The Multiversity

[Joan Constantine]

Joan arriva à Atarashï Yoake sous un ciel gris, son regard perçant observant la ville en ruines. Les traces de la bataille menées par les Olympiens étaient encore visibles partout : des bâtiments partiellement détruits, des rues écrasées sous les décombres, et des traces de magie ancienne qui imprégnaient l’air, un peu comme une brûlure résiduelle. Le chaos semblait avoir marqué la ville à vie, et malgré les efforts pour la reconstruire, la guerre laissait toujours ses cicatrices.

La ville, désormais sous état d’urgence, était divisée en districts. Des militaires patrouillaient à chaque coin de rue, des véhicules blindés se faufilaient entre les barricades, et des soldats japonais, impassibles, contrôlaient les allées et venues. Il y avait aussi les checkpoints où des agents armés fouillaient les passants et les véhicules. Joan se rendit vite compte que circuler librement ici n'allait pas être une mince affaire.

Ses yeux se plissèrent en observant les nombreux soldats qui semblaient veiller au moindre mouvement suspect. L’atmosphère était tendue, l’odeur de la peur flottait dans l’air, tout comme celle des réparations lentes et inachevées. Malgré son air calme, Joan savait que le contrôle militaire était implacable ici. L'armée avait dissocié la ville en plusieurs zones, chacune étant un petit monde à part, sous surveillance constante. C’était une ville partagée entre l’ombre du passé, le poids du présent et les mystères du futur.

Elle passa devant un checkpoint et, avec une aisance presque trop parfaite, un regard vide et un léger sourire en coin, utilisa ses talents d’hypnotiseur. Le soldat la fixa un instant, puis hocha la tête et l'autorisa à passer sans poser de questions. C'était presque trop facile. Pourtant, Joan savait que, si elle s'attardait trop longtemps dans un endroit, l’attention risquait de se porter sur elle. Elle devait avancer sans se faire remarquer.

Atarashï Yoake, bien qu'ayant l'apparence d'une ville ravagée, avait son propre charme. Le parfum de l’orient flottait toujours dans les rues, mêlé à celui de la destruction. Joan était consciente de la nature particulière de cette ville. Elle savait que c’était un lieu d’importance, une enclave multiverselle où de puissants artefacts avaient été laissés derrière. Héra et l’Éclat d’Aphrodite... Les traces laissées par les Olympiens étaient encore vivantes, et elle le ressentait profondément.

Elle traversa plusieurs quartiers sous surveillance, ses pas lents mais sûrs, ses pensées vagabondant. La ville n’était pas un lieu de passage. C'était un lieu d’intrigue, un terrain d'affrontement entre le monde des dieux et celui des hommes, et elle savait que sa quête passait par ici. Mais pour le moment, le plus important était de s’assurer qu’elle puisse se fondre dans la foule sans éveiller de soupçons.

Les meurtres à Atarashï Yoake étaient aussi étranges que glaçants. Depuis plusieurs semaines, la ville était secouée par une série de crimes violents, des meurtres sans explication apparente, laissant derrière eux une traînée d'horreur et de mystère. Des hommes étaient retrouvés dans des chambres d’hôtel, des ruelles sombres, voire en pleine rue, tous morts dans des circonstances aussi bizarres qu’inexplicables. La seule constante qui unissait ces victimes était un motif macabre : sur chaque corps, des symboles mystérieux, des glyphes incantatoires, étaient gravés à la peau. Des marques que Joan reconnaissait bien. Ces symboles étaient des incantations magiques, des traces laissées par une force démoniaque.

Joan, avec ses compétences et son passé, savait qu’il s’agissait là d’un travail démoniaque. Un genre de créature relâchée dans ce monde, probablement après l’Olympomachie, une créature qui utilisait la magie noire pour semer la terreur. Elle en avait vu assez pour savoir qu’il ne s’agissait pas de simples meurtres humains. La magie était derrière tout cela, et elle devait trouver la source de cette menace avant que le nombre de victimes ne grimpe davantage.

Heureusement, Joan avait un atout dans son jeu. Pendant son séjour à Atarashï Yoake, elle s’était retrouvée dans les bras d’un yōkai, un démon des forêts japonais aux pouvoirs anciens. Leur relation avait été à la fois sauvage et intime, marquée par des secrets et des plaisirs indicibles. En guise de récompense pour sa complicité, le yōkai lui avait donné un objet magique : un pendentif orné d'une pierre noire en forme de larmes, capable de détecter les traces magiques laissées par des êtres surnaturels. Une fois activé, l’objet brillait faiblement, réagissant aux résidus d’énergie magique présents dans l’environnement. Ce cadeau s’avéra être un moyen puissant pour retrouver le tueur et les traces de sa présence.

C’est avec ce pendentif en main qu’elle s’élança dans la ville, suivant les empreintes magiques laissées par le tueur. Elle le sentit tout de suite, une onde de magie noire qui traversait l’air, presque palpable. Ces traces la menèrent à un immeuble d'appartement délabré. Un établissement bas de gamme situé dans une ruelle déserte. Les néons clignotants au-dessus de la porte témoignait d'un ancien love hotel, projetant des ombres étranges sur les murs environnants. C’était le genre d'endroit où les anonymes se retrouvaient avant pour des rencontres furtives.

Joan s'alluma une cigarette en regardant l'enseigne du bâtiment. Elle eut un léger étonnement en regardant une jeune lycéenne, semblant chercher ou regarder quelque chose. C'était étrange, elle l'avait déjà vu, marcher vers ici, comme si elle aussi parvenait à suivre une empreinte magique.

Joan la suivait de loin, et se glissa à l’intérieur du bâtiment, ses pas discrets, guidée par l’objet magique qui vibrait de plus en plus à chaque pas. La porte d'entrée n'était pas fermé à clé. La réception témoignait par sa déconvenu que l'endroit était a l'abandon, pourtant, on pouvait y voir des allées et venues. La jeune fille semblait aller dans la direction qu'indiquait son pendentif. Etait ce une sorcière ou une magicienne, cette lycéenne ? Joan continua à la suivre. La japonaise arriva dans un couloir, et le pendentif indiquait clairement qu'une force avait laissé une trace dans une chambre plus loin. Quand Joan s'approcha, elle ressenti...du désir sexuel. Ce n'était pas une aura classique.

"Une succube..." Oui. Ces meurtres étaient bien réalisés par ce genre d'être surnaturel. Toujours avec sa cigarette, l'Anglaise interpella la jeune fille plus loin. "Je te déconseille d'aller plus loin, 'luv. Je ne sais pas comment tu as fais pour suivre cette piste, mais il te serait dangereux d'aller plus loin toute seule. Hum...on dirait que notre tueuse n'est plus là, je ne ressens pas sa présence. Mais s'aventurer dans la chambre d'une Succube peut être très dangereux."

Main dans les poches de son trench coat, elle se rapprocha de la japonaise, la regardant avec intérêt. Elle ne semblait pas avoir une aura particulière.

"Maintenant, j'aimerais que tu m'explique comment une lycéenne comme toi à fait pour suivre la piste d'une succube..."