The Multiversity

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Trois mois.

Cela faisait trois mois qu’Helena était revenue de Franklin, après son face-à-face avec Shayne Hannigan, l’une des expériences les plus difficiles sur le plan psychologique qu’elle ait eu à affronter. Quand le FBI avait mené l’assaut sur la centrale abandonnée, il n’y avait plus trace de Shayne et de son culte. Après avoir conduit la méta-humaine qui avait détruit la ville en détention, la jeune femme était rentrée chez elle retrouver sa bien-aimée et lui avait tout raconté. Même un esprit aussi fort que le sien avait eu besoin de temps pour se remettre pleinement. Les premiers jours, elle avait même peur d’être seule avec Karen, craignant que ce soit encore Shayne qui essayait de la tromper.

Helena s’était jurée de ne plus jamais s’approcher de cette femme, de peur que leur prochaine rencontre ne vienne à bout de son esprit fragilisé. Et pourtant, quand elle eut vent d’événements étranges ayant lieu dans le village de Franklin, au Texas, elle ne put s’empêcher de récupérer des infos. Et sans surprise, elle trouva plusieurs images d’individus portant le tatouage du culte de Shayne entrant en ville peu de temps avant que les disparitions ne commencent.

Le nom du village, le tatouage... ce n’est pas un hasard. C’est forcément elle.

Dans un premier temps, Helena préféra laisser à d’autre super-héros le soin d’aller enquêter. Trois partirent, un seul revint, et il acclamait Shayne comme sa déesse. Il portait également un message pour Helena :

« La déesse réclame ta présence. Viens à elle et il ne te sera fait aucun mal. »

Après une longue hésitation, et malgré le fait que Karen lui demanda de ne pas y aller, Helena finit par se décider à aller affronter Shayne, et elle insista pour y aller seul. Bien sûr, sa femme aurait pu être un renfort précieux, mais elle craignait de voir son esprit être brisé par Shayne. Et si sa puissance kryptonienne se retournait soudainement contre la Terre, ce serait affreux. Au moins, si son esprit chavirait, elle pourrait facilement être stoppée.

La reconnaissance aérienne de Franklin révéla que tous les habitants avaient disparus, à l’exception d’ouvriers et d’agents de sécurité sur un chantier. Ce dernier ne contenait qu’une structure en préfabriqué, mais en voyant tous ceux qui s’agitaient autour, l’héroïne comprit vite que c’était là qu’elle devait se rendre. Les autres super-héros et les forces de l’ordre avaient dû se dire la même chose, mais elle, elle savait qu’elle pouvait approcher sans crainte.

Equipée de son meilleur matériel et de quelques gadgets spécialement prévus pour l’occasion, Helena s’envola dans un jet privé de Starr Industries et sauta en parachute au-dessus de Franklin. Comme prévu, elle atterrit au milieu du parc municipal, puis elle traversa 3km en ville avant d’atteindre le chantier. Grâce à la configuration des rues, elle ne fut visible que lorsqu’elle fut à moins de 100 mètres des gardes du chantier. Comme un réflexe, ces derniers approchèrent leurs mais de leurs armes, mais se ravisèrent aussitôt qu’ils la reconnurent.

« Je suis Huntress. Votre déesse a demandé à me voir. Je suis là. Alors conduisez-moi à elle. »

Helena suivit l’un des gardes du chantier qui la fit entrer dans la structure préfabriquée. A l’intérieur se trouvait un escalier.

« Descendez cet escalier et vous la trouverez. »

La jeune femme s’engagea donc seule dans l’escalier, en prenant tout de même garde de ne pas être suivie et en guettant la présence éventuelle de pièges.

Je ne sais pas ce que tu mijotes Shayne, mais si c’est moi que tu veux, j’arrive.

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Au début, elle ne voulait pas venir. Prévisible. D’autres vinrent à sa place. Un seul revint à elle avec un message. Les deux autres… Ont eu un débat idéologique qui a conduit à leur décès tragique. Ils se sont entretués, en fait. Et non, je n’ai rien à voir là-dedans. Le premier a écouté ce que j’avais à dire et a trouvé une logique à mes actes. Le second n’a rien voulu entendre. Les arguments rationnels ont tourné aux propos… Fanatiques, on va dire… Et le tout à un drame. Mais je le redis. Je n’ai rien fait, activement à tout le moins, pour les influencer. Juste sur le troisième. Pauvre âme torturée qui avait besoin qu’on lui donne un but dans la vie, qu’on lui montre un nouveau chemin, une nouvelle alternative. Comme des dizaines de personnes avant lui, en fait. Pas le premier… Et certainement pas le dernier. Comment disait Tyrion Lannister, déjà?

I have a tender spot in my heart for cripples and bastards and broken things. Voilà. C’est exactement cette citation que je cherchais. Ma créatrice ne sait pas que j’existe et n’acceptera jamais mon existence. Or, dans ce cas, j’aime m’entourer, prendre sous mon aile, les indésirables, s’il faut les appeler ainsi. Mes cultistes sont prêts à mourir pour moi et il y a peu de contrôle mental dans le processus par-dessus le marché. Donner un peu d’espoir, même une quantité ridicule, fait des merveilles. Et après… L’incident… De la centrale abandonnée, car j’ai trouvé le coupable ayant blessé Helena et il n’est plus de ce monde pour recommencer, mes ordres ont été on ne peut plus clair. Si quelqu’un touche à un cheveu d’Helena sans permission, je lui promets une agonie que ses ancêtres vont sentir. Donc, je sais qu’elle sera amenée jusqu’à moi sans risque aucun. Et c’est parfait ainsi.

Quand on m’informe qu’elle est arrivée, je quitte la salle où se trouve ma surprise et je vais à la rencontre d’Helena. Ô délicieuse tortionnaire qui fait souffrir mon être avec des possibilités si à l’encontre de ma nature profonde… Je suppose qu’en quelque part je suis masochiste. Je suis faite de ce que ma créatrice n’aime pas et elle n’aime pas la douleur. Cette dernière m’apporte parfois le… Point focal nécessaire pour réorganiser mes pensées. Mais bon, j’ai une invitée à accueillir, non? HELENAAA! Que je m’écris en la voyant. Je cours, je lui sauter presque dans les bras et je lui donne un énorme câlin, comme si je recevais une amie chère que je n’avais pas vu depuis longtemps. Elle risque d’être surprise car je suis sous ma « vraie » apparence, pas celle de la dernière fois. Comment vas-tu, que je lui demande en souriant. Cela fait quoi… Trois mois? Et je suis déçue, moi qui espérais tant que tu me fasses rencontrer ta douce et tendre! Une prochaine fois, peut-être, qui sait!

Elle peut voir dans mon regard que pour le moment, je suis stable. Quand j’ai mes petits moments d’euphorie, je ne suis pas dangereuse. C’est quand je me fâche ou que je suis trop calme qu’il faut s’inquiéter. Je lui fais signe de me suivre et quand les gardes veulent faire de même, je laisse entendre un « ah ah ah » et ils reprennent leur poste. Nous passons dans un espace salle à manger et… Encore une fois, de la nourriture a été préparée pour elle. Et si elle a appris de notre première rencontre, elle sait que ce n’est pas une bonne idée de refuser. Je prends place, je l’invite à faire de même et je demande à ce qu’on nous serve à boire. Et qui vient pour remplir mon verre? La métahumaine qu’elle a rencontré à Franklin. Pour remplir son verre? Le super héros convertit à ma cause. Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu me le dis et ils vont se charger de nous l’amener, que je laisse savoir.

« Ça fait plaisir de te rencontrer sous ma vraie, apparence, si on peut dire ça comme ça. Je trouve que ça me va mieux que le déguisement de la dernière fois. Je suis contente que tu sois venue. Je savais que tu verrais les indices… Et que faute de cela tu recevrais mon invitation. Tu vas être contente, j’ai beaucoup moins tué ces derniers temps. Depuis notre rencontre il y a trois mois… Je ne sais pas… Cela n’a plus la même… Saveur? »

Une fois arrivée en bas de l’escalier, Helena s’engagea dans un tunnel. Toujours sur ses gardes, la jeune femme guettait la moindre trace de pièges ou de cultistes en embuscade. Il y avait des caméras, mais elle les ignora. Ce n’était pas comme si elle cherchait à être discrète après tout. Et au bout du couloir, elle trouva Shayne, qui cria son nom en la voyant et se jeta dans ses bras. A sa grande surprise, la méta-humaine avait pris une apparence différente de celle de leur dernière rencontre.

« Shayne... je ne pensais pas qu’on se reverrait un jour. Tu m’as l’air de bonne humeur. »

Effectivement, la femme semblait étrangement joyeuse. La dernière fois qu’elle lui avait parlé, elle était triste et en proie à de terribles tourments intérieurs, mais là... elle semblait heureuse et se réjouissait d’avoir de la visite. Elle était juste un peu déçue que Karen ne soit pas avec elle, elle aurait voulu la rencontrer.

« Eh bien désolée, mais au vu de ce que tu as fait aux derniers héros qu’on a envoyé chez toi, il n’est pas question que je te laisse approcher une kryptonienne. »

Inutile de lui mentir ou de lui cacher son jeu, elle préférait être honnête avec elle.

Helena suivit Shayne jusque dans un espace salle à manger, où une table bien garnie était dressée. Cela lui rappela de mauvais souvenirs de son dernier affrontement avec Shyane, mais elle avait bien compris qu’il ne valait mieux pas la contrarier, alors elle s’installa après qu’on l’ait invité à le faire. Et quand la méta-humaine demanda à ce qu’on serve à boire, elle vit apparaître la méta-humaine rencontrée à Franklin lors de son premier affrontement avec Shayne, ainsi que le seul héros à être revenu de la mission de reconnaissance.

« Qu’est-ce que ça veut dire ? Vous, vous devriez être en prison, et vous, à l’hôpital. »

« Aucune prison ne peut me retenir loin de ma déesse. Pour elle, je détruirai monts et vallées. »

« Les gens de l’hôpital n’arrêtaient pas de dire que j’étais fou, qu’on m’avait fait un lavage de cerveau, mais j’étais le seul parmi eux à voir la vérité. Je me suis enfui pour rejoindre ma déesse, la seule à m’avoir montré le chemin de la vérité. »

La présence de ces deux anciens héros montraient bien à quel point Shyane était dangereuse. Helena savait qu’elle ne pouvait compter que sur son expérience si elle voulait s’en tirer et comprendre quel était le plan de son ennemie. Cette dernière était ravie de la revoir sous sa vraie apparence, et elle lui dit qu’elle tuait beaucoup moins depuis leur rencontre, comme quoi ça n’avait plus la même saveur.

« Je suis ravie de l’entendre, mais je le serais encore plus si tu avais cessé de tuer parce que tu avais compris que c’était mal, pas parce que tu n’en ressentais plus le plaisir. »

L’héroïne avait compris que son ennemie était un concentré de sentiments négatifs, elle ne pouvait donc pas espérer qu’elle devienne paisible et découvre l’empathie du jour au lendemain, mais elle n’allait pas non plus la féliciter juste parce qu’elle prenait moins de plaisir à tuer.

« Bon, ne tournons pas autour du pot. Qu’est-ce que tu veux Shayne ? Tu as voulu que je vienne jusque ici, me voilà. Alors dis-moi ce que tu mijotes. Tu as encore un plan pour mener l’espèce humaine à une prise de conscience ? Est-ce que tu comptes encore tuer plein de gens innocents ? »

« Ne parle pas à notre déesse sur ce ton, ingrate. Tu es en vie uniquement grâce à sa bonté. Si elle n’était pas intervenue, je t’aurais pulvérisée lors de notre rencontre à Franklin. Alors sois plus reconnaissante. »

« Ce n’est pas sa faute. Son chemin est toujours plongé dans l’obscurité parce qu’elle n’a pas vu la lumière de la vérité qu’offre notre déesse. »

Helena aurait été tentée de rebondir là-dessus, mais elle ne tenait pas à mettre la méta-humaine de Franklin en colère. Elle mangea donc tranquillement ce qu’il y avait dans son assiette et se concentra sur Shayne.

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Tut tut tut, que je fais entendre. Helena est mon invitée et vous savez tous les deux ce qui est arrivé à la dernière personne qui a osé proposer de lui faire du mal. Le ton est amusé mais la menace bien sentie. Si d’aventure l’un d’eux décidait d’embêter Helena, les conséquences seront funestes. La méta humaine s’excuse, le héros, lui, murmure une courte prière en mon nom. Ça fait drôle de voir Helena sous la forme que je me suis choisie. Peu habillée, d’accord, mais pas de danger. Il n’y a aucun amour pour moi dans le cœur de cette femme et je ne cherche pas à la séduire de toute façon. Je doute que j’y parviendrais, de toute façon. Enfin. Dommage pour Power Girl, finis-je par dire. Peut-être que j’irai lui rendre visite une autre fois alors. Ou que je pourrais venir souper chez toi! Une visite cordiale entre deux ennemis. Je promets d’être sage! Elle en fait une tête…

Pas convaincue, je dirais. Mais je peux être sage, je vous dis. Je comprends qu’elle ne me fasse pas confiance et qu’elle pense que c’est un plan maléfique mais je suis parfaitement honnête dans mes propos. Mais bon. Nous reviendrons sur cette idée. Ou pas du tout. Nous mangeons et inévitablement, elle veut savoir pourquoi elle est ici! Et je suis trop contente qu’elle me pose cette question. Mais par quoi commencer? Je ne peux pas tout de suite lui vendre le punch, lui montrer la grande finale… Nous n’avons même pas encore entamé le plat principal! Je compte bien profiter du repas tout en lui racontant pourquoi elle est ici et ce que j’ai fait. Et puis je vois difficilement ce que j’aurais pu faire de mal… Mais c’est pour ça qu’elle est là, car il y a une forte considération éthique à prendre en compte et… Et c’est à Helena de trancher et à personne d’autre, parce que j’en ai ainsi décidé!

« Ah… Pas le temps pour le social, les petites discussions plus anodines? Je vois, je vois. Bon, j’imagine que tu n’as pas dû prendre trop le temps de te renseigner sur cet endroit. Franklin. Un village, si on peut appeler ça comme ça, d’à peine soixante-six habitants. Et non, je te jure que je n’ai tué personne. Ils sont tous vivants et en bonne santé. Ce serait un peu idiot de prendre leur vie alors qu’en fait, je leur en donne une neuve.

D’ailleurs, sans vouloir me lancer des fleurs, je dirais que personne ne s’est aussi bien occupé d’eux que moi. Savais-tu que cette agglomération compte un nombre important d’alcooliques, de fumeurs, de drogués et de gens qui se détruisent la santé à cause de diverses addictions? La pauvreté y sévit depuis des années mais le gouvernement préfère les ignorer que de les aider. J’ai lu certains de leurs courriels. À te déchirer le cœur…

Et là, je vais citer Tyrion Lannister dans Game of thrones. I have a tender spot in my heart for cripples and bastards and broken things. Des gens comme moi, abandonnés, brisés mais là où par nature je n’ai pas de chance, je peux leur en donner une! C’est donc… Quel est ce drôle de mot que vous aimez utiliser… Altruiste, voilà. Au début je voulais juste les guérir de leurs problèmes et ainsi obtenir de nouveaux cultistes mais… Encore une fois…

Tu m’as inspiré, Helena! Oui! Cette idée, ce projet, tu peux dire que tu es un peu la force derrière. Notre dernière rencontre m’a laissé dans un délicieux état de détresse psychologique, à tenter d’assimiler, comprendre Helena Wayne, la validité de tes arguments, la force de tes convictions… Alors je te pose la question : est-ce que c’est bien ou mal de permettre à soixante-six âmes en peine d’avoir ce qu’ils veulent? »

Là c’est probablement le moment dans sa tête où elle se demande ce que je veux dire par là et si je ne suis pas plus dangereuse à vouloir faire le bien que le mal. J’ai dit, volontairement, c’est un choix de mots bien spécifique, leur permettre d’avoir ce qu’ils veulent. Ce qui veut dire que si je n’ai tué ou blessé aucun d’entre eux, cela ne veut pas dire que du mal ne sera pas fait à d’autres personnes par ricochet. Ou que je pourrais leur donner des millions de dollars, ce qui viendrait causer des pépins avec l’économie locale, l’IRS, etc. Ou que je pourrais leur avoir donné des « super pouvoirs »! vous imaginez bien ce qu’une personne qu’on a ignoré toute sa vie pourrait faire avec ce genre de chose… Mais ne vous en faites pas, en vérité, personne n’est en danger. Là, je jauge les réactions d’Helena. Je regarde les engrenages tourner dans sa tête et pourquoi pas… Un peu de panique avec ça?

Shayne tenait bien ses fidèles en laisse, leur rappelant qu’Helena était son invitée et qu’il était donc formellement interdit de lui faire du mal. Entre deux bouchées de son repas, elle expliqua enfin à l’héroïne le but de son nouveau projet. Et alors que l’héroïne s’attendait à ce qu’elle lui parle à nouveau de prise de conscience de la société et d’actions violentes, le début semblait plutôt encourageant.

D’après Shayne, les 66 habitants de Franklin étaient en vie et en bonne santé. Toujours selon elle, l’agglomération comptait un grand nombre de fumeurs, de drogués et de gens accros à divers produits nocifs, et le gouvernement ne faisait rien pour les aider à sortir de leur pauvreté. Mais au lieu de se contenter de les recruter pour en faire de nouveaux cultistes comme elle le faisait d’habitude, elle avait décidé de se montrer plus altruiste, inspirée par sa dernière rencontre avec Helena.

Plus altruiste ? J’ai hâte d’entendre ça.

Pensa-t-elle en mangeant ce qu’il y avait dans son assiette.

D’après Shayne, leur dernière rencontre l’avait laissée dans un état de détresse psychologique, à tenter d’assimiler et de comprendre les arguments et les convictions d’Helena. Elle lui posa donc une simple question : était-ce mal de donner à 66 personnes ce qu’elles demandaient ? Et bien sûr, la jeune femme n’allait pas lui donner une réponse simple.

« Tout dépend de ce que ces personnes demandent. Il ne faut pas oublier que le bonheur des uns fait le malheur des autres. Si un junkie te demande de lui fournir de la drogue et que tu le fais, tu encourages son addiction, ce qui est mal. Par contre, si un paraplégique te demande de le faire remarcher, c’est plutôt une bonne chose. Après, tout dépend de ce qu’il fera de ses jambes une fois qu’il les aura.
En fait, le problème, c’est qu’on ne peut pas envisager toutes les conséquences possibles au fait de donner à quelqu’un ce qu’il demande. Avec une seule personne, cela pourrait déjà être le chaos, alors avec 66... j’ai du mal à imaginer.
Est-ce que cette réponse te convient ? »

Helena se mit à cogiter. Qu’est-ce que Shayne avait donné aux habitants de Franklin ? Les avait-elle guéris de leurs addictions pour mieux les influencer ? Ou avait-elle des projets plus grands ? Ne connaissant pas les limites et les possibilités que donnaient ses pouvoirs, elle ne pouvait que supposer. Mieux valait l’interroger directement.

« C’est un délicieux repas que tu as préparé. Je me régale. Et si je peux me permette... j’aime beaucoup ce que tu portes. Ca met en valeur tes meilleurs attributs. »

Honnêtement, Helena ne savait pas sur quel pied danser avec Shayne. Elle était déjà persuadée qu’elle ne repartirait pas de Franklin en un seul morceau, alors elle se contentait de dire ce qui lui passait par la tête.

« Si tu veux que je donne une réponse plus précise à ta question, il faudrait peut-être que tu m’expliques ce que tu prépares. Si je vois dans quel état sont les habitants, je pourrai te dire si, selon moi, ce que tu leur donnes est bien ou mal. »

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

« Ha ha ha! Toujours le mot pour me faire rire! Est-ce que ta réponse me convient… Elle n’a pas à me convenir, je te demande ton opinion! Tu es adorable… N’est-elle pas adorable, vous autres? On dirait presque qu’elle cherche à me faire plaisir! Détends-toi, Helena. Tu sais comment je fonctionne. Un peu, au moins. Tu n’es pas en danger tant que tu collabores. Tu sais que j’ai du mal avec le refus. »

La jalousie des deux autres est presque palpable. Je suis une déesse, à leurs yeux. LEUR déesse. Et cette… Hérétique… Cette non croyante, a droit à plus d’attentions et de « privilèges » de ma part qu’eux. Évidemment que oui parce que… Bien parce que c’est Helena, voilà. Pas la peine d’en débattre davantage. Je sais très bien que quand elle sera repartie, à Gotham, probablement, ce sera le concours pour se démarquer le plus à mes yeux. Tant mieux! J’aime une saine compétition! Et quand elle passa des compliments sur ce que j’ai préparé et ce que je porte, j’ai rougi. Physiquement. Et je n’ai rien simulé. Je ne reçois que rarement des commentaires positifs. Non, ceux faits par mes cultistes ne comptent pas pour des raisons évidentes : ils ne sont pas… Totalement objectifs. Fanatisme, tout ça, tout ça… Et comme je ne pense pas qu’Helena me mentirait… Enfin…

Pas pour quelque chose d’aussi trivial. Tu… Tu le penses vraiment, que je demande avant de prendre une grande gorgée d’eau pour tenter de faire redescendre la température. Concentres toi Shayne, concentres toi. C’est ta chance de montrer que tu as fait quelque chose de bien… Mais pas tout de suite! Pas avant le dessert, voyons! Alors, pour la rassurer, je prends un ordinateur portable posé sur une petite table et je l’ouvre. Soixante six icônes sont visibles et j’en ouvre quelques-uns au hasard. Elle peut voir toutes sortes d’informations : rythme cardiaque, pression sanguine, activité cérébrale, stabilité de l’organisme et j’en passe. Cela sous-entend que les habitants de la ville sont surveillés par de l’équipement médical de pointe… Mais pour avoir des données si précises… Il faudrait qu’ils soient physiquement connectés à des machines complexes. Ce qui pourrait inquiéter.

Il est facile d’imaginer une scène digne d’un film d’horreur : soixante six lits sur lesquels se trouvent les habitants de la villes, toutes sortes de liquides étant pompés dans leurs veines pour les maintenir en vie et en santé… Des médecins et des infirmières aux traits démoniaques… Mais non, rien de tout cela. Je vous l’ai dit, j’ai fait quelque chose d’altruiste. Et je n’ai pas menti. Tu vois, que je lui dis, ils vont tous bien! Beaucoup mieux qu’avant, j’ai même guéri quelques cancers, maladies chroniques et autres tant qu’à bien faire les choses, dis-je fièrement. Quoi? C’est comme ça que je recrute mes fidèles. Je trouve ceux qui ont perdu tout espoir et j’accomplis un petit miracle. Hop, vous avez un cultiste fanatiquement dévoué à votre personne! Ce n’est pas difficile! Le dessert arrive ou plutôt les desserts. Sur certains points, je suis très proche de ma conceptrice…

« Avant de te montrer, prenons un dessert bien mérité! Mais je peux t’en dire plus, par contre. Donner à soixante six personnes tout ce qu’elles veulent, c’est un aller simple pour la catastrophe, si je venais à le faire dans le monde dit réel. Mais… Si on enlève le réel? Si on leur donne tout ce qu’ils veulent… Mais dans leur tête, plutôt? Cela ne peut pas nuire. Ne peut pas causer de catastrophe. Et avec la bonne technologie… Pourquoi pas l’équivalent d’un miracle?

Oh mais je t’en ai trop dit. Manges, manges, je te montre après, promis! »

Shayne ria un bon coup en rappelant à Helena que ses réponses n’avaient pas à lui plaire. Elle voulait que son invitée lui parle avec franchise, lui rappelant qu’elle ne lui ferait pas de mal tant qu’elle acceptait de coopérer. Et c’était bien pour ça que la jeune femme mangeait ce qu’on lui avait servi sans discuter. Par contre, elle fut étonnée de voir la méta-humaine rougir un peu quand elle la complimenta sur sa tenue.

Soit elle fait semblant, soit j’ai mis le doigt sur quelque chose. Il faudra que je retente l’expérience.

Alors qu’elles finissaient leur plat principal, Helena regarda Shyane ouvrir un ordinateur portable posée sur une petite table. Ce dernier affichait soixante-six icônes, et elle en sélectionna une au hasard. La jeune femme vit s’afficher toutes sorties d’informations : rythme cardiaque, pression sanguine, activité cérébrale...

« Ce sont les habitants de Franklin ? Tu les surveilles avec du matériel médical ? »

Au moins, si ces données étaient réelles, alors ils étaient tous bien vivants. D’après Shayne, elle en avait même guéri certains de cancers et de maladies chroniques. Et alors que les desserts arrivaient, elle expliqua à Helena qu’elle était d’accord avec elle : donner tout ce qu’elles veulent à soixante-six personnes, c’était un aller simple pour la catastrophe. Mais que se passerait-il si elle leur donnait tout ce qu’elles demandaient en-dehors du monde réel ?

« Hors du monde réel ? Qu’est-ce que tu veux dire ? »

Mais elle refusa d’en dire plus. L’héroïne se mit donc à manger son dessert en se demandant ce que cette femme avait bien pu faire à ces soixante-six âmes.

Si je pars du principe que les informations affichées sur ce moniteur sont correctes, alors ces gens sont bien en vie, mais ils doivent être inconscients. Est-ce qu’elle les aurait plongés dans le coma pour manipuler leurs rêves et leur faire croire qu’ils vivent une vraie vie ? Ou est-ce qu’elle utiliserait une technologie de réalité virtuelle ?

Il y avait plusieurs théories, mais elle savait qu’elle n’avait pas besoin de se torturer l’esprit à imaginer ce que son hôte avait pu faire, elle le verrait bien assez tôt.

Après avoir fini ses desserts, Helena regarda les fidèles de Shayne débarrasser la table et se leva quand cette dernière en fit de même.

« C’était un très bon repas Shayne, merci. J’apprécie que tu me reçoives avec tant de bonnes manières. »

Vu leur passif, elle aurait pu décider de désintégrer Huntress aussitôt qu’elle l’aurait vu, mais le fait qu’elle se comporte si bien et si calmement la rassurait, aussi bien pour elle que pour l’état des habitants de Franklin.

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Je me contente d’un petit haussement d’épaules et d’un sourire. Je ne reçois pas souvent donc… J’aime autant mettre les efforts quand j’ai de la visite. On me dira que bon, il y a une raison pour laquelle je n’ai pas souvent des visiteurs, à commencer par le fait que je suis mentalement instable et prompt à des actes de destruction ou vindicatifs quand je suis moindrement contrariée ou encore que je dirige un culte de fanatiques à ma propre gloire ou encore que je ne suis pas exactement facile d’approche mais… Si vous me le faites remarquer, il risque de vous arriver quelque chose de désagréable donc mieux vaut garder ça pour vous! Toujours est-il que je suis très contente de la visite d’Helena… Même si techniquement je l’ai un peu forcée à venir ici. Détails, je suis heureuse, je suis relativement calme et docile, profitez-en pendant que ça dure!

Il est temps maintenant de lui montrer mon ambitieux projet. Je me lève et je l’invite à en faire de même. Les deux métas humains nous emboitent le pas et la jalousie de la destructrice de Franklin est palpable. Elle n’aime vraiment pas Helena. Tant qu’elle ne tente rien de stupide, elle peut bien détester tant qu’elle veut, cela ne me dérange pas. Cela va la pousser à donner encore plus d’elle pour ma gloire. Quiconque n’a pas l’approbation de la déesse ne se dévoue pas suffisamment à la Cause. C’est aussi simple que cela. Nous finissons par arriver dans l’espace aménagé pour accueillir les capsules dans lesquelles se trouvent les habitants de Franklin, tous dans leur petit monde virtuel. Tous bien pris en charge et on s’assure qu’il n’y ait pas d’atrophie musculaire ou de carences quelconques. Quoi? Le but n’est pas que s’ils quittent la simulation ils soient en mauvais état!

« Soixante-six capsules de réalité virtuelle dernier cri! Chaque individu est alimenté par intraveineuse avec une solution faite sur mesure en fonction de leur besoin particulier. Chaque capsule continue de stimuler les muscles pour éviter l’atrophie ou les problèmes et ils ressortiraient de là dans quinze ans que le corps serait en excellent état. Système de nettoyage intégré, le tout dernier cri en matière de matériel médical… Bref.

Maintenant, ils ont tout ce qu’ils veulent! Oh d’accord, ils sont tous dans leur petit monde virtuel, complètement déconnectés de la réalité mais maintenant, au moins, ils ne souffrent plus et ils sont heureux. Et en vie! Tu vois? Tu vois? Je t’avais bien dit que je n’avais tué personne! Et c’est très super héros : j’ai identifié un problème et sans utiliser de violence, j’ai réglé le problème! Je dois avouer que je suis fière de moi, là. Go Shayne! »

C’est une solution acceptable si on oublie que soixante-six personnes sont potentiellement prisonnières d’un monde virtuel face auquel une sévère dépendance est à prévoir. Ce n’est pas pour rien que les gens deviennent accros à tout ce qui leur permet désespérément d’échapper à leur vie de merde. Si chaque fois qu’un individu veut quelque chose vous le lui donnez, c’est une spirale sans fin vers une addiction toujours plus dévorante. Ce qui au début était raisonnable devient de plus en plus irréaliste. Et franchement, qui va vouloir quitter sa capsule pour retourner à une vie de misère et de désespoir face à un gouvernement qui se fout de vous et qui ne vous aidera pas. Oui, ce que j’ai fait est « gentil », en ce sens qu’en ce moment, ces gens ne souffrent pas. Mais… Était-ce délibéré? Est-ce que j’ai fait ce que j’ai fait volontairement en sachant ce qui pourrait se produire?

Car libérer ces gens serait plus cruel qu’héroïque… Mais techniquement la bonne chose à faire…

« Je te rassure, ils sont tous entré volontairement dans ces capsules et peuvent les quitter quand ils veulent. Il y a juste une condition. Tu sors, c’est fini pour toujours, tu as utilisé ta chance et tu as fait ce que tu voulais avec. Ce ne sont pas mes prisonniers. Simplement… Ils ne veulent pas sortir de leur capsule. Peut-être que tu veux visiter ce que certains d’entre eux voient? Pour te prouver qu’ils ne souffrent pas… »

Helena suivit Shayne jusqu’à l’espace que cette dernière avait aménagé pour son grand projet. Là, Helena vit les soixante-six habitants de Franklin plongés dans des capsules. Son hôte lui expliqua qu’il s’agissait de capsules de réalité virtuelle, qui donnaient aux habitants immergés dedans l’illusion qu’ils menaient la vie dont ils avaient toujours rêvé. L’équipement médical de pointe auxquels ils étaient rattachés s’assuraient que leurs besoins biologiques étaient satisfaits, stimulaient leurs muscles pour éviter tout risque d’atrophie, il y avait même un système de nettoyage intégré. Ainsi, ils pouvaient avoir tout ce qu’ils voulaient sans que cela mettre leur vie ou la société en péril. Ils avaient également la possibilité de sortir dès qu’ils le souhaitaient, mais s’ils le faisaient, ils ne pourraient plus jamais y retourner. Ils n’étaient donc pas prisonniers.

« Ouah... c’est vraiment... impressionnant... »

Helena n’arrivait pas à croire que Shayne ait eu l’idée de faire une telle chose. Elle était parvenue, sans contraindre personne et sans faire de mal à qui que ce soit, à trouver une solution efficace à un problème de société.

« Franchement, je ne sais pas quoi dire. Après notre première rencontre, quand tu m’as avouée être un condensé d’ émotions négatives, je pensais que tu ne serais jamais capable de faire quelque chose de bien. Mais pourtant... tu l’as fait. »

Le bon sens aurait pourtant voulu qu’Helena demande à ce que ces gens soient libérés, mais quel intérêt cela aurait-il eu ? S’ils étaient vraiment tous atteints d’addiction, qu’ils étaient dans ces capsules de leur plein gré et qu’ils étaient heureux, elle ne trouvait pas grand-chose à redire. En fait, si elle les obligeait à sortir de ces capsules, ce serait elle la méchante.

« Tu as l’accord de ces gens, mais qu’en est-il de leurs familles ? Ca peut être une séparation douloureuse pour eux. »

Mais au-delà de ça, Helena ne trouvait rien à redire. Shayne lui proposa même d’aller faire une tour dans un environnement virtuel pour qu’elle puisse voir comment ça se passait à l’intérieur.

« Excellente idée. J’aimerais discuter avec certains de ces gens pour voir comment ils vont. »

Elle restait quand même prudente, se demandant dans un coin de sa tête si le tableau idyllique dressé par la méta-humaine l’était vraiment.

Helena laissa les deux fidèles de Shayne préparer tout le matériel et l’installer afin qu’elle puisse plonger dans le monde virtuel de l’un des habitants. Elle se retrouva dans une chambre très bien rangée, avec le lit fait, le linge dans les placards et le sol impeccable, ce qui contrastait un peu avec les posters de femmes nues sur les murs. Après ça elle rencontra l’occupant de cette chambre, un jeune homme qui fumait des pétards.

« Euh... bonjour ? »

Bien qu’il soit en train de fumer, le jeune homme était assez alerte, et quand il vit Huntress dans sa chambre, il sursauta.

« Désolée, je ne voulais pas vous faire peur. Je suis juste venue voir comment ça se passait. Est-ce que vous êtes heureux ici ? Vous n’êtes pas retenu contre votre volonté ? »

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Me voilà surprise. Je pensais qu’elle me sortirait un discours sur la liberté des gens et que mieux vaut une vie de souffrance que l’illusion d’un paradis ou je ne sais trop encore. Mais pour le coup je n’ai pas menti. J’ai soixante-six personnes volontaires dans ces capsules et rien n’a été fait contre leur gré. Je vois les engrenages tourner dans vos têtes. Shayne, tu ne peux rien faire de bon car il n’y a pas de bon en toi. Juste des énergies négatives. Donc forcément, cela cache quelque chose. Vous avez parfaitement raison. Et je vais même vous dire quoi. Mes… Pensionnaires… Dirons-nous… Peuvent quitter leur capsule quand bon leur semble. Je n’ai pas menti. Mais ils ne voudront jamais le faire. Pourquoi? Parce qu’ils ont tout. Absolument tout ce qu’ils veulent dans leur petit monde. Ils peuvent tout faire, dans le monde virtuel, sans restriction.

Et si on sait une chose pour certitude, c’est que toute personne avec du pouvoir a peur d’une chose, c’est de le perdre. Si Helena ne va pas me forcer à les faire quitter la réalité virtuelle, ce qui aurait des impacts psychologiques extrêmement négatifs sur les pauvres habitants de Franklin… C’est sans compter sur l’idiotie humaine dans sa globalité. Disons simplement que les États-Unis ne vont pas apprécier de savoir soixante-six de leurs concitoyens entre les mains d’une « dangereuse terroriste ». Et qu’ils vont forcément envoyer quelqu’un de bien moins raisonnable qu’Helena pour m’obliger à faire précisément ce qui est attendu de ces imbéciles. Au lieu de sauver des vies, ils vont détruire des vies et la preuve sera faite une fois de plus que l’humain est incapable de voir plus loin que ses préjugés. Mais ne gâchons pas cette surprise pour Helena. C’est trop tôt. Oh oui.

Laissons-la plutôt explorer ce premier petit monde virtuel, plus vrai que vrai. Les sons, les couleurs, les odeurs… Si elle décidait de fumer avec le jeune homme, elle pourrait même en sentir les effets. Le « prisonnier » la regarde, cligne des yeux et demande à Huntress ce qu’elle fait là. J’avais demandé Catwoman… Dit-il, confus. Au vu de la décoration de la pièce, il n’est pas trop difficile de savoir ce qu’il compte faire avec Catwoman. Mais bon. Les jeunes mâles adultes et leurs hormones… Au moins, il est assez lucide pour confirmer à Helena qu’il est ici de son plein gré. Avant, j’étais chômeur et tout le temps défoncé. Un décrocheur sans éducation. Ici, dit-il avec fierté, j’ai réussi à percer dans la musique et je me suis refais une vie heureuse et honnête. Il partage avec Helena certains souvenirs douloureux. Tous ne sont pas des super héros. Tous n’ont pas le mental de le supporter.

Quelques minutes plus tard, elle est envoyée dans une autre réalité virtuelle. Un passionné de sports d’hiver, celui-là, fin quarantaine. Il a servi son pays au Moyen Orient et un explosif improvisé l’aura rendu quadraplégique. En guise de remerciement, une médaille, une somme ridicule et son pays l’a abandonné. Sa femme l’a quitté, ses enfants ont honte de lui, l’handicapé, la plupart de ses amis sont morts pour défendre les États-Unis post 11 septembre 2001… Mais ici, il reprend goût à la vie. Je sais que tout ceci est virtuel, confie-t-il. Mais chaque jour, le ligne entre réel et irréel diminue. Ici, je peux mener la vie que j’aurais pu mener avant mon accident. Et chaque petit monde que visite Helena est occupé par une personne qui a un point commun avec les autres. Le gouvernement, la société, le monde, les a abandonné. Et la seule personne prête à leur donner une nouvelle chance…

Est une dangereuse entité faite exclusivement d’énergies négatives. Il n’y a pas de Bruce Wayne avec une œuvre caritative ou de Superman avec un discours encourageant. Personne n’a aidé les habitants de Franklin. Ils ont été ignorés puis oubliés et on s’est lavé les mains d’eux. Et justement, c’est là que j’entre en scène car la misère humaine est mon terreau fertile pour recruter les cultistes qui me sont le plus fanatiquement dévoués. Et Helena comprend que les dommages qu’elle causerait en me forçant à « libérer » mes « prisonniers » seraient catastrophiques. Enfin. Catastrophique. Il y en a certains qui le lui ont clairement dit. Si on me force à retourner dans le vrai monde, je mets fin à mes jours. Je refuse de retourner en enfer. Et je ne dramatise rien. Leurs mots. Pas les miens. Ultimement, après ses visites, Helena revient donc dans le monde réel…

« Je te l’avais bien dit qu’ils étaient entré dans ces capsules volontairement. Tu as raison sur un point. Les familles et les amis. Je n’ai pas considéré ce facteur. Et tu dis que j’ai fait quelque chose de bien… C’est une question de point de vue, j’imagine. Est-ce bien qu’au lieu de tenter de changer les choses ici dans le monde réel je leur donne une porte de sortie dans un monde virtuel? La notion de bien et de mal est complexe à comprendre… »

Au vu de la décoration de la pièce, quand le jeune homme dit à Huntress qu’il avait demandé à voir Catwoman, elle sentit un haut-le-cœur la traverser. Elle ne pouvait pas vraiment lui en vouloir, rien de tout ça n’était réel et il était à l’âge où les hormones grillent le cerveau, mais quand même... En tout cas, il était assez lucide pour expliquer qu’il était ici de son plein gré. Quand Shayne lui avait proposé la capsule virtuelle comme alternative à sa vie de chômeur sans éducation et tout le temps défoncé, il n’avait pas hésité. Ici, il avait une vie de musicien accompli, heureux et honnête, et il ne regrettait pas le monde réel le moins du monde.

« Très bien. Merci de m’avoir répondu. Je ne vais pas te dérange plus longtemps. »

Pendant plusieurs dizaines de minutes, Helena enchaîna les visites dans plusieurs mondes virtuels pour parler aux occupants, et à chaque fois, c’était la même chose : une personne mise au banc de la société à cause d’un accident, d’une faille du système ou d’une addiction, qui n’avait plus aucun espoir, mais qui avait repris goût à la vie grâce à la capsule virtuelle. Ils étaient conscients que leur monde n’était pas réel, mais il préférait ça à la vie de misère qu’ils avaient avant. Certains affirmèrent même qu’ils préféreraient se suicider plutôt que de retourner dans le monde réel.

Une fois ses visites terminées, Helena retourna voir Shayne. Cette dernière admit que son plan ne prenait pas en compte les familles des occupants des capsules, et elle se demanda même si ce qu’elle faisait était vraiment bien. N’offrait-elle pas à ces gens un moyen de fuir la réalité, comme le faisait la drogue ou l’alcool, et ainsi les empêcher d’affronter leurs problèmes ?

« Pour les familles, tu pourrais te servir de l’appareil que j’ai utilisé. Comme ça ils pourraient rendre visite à leurs proches de temps en temps.
Et pour ce que tu disais... oui c’est vrai, tu les aides à fuir la réalité. Mais est-ce que la réalité leur a laissé le choix ? »

Voilà qui n’était pas le genre de choses qu’on s’attendrait à entendre dans la bouche d’un super-héros.

« En tant que super-héroïne, je suis convaincue que chacun peut s’en sortir dans la vie. Mais je ne suis pas naïve. Je sais que tout le monde ne naît pas avec les mêmes chances, et que parfois, les efforts nécessaires pour s’en sortir sont au-delà de ce que peut supporter une personne. Ce soldat qui a fini paralysé à la guerre... il n’avait pas le soutien et les structures à sa disposition pour retourner efficacement à la vie civile. Si tu ne l’avais pas placé dans cette capsule, il aurait sûrement fini au fond du caniveau, voir pire.
De mon point de vue, ce que tu as construit ici est semblable à un établissement de soins. Tu accueilles des gens qui n’ont plus la force de vivre et tu les aides à se reconstruire. Malheureusement, je doute que tout le monde pense de la même façon que moi. »

Il était clair que l’initiative de Shayne allait déplaire à des gens, en particulier ceux qui dirigeaient le pays. Et dès que la nouvelle de ce qu’elle avait accompli allait se propager, des tas de gens allaient vouloir en profiter. Le chaos allait se répandre.

« Je pourrais t’aider pour que ton projet reste secret. Mais pour ça, j’ai besoin de voir de mes propres yeux ce qu’il est possible de faire dans ce monde virtuel. Si tu as une capsule de libre pour moi bien sûr. »

Helena savait qu’elle prenait un gros risque, mais si Shayne avait voulu s’en prendre à elle, elle l’aurait déjà fait. Elle avait également prévenu Karen d’envoyer la cavalerie si elle tardait trop à revenir.

« Accepterais-tu de m’accompagner ? »

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

« Je dois avouer que je ne suis pas sûr de comprendre. Tu sais ce que je suis. Le danger que je représente. Ce dont je suis capable. Et tu veux m’aider à aider ces personnes? Si ton implication était découverte, tu te retrouverais dans un pétrin pas possible, non? Je doute que Batman ou Superman seraient heureux de l’apprendre… Tu es en couple avec Power Girl. Je doute qu’elle sera d’accord avec ta décision… »

Ma confusion est réelle. Je n’ai rien inventé, rien simulé. Je suis vraiment surprise par ce qu’elle propose. Il y aura de vraies répercussions si la chose venait à se savoir. Que Huntress a volontairement aidé une entité composée uniquement d’émotions négatives avec un projet qui d’un point de vue éthique est ultra controversé. Cela pourrait lui coûter cher. Très cher. Elle a plus à perdre qu’à gagner, même, ajouterais-je. Alors… Pourquoi? Quand je vous disais qu’elle était la cause d’une délicieuse agonie quand je cherche à la comprendre… Cette exquise frustration à ne pas trouver la réponse que je cherche… Mais ce n’est pas le temps de se concentrer sur la souffrance qu’elle ne cause à être aussi désespérément contradictoire. Plus tard. Plus tard. Là, elle veut expérimenter un monde virtuel par elle-même. Pourquoi pas. J’ai encore trente-quatre capsules de libre.

Mais oui, des fois qu’il y aurait une panne, un bris, quelque chose du genre… Mieux vaut avoir une solution de rechange sous la main que de se dire bêtement qu’on aurait dû y penser. Je suis un composé d’émotions négatives. Pas de stupidité. Et puis du reste, comme je l’ai déjà dit, la personne dans la capsule peut sortir quand elle veut. Ce n’est pas comme si elle allait foncer tête baissée dans un piège. Dans la théorie, je pourrais forcer les capsules à ne pas libérer leur occupant mais… Pas besoin d’entrer dans ce genre de détails pour le moment, n’est-ce pas? Ce serait complètement con, d’ailleurs, de l’enfermer dans une capsule. Ce serait montrer une facette des choses qui ne fait pas partie de mon objectif principal. Disons juste que j’aime prévoir. Et n’allons pas plus loin que ça. Donc… Oui, c’est possible. Je vais lui préparer une capsule et… Et… Je deviens écarlate.

« T… Tu… Tu veux que MOI je t’accompagne? Je… Ne sais pas quoi dire… C’est si soudain comme demande… PeeGee ne risque pas d’être jalouse? Toi et une entité  considérée comme une déesse par ses fidèles dans un monde virtuel créé sur mesure pour toi… Oh. OH! C’est purement scientifique, bien sûr. Professionnel! C’est ça. Ce n’est pas comme si ça allait tourner en… Tu sais quoi? Je vais me taire. Maintenant. »

C’est tout juste si je ne cours pas préparer la capsule. Tout, n’importe quoi, pour ne pas lui donner l’occasion de s’aventurer sur un terrain où je ne veux pas m’aventurer. Bon. Oui, c’est vrai, lors de notre rencontre précédente, j’aurais trouvé amusant de causer chez elle un syndrome de Stockholm. Ce qui aurait grandement affecté sa capacité à me neutraliser efficacement et qui aurait amené avec cette réalité son lot de chaos, bien sûr. Mais j’ai plus ou moins abandonné le projet au cours de cette même rencontre. Alors si elle est simplement une curiosité pour moi… Non. Elle essaie de te manipuler. De détecter tes faiblesses. Elle a été formée par Batman. C’est une redoutable adversaire qui utilisera la psychologie à son avantage. C’est ça. Enfin. Une fois qu’elle est installée dans une capsule, car c’est ce qui est nécessaire pour créer son monde virtuel…

Je lance le tout. Les parois de la capsule sont remplacées par une pièce qui ressemble à votre lobby d’édifice corporatif classique. Ensuite, le programme se lance. Mon moi virtuel, qui arrive et qui fait la présentation de ce qui va suivre. Un scan du cerveau pour établir des paramètres de base pour le monde virtuel pendant que dans le monde réel, le système s’ajuste à la morphologie de son occupant pour un « séjour » des plus confortables! Une fois le scan fait, le système propose plusieurs scénarios de mondes virtuels possibles en se basant sur les préférences, souvenirs et désirs / fantasmes de l’occupant de la capsule. Quand je vous disais que c’était de la technologie de pointe! Le vrai moi attend dans un coin que Helena confirme ses choix. Bien sûr, des modifications peuvent être faites en « cours de partie » mais il faut bien se donner un cadre de référence digne de ce nom malgré tout!

« Prends ton temps, je ne suis pas pressée… »

La demande avait surpris Shayne. C’est limite si elle ne la vit pas paniquer en lui demandant de tester l’une de ses capsules pour pouvoir expérimenter les possibilités de la réalité virtuelle qu’elle utilisait. Pourquoi réagissait-elle de cette façon ? Elle semblait croire qu’elle espérait la voir venir avec elle pour qu’elles puissent se rapprocher.

« Tout ce que je veux, c’est que tu m’accompagnes pour pouvoir répondre à mes questions si besoin. Je ne sais rien du fonctionnement de la réalité virtuelle que tu utilises, je serais plus rassurée de te savoir à mes côtés. »

La capsule fut préparée en un éclair, et Helena s’installa dedans. Honnêtement, elle avait peur que tout ceci soit un piège et qu’elle ne ressorte jamais du monde virtuel dans lequel elle allait être plongé, mais au moins, elle savait que son sacrifice révélerait la vraie nature de Shayne, et que d’autres héros plus forts qu’elle viendraient mettre fin à cette histoire. Une fois la simulation lancée, elle vit les parois de la capsule se transformer, et elle se retrouva dans une pièce aux murs blancs. Son hôte apparut face à elle, lui annonçant qu’on allait scanner son cerveau pour le calibrage de la machine et que pendant ce temps, dans le monde réel, le système s’ajustait à sa morphologie pour lui offrir un séjour des plus confortables.

Une fois le scan terminé, Helena dût choisir les paramètres de sa réalité virtuelle. Evidemment, vu que les paramètres de base étaient définis sur ses préférences, souvenirs et désirs, elle eut droit à des scénarios sur Earth-2, sur Terre et sur Infernis. Beaucoup d’entre eux parlaient de sexe, mais certains lui proposaient juste une vie quotidienne normale. Elle pouvait, par exemple, retrouver son foyer d’Earth-2, avec ses parents, sa famille, ses amis, comme s’il n’avait jamais été détruit. Mais elle refusa.

Je dois choisir un scénario sans implication émotionnelle. Il faut que je sois capable d’ne sortir sans hésitation au premier signe de problème.

Elle décida finalement de partir sur un scénario basé sur un souvenir : une soirée libertine à laquelle elle était allée avec Karen. C’était la première fois que les deux femmes se présentaient officiellement comme un couple. Cependant, dans les paramètres de son scénario, elle précisa bien qu’elle ne voulait pas voir Karen, ni aucune de ses connaissances, toujours dans cette idée de ne pas être tentée de rester au-delà de ce dont elle avait besoin.

« Paramètres validés... allons-y. »

Une fois ses choix confirmés, Helena vit l’environnement autour d’elle se transformer. Les murs blancs laissèrent la place à une somptueuse villa, qui se remplit peu à peu d’hommes et de femmes avec d’élégantes tenues, de tables de buffets, de serveurs transportant des coupes de champagne, et bien sûr, de tout un tas de jouets sexuels. Godes, vibromasseurs, martinets, fouets... la soirée était clairement à tendance SM, et on pouvait facilement trouver son bonheur. La jeune femme n’avait plus sa tenue de super-héros, remplacée par une robe noire simple avec un décolleté des plus provocateurs et une fente au niveau de la jambe droite.

« Shayne ? Tu es toujours là ? »

Pas question qu’elle commence à explorer la simulation sans elle.

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

J’ai peut-être omis de mentionner un détail… Négligeable, bien sûr mais… Ce que la machine scanne, détecte et interprète, elle le stocke comme n’importe quelle information. Les personnes dans ces capsules m’ont ouvert grand les portes de leur vie privée, de nombreux secrets et autres informations qu’autrement elles auraient gardé précieusement. Jalousement. J’ai toujours trouvé fascinant ô combien les gens peuvent manquer de recul pour regarder toute la vue d’ensemble. Imaginez maintenant que je produise ces capsules en plus grand nombre, pour une clientèle sélecte. Hommes d’affaires, politiciens, chefs d’état, militaires importants… Ensuite vous avez tout un tas d’informations monnayables. Ou utilisables sur le champ. Mot de passes, numéro de comptes, informations confidentielles… C’est plus insidieux que les réseaux sociaux.

Est-ce que vous pouvez vraiment me blâmer? Je suis née des plus sombres émotions d’une déesse. Bien sûr qu’il y a des applications altruistes à cette technologie. Mais… Enfin bon. C’est sans importance pour le moment. Malgré son vaste intellect, Helena ne suspecte rien et donc… C’est parfait. Je la laisse choisir ce qu’elle veut, je ne cherche pas à l’influencer. Et bien que je ne puisse lire ses pensées, je peux deviner toute la prudence qu’elle utilise dans son choix. Elle ne me fait pas confiance. Et elle fait bien de ne pas me faire confiance. Nous ne sommes pas alliées. Nous ne sommes pas amies. Et même si c’était le cas, la trahison et éternelle, omniprésente et n’attend que le bon moment pour se manifester. Vision pessimiste des choses? Est-ce que je dois encore vous rappeler de quoi je suis constituée, à la base? C’est bien ce que je pensais. De toute façon, ce n’est pas important.

Ce qui importe, c’est le choix d’Helena. Je ne peux pas dire que c’est mon genre d’endroit ou de soirée mais bon. Vivre et laisser vivre, à ce qu’il parait. J’imagine que ma tenue actuelle risquerait de m’attirer une attention que je ne veux pas. Je veux dire… Le manteau de cuir court sans manche avec des pointes au niveau du col et l’ensemble de lingerie qui ne laisse rien à l’imagination… Et le « collier », on va l’appeler comme ça… Non. Je décide d’y aller avec le même type de tenue que portait Catra lors du bal des princesses dans la saison un, épisode huit de « She Ra and the princesses of power ». Oui. Je paie pour mon Netflix. Oui. J’ai regardé cette série. Tous les épisodes. J’ai ri, j’ai hurlé, j’ai pleuré, toute une gamme d’émotions. Et le premier qui passe un commentaire sur ce que je regarde dans mes temps libres, je lui liquéfie tous les organes internes! JE NE PLAISANTE PAS!

Dans mes autres choix il y avait bien sûr la robe portée par Carmen Sandiego dans la saison deux, épisode quatre, « The Fashionista Caper ». Sauf que je déteste les robes. Quoi que la tenue de Rayla dans « The Dragon Prince » aurait relativement pu cadrer ici. Sinon? Quoi? Comme ma créatrice, je suis fascinée par plusieurs émissions humaines. L’Halloween dernier, je me suis déguisée en Lord Dominator, de la série « Wander Over Yonder ». Et j’ai une peluche de Bill Cipher dans ma chambre. Vous devriez être contents. Quand je regarde mes séries, je ne suis pas en train de répandre le chaos autour de moi. Bref. La simulation est lancée et Helena me demande si je suis toujours là. Oui je suis là. Je suis apparue quelques secondes avant elle mais en invisible. Là elle peut me voir. Je regarde autour de nous en fronçant les sourcils. Si quelqu’un a les mains baladeuses, ça va mal finir.

« Pas que je veuille critiquer ton choix mais je te le dis tout de suite. Si quelqu’un me touche de façon inappropriée, je le fais exploser en une pluie de confettis. Quoi que si c’est toi qui me touches… Je veux dire… Je ne peux pas te transformer en confettis… BREF. Chacun son truc. Ce genre de soirée? Définitivement pas le mien. Mais c’est ta simulation. Profites-en. Je ne suis pas bien loin de toute façon. »

Helena vit apparaître Shayne près d’elle. Elle portait une tenue qui faisait très masculine selon elle, vu que toutes les femmes ici étaient en robe plus ou moins courtes, mais si c’était ce qu’elle aimait porter... D’autant qu’elle ne semblait pas avoir envie de se mêler à la fête, menaçant de tuer la première personne qui la toucherait.

« Si c’est ma simulation, je peux fixer les règles non ? Alors ne t’en fais pas, personne ne te touchera. »

Shayne disparut de nouveau, laissant Helena explorer mais en lui rappelant qu’elle n’était pas loin si elle avait besoin de son aide.

Bon. Pour commencer, je veux voir jusqu’à quel point cette simulation est réaliste.

Dans le but de tester les limites de cette réalité virtuelle, la jeune femme essaya toutes sortes de choses. Elle commença par aller faire un tour au buffet pour prendre de quoi manger et de quoi boire. La nourriture avait exactement le goût auquel elle s’attendait, tout comme les boissons, et l’alcool lui montait à la tête comme dans la vraie vie. En fait, tout cela était tellement réactif qu’elle voulut tenter une expérience. Elle ferma les yeux, attrapa de la nourriture et de la boisson au hasard et l’avala. Ce qu’elle mangea n’avait aucun goût, tout comme ce qu’elle but. Par contre, quand elle rouvrit les yeux et qu’elle vit qu’elle avait pris des crevettes et du jus de grenade, elle sentit à nouveau leur goût en les avalant.

Logique. Vu que je ne mange pas réellement, la simulation me donne l’illusion du goût en utilisant les souvenirs que j’ai déjà des aliments. Donc si je ne vois pas ce que je mange, mon cerveau ne peut pas simuler de saveurs.

Après ça, Helena essaya de rejoindre un groupe pour avoir une conversation. Elle commença par parler de sujets qu’elle maîtrisait, ou bien elle se mêlait à une conversation déjà existante. Elle parvenait à avoir des échanges cohérents et intéressants, à tel point qu’elle aurait pu croire qu’elle avait de vraies personnes en face d’elle. En revanche, quand elle essaya de lancer une conversation sur un sujet sur lequel elle ne savait rien, comme les recettes de cuisine incluant la graisse de baleine, les personnes voulaient changer de sujet.

Ca confirme ce que je pensais : la simulation se base uniquement sur ce que je connais, donc la capsule a eu accès à mes souvenirs. Mais est-ce qu’elle ne fait que les utiliser... ou bien elle les conserve ?

Helena savait que Shayne l’observait toujours, alors elle fit attention à ne rien laisser transparaître. Pour la suite de son expérimentation, elle décida d’entrer dans le vif du sujet de la simulation : le sexe. Si elle suivait la logique de ce qu’elle avait déjà pu observer sur ce monde, elle ne pouvait prendre son pied que si elle voyait quelqu’un lui faire l’amour. Elle alla donc s’installer dans un fauteuil, et une maid vint à sa rencontre pour lui offrir un verre de whisky avant de se mettre à genoux devant elle, passer sa tête sous sa robe et venir lui lécher la chatte.

« Hhhmmm... aaahhh... »

Les sensations de plaisir étaient très réalistes. C’était un très bon cunnilingus. Et pour tester plus loin sa théorie, Helena attendit que la maid soit bien lancée dans son œuvre puis elle ferma les yeux.

Si on suit la logique, vu que mon cerveau a déjà imprimé l’idée que j’ai une femme en train de me lécher l’entrejambe, je devrais continuer à la sentir jusqu’à ce que je jouisse. Et si je ne la vois pas s’en aller, je peux peut-être même m’enfermer dans une spirale infinie de plaisir. A voir.

Il était rare qu’une de ses enquêtes soit aussi agréable.

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

L’investigation d’Helena avait pris une drôle de tournure. Voilà qu’elle se faisait lécher l’entrejambe par une femme en tenue de maid dans la simulation virtuelle d’une soirée libertine. Jusqu’à présent, elle avait pu déterminer que la simulation avait accès à son cerveau, ou tout du moins à sa mémoire, ce qui était dérangeant mais pas dangereux pour l’instant. Seulement, en se faisnt lécher de la sorte, elle ne put s’empêcher de penser à Karen, même inconsciemment. Et en ayant les yeux fermés, elle ne vit pas que la maid changea d’apparence pour prendre celle de sa compagne, et ce malgré qu’elle ait paramétré la simulation pour exclure la présence de toute personne qu’elle connaissait.

« Hhhmmm... ooouuuiii... encooore... »

Comme prévu, tant qu’elle ne voyait pas la maid la lécher, il lui suffisait d’imaginer qu’elle la léchait plus ou moins vite et d’une certaine façon pour qu’elle reçoive des signaux de plaisir correspondants aussitôt. Et finalement cette simulation de plaisir finit par la mener à l’orgasme, ou tout du moins à une sensation simulée très proche de l’orgasme. Elle ne devait surtout pas oublier que rien de ce qui se passait ici n’était réel. Et quand elle rouvrit les yeux, elle revit la même maid, sans se douter qu’elle avait brièvement changé d’apparence.

« Aahh... merci pour le service. »

Après ça, Helena retourna se prendre un verre au bar, et en passant près d’un groupe d’individus, elle les entendit parler des utilisations de la graisse de baleine en cuisine.

Pourquoi ils s’y connaissent tout à coup ?

La jeune femme ne savait elle-même rien sur ce sujet, donc la simulation n’avait pas pris ces infos dans sa mémoire. Ce qui voulait dire qu’elle avait une autre source d’infos. Et plus encore, cela montrait que la simulation pouvait évoluer. Elle décida alors de tenter une expérience sur ces capacités d’évolution.

Vous savez ce qui manque dans cette fête ? Une salle de poledance avec de jolies strip-teaseurs et strip-teaseuses.

Après quelques minutes, elle remarqua une porte qui n’était pas là auparavant, et quand elle la franchit, sans surprise, elle se retrouva dans une salle de poledance, avec des strip-teaseurs masculins et féminins qui se donnaient en spectacle en petite tenue, pour le plus grand plaisir des convives. Après avoir vu ça, elle essaya de tenter une autre genre d’évolution.

Vous savez ce qui manque dans cette fête ? Une machine qui permettrait aux invités de changer immédiatement de sexe, pour que chacun puisse tenter l’expérience du sexe des deux côtés.

Pour son premier test, elle avait demandé quelque chose de réaliste et d’existant. Là, elle demandait quelque chose qui n’existait pas mais qui aurait pu avoir sa place dans ce genre de fête. Elle attendit un peu, et finalement, la machine apparut. Elle se présentait sous la forme d’une capsule semblable aux capsules de réalité virtuelle utilisées par Shayne, et elle vit plusieurs hommes et femmes entrer dedans pour en ressortir transformés de la tête aux pieds.

« Shayne ? Il faut que je te parle. »

Son hôte apparut à côté d’elle.

« Comment cette simulation fait pour évoluer ? Je sais déjà qu’elle a accès à mes souvenirs, mais ce n’est pas ce qu’elle utilise. Elle est même capable de faire apparaître des choses qui n’existent pas dans la réalité. Comment c’est possible ? »

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Elle s’amuse, il n’y a pas à dire. Et c’est bien, c’est le but premier de la simulation, après tout. Elle a même remarqué les changements subtils pas si subtils qui se sont opérés autour d’elle. Et tout ce qu’elle demande, je ne suis que trop content de le lui donner. Parce que bon, autant elle expérimente, autant je fais pareil. Je veux voir jusqu’où les choses vont aller. Je veux voir si je peux rendre la simulation si attrayante pour Helena qu’elle en devienne accro. Vous me direz que c’est… Machiavélique, maléfique, vil. Une part de moi, à 99% vous donne raison. 1% de moi fait une forme d’obsession pour Helena. Je l’ai déjà dit. Ou pensé. Ou exprimé sous une forme ou une autre. Et cette partie de moi se dit qu’elle n’est pas heureuse. Sa vie n’est pas parfaite ou rose malgré le fait qu’il y ait quand même des belles choses dedans. Alors qu’ici… Bien…

Pas de crime, pas de famine, pas de pauvreté, pas de maladie… Le système scanne ce que vous n’aimez pas et le rejette de la simulation. Ici, ses ennemis mortels comme le Joker n’existent pas. Personne ne va le mentionner. Aucun dictateur ou politicien corrompu non plus. Nombreux sont ceux qui disent que si nous avions tout, nous finirions par nous ennuyer. Je connais soixante-six personnes qui vont vous dire le contraire. Et c’est là le génie de mon plan. J’ai créé une prison dont personne ne veut s’échapper. Que personne ne veut quitter. C’est considérablement plus vicieux que ce que j’ai fait à l’autre Franklin. Helena ne le réalise pas. C’est elle qui a fait naitre et grandir en moi cet intérêt soudain pour la torture psychologique. Pas nécessairement torture mais disons… Entre la manipulation et la torture. Je sais ce qui arrive à ceux qu’on retire de force de la simulation.

Mais dans l’instant, je dois rester la Shayne qu’elle s’attend à voir. Je réapparais donc pour répondre à sa question. Le système peut se connecter à une vaste base de données contenant, entre autres choses, des milliers d’œuvres de fantasy et de science-fiction. Ainsi, ce qui n’est pas dans ta tête ou n’existe pas peut être trouvé dans ladite base de données. Si l’information ne s’y trouve pas, elle tentera de le trouver sur le net bien que la base de données se met à jour de façon quotidienne. Je n’ai pas menti dans ce que j’ai dit. J’ai juste omis le détail que je peux personnellement faire du… « Fine Tuning », comme on dit en anglais. Des ajustements précis et spécifiques à la simulation. Je n’ai pas menti, que je lui fais remarquer. Tout est possible, ici. Tu décides de ce qui est ou n’est pas. La seule limite est là, dis-je en lui touchant le front du bout de mon index. Ce qu’il y a dans ta tête.

Si tu le voulais, poursuivis-je dans mes explications, tu pourrais avoir une douzaine de PeeGee pour venir s’occuper de toi de toutes les façons possibles. Tu pourrais changer de vie, être une actrice de cinéma, une politicienne, une reine dans un royaume fictif. Tu peux évoluer dans un univers que tu aimes ou rester dans quelque chose de plus familier… Bien que c’est en phase de développement. Pour le moment, précisais-je, ce sont des copies modifiables de la Terre. Donc, elle peut voir que mon projet va plus loin que ce qu’elle voit. Que je veux vraiment offrir à ceux qui n’ont rien l’ultime échappatoire. Entre un monde virtuel et un suicide… Surtout que comme elle l’a vu, ma technologie prend soin du corps de l’occupant. Je n’aurais peut-être pas dû mentionner le mot suicide. C’est ce qui arrive à ceux qu’on arrache de force à la simulation. S’ils ne peuvent plus se reconnecter…

Mais bien sûr, ça, Helena n’a pas besoin de le savoir. Car cela fait partie de la surprise que je réserve à ceux qui vont vouloir se penser plus moralement responsable que moi. Pensant libérer des « otages » ou des « victimes », ils vont avoir le sang de ces innocents sur les mains. Bien sûr que mon plan n’est pas fait pour être gentil et rose. Mais pour le moment de toute façon, je mène une expérience bien plus intéressante. Voir ce qu’il faut pour qu’Helena devienne accro. Et petit objectif tenant plus du fantasme… Voir ce qu’elle est prête à faire pour que je ne la force pas à retourner dans le monde réel. J’adore manipuler et mon désir de voir Helena soumise à ma volonté ne m’a pas quitté depuis notre première rencontre. Le plus ironique c’est qu’elle a pris toutes ces précautions… Et qu’elle risque quand même de succomber. Simplement, pas comme elle l’aurait imaginé, c’est tout. Pourquoi?

Comme le dirait Lord Dominator : I’m the bad guy…

« Plus la simulation est parfaite, plus elle aide son occupant à oublier ce qui le torture et le tourmente. Tu l’as vu en visitant les autres capsules. Pour certains, c’est vivre une seconde chance. Pour d’autres, la vie qu’ils ont toujours voulu. Si le rêve devient réalité, pourquoi voudrait-on se réveiller? Pourquoi ferait-on le choix de retourner dans un monde de souffrance et de malheur? Enfin. Toi tu peux. Tu es une super héroïne donc avec un mental indestructible! »

Je le dis avec une certaine admiration dans la voix mais en vérité? J’ai accès à sa mémoire. À ses souvenirs. Et je sais que si je pousse le bon domino…

Helena avait bien compris que la simulation pouvait évoluer, mais elle semblait aussi pouvoir aller au-delà des frontières du réel. Shayne lui expliqua que le système pouvait se connecter à une vaste base de données contenant, entre autres choses, des milliers d’œuvres de fantasy et de science-fiction, ce qui permettait à la simulation de créer des choses existant dans ces œuvres. Et si l’information ne s’y trouvait pas, elle tenterait de la trouver sur Internet. Selon elle, la seule limite de la simulation, c’était l’imagination.

Donc la simulation a accès à Internet ? Mais est-ce qu’elle ne fait que prendre des infos... ou est-ce qu’elle en envoie aussi ?

C’était un point d’inquiétude. Mais autre chose la tracassait.

« D’accord, mais comment elle se met à jour ? A moins que tu aies la technologie nécessaire pour utiliser une super IA qui peut interpréter les désirs des occupants des capsules pour ensuite trouver un élément à matérialiser pour répondre à cette envie. »

Mais le plus probable était que quelqu’un s’occupait de mettre à jour les simulations en fonction des envies des utilisateurs. Shyane probablement. Mais elle se garda bien de le dire pour ne pas donner l’avantage à son hôte. Cette dernière souleva d’ailleurs, peut-être inconsciemment, un point très important sur l’attachement des sujets à cette nouvelle réalité. Que se passerait-il si quelqu’un essayait de sortir une personne de sa simulation alors que le monde réel n’avait que de la souffrance à lui offrir ? Cette personne pourrait aller loin pour chercher à retourner dans la simulation, ou tout du moins pour fuir le monde réel.

Est-ce qu’elle irait jusqu’à...

Cette idée lui glaça le sang, mais elle fit de son mieux pour ne pas trop y penser, de peur que la simulation réagisse et que Shayne ne réalise dans quel état était Helena. Pour l’instant, la surprise était son seul avantage sur elle.

« Eh bien Shayne, ç’a été une expérience très enrichissante, mais je crois qu’il est temps que je... »

A ce moment-là, une femme approcha d’Helena et prit ses mains dans les siennes.

« Helena Wayne ! Enfin je vous rencontre. »

« Hein ? Excusez-moi mais... on se connaît ? »

« Pas encore, mais je vais arranger ça. Suivez-moi. »

Helena fut tirée par la blonde jusqu’à la salle de pole dance qu’elle avait fait apparaître un peu plus tôt, jusqu’à arriver dans un salon privé. Un canapé circulaire était installé autour d’une scène, également circulaire, avec une barre au centre. Helena se retrouva installée dans le canapé, puis la blonde monta sur la scène.

« Installez-vous confortablement et... profitez du spectacle. »

La femme, qui s’avéra une strip-teaseuse, retira ses vêtements pour se mettre en petite tenue, puis elle commença sa danse.

« Shayne ? Tu m’entends ? Je veux quitter la simulation. »

« Allons, rien ne presse. Restez donc avec moi... profitez du spectacle. »

A ce moment, Helena comprit que quelque chose de bizarre était en train d’arriver. Son premier réflexe fut de vouloir quitter le salon privé, mais elle réalisa que l’entrée n’était plus là. Elle avait beau tâter les murs là où se trouvait le rideau un peu plus tôt, il n’y avait plus rien. Soudain, elle sentit des mains se poser sur ses épaules. La danseuse la ramena sur le fauteuil, et pour éviter qu’elle ne l’ignore à nouveau, elle passa en lap dance.

« Détendez-vous... savourez votre danse. C’est rien que pour vous, Helena. »

Pendant un temps, Helena se laissa captiver par l’élégance de la strip-teaseuse sur ses genoux. Entre la grâce de ses mouvements et la beauté de son corps, le spectacle avait de quoi être envoûtant. Mais très vite, elle réalisa qu’elle était en train de se perdre et essaya de nouveau de partir.

« Ca suffit. C’est ma simulation, j’ai le droit de décider quand je veux y mettre fin. Shayne ! Fais-moi sortir d’ici. Shay... »

Helena fut interrompue quand la danseuse glissa quelque chose entre ses lèvres. Elle sentit quelque chose de caoutchouteux dans sa bouche, avec une forme bien connue. La forme... d’un téton ?

« Vous êtes trop stressée Helena. Vous devez vraiment vous détendre. »

Par réflexe, la jeune femme cracha ce qu’elle avait dans la bouche, et là, elle vit qu’il s’agissait d’une tétine (celle de gauche).

« Qu’est-ce que c’est que ça ? »

« Une tétine de relaxation. J’en donne à mes clients quand ils n’arrivent pas à se détendre. Elle imite la forme d’un téton pour que ce soit plus agréable à sucer. »

« Cette fois j’en ai assez. Shayne ? Pour la dernière fois... »

Soudain, la strip-teaseuse retira son soutien-gorge et dévoila ses seins nus. Surprise par ce geste, Helena resta la bouche entrouverte une seconde, ce qui permit à la danseuse de reprendre la tétine et de la lui remettre dans la bouche.

« Chuuut... tout va bien Helena. Regarde bien mes seins... suce ta tétine... et tout ira bien. »

Après ça, Helena ne fit plus rien. Elle resta sagement assise, les yeux rivés sur la poitrine de la danseuse, qu’elle malaxait et agitait sous son nez, et suçait machinalement la tétine dans sa bouche. Alors qu’elle avait été si agitée une seconde avant, son esprit était maintenant très calme et uniquement concentré sur ses deux tâches en cours.

Regarder les seins... sucer la tétine.
Regarder... seins... sucer... tétine.
Seins... sucer...

Après quelques minutes de danse, la strip-teaseuse retira la tétine de la bouche d’Helena, qui sentit tout de suite qu’il lui manquait quelque chose. Heureusement, la danseuse vint lui mettre son téton droit dans la bouche pour compenser ce manque, et la jeune femme le suça avec plaisir.

« Hhhmmm... oui Helena... c’est très bien. Maintenant... tu es vraiment détendue. »

Helena se souvenait qu’elle avait été contrariée par quelque chose, mais impossible de se souvenir quoi. Elle était à présent dans une sorte de béatitude complète, se laissant bercer par la douceur de l’instant, sans se soucier de ce qui l’attendait pour la suite.