The Multiversity

[Sekhmet]

Le soleil venait à peine de se lever ce matin là, ne dépassant pas encore les remparts de la capitale, mais Sekhmet était déjà debout, prenant tranquillement son repas du matin dans son salon. Elle possédait cette demeure dans les beaux quartiers de la capitale depuis un demi-siècle maintenant, depuis qu’elle était revenue victorieuse aux côté d’autres aventuriers de son calibre, lors d’une mission dangereuse concernant une créature légendaire, qui semait régulièrement la mort dans le désert. On l’avait récompensée avec une grosse somme d’argent, que l’elfe avait alors utilisée pour acheter le terrain.

La demeure en elle même était de taille respectable, pour une personne seule ou un couple. Un hall desservait les pièces et l’étage via un couloir. Le salon était connectée à une grande cuisine d’un coté, tandis que l’autre servait autant de bibliothèque que de bureau, mais Sekhmet y exposait aussi des artefacts, magiques ou non, d’origine égyptiennes. L’étage quant à lui, comportait deux chambres et une salle de bain. Celle de l’elfe comportait un lit assez grand pour quatre personne, et qui recevait parfois de la visite. L’autre chambre avait longtemps servit de débarras, avant de finir par être aménagée à son tour. Pour une bonne raison.

– Nyaaaaaah~ B’jour M’tresse…

– Bonjour Cléo. Bien dormis ?

– Boui…

Une Neko émergea du couloir et se traîna vers la cuisine, encore à moitié endormie. Non, l’elfe n’avait pas adoptée, ni achetée une esclave. Cléo était pour ainsi dire sa petite apprentie. Une Neko avec un fort potentiel magique qui rêvait de devenir une aventurière comme elle. Mais la guilde était très stricte sur l’âge d’inscription: pas avant 18 ans. Donc d’ici qu’elle ait l’âge légal pour s’y inscrire, la Neko apprenait sous la tutelle de Sekhmet. Et comme elle était orpheline, l’elfe l’hébergeait chez elle, jusqu’à ce qu’elle puisse être autonome.

Sans surprise, Cléo se prépara un bol de lait avec du miel dedans, ainsi qu’une tranche de pain frais tartiné de confiture de figue. Elle s’installa à table lorsqu’on frappa à la porte. Sekhmet se leva pour aller ouvrir, frottant entre les oreilles de la Neko en passant.

[Rhian Thoris]

Il y a de cela près de cinquante ans, le jeune Prince Tomeyrus avait bien failli perdre la vie.

Depuis les contrées occidentales, un terrible monstre avait envahi Papua, dévastant les routes, attaquant les hameaux, les cultures, les caravanes… Un terrible dragon krayt, un dragon terrifiant, mais qui était considéré comme l’une des pires menaces de Terra. La Couronne de Papua avait offert une prime plus que généreuse à quiconque parviendrait à tuer le dragon krayt. Le Conseil Impérial de Mijak avait lui aussi proposé une récompense considérable. Des mercenaires et des guildes avaient alors mené des raids contre le dragon krayt, cherchant sa tanière, dans les montagnes et les canyons austères des territoires occidentaux de Papua. Tomeyrus, prédestiné à devenir le Roi de Papua, avait organisé les campagnes avec plusieurs bataillons militaires.

Finalement, ils avaient réussi à trouver la tanière du dragon krayt, donnant lieu à un rude combat. Massif et puissant, le dragon s’enfonçait dans le sable pour en ressortir, dévastant tout ce qu’il touchait, tout en crachant des gerbes de feu terrifiantes. Tomeyrus avait défié le monstre, et se rappelait encore de son combat. Son cheval avait été déchiqueté par le monstre, et il avait échappé de justesse à la mort.

Le dragon krayt avait été tué grâce à l’aide d’une jeune aventurière avec qui Tomeyrus avait une aventure. Ils avaient fait l’amour la veille du combat. Sekhmet était aussi belle que forte, et, au camp, elle attirait déjà toutes les convoitises, mais n’acceptait de coucher qu’avec ceux capables de lui tenir tête au combat. Tomeyrus avait réussi ce mince exploit. Il avait ainsi appris que cette jeune femme était la réincarnation de la divinité Sekhmet, la Déesse guerrière fille du dieu Râ.

Tomeyrus l’avait vu combattre le dragon krayt, s’agrippant à ce dernier. Le dragon krayt avait plutôt l’habitude de ramper, mais il pouvait voler. Celui-ci s’était d’ailleurs envolé, tournoyant dans les airs, avant de retomber violemment au sol. Sekhmet avait enchaîné les chevaux, jusqu’à réussir à le tuer. Le dragon krayt s’était violemment écrasé, et, en récompense, Sekhmet avait reçu la propriété d’une villa luxueuse dans la capitale de Papua, tous les frais étant pris en charge par la Couronne, et exemptés d’impôts locaux. Le Conseil Impérial lui avait également fourni une récompense colossale, et Sekhmet était devenue depuis lors une aventurière de niveau rare. Elle continuait à s’entraîner, mais ne participait qu’aux quêtes les plus difficiles, jugées impossibles ou suicidaires.

Aujourd’hui, Tomeyrus retrouvait Sekhmet. S’il était désormais marié, comblé, et avec deux enfants, il ne pouvait pas nier qu’il ressentait toujours un certain attrait pour Sekhmet. Il lui devait la vie. Quand le dragon krayt avait tué son cheval, le monstre avait soufflé sur Tomeyrus. La Déesse s’était interposée pour dévier les flammes, le sauvant d’une mort certaine.

*La Déesse guerrière et protectrice de Papua…*

Sekhmet recevait parfois des visites de prestigieuses guildes impériales lui demandant de rejoindre la capitale. Elle avait toujours refusé. Tomeyrus l’invitait régulièrement au Palais Royal. Il rejoignit donc sa villa, se dissimulant derrière des vêtements simples et une capuche.

Quand il toqua à la porte, il sentit son cœur se serrer en voyant Sekhmet.

« Bonjour, Sekhmet. J’espère que je ne te dérange pas de si bon matin… »

Il se pencha vers elle, pour solliciter un baiser. S’il était toujours ravi de la voir, Sekhmet aurait pu sentir dans le timbre de sa voix ou dans son regard que Tomeyrus était soucieux… Ce qui n’était jamais bon signe.