Page 1 sur 1

Panser les plaies [Bellone]

Posté : 12 avr. 2025 17:49
par Aphrodite
Ce RP se passe après l’Olympomachie.

L’Olympe avait assurément connu des jours meilleurs.

La bataille finale contre Zeus, puis contre Chaos, avait dévasté l’éternel Palais des Dieux. Des temples secondaires tenaient encore debout, mais les structures centrales du Palais s’étaient effondrées sous la puissance de ce combat colossal. Dans la fosse où l’Empereur Wismerhill avait finalement réussi à sceller Chaos, un lac avait été installé, avec une statue. Le terrain s’était ensuite surélevé pour former une colline. Tout autour du lac, la Déesse Hestia avait construit un cercle de pierre, un chemin avec des voûtes avec des temples à chacun des douze escaliers en pierre permettant de gravir cette colline. La statue, elle, était dédiée au Roi mort de l’Olympe, Zeus. Héra avait fleuri tout autour du lac de multiples fleurs et planté des arbres, fidèle à son amour pour les arbres et la flore.

Assurément, la situation était dramatique. Les trois principaux Dieux de l’Olympe étaient morts : Zeus, Hadès, et Poséidon. D’autres divinités majeures comme Hermès, Arès, ou Apollon avaient également succombé. Artémis était également défaite, possédée par la Déesse Nyx, qui avait profité du conflit pour se libérer. Les monstres proliféraient désormais sur Terra, car l’Olympe n’était plus là pour assurer le contrôle de l’équilibre des flux magiques. De plus, avec la mort de Hadès, le Palais d’Hadès était désormais encerclé par les démons, car les portes du Tartare étaient ouvertes, et les Titans pouvaient à chaque moment sortir. Le Titan Hypérion s’était d’ailleurs enfui depuis le lac de Papua lors de la guerre.

Parmi cette avalanche de mauvaises nouvelles, il subsistait toutefois des espoirs. La Déesse Enyo, qui avait jadis quitté l’Olympe pour devenir la Déesse Bellone, était revenue. Elle avait combattu Arès à Mijak, puis Zeus en Olympe. Désormais, Héra souhaitait savoir si Bellone comptait rester en Olympe, ou retourner en exil. Aphrodite se dirigeait vers le sanctuaire de Bellone, pour savoir quel était son état d’esprit.

Le sanctuaire était situé contre le flanc du Mont Olympe, derrière les ruines du temple d’Arès. Rejoignant l’ouverture, Aphrodite s’en approcha.

« Bellone ? Es-tu prête à retrouver Héra ? »

Dans les jours qui avaient suivi la chute de Zeus, Aphrodite et Bellone n’avaient pas eu trop l’occasion de parler.

« Sache que je suis très heureuse de te revoir, Bellone… »

Les deux Déesses avaient grandi ensemble. Bellone, si rebelle, là où Aphrodite, elle, était beaucoup plus introvertie. Aphrodite aurait aimé que leurs retrouvailles se fassent en de meilleures circonstances, mais elle ne pouvait pas nier être heureuse de la revoir…

Re: Panser les plaies [Bellone]

Posté : 22 avr. 2025 19:44
par Bellone
Image
Bellone de retour à l'Olympe

Zeus, Poséidon, Hadès ... et tant d'autres encore ... Tous disparus, éradiqués, annihilés. Leur essence n'était même plus perceptible, il n'en restait rien. Le drame de l'Olympomachie avait choisi ses vainqueurs et il ne s'agissait pas du grand panthéon des Dieux. Contre toute attente, l'union des peuples terrans et d'autres divinités avait contré les plans de l'Olympe et la sanction avait été tragique.

Bellone se tenait sous la haute arche de l'accès principal de son temple. Son sanctuaire n'avait pas souffert des affres de la guerre contrairement à celui de son frère Arès, en ruine non loin de là. Sans avoir les dimensions de l'un des temples majeurs, le sien revêtait une aura de puissance directement liée à l'objet de sa vénération: la guerre sous ses aspects les plus horribles. Les colonnes étaient parées de sculptures dédiées aux combats et à leurs souffrances. Aucun héros n'était représentés, seulement des guerriers se battant férocement. Le fronton principal était orné d'une fresque relatant une bataille d'où aucun homme n'était revenu. L'or et le carmin dominaient, contrastant avec l'obsidienne utilisée pour l'édification du temple.

La déesse contemplait ce qui restait de la grande demeure des dieux. L'Olympe avait souffert jusque dans ses entrailles et la beauté divine des lieux n'était qu'un lointain souvenir. Tout était à reconstruire: le palais et les temples mais surtout, et avant tout, le Panthéon lui-même. Il ne restait que peu de dieux et déesses, et malheureusement les plus emblématiques avaient disparus. Le regard de Bellone perça les distances et reconnut Athéna, juchée sur les marches des restes du palais de Zeus, donnant des directives à des légions de volontaires venus bâtir. Les hommes oubliaient souvent qu'Athéna était aussi la déesse des architectes. Bellone perçut aussi le son du marteau d'Héphaïstos résonnant sur son enclume. Lui aussi aurait à faire. D'Héra, elle ne ressentit que la présence sans la voir. Bellone n'aimait pas Héra. Elle la considérait comme une comploteuse de l'ombre, prompte à user de sa langue de vipère dès qu'elle en avait l'occasion. D'autres auras brillaient, que seule une divinité pouvait ressentir. Mais encore une fois, trop peu. Et puis il y avait Aphrodite. Bellone l'observa monter vers elle.
La situation du temple sur le flanc de l'Olympe était l'une des plus élevée. Cela permettait de ... dominer.
Jusqu'à présent, Bellone n'en avait que peu profiter. Exilée sur Terre, et par nécessité car fâchée avec Zeus, et par volonté aussi car détestant l'atmosphère pédante de l'Olympe à l'époque où elle y résidait, Bellone n'était revenue que peu de temps auparavant. Elle avait choisi son camp, s'était battue, avait vaincu et à présent, elle était l'une des pièces maitresses du nouveau panthéon à venir.

La guerre étant passée (mais pas les dangers à venir), elle avait déposé son armure et ses armes. Elle portait une tunique noire, légère et courte, et des sandales de cuirs dont les bandes croisées remontaient autour de ses mollets.

Aphrodite ... Avant elle ne l'aimait pas. La raison était simple. L'une d'elle était une femme superbe et plantureuse, première beauté des déesses adulée par des foules d'humains en rut. Son corps était une ode à l'obsession, sa voix, une mélodie inoubliable, et sa grâce, aussi fluide que l'eau du Styx. Elle était la maitresse des salons et prônait la fornication comme arme ultime. L'autre, était une petite teigne brune, généralement représentée couverte de sang et hurlant des ordres désignant la souffrance comme unique destinée. On la craignait et avec elle, nul question de baiser durant les combats ...
Le choix entre les deux était vite fait pour un terran standard ... Donc, jalousie certes mais les critères et arguments de Bellone pouvaient être entendus. Les deux déesses s'étaient autrefois sévèrement crêpées le chignon pour ces histoires ...

C'était avant et la tragédie n'avait pas encore eut lieu. Tout avait changé et le passé restait derrière.

"Aphrodite ... Bienvenue en ma demeure."


Elles entrèrent dans le temple, entretenu par de fidèles compagnons de Bellone, l'ayant accompagnés depuis la Terre: d'anciens légionnaires à qui elle avait offert l'immortalité pour leur ardeur dans leurs batailles communes.
L'édifice était tenu assez sobrement mais elles prirent place en son centre, dans un patio ouvert, s'allongeant sur des banquettes confortables. Il fut servi du vin et des fruits.

"Je n'aime pas Héra."

Le ton était donné.

"Toi et moi avons eu des différends mais rien qui ne puisse troubler la tâche qui nous incombe. Tu es ma sœur et contrairement à Arès, je te considère comme juste et méritante de ton titre. L'Olympomachie était une erreur stupide qui aurait pu avoir des conséquences pires que celles que nous connaissons. Nous sommes chanceuses d'être encore là. Des dieux ont foiré ... excuse moi ... des dieux ont trahi leur fonction première et il nous appartient de ne pas suivre le même chemin. Nous devons définir une voie et des règles qu'aucun des nôtres ne saurait transgresser. Et je pense qu'Héra n'est intéressée que par son propre chemin. Pour moi, elle est un problème."

Elle n'avait pas vu Héra depuis son retour mais on lui reportait que l'épouse de feu Zeus parlait encore d'elle comme d'Enyo, ce qui l'horripilait. Et ces propos d'Héra pouvaient être interprétés de nombreuses manières.

"Elle est égoïste et jalouse, et n'avait pour seule fonction que d'être la femme de Zeus, en plus d'être sa sœur. Son utilité n'est pas ... nécessaire."

Elle but du vin dans une simple coupe d'argent et planta son regard dans celui de la maitresse de la beauté.

"Je pense que je suis aussi heureuse de te revoir Aphrodite. Tu ... n'as pas changé."

Re: Panser les plaies [Bellone]

Posté : 05 mai 2025 01:00
par Aphrodite
Avant de quitter l’Olympe, Bellone s’appelait Enyo. Elle avait changé de nom, mais Aphrodite avait encore parfois l’habitude de l’appeler ainsi. Elle se félicitait donc que sa langue n’ait pas fourché. Bellone lui exprima toute sa méfiance d’Héra. Aphrodite ne pouvait pas vraiment lui reprocher sa méfiance, la rivalité entre Athéna, Héra, et Aphrodite était bien connue. Elle avait donné lieu au Jugement de Pâris, et où Pâris, en privilégiant les faveurs d’Aphrodite, avait déclenché la guerre de Troie.

La Déesse sourit quand Bellone lui glissa qu’elle n’avait pas manqué, et caressa al joue de Bellone.

« Je te remercie pour ce que je suppose être un compliment… Même si j’aimerais me rendre plus utile que je ne le suis actuellement. Tu vas en tout cas avoir l’occasion d’exposer ta vision des choses à Héra. Marchons un peu. »

Aphrodite glissa sa main dans celle de Bellone, entremêlant leurs doigts. Rien de surprenant à cela, Aphrodite avait toujours été très tactile. Bellone avait participé aux combats, elle avait défié Arès à Mijak, mais elle ne connaissait pas encore toutes les subtilités liées à l’Olympomachie.

Les deux Déesses traversèrent l’Olympe en rejoignant la structure centrale. Les fleurs d’Héra, comprenant de magnifiques roses, avaient commencé à germer. Elles grimpèrent les marches menant à la salle de réunion du Conseil de l’Olympe. Héra était là.

« Ényo, je te souhaite un bon retour en notre maison. »

Héra était toujours aussi puissante, et, même si elle portait le deuil de son époux, elle se devait d’agir.

« Pour ta gouverne, si je n’existais pas, tu ne serais pas là, ce qui devrait rehausser un peu mon… Utilité. »

C’était grâce à Héra que les Dieux olympiens étaient des Dieux. La légende disait que chaque enfant qui tétait de son lait devenait un être divin, et que la traînée spectrale que l’on voyait la nuit dans l’espace était sa projection de lait, d’où le fait d’appeler la galaxie de la Terre « Voie Lactée ».

Héra avait entendu ce que Bellone avait dit à Aphrodite. Rien n’échappait à Héra au sein de l’Olympe.

« Je t’ai demandé de venir pour une raison bien précise, mais il semble auparavant que tu doives être mise au courant de ce qui se passe. »

Héra s’assit sur son trône.

« L’Olympomachie… Est la conséquence d’un secret que moi et Zeus avions dissimulé aux Olympiens. J’ai accepté d’endosser le rôle de la mégère acariâtre, car cela convenait très bien à la société grecque antique, une société phallocratique et stupide qui considérait les femmes comme étant inférieures aux hommes, et n’ayant que pour seule fonction d’être engrossées. Tu as beau être du genre manuelle, je pensais que tu aurais depuis longtemps compris que la vérité est toujours plus subtile. »

La Mère de l’Olympe ne perdait jamais de son sarcasme. Sa fierté était réelle, et Aphrodite ne pouvait qu’espérer que Bellone s’en souviendrait.

« Zeus était atteint par un mal incurable, expliqua Aphrodite. Un mal qu’il a hérité de Cronos, son père, qui l’avait lui-même hérité d’Oneiros…
- Je suis une mère, Enyo, quelle mère irait torturer des enfants ? On m’a mis sur le dos toutes les malédictions subies par la progéniture de Zeus, mais je n’en ai jamais été responsable. Vois-tu, notre famille porte depuis ses origines une infection, une corruption liée aux Eldrichtiens… Les Grands Anciens. Mon époux utilisait des rituels pour se soulager de cette affliction, qui consistait à la transférer à ses enfants. La regrettée Pandore a été la principale sacrifiée, mais cela n’a pas suffi. Héraclès aura été le dernier, et c’est lui qui a dévasté l’Olympe. Mon époux s’est sacrifié pour permettre aux humains de sceller à nouveau cette corruption… Chaos. Quant à moi, j’ai commis l’erreur de faire confiance à un magicien qui m’a promis de soigner mon époux, mais qui a ouvert la Boîte de Pandore. »

L’Olympomachie avait véritablement commencé quand la Boîte avait été ouverte, et s’était emparée de l’esprit des Dieux olympiens présents à ce moment.

« J’ai souhaité ta présence Enyo, pour te demander de revenir, et de nous prêter assistance. »

Avant de quitter l’Olympe, Enyo était la concubine d’Arès, sa sœur de bataille. Les contes à son sujet la mentionnaient comme une Déesse particulièrement brutale, l’incarnation de la sauvagerie de la guerre. Un rôle qui était surtout lié à Arès, dont Enyo avait autant été l’amante que la victime. Elle avait donc quitté l’Olympe.

« Sache que je n’ai jamais trahi mes fonctions. L’Olympe a toujours été un rempart pour protéger l’humanité, et nous avons fait face à une menace qui nous est supérieure. Alors, entre choisir de révéler aux humains nos faiblesses, ou que je passe pour une mégère acariâtre du fait des infidélités, j’ai choisi d’être la risée, plutôt que de devoir admettre qu’il existe plus puissants que nous. Je pense que tu dois le ressentir, en ton for intérieur. Si j’ai souhaité ta présence, ce n’est pas pour endurer tes quolibets, je sais qu’il n’y a plus ingrat que les enfants. Je souhaite ton aide pour restaurer l’Olympe, et pour éviter que les choses ne s’aggravent encore. Nous avons remporté une bataille, mais, si nous ne souhaitons pas que cette victoire se transforme en victoire à la Pyrrhus, il faut encore agir. T’en sens-tu capable, ou préfères-tu rester la fillette que tu étais jadis en m’accablant de reproches et en te persuadant que tout ira mieux ainsi ? »