Malénia fit son entrée sur le plateau, sa présence imposante saturant l’espace d’une aura à la fois captivante et intimidante. Ses pas résonnaient avec une cadence martiale, vestige de son passé de Valkyrie. Son bras gauche n'était pas humain, un bras mécanique enveloppé d’une armure magnifique, dorée et finement ciselée, ornée de motifs végétaux qui semblaient danser comme des lianes vivantes, tandis que sa main gauche serrait une lame courbe, large et élégamment gravée, dont les runes semblaient frémir d’une ancienne magie. Son bras droit, humain, était marqué de cicatrices et de poussière, mais surtout de cicatrices en forme de motifs organiques pâles, des entrelacs qui imitaient les veines du marbre ou les nervures d’une feuille, serpentant sur sa chair comme une carte vivante de sa corruption. Ces cicatrices remplaçaient également ses yeux, disparus sous l’effet de la malédiction, laissant à leur place des cicatrices où les mêmes entrelacs pâles semblaient pulser doucement, donnant une impression de vie étrange et inquiétante. Sa robe, confectionnée dans une toile épaisse mais élégamment plissée, était ceinte à la taille par un corset de cuir noir, et recouverte d’un manteau rouge sang doublé de fourrure blanche, la cape flottant derrière elle comme une aile blessée. Les motifs, textures et couleurs de sa tenue évoquaient une époque révolue, avant les royaumes, où les femmes combattaient et régnaient d’une même main, mêlant puissance et majesté.
Elle s’arrêta au centre du plateau, ignorant les acclamations mêlées de murmures craintifs qui s’élevaient des gradins. D’un mouvement fluide, elle planta la pointe de son épée dans le sol avec sa main gauche, un geste qui fit trembler légèrement le décor. Puis, elle tourna son visage vers César Flickerman, ses cicatrices, à la place des yeux semblant pourtant le fixer avec une intensité surnaturelle, ses lèvres s’étirant en un sourire qui n’avait rien de chaleureux, mais tout d’une promesse de danger.
« César Flickerman, » commença-t-elle, sa voix grave et rauque, portant une colère contenue qui semblait prête à exploser à tout moment. « Je suis venue, comme tu l’as demandé. Mais ne te méprends pas : je ne suis pas ici pour divertir ton public ou flatter leurs curiosités futiles. Pose tes questions, mais choisis tes mots avec soin. Ma patience est… limitée. »
Elle croisa les bras, sa posture rigide mais empreinte d’une grâce féroce, l’épée courbe reposant contre son flanc. L’audience retint son souffle, captivée par cette présence qui semblait à la fois divine et damnée. Malénia ne fit aucun effort pour adoucir son apparence ou son ton ; elle était là, brute, authentique, une tempête à peine contenue.
« Tu veux parler du Lys, n’est-ce pas ? » reprit-elle sans attendre de réponse, son visage avec les cicatrices à la place des yeux se tournant légèrement vers l’animateur, comme si elle percevait son essence au-delà de la vision. « Ce lieu que tant de monde juge sans comprendre. Un sanctuaire pour celles qui, comme moi, ont été brisées par les mondes qui les ont rejetées. Un endroit où les femmes peuvent exister sans se plier aux attentes des autres, hommes ou dieux, peu importe. Oui, nous excluons les hommes. Et alors ? Les hommes ont leurs royaumes, leurs champs de bataille, leurs empires. Le Lys est le nôtre. Si cela offense certains, qu’ils viennent me le dire en face. Je serai ravie de leur montrer ce que la Colère peut faire. »
Un sourire carnassier dévoila brièvement ses canines acérées, et les motifs organiques sur son visage semblèrent frémir, comme animés par sa rage. Elle se redressa légèrement, son épée scintillant d’une lueur menaçante prête à trancher l’air à tout instant, comme si elle s’attendait à ce que quelqu’un dans le public ose relever son défi. Mais aucun ne bougea, l’atmosphère devenant presque irrespirable sous la tension qu’elle imposait.
« Le Lys n’est pas un simple bordel, » continua-t-elle, sa voix s’adoucissant légèrement, mais toujours empreinte d’une autorité inflexible. « C’est un refuge. Un lieu où la douleur, la rage, et oui, le désir, peuvent être canalisés. J’y ai trouvé un sens à ma chute, une façon de transformer ma corruption en quelque chose… d’utile. Les femmes qui viennent au Lys savent ce qu’elles cherchent : la liberté de se perdre dans leurs péchés sans être jugées. Et moi, je leur offre cela, à ma manière. »
Elle fit une pause, son visage se penchant légèrement, les cicatrices sur ses cavités oculaires pulsant doucement, comme si un souvenir douloureux traversait son esprit. Puis, elle se tourna à nouveau vers César, sa présence plus pesante encore. « Alors, l'animateur, » dit-elle, son ton redevenant glacial. « Quelle est ta prochaine question ? Et fais vite, je sens ma colère qui commence à gronder. »