The Multiversity

La Sainte-Arcadie, ou l’Arcadie. Si vous ouvriez un guide touristique d’Atarashï Yoake, on vous parlerait sûrement de l’Arcadie. C’était un monument historique rare, la demeure privée des Morimoto. Elle s’étalait sur de nombreux hectares, incluant un morceau de la forêt, un jardin anglais somptueux, un lac. De l’autre côté du domaine, on trouvait également un ranch, un parc d’accrobranches, avec la possibilité de faire des promenades équestres. Parfois, l’Arcadie ouvrait ses portes, mais, sinon, la demeure restait ce fantasme pour tout Yoakoïte, un lieu synonyme de richesses infinies, de pouvoir, la demeure du clan Morimoto, la famille la plus ancienne de la ville, celle qui se vantait d’être directement liée au légendaire Empereur Jinmu et à la Reine Himiko, une descendante du Premier Empereur du Japon. Tout cela pour dire que tout Yoakoïte savait que, quand les Morimoto vous invitaient chez eux, il était inconcevable de refuser !

Ce matin, en arrivant au lycée, Chizuru avait reçu la visite de plusieurs membres du Club social. Premier club du lycée Jinmu, le Club social était dirigé par Leona Morimoto, et était au cœur de la mainmise des Morimoto, non seulement sur le lycée, mais aussi sur la ville. La quasi-totalité des membres du Club social appartenaient à des familles qui, directement ou non, travaillaient pour l’empire financier des Morimoto. Alors que Chizuru se préparait sans doute à une journée tranquille, les trois filles l’avaient abordé. Ce fut Maneko Kaida qui lui parla. Femme forte et belle, elle était une intellectuelle qui, au sein du Club social, avait déjà participé à son lot d’orgies.

« Leona-sama souhaite s’entretenir avec toi ce soir, Chizuru-chan, afin de discuter de ton avenir d’idol girl. Tu es donc invitée à l’Arcadie à la sortie des cours ! Une voiture viendra te chercher ! »

Inutile de vouloir rejeter la proposition ; comme dans « Le Parrain », c’était une offre qu’on ne pouvait pas refuser ! La voiture en question était une véritable limousine qui attendrait Chizuru à la sortie, et la conduirait à l’Arcadie, où elle rejoindra Leona Morimoto dans un salon. Celle-ci l’attendrait en ayant troqué son sailor fuku par une tenue bien plus seyante, composée de bottes rouges, d’un minishort moulant très court, et d’une veste rouge à col relevé permettant de voir son outrageuse poitrine. Assise jambes croisées sur un fauteuil, Leona sourit en voyant Chizuru entrer. Une table était située entre le fauteuil en cuir de Leona et Chizuru, comprenant des viennoiseries. Leona était d’ailleurs en train de manger un beignet à la framboise.

« Bonjour, Chizuru-chan ! Je suis heureuse que tu aies accepté mon invitation. N’hésite pas à te servir, tu dois avoir faim, c’est l’heure du goûter. J’avais hâte de te voir ! »

Qu'il fusse question d'une journée ordinaire ou non, Chizuru avait passé un temps fou à se préparer dans la salle de bain ! Elle s'était réveillée un petit plus tôt que prévu afin de ne pas être un (trop gros) frein pour ses parents, qui savaient parfaitement à quoi s'attendre de la part de leur coquette progéniture.
Première mission accomplie sans anicroche pour l'idol en formation ! Particulièrement fière de ce qu'elle avait contemplé dans le miroir, elle avait quitté la maison bien avant sa petite famille - en prenant tout de même le temps d'inonder ses proches de son éternelle joie de vivre.

- Donnez-vous à deux cent pourcent ! Moi ? Je vais faire pareil de mon côté, ha, ha ! Allez ! On se revoit ce soir ♥

Le chemin n'était pas bien long jusqu'au lycée. La troisième année le connaissait par cœur, à tel point qu'elle était à même de le parcourir les yeux fermés tout en sautillant. Elle le fit seule, tout en fredonnant un air joyeux qui ne pouvait guère mieux lui convenir qu'en ce début de journée ensoleillée.
Arrivée devant son établissement, l'idol se calma tout de même un peu. Sans pour autant, bien sûr, se donner des grands airs que certains concurrentes, qui avaient trop souvent tendance à se sentir menacées, avaient pris l'habitude d'arborer quand elles croisaient son chemin.
Un aléa de la société que Chizuru avait appris à encaisser sans jamais se rider !
Cela fait partie de mon quotidien. A certains endroits, il y a de magnifiques fleurs qui s'épanouissent en paix ; dans d'autres parcelles plus exotiques et sauvages, on y trouve de vicieuses plantes carnivores qui préfèrent gober les mouches.
Ou, pour en revenir à sa personne, les papillons ?
Pourtant, ce matin-là, la rayonnante lycéenne ne tomba point sur ces spécimens. Une autre espèce lui tomba dessus. Trois filles du Club social, qu'elle savait sérieuses et puissantes de réputation, vinrent l'aborder. Une seule d'entre-elles prit la parole. Une grande femme brune à lunettes, très bien faite de sa personne, qui respirait l'autorité et la confiance en elle. La meneuse de ce trio, sans doute, qui n'avait rien à envier à Chizuru en terme d'intelligence.
Cette dernière avait cligné des yeux rien qu'en entendant le nom de...
"Leona-sama" !
Il n'en existait pas trente-six à Atarashï Yoake. Et encore moins qui mériterait d'être appelée avec autant de respect !
Leona Morimoto ? Du Club social ? Bon dieu ! Et à quel moment suis-je supposée me réveiller ?
Elle eut la retenue de ne pas se pincer la joue en public. Même quand on lui fit part de cette invitation, le soir-même, à l'Arcadie...
La Sainte-Arcadie ! La gigantesque demeure des Morimoto. Presque un palais ! C'est incroyable de pouvoir y mettre les pieds ! Complètement fou, même ! Pitié : que l'on ne me réveille pas.
Droite comme un "i" sur sa chaise, Chizuru avait hoché plusieurs fois la tête. L'émotion était forte, si bien que la contenir exigeait de son hôte toute sa concentration. Le trio avait déjà commencé à s'éloigner quand elle répondit :

- Entendu ! Je n'y manquerai pas~

L'instant d'après, elle avait bondi sur son smartphone pour en informer ses parents :
Je vais sans doute rentrer tard, ce soir. Peut-être même que je passerai la nuit ailleurs - vous ne devinerez jamais où ! Ne vous faites pas de bile : c'est un rendez-vous de la plus haute importance en rapport avec mon grand rêve ! Alors surtout, ne m'attendez pas. ★★★
Sans toutefois se montrer trop transparente. Avec bon nombre de ses activités, elle aimait entretenir une part de mystère.

- Dieu que c'est excitaaant~

A la fin des cours - que son esprit trépignant d'impatience n'avait fait que survoler - Chizuru ne s'était toujours pas "réveillée". Parce que la voiture, une limousine flambant neuve, justement, était bel et bien venue la chercher pour la conduire, dans le plus grand confort, à l'Arcadie.
Encore une fois, l'idol avait dû contrôler ses pulsions pour ne pas se retrouver le visage collé à la vitre.
C'est bien la première fois qu'elle voyait d'aussi près un manoir pareil.
Je me sens minuscule à côté de ce monument historique !
Avant de descendre de la voiture, Chizuru s'adonna à un discret petit exercice de respiration. Son trac retomba presque instantanément. On l'escorta fièrement jusqu'à la richissime demeure des Morimoto. Elle atterrit dans un salon ou l'y attendait la très fameuse Leona. La dirigeante en personne du Club social, tranquillement assise dans un coûteux fauteuil, grignotait une viennoiserie dont la couleur était en parfait accord avec le rouge qu'elle arborait. L'idol déglutit en douce. En plus d'être incroyablement belle, la blonde disposait d'un charisme naturel à couper le souffle !
Chizuru n'eut pas du tout à se forcer pour se coller les bras le loin du corps et se fendre d'une grande courbette.

- Bonjour, Léona... sama ?

L'idol s'était mordue la langue. Elle ne se voyait pas ajouter "chan" derrière son prénom. Cette femme était beaucoup trop importante que les familiarités aillent dans les deux sens.
Elle poursuivit donc sur sa lancée :

- Votre invitation me va droit au cœur et, très honnêtement, il me tardait de l'honorer !

Une inspiration. Ses mains moites rangées dans le dos. Et enfin ce grand sourire tout mignon à faire chavirer les cœurs !
L'idol en devenir reprenait tout doucement le contrôle.
Après qu'elle eu l'autorisation de son hôte, ses yeux daignèrent enfin caresser les viennoiseries disposées sur la table.

- La journée m'a paru beaucoup plus longue que d'habitude, lui avoua-t-elle en essayant de ne pas loucher sur un appétissant choux à la crème dont la taille équivalait bien à celle de sa main. Si longue que j'en ai oublié de manger ce midi ! L'attente est une chose terrible. Au milieu, elle vous accapare l'esprit ; à la fin, elle vous creuse l'estomac.

La modeste invitée s'assit à l'endroit prévu pour son popotin et, cessant de lutter intérieurement pour retenir sa main, s'empara de cette gâterie qui lui faisait de l'œil. Néanmoins, elle ne la porta pas tout de suite à sa bouche, préférant plutôt se servir de cette dernière pour ajouter à l'adresse de sa bienfaitrice :

- Vous êtes resplendissante dans cette tenue ! Je trouve que le rouge vous va à ravir. Mais j'ai quand même un peu de mal à discerner ce qu'il fait ressortir le plus chez vous : entre le riche éclat de vos yeux ou la majesté de vos boucles dorées. ♥

Flatteuse, la coquine ! Reste qu'elle s'exprimait à cœur ouverte, ses prunelles noires suspendues à la beauté de cette redoutable figure de pouvoir et d'autorité.

Qu’elle était mignonne, cette Chizuru ! Elle lui avoua avoir été très nerveuse toute la journée, quand elle avait appris qu’elle était convoquée à la Sainte-Arcadie. Leona sourit doucement. Chizuru savait comment lui parler, et Leona n’allait pas nier qu’elle appréciait la flatterie. Tout flatteur vit certes aux dépens de celui qui l’écoute, mais avouons qu’il était toujours agréable d’être flattée ! Chizuru complimenta également sa beauté, en lui assurant que le rouge lui allait bien… Une assertion qui se confirmera sans aucun doute par la suite quand elle la verra dans son monokini rougeâtre. Leona sourit donc.

« Eh bien, ma jolie, on peut dire que tu sais comment me séduire… Alors, permets que je te retourne la politesse, remplis-toi l’estomac. »

Elle-même ne se fit pas prier. Leona aimait la gastronomie japonaise, bien sûr, mais elle devait bien admettre qu’en matière de raffinement et de gloutonnerie, les Français étaient uniques en leur genre ! Preuve du classicisme inattendu des Morimoto, des musiques classiques déferlaient dans la pièce depuis un gramophone doré qui avait été remanié et rénové par les Morimoto. Une musique d’Edith Piaf, personnalité très populaire au Japon, défilait ainsi : « La vie en rose »… Comme une parfaite allégorie de ce que Chizuru ressentait en ce moment ! Jambes croisées, Leona venait d’attaquer un croissant au beurre qu’elle trempa dans du chocolat chaud. Elle prit le temps de l’avaler, tout en croisant le regard de son invitée.

Leona se racla ensuite la gorge, puis parla :

« Comme tu le sais, je suis la Présidente du Club social, et ma grande-sœur, Reina-sama, est membre du Conseil d’administration de la Fondation Jinmu. Cette fondation a été fondée après la guerre pour financer la construction du lycée Jinmu et de son dortoir. »

L’histoire était bien connue des locaux. Suite aux bombardements américains pendant la Seconde Guerre Mondiale, et aux nombreux hommes qui s’étaient sacrifiés pendant la guerre, la ville de Yoake avait été rasée. Dans un état catastrophique, et face à de nombreux orphelins et déshérités, les autorités locales de Yoake avaient entamé plusieurs réformes structurelles. La priorité avait été de construire un complexe scolaire qui contiendrait aussi un orphelinat pour y recueillir les nombreux orphelins japonais qui sillonnaient la campagne. Une situation socio-économique moribonde qui avait été immortalisée à travers le film d’animation « Le tombeau des lucioles ». Le Club social du lycée Jinmu avait été fondé à cette période. Les Morimoto, qui étaient déjà présents, avaient aussi utilisé une fondation privée, la fondation Jinmu, pour reconstruire ce lycée, obtenir les autorisations administratives nécessaires, le matériel de construction et les ouvriers. La Fondation Jinmu existait toujours aujourd’hui, et le poids des Morimoto dans la nouvelle Yoake s’était encore accrue. Leona ne faisait donc que rappeler sa glorieuse histoire, qui était avant tout celle de sa « grande-sœur » (en réalité sa mère), Reina Morimoto.

« Reina-sama a validé mon projet d’organiser un festival pour célébrer l’hanami. »

L’hanami était une fête traditionnelle japonaise célébrant le moment où les sakuras, ces célèbres arbres japonais, étaient en pleine floraison. Le hanami consistait généralement à pique-niquer le long des parcs publics japonais pour voir les fleurs de cerisiers s’envoler en l’air.

« Je compte faire un festival qui fait à la fois honneur aux traditions japonaises, mais qui s’ouvre aussi à la modernité. C’est ce que symbolise notre ville, après tout. Et qui incarne mieux la modernité que les idol girls ? Je réunis plusieurs idolsqui ont rejoint notre ville, comme les Strawberry Girls, Reika Shimohira… Et donc toi. Je sais que tu aspires à devenir une idol, et je souhaitais donc savoir si participer à ce festival pourrait t’intéresser. »

Elle avait obtenu la permission de se goinfrer. Chizuru loucha un court instant sur son chou avant de croquer savoureusement dedans. Tout en mâchant, elle roula des yeux de plaisir.
Chez les Morimoto, on ne faisait vraiment pas les choses à moitié !
L'idol avala ce qu'elle avait dans la bouche avant de reprendre poliment la parole :

- Ces petits choux sont un sacré régal ! Je crois que je vais continuer à me laisser tenter~

Elle fit un sort à sa pâtisserie avant de taper dans une autre, un peu plus grande. Comme elle n'avait rien avalé ce midi, elle pouvait se permettre cet écart. Dans le pire des cas, elle se priverait de quelques tentations les jours prochains. Ce n'était pas un problème ; elle saurait conserver la ligne. Et puis cette journée était à marquer d'une pierre blanche.
Une invitation - convocation, plutôt ? - qui relevait très clairement du prestige !
Alors qu'une chanson française jouait en fond sonore, Chizuru observa son hôte déguster son croissant après qu'elle l'eut trempé dans un chocolat chaud.
Cette grâcieuse vision, à la fois noble, gourmande et sensuelle, lui mit l'eau à la bouche.
C'est comme un entretien, Chizuru ! Alors efforce toi de rester pro. Pro de chez pro de chez pro, oui !
Elle ne se précipita donc pas sur les mets, mangeant avec retenue ce qui lui faisait de l'œil non sans garder une oreille attentive aux propos de la belle et riche héritière.

- Un projet d'envergure...

Autrement dit un festival préparé par Léona-sama et validé par Reina-sama en personne. Des figures d'exception qui, intérieurement, l'intimidaient quelque peu. Chizuru sentit au plus profond de son être qu'elle devait se tenir prête à tout avec pareilles organisatrices ! L'échec n'était pas permis. Il ne devait même pas être chose possible, à ses yeux !
L'idol en devenir afficha tout de suite un air brave et confiant.
Un masque ?
Cette expression avait pourtant l'air très naturelle.
Ce "masque" se fendilla à peine lorsque la divine Léona mentionna quelques unes des participantes qui, contrairement à elle, la petite nouvelle, ne manquaient pas de notoriété.

- Les Strawberry Girls, Reika Shimohira et... moi ?

Sourcils levés, elle s'était pointée d'un index incrédule.

- Vous me voulez moi parmi ces célébrités ?

Elle répétait beaucoup les choses à voix haute mais ce n'était rien à côté des nombreux retours en arrière qui s'enchaînaient dans son esprit euphorique. Elle n'aurait pas pu rêver meilleure opportunité que celle-ci ! Mais, d'un autre côté, le trac avait doucement commencé à s'installer...
Heureusement, il ne lui nouait pas encore l'estomac !
Chizuru n'eut point à contrôler sa respiration.

- Si je suis intéressée, vous dites ?

Elle ne se gêna pas pour sourire en large.

- Je le suis à deux cent pourcents ! ☆

La troisième année avait bien failli bondir de son siège en annonçant cela. Là encore, elle était parvenue à se contrôler.

- Vous me faites là un cadeau inestimable, Léona-sama ! Je ne vous savais pas aussi généreuse~

La plupart du temps, les riches ont mauvaise réputation. Alors même si Chizuru évitait de trop se fier aux ragots, il lui arrivait, parfois, de se faire toucher par quelques remarques pas toujours très pertinentes.
Sous le coup de l'excitation, elle ajouta très vite :

- Non pas que j'ai déjà douté de vous, hein ! A vrai dire, je fais toujours très attention à tout ce qui me parvient aux oreilles... comme avec cette chanson de qualité qui me donnerait presque envie de danser au lieu de vider ce charmant petit plateau~

Et de nouveau cet adorable sourire à faire craquer les spectateurs... La photogénie dans toute sa splendeur !
Alors qu'une autre pensée lui traversa l'esprit, la lycéenne, un tantinet confuse, se pencha un peu en avant pour lui demander d'une voix moins assurée :

- Vous me le proposez gratuitement ? Pour de vrai ? Sans rien demander en retour ?

Histoire de refroidir son anxiété naissante, la future starlette piocha une tartelette à la fraise. Ce simple contact, avec ses doigts légèrement crémeux, eut vite fait de la remettre en confiance. Les forces qu'elle était amenée à dépenser au milieu de cette conversation lui revenant à un rythme pour le moins régulier.

Leona constata vite que la petite idol girl avait les yeux qui brillent, mais se retenait de tout manger. Sans doute devait-elle faire grandement attention à sa ligne… C’était classique chez les idols. Être une célébrité avait des avantages, mais aussi des inconvénients, notamment d’avoir une vie réglée comme une horloge suisse. Les idols se devaient d’être des modèles de vertu. Leona était bien placée pour connaître tout le côté sinistre de cette industrie. Chizuru avait en tout cas des étoiles supplémentaires dans les yeux quand Leona lui énonça son projet. Celle-ci sourit doucement, puis Chizuru lui demanda ensuite si Leona allait lui offrir tout ça « gratuitement ». Leona répondit assez rapidement là-dessus :

« Tu devrais savoir qu’il n’y a jamais rien de vraiment gratuit, Chizuru-chan. En ce qui te concerne, ce festival t’offrira une formidable promotion. Les Morimoto prendront en charge tout l’aspect financier du festival, les coûts de location, la rémunération des agents de sécurité, le paiement de vos cachets respectifs… Ces points-là sont normalement débattus avec ton agent, mais, sauf à ce que mes fiches ne soient plus à jour, tu n’as pas encore d’agent. C’est un point qu’il faudra aussi régler, nous pourrons t’en mettre un à disposition, mais tu peux toujours rejoindre l’agence qui gère les contrats des Strawberry Girls ou de Reika, Aoi Kitsune. »

Cette agence était tenue par la pimpante Aoki Kou, que les Morimoto avaient rencontré récemment*. Restait en tout cas à savoir ce que Leona souhaitait en contrepartie. Celle-ci se releva alors, et contourna lentement la table. Ses talons claquaient sur le sol tandis qu’elle se rapprochait de Chizuru.

« L’argent n’est pas ce que j’attends de toi, Chizuru-chan, les Morimoto sont déjà riches comme Crésus. Vois-tu, nous souhaitons redorer le blason de notre ville, et, par ce biais, de notre pays. Le Japon ne peut plus vivre recluse et isolée sur elle-même, pas dans un monde qui bouge, et où tout est accessible à portée de clic. Les influenceurs sont tes concurrents directs. En un stream sur Twitch, tu peux amasser plus de fans que tu n’en verras dans toute une carrière d’idols. La Chine l’a bien compris avec ses usines d’influenceurs en série. Ce festival doit être pour nous l’incarnation des deux figures du Japon, la tradition et la modernité. Et nous, les Morimoto, nous avons toujours été l’âme du Japon. »

Tout en parlant, Leona avait rejoint Chizuru, et posa ses deux mains sur ses épaules.

« Ce que je souhaite, Chizuru-chan, la contrepartie que je sollicite de toi pour ta participation, est double. D’une part, je souhaite que tu rejoignes le Club social du lycée… Et, d’autre part, j’aimerai aussi que tu acceptes que les Morimoto deviennent tes productrices. Si tu veux devenir célèbre, tu devras envisager que ta carrière soit aussi en ligne. Les jeunes ne regardent plus les plateaux télévisés, ta carrière connaîtra surtout un boost d’audimat en te construisant une image sur les réseaux sociaux. C’est aussi à ce stade que nous souhaiterions assurer ta carrière et financer ton développement. »

Tout en disant cela, Leona malaxait les épaules de Chizuru-chan, et termina ensuite en posant ses fesses sur le rebord de la table, juste à côté de la jeune fille…

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* : Cf. RP « Un dîner chez les Morimoto ».

Leona Morimoto jouait dans la cour des grands ! C'était une chose d'entendre les rumeurs qui gravitaient autour de son riche cercle familial ; c'en était une autre de l'écouter partager sa sagesse. Chizuru Asa la trouvait réellement impressionnante ! Peut-être un tantinet intimidante avec son petit port noble, voire royal, mais aussi réconfortante d'un certain côté. Absorbée par tout ce qu'elle venait d'entendre et d'assimiler comme une éponge, l'idol en avait oublié sa sucrerie qui n'avait pas fini de lui tacher les doigts.

- Rejoindre l'agence Aoi Kitsune ? Pour de vrai ?

Une petite nouvelle de son acabit ? Chizuru trouvait ça surprenant, pour ne pas dire complètement fou ! Et cette pensée se lisait aisément sur son visage, où transparaissait une incrédulité à la limite du comique.
La troisième année n'avait pas quitté la riche héritière alors que celle-ci avait contourné la table pour se rapprocher d'elle d'un pas débordant de confiance.
Leona lui apprit alors l'enjeu qui se cachait derrière tout ça : un enjeu de taille - un enjeu national !
Chizuru Asa cligna plusieurs fois des yeux, comme hébétée par ce qu'elle venait d'apprendre.
Les mains de la divine blonde tombèrent sur ses épaules. L'idol manqua presque s'adonner à un petit et laborieux numéro de jonglage avec sa tartelette, laissée en standby entre ses doigts gourmands ; heureusement, elle avait anticipé le coup, évitant ainsi de crotter les coûteuses chaussures de la puissante Morimoto.
Son corps tambourinait très fort dans sa poitrine lorsque les conditions à sa participation sur le long terme lui furent annoncées : intégrer le Club Social, accepter les Morimoto comme ses productrices officielles et poser sa carrière en ligne.

- Vous avez vraiment pensé à tout...

Le projet de Leona était d'envergure, si bien que le trac menaça de germer dans l'estomac de la future starlette. Mais, encore une fois, sa locutrice faisait tout pour la mettre en confiance. Pour assurer sa réussite ! Cela avait commencé par des mots, avec l'exposé détaillé de sa stratégie, et se poursuivait par le contact bienveillant de ses doigts au niveau de ses frêles épaules.
Chizuru Asa trouvait son attitude bizarrement agréable. Peut-être même... un tantinet excitante ?
Une pensée déplacée qui la fit rougir comme un coquelicot !
Les lèvres serrées, la lycéenne s'était relevée d'un seul coup.

- Ah ! Je-... excusez-moi.

Pour finalement se rasseoir, les yeux baissés sur sa pâtisserie qu'elle n'avait toujours pas lâchée.
Le stress emmagasiné eut pour effet grossier de faire grogner son estomac.
La tête rentrée dans les épaules, Chizuru eut un rictus embarrassé.

- Euh... hi ! hi !... Encore désolée ?

Afin de se calmer les nerfs et museler sa faim, elle dévora la tartelette, n'en laissant pas choir ne serait-ce qu'une pauvre miette sur ce sol impeccablement lisse. Elle s'était empiffrée, sur ce coup-là ! Une modeste nuisance à son image, certes, mais qui lui permit de reprendre un peu de poil de la bête.

- J'ai envie de suivre votre plan, décida-t-elle, d'une voix claire et nette. Je dirais même que je suis déterminée, de bout en bout, à jouir de vos précieux conseils, Leona-sama !

Ce disant, l'apprentie idol avait levé le poing de la victoire !
A compter de cet instant, le doute ne lui était plus permis.
Cette détermination brillait dans son regard aussi nettement qu'un déguisement de strass et paillettes.

Chizuru était peu à peu en train de réaliser l’opportunité que Leona lui faisait. Derrière la jeune fille, Leona pouvait sentir sa nervosité au fur et à mesure qu’elle lui parlait, ainsi qu’un zeste de désir quand Leona se montra plus tactile. Elle ne s’attendait évidemment pas à ce que Chizuru-chan refuse ce que Leona envisageait. Ce qu’elle disait n’était donc pas vraiment une proposition, dans la mesure où on pouvait refuser ou accepter ladite proposition. Leona se contentait simplement d’énoncer les faits, irréfutables et indiscutables. Elle sourit quand l’estomac de la petite lycéenne se mit à gargouiller, trahissant de sa nervosité. Les mains de Leona se montraient toujours aussi insidieuses, glissant sur les cheveux soyeux de Chizuru. Elle s’écarta ensuite d’elle, et s’assit sur le rebord du bureau, se retrouvant finalement à côté de Chizuru.

« Les Morimoto pensent toujours à tout, Chizuru-chan. »

C’était aussi simple que ça. Leona n’avait pas l’influence de Reina-sama, mais elle était malgré tout une Morimoto influente, a fortiori à hauteur de son périmètre : le lycée, et ses étudiants. Elle attrapa un gâteau, un donut fourré à la crème vanille, et le tendit à Chizuru. Elle le lui fit ainsi manger, tenant le gâteau, et sourit ensuite. Pour une fois, Leona ne portait pas ses habituels gants rouges, et elle pouvait voir les regards de Chizuru-chan glisser sur son corps. Leona sourit donc.

« Tu ne penses pas qu’à ta carrière ou à ces plats, hein ? Tu as dû entendre les rumeurs sur ce lieu, non ? Sache que les bruits que tu as entendus sont très certainement fondés. »

Leona allait probablement faire rougir de nouveau son invitée. Elle avala elle-même une viennoiserie, et croisa sensuellement les jambes. Son minishort se releva ainsi, et Chizuru pourrait voir ses bottes plus facilement.

« Nous ferons savoir à l’agence que tu souhaites t’y intégrer. Je pourrais bien sûr te ramener chez toi, mais, maintenant que tu es là, peut-être as-tu envie de passer la nuit à l’Arcadie ? En ma compagnie… » glissa ensuite une Leona amusée.

L'idol loucha un instant sur ce donut que lui tendait son hôte avant de la contempler, elle. La Morimoto était loin très loin d'être dépourvue de prestance ! En plus de cela, elle savait remarquablement y faire avec ses invités. Sa proximité relevait presque de l'hypnose aux yeux de la trop tendre Chizuru. Elle n'aurait eu aucune chance de lui filer entre les doigts... si elle en avait eu envie !
Incapable de résister à la tentation, la troisième année qui ne faisait pas son âge croqua dans le gâteau. Elle lui fit un sort, exactement comme la petite tartelette avec lui, tout en promenant « discrètement » son regard sur la silhouette de l'audacieuse blonde.
Celle-ci parut d'ailleurs lire dans ses pensées, car il ne lui fallut pas plus de dix secondes pour lui poser des questions indirectement... embarrassantes sur les bruits de couloir qu'elle avait forcément dû entendre au lycée.

- Attendez, vous voulez dire que... ?

Le sourire de Leona ne mentait pas ; il ne portait aucun filtre. Chizuru continua de l'étudier en silence alors que la Morimoto, assise au bord du bureau dans une posture pour le moins osée, faisait disparaître une autre viennoiserie. Elle ne sut plus trop où poser son regard sans que la divine Leona puisse deviner ce qui la travaillait.
Sa proposition suivante accentua ce sentiment de gêne qui embrasait littéralement les joues de la jeune nippone.
Reculant la tête, Chizuru la regarda avec de grands yeux ronds d'étonnement.

- Passer la nuit ici ? E-en votre compagnie ? Vous êtes sérieuse ? Whaow ! J-je... n'aurais jamais osé vous demander un tel privilège.

Oui, elle était carrément soufflée !
L'idol secoua brutalement la tête comme pour se remettre de ses émotions. Puis elle dégaina aussitôt son téléphone.

- Il faut vite que je prévienne mes parents.

Penchée sur la petite machine, elle pianota à toute vitesse, ses doigts remuant à un rythme effréné.
C'est confirmé : on se revoit demain ! J'espère de tout cœur que vous passerez une soirée aussi géniale que la mienne ! ★★★
Elle mit l'appareil en silencieux, le rangea dans sa poche, releva la tête puis adressa un sourire d'excuse tout à fait craquant à celle à qui elle allait tenir compagnie toute la nuit.

- Désolée pour ce léger contretemps ! Les miens ont vite fait de se faire du souci me concernant. A croire que je suis faite en porcelaine, ah-ha ! Alors que je ne me suis jamais rien cassé, vous imaginez ?

Lorsqu'elle se tut enfin, Chizuru n'osa point se relever. Le programme de la soirée ne se trouvait-il pas entre les mains de la riche héritière. L'idol se faisait un devoir de se tenir à carreau ! Quant à s'efforcer de rester « pro de chez pro de chez pro »... ce vœu dépendrait surtout des désirs de la puissante Morimoto.

- Euh... juste par curiosité : vous possédez combien de chambres dans ce palais ?

Et combien de bonnes aussi ?
Le regard de la lycéenne dériva lentement vers le plafond, son imagination fleurissant au fur et à mesure de son ascension.
Elle, la petite idol de Jinmu, revêtue d'un uniforme de maid...
Un fantasme ?

L’engouement de Chizuru était plaisant à voir. Leona sourit doucement, et, quand elle lui confirma qu’elle allait passer la nuit ici, elle sourit en voyant les étoiles briller dans les yeux de Chizuru.

*Adorable, cette petite… Un sourire d’ange.*

Leona avala encore un beignet à la framboise, tandis que les doigts de Chizuru papillonnèrent sur son téléphone, et qu’elle signalait à ses parents qu’elle allait passer la nuit ici.

« Hum, je comprends tes parents, moi aussi, je me ferai du souci à la place… Tu es très jolie, cela peut attirer bien des convoitises. Peut-être faudra-t-il que je te trouve un garde du corps… »

Les idol girls, il fallait les protéger, que ce soit contre les fans un peu trop emballés, les paparazzis, ou même ceux qui voulaient les kidnapper pour se faire de l’argent. Leona allait envisager la question, elle avait des relations dans le milieu criminel, il fallait juste trouver un homme de main talentueux au combat, et incorruptible… Ce qui ne serait peut-être pas si simple à trouver. Bien que les Yakuzas prétendissent agir pour l’honneur, ils agissaient surtout pour l’argent. Leona laissa cela de côté, et se décolla de la table. Elle essuya ses doigts du sucre du beignet, puis se pencha vers elle. Elle lui sourit, et caressa son visage avec ses mains, les glissant sur chacune de ses joues… Et l’embrassa sur les lèvres. Ce fut aussi simple que ça, comme toujours avec Leona.

Un sourire malicieux sur les lèvres, Leona lui répondit ensuite :

« Tu sais, je crois que c’est bête. Maintenant que tu me le dis, je crois que nos centaines de chambres sont toutes prises. Il va donc falloir que je partage mon lit avec toi, si ma présence ne t’incommode pas. »

Chizuru semblait pour l’heure incapable de répondre. Leona sourit ensuite, et reprit :

« Peut-être que tu veux faire le lit ? Pour ça, il faudrait que je te trouve un uniforme de maid… Mais on doit avoir ça en stock… »

Un garde du corps rien que pour elle ? Cette éventualité stupéfia la troisième année ! Est-ce qu'on ne protège pas que les gens importants tels que les stars ou les politiciens ? L'opération s'annonçait coûteuse. Ce pouvoir et ce budget témoignaient de la puissance des Morimoto - déjà avérée dans tout le lycée. Chizuru serait sans doute tombée sur le cul si elle n'était pas déjà assise face à son inégalée bienfaitrice.

- C'est... peut-être encore un tantinet prématuré comme décision, non ?

Pour le moment, l'idol en devenir préférait garder les pieds sur terre. N'avait-elle pas encore beaucoup de choses à prouver ? Ce festival allait lui en donner l'occasion - celle de briller comme un astre ! Chizuru comptait bien se donner à fond et...
Pourquoi le visage de Leona se trouvait-il si proche du sien, tout à coup ? Chizuru ne pouvait pas nier qu'elle sentait super bon ! Quel était son parfum ? Sans doute un produit onéreux, bien au-dessus de ses moyens de simple lycéenne. Elle sentit confusément ses doigts entrer en contact avec ses joues, ce qui la fit légèrement tressaillir.

- L-Leona-sama, vous- Hmmm ?

Un baiser ? Ce n'était pas la première fois pour la belle Asa, bien que cela lui fit tout drôle ! Elle avait déjà cédé à ce genre de tentation en secret, notamment avec une de ses camarades de classe - l'intenable Hosoo Ienaga. Entre outre, le baiser qu'avait déposé la riche jeune femme sur ses lèvres s'était fait doux et légèrement trainant, comme pour tester sa réaction.
Chizuru Asa ne sut d'ailleurs quoi dire. Ce sourire qu'arborait la séduisante Leona Morimoto retranscrivait un certain amusement. Sentiment partagé par la nippone ?
Celle-ci se trémoussa dans son siège...
Excitée ou mal à l'aise ? peut-être un peu des deux ?
Oh, elle avait compris que son hôte l'allumait !
Fallait-il qu'elle joue le jeu ? En même temps, quel autre choix lui restait-il à ce stade de la "conversation" ?
Leona-sama lui avait offert une opportunité en or de briller comme jamais ! Reculer maintenant signifierait alors...
Chizuru Asa secoua la tête !
N'était-elle pas une battante ? Il lui faudrait au moins cette qualité pour survivre dans ce monde dans lequel elle avait choisi d'évoluer !
Et voilà maintenant qu'en plus de lui proposer de partager sa couche, la terrible coquine voulait l'engager dans une petite séance de cosplay avec pour thème « la maid et sa maîtresse ».
La troisième année coula un regard à la ronde pour s'assurer qu'elles étaient seules. Puis elle ourla un magnifique petit sourire, auquel elle ajouta sereinement ces quelques mots :

- Je ne suis pas la seule à avoir de la chance.

Tout doucement, elle écarta les mains de la riche héritière et se redressa pour mieux la regarder.

- ★ Vous êtes tombée sur quelqu'un qui adore les jeux de rôle en temps réel ! ★

Si cette nouvelle opportunité l'avait séduite ? Et comment ! Chizuru Asa tenait toujours en selle.
Elle prit son hôte par les mains, ne cherchant pas le moins du monde à éviter son regard - bien au contraire !

- C'en est presque dommage que vos centaines de chambres soient toutes indisponibles. Il arrive que le « hasard » nous joue de bien vilains tours, pas vrai ?

Sans se départir de son adorable sourire, la lycéenne rebondit sur un haussement d'épaules.

- Vous allez devoir me supporter une nuit entière. (Elle soupira pour de faux.) Même si... bon ! On ne peut pas dire que vous ne l'avez pas cherché~

Dans ses yeux brillants se lisait la question suivante : « vous l'avez rangé où, ce fameux uniforme ? »

Le garde du corps, prématuré ? Sans doute… Mais Leona ne souhaitait prendre aucun risque ! Les Strawberries Girls avaient après tout été victimes d’une tentative de kidnapping il y a quelques temps. L’information avait été dissimulée pour ne pas créer la panique, mais Leona avait pris la chose très au sérieux. Elle avait naturellement été informée de cela, et avait commencé à mener ses investigations. Les idol girls étaient très populaires, elles pouvaient donc attirer tout un tas de maniaques, ou de criminels souhaitant s’enrichir. Leona n’en parla pas, car elle ne voulait pas paniquer Chizuru. Au lieu de ça, elle chassa ses pensées de tout doute par un baiser magique. Elle ne fut pas surprise de voir Chizuru y répondre. Quand on était au sein du lycée Jinmu, on apprenait vite à s’ouvrir ! Chizuru était prête à jouer, et à porter la tenue de maid. Leona sourit doucement.

« Okay, ma belle… Mais une maid doit bien avoir une maîtresse, non ? Donc, je vais moi aussi enfiler une tenue… Plus adaptée. »

Leona lui sourit encore, et attrapa la main de Chizuru. Elle la guida ensuite à travers les coursives de l’Arcadie. Le manoir était tout simplement gigantesque, avec de grands halls centraux. Des mezzanines circulaient dans les hauteurs. Le centre de la Sainte-Arcadie ressemblait presque à une sorte de cathédrale, avec un grand couloir central qui pouvait se transformer en grand salon. Le Club social y organisait ses orgies dantesques, en déployant de grands lits, des canapés, des coussins… Leona et Chizuru grimpèrent par l’un des escaliers latéraux, pour rejoindre les étages supérieurs du manoir. Ils présentaient des couloirs aux proportions plus classiques. On y trouvait des salons, des bibliothèques, il y avait même un bar avec un billard, une table de baby-foot, un jukebox… L’Arcadie était très grande, et, à chaque fois que le duo croisait des gens, ceux-ci s’inclinaient et se courbaient devant « Maîtresse Morimoto », ou « Leona-sama ». Leona marchait avec assurance, le dos relevé, signe de sa supériorité totale.

Les deux femmes rejoignirent une chambre assez grande. Un lit à baldaquin s’y trouvait, avec des peintures dorées et des tapisseries. Tout respirait ici le luxe, comme si on était face à un seigneur médiéval. Leona ouvrit une penderie, et sortit la tenue de maid. Elle ouvrit ensuite une porte latérale donnant sur un petit salon.

« Tiens, enfile-là ici, pendant que je me change. »

Chizuru allait pouvoir constater que la robe de maid était très élégante, douce au toucher. Elle comprenait de magnifiques collants avec des escarpins. Tandis que Chizuru l’enfilait, Leona se déshabilla, et enfila une tenue assez classique chez elle : sa tenue de dominatrice rouge, caractéristique de Leona !

Et les voilà reparties ! La sulfureuse maîtresse et sa chère maid, main dans la main, se promenant toutes les deux à travers les couloirs de cet imposant manoir. Chizuru ne tenait plus en place ; sa tête tournait dans tous les sens, si vite que ses yeux ne suivaient pas toujours le même mouvement. Il y avait tant de place, ici ! Tant d'espace à ne plus savoir qu'en faire. La troisième année était impressionnée, et le mot était bien petit. Distraite comme elle était, l'idol en oublia momentanément ce qu'elles projetaient de faire. Ce jeu de rôle qui allait sans doute prendre une tournure proportionnelle aux mœurs d'un lycée qu'elles ne connaissaient que trop bien. Chizuru n'avait d'autre choix que d'assurer, alors autant le faire de bon cœur ! Elle n'avait pas vraiment besoin de se forcer pour en tirer une quelconque satisfaction.
N'est-ce pas ce qui s'appelle « savoir mêler l'utile à l'agréable » ?~
En haut des escaliers, à l'étage, les couloirs paraissaient tout de suite moins larges - sans pouvoir être qualifié d'étriqués ou de courts. Le bâtiment demeurait toujours aussi immense et, sans l'aiguillage de Leona, Chizuru s'y serait très probablement paumée en un rien de temps. En chemin, l'idol ne put s'empêcher de remarquer l'ampleur du respect que le personnel du manoir vouait à la Morimoto. On eût dit une tête couronnée qui marchait au milieu des gueux. Chizuru avait cessé de compter le nombre de courbettes qu'on lui avait faites, ainsi que celles qu'elle avait rendu - en tant qu'accompagnatrice - à tous ces gens qui, socialement parlant, valaient sans doute mieux qu'elle.

- Cet endroit est vraiment incroyable... on pourrait y loger toute une légion !

Leona ouvrit une porte qui menait à une chambre haute de plafond. Un lit à baldaquin, absolument magnifique, côtoyait un mobilier au moins aussi coûteux ainsi que des peintures et des tapisseries flambant neuves. L'ensemble valait une petite fortune que le compte bancaire de la famille Asa n'aurait sans doute pas pu couvrir. Chizuru eut le sage réflexe de ranger ses mains dans son dos avant de se souvenir de ce pour quoi elle avait atterri ici. Piqûre de rappel soutenue par la remise en main propre d'une robe de maid avec froufrous, collants et escarpins assortis.

- ★ Waaaaah !!! Superbe !! Merci ! Je file tout de suite me chaaaaanger~ ★

Dans une pièce attenante, plus grande que sa salle de bain. En un éclair, la fulgurante lycéenne troqua son uniforme contre cette tenue soyeuse - car elle ne ravivait pas que les yeux, avec cette texture sans pareil ! Chizuru prit tout juste le temps de se contempler dans un miroir en tapant la pose avant de retourner dans la chambre de sa bienfait-... maîtresse ?
La servante fictive porta une main à sa bouche quand elle la découvrit, debout dans sa chambre, les membres bien serrés dans son costume osé de dominatrice.

- Ouwhow ! Leona-sama, vous êtes... euh... whow !

Frappée par cette vision, elle avait titubé, un peu comme une ivrogne, sur deux pas en arrière.
Elle se reprit très vite, toussotant dans son poing pour se redonner contenance.

- Hum-hum ! Je veux dire : « quel plaisir indicible de vous découvrir sous vos plus beaux atours, Maîtresse Leona ! Votre maillot est une vraie bénédiction pour les yeux »

Elle reprit sa voix normale, ajoutant avec une pointe d'embarras :

- que je ne sais plus trop où poser d'ailleurs. Hi hi~

Les mains jointes devant elle, la maid déguisée s'avança... sans trop savoir si elle devait marcher en direction de sa Maîtresse ou bien vers ce grand lit qu'elles n'allaient pas tarder à déranger ?

Un studio tout entier aurait sans doute pu rentrer dans cette chambre. Ici, tout respirait le luxe, la beauté, la volupté, la luxure et le désir sexuel… Les yeux de Chizuru s’écarquillèrent en voyant Leona revenir dans son slingbikini rouge. Le cœur de Chizuru sembla se mettre à fondre sur place, et elle ne savait plus où regarder.

*Trop mignonne, cette petite…*

Leona sourit doucement, et se rapprocha de sa maid.

« Et toi, la robe te va bien aussi, Chizuru-chan… »

La main de Leona, gantée, caressa la joue de Chizuru, et son pouce s’enfonça entre ses lèvres. Elle laissa Chizuru suçoter ce doigt, voire le mordiller. En regardant Leona, Chizuru pourrait lire le désir dans les yeux de cette dernière. Sa respiration s’accentuait, s’alourdissait, et le regard de Leona frémit lentement.

Le pouce de Leona tourna pendant quelques instants dans la bouche de Chizuru, glissant sur ses dents. Son autre main caressa son épaule, glissant sur son uniforme. Il était très doux, et sans doute très confortable à payer. Leona retira ensuite son doigt de sa bouche, et vint ensuite le suçoter elle-même, comme pour goûter à la salive de Chizuru.

« Hmmm… Ta bouche n’est pas si desséchée que ça, mais… Il faudrait éviter que tu t’assèches sur place… »

Elle sourit alors, puis se rapprocha à nouveau de Chizuru. Leona pencha sa tête sur le côté, posa sa main sur l’arrière du crâne de sa partenaire. Leona put sentir contre ses lèvres le souffle des lèvres de Chizuru, puis elle l’embrassa. Ce fut un beau baiser, long et savoureux. Leona déplaça son autre main au milieu du dos de Chizuru. Elle sentit le corps de l’idol girl presser contre elle, et Leona fit descendre sa main, qu’elle glissa sous la robe de maid de Chizuru. Elle pressa ainsi directement l’une des fesses de Chizuru, qui sursauta doucement contre elle.

Leona fit durer ce baiser, et s’amusa à enfoncer sa langue dans la bouche de Chizuru, jouant avec.

« Hmmm… »

Leona n’avait aucune envie de mettre fin précipitamment à ce baiser, et, tandis qu’elle embrassait et palpait Chizuru, celle-ci allait pouvoir constater qu’elle pourrait faire la même chose, le corps de Leona lui étant généreusement offert…