The Multiversity

[Akemi Mahoki]

Depuis ses 15 ans maintenant, Akemi savait une partie de la vérité sur son enfance, à savoir que Mélinda, la fille qui lui rendait visite une fois par semaine depuis sa naissance, n’était pas une simple “Grande sœur”, comme elle la considérait encore un peu d’ailleurs, mais une vampire centenaire. Une vampire, dont ses parents en était les esclaves, comme beaucoup d’autres d’ailleurs.

Toutefois, ce n’était pas un asservissement total sans aucune liberté non plus. Plutôt un échange mutuel. Mélinda les protégeait et s’était occupée autant de leurs études que de les aider à trouver un emplois, et à gravir les échelons. En retours, sa mère se prostituait lorsqu’elle partait en “vacances chez sa mère” pour son compte, et son père lui faisait un compte rendu des informations importantes qui pouvaient l’intéresser, obtenues directement au sein de son ministère, dans son lit plutôt qu’autour d’une table.

Ainsi, ses parents restaient des esclaves sexuels, mais avec une vie de famille en apparence normale, et un train de vie aisé. Car malgré tout, leur salaire restait pour leur compte. Normalement, Akemi aurait dû perdre sa virginité à l’anniversaire de ses 16 ans, avec Mélinda, puis coucher avec ses parents, avant de décider si elle souhaitait poursuivre la voie tracée ou trouver son propre chemin. En temps normale, la jeune fille aurait choisie le premier choix, même si elle avait encore du mal à voir la vampire autrement qu’une grande sœur.

Sauf que depuis ses 15 ans, Akemi faisait des rêves étranges. Des rêves d’un royaume visiblement trop invraisemblable pour être réel, gouvernés et habités par des Furry équins de tout milieux possibles, et dont certains pouvaient même faire de la magie. Elle y avait des amies, toujours les même, et parfois, ça se terminait par des scènes de cauchemars, où elle se réveillait en sueur après s’être pris un rayon dévastateur. Pragmatique comme elle l’était, elle se disait que ce n’était que des rêves. Après avoir appris l’existence des vampires et avoir lue quantité de livres à leur sujets, son imagination fertile était sans doute partie dans un gros délire…

Mais quelques mois plus tard était survenue un incident. Akemi avait provoquée la combustion spontanée de sa corbeille vide sans faire exprès. Ça ne pouvait être qu’elle, puisqu’elle s’était dit peu avant qu’il faisait si chaud, qu’elle n’aurait pas été étonnée que la corbeille prenne feu. Et depuis, des phénomènes magiques s’étaient manifestés sporadiquement autour d’elle, que la jeune fille avait plus ou moins réussie à contrôler avec de l’entraînement.

Pour l’heure, Akemi n’en avait parlée à personne. Ni Mélinda, ni même ses parents. Mais plus le temps passait, plus elle avait la sensation de devenir quelqu’un d’autre, ou de redevenir celle qu’elle était autrefois. La jeune fille ne savait même plus qui elle était véritablement. Était-elle seulement née humaine ? Ou avait-elle été adoptée ? D’où lui venaient véritablement ses pouvoirs ?

Le jour de ses 16 ans, Akemi ne s’était pas rendu chez Mélinda, ses parents avaient appelés pour la prévenir qu’elle était tombée malade. Deux semaines plus tard, Nanami l’appella de nouveau, la voix paniquée.

– Maitresse… Je ne sais plus quoi faire… Akemi ne sors plus de sa chambre, ne mange presque pas, ne parle plus et plus rien ne l’intéresse… Le médecin nous a dis qu’elle était dépressive, mais je ne vois rien qui aurait pu la mettre dans un pareil état…

En outre, Akemi était étendue sur son lit, le regard vide et éteint, d’énormes cernes sous les yeux. Ne plus savoir qui elle était vraiment et cogiter toute seule dans son coin sans en parler à personne l’avait en effet amenée à la dépression. Ou plutôt, le dilemme qui ce jouait dans sa tête. Devait-elle servir Mélinda et faire comme si de rien était, ou découvrir l’origine de ses souvenirs et ses pouvoirs ? Pouvait-elle seulement concilier les deux ? D’après sa mémoire, elle était une princesse dans sa vie passée… Mais pourquoi avait-elle conservée ses souvenir et sa magie dans sa nouvelle vie ?

Quand Mélinda entra dans sa chambre, Akemi n’eut aucune réaction, alors que d’habitude, elle lui faisait un câlin. Ça allait vraiment mal…

[Mélinda Warren]

L’agenda de Mélinda était plutôt bien chargé. Elle s’était rapprochée de Wismerhill, l’Empereur de Mijak, et elle s’était aussi et surtout rapprochée de la Déesse Aphrodite. Mélinda était désormais une prêtresse d’Aphrodite, ce qui l’occupait beaucoup. Enfin, elle était aussi mère de famille. Son lien avec Aphrodite avait permis d’améliorer la qualité de son sang suite à un rituel complexe et très sexuel où elle avait côtoyé de très près la Cavalerie de Lust, un regroupement de femmes-équines solidement membrées. Malgré tout ce planning très chargé, elle continuait encore à s’occuper de ses esclaves. Elle restait toujours proche de ce qui constituait sa grande famille, ce qui impliquait, non seulement les pensionnaires de son manoir, mais aussi ceux qui, comme la famille Mahoki, vivaient eu autonomie. Rien ne dissociait les Mahoki d’autres Japonais standards, si ce n’est qu’ils restaient liés à leur Maîtresse. Ils avaient eu une seule fille, Akemi, et Mélinda était là à sa naissance. Elle avait tenu ce beau bébé dans ses bras, et était sa marraine.

Mélinda avait appris il y a quelques mois de la part de Nanami qu’Akemi avait incendié une corbeille vide sans le vouloir. Des phénomènes magiques supplémentaires s’étaient ensuite produits. Mélinda n’était pas une magicienne, mais elle connaissait des magiciennes. Elle avait demandé à Samara, une Archimage mijakienne, et l’une de ses amies et amantes, d’examiner Akemi. Nanami et Akemi étaient venues au manoir il y a plusieurs semaines. Akemi avait appris de sa mère que sa marraine était une vampire, et elle avait vu pour la première fois une démone. Elle avait été estomaquée en voyant la queue caudale de Samara.

C’est dans ce contexte que Mélinda avait rejoint la maison des Mahoki. Quand elle entra, Nanami était sous le choc. Mélinda l’embrassa, et lui indiqua qu’elle allait s’en occuper. Nanami avait toujours pu compter sur sa Maîtresse. Mélinda rejoignit ensuite la chambre d’Akemi. C’était une chambre qu’elle connaissait. Akemi avait atteint l’âge où elle pouvait faire l’amour avec Mélinda. Si elle lui offrait sa virginité, c’était le signe qu’elle devenait son esclave. Le choix lui appartenait. Pour l’heure, aucune des enfants des esclaves de Mélinda n’avait choisi autre chose que de rester en compagnie de la vampire.

« Coucou, Akemi-chan. Ta mère m’a dit que tu n’allais pas bien… Et je constate que c’est le cas. »

Allongée sur le lit, Akemi fixait le plafond. Mélinda fronça les sourcils. Elle n’était pas habituée à ce qu’on l’ignore. Elle referma la porte derrière elle, et commença à explorer le bureau d’Akemi. Elle récupéra son journal intime, qu’elle ouvrit sans aucune gêne en s’installant devant Akemi, et en croisant les jambes sur son fauteuil. Tout en lisant, elle croquait dans une pomme qu’elle avait récupéré en bas.

« Hum… Il s’est passé des choses que tu n’as pas dit à ta mère, ma chérie. Tu es une petite cachottière, toi… »

Mélinda continua à lire, jusqu’à jeter le trognon de la pomme dans la poubelle.

« Samara m’a confirmé que tu n’étais pas une mutante. Le doute était permis. Est-ce que tu comptes m’en dire plus, ou est-ce que tu comptes fixer ce plafond ? Parce que, s’il y a quelque chose à regarder longuement et à vénérer dans cette chambre, c’est bien moi, et pas ton plafond. »