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Frictions temporelles [PV Marishka Auschwitz]

Posté : 09 juil. 2025 17:37
par Rini Koken
Cette nuit-là, tout ne s'était pas passé comme prévu. Le Skull Raider était tombé sur plus malin que lui. Quelqu'un dont il aurait dû se méfier pendant et après la course poursuite qui avait eu lieu à travers les ruelles sombres d'Atarashï Yoake. Si le moteur de la moto que la justicière déguisée chevauchait avait été suffisamment puissant pour lui permettre de coincer le suspect jusque dans une impasse, la combattante de la nuit n'avait pas su anticiper le piège du destin. Rini avait beau être habituée à affronter des adversaires armés, elle n'avait jamais eu affaire à un opposant capable d'influer sur la réalité et le temps. Non : elle n'avait jamais cavalé après un satané voleur équipé d'un armement aussi singulier. Ainsi, en cherchant à désarmer ce troublant personnage, le Skull Raider avait commis une regrettable bêtise. Le choc sur le canon de l'engin complexe eut pour effet indésirable d'en activer le mécanisme détraqué. Son détenteur ne put absolument rien y faire. L'outil s'était emballé entre ses doigts gourds, chauffant si fort qu'il s'était mis à produire des arcs électriques aussi hauts qu'un homme... pour ensuite générer entre eux une faille dans l'espace et le temps si profonde qu'elle avait fini par les avaler !

Le voyage ayant été mal calibré, la métahumaine fut recrachée dans le vide. Soit à quelques bons mètres de la croûte terrestre. A travers la visière de son casque, elle se vit tomber. Descendre à toute vitesse ! La gravité la rappelait à l'ordre. Une force contre laquelle une simple terrienne ne peut pas lutter...
Il est encore bien trop tôt pour jeter l'éponge !
Rini avait les moyens de ses ambitions. Grâce à son aura de combat, elle s'estimait en mesure de ralentir sa chute vertigineuse. Elle avait appris à maîtriser cette énergie depuis sa plus tendre enfance. Le froid et le chaud, condensés aussi bien dans ses poings que dans ses pieds. Une force qui lui permettrait d'agir à contre-courant. Elle chercha d'abord à se stabiliser, bras et jambes écartés dans le vent cinglant.
Flambe !
Mais à sa grande surprise, rien ne se produisit.
Elle continuait à tomber...
Stupéfait, le Skull Raider tourna la tête vers ses membres inutiles.

- ...Vous allez flamber, oui ?!

Il battit des bras.
Aucune volute d'énergie ne jaillit de la paume de ses mains. Pas un seul filin de cette force volatile ne se dégagea de son enveloppe costumée.
Un frisson glacé lui traversa la colonne. La peur commençait tout juste à lui ronger les entrailles.
Je vais clamser comme ça ? Sérieusement ?
Rini jura dans son casque.
En dessous, la terre était sèche. Sèche mais surtout très sableuse. Autour de la zone, il y avait de grands bâtiments. Des immeubles en ruine marqués par la rouille, leurs vitres brisées depuis des éons...
Quel est cet endroit dévasté ?
Il y faisait grand jour !
Bizarrement, elle eut le temps de s'interroger à ce sujet.
Quand à savoir si elle en trouverait un jour la réponse...

- Et merde.

Elle s'écrasa lourdement dans le sable. Un sable chaud et mou qui, par chance, donnait directement sur un souterrain. Le Skull Raider traversa cette couche aussi creuse que trompeuse. En chemin, il se cogna le ventre contre une grosse canalisation - suffisamment fort pour en avoir le souffle coupé. Rini n'eut guère de répit, car le métal froid céda sous son poids. La justicière bascula à nouveau dans le vide. Moins haut et moins vite, cela dit. Plus bas dans les ténèbres, le sol était toujours aussi mou et poussiéreux...
Il suffit tout de même à lui faire perdre connaissance.

Dans son sommeil forcé, Rini entendit des voix. Elle n'avait pas encore ouvert les yeux. Tout son corps lui faisait mal. Elle tentait de s'en remettre, mais ses paupières lui semblaient aussi lourdes que du plomb...
Des gens échangeaient autour de sa "dépouille fracassée".

- Qu'est-c'qu'c'est qu'c'bordel ?

- On dirait qu'y a un truc qu'est tombé du ciel...

- Toi, t'es vraiment un putain d'génie !

- Eh beh ! Ça a littéralement crevé le plafond, dites donc !

- Ça a fait un de ces raffuts...

Ils étaient nombreux. Et pas super bien éduqués, selon toute vraisemblance...
Quelqu'un toussa. Probablement à cause de la poussière soulevée par son crash. Ou celle de la cigarette, présente mais plus discrète ?
En tout cas, ce n'était pas Rini ; elle avait trop mal aux côtes pour s'y risquer.
Bon sang ! J'ai l'impression d'avoir été mise en charpie...
Le simple fait de respirer lui était pénible. Et ce n'était pas seulement à cause de son casque, qui était resté en place.

- Visez un peu l'morceau ! C'est quoi c't'accoutrement ?

Elle sentit quelque chose la bousculer. Un pied ? Un bâton ?
Elle n'en savait trop rien...

- Il appartient à quel clan ?

- J'en sais que dalle ! J'reconnais pas sa tenue...

- On ferait p't'être bien de lui retirer son casque, non ?

L'un d'entre-eux produisit un glaviot bien gras.

- Ah ouais ? T'es un gros malin, toi ! Et tu feras quoi, mon gars, si c'est le casque de ce bonhomme qui maintient les morceaux de son crâne en place, hein ?

- Il rassemblera les morceaux, ricana son voisin.

- Pas question que je m'en foute plein les pattes ! 'Y a pas d'eau dans le coin, pour nettoyer...

Rini avait autant envie de vomir que de bouger.
Mais à cet instant, les deux options lui semblaient plus qu'improbables.
Les quelques truands en image :
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Re: Frictions temporelles [PV Marishka Auschwitz]

Posté : 15 juil. 2025 13:03
par Marishka Auschwitz
Corbeau immobile. Ombre parmi les ombres. Depuis les hauteurs, Marischka observait de son air inatteignable.

Parce qu’il était, EVIDEMMENT, hors de question de descendre de son perchoir pour aller observer cette chose tombée depuis là-haut de plus près. Au mieux, elle irait quand les bouseux se serait désintéressée de la chose. Alors, tel un charognard, prudente, elle pourrait faire les poches de ce cadavre. Si les bouseux n’avaient pas déjà tout pris.

*Mais ces abrutis semblent parler de ramener cette chose. Je ne vois pas quel genre de récompenses ils s’attendent à recevoir… *

Et donc, comme annoncé, Marischka resta là-haut parfaitement immobile.

Mais cela ne dura pas. La canalisation qui avait servi de rebond pour la chose étalée au sol avait été terriblement secouée. Tant que le bouchon de merde qui se trouvait coincé au bout s’effrita et permit à l’eau boueuse coincée derrière de pouvoir passer. Et tel un évadé de prison, la lenteur n’était pas de mise. Ca rua dans les brancards !

« Merde ! »

Trop tard. Le jet percuta Marischka qui à son tour dut contrôler sa chute. Heureusement pour elle, elle n’était pas ne bouseuse comme les rats du dessous qui, faute de mieux, se servirent de leur bras pour se protéger de la « pluie ». Marischka avait à son service les pouvoirs du Vert et du Gris. Ce qui revint à libérer des lianes au niveau de ses poignets et de s’en servir comme des simili-lasso pour s’agripper ici et là et freiner sa chute.

« Fait chier… Cette chose fait chier. Et vous aussi vous allez faire chier. Chier… »

Voilà qu’elle se retrouvait au milieu du danger. Elle qui s’était juré de prendre le temps qu’il faudrait et ne rien risquer. Surtout qu’il n’y avait rien à gagner. Elle avait tout à perdre. Débauche d’énergie qui devrait la remettre, ENCORE, en chasse pour des denrées et de l’eau. Et même si elle avait l’égo pour savoir que les bouseux étaient faibles, elle savait qu’il y en avait toujours un qui faisait une connerie surprenante pour parvenir à la blesser. Elle ressortait d’une dernière grosse blessure. Il était intolérable pour elle de devoir se calfeutrer à nouveau en attendant d’être d’attaque.

Alors cette fois-ci, elle fit appel au Vert combiné au Gris. Ses lianes vertes semblaient onduler dans l’air comme des serpents prêts à attaquer. Ils devinrent encore plus dangereux quand l’extrémité se vit recouvrir de métal liquide aiguisé.

Ce fut brutal. Ce fut violent. Il n’y avait aucun esthétisme. Tous les coups bas étaient autorisés. Ça allait plus loin : Marischka n’hésitait jamais et semblait se focaliser uniquement sur ses points. Coup de grosse boots dans leurs couilles. Doigts qui énucléaient. Tout y passait. Sans compter les lianes qui tranchaient. Un pouvoir toujours en lien avec elle. Si l’un des bouseux s’approchait, il fallait alors qu’il passe cette muraille pseudo-vivante verte et grise qui ondulait autour d’elle. L’hésitation lui permettait alors de contre-attaquer et d’ajouter un mort à sa pile.

Puis le silence.

Elle était la dernière debout. L’éternelle survivante. Quelques estafilades ici et là. Un méchant bleu sur l’épaule qui lui ferait un mal de chien quand son corps serait froid. Mais elle avait survécu.

Ne craignant plus rien, elle alla piquer la cigarette à moitié consumée et tira dessus longuement.

« Putain que ça fait du bien ! Ça m’avait manqué. J’espère que cet enculé en a d’autres. Mais avant… »

La chose tombée du ciel.

« Qui t’envoie ? Quelles emmerdes vont te suivre et foutre le bordel dans les environs dans pas longtemps ? Réponds bien et je te promets une mort rapide et sans douleur. Autrement, bon, je te fais pas un dessin. »

De toute façon, deux lianes verts aux bouts aiguisés la menaçaient. Une au niveau de la tempe et l’autre au niveau du cou.

Re: Frictions temporelles [PV Marishka Auschwitz]

Posté : 19 juil. 2025 23:04
par Rini Koken
Quelqu'un était intervenu. Quelqu'un de seul, étrangement. Mais surtout : quelqu'un de dangereux qui préférait se déchaîner plutôt que de parler à de futurs cadavres !
Clouée dans son monticule de sable et de ferraille, Rini assista à toute la scène, son regard abasourdi masqué par sa visière teintée. Cette fille à la peau blafarde utilisait des lianes pour gérer ses assaillants. Elle les manipulait avec autant de souplesse que d'adresse, les expédiant sur ses adversaires pour finalement en faire du hachis parmentier. Car ses appendices ligneux étaient dotés de lames à leurs extrémités. Un métal froid et argenté.
Il n'y avait pas que ça...
Elle se bat comme une loubarde.
D'une façon ignoble, donc. Avec entre autres des doigts dans les yeux en allant jusqu'à faire jaillir l'œil de son orbite et d'irréparables coups de latte dans les parties.
Une femme visiblement dépourvue de scrupule.
Super. Je ne pouvais pas rêver meilleure sauveuse.
Ce n'était pas ce qu'on appelle avoir de la chance dans son malheur...
Une fois ses adversaires allongés à jamais, la redoutable inconnue redirigea naturellement ses espèces de tentacules vers ses points vitaux, à côté et sous son casque.
Que suis-je en mesure de lui offrir ?
Agir lui était impossible. Certainement pas dans cette position désavantageuse, sans l'usage de ses capacités mutagènes. Le danger était double et bien trop proche. L'ignorer aurait été suicidaire.
Ma moto est restée de l'autre côté de cette faille bizarroïde. Ma combinaison, si jamais ce rien l'intéresse, elle n'aura qu'à l'arracher à ma dépouille après m'avoir tranché la gorge.
C'était embêtant.
Très embêtant.
Réfléchissons avant de crever bêtement. Elle a demandé qui m'envoie, et quels sont les ennuis auxquels elle est en droit de s'attendre...
Pour se donner du courage et de la force, Rini prit une grande inspiration et-

- Putain, mais quel désordre !

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La voix appartenait à un nouveau challenger sorti des ombres des souterrains. Il était masqué - avec un curieux mélange de masque de hockey et de tête de mort - et portait une hache à tranchant unique. Fait intéressant : son bras droit avait fusionné avec une espèce de grosse colonne vertébrale dont le bout, très pointu et ensanglanté, ressemblait à un énorme coutelas.

- Ça sent bon l'sang d'femme, frangin ! De quoi s'faire des réserves, trépigna son grand compagnon avec une voix de simplet.

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Lui, c'était de loin le pire ! De un parce qu'il était moche au point d'avoir la tronche et la forme d'un crapaud, de deux parce qu'il était physiquement renforcé par des attributs métalliques. Son bras droit mutilé, pour commencer, était une masse de fer garnie de pointes tordues. Ses épaulières épousaient le même design atroce. Et il en allait de même pour cette parodie de plastron en acier rouillé incrusté dans sa poitrine et relié à son cou par des tuyaux qui l'obligeaient à rester le menton fièrement levé.

- J'sais pas ce qu'elle mijote avec c'te loque de motard, mais on va se la faire sans hésiter, décida Bras d'os.

- On va la déglinguer, ouiIiIiiii ! s'écria l'imbécile heureux.

Ce fut lui qui chargea le premier. Et contrairement aux apparences, il en avait dans les jambes, le bougre ! D'une impulsion, il se retrouva carrément sur la blafarde, son point métallique armé pour frapper. Derrière lui, Lame d'os se tenait prêt à agir. Lui agissait de façon bien plus sournoise. Il comptait la contourner et l'attaquer dans le dos au moment d'une esquive ou d'une parade, histoire de la traverser de part en part bien comme il faut ! Parce que contrairement à son boucher de frère, il était un type très soigné dans le meurtre.

Il ignorait néanmoins que c'est à cet instant précis que la "loque de motard" s'animerait. Pour entraver son offensive en traître, et ramener un peu d'équilibre dans cette confrontation de grands malades mentaux.

Re: Frictions temporelles [PV Marishka Auschwitz]

Posté : 24 juil. 2025 20:12
par Marishka Auschwitz
Sale conne, s’insulta Marischka toute seule à demie voix. Espèce d’abrutie, rajouta-t-elle. Il y avait toujours des enfoirés de charognards pour observer une masse se sacrifier pour venir achever une proie fatiguée. Mais ils se lourdaient énormément les deux enfoirés. Ouais, ils avaient l’air costaud. Ils sentaient costauds. Elle les ressentait costaud. Mais ils se trompaient. Elle avait encore du jus à revendre. Elle n’était pas une cible à terminer. S’ils avaient fait cette erreur, et elle l’espérait ! Parce que s’ils avaient commis cette erreur à la con de premier débutant qui allait crever, ouais : ils allaient crever.

Le gros Crapaud-de-Fer attaquait le premier. Comme un gros con. En ligne droite. Au plus direct. Au plus vite. Au plus bourrin. Quel enfoiré de crétin pensa-t-elle encore. Sauf que… son instinct l’avertit. Son expérience de survivante la prévint. Ce n’était pas normal. Les deux-là n’étaient pas du pécore de base. Ils avaient de l’expérience. Leur corps exhibait cette puissance gagnée aux vies qu’ils avaient pris. Elle tourna légèrement la tête, pour voir dans sa vision périphérique la manœuvre d’enfoiré d’opportuniste de salopard la prendre par derrière ! Elle grognait déjà et en même temps découvrait que l’autre tombé du ciel en cuir noir la… couvrait ?! Incompréhensible ! Mais elle devait déjà se reconcentrer sur Crapaud-de-Fer et anéantir sa charge de taureau.

Marischka s’abaissa sur son centre de gravité. Elle leva les bras pour amortir le coup de poing de fer-de-hérisson du Crapaud-de-Fer. (ce qui commençait à faire beaucoup de bestioles pour un seul humain tout ça !). L’amas de lianes de Vert autour de ses avant-bras renforcés par des couches métalliques permis de « seulement » ressentir l’impact. Zéro blessures. Tout du moins, aucun saignement. Marischka savait qu’on pouvait se prendre des dégâts internes… Elle détestait ce genre de guerrier !

« Toi, gros lard, tu vas morfler ! »

Les lianes de Vert changèrent rapidement de forme. Elles se déployèrent et vinrent se resserrer autour du bras de métal de Crapaud-de-Fer. Mais l’adversaire était soit trop con soit trop réactif soit trop bourrin. Peu importait, il eut un mouvement violent de recul avec son bras et toutes les lianes de Vert durent casser ou se rétracter.

« Enfoiré de fumier… Laisse-toi crever, merde ! »

Crapaud-de-Fer : « Une fois que j’t’aurais déglinguer les bras et les jambes, qu’tu pourras p’us bouger, j’vais t’faire taire ta sale grande gueule. »

Son pied ramassa Marischka directement dans ses abdominaux et l’envoya voler quelques mètres plus loin. C’est que ce con de buffle était puissant. Heureusement pour elle, il avait attaqué avec sa jambe droite. Et non la gauche qui était hérissée de pics dans les pneus. Donc c’était définitivement un droitier. Même en prenant des coups, Marischka apprenait. Ce n’était pas une sorte de stratège. Mais il ne fallait pas la sous-estimer. Elle avait le regard pour analyser un environnement. Ses entrées et sorties. Ses cachettes. Ses éléments qui pouvaient être utilisés et retournés pour tuer, ralentir ou blesser. Présentement, il y avait trois inconnus en mouvement. C’était énergivore.

« Viens par là, enfoiré ! Allez, bouge, gros tas ! »

Quelques mouvements plus tard, les lianes de Vert de Marischka étaient parvenus à s’enrouler autour du bras renforcé de Crapaud-de-Fer. Il y avait alors une situation de sorte de bras de fer. Les deux étaient immobiles. Mais les deux luttaient. Actuellement, Marischka essayait de déployer son pouvoir du Gris. Elle voulait absorber le métal de l’autre enfoiré. Le faire sien. Le mettre tout nu. Le déséquiper. Et alors elle pourrait lui foutre la branlée qu’il méritait. Mais tout ça prenait trop de temps à son avis !!

Re: Frictions temporelles [PV Marishka Auschwitz]

Posté : 04 août 2025 19:47
par Rini Koken
La lame d'os crissa contre ses protections brachiales. Rini grimaça derrière sa visière. Cette saloperie lui avait mordu le cuir, faisant couler un peu de son sang au moment de se retirer. Trop surpris par son intervention pour surenchérir, le tueur la repoussa d'un coup de pied. La main gauche serrée sur le manche de sa hachette, il la regarda se rétablir après deux pas chancelants.

- Alors comme ça tu pouvais encore remuer, toi... Tu parles d'une putain de comédie !

Comme pour mieux souligner ses propos, le Skull Raider s'était remis en garde.

- Bande de dégénérés... vous attaquez tous pour tuer.

L'homme au masque de hockey eut un rire mauvais.

- Ha ! Evidemment. On est pas là pour cueillir des fleurs.

Entre-temps, celle que Rini avait protégé par réflexe s'était presque envolée dans le décor. L'autre grand malade à gueule de crapaud l'ayant envoyé paître d'un violent coup de latte. Il ne fallut pas longtemps à cette dernière pour traiter son adversaire de tous les noms d'oiseaux. Insultes accompagnées d'une de ses attaques à base de liens métalliques ! Dans un bras de fer qui n'en portait pas que le nom, la tronche de crapaud hérissé de pointes lui opposa son membre métallique. Il eut alors la surprise de découvrir que le matériau qui le composait se faisait absorber par le singulier pouvoir de la blafarde.

- Hé ?! Ho ! Attends ! Qu'est-c'qu'c'est qu'cette connerie ?! couina-t-il.

Comme un grand benêt, il paniqua.

- Tss ! Pas moyen de découper l'autre tranquilou... soupira son frangin.

Son masque se recentra sur le Skull Raider. En un geste, il lui balança sa hachette à la manière d'un tomahawk ! De justesse, Rini se dévia de côté, évitant le dangereux projectile qui se perdit dans l'obscurité. Quand sa visière se tourna sur son assaillant, celui-ci avait déjà bondi du côté des deux autres. Son bras en lame s'abattit sur les liens parasites, les tranchant net malgré leur solidité.
Un acte "héroïque" qui n'avait pas empêché la moitié de la prothèse du gros tas de finir assimilée par le Gris de la blafarde.
Aucun doute : cette fille est une métahumaine.
Son observation lui avait coûté un temps précieux.

- Elle m'a piqué mon jouet, frangin ! Elle me l'a piquéééééééé ! geignit le "malin".

- Ferme un peu ta grande gueule, tu veux ?

Il ne l'avait pas sauvé par hasard ; masque de hockey décrocha les deux crânes qu'il y avait d'attachés à la ceinture du gros. Des explosifs déguisés, qu'il dégoupilla d'un mouvement de pouce avant de les lancer sur leurs adversaires. Il avait d'abord pris Rini pour cible. Ce qui n'était pas bien malin de sa part...
Retour à l'envoyeur.
D'une reprise de volée, le Skull Raider donna vie à sa pensée. Tandis que la deuxième grenade en crâne flottait toujours en direction de la blafarde, sa prédécesseur fit le chemin inverse.
En voulant s'en protéger avec son moignon, face de crapaud le perdit dans l'explosion ! Avec, en prime, une partie non négligeable de son épaule qui pissait le sang.

- AAAAAAAARGH ! Z'ai mal !! Z'ai maaaaaal !!!

- Oh, putain ! Je l'ai échappé belle, souffla le "frangin".

Qui, a titre d'information, s'était précipitamment replié dans le dos du grand brûlé.
Un bouclier efficace ! Même si pour le coup, il gesticulait beaucoup et supportait très mal la douleur...
Masque de hockey avait presque l'impression d'avoir fait une belle connerie. Impression qui s'affirma dangereusement lorsqu'il vit une ombre lui plonger dessus.

- 'Fait chier !

Il leva sa lame d'os un peu en retard. Non, trop en retard. Une botte du Skull Raider s'écrasa lourdement dessus, à même son plat. Masque de hockey bascula sur les genoux. Il ne put soulever son bras armé, que son assaillant maintenait contre le sol. D'un gant renforcé, Rini le frappa au visage. Sa tête partit de côté. Une gauche. Elle partit de l'autre. Sa protection faciale se brisa de moitié, révélant un visage vérolé. Indifférent à ce faciès hideux, le Skull Raider termina son enchaînement par un coup de genou.
La tête du tueur dégagea en arrière.
Rini s'apprêtait à lui porter le coup de grâce quand l'abominable crapaud flambé, dans son agitation frénétique, la bouscula d'un coup de coude dans le dos.

- Urgh !

Rattrapée par le douleur de sa dernière chute, elle tomba, presque court-circuitée, dans les bras de Lame d'os.
Heureusement que ce dernier était encore abruti par son passage à tabac, sans quoi...