne. Reika écarquilla les yeux sous la stupeur. Quand il lui avait annoncé être un touriste transdimensionnel, elle s’était demandée de quel asile il s’était échappé… Puis elle le vit donc faire apparaître une Gantz-suit, qu’il enfila difficilement, se déshabillant spontanément au passage.

« Hey ! Un peu de pudeur ! » s’exclama-t-elle en tournant les yeux, rougissant doucement au passage.

Elle essaya de ne pas trop regarder le paquet massif entre ses jambes. L’homme se mit à grogner et à gesticuler. Il réussit à enfiler ses jambes dans la combinaison, mais celle-ci devait s’enfiler intégralement, le plus difficile étant de la faire remonter dans le dos en glissant ses bras dans les manches. Balthazar se débattit jusqu’à y arriver, et la combinaison se referma ensuite sur le devant. Il demanda ensuite comment l’activer, et Reika fronça les sourcils en le regardant encore. La combinaison n’avait pas de taille, elle s’adaptait à la morphologie de chaque porteur. Reika fronça les sourcils en voyant la combinaison de Balthazar s’illuminer. En soi, après tout ce qu’elle avait vécu, elle ne devrait pas être aussi surprise.

« Hm… Votre pouvoir de mimétisme est très réussi. La combinaison fonctionne normalement toute seule, mais, si elle est trop endommagée, il y a une espèce de liquide huileux qui va couler des orifices près de vos oreilles. Si ça arrive, c’est que les capacités de protection de la combinaison ne fonctionnent plus. »

Reika ignorait jusqu’à quel point Balthazar avait pu reproduire les effets de la combinaison. Elle se retourna alors, et commença à marcher, tandis que Balthazar, après quelques mouvements, adopta une démarche plus fluide, et lui demanda pourquoi les gens la connaissaient tant.

« Je suis une idol girl… Et ce depuis quelques années. Cela m’a offert une certaine visibilité. »

Balthazar proposait d’avancer discrètement, mais la priorité de Reika était aussi de protéger les habitants de la ville de ces monstres. Tandis que le duo s’avançait, des hélicoptères de l’armée survolèrent la zone, faisant trembler les arbres. Approchant de la sortie du parc, Reika vit avec dégoût des traînées de sang sur le sol, ainsi que des cadavres démantibulés… Y compris de jeunes enfants. Reika en avait les yeux révulsés, et aperçut alors des tentacules ensanglantés, ainsi qu’un corps en train de dévorer un bras. Une créature massive se redressa alors, et Balthazar se rua vers elle, puis trancha la tête du monstre. La créature dodelina sur place, tandis que les arbustes alentour se mirent à remuer. Soudain, la tête tranchée du monstre se mit à repousser, et l’un de ses bras s’étira alors, formant des tentacules qui s’enroulèrent autour du plastron et du cou de Balthazar, le clouant au sol.

Le monstre floristique avait un bras composé de tentacules, et un autre composé d’une gueule béante. Reika intervint alors, et trancha les tentacules retenant Balthazar. La gueule du monstre cracha alors un jet d’acide qui frappa Balthazar au ventre. Un coup douloureux, mais qui ne fut pas mortel, car sa combinaison repoussa l’acide. D’autres monstres se rapprochaient, et les tentacules tranchés repoussaient déjà.

« Ces monstres ne sont pas si simples à tuer ! »

Reika banda ses muscles, prête à combattre encore…

Quand Balthazar lui demanda ce qu’était une idol girl, Reika eut la confirmation que cet homme était un gaijin venu de loin… Et qui ignorait sans doute beaucoup du Japon. Elle lui résuma donc sommairement ce qu’était une idol girl… À savoir une sorte de figure artistique médiatique populaire auprès de la population. Une idol avait de multiples aspects spécifiques : chanson, publicité, mannequinat, voire les films ou les séries… L’idée était de rentabiliser sur l’image de marque de l’idol, qu’elle soit individuelle, ou corresponde à un groupe. Ce n’était pas une spécificité japonaise. L’Occident avait pour ainsi dire lancé la mode avec des artistes qui avaient été adulés, vénérés… Elvis Presley, les Beatles, Queens… Reika n’eut toutefois guère l’occasion d’approfondir ce sujet, car le duo se retrouva ensuite face au monstre floristique. Le colosse végétal était redoutable, se reconstruisant à chaque fois que l’épée énergétique de Reika le tranchait.

Elle n’était pas spécialement surprise. Reika se rappelait encore du choc qu’elle avait eu quand elle avait fait face pour la première fois aux monstres de ce type. Sa première traque avait impliqué une chasse à plus d’une centaine de dinosaures, des monstres ressemblant à ces créatures ancestrales. Elle n’avait fait aucun point à ce moment, mais avait réussi à survivre, ce qui était déjà, en soi, un exploit. Depuis lors, Reika avait compris qui elle était, et dans quoi elle s’était retrouvée embarquée.

« Trouver comment les tuer, c’est la première difficulté ! »

Du torse du monstre, des tentacules et des ronces fusèrent vers Reika. Elle bondit sur le côté, tournoyant en esquivant l’attaque, et le bras gauche du monstre fusa vers elle, étirant ses ronces. Reika fut soulevée du sol, et heurta un arbre. Elle planta dans les ronces un gadget à sa ceinture, une grenade énergétique qui explosa, pulvérisant les ronces. Tout en retombant au sol, Balthazar l’invita à demander au Père Noël un lance-flammes.

« Hein ? Qu’est-ce que vous racontez ?! »

Une erreur de traduction ? Mais non, Balthazar insista ! Reika en fut à nouveau surprise, et regarda encore le monstre floristique. Elle devait admettre que ce déséquilibré se battait plutôt bien, et il avait déjà fait preuve de pouvoirs magiques. Reika n’avait rien à perdre, après tout, alors elle joignit ses mains devant elle…

« Père Noël, je voudrais un lance-flammes ! »

Et, quand elle rouvrit les yeux, elle vit, avec surprise, que Balthazar avait entre les mains une nouvelle arme avec une bonbonne à oxygène dans le dos reliée à l’arme… Et cracha un jet de feu vers le monstre floristique, l’enflammant. La bête se mit à hurler, à mugir, et Reika, médusée, la vit s’effondrer. Son corps calciné l’empêcha de se régénérer, et elle regarda Balthazar, sincèrement surprise.

« Mais vous êtes qui, exactement ?! » ne put-elle s’empêcher de demander.

*Le Père Noël existe ?!*

Reika ne savait pas trop si cet homme était sincère… Mais il n’avait après tout aucune raison de mentir ! Il lui expliqua que Père Noël avait pris sa retraite, et qu’il avait été chargé, avec son frère, de confectionner les cadeaux de Noël. Cependant, Balthazar s’était détourné de cet objectif, et avait préféré se promener sur le monde. Sa magie était liée à l’univers des enfants, mais elle pouvait aussi marcher sur les adultes.

« Donc, vous pouvez faire apparaître des objets quand quelqu’un d’autre le souhaite ? »

L’esprit cartésien de Reika était déjà en brèche depuis qu’elle avait rejoint les batailles nocturnes du Gantz. Elle avait été tuée, et elle était revenue à la vie. Et, quand on affrontait des monstres comme ceux qu’ils avaient croisés, on devait bien admettre qu’il fallait s’attendre à tomber sur des évènements paranormaux. Balthazar n’eut pas l’occasion de lui répondre, car deux hélicoptères survolèrent brusquement la zone. Reika déglutit en voyant que le centre-ville de Kumamoto était en plein chaos. Ils avaient atterri sur une sortie pavée menant habituellement à une petite rue piétonne bardée de boutiques. Des corps gisaient sur le sol ici et là. Le duo continua à courir.

« Ces monstres n’ont jamais attaqué avec une telle puissance ! »

Dehors,  c’était la guerre. Des champignons de feu s’élevaient au loin dans les airs, donnant vraiment l’impression qu’ne armée venait d’envahir la ville. La rue piétonne les mena à la rue ordinaire, à un carrefour surélevé. Ils venaient de rejoindre le Suizenji Bridge, un petit pont surplombant un cour d’eau. Face à eux, une carcasse de voiture de police avait atterri contre une vitrine, filant à l’intérieur. Son gyrophare encore intact tournait encore mollement dans le vide. Tandis que Reika s’avançait, elle vit soudain une silhouette qui se rapprochait. Le duo s’abrita derrière la voiture de police, et Reika déglutit en voyant que la créature… Était en train de violer une femme. La Japonaise pleurait silencieusement, sa bouche remplie par un tentacule, d’autres tentacules grouillant sur son corps, une épaisse verge la pilonnant méchamment. Le monstre se retourna alors, et relâcha la Japonaise, qui s’effondra mollement sur le sol.

« Merde ! »

Tels des serpents affamés, les tentacules se ruèrent vers eux, et s’enroulèrent autour de la carcasse de la voiture. Surprise, Reika tomba sur les fesses, en arrière, et vit la voiture être soulevée, puis projetée contre la façade d’un parking. Balthazar se reçut un violent coup de tentacule au ventre qui le souleva du sol, et le projeta à travers une vitrine avec force et violence. Un coup qui l’aurait sûrement tué, sans sa combinaison…

« BALTHAZAR ! »

Reika se retourna en voyant les tentacules du monstre fondre vers elle. Elle n’avait pas le temps de retourner vers Balthazar. Elle esquiva un tentacule en bondissant sur le côté, et déploya son épée dans le même temps. Sa lame trancha le tentacule, faisant grogner le monstre. Reika retomba élégamment sur le sol, et vit que le tentacule coupé se reconstituait rapidement, repoussant vite. Elle grogna en voyant la verge du monstre se redresser, témoignant de son excitation. Elle regarda furtivement la malheureuse victime de ce monstre, et se pinça furieusement les lèvres. Le monstre l’attaqua encore, bondissant brusquement en avant. Reika bondit entre ses jambes, mais un tentacule la saisit à la jambe, et la projeta dans les airs. Elle aurait pu s’écraser contre un mur, mais se réceptionna sur celui-ci, et rebondit, usant les pouvoirs de la combinaison Gantz, et transperça le monstre avec sa lame. Elle l’entendit grogner, du sang suintant de sa plaie. L’épée l’avait transpercé de part en part, et Reika, en grognant, électrifia sa lame.

Soudain, la main du monstre la saisit à la nuque, et il la repoussa. Elle tomba au sol, et, avec son autre main, le monstre retira l’épée de son corps, et la jeta au sol.

« T’es invincible, toi, ou quoi ?! »

Les tentacules fusèrent encore vers elle, le monstre cherchant clairement à l’immobiliser pour la violer…

Balthazar tenta de venir en aide à Reika. Sans son wakizashi, celle-ci était légèrement démunie. Elle vit une cosse s’ouvrir entre les jambes du monstre, et grimaça en voyant une épaisse verge puante en jaillir, comme un serpent venimeux prêt à bondir. Ce n’était pas la première fois que Reika avait vu des monstres violer des humaines. Il y avait chez ces monstres deux approches : soit ils tentaient de tout détruire, soit de s’accoupler. Reika profita néanmoins de la diversion de Balthazar pour récupérer son pistolet, un X-Gun. C’était l’arme de base, qui était très efficace, mais avait le défaut d’avoir un temps de plusieurs secondes d’amorce. Le X-Gun ne tirait pas des balles, mais des ondes de choc qui désintégraient la matière dans la zone d’impact. La difficulté à charger l’arme et à tirer en faisait néanmoins une arme peu pratique. Mais, à défaut d’avoir son épée énergétique, Reika allait s’en contenter. Quand le monstre reporta son attention sur elle, elle ciblait sa tête, et sentit l’é&nergie de l’arme se charger dans le canon. Toutefois, quand le tir fusa, le monstre avait déjà anticipé l’attaque, s’écartant un peu, et frappa Reika au ventre avec un tentacule. Le coup de fouet la fit hurler, et elle tomba sur les fesses.

Au même moment, le tir de Reika résonna, et arracha plusieurs des tentacules du monstre, faisant couler un sang verdâtre.

« Hon !! » mugit le monstre.

Malheureusement, le succès fut de courte durée, car les tentacules se reconstruisaient, repoussant sur place. Reika s’était déjà retournée, et se mit à courir sur la rue. Sa course la conduisit vers un restaurant en bois sur la droite, le Taiyo. Un parc derrière un mur se trouvait sur la gauche, et, après le Taiyo, un immeuble. Reika fila vers le restaurant, sentant les tentacules fuser, et bondit par la porte d’entrée. Elle tomba au sol en ayant ouvert la porte, et vit des clients paniqués, qui poussèrent de grands cris, certains la filmant ou la pointant du doigt.

« Reculez-vous, vite ! »

Un tentacule fusa à travers la fenêtre, et s’enroula autour du cou de Reika, la tirant vers l’arrière. Les gens hurlèrent encore, et Reika attrapa un poignard à sa ceinture, puis le planta dans le tentacule, le tranchant. Elle retomba au sol, contre le mur, et fila par l’arrière. Elle ouvrit une porte dans un couloir, rejoignit une cuisine, puis courut encore, rejoignant un entrepôt de stockage. Une porte de service qu’elle ouvrit ensuite la conduisit sur un parking, et elle regarda nerveusement autour d’elle. Des bruits résonnèrent en provenance du toit du restaurant, et, quand elle se retourna, elle put voir que le monstre avait bondi sur le toit. Il hurla encore, poussant un grondement caverneux. Reika fit encore feu avec le X-Gun, mais le monstre bondit dans les airs, et s’abattit violemment sur une voiture à proximité, faisant sonner l’alarme.

Reika tira encore, et le monstre arracha une portière, qu’il balança sur la femme. La jeune femme glissa sur le sol, évitant le projectile infernal qui heurta une autre voiture. Elle se releva, et continua à courir, enclenchant les servomoteurs de la Gantz-suit, filant vers un entrepôt situé au fond du parking, tandis que, inlassablement, le monstre la poursuivait avec acharnement…

Résumé du parcours de Reika dans ce post :

Si seulement elle pouvait retrouver son wakizashi ! Une arme de base fonctionnait bien sur de simples monstres, mais celui-ci était un plus costaud. Les Gantzers s’amusaient souvent à classifier les monstres, et, comme dans tout bon jeu vidéo, ils les dissociaient en trois catégories : les mobs standards, les mini-Boss, et le Boss de fin de niveau. L’arme de base marchait contre les mobs, mais cette créature tentaculaire était plutôt un mini-Boss. Sans son arme, Reika se serait désemparée. Elle bondit dans l’entrepôt par une petite lucarne, et atterrit devant une série de grandes étagères industrielles avec des cartons. Plusieurs tentacules la poursuivirent à travers la lucarne, et elle tira sur la lucarne, éclatant les tentacules. Bénéficiant enfin d’un moment de tranquillité, Reika se releva, et, reprenant son souffle, se pencha vers le bracelet à son poignet. La combinaison était très complète, et Reika pouvait émettre un signal qui lui permettrait de retrouver son épée.

*Elle ne doit pas être très éloignée… Quelle conne !*

Si les autres Gantzer apprenaient qu’elle avait perdu son épée… Si certains étaient réglos, d’autres n’hésiteraient pas à en profiter pour la violer, et la tuer dans la foulée. Cela s’était déjà vu. Certains avaient tendance à péter les plombs avec cette combinaison, et Reika avait déjà eu son lot de mains négligemment posées sur ses fesses, de commentaires très salaces, et autres joyeusetés. Tandis qu’elle activait le signal, elle pensa brièvement à l’homme musclé qui l’avait accompagné. Maintenant qu’il avait enfilé une combinaison, il risquait de se retrouver impliqué dans cette histoire, et d’être téléporté par Gantz quand ce combat infernal sera terminé. À cette idée, Reika eut un petit pincement au cœur. Était-il mort ? Il avait l’air costaud, mais ce ne serait pas la première fois que quelqu’un comme ça finissait par mourir.

Nerveuse, Reika était surprise que le monstre ne cherche pas à l’attaquer, et elle entendit soudain du bruit derrière elle. Elle se retourna brusquement, le doigt sur la gâchette… Et se retint en voyant l’homme baraqué.

« Oh ! C’est vous ! »

Heureuse, Reika se mit à sourire, visiblement soulagée que l’homme soit toujours en vie. Il lui indiqua avoir éclaté le monstre, mais sans réelle certitude qu’il soit mort, et lui demanda des conseils. Elle constata aussi qu’il avait son épée, et s’empressa de la récupérer.

« Merci pour m’avoir ramené l’épée… C’est ma meilleure protection, j’ai été conne de la lâcher si bêtement… »

Consciente qu’elle ne devait pas s’apitoyer sur son sort, Reika secoua la tête en grommelant, puis se retourna.

« Ces monstres comme ça ont souvent un noyau central. Ceux qui se régénèrent, en tout cas… Il faut percer le noyau. »

Reika se dirigea par la sortie, mais constata vite que le monstre était mort. Quelques tentacules s’agitaient encore nerveusement, comme des serpents, et elle leur tira dessus avec son arme.

« Et bien, vous avez fait un carton, félicitations, Balthazar ! »

La jeune femme retourna vers le restaurant pour s’assurer qu’il n’y avait aucun blessé, mais les gens étaient paniqués, et ne savaient plus où aller. Reika tenta de les rassurer, et, quand ils virent qu’il s’agissait de Reika, plusieurs exprimèrent un sentiment de joie. Reika était après tout une idol girl assez populaire.

« Il faut faire route vers le château, mais on doit d’abord traverser la Shirakawa. »

C’était une rivière qui traversait Kumamoto. Depuis leur position, le plus simple était de rejoindre le grand boulevard central sur lequel passait le tramway, et qui menait directement au plus proche pont, le pont Taiko.

C’est la route que Reika emprunta donc, croisant plusieurs carcasses de voitures. Une lueur rougeâtre sinistre émanait du château de Kumamoto, et, tandis que le duo courait, plusieurs hélicoptères militaires les survolèrent, mitraillant une zone proche. Reika craignait que ce ne soit leur destination. En chemin, elle put constater que les dégâts sur la ville étaient assez superficiels, et qu’il n’y avait au moins aucun bâtiment détruit.

« C’est horrible, les attaques de ces monstres ne cessent de s’intensifier… »

Soupirant encore, elle se retourna vers Balathzar, intriguée.

« Alors… Vous êtes vraiment proche du Père Noël ? Je… Je croyais que ce n’était qu’une histoire pour enfants… »

Résumé du parcours des protagonistes :

Le Père Noël… Reika n’aurait pas dû être surprise en soi, après tout ce qu’elle avait vécu… Elle ne pouvait néanmoins s’empêcher de se demander comment le Père Noël fonctionnait. Elle savait que c’était une fête religieuse occidentale très importante là-bas, mais, ici, au Japon, le christianisme n’avait pas fondé le pays. Plus que la naissance du Christ, Noël, au Japon, célébrait le mythe de Noël, de Santa Claus. C’était une fête populaire au Japon, maintenant, et on pouvait y trouver des décorations comme dans les pays occidentaux. Les cadeaux existaient aussi, à destination des enfants, mais aussi entre amoureux… Alors, Reika se demandait tout de même comment cette distribution de cadeaux fonctionnait. Elle comptait le lui demander, quand Balthazar fit observer que sa tenue avait souffert. Reika fronça les sourcils, et constata effectivement qu’un liquide huileux s’écoulait d’ouvertures à hauteur de ses oreilles. Le commentaire sur sa beauté la laissa relativement indifférente, Balthazar n’était pas le premier à le lui dire, et elle appréciait surtout l’idée qu’il n’ait pas encore tenté de la violer, ce qui, en soi, le différenciait déjà d’une bonne partie des Gantzers que Reika avait pu croiser.

« Oui, et vous devriez faire attention… La combinaison n’assure plus votre protection, maintenant. Donc, on va y aller prudemment… »

C’était sans doute à elle de donner des explications supplémentaires en ce qui concernait ces monstres, mais Reika, en vérité, ne pouvait que constater son impuissance en la matière.

« Bon, donc, vous êtes le frère du Père Noël… J’ai croisé des vampires et des monstres tentaculaires, et les Dieux ont attaqué le Japon, donc… Je suppose que ça n’est pas plus bizarre que ça. Maintenant, pour vous expliquer brièvement la situation… Je suis morte. »

Une information brutale, que Reika développa ensuite :

« Un fou m’a tué, en même temps que beaucoup d’autres personnes, lors d’un massacre. Et, pour une raison inconnue, je suis revenue à la vie… C’est le cas pour moi et les autres. On se surnomme ‘‘Gantzer’’. Nous menons désormais une double vie, car, parfois, nous sommes convoqués par une sphère métallique noirâtre… On l’appelle ‘‘Gantz’’. Elle nous donne une mission consistant à tuer des monstres comme ceux que nous avons vus. Au début, il n’y en avait parfois qu’un, mais, maintenant, ces monstres se développent. Nos premiers combats n’étaient pas aussi violents que maintenant, où nous affrontons des armées qui assiègent des villes entières. »

Le duo continuait à marcher.

« D’après les maigres informations que nous avons eu, la créature qui est à l’origine de cette attaque-ci s’appelle Vecna. Tout indique qu’elle se trouve au château. Maintenant… Ce que vous faites est admirable, Balthazar, mais je vous demande aussi de ne pas prendre de risques inconsidérés. Vous risquez de devenir l’un des joueurs de Gantz, et ce n’est pas une chose souhaitable. Enfin, vous êtes au moins plus galant que la plupart des autres Gantzer… »

Ils continuèrent à marcher, entendant au loin des explosions…

« Et, du coup, vous faites quoi de vos journées, à part venir en aide aux filles en leur disant qu’elles sont jolies ? »