Page 1 sur 1

Frictions temporelles [PV Marishka Auschwitz]

Posté : 09 juil. 2025 17:37
par Rini Koken
Cette nuit-là, tout ne s'était pas passé comme prévu. Le Skull Raider était tombé sur plus malin que lui. Quelqu'un dont il aurait dû se méfier pendant et après la course poursuite qui avait eu lieu à travers les ruelles sombres d'Atarashï Yoake. Si le moteur de la moto que la justicière déguisée chevauchait avait été suffisamment puissant pour lui permettre de coincer le suspect jusque dans une impasse, la combattante de la nuit n'avait pas su anticiper le piège du destin. Rini avait beau être habituée à affronter des adversaires armés, elle n'avait jamais eu affaire à un opposant capable d'influer sur la réalité et le temps. Non : elle n'avait jamais cavalé après un satané voleur équipé d'un armement aussi singulier. Ainsi, en cherchant à désarmer ce troublant personnage, le Skull Raider avait commis une regrettable bêtise. Le choc sur le canon de l'engin complexe eut pour effet indésirable d'en activer le mécanisme détraqué. Son détenteur ne put absolument rien y faire. L'outil s'était emballé entre ses doigts gourds, chauffant si fort qu'il s'était mis à produire des arcs électriques aussi hauts qu'un homme... pour ensuite générer entre eux une faille dans l'espace et le temps si profonde qu'elle avait fini par les avaler !

Le voyage ayant été mal calibré, la métahumaine fut recrachée dans le vide. Soit à quelques bons mètres de la croûte terrestre. A travers la visière de son casque, elle se vit tomber. Descendre à toute vitesse ! La gravité la rappelait à l'ordre. Une force contre laquelle une simple terrienne ne peut pas lutter...
Il est encore bien trop tôt pour jeter l'éponge !
Rini avait les moyens de ses ambitions. Grâce à son aura de combat, elle s'estimait en mesure de ralentir sa chute vertigineuse. Elle avait appris à maîtriser cette énergie depuis sa plus tendre enfance. Le froid et le chaud, condensés aussi bien dans ses poings que dans ses pieds. Une force qui lui permettrait d'agir à contre-courant. Elle chercha d'abord à se stabiliser, bras et jambes écartés dans le vent cinglant.
Flambe !
Mais à sa grande surprise, rien ne se produisit.
Elle continuait à tomber...
Stupéfait, le Skull Raider tourna la tête vers ses membres inutiles.

- ...Vous allez flamber, oui ?!

Il battit des bras.
Aucune volute d'énergie ne jaillit de la paume de ses mains. Pas un seul filin de cette force volatile ne se dégagea de son enveloppe costumée.
Un frisson glacé lui traversa la colonne. La peur commençait tout juste à lui ronger les entrailles.
Je vais clamser comme ça ? Sérieusement ?
Rini jura dans son casque.
En dessous, la terre était sèche. Sèche mais surtout très sableuse. Autour de la zone, il y avait de grands bâtiments. Des immeubles en ruine marqués par la rouille, leurs vitres brisées depuis des éons...
Quel est cet endroit dévasté ?
Il y faisait grand jour !
Bizarrement, elle eut le temps de s'interroger à ce sujet.
Quand à savoir si elle en trouverait un jour la réponse...

- Et merde.

Elle s'écrasa lourdement dans le sable. Un sable chaud et mou qui, par chance, donnait directement sur un souterrain. Le Skull Raider traversa cette couche aussi creuse que trompeuse. En chemin, il se cogna le ventre contre une grosse canalisation - suffisamment fort pour en avoir le souffle coupé. Rini n'eut guère de répit, car le métal froid céda sous son poids. La justicière bascula à nouveau dans le vide. Moins haut et moins vite, cela dit. Plus bas dans les ténèbres, le sol était toujours aussi mou et poussiéreux...
Il suffit tout de même à lui faire perdre connaissance.

Dans son sommeil forcé, Rini entendit des voix. Elle n'avait pas encore ouvert les yeux. Tout son corps lui faisait mal. Elle tentait de s'en remettre, mais ses paupières lui semblaient aussi lourdes que du plomb...
Des gens échangeaient autour de sa "dépouille fracassée".

- Qu'est-c'qu'c'est qu'c'bordel ?

- On dirait qu'y a un truc qu'est tombé du ciel...

- Toi, t'es vraiment un putain d'génie !

- Eh beh ! Ça a littéralement crevé le plafond, dites donc !

- Ça a fait un de ces raffuts...

Ils étaient nombreux. Et pas super bien éduqués, selon toute vraisemblance...
Quelqu'un toussa. Probablement à cause de la poussière soulevée par son crash. Ou celle de la cigarette, présente mais plus discrète ?
En tout cas, ce n'était pas Rini ; elle avait trop mal aux côtes pour s'y risquer.
Bon sang ! J'ai l'impression d'avoir été mise en charpie...
Le simple fait de respirer lui était pénible. Et ce n'était pas seulement à cause de son casque, qui était resté en place.

- Visez un peu l'morceau ! C'est quoi c't'accoutrement ?

Elle sentit quelque chose la bousculer. Un pied ? Un bâton ?
Elle n'en savait trop rien...

- Il appartient à quel clan ?

- J'en sais que dalle ! J'reconnais pas sa tenue...

- On ferait p't'être bien de lui retirer son casque, non ?

L'un d'entre-eux produisit un glaviot bien gras.

- Ah ouais ? T'es un gros malin, toi ! Et tu feras quoi, mon gars, si c'est le casque de ce bonhomme qui maintient les morceaux de son crâne en place, hein ?

- Il rassemblera les morceaux, ricana son voisin.

- Pas question que je m'en foute plein les pattes ! 'Y a pas d'eau dans le coin, pour nettoyer...

Rini avait autant envie de vomir que de bouger.
Mais à cet instant, les deux options lui semblaient plus qu'improbables.
Les quelques truands en image :
Image
Image
Image
Image
Image

Re: Frictions temporelles [PV Marishka Auschwitz]

Posté : 15 juil. 2025 13:03
par Marishka Auschwitz
Corbeau immobile. Ombre parmi les ombres. Depuis les hauteurs, Marischka observait de son air inatteignable.

Parce qu’il était, EVIDEMMENT, hors de question de descendre de son perchoir pour aller observer cette chose tombée depuis là-haut de plus près. Au mieux, elle irait quand les bouseux se serait désintéressée de la chose. Alors, tel un charognard, prudente, elle pourrait faire les poches de ce cadavre. Si les bouseux n’avaient pas déjà tout pris.

*Mais ces abrutis semblent parler de ramener cette chose. Je ne vois pas quel genre de récompenses ils s’attendent à recevoir… *

Et donc, comme annoncé, Marischka resta là-haut parfaitement immobile.

Mais cela ne dura pas. La canalisation qui avait servi de rebond pour la chose étalée au sol avait été terriblement secouée. Tant que le bouchon de merde qui se trouvait coincé au bout s’effrita et permit à l’eau boueuse coincée derrière de pouvoir passer. Et tel un évadé de prison, la lenteur n’était pas de mise. Ca rua dans les brancards !

« Merde ! »

Trop tard. Le jet percuta Marischka qui à son tour dut contrôler sa chute. Heureusement pour elle, elle n’était pas ne bouseuse comme les rats du dessous qui, faute de mieux, se servirent de leur bras pour se protéger de la « pluie ». Marischka avait à son service les pouvoirs du Vert et du Gris. Ce qui revint à libérer des lianes au niveau de ses poignets et de s’en servir comme des simili-lasso pour s’agripper ici et là et freiner sa chute.

« Fait chier… Cette chose fait chier. Et vous aussi vous allez faire chier. Chier… »

Voilà qu’elle se retrouvait au milieu du danger. Elle qui s’était juré de prendre le temps qu’il faudrait et ne rien risquer. Surtout qu’il n’y avait rien à gagner. Elle avait tout à perdre. Débauche d’énergie qui devrait la remettre, ENCORE, en chasse pour des denrées et de l’eau. Et même si elle avait l’égo pour savoir que les bouseux étaient faibles, elle savait qu’il y en avait toujours un qui faisait une connerie surprenante pour parvenir à la blesser. Elle ressortait d’une dernière grosse blessure. Il était intolérable pour elle de devoir se calfeutrer à nouveau en attendant d’être d’attaque.

Alors cette fois-ci, elle fit appel au Vert combiné au Gris. Ses lianes vertes semblaient onduler dans l’air comme des serpents prêts à attaquer. Ils devinrent encore plus dangereux quand l’extrémité se vit recouvrir de métal liquide aiguisé.

Ce fut brutal. Ce fut violent. Il n’y avait aucun esthétisme. Tous les coups bas étaient autorisés. Ça allait plus loin : Marischka n’hésitait jamais et semblait se focaliser uniquement sur ses points. Coup de grosse boots dans leurs couilles. Doigts qui énucléaient. Tout y passait. Sans compter les lianes qui tranchaient. Un pouvoir toujours en lien avec elle. Si l’un des bouseux s’approchait, il fallait alors qu’il passe cette muraille pseudo-vivante verte et grise qui ondulait autour d’elle. L’hésitation lui permettait alors de contre-attaquer et d’ajouter un mort à sa pile.

Puis le silence.

Elle était la dernière debout. L’éternelle survivante. Quelques estafilades ici et là. Un méchant bleu sur l’épaule qui lui ferait un mal de chien quand son corps serait froid. Mais elle avait survécu.

Ne craignant plus rien, elle alla piquer la cigarette à moitié consumée et tira dessus longuement.

« Putain que ça fait du bien ! Ça m’avait manqué. J’espère que cet enculé en a d’autres. Mais avant… »

La chose tombée du ciel.

« Qui t’envoie ? Quelles emmerdes vont te suivre et foutre le bordel dans les environs dans pas longtemps ? Réponds bien et je te promets une mort rapide et sans douleur. Autrement, bon, je te fais pas un dessin. »

De toute façon, deux lianes verts aux bouts aiguisés la menaçaient. Une au niveau de la tempe et l’autre au niveau du cou.

Re: Frictions temporelles [PV Marishka Auschwitz]

Posté : 19 juil. 2025 23:04
par Rini Koken
Quelqu'un était intervenu. Quelqu'un de seul, étrangement. Mais surtout : quelqu'un de dangereux qui préférait se déchaîner plutôt que de parler à de futurs cadavres !
Clouée dans son monticule de sable et de ferraille, Rini assista à toute la scène, son regard abasourdi masqué par sa visière teintée. Cette fille à la peau blafarde utilisait des lianes pour gérer ses assaillants. Elle les manipulait avec autant de souplesse que d'adresse, les expédiant sur ses adversaires pour finalement en faire du hachis parmentier. Car ses appendices ligneux étaient dotés de lames à leurs extrémités. Un métal froid et argenté.
Il n'y avait pas que ça...
Elle se bat comme une loubarde.
D'une façon ignoble, donc. Avec entre autres des doigts dans les yeux en allant jusqu'à faire jaillir l'œil de son orbite et d'irréparables coups de latte dans les parties.
Une femme visiblement dépourvue de scrupule.
Super. Je ne pouvais pas rêver meilleure sauveuse.
Ce n'était pas ce qu'on appelle avoir de la chance dans son malheur...
Une fois ses adversaires allongés à jamais, la redoutable inconnue redirigea naturellement ses espèces de tentacules vers ses points vitaux, à côté et sous son casque.
Que suis-je en mesure de lui offrir ?
Agir lui était impossible. Certainement pas dans cette position désavantageuse, sans l'usage de ses capacités mutagènes. Le danger était double et bien trop proche. L'ignorer aurait été suicidaire.
Ma moto est restée de l'autre côté de cette faille bizarroïde. Ma combinaison, si jamais ce rien l'intéresse, elle n'aura qu'à l'arracher à ma dépouille après m'avoir tranché la gorge.
C'était embêtant.
Très embêtant.
Réfléchissons avant de crever bêtement. Elle a demandé qui m'envoie, et quels sont les ennuis auxquels elle est en droit de s'attendre...
Pour se donner du courage et de la force, Rini prit une grande inspiration et-

- Putain, mais quel désordre !

Image

La voix appartenait à un nouveau challenger sorti des ombres des souterrains. Il était masqué - avec un curieux mélange de masque de hockey et de tête de mort - et portait une hache à tranchant unique. Fait intéressant : son bras droit avait fusionné avec une espèce de grosse colonne vertébrale dont le bout, très pointu et ensanglanté, ressemblait à un énorme coutelas.

- Ça sent bon l'sang d'femme, frangin ! De quoi s'faire des réserves, trépigna son grand compagnon avec une voix de simplet.

Image

Lui, c'était de loin le pire ! De un parce qu'il était moche au point d'avoir la tronche et la forme d'un crapaud, de deux parce qu'il était physiquement renforcé par des attributs métalliques. Son bras droit mutilé, pour commencer, était une masse de fer garnie de pointes tordues. Ses épaulières épousaient le même design atroce. Et il en allait de même pour cette parodie de plastron en acier rouillé incrusté dans sa poitrine et relié à son cou par des tuyaux qui l'obligeaient à rester le menton fièrement levé.

- J'sais pas ce qu'elle mijote avec c'te loque de motard, mais on va se la faire sans hésiter, décida Bras d'os.

- On va la déglinguer, ouiIiIiiii ! s'écria l'imbécile heureux.

Ce fut lui qui chargea le premier. Et contrairement aux apparences, il en avait dans les jambes, le bougre ! D'une impulsion, il se retrouva carrément sur la blafarde, son point métallique armé pour frapper. Derrière lui, Lame d'os se tenait prêt à agir. Lui agissait de façon bien plus sournoise. Il comptait la contourner et l'attaquer dans le dos au moment d'une esquive ou d'une parade, histoire de la traverser de part en part bien comme il faut ! Parce que contrairement à son boucher de frère, il était un type très soigné dans le meurtre.

Il ignorait néanmoins que c'est à cet instant précis que la "loque de motard" s'animerait. Pour entraver son offensive en traître, et ramener un peu d'équilibre dans cette confrontation de grands malades mentaux.

Re: Frictions temporelles [PV Marishka Auschwitz]

Posté : 24 juil. 2025 20:12
par Marishka Auschwitz
Sale conne, s’insulta Marischka toute seule à demie voix. Espèce d’abrutie, rajouta-t-elle. Il y avait toujours des enfoirés de charognards pour observer une masse se sacrifier pour venir achever une proie fatiguée. Mais ils se lourdaient énormément les deux enfoirés. Ouais, ils avaient l’air costaud. Ils sentaient costauds. Elle les ressentait costaud. Mais ils se trompaient. Elle avait encore du jus à revendre. Elle n’était pas une cible à terminer. S’ils avaient fait cette erreur, et elle l’espérait ! Parce que s’ils avaient commis cette erreur à la con de premier débutant qui allait crever, ouais : ils allaient crever.

Le gros Crapaud-de-Fer attaquait le premier. Comme un gros con. En ligne droite. Au plus direct. Au plus vite. Au plus bourrin. Quel enfoiré de crétin pensa-t-elle encore. Sauf que… son instinct l’avertit. Son expérience de survivante la prévint. Ce n’était pas normal. Les deux-là n’étaient pas du pécore de base. Ils avaient de l’expérience. Leur corps exhibait cette puissance gagnée aux vies qu’ils avaient pris. Elle tourna légèrement la tête, pour voir dans sa vision périphérique la manœuvre d’enfoiré d’opportuniste de salopard la prendre par derrière ! Elle grognait déjà et en même temps découvrait que l’autre tombé du ciel en cuir noir la… couvrait ?! Incompréhensible ! Mais elle devait déjà se reconcentrer sur Crapaud-de-Fer et anéantir sa charge de taureau.

Marischka s’abaissa sur son centre de gravité. Elle leva les bras pour amortir le coup de poing de fer-de-hérisson du Crapaud-de-Fer. (ce qui commençait à faire beaucoup de bestioles pour un seul humain tout ça !). L’amas de lianes de Vert autour de ses avant-bras renforcés par des couches métalliques permis de « seulement » ressentir l’impact. Zéro blessures. Tout du moins, aucun saignement. Marischka savait qu’on pouvait se prendre des dégâts internes… Elle détestait ce genre de guerrier !

« Toi, gros lard, tu vas morfler ! »

Les lianes de Vert changèrent rapidement de forme. Elles se déployèrent et vinrent se resserrer autour du bras de métal de Crapaud-de-Fer. Mais l’adversaire était soit trop con soit trop réactif soit trop bourrin. Peu importait, il eut un mouvement violent de recul avec son bras et toutes les lianes de Vert durent casser ou se rétracter.

« Enfoiré de fumier… Laisse-toi crever, merde ! »

Crapaud-de-Fer : « Une fois que j’t’aurais déglinguer les bras et les jambes, qu’tu pourras p’us bouger, j’vais t’faire taire ta sale grande gueule. »

Son pied ramassa Marischka directement dans ses abdominaux et l’envoya voler quelques mètres plus loin. C’est que ce con de buffle était puissant. Heureusement pour elle, il avait attaqué avec sa jambe droite. Et non la gauche qui était hérissée de pics dans les pneus. Donc c’était définitivement un droitier. Même en prenant des coups, Marischka apprenait. Ce n’était pas une sorte de stratège. Mais il ne fallait pas la sous-estimer. Elle avait le regard pour analyser un environnement. Ses entrées et sorties. Ses cachettes. Ses éléments qui pouvaient être utilisés et retournés pour tuer, ralentir ou blesser. Présentement, il y avait trois inconnus en mouvement. C’était énergivore.

« Viens par là, enfoiré ! Allez, bouge, gros tas ! »

Quelques mouvements plus tard, les lianes de Vert de Marischka étaient parvenus à s’enrouler autour du bras renforcé de Crapaud-de-Fer. Il y avait alors une situation de sorte de bras de fer. Les deux étaient immobiles. Mais les deux luttaient. Actuellement, Marischka essayait de déployer son pouvoir du Gris. Elle voulait absorber le métal de l’autre enfoiré. Le faire sien. Le mettre tout nu. Le déséquiper. Et alors elle pourrait lui foutre la branlée qu’il méritait. Mais tout ça prenait trop de temps à son avis !!

Re: Frictions temporelles [PV Marishka Auschwitz]

Posté : 04 août 2025 19:47
par Rini Koken
La lame d'os crissa contre ses protections brachiales. Rini grimaça derrière sa visière. Cette saloperie lui avait mordu le cuir, faisant couler un peu de son sang au moment de se retirer. Trop surpris par son intervention pour surenchérir, le tueur la repoussa d'un coup de pied. La main gauche serrée sur le manche de sa hachette, il la regarda se rétablir après deux pas chancelants.

- Alors comme ça tu pouvais encore remuer, toi... Tu parles d'une putain de comédie !

Comme pour mieux souligner ses propos, le Skull Raider s'était remis en garde.

- Bande de dégénérés... vous attaquez tous pour tuer.

L'homme au masque de hockey eut un rire mauvais.

- Ha ! Evidemment. On est pas là pour cueillir des fleurs.

Entre-temps, celle que Rini avait protégé par réflexe s'était presque envolée dans le décor. L'autre grand malade à gueule de crapaud l'ayant envoyé paître d'un violent coup de latte. Il ne fallut pas longtemps à cette dernière pour traiter son adversaire de tous les noms d'oiseaux. Insultes accompagnées d'une de ses attaques à base de liens métalliques ! Dans un bras de fer qui n'en portait pas que le nom, la tronche de crapaud hérissé de pointes lui opposa son membre métallique. Il eut alors la surprise de découvrir que le matériau qui le composait se faisait absorber par le singulier pouvoir de la blafarde.

- Hé ?! Ho ! Attends ! Qu'est-c'qu'c'est qu'cette connerie ?! couina-t-il.

Comme un grand benêt, il paniqua.

- Tss ! Pas moyen de découper l'autre tranquilou... soupira son frangin.

Son masque se recentra sur le Skull Raider. En un geste, il lui balança sa hachette à la manière d'un tomahawk ! De justesse, Rini se dévia de côté, évitant le dangereux projectile qui se perdit dans l'obscurité. Quand sa visière se tourna sur son assaillant, celui-ci avait déjà bondi du côté des deux autres. Son bras en lame s'abattit sur les liens parasites, les tranchant net malgré leur solidité.
Un acte "héroïque" qui n'avait pas empêché la moitié de la prothèse du gros tas de finir assimilée par le Gris de la blafarde.
Aucun doute : cette fille est une métahumaine.
Son observation lui avait coûté un temps précieux.

- Elle m'a piqué mon jouet, frangin ! Elle me l'a piquéééééééé ! geignit le "malin".

- Ferme un peu ta grande gueule, tu veux ?

Il ne l'avait pas sauvé par hasard ; masque de hockey décrocha les deux crânes qu'il y avait d'attachés à la ceinture du gros. Des explosifs déguisés, qu'il dégoupilla d'un mouvement de pouce avant de les lancer sur leurs adversaires. Il avait d'abord pris Rini pour cible. Ce qui n'était pas bien malin de sa part...
Retour à l'envoyeur.
D'une reprise de volée, le Skull Raider donna vie à sa pensée. Tandis que la deuxième grenade en crâne flottait toujours en direction de la blafarde, sa prédécesseur fit le chemin inverse.
En voulant s'en protéger avec son moignon, face de crapaud le perdit dans l'explosion ! Avec, en prime, une partie non négligeable de son épaule qui pissait le sang.

- AAAAAAAARGH ! Z'ai mal !! Z'ai maaaaaal !!!

- Oh, putain ! Je l'ai échappé belle, souffla le "frangin".

Qui, a titre d'information, s'était précipitamment replié dans le dos du grand brûlé.
Un bouclier efficace ! Même si pour le coup, il gesticulait beaucoup et supportait très mal la douleur...
Masque de hockey avait presque l'impression d'avoir fait une belle connerie. Impression qui s'affirma dangereusement lorsqu'il vit une ombre lui plonger dessus.

- 'Fait chier !

Il leva sa lame d'os un peu en retard. Non, trop en retard. Une botte du Skull Raider s'écrasa lourdement dessus, à même son plat. Masque de hockey bascula sur les genoux. Il ne put soulever son bras armé, que son assaillant maintenait contre le sol. D'un gant renforcé, Rini le frappa au visage. Sa tête partit de côté. Une gauche. Elle partit de l'autre. Sa protection faciale se brisa de moitié, révélant un visage vérolé. Indifférent à ce faciès hideux, le Skull Raider termina son enchaînement par un coup de genou.
La tête du tueur dégagea en arrière.
Rini s'apprêtait à lui porter le coup de grâce quand l'abominable crapaud flambé, dans son agitation frénétique, la bouscula d'un coup de coude dans le dos.

- Urgh !

Rattrapée par le douleur de sa dernière chute, elle tomba, presque court-circuitée, dans les bras de Lame d'os.
Heureusement que ce dernier était encore abruti par son passage à tabac, sans quoi...

Re: Frictions temporelles [PV Marishka Auschwitz]

Posté : 14 août 2025 15:12
par Marishka Auschwitz
Le gros Crapaud-de-Fer était insupportable. Ce qui semblait être son frère était aussi d’accord. Ca aurait presque pu plaire à Marischka si cette enflure n’était pas si intelligent pour utiliser la chair familiale pour la propre sauvegarde de sa vie. Un enfoiré pareil, c’était capable de survivre très longtemps dans ses terres post-apocalyptiques…

*Qu’est-ce que je suis en train de branler, moi ?! *

Ses lianes de Vert s’étaient précipités vers le petit crâne volant. Agissant à l’instinct, elle avait insufflé le métal de Gris au-dedans. Ce qui lui avait permis de couper court à la détonation prochaine. Ce n’est qu’après coup, et avec une respiration qu’elle ne contrôlait plus (ce qui l’énerva !) car allant trop vite : Marischka réalisa qu’elle aurait pu crever

Le temps de réaliser, la situation avait déjà largement avancée sans elle. C’était toujours ainsi dans un combat. Chaque seconde était longue et pouvait contenir un grand nombre d’actions. Là, tout de suite maintenant, le gros Crapaud-de-Fer était sur le point de crever dans diverses substances. Larmes, sang et chiasse. L’autre, celui qui se faisait passer pour son frère, se retrouvait sous le corps de l’autre encore.

*Une situation parfaite pour les assassiner tous les deux en un seul mouvement ! *

(mais l’autre au casque devait survivre…)

« MAIS TU VAS FERMER TA PUTAIN DE GRANDE GUEULE, OUI ?!! »

Parfois, Marischka se détestait. Ses pulsions prenaient le pas sur sa prudence. Elle rua ainsi sur le gros Crapaud-de-Fer qui couinait et pissait le sang. Elle arriva par son dos et depuis la voie des airs. Ce qui lui était possible en utilisant ses lianes de Vert pour s’accrocher aux canalisations suintantes au-dessus de leurs têtes. Tout de suite après, d’autres lianes plaquèrent la bombe pour le moment désamorcée sur son énorme bide. Encore tout de suite après, d’autres lianes lui firent perdre son équilibre et il se rétama, ventre le premier.

(BOOM !)

Il n’y avait plus de gros Crapaud-de-Fer. Enfin, presque plus… La bombe avait explosé et l’avait tué. Son gros corps de graisse avait été un bouclier très suffisant. Pour ce qui manquait d’efficacité, des lianes enroulées autour de son corps puis enrobées d’une couche de métal avait terminé le job.

« Bordel, ça siffle dans mon oreille !... »

L’inconvénient de se prendre une explosion si proche. Marischka se tapa le côté de la tête du plat de sa main, comme si ça pouvait chasser les répercussions de son attaque presque suicidaire.

« Au suivant. »

Car elle ne s’arrêterait qu’une fois la dernière vivante. Pas avant.

Elle attaqua encore. Des lianes, toujours des lianes, enrobées d’acier cognèrent contre le casque du petit gabarit allongé sur le corps de l’autre masqué à la gueule malade. Ce qui n’était pas étonnant dans les parages.

« Et voilà, deux pour un. Mais bordel, faut que je me pose un instant. Je vais gerber… »

Bien sur, Marischka avait manqué de transpercer le crâne du Skull Raider. Mais le casque était ouvert sur le côté, révélant le visage au-dessous. Quant à celui qui portait un demi masque de hockey, il était bel et bien décédé.

Et donc Marischka dégueula, se croyant la dernière survivante de cette pièce.

Re: Frictions temporelles [PV Marishka Auschwitz]

Posté : 23 août 2025 14:41
par Rini Koken
Rini sursauta ! Une sourde détonation avait retenti derrière elle, aspergeant le dos de son casque d'une cinglante poussière. Une composante bizarrement lourde et... rougeâtre ? Mais pour le moment, elle ne remarqua pas cette couleur de chair broyée par une explosion. Rini fut encore une fois rappelée par ses vertèbres malmenées. Cela la fit se courber et tousser.
Reprends-toi ! Ce n'est pas encore fini.
Sous elle, Lame d'os respirait encore ; elle n'avait fait que le sonner. Alors, une fois rétabli, il chercherait encore à-

- ... ?!

Le choc résonna dans son casque. Des frappes répétées - comme si quelque chose de dur et de tranchant creusait à travers la protection ! Les lianes d'acier de l'autre folle à lier maltraitait l'accessoire, tant et si bien qu'elles finirent par l'éventrer d'un côté en emportant une bonne portion de la visière teintée. Rini sentit la lame souple lui entailler la joue avant qu'elle ne plie et s'attaque à son adversaire à demi conscient.
Le sang du meurtrier éclaboussa la moitié de visière tombante de la jeune femme démasquée, qui s'écrasa de côté.
Elle m'a attaquée ?!
Alors qu'elle lui avait filé un foutu coup de main ?
L'indignation poussa la justicière à se redresser !
Les rubans de fer s'étaient retractés auprès de leur conceptrice qui était occupée à vomir ses tripes, penchée à quatre pattes dans la poussière.
Rini ôta son casque et s'approcha d'elle.
Cette folle a essayé de me tuer !
Et tout à l'heure, avant l'intervention des deux frères, elle avait aussi failli le faire...
L'esprit de Rini était entré en ébullition.
Cette fille est un danger public. Je devrais l'abattre ici même.
Mais elle n'était pas comme elle. Elle n'était pas comme eux. Comme ces gens qu'elle chassait de nuit.
Rini Koken et le Skull Raider ne pouvaient pas tuer.
Elle leva son casque à moitié brisé et...

- Couche-toi dans ta gerbe !

Assomma la tueuse. Celle-ci s'écroula tête la première dans son vomi, les débris du casque à tête de mort roulant sur son crâne chevelu.
Rini prit alors un moment pour respirer, ses yeux ronds fixés sur le dos de la cruelle métahumaine, avant de regarder tout autour d'elle.
A la place du gros porc à face de crapaud, il n'y avait plus qu'un petit cratère auréolé d'un mélange de noir charbonneux, de rouge peu ragoûtant et de morceaux de ferraille tordus. L'homme avait vraisemblablement explosé avec la seconde grenade.
C'était moche, comme fin.... vraiment très moche !
Mais la pugiliste ne versa pas une larme. Ni pour lui ni pour son "frère", qui l'avait utilisé comme un bouclier de viande.
Ce monde est fou.
Avec une grimace, elle regarda le revers de ses manches. Des débris de corps humain y étaient collés.
J'ignore où j'ai atterri mais je suis sûre d'une chose : ce monde ne peut pas être le mien.
Les buildings dévastés. Le sable à perte de vue. Cette terre aride dans laquelle elle avait chuté de haut...
Je vais avoir besoin de renseignements.
Et d'un lieu sûr où poser ses questions.


Tout cela, Rini n'allait pas tarder à le découvrir dans ces souterrains. Après avoir pris soin d'emballer l'autre métahumaine avec les crasseux et épais vêtements du défunt au masque de hockey. Carcan de tissu et de cuir qu'elle scella à même la tueuse via de la glace - cette autre partie de son don héréditaire, en parfait contraste avec le feu qu'elle était capable de produire. Le tout devenant, le temps du déplacement, aussi dur et dense qu'un bloc de béton.
La première année leur trouva une pièce défendable, à l'image d'un bunker abandonné, dans laquelle prendre racine. Afin de leur fournir lumière et chaleur à toutes les deux, Rini avait allumé un feu à partir de ce qu'il avait resté des vêtements du truand à la lame osseuse. Des ombres dansaient sur les murs de pierre, conférant un aspect lugubre à cet interrogatoire en devenir...
Adossée à la paroi, les jambes étendues devant elle, la pugiliste veillait sur le sommeil de la tueuse. Celle-ci se découvrirait avec un ersatz de camisole de force sur les épaules, et Rini espérait que cette armure suffirait à les protéger toutes les deux de sa folie destructrice. Sans quoi, il lui faudrait certainement commettre l'irréparable...

Re: Frictions temporelles [PV Marishka Auschwitz]

Posté : 05 sept. 2025 19:47
par Marishka Auschwitz
Elle était gelée. Son nez sentait le vomi. Son corps était entravé en plus du froid qui avait élu domicile dans ses muscles. Elle détestait quand elle perdait le contrôle de son propre corps. Elle détestait perdre le contrôle tout court. Mais son corps ?! C’était son moyen de survivance. C’était son seul trésor. Il n’était pas bien beau. Il n’était pas bien épais. Mais il était athlétique (malgré la malnutrition). Il était vif. Il avait survécu à un paquet de saloperies. Et il hébergeait deux pouvoirs en elle.

Sauf que là, elle faisait semblant de dormir et déployait tous ses sens. L’effet de surprise faisait partie de ses outils de survie. Il était essentiel. Combien de fois avait-elle endormi la méfiance de ces crevures en leur faisant croire qu’elle dormait ? Alors qu’ils racontaient de la merde sur elle. Comment elle était faible. Comment ils l’avaient tabassé. Comment ils allaient la violer tour à tour puis la pendre, jambes écartées, pour qu’ils voient tous, elle comprit, comment elle jutait abondamment de leurs « bébés » de sa chatte détruite... !

Mais là, elle faisait semblant de dormir. Elle devinait à peu près où se trouvait son agresseur. C’était comme une sorte de sixième sens qu’elle avait aiguisé avec le temps. Comme si elle pouvait ressentir leur « aura ». Peut-être que c’était juste un truc basé sur le fait que c’était silencieux et que son ouïe, avec sa vue obscurcie, pouvait entendre la respiration de l’autre. Une trop « belle » respiration. Pas quelqu’un qui allait crever. Pas quelqu’un qui agonisait. Pas quelqu’un qui se vidait de ses entrailles. Quelqu’un qui attendait patiemment qu’elle se réveille. Bordel ! Ça c’était une mauvaise nouvelle…

Marischka n’était pas patiente. Elle était même plutôt du genre impulsive. Mais en cas de force majeure, elle savait rester immobile. Elle contrôlait sa respiration. Ses muscles pouvaient se plaindre de souffrir. Elle faisait abnégation. Elle pouvait risquer les escarres. Elle pouvait endurer les insultes et un bon nombre de provocations. C’était un siège qui débutait. Une bataille d’usure. Elle n’était pas mauvaise, attention.

*Attends que je me réchauffe, salaud !... Si tu crois que ton espèce de prison de vêtement va me retenir : PFFT ! Même pas en rêve ! Mes lianes sortent de mon corps. Avec mon contrôle de l’acier, ce sera autant de petites lames qui vont tout découper. Quand je vais te sauter dessus, ce sera pour voir la mort. Puis plus rien. Rideau noir. Au revoir adieu. *

Elle attendit.

Encore.

Et encore !...


Elle perdait patience mais elle tenait bon.
Exercice de contrôle de respiration.

Attente.

*Mes muscles sont chauds. Ils sont prêt à réagir à la moindre de mes pensées. Je sens mes tentacules sortir de mes poignets. Je vais me libérer ! *

Et Marischka se libéra. Elle bondit sur son ennemi ! Elle réalisa qu’elle était enfermée dans une sorte de bunker. Ses réflexes lui apprirent qu’il n’y avait qu’une porte. Aucune autre possibilité pour sortir. Elle n’aimait pas ça. Elle ne pouvait pas surprendre. Elle ne pouvait pas changer de stratégie. Il fallait sortir par là. Le mieux étant de tuer son ennemi de suite pour ne pas le savoir sur ses talons et-

« Quoi ? Une fille ?! »

Le fait qu’elle soit une fille n’était pas le plus alarmant. Elle avait affronté des sacrés connasses et vicelardes en tout genre. Mais celle-là était toute belle. Toute propre. Toute jeune. Ca la perturba. De quoi permettre au guerrier sans masque de réagir et la repousser.

Marischka se retrouva donc avec cette gamine face à elle. Et il fallait lui passer dessus pour sortir.

Ses lianes végétales sortaient de ses poignets et étaient recouverts d’acier liquide.

« Gicle de là, gamine ! Sois gentille et je ne tue pas. »

*Bordel, c’est qui ? Elle… on dirait qu’elle vient d’ailleurs. J’ai rien entendu d’une délégation venant de loin. C’est un piège ou quoi ?! *

« Tu étais avec le mec au casque de moto ? »

*C’est elle qui m’a refroidi les muscles ? Il faut que je fasse gaffe. *

« Sans déconner, dégage de là. Et barre toi loin. Avec une gueule comme la tienne, tu vas être la proie de tous les baiseurs du coin. Mais fais-moi chier et je te tue rapidement. Je te promets que tu ne souffriras pas longtemps. »

Ce qui était une sorte de don de générosité dans ce sombre trou de merde. Beaucoup aimaient « jouer » avec leur proie. Comme une chatte avec un lézard ou un Mickey. Vraiment, Marischka passait presque pour une « sainte » avec une telle proposition d’exécution rapide.

Re: Frictions temporelles [PV Marishka Auschwitz]

Posté : 14 sept. 2025 19:01
par Rini Koken
Lentement mais sûrement, ses capacités lui revenaient. Le Skull Raider avait certes perdu son casque pendant la bataille, il était maintenant en train de récupérer ses deux opposés qui avait mis en difficulté bon nombre de ses adversaires par le passé. D'une certaine manière, cette sensation évolutive lui apportait du réconfort. Malgré ses compétences martiales avancées, Rini n'espérait pas pouvoir s'en tirer indemne dans cet... environnement hostile. Ses facultés de métahumaine n'étaient donc pas un luxe dont elle pourrait se passer.

- ...

L'autre folle dormait toujours. Rini ne pouvait pas totalement se fier à son rythme respiratoire en raison du bloc gelé en guise de camisole qui lui étouffait le corps, mais elle en avait la conviction. Cette jeune femme était une dure à cuire. Elle allait sans doute vite s'en remettre. Quand à savoir si elle se réveillerait comme une fleur... certainement pas ! Ce serait sans doute même tout l'inverse.
La première année manqua en rire.
C'était peut-être idiot de sa part mais elle avait l'impression de connaître cette cinglée. Il avait suffit d'un combat mal coordonné pour lui donner cette curieuse illusion. Rini elle-même trouvait cela un peu présomptueux - pour ne pas dire débilitant.
Tu es bien naïve. Cesse avec tes illusions.
Elle avait à faire à un monde sans pitié. La lycéenne l'avait bien vu avec leurs derniers opposants - des truands désireux d'aller jusqu'au bout des choses avec elles. Aucune morale, chez ces deux-là. Pire que des animaux : des monstres prêts à tout pour se faire plaisir ou pour survivre.
Cette fille n'est pas bien différente d'eux.
Elle avait tenté de la tuer - par deux fois !
Et ça, Rini n'était pas près de l'oublier.
Ses souvenirs la trahirent. Pas dans le sens où le temps les avait dénaturé d'une quelconque manière. Plutôt dans celui où ils la maintinrent inattentive un petit peu trop longtemps. Entre-temps, l'autre s'était libérée de ses entraves d'un seul coup avant de lui tomber dessus comme une pierre !
Bien que maigre de visage, la folle pesait son poids.
L'imbécile que je suis !
La surprise frappa l'agresseuse, qui ne s'était pas attendu à une confrontation entre membres du même sexe. Rini en profita pour l'écarter d'elle en se servant d'abord de ses deux mains, puis de ses pieds bottés. L'assaillante passa par-dessus les flammes du petit feu à moitié éteint mais se rétablit très vite. Pareils à de vicieux serpents, ses lianes métalliques dont elle s'était servis pour se libérer de la camisole se tortillaient au bout de ses poignets.
De la bouche de son opposante, Rini eut encore droit à une belle menace de mort.
L'intéressée poussa un rire sans joie.

- J'ai été gentille tout à l'heure ; ça ne t'a pas empêché d'attenter à ma vie.

La folle mentionna alors un "mec au casque de moto". Un type avec qui "elle était", dans le sens "avec" et non pas qu'elle "incarnait". Rini faillit comprendre la chose de travers, et certainement en subir les conséquences. Un soulagement qu'elle n'eut guère le temps d'éprouver, trop focalisée qu'elle était sur leur troublante conversation.

- Je ne vois pas de qui tu parles...

D'un nouvel ordre, l'autre la coupa. Elle était pressée. Et stressée, assurément. Ce qui faisait sans doute partie des ingrédients indispensables à son teint blafard, limite maladif.
Je ne peux pas la laisser filer comme ça.
La seule porte de sortie se trouvant derrière elle, Rini lui faisait naturellement obstacle. Dans ce monde de fêlés, un tel acte était manifestement passible de mort. C'était à se demander ce qui ne l'était pas, d'ailleurs...
Elle secoua la tête.

- Je regrette de ne pas tout de suite pouvoir accepter à ta demande.

Plutôt que de se mettre en garde, Rini leva urgemment la main en un geste de trêve.

- Arrête ! Ne t'excite pas. Je ne tiens pas à te blesser ; seulement à ce que tu m'écoutes.

Elle ne manifesta point son pouvoir. Ni gel ni feu. Sa posture ne se voulant pas agressive. Rien qui, toutefois, ne l'empêcherait de répliquer à une attaque dans la seconde.

- Tu n'es pas comme ces crapules, pas vrai ? Ces... "baiseurs du coin", comme tu dis. Ou encore ceux que nous avons croisés. Tu viens de me le prouver avec cet avertissement.

Elle ne pouvait pas se permettre le moindre détour. Cette femme, elle le savait, s'apprêtait à l'attaquer pour tuer. Il fallait qu'elle fasse court. Qu'elle économise ses mots tout en la persuadant qu'elle ne représentait point une menace.
C'était plutôt mal barré...
D'un doigt ganté, Rini pointa le plafond.

- Je suis tombée du ciel en passant accidentellement à travers une faille dans l'espace. Mais je n'étais pas seule, à ce moment-là. J'ai... précédé quelqu'un. Un individu dangereux, qui possède une arme capable de produire ce genre de miracle. Un outil dont je vais avoir besoin pour retourner d'où je viens, tu comprends ?

Rini réfléchissait à toute vitesse. Comme si les instants importants de sa dernière journée défilaient à toute allure, se compilant dans son cerveau. Des informations qu'elle offrait à l'autre danger publique en échange de son attention.
Elle leva les deux mains en l'air.

- Je te le répète : je ne te veux aucun mal. Et j'en veux pour preuve cette... entrave que je t'avais confectionnée sur mesure. (En y repensant, elle secoua la tête.) Je le regrette. Elle n'a pas fait son office. Tu m'excuseras pour avoir eu ce geste déplacé. J'aurais pourtant aimé discuter avec toi sans avoir à... craindre pour nos vies.

Re: Frictions temporelles [PV Marishka Auschwitz]

Posté : 20 sept. 2025 14:58
par Marishka Auschwitz
Marischka s’en voulait. Encore une fois, sa « faiblesse » la foutait dans des emmerdes. L’autre le lui avait fait remarquer. Elle lui avait donné un avertissement au lieu de la tuer et passer à autre chose. Pourquoi fallait-il que de temps à autre, elle veuille se lier. Personne n’était digne de confiance. Tout le monde était un traître en dormance. Mais sa… « nature humaine » lui faisait faire quelques expérimentations suicidaires. De temps à autre. Comme pour se prouver qu’elle était bien une créature destinée à survivre seule. A crever seule…

Les deux mains en l’air de l’autre fille fonctionnaient. Pour le moment. Marischka n’attaqua pas. Bien que ses Serpents de Vert soient toujours présents, en train d’onduler paresseusement.

« La seule qui doit craindre pour sa vie, c’est toi. Tu dis pas « nos » vies comme si tu pouvais me faire mal, OK ! »

*Mais je dois faire attention. Elle est capable de faire de la glace. Et suffisamment pour en faire une prison. Sans compter qu’elle doit être avec l’autre au casque. Et elle vient de parler d’un troisième gars qui aurait une machine pour voyager. Ca c’est intéressant. Je crois que je vais copiner pour mieux la trahir. Ses joues sont potelées. Son teint est beau par rapport à la moyenne du coin. S’il existe vraiment un autre monde, c’est surement la chance de ma vie à agripper des deux mains ! *

« Barre-toi de la porte de sortie. On fait toutes les deux un quart de tour. »

Ce n’était pas une proposition. Sans ça, Marischka allait devenir agressive. Et pas dans cinq minutes : dans les cinq prochaines secondes !

L’Autre aurait été vraiment conne de ne pas obéir. Après tout, elle voulait blablater et avait besoin d’aide. C’était donc dans son intérêt.

« Je vois pas ce que j’ai à t’apprendre. Par contre, toi t’as des choses à me dire. Il va falloir que tu dises tout si tu veux qu’on trouve ton miracle à voyager. Donc à quoi il ressemble ce type dangereux de ton monde ? Il porte lui aussi du cuir noir et un casque pour cacher sa face ? Il est moche ? Il souffre d’une maladie qui lui bouffe la peau ? Et l’autre là, celui au casque de tout à l’heure, c’est quoi ton lien avec lui ? »

*Quelque chose tourne pas rond. Elle ne l’a pas évoqué dans sa tirade de chute. Pourquoi ? Ca pue. Mon instinct me le dit. Et il est très bon. Très affûté. J’avais brisé une partie du casque de l’autre tout à l’heure. Et si je me trompe pas, ça ressemble à un bleu sur la joue. Bizarrement au même endroit que l’impact du choc… *

« Faut aussi que tu me dises ce que tu sais faire avec ta glace. Et je suppose que ça s’arrête à là ? De toute façon, je vois pas pourquoi tu en aurais deux. Sauf si c’est un truc normal dans ton monde ? Ca ne l’est pas dans les parages. Moi je ne t’ai pas tout fait voir. Et je ne compte pas copiner dans le sens où je vais te faire la liste de toutes mes faiblesses. Fais juste gaffe à ton cul. Ou je vais utiliser mes lianes pour te le dilater. T’as la gueule d’une pucelle qu’à jamais rien connu. Emmerde-moi et tu deviens ma chose, compris ? Un coup de liane dans le coin de l’œil ou dans l’oreille, et tu deviendras une conne incapable de réfléchir et baveuse, OK ? »

Re: Frictions temporelles [PV Marishka Auschwitz]

Posté : 24 sept. 2025 16:25
par Rini Koken
En réponse à la réplique virulente de la blafarde, Rini fronça légèrement les sourcils. Cette femme, de ce qu'elle en avait vu, était une impulsive qui se servait de sa colère pour museler en elle toute forme d'hésitation. Elle n'était donc pas tout à fait inhumaine avec la "concurrence".

- Ok.

La demi-folle s'imaginait de loin supérieure à elle ? Tant mieux ! La pugiliste préférait qu'on la sous-estime plutôt que le contraire. Ne pas représenter un trop grand danger aux yeux d'un autre est un sentiment qui incite ce dernier à faire étalage de sa prétendue supériorité plutôt que d'avoir à opter pour des mesures expéditives.
Rini se "barra de la porte" donc, laissant gentiment le passage ouvert. La blafarde ne chercha pas à s'enfuir, plutôt à lui "soutirer" quelques informations. La sachant sujette à l'énervement, la première année ne l'interrompit pas avec son interrogatoire, accumulant l'ensemble de ses questions dans un coin de sa tête.
Finalement, elle sourit à sa provocation.

- Je te trouve bien sûre de toi...

C'était assez original : chercher à se servir de ses lianes métalliques pour faire d'elle une décérébrée susceptible de lui servir de jouet. Rini devait bien avouer qu'elle n'avait encore jamais entendu quelqu'un lui promettre, en cas de débordement, un sort aussi atroce.

- Peu importe. Je me contenterai de faire attention à mes fesses.

Inutile de la titiller davantage. Rini, sans réfléchir à un schéma de réponse particulier, enchaîna sur le tas :

- Je ne suis pas non plus "normale" au sein de mon monde. Peu de gens sont au courant de ce que je suis - à savoir : une métahumaine. (Elle secoua la tête.) Je ne t'en dirai pas plus sur mes pouvoirs, et ce pour la même raison que toi. Tu as eu un aperçu de mon froid ; j'ai pu voir tes liens de fer en action. Inutile de pérorer autour de nos atouts.

En tant que combattante, elle ne comptait pas revenir sur sa parole. Point barre à ce sujet, donc.
Pour ce qui est du reste...

- L'homme que j'ai pris en chasse tout à l'heure a utilisé une sorte de fusil high-tech pour créer quelque chose qui ressemblait à une... déchirure dans l'espace. Il l'a fait par accident alors que j'essayais de le désarmer. Comme tu le sais déjà, cela s'est mal passé et j'ai basculé dans le vide.

Avec le voleur ? Avant ou après lui ? Rini l'ignorait complètement. Elle avait surtout songé à préserver son corps d'une chute vertigineuse et donc potentiellement mortelle. Puisque ses pouvoirs n'avaient pas fait leur office, sa survie n'était que le fruit d'un miracle. Si, sous elle, le sol n'avait pas été aussi mou et fragile...

- Bref. Celui que je recherche n'était pas du tout habillé comme moi. Certes, il portait du noir et du gris en pagaille. Beaucoup de tissu enroulé autour de ses épaules à la manière d'une cape ou d'une toge, comme s'il comptait traverser un désert. Aussi, un masque à gaz couvrait la moitié inférieure de son visage. Je me fais l'image d'un nomade encapuchonné, désireux de conserver son anonymat.

Image

Et cela avait plutôt bien fonctionné ! Si cet inconnu se soulageait de son accoutrement et de son arme, Rini n'aurait plus aucune chance de le reconnaître et de lui mettre la main dessus.

- Il nous faut retourner sur le lieu du crash au plus vite.

Hep, hep, hep ! Ne lui restait-il pas une question à laquelle fournir réponse ?
Son lien avec "celui au casque de tout à l'heure".

- Ici, je ne partage aucun lien avec qui que ce soit. Libre à toi de me croire ou non - je ne m'en froisserai pas. Je ne peux pas te forcer à me faire confiance, de toute façon. Entends par là que je n'ai pas très envie que tes lianes me lobotomisent...

Le Skull Raider ? Avoir peur ? Oh, peut-être bien que oui !
Mais Rini ne tremblait pas. Ni de corps ni de voix. Elle avait conservé son sang-froid tout du long.
Même si ses mains en l'air commençaient à la fatiguer...
Elle les descendit lentement le long de ses flancs.

Re: Frictions temporelles [PV Marishka Auschwitz]

Posté : 04 oct. 2025 10:57
par Marishka Auschwitz
Un rictus d’entente déforma la gueule de Marischka. L’autre n’était pas totalement conne. Elle savait garder ses secrets ses forces et faiblesses. Pas con du tout. Surtout qu’elle osait encore lui répondre. En fait, Marischka trouvait qu’elle lui parlait bien librement. Ca faisait longtemps qu’elle n’avait pas tenu une conversation si longue. Ca lui faisait… bizarre.

*Putain, j’espère que je ne suis pas en train de me lier à elle. Il est hors de question que je cède à cette faiblesse humaine… *

« Ta description c’est de la merde. Il suffit que ton type se désape et change de fringue, et même toi qui l’a vu ne pourra jamais le reconnaître. Putain ! Et oui, bordel, baisse-les tes putains de bras. On a une sorte de trêve pour le moment toutes les deux. Et j’ai bien dit « pour le moment ». »

Marischka se barra sans plus de cérémonie et quitta ce trou-de-cul-d’impasse qui avait des tendances à lui déclencher des réactions d’agoraphobie. Et elle ne voulait pas péter un câble avec sa prétendue… quoi ? Alliée ? Esclave ? Merde dressée sur deux pattes ? Chair à canon ? Il y avait tant de nom pour un si petit bout de femme. Elle ricana toute seule en se disant qu’avec un pouvoir de glace, elle devait avoir la chatte congelée et les tétons tout dur pour de mauvaises raisons. (oui, les associations d’idées et la logique de Marischka étaient chaotiques…)

Une fois au-dehors du bunker, Marischka observa tout et rapidement. Où se trouvait-elle ? Etait-elle déjà passée dans ce couloir ? Peut-être. La fuite là-bas lui disait quelque chose. Et la tâche dans ce mur. Et la couleur de cette marque cachée entre deux tuyaux. Symbole d’une direction à suivre. Parfois, Marischka érodait les surfaces métalliques pour que les clampins qui peinturluraient leur chemin se perdent. Tout était bon pour prolonger sa survie.

« Je crois savoir où aller. Bouge tes miches en vitesse. »

Et elles furent toutes les deux rapidement sur le lieu du crash. Mais…

??? : « Mamar la chienne ! »

Marischka se figea dans l’instant. Son corps fut parcouru d’intenses tremblements. Le petit nez de sa compagne d’infortune fut fouetté de l’odeur de la peur. Sentiment qui laissa place à une rage incontrôlable sous la forme d’une dizaine de lianes de Vert recouvertes d’acier liquide qui s’agitaient dans tous les sens. Ca donnait l’impression d’avoir donné un coup de pied dans un nid. Et pourquoi cet enchaînement de réaction très fortes ? Pour cet homme qui l’avait surnommé. Une face peinturlurée, pleines de dredds et à moitié nu. Quoique, son torse était tant tatoué qu’on pouvait difficilement qualifier cet état de nudité.

??? : « Qu’est-ce que tu fais debout ? A quatre pattes ! »

Si le haut du corps n’était que rage chez Marischka, le bas de son corps tremblait toujours. Un genou avait même, par réflexe, commencer à se rapprocher du sol. Qu’est-ce que ce dreddeux avait bien pu lui infliger ? Quoique… dans un tel monde infernal, il était aisé d’imaginer des sévices physiques… Si ce n’était des psychologiques par-dessus le lot. Le dreddeux avait le profil du sadique manipulateur.

Image

Et il n’était pas seul.
Il y avait tant de monde derrière lui.
(hrp : j’avais trop d’images. Je ne savais pas quoi en faire. Ca m’a bloqué un temps. Et puis, je balance tout. Ca ira dans le sens où nous sommes destinés à perdre ^^)

Un trio d’homme dont le plus sage semblait avoir la tête pareil à un trou noir.

Image

Un trio de femmes dont le mot faiblesse ne pouvait naître à l’esprit en les voyant. Pas même pour celle qui paraissait la plus civilisée, avec une bouteille à moitié vidé de whisky aux lèvres.

Image

Sans compter ces « choses » qui venaient encore peupler cette petite armée. Un golem capable d’utiliser un canon comme si c’était un « simple » fusil. Un chien sur pattes robotiques. Un homme dont la moitié du corps avait fondu à l’or ?

Image

??? : « Ramène tes miches par là, Mamar. J’ai très envie de te les maltraiter avant que Maman Missile défonce toute cette zone. Ne me fais pas… répéter. »

La dernière phrase avait fait froid dans le dos. Le faux ton cordial avait laissé place à toute la méchanceté qui le constituait. Et qui était cette Maman Missile ? Le nom sonnait doux. Mais à la fois, ça semblait un si beau piège pour une cheffe importante et… mortelle ? Le dreddeux avait mentionné le « défonçage » d’une zone. A coup de missiles ? Vraiment ?

Image

« VA TE FAIRE ENCULER !!! »

??? : « Non. C’est la chienne qui se fait exploser son cul. Je sais que lui ne m’a pas oublié. »

Les doigts du dreddeux mimèrent dans l’air un mouvement de doigtage de cul. Et Marischka eut un mouvement de recul qui fit qu’elle plongea encore davantage dans sa rage. Mais elle n’avait toujours pas attaqué. Il fallait dire que c’était du dix contre un. Elle ne comptait même plus Rini dans l’équation…

Ce qui pourrait se passer ensuite ? Les missiles qui frappent rapidement. Très rapidement. Si rapidement que l’ellipse tomberait déjà dans le vacarme, la poussière, les cris, le sang et surtout les ténèbres. Pour laisser place au silence. Marischka et Rini pourraient alors se réveiller dans une autre zone. Etrangement blanche. Désinfectée. Lumineuse. Et en même temps un peu grisatre, abimé par le temps et par faute de moyens.

Le plus important serait cette femme. Jeune de visage. Vieille de ses cheveux gris. Un visage poupon… dans une impressionnante chaise roulante. Leur sauveuse ? Ou un ange tombé en disgrâce et demandant les mêmes genres de service qu’un certain Lucifer pourrait exiger pour leur vie ?

Image

Re: Frictions temporelles [PV Marishka Auschwitz]

Posté : 04 oct. 2025 20:07
par Rini Koken
Une description merdique. Rini plussoyait. Mais elle avait préféré lui donner quelque chose plutôt que rien du tout. Elle n'était pas dans un assez bon état pour une confrontation directe avec cette névrosée. Reposée ou non, la pugiliste sentait toujours le bas de son dos la pincer au moindre mouvement.
Heureusement pour elles, la folle à lier avait confirmé une trêve.

- Pour le moment, oui...

La blafarde fila hors de la pièce. Rini la suivit à bonne distance. Elle l'entendit ricaner toute seule dans le couloir. Ce qui ne lui paraissait pas si bizarre que ça venant d'une dingue à la gâchette facile. Sans doute s'imaginait-elle des choses pas très catholiques à son sujet. Rini préférait ne pas savoir quoi. L'autre, après une courte analyse de son environnement, s'était remise en mouvement. La pugiliste se laissa guider sans répondre à ses brusqueries. Elles rejoignirent ainsi le lieu du crash où, malheureusement, une "connaissance" de "Mamar la chienne" avait déjà fait irruption.
Alors que la blafarde se tenait de dos par rapport à elle, Rini n'eut aucun mal à remarquer son chamboulement émotionnel.
Tout en elle transpire - non pas l'appréhension - mais bel et bien la peur.
La rigidité de ses membres. Ses lianes métalliques qui se tortillaient nerveusement tout autour d'elle. Et surtout, ses tremblements nerveux.
Ça sent très mauvais.
Le locuteur de la blafarde avait une sale gueule, en plus d'être accoutré d'une bien étrange manière. Son corps à moitié dénudé était couvert de tatouages - visage compris. Ses cheveux ressemblaient davantage à une masse de cordages crasseux qu'à des dreads.
L'audacieux personnage ordonna carrément à "Mamar" de se mettre à quatre pattes.

- Tu connais cet ersatz de clown ?

Il n'y avait pas de quoi en rire. Le sale type était accompagné, comme s'il avait très bien anticipé la menace que représentait sa prétendue chienne.
Que voyaient-elles derrière cet individu excentrique ? Parmi cette escouade de truands en puissance ?
Un punk coiffé comme un putois ; un type en combinaison moulante, équipé d'un gilet bardé de tuyaux et coiffé d'une sorte de cagoule entourée d'un halo d'énergie ; une drôle... d'imitation de Jésus Christ, avec ses cheveux longs et ses colliers de ronces ; un squelette brûlant d'un feu bleu sous un blouson de biker ; une poupée gothique aux manches bardées de pointes, son visage dissimulé sous une coque en ferraille des deux côtés de laquelle s'étiraient un duo de couettes épineuses ; une blonde en robe accrochée à sa bouteille de whisky ; une parodie de zombie à moitié à poil, avec un énorme fusil posé en travers de l'épaule ; un... bulldog - lui aussi armé d'un fusil - monté sur deux bras mécaniques lui servant d'échasses ; et enfin un androïde à demi fondu par dieu sait quel acide.

- ...J'en perds mes mots.

Ceux-là, avec sa seule imagination pour ardoise, Rini, même si on lui avait donné toute sa vie pour ce faire, n'aurait jamais pu les inventer.
Le gars aux dreadlocks, en renouvelant son exigence, les informa qu'une certain "Maman Missile" n'allait pas tarder à tout faire péter dans le secteur.
C'est encore pire que ce que je pensais.
Elles pouvaient déjà dire adieu aux indices d'une possible piste.
La blafarde s'arracha à sa paralysie, gueulant une insulte bien sentie destinée à sa "connaissance" qui s'avérait être bien pire que cela.
L'homme devait y être habitué : il avait la répartie aussi crasse que facile. Il eut d'ailleurs un geste obscène.
Ils sont beaucoup trop nombreux. Nous voilà dans de sales draps...
Il fallait se montrer réaliste. Une "Mamar", c'était déjà quelque chose d'ingérable dans son état. Alors dix salauds de la même espèce capable de lui tenir la dragée haute ? Non, Rini ne se faisait aucune illusion. Par ailleurs, ni la blafarde ni elle n'eurent le temps de jouer au héros. Il y eut une explosion. Un flash. Un bruit assourdissant ! Des cris aussi, sans doute. Mais la conscience de la jeune justicière s'était volatilisée bien avant qu'elle ne sentisse une quelconque brûlure.

La première année rouvrit les yeux d'un seul coup ! Elle s'était à moitié redressée dans la foulée. Sa respiration rapide, son regard agité voyageant d'un coin à l'autre de cette nouvelle pièce d'un blanc proprement étonnant. Les murs n'étaient pas capitonnés ; ils paraissaient durs comme du béton. Récemment nettoyés, très certainement. Par qui ? Rini n'allait pas tarder à le savoir : une femme en chaise roulante siégeait non loin d'elles - car oui, la blafarde n'avait pas été oubliée non plus. La justicière considéra d'abord d'un œil circonspect tout ce fatras médical qui, à priori, faisait partie de la chaise roulante, avant d'arrêter son regard sur ce visage curieusement doux et jeune encadré par une longue chevelure grisonnante.

- Où sommes-nous ? Où sont les autres et... qui diable êtes-vous ?

Rini s'aperçut qu'elle était attachée à son lit par des sangles. Elle avait conservé sa tenue de motard(e). Au moins n'avait-on pas abusé d'elle dans son sommeil...
Sentant la raideur de sa nuque la rappeler à l'ordre, la première année laissa retomber sa tête sur l'oreiller.
Elle était assez curieuse de voir comment allait réagir "Mamar", qui avait échappé à sa camisole pour finalement se retrouver ligotée ailleurs.
Quelle poisse ?