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Histoire de la Multiversité

Posté : 14 août 2024 16:48
par Observateur
HISTOIRE DE LA MULTIVERSITÉ
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Ah, Voyageur !

Si vous avez ouvert cette page, c’est que vous êtes prêt à en savoir davantage sur les raisons de notre présence ici, à tous... La mienne, bien sûr, mais aussi et surtout la vôtre. Car cette histoire, Voyageur, est autant la mienne que la vôtre. Peut-être démarrez-vous à peine votre exploration de la Multiversité, mais vous devez bien savoir que tous, ici, nous avons un rôle déterminant à jouer.

Car l’Ennemi De Tous est présent, Voyageur. Il est là, au cœur de l’Arc-En-Ciel, et, chaque jour, il étoffe son emprise. Et vous ne pouvez décemment pas espérer accomplir votre quête si vous ne savez pas de quoi il retourne, n’est-ce pas ?

Bien, bien... C’est normalement à ce moment-là que vous regrettez de ne pas avoir pris la pilule bleue. Mais, croyez-moi, le voyage en vaudra la chandelle.

Notre histoire commence ainsi...

PRÉLUDE
LA FORMATION DU GRAND-TOUT
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...Par une étincelle. Un soupçon dans le Rien, un soupçon, un flash lumineux, un flash aussi explosif qu’un Univers, qui se déversa ensuite, et qui, en se déversant, créait de la matière en se répandant autour de lui-même. Une image que le cerveau humain ne peut concevoir en sa forme actuelle.

Mais de ce Rien initial, originel, naquit le Tout. Du moins, c’est ce que nous sommes amenées à penser. Car y-a-t-il eu des créatures avant ce Rien ? Y-a-t-il eu des créatures existant avant la première secousse, avant la toute première seconde du Multivers ? Peut-être bien...

Toujours est-il qu’à l’instant t=1, le premier Univers émergea. Il se répandit, se développa, et, à travers lui, le Multivers émergea. Une construction lente, chaotique à plus d’un titre. Le Multivers se reconstruisit très souvent, car il est bien connu que la Vie naît de la Mort, et que l’Ordre naît du Chaos. C’est là le cycle même de la vie : quand quelqu’un ou quelque chose meurt, quelqu’un ou quelque chose naît ailleurs...

Mais la Tour, elle, a toujours été là.

Et elle a toujours occupé cette étonnante place centrale. Aussi loin que les registres de l’Observatorium remontent, au gré des couches de création multiverselles, le Monde Ultime a toujours été là. Et la Tour de même. Qui a bâti cette tour ? A-t-elle seulement été bâtie ? Ou n’est-elle que l’enveloppe extérieure d’une force supérieure qui se présente à nous sous la meilleure forme que nous soyons susceptibles de la poursuivre ? Toutes ces questions sont pour l’heure sans la moindre réponse.

La Tour est le pivot de toutes les existences. Il est désormais acquis que c’est elle qui permet de séparer les différentes réalités, que celles-ci soient sur un plan horizontal (les dimensions parallèles) que sur un plan vertical (les plans astraux).

Vous ne me comprenez pas ?

Fort bien, Voyageur, alors, arrêtons-nous un peu sur cette idée. Essayez de visualiser le Multivers. Fermez les yeux, et envisagez... Une sorte de grande plate-forme circulaire, sur lesquels vous lanceriez un sac entier de billes. Ces billes rouleraient sur cette plateforme, n’est-ce pas ? Vous les verriez filer dans tous les sens, de manière totalement désordonnée, se heurtant les unes aux autres, sans y voir un quelconque semblant d’ordre, n’est-ce pas ? Voilà ce que fut le Multivers à ses premières heures, Voyageur : un sac de billes s’entrechoquant, chaque bille représentant un Univers en gestation.

Quand deux « billes » se heurtent à l’échelle du Multivers, cela entraîne des conséquences... Cataclysmiques. Comme un film de Michael Bay boosté aux testostérones. Nous désignons cela sous le terme d’Incursion. L’Incursion entre deux univers produit une réaction en chaîne cosmique aboutissant systématiquement à deux résultats :

  • Soit un Univers est détruit intégralement,
  • Soit les deux Univers sont détruits.

Les Incursions furent pendant longtemps un phénomène naturel, avant que la Tour ne reprenne ses droits.

Reprenons l’exemple de nos billes lancées à vive allure sur leur cercle métallique, voulez-vous bien ? Imaginez maintenant qu’on fixe sur cette plateforme circulaire un point de gravité central, et qu’on fasse ensuite tourner cette plateforme. Plus elle tournera vite, et plus les billes suivront un mouvement réfléchi, simultané, en filant dans le même sens, par le mécanisme de la force centrifuge.

À l’échelle du Multivers, c’est la Tour qui assura ce rôle de force centrifuge. Évidemment, les scientifiques de l’Observatorium se pâmeraient à m’entendre résumer ainsi grossièrement les forces et les relations qui jalonnent le Multivers, mais c’est ainsi que tout cela fonctionne. Tout tourne et tout bouge, Voyageur, et il en est ainsi à l’échelle du Multivers, dont chaque univers s’insère dans ce vaste ensemble, et remue en harmonie grâce à la Tour.

Tout cela forme le Grand-Tout, Voyageur, un ensemble harmonieux en pleine expansion.

Mais, si jamais la Tour s’affaisse, si son rôle de pivot diminue, alors les Univers se désagrégeront. Les billes se heurteront de nouveau, les Incursions se multiplieront... Ce sera le rapprochement de tous ces Univers, des phénomènes de convergence aux conséquences cataclysmiques.

Cela s’est déjà produit jadis.

Et cela risque de se reproduire.

Histoire de la Multiversité

Posté : 14 août 2024 16:56
par Observateur
CHAPITRE I
LA GUERRE DU MULTIVERS
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PARTIE 1 – Le Conflit


1°) Au commencement

On l’appelle aussi la Première Grande Guerre du Multivers. Ce fut un conflit cosmique qui façonna la suite. À cette époque, le Multivers avait enfin commencé à se stabiliser. Le Monde Ultime était alors habité par les elfes, qui se répandaient d’un bout à l’autre du globe. Les premiers elfes vinrent, dit-on, par navires, et accostèrent en plusieurs endroits de Terra... Dont les champs de roses rouges. Ils virent la Tour au loin, immense tour immaculée, semblant luire comme le soleil. À cette époque, la Tour était encore généreuse, ouverte sur le monde. Ses enfants en sortaient volontiers, des esprits curieux de tout, qui se mélangèrent aux elfes. Les elfes baptisèrent cette mer de roses rouges « Can-Ka No Rey », ou encore « Le Sanctuaire ».

Et, pendant que Terra se développait, Ils émergèrent.

Les Grands Anciens.

Des Dieux ? Oh non, Voyageur, ils n’étaient pas des Dieux, bien qu’ils en aient toutes les caractéristiques. Eux chassaient les Dieux, comme s’ils étaient leur prédateurs naturels. C’était comme si l’ordre naturel instauré par la Tour se devait d’être contrebalancé par une source de chaos, de démence, et de corruption pure. Car, finalement, on ne voit pas comment décrire les Grands Anciens comme étant autre chose que les ennemis naturels de la Tour, et de ce qu’elle représente.

Le Multivers est quelque chose qui m’a toujours fasciné, car, aussi complexe et riche soit-il, il est régi par des règles universelles, fondamentales, et intuitives... Comme l’équilibre. Une saine répartie entre le Chaos et l’Harmonie. Les Grands Anciens n’étaient-ils que les émanations du Chaos, survivants des anciens Multivers, de cette période de chaos complète où le Multivers ne cessait de se détruire et de se reconstruire ? Car, partout où ils étendaient leurs immenses tentacules, ils ne laissaient derrière eux que ruine, mort, mort et désolation, folie et démence profonde.

Il est difficile de décrire l’apparence d’un Grand Ancien. Ces êtres sont d’une taille cosmique, et particulièrement hideux. Tout comme la Tour, il est permis de s’interroger sur leur véritable apparence. Celle que nous voyons quand ils viennent peut n’être qu’un aperçu de leur véritable forme, une apparence que l’esprit humain tente vainement de se créer pour essayer de définir ce qu’il ne peut définir. Car un Grand Ancien est un être terrible, qui, au-delà de ses pouvoirs infinis, peut plonger n’importe quel esprit dans la folie par le simple fait de le regarder... Comme si l’esprit humain, face à ces monstres cosmiques, se retrouvait à ses propres limites.

Au-delà de leurs pouvoirs physiques, les Grands Anciens peuvent influencer les mortels sur d’énormes distances. Ils disposent de pouvoirs télépathiques gargantuesques. Il peut sembler étonnant que des individus peuvent spontanément choisir de suivre la voie des Grands Anciens, mais ceux-ci sont des corrupteurs, des chuchoteurs qui murmurent à l’esprit des individus. C’est d’ailleurs comme ça que les Anges finirent par se rendre compte de la menace.

Les Anges étaient alors un peuple entièrement bon et innocent, qui voyageaient à travers les plans astraux. Ils étaient les messagers des Dieux, qui eux-mêmes commençaient à se structurer sous la forme de panthéons sur de multiples mondes. Les Anges éduquaient et civilisaient les populations mortelles, afin de permettre à leur âme d’être prises en charge par les Dieux à leur mort, et afin de mener une meilleure vie. Mais, peu à peu, alors que les Anges se rendaient sur différents mondes, ils constatèrent des traces sinistres de corruption profonde, des villes entières sous les ordres de cultes effrayants prônant les sacrifices humains, une magie sombre qui transformait peu à peu les gens en monstres, donnant à leur corps une apparence écailleuse, les dotant de plusieurs yeux globuleux, ou répandant dans l’air une atmosphère pestilentielle, ou un mucus infâme sur le sol...

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Des cultes sinistres et effrayants...

La répétition de tous ces éléments amena les Anges, ainsi que d’autres civilisations avancées, à comprendre qu’une menace profonde et importante était en train de grandir.

La première rencontre avec les Grands Anciens fut aussi violente et déroutante que ce à quoi on put s’entendre. Les Anges les croisèrent pour la première fois sur un monde technologiquement avancé, ressemblant globalement au niveau technologique de la Terre. Ils virent d’immenses tentacules, aussi grands que des chaînes de montagnes, percer le ciel, s’abattant sur la planète, écrasant les immeubles comme des quilles face à une boule de bowling, libérant ensuite des flopées de monstres hideux et cruels, sous le regard béat et ravi de multiples cultistes et autres zélotes tombés sous le joug du Grand Ancien. Ils virent un monde entier s’effondrer, devenant terre des Grands Anciens, et ne purent que constater leur propre impuissance.

Ce fut le début d’une vaste guerre, qui dura, selon les mondes, de plusieurs siècles à plusieurs millénaires, mais qui résonna dans toute la Réalité. Les Anges fondèrent la Milice céleste, et durent apprendre à se battre.[/size][/font]


2°) L’impossible victoire

Las, la guerre semblait irrémédiablement perdue devant la puissance des ennemis. Les Anges ne parvenaient pas à gagner, et en étaient surtout réduits à anticiper les mondes menacés par les Grands Anciens pour évacuer les populations locales, tout en réfléchissant aux motivations de ces êtres cosmiques.

C’est dans le chaos de cette guerre que les Anges connurent pour la première fois des sentiments confus, impensables pour ces êtres de haute stature : la peur. En voyant les combats entre leurs congénères et les Grands Anciens, en voyant les corps calcinés, déchiquetés, rongés par la pestilence, ils ressentirent en eux la peur, un sentiment qui les heurta profondément, et qui aurait pu signer la fin de cette race élue... Si quelques Anges n’avaient pas réussi à remotiver ces derniers. Citons parmi eux le légendaire Imperius, qui devint de fait l’Archange en charge de la guerre, Michel, qui devint le dirigeant de la Milice, mais surtout quelques Anges qui parvinrent à sortir du lot en redonnant la foi et le courage à leurs homologues angéliques : Azazel, et surtout... Lucifer.

S’il y en a un dont le rôle dut être retenu, ce fut bien celui de Lucifer, qu’on surnomma d’ailleurs rapidement le « Porteur de Lumière ». Infatigable, il semblait être l’Élu des Dieux tant il était talentueux. Venant systématiquement en aide aux siens, Lucifer s’avéra un élément indispensable qui permit à la Milice de s’organiser, et aux Anges de survivre. Il forma bon nombre d’Anges, et acquit l’entière confiance du puissant Imperius.

Et, tandis que les Anges s’organisaient, ils se renseignaient donc également sur les Grands Anciens, interrogeant les cultistes, sondant leur esprit pour y trouver des réponses. Une tâche ardue, mais qui leur permit d’apprendre que les Grands Anciens manipulaient une puissance sombre, une magie plus ténébreuse que la magie noire, une magie occulte et terrifiante, et qu’ils disposaient d’un livre, un livre qui formait la base de leur culte et de leurs croyances démentes : le Necronomicon.

En se renseignant sur le Necronomicon, les Anges s’approchèrent de magiciens qui leur parlèrent d’une étrange organisation, un culte itinérant, les Manni. Une confrérie religieuse et magique qui avait la particularité& de voyager à travers les dimensions. Lucifer, qui menait personnellement l’enquête, réussit à retrouver la trace des Manni, et fut présenté à leur meneur, un homme à l’apparence insolite, le Guide, tranchant avec les robes de sorciers en les accueillant avec un blue jean’s surmonté d’un pin’s en forme de smiley souriant attaché à son gilet.

Il leur expliqua que les Manni étaient des mages itinérants, formant une caravane, qui voguait à travers les mondes et les dimensions. Le Guide leur expliqua que le savoir ancestral des Manni était contenu dans un seul livre, le Livre des Manni, un livre magique vierge... Mais qui répond à toutes les questions que l’on peut se poser. Un étonnant livre, indétectable en apparence, car capable de prendre n’importe quelle forme... Mais il suffit d’écrire sur la première page une formule propre aux Manni pour que ce dernier révèle son véritable potentiel.

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C’est auprès du culte des Manni que les Anges obtinrent les explications attendues sur les Grands Anciens

C’est ainsi que le Guide leur expliqua ce qu’ils avaient besoin de savoir sur les Grands Anciens.

Ils étaient menés par Azathoth, le « Chaos Nucléaire ». Azathoth était une création ancienne, une entité indescriptible existant depuis que la notion d’existence est apparue. Peut-être même est-il plus vieux que le Multivers lui-même... Le but du Chaos Nucléaire est de détruire, de détruire et de ravager. Souvent considéré comme simple dans sa manière de fonctionner, le Chaos Nucléaire est le Maître des Grands Anciens, une force fondamentale dont l’apparence change en fonction de celui qui le regarde.

La théorie du Guide était qu’Azathoth s’inscrivait dans le cadre de l’évolution, qu’il était une force de destruction permettant la reconstruction du Multivers à chaque étape de son existence. Difficile, dans ces conditions, de le décrire comme une force maléfique, car, selon cette théorie, le Chaos Nucléaire s’inscrivait juste dans le développement de la Création... Jusqu’à ce que ce cycle de destruction soit interrompu.

Le Guide leur expliqua que la Tour avait écrasé Azathoth. Situé au cœur du Multivers, il avait été repoussé dans ses confins lorsque la Tour Immaculée était arrivée. C’est à ce moment que le Guide apprit à Lucifer et aux Anges que la Tour était protégée par les Gardiens-Totems, des esprits surnaturels prenant la forme d’animaux, et dirigés par le plus puissant d’entre eux, Maturin. Prenant l’apparence d’une tortue, c’était Maturin qui avait permis à la Tour de se dresser, et de structurer le Multivers sur une base solide et stable en repoussant Azathoth.

Depuis lors, le souhait d’Azathoth est de revenir poursuivre son œuvre, et de détruire la Tour, qu’il perçoit comme une hérésie. Las, le conflit originel entre lui et Maturin avait profondément meurtri la Tortue, tandis qu’Azathoth a eu l’éternité pour se reconstruire, et pour augmenter ses pouvoirs. Maintenant, Azathoth a découvert l’emplacement du Monde Ultime, et s’y dirige avec toutes ses forces afin de provoquer la Convergence Ultime, l’effondrement du Multivers... Ou, pour reprendre l’allégorie du sac des billes, ce moment où toutes les billes du sac se heurtent toutes simultanément au même point, déclenchant ainsi la destruction du Multivers, et la mort de tous les individus y habitant.

C’est cette Convergence Ultime que les Anges doivent empêcher. Pour cela, il leur appartient de se rendre sur Terra, et d’unir tous les Esprits sortis de la Tour, tous ceux qui sont liés à la Tour, et qu’on appelle désormais « les Dieux ». Ce n’est qu’en réunissant leur pouvoir qu’ils arriveront à stopper Azathoth.

Pour accomplir la Convergence Ultime, Azathoth se matérialisera en personne sur Terra, afin d’absorber la force de ses propres Dieux, et de devenir la forme suprême, l’unique et exceptionnel Cthulhu !

Les Anges en avaient su assez pour se préparer au combat finalement, mais, avant de délaisser le Guide, Lucifer lui demanda son nom, en lui demandant si les Manni les aideraient dans ce conflit.

En souriant, le Guide lui assura qu’ils se reverraient un jour, et lui donna son nom : Randall Flagg.[/size][/font]


INTERLUDE – La théorie de la psychohistoire

Vous êtes toujours là, Voyageur ? Vous m’en voyez sincèrement ravi. J’ai conscience que l’histoire peut vous sembler longue, mais elle n’en est pas moins nécessaire. Le narrateur que je suis se vexerait de voir que vous n’auriez pas été capables de me suivre jusqu’ici, et est donc heureux que vous puissiez le lire.

Comme vous l’avez donc lu, nous sommes au point charnier de ce récit, ce moment où, dans les films d’action, l’acte final s’enclenche.

Mais, avant de l’enclencher, il est nécessaire de faire une digression, que je vais introduire en vous contant la notion de pyschohistoire.

Ceux qui, comme moi, ont eu la chance de pouvoir lire les romans d’Isaac Asimov peuvent se relâcher.

Pour les autres, retenez que la psychohistoire est une science prédictive très particulière, consistant à calculer les probabilités qu’un évènement X se produise dans le futur. Pour cela, les psychohistoriens réalisent des calculs mathématiques d’une complexité ahurissante tenant compte d’un très grand-nombre de facteurs sociétaux. La psychohistoire, autrement dit, consiste à prédire le futur à partir d’un ensemble de connaissances sur la psychologie humaine et les sciences sociales, et pouvoir ainsi déterminer les grandes orientations sociétales.

Cette science très moderne connaît néanmoins plusieurs défauts. Je dirai, pour schématiser, que son principal défaut est qu’elle part du principe que l’Histoire est par nature complexe, et qu’aucun évènement simple ne peut changer le destin d’une société.

Autrement dit, et pour donner un exemple simple, qui vous parlera, chers Terriens, voyez cette question : La Seconde Guerre Mondiale aurait-elle eu lieu sans Adolf Hitler ?

Un psychohistorien vous expliquera qu’Hitler n’a été que le catalyseur de multiples facteurs vectoriels, d’un contexte international empreint de tension, et qu’à défaut de Hitler, un autre aurait pris sa place. La psychohistoire peut ainsi devenir la caricature d’elle-même en ce qu’elle nie la capacité de l’individu à changer l’Histoire.

Pourquoi vous parler de ça maintenant ? Parce que, comme vous l’avez remarqué, nous approchons du point final de cette guerre. Et, selon les grilles de lecture de la psychohistoire, Azathoth et ses séides ne pouvaient que gagner.

Permettez-moi d’ailleurs d’en profiter pour vous faire remarquer que j’ai volontairement simplifié le récit. Aurais-je voulu être plus complet que je vous aurais signalé que l’expression « Grands Anciens » est un terme générique, et que, quitte à être pointilleux, il existe en réalité deux catégories : les Dieux Extérieurs, et les Grands Anciens, les seconds étant sous les ordres des premiers...

Mais ce panthéon si particulier fera l’objet d’un autre récit.

Pour en revenir à notre sujet, la psychohistoire était très claire : les Grands Anciens ne pouvaient que gagner. Pourtant, ils ont perdu. Pour quelle raison ?

Car il y eut Arthur Eld.
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3°) La légende d’Arthur Eld

Tandis que le Multivers se fragmentait sous l’influence des Grands Anciens, dans le Monde Ultime, la corruption de ces derniers se faisait ressentir, plus particulièrement chez certaines races naissantes, comme les humains. Commençant à s’organiser de manière rudimentaire, ceux-ci formaient des clans, des tribus, des meutes... Et, tandis que les elfes dominaient ce monde, ils constatèrent des recrudescences de violence tribale de plus en plus impressionnante chez les humains, outre une augmentation significative des monstres... Jusqu’à l’apparition de rituels sombres dans les clans humains, de sacrifices humains, et l’utilisation de dialectes interdits.

Les elfes réalisaient progressivement que la Corruption approchait, et ce fut à l’occasion d’une patrouille que deux d’entre eux trouvèrent celui qui devait changer les probabilités.

Il s’agissait de deux jeunes patrouilles elfes venant des glorieuses et ancestrales forêts de Brokilone, Elduin et Myriil. Ils se rendaient alors près d’un village humain en lisière d’une montagne lorsqu’ils virent les traces du massacre. Un spectacle innommable, où une scène de carnage avait eu lieu dans la ville. Les corps avaient été pendus à des gibets par leurs propres tripes, leurs entrailles flottant dans le vide, pendouillant le long de leurs corps, déchiquetés par des corbeaux... Les corps étaient déchiquetés, éviscérés, certains épluchés, faisant apparaître une peau rouge et vive dans des positions de supplices. On avait supplicié les gens en leur enfonçant des tisons ardents dans le corps, en s’enroulant de colliers faits d’ongles arrachés et de dents brisées. Des projections de sang s’étalaient dans toutes les maisons, ainsi que de sinistres borborygmes tracés au sang sur les mus :

« N'gai, n'gha'ghaa, bugg-shoggog, y'hah ; Yog-Sothoth, Yog-Sothoth... »
Alors que les deux frères elfiques s’avançaient dans les méandres du village en ruines, ils approchèrent du temple... Et, à leur grande surprise, entendirent des pleurs d’enfants. À l’intérieur du temple religieux saccagé, violé et pillé, un enfant pleurait au sol. Ne pouvant identifier ses parents, il fut appelé « Eld », terme générique donné aux enfants dont la descendance ne put être prouvée. Myriil et Elduin attrapèrent l’enfant, et, au moment de sortir, tombèrent sur les villageois encore en vie.

Tous étaient devenus fous, avec des pustules et des furoncles déformant leurs corps. Leurs cheveux commençaient à tomber, tandis qu’ils s’étaient scarifiés jusqu’au sang. Ricanant nerveusement, tenant des propos incohérents, ils n’en étaient pas moins dangereux, et attaquèrent les deux elfes... En tuant Myriil. Elduin lui-même était débordé, et vit son arc elfique être brisé en deux. Il tomba au sol, devant les déments... Quand l’enfant hurla. Et, de ce hurlement, jaillit une sphère magique qui frappa violemment les villageois, repoussant les déments, protégeant de cette façon Elduin.

Le jeune elfe acquit alors l’intime conviction que cet enfant n’était pas comme les autres, et se remémora une prophétie elfique, tandis que, chez les villageois, les traces de corruption entraient en régression. Il attrapa l’enfant, et décida de le conduire à Can-‘Ka No Rey, au Sanctuaire. La traversée fut longue, car Terra toute entière commençait à sombrer dans la folie, même chez certains elfes. Ce ne fut qu’au Sanctuaire qu’Elduin commença à aller mieux.

La Tour était là, cette belle Tour blanche, immaculée et somptueuse, rassurante et revigorante. Elduin apprit à cette occasion qu’un magicien avait réussi à élire domicile dans la Tour. Il se présenta d’ailleurs à Elduin, et lui expliqua s’appeler Maerlyn, et que l’enfant qu’il amenait était l’Enfant de la Tour, appelé à sauver celle-ci. Maerlyn était un mage assez énigmatique, proche des elfes, qui était aussi proche des Dieux, et dont les pouvoirs magiques surclassaient ceux des plus puissants mages elfiques.

Il décida d’éduquer Arthur, et l’emmena avec lui dans la Tour, en assurant aux elfes que des gens allaient venir.

Et, tandis que l’Acte final se préparait, Maerlyn prit Arthur sous son aile. La Tour se referma alors, et, ensemble, ils rejoignirent la Tortue, et, avec elle, se préparèrent....

...Et, entre-temps, Ils arrivèrent.

4°) La Bataille Finale de la Tour

Jamais les Anges ne parvinrent à remporter une seule victoire contre les Grands Anciens. Les Dieux eux-mêmes ne semblaient pas réussir à en venir à bout, mais ils suivirent les conseils des Manni, et trouvèrent la Tour. Là, ils réunirent ensuite les autres, et formèrent autour de la Tour une immense armée. Les différents Dieux oublièrent leurs querelles pour s’allier ensemble. Que ce soit les Dieux elfiques de la Seldarine, les kami d’Amaterasu, Horus et sa famille, Zeus et les Dieux nordiques, tous finirent par répondre à l’appel, car tous avaient eu affaire à la menace des Grands Anciens.

Les peuples de Terra s’allièrent également, principalement les elfes et les nains. Ensemble, ils formèrent la Grande Alliance, d’une puissance dont on frémit à la simple évocation... Mais suffisante pour triompher d’Azathoth et des siens ?

Ils finirent par venir. Terra toute entière se nimba d’un nuage noir tandis qu’ils annoncèrent leur présence par d’énormes tentacules qui s’abattirent sur le monde, dévastant les forêts, écrasant les montagnes, défonçant le sol. Azathoth avait envoyé tous ses Grands Anciens, et ils formaient un nombre impressionnant de géants marchant chacun vers la Tour : Hastur, Zoth-Ommog, Y’golonac, Ithaqua... Menés par Nyarlathotep, Shub-Niggurath, et Yog-Sothoth. De mémoire d’Observateur, jamais on ne vit un combat avec une telle intensité, une bataille qui fractura même le tissu de la réalité. Les Grands Anciens déployaient des armées entières de monstres hideux, leurs pouvoirs cosmiques déferlant sur les frêles Dieux, les soufflant comme des brindilles. La bataille fit rage à travers tout le Sanctuaire, la marche irrésistible des Grands Anciens balayant les uns après les autres toutes les barrières et toutes les frontières.

La lutte semblait-elle sans espoir ? Les Dieux se retrouvèrent autour de la Tour, qui était désormais le seul point blanc. Les elfes eux-mêmes succombaient à la folie, abandonnant tout espoir en voyant les corps innombrables jalonnant le Sanctuaire. Les Anges étaient massacrés par milliers, et la Bataille atteignit son dernier chapitre quand les Grands Anciens encerclèrent la Tour, et qu’Il arriva enfin.

Perçant les nuages obscurs, Azathoth descendit sur Terra, et, avec lui, les derniers des vaillants perdirent la foi.

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Et Azathoth arriva

À son arrivée, les Grands Anciens cessèrent de se battre. De toute façon, il n’y avait plus personne à combattre, et leurs attaques ne parvenaient guère à ébranler la Tour, qui restait nimbée par un bouclier magique ancestral. Mais cela, le Chaos Nucléaire l’avait vu, et, comme à chaque fois qu’il en arrivait là, il procéda à la suite, et concentra l’énergie des Grands Anciens entre ses mains. Une sorte d’immonde et monstrueuse fusion qui fit trembler les eaux. Ceux qui pouvaient encore se lever, ceux qui pouvaient encore regarder, virent l’eau se déchirer en deux, et perdirent définitivement la raison en voyant les flots disparaître, s’effondrant devant la masse innommable du Plus Dangereux de Tous...

Cthulhu venait d’émerger des flots !

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Le réveil de Cthulhu

Cthulhu émergea des flots, provoquant un raz-de-marée qui noya le Sanctuaire, dispersant les corps massacrés. Puis, lentement, il marcha vers la Tour, et l’enroula dans ses tentacules, faisant trembler cette dernière, la lézardant de part en part. Les boucliers magiques la protégeant ne pouvaient suffire à repousser cet ennemi invincible...

...Lorsque la Tour contre-attaqua. Une explosion de lumière repoussa les tentacules sinistres du Grand Ancien, et la porte de la Tour s’ouvrit. Deux hommes en émergèrent, tenant entre eux une antique sphère, un artefact flamboyant et multicolore : l’Arc-En-Ciel !

Arthur n’était plus le jeune bébé qui était entré dans la Tour, mais un homme plus aguerri, tenant dans sa main son épée, et surtout l’Arc-En-Ciel, préparé par Maerlyn grâce à l’aide de l’énergie magique de la Tour. Car, à chaque Dieu tué, son énergie magique était revenu à la Tour, et avait été siphonné par Maerlyn pour améliorer cet artefact magique. La sphère déchargeait une énergie magique très intense, si intense qu’elle en fissurait l’air autour d’elle-même. Elle arborait l’énergie de tous les Dieux. Maerlyn se concentra alors, et utilisa l’Arc-En-Ciel pour insuffler la vie à Lucifer et à Zeus. Le premier était indispensable pour permettre à Arthur, dont la vaillance fléchissait face à la monstruosité se tenant devant lui, d’accomplir sa destinée... Et le second déclencha les éléments, des tempêtes apocalyptiques, ses pouvoirs amplifiés par ceux de l’Arc-En-Ciel.

Puis les trois derniers guerriers se lancèrent dans un ultime assaut, désespéré, tenant l’Arc-En-Ciel avec eux. Son souffle magique balayait les tentacules tentant de les retenir, et ils s’élancèrent ainsi, jusqu’à rentrer dans la tête de la seiche géante. Les registres de l’Observatorium sont incapables de dire ce qui se passa à l’intérieur, si ce n’est qu’ils réussirent à arracher quelque chose à la carcasse de Cthulhu. Son Cœur noir se détacha de son corps, et s’écrasa dans les flots déchaînés. L’Arc-En-Ciel se déclencha surtout à l’intérieur du corps du Grand Ancien, l’énergie cumulée de tous les Dieux, et déclencha une onde magique, une véritable explosion de lumières et de couleurs qui renversa Cthulhu, et le sépara, lui et les Grands Anciens.

Un Big Bang miniature, véritablement.

L’Arc-En-Ciel se surchargea ensuite, et se fissura entre les doigts d’Arthur, avant d’exploser, laissant s’échapper un arc-en-ciel qui perça les ténèbres, et ramena la lumière sur le Sanctuaire... Et ressuscita les victimes des Grands Anciens.

La guerre se termina ainsi... Mais ce récit serait incomplet si nous n’évoquions pas les conséquences, car ce conflit fondateur, pour ainsi dire mythologique, posa les jalons de la Multiversité !

PARTIE 2 – Les conséquences de la Guerre du Multivers

Elles furent nombreuses. Nous ne citerons donc que les principales :
  • Assombrissement de la Tour. La Tour Immaculée, qui communiait si aisément avec ceux proches d’elle, ne s’est jamais remise de l’agression de Cthulhu. Depuis cette période, elle est hermétiquement fermée, et a pris une teinte très sombre, devenant une tour noirâtre, perdue au milieu de Can-‘Ka No Rey, le champ de roses rouges,
  • Formation de l’Arc-En-Ciel. La Sphère de l’Arc-En-Ciel fut un artefact d’un pouvoir omnipotent, qui permit de briser les Grands Anciens, d’annihiler leur force magique en les confinant aux confins de l’espace et du temps, dans des Prisons Multiverselles surveillées par les Anges. La Sphère de l’Arc-En-Ciel devint un arc-en-ciel cosmique gravitant autour de Terra, et les rayons de cet arc-en-ciel se sont raccordés à des versions parallèles de Terra, formant avec Terra un ensemble unifié. Les Mondes-Cœurs sont depuis ce jour intimement liés à Terra,
  • Avènement de la civilisation humaine sur Terra. Arthur Eld devint une légende sur Terra. Il réussit l’exploit qu’aucun elfe ne fit : survivre aux Grands Anciens, et défaire Cthulhu. Elfes et nains s’inclinèrent devant le courage et le pouvoir de l’Eld, qui devint le premier Roi humain, et dont le règne marqua le début de l’Âge des Hommes... Mais ceci est une autre histoire.
  • Déséquilibre dans le monde des morts. La Guerre du Multivers entraîna bien des morts, bien trop de morts. Des âmes souillées, corrompues, qui se déversèrent continuellement en Enfer, augmentant considérablement le nombre de démons, qui se retrouvèrent également influencés par les âmes néfastes de leurs prisonniers.
  • Affaiblissement des Dieux. De manière générale, la plupart des Dieux sortirent très affaiblis par ce conflit dévastateur. Leurs panthéons avaient pour la plupart été pulvérisés, leurs lieux de cultes ravagés, et, même si l’Arc-En-Ciel avait corrigé bien des choses, certaines cicatrices ne pouvaient pas rester effacées. C’est symboliquement à partir de ce moment que le polythéisme religieux commença à décliner au profit de religions monothéistes.
  • Consécration des Olympiens. Consécutivement à la Guerre, Zeus devint l’un des grands gagnants du conflit. Il avait réussi à tenir tête à Cthulhu, certes avec l’aide de l’Arc-En-Ciel, mais cela n’enlevait rien à son exploit. Il fut ainsi convenu que l’Olympe siégerait près de la Tour, afin de la surveiller, et de la protéger.
  • Développement de la Milice angélique. La Guerre avait laissé de multiples séquelles. Outre l’emprisonnement des Grands Anciens, il restait encore sur bien des mondes des traces de leurs souillures et de leurs infestations. La Milice céleste fut donc maintenue, et les Anges continuèrent à former des guerriers, pour repousser les Grands Anciens, et éradiquer leurs dernières traces sur le monde.
Voilà pour la majorité de ces conséquences...

(Mais il y en eut encore une, Voyageur, que personne ne vit sur le moment.

Car, quand l’Arc-En-Ciel disloqua Cthulhu en l’enfermant, lui et ses sinistres comparses, dans d’autres mondes, l’Arc-En-Ciel négligea le Cœur Noir, qui s’écrasa au milieu des roses rouges ravagées. Et, tandis qu’Arthur Eld et les siens contemplaient, ébahis, le Sanctuaire en train de refleurir, cette masse spongieuse noirâtre tentait désespérément de survivre. Là, quelques tentacules s’échappèrent de sa carcasse, jusqu’à s’entortiller autour d’un doigt.

Puis une main souleva cette masse, afin de la glisser dans une boîte. Et, contemplant alors ce corps putride, le Guide des Manni sourit doucement en refermant la boîte, la caressant légèrement, presque affectueusement, du plat de la main. Alors, Flagg se mit à sourire, et contempla les premières lueurs de l’aube, tandis que son corps se flétrissait, devenant un jet de poussières éparpillées par le vent, ses derniers mots s’évaporant dans le vide :

« Et voici comment tout commença... »)

Histoire de la Multiversité

Posté : 14 août 2024 17:29
par Observateur
CHAPITRE II
LE GRAND CONFLIT
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Nous ne nous quittons plus, Voyageur ! Mais vous faites bien de me suivre, car, si vous avez réussi à lire mon verbiage jusqu’ici, c’est que vous êtes prêts à lire la suite, n’est-ce pas ? Vous ne pensiez tout de même pas que l’Histoire s’arrêtait là. Il nous reste encore beaucoup à expliquer, Voyageur.

À partir de ce stade, vous avez également dû comprendre qu’il y avait une forte interaction entre le Monde Ultime et le reste de la Multiversité. Il ne nous est tout simplement pas possible d’étudier l’une sans étudier l’autre, et ce sera encore plus vrai pour les évènements qui vont suivre.

La Guerre du Multivers appela une réplique, comme une sorte de seconde secousse, qui, elle, a bine plus imprégné les mémoires. Une guerre tout aussi manichéenne que la précédente, moins grandiloquente, mais tout aussi violente. Je parle évidemment du Grand Conflit, de l’affrontement suprême entre les Anges et les Démons.

Et détailler le Grand Conflit risque aussi de nous occuper un peu, alors, commençons sans tarder, voulez-vous ?



PARTIE 1 – Les sources du conflit

1°) Situation du Multivers et des Dieux au lendemain de la Guerre du Multivers

Au lendemain de la Guerre du Multivers, les Dieux sont globalement affaiblis, et beaucoup sont en plein bouleversement. Ils ont défié quelque chose d’infiniment plus puissants qu’eux, et ont perdu. Une cruelle leçon d’humilité, d’autant que leur énergie fut également utilisée dans une sphère magique, ce qui, pour beaucoup, relevaient de l’offense pure et simple. Et la tentation était désormais grande, devant le pouvoir de la Tour, de s’en emparer.

C’est pour cette raison que Maerlyn, le mage qui avait permis de créer l’Arc-En-Ciel, leur expliqua qu’ils n’auraient pas la garde des Sphères, et que celles-ci seraient confiées aux Totems de la Tour, qui devinrent de ce fait les « Gardiens-Totems ».

Accordons-nous dès lors quelques instants pour présenter tout cela :
  • Les Sphères de l’Arc-En-Ciel sont un ensemble de sphères magiques qui se sont formées après que l’Arc-En-Ciel fut utilisé pour vaincre les Grands Anciens. Étant chacune d’une couleur différente, elles étaient à ce moment précis toutes présentes, flottant autour de Maerlyn, chacune disposant d’un pouvoir particulier,
  • Les Totems sont des esprits ancestraux, proches de la Tour, se considéraient comme ses premiers enfants. C’est parmi eux qu’on trouve Maturin, alias « la Tortue ». Les Totems avaient permis d’aider les Anges à réunir l’ensemble des panthéons divins autour de la Tour pour combattre les Grands Anciens.

Maturin expliqua aux Dieux que la Tour s’était fermée, qu’elle devait panser ses plaies, et qu’il était trop dangereux de laisser les Sphères au même point. Il fut donc convenu que chaque Totem prendrait avec lui une Sphère, et la conduirait sur un autre Monde-Cœur. Cette idée n’enchanta guère les Dieux, qui voyaient là partir des sources de pouvoirs, mais étaient en réalité bien trop affaiblis pour pouvoir sérieusement s’opposer à la volonté des Gardiens-Totems.

Ceux-ci partirent donc, et le Multivers se retrouva ainsi façonné en ce que, autour de Terra, un « cœur » se forma. Un cœur composé de sept Rayons et de quatorze planètes parallèles à la Terre. Sur chacune de ces planètes, un Gardien-Totem s’établit pour veiller sur sa Sphère. Maturin choisit la Terre, et Shardik, l’Ours, son comparse, le monde que nous connaissons comme étant le Rustworld. Ils formèrent ainsi le Rayon Maturin – Shardik, mais, par simplicité de langage, nous désignons ce Rayon comme étant le Rayon bleu, en référence à sa couleur.

Voici pour le tableau d’ensemble.

Il est temps désormais de revenir au sort d’Arthur Eld, et de ce qu’il fit sur Terra.

2°) La fondation du Royaume de l’Eld et de Gilead

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Arthur Eld avait réussi l’impensable, une chose qu’aucun être humain n’aurait pu réussir à faire : terrasser les Grands Anciens. En manipulant l’Arc-En-Ciel, Arthur était devenu plus grand que lui, et avait face à lui un monde ravagé, envahi par des hordes de monstres, et où bien des nations s’étaient profondément affaiblies. Arthur Eld avait réussi à gagner la guerre, mais il lui incombait maintenant de tout reconstruire.

Se rendant au centre de Terra, Arthur fondit un royaume, le premier royaume humain de Terra : l’Eld. Sa capitale, Gilead, fut la première grande ville humaine connue, une forteresse bâtie sur des montagnes, et il construisit ce royaume avec l’aide des elfes et des nains, dans le cadre d’une sainte alliance. Elfes et nains aidèrent ainsi l’Eld à consolider son royaume, et à l’étendre. Un royaume de type médiéval se construisit donc, Arthur Eld menant ensuite bon nombre de quêtes et de combats. Les légendes des temps anciens relatent les multiples combats qu’il fit, comme celui contre le Serpent géant du Lac de l’Ombre, contre les Loups Écarlates, contre les hordes d’Orcs et de monstres nécrophages.

Au cours des années, Arthur multiplia les conquêtes militaires, renversant les tribus barbares, les clans sauvages, parvenant, avec son charisme, à fédérer autour de Gilead un vaste royaume assez fédéral. Chaque province formait une baronnie disposant de sa propre législation, Gilead assurant le contrôle du royaume. Ce fut Arthur qui développa à partir de Gilead un système de feux d’alarme permettant, en cas d’invasions de monstres, de regrouper tous les Eldois dans les immenses halls souterrains de Gilead. Ce système permit ainsi de protéger à de nombreuses reprises les habitants du royaume.

L’Eld construisit dans les terres occidentales le Château Arcadia, une immense forteresse conçue avec l’aide des nains. Arcadia était un fort central, servant de relais entre Gilead et Can-‘Ka No Rey. Car Arthur n’oublia jamais le Sanctuaire et la protection de la Tour, et construisit d’ailleurs dans les montagnes à l’entrée du Sanctuaire un fortin abritant une garnison ponctuelle : l’Eld’s Nest. Le Nest faisait aussi office de terre d’accueil pour les multiples pèlerinages empruntant la Voie du Héros, un sentier mythologique retraçant le parcours de l’Eld depuis son lieu de naissance jusqu’au Sanctuaire.

Gilead fut en effet fondée sur les ruines du village où, jadis, les elfes avaient retrouvé le jeune bébé.

Arthur mena ainsi pendant des années une politique saine, dont beaucoup des éléments relèvent aujourd’hui de la mythologie. Il est difficile de croire, eu égard à notre cynisme usuel, qu’un tel monarque ait pu exister. Mais peut-être bien que oui... Ou peut-être est-ce juste que l’Eld était trop bon pour nous.

Quoi qu’il en soit, quand le Grand Conflit survint, Arthur Eld était alors considéré légitimement comme l’homme le plus puissant du monde. Il avait aidé les Nains à repousser les monstres habitant dans les mines, il avait réussi à former une alliance entre de multiples espèces, faisant de Gilead une vaste cité cosmopolite et culturelle.

Les Anges étaient alors proches de l’Eld, et, ensemble, ils menaient une politique d’urbanisation, de protection, et d’éducation d’un vaste supercontinent.

Et c’est dans ce contexte de reconstruction que le Grand Conflit commença.



PARTIE 2 – Le Grand Conflit

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1°) La Révolte de Nahash

Le Grand Conflit commença dans le monde des morts, dans les profondeurs abyssales.

Après la Guerre du Multivers, beaucoup des Dieux en charge du monde des morts avaient perdu de leur influence, à l’exception d’Hadès. Les Olympiens ayant réussi à triompher lors de la Guerre, Hadès eut une place centrale en Enfer... Mais qui restait très virtuelle. Les démons avaient vu trop de morts, et quelque chose en eux avait changé. Le monde des morts lui-même avait changé, corrompu par les âmes néfastes qui peuplaient cette région. Le soufre avait jailli, les plaines verdoyantes avaient disparu pour se recouvrir de cendres... Le monde des morts était devenu sinistre, et la colère des démons s’ourdissait. Quelque chose avait changé, quelque chose qu’Hadès ne vit pas sur le coup.

Peu à peu, les révoltes éclataient. Hadès avait autour de lui des gardes fidèles, des lieutenants arpentant le monde des morts, et dont on commença peu à peu à compter les cadavres, tandis que, dans les villes des démons, un nom s’ourdissait, comme une rumeur lointaine et profonde : Nahash... Le Serpent.

Un nom étonnant, qui ne disait rien à Hadès. Pourtant, les registres infernaux contenaient les noms de tous les démons, mais il ne trouva personne. Qui était donc ce Nahash ? Un démon ? Ou un mensonge, une rumeur ? On disait de Nahash qu’il était le Malin, le Libérateur, celui qui viendrait unifier les démons. Des propos inquiétants, qu’Hadès remonta auprès des autres Dieux. Tous étaient unanimes. Pendant des siècles, les démons avaient gagné en puissance, en arrogance, refusant de plus en plus de se soumettre volontairement aux Dieux, et ceux-ci ne conservaient la mainmise sur eux que parce qu’ils étaient désunis, et que les puissants démons étaient trop arrogants pour pouvoir s’allier entre eux, préférant se battre mutuellement... Mais le nom de Nahash revenait dans la bouche de bien des démons, des démons qui étaient normalement opposés, et qui se retrouvèrent à se battre ensemble.

La révolte ourdissait donc, sans qu’Hadès ne parvienne à les stopper... Et continua à enfler. Nahash avait amassé autour de lui une secte de plus en plus puissante, qui portait bien des noms : le Culte de Nahash, la Langue Fourchue... Les Fourchus, comme on les appela pendant un temps, furent sous-estimés par les Dieux, ce qui ne fut là qu’une autre preuve de leur arrogance.

Car Nahash n’était effectivement pas un démon ordinaire. Sous une autre vie, on l’avait appelé Azathoth... Le Chaos Nucléaire ! Annihilé lors de la Guerre du Multivers, Nahash avait été soigné par Flagg, qui avait choisi de conduire cette créature en Enfer, dans un endroit où personne ne pourrait le retrouver... Et le Coeur Nucléaire se reconstruisit progressivement. Et Azathoth devint ainsi « Le Sultan Des Démons », puis réussit à prendre le pouvoir. Il se mit à grandir, à évoluer, à adopter une forme plus démoniaque, agissant toujours avec l’aide de son fidèle second, celui-là même qui l’avait sauvé à Can-‘Ka No Rey, le Magicien.

C’est le Magicien qui façonna le Culte, le Magicien encore qui parvint à réunir des démons. Mais c’est Nahash qui tua ceux contestant son autorité. Le Serpent s’imposa par sa puissance et par la force de persuasion du Magicien.

Et c’est ainsi que la révolte finit par éclater. Hadès fut chassé du Palais Infernal. Humilié et vaincu, l’Olympien laissa Nahash prendre la place de son trône, devenant ainsi le Monarque Suprême, le Prince des Enfers... Satan !

Et Satan, depuis son trône de feu, leva les yeux vers les hauteurs, et décréta qu’il était temps pour les démons d’en finir avec les Dieux, et de reprendre ce qui leur revenait de droit.

2°) Le Grand Conflit

Pendant des temps immémoriaux, les démons avaient été les agents des Dieux. Leur révolte fut donc particulièrement douloureuse pour les Dieux. Habitués à user des démons comme de leurs esclaves, à les sacrifier dans les conflits entre panthéons, ils avaient peu à peu perdu leur autorité sur eux. La Guerre du Multivers était encore fraîche quand les démons envahirent le plan astral intermédiaire, le Royaume des Dieux. Ils déferlèrent par des Portails, et envahirent l’Arc-En-Ciel, déclenchant ainsi ce que certains appellent parfois la « Deuxième Guerre du Multivers ».

Les Dieux se retrouvèrent rapidement débordés, et, tout aussi rapidement, les démons se heurtèrent à d’autres ennemis, qui devraient à jamais devenir les adversaires héréditaires des démons : les Anges ! D’un bout à l’autre des Mondes-Cœurs, le Grand Conflit ensanglanta les mondes, à des périodes historiques différentes. Mais, de manière générale, le Grand Conflit se focalisa rapidement sur quelques mondes bien précis, et notamment le Monde Ultime. Car la cible de l’Ennemi n’avait pas changé. Qu’il soit le Chaos Nucléaire, Azathoth, le Sultan des Démons, Nahash, ou Satan, l’Ennemi n’avait qu’une cible : la Tour. Les démons n’eurent aucune difficulté à convaincre les monstres de Terra de se lier à eux, comme les Orcs, les gobelins, et d’autres espèces monstrueuses, et ils déferlèrent massivement sur l’Arcadia, donnant lieu à des affrontements cauchemardesques et dantesques.

Humains, elfes, nains s’affrontèrent au milieu de Légions démoniaques interminables et des Chœurs de la Milice céleste.

Le Grand Conflit, selon les planètes où il sévit, dura de quelques millénaires à plusieurs siècles, et changea la donne. Peu à peu, il opposa principalement les Anges et les Démons, dans des combats sans limite, ceux-ci puisant dans leurs réservoirs magiques infinis. La guerre ne pouvait être gagnée, car les démons tués revenaient en Enfer, où ils ressuscitaient sous une autre forme, retournant à l’assaut, et les Anges ressuscitaient également, continuant ainsi à se battre, sans que jamais aucun des deux camps ne parvienne vraiment à prendre l’avantage sur les autres.

Cette guerre anthologique marqua les nouveaux courants religieux, s’imposant comme le récit fondateur d’une nouvelle religion sur Terra, une religion vénérant le Dieu unique, tant les anciens Dieux se retrouvèrent dépassés par cet affrontement. Les démons déferlaient par hordes entières, des Légions de milliers de démons fauchés par des rayons solaires générés par les Anges, par des pluies de météores qui dévastaient des chaînes de montagnes, noyant le monde sous des torrents de flamme... Du moins, c’est ce que les légendes disent.

Au milieu des Balrogs et des Archanges, ce fut encore une fois à Terra que l’issue décisive de la Multiversité se joua.

3°) La bataille de l’Arcadia et la mort de l’Aîné

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L’Arcadia, comme nous l’avons préalablement écrit, était une véritable superstructure, révolutionnaire pour l’époque. Une œuvre tripartite, résultant du génie combiné des nains, des elfes, et des humains. Bâti au milieu d’un désert aride, l’Arcadia était une forteresse majeure, servant de relais entre Gilead et l’Eld’s Nest. La vaste forteresse était si grande que, derrière ses murs, elle abritait, outre une ville, une seconde forteresse, avec une tour immense. L’Arcadia avait été pensée pour repousser les multiples attaques orcs, barbares, et d’autres monstres dans la région. Elle disposait de multiples régiments de cavalerie, capables ainsi de pouvoir agir rapidement sur une vaste superficie.

Dans le cadre du Grand Conflit, l’Arcadia se retrouva au centre d’un siège colossal, qui devint l’épicentre du conflit sur son volet terran. Une bataille homérique, opposant des légions entières d’Orcs, de démons, face à toutes les forces possibles de Terra. Le système d’alarme de Gilead et l’alliance entre les différentes nations terranes prouva son efficacité, et donna lieu à un conflit particulièrement intense. Les démons cherchaient à rejoindre Can-‘Ka No Rey, mais comprirent vite que, pour y arriver, il fallait faire tomber l’Arcadia. Que ce soit dans les airs, au sol, ou dans les profondeurs du monde, la bataille éclata sur tous les fronts, et dura plusieurs années. Elle s’entrecoupa bien sûr de multiples moments de relâchement, le temps que les deux camps ne se reforment, avant de reprendre encore.

Les Anges avaient déployé leur meilleur élément pour assurer la sécurité de l’Arcadia : Lucifer. Véritable héros des Cieux après la Guerre des Grands Anciens, Lucifer était l’homme de choix, et se heurta au plus redoutable des lieutenants de Satan, son bras droit : Belzébuth. Le Seigneur des Mouches se heurta à plusieurs reprises contre Lucifer dans les plaines de l’Arcadia, dans des luttes aussi violentes que sanglantes.

Le conflit, toutefois, évolua peu à peu. Lucifer voyait de plus en plus d’humains rejoindre les démons. De fait, sous l’effet du désespoir, de la peur, et des innombrables morts jalonnant Terra, le courage des hommes commençait à défaillir. Lucifer s’en agaça au plus haut point, se heurtant à plusieurs reprises avec l’Aîné à ce sujet. Arthur Eld, qu’on surnommait maintenant « L’Aîné », ne partageait pas certaines positions de Lucifer, continuant à croire en la rédemption des âmes damnées, là où Lucifer était partisan d’une justice exemplaire, de manière à ramener dans le droit chemin par la force ceux qui s’en détournaient. En soi, Lucifer n’agissait pas de manière uniquement tyrannique, mais estimait que les humains étaient par nature faibles, et plus prompts à écouter leurs bas-instincts que le reste. Vouloir leur demander de les suivre par conviction était illusoire, et il était tout simplement plus efficace d’utiliser la force et la menace.

Au sein du Conseil des Archanges, cette position était partagée par le puissant Imperius. Sous l’effet de la guerre, l’Archange de la Bravoure avait pris une place prépondérante, mais restait encore muselé par les directives du Conseil. Imperius suggéra même d’annihiler Terra toute entière, de vaporiser la planète, afin d’en faire un territoire angélique, affirmant que les humains n’étaient pas dignes, que les Dieux avaient sombré, et que seuls les Anges étaient désormais à même de protéger la Tour et le Sanctuaire. Une telle position amenait les Anges à devoir reconsidérer leur position. Étaient-ils simplement les messagers des Dieux, intermédiaires entre le Divin et le Mortel ? Ou étaient-ils appelés à prendre leur destin en main ? Chaque décision du Conseil devant être unanime, il n’y eut jamais de vote favorable aux demandes d’Imperius... Qui, malgré sa hargne, se pliait toujours aux décisions du Conseil.

Lucifer était également partisan d’une approche plus frontale. Pourquoi perdre son temps à affronter des démons qui ne cessaient de revenir ? Pourquoi continuer à voir ses propres frères mourir sans cesse ? Il était favorable à un raid en Enfer, afin de décapiter la tête du serpent. Satan mort, l’ost infernal disparaîtrait de lui-même. À plusieurs reprises, les Anges avaient en effet pu voir que les démons n’étaient pas les plus disciplinés des soldats, mais que personne n’osait contredire ou remettre en question publiquement l’autorité de Satan. Aux yeux des Démons, il était l’Élu de leurs légendes, le Diable appelé à instaurer un nouvel âge démoniaque en s’emparant de l’Arc-En-Ciel.

Mais, là encore, les positions de Lucifer n’avaient pas l’aval du Conseil, les Archanges estimant que leur rôle n’était pas de se rendre en Enfer, et qu’une telle expédition était vouée à l’échec. Une position qui enrageait de plus en plus Lucifer.

Finalement, les évènements atteignirent leur paroxysme quand Satan en personne choisit d’attaquer l’Arcadia. Une armée colossale fut vomie depuis l’Enfer, et des hordes interminables se fracassèrent contre les murs et contre les tours de l’Arcadia. L’Arcadia finit par tomber, et les démons s’élancèrent vers le Sanctuaire, et prirent d’assaut l’Eld’s Nest.

L’Eld’s Nest n’était qu’un petit fortin juché dans les montagnes, bien incapable de repousser une telle armée, mais bénéficiait d’une position très favorable dans les hauteurs. De plus, les Gillois avaient, avec l’aide des nains, installé de multiples pièges dans la montagne. Ils abattirent ainsi d’énormes morceaux de rochers, des torrents de lave sur les démons, repoussant les premiers assauts. Les démons volants ne connurent pas davantage de succès, car les nains et les humains avaient installé de redoutables balistes.

Satan, devant l’échec des premiers assauts, constata alors qu’il y avait un problème en Enfer, et ordonna à Belzébuth, son fidèle bras droit, de mener la charge finale, et retourna précipitamment en Enfer.

Belzébuth, de son côté, lança ses dernières forces à l’assaut de l’Eld’s Nest. Le fortin tint autant qu’il le pouvait, avant de finalement tomber. Le Seigneur des Mouches put alors fouler le sol de Can-Ka No Rey, apercevant la lointaine Tour Sombre, l’objet des désirs de son Maître... Et trouva face à lui un Gillois. L’Aîné en personne.

Arthur Eld avait bien vieilli depuis la dernière bataille qu’il avait livré à Can-Ka ‘No Rey, depuis le combat contre Azathoth... Mais le vieil homme tenait toujours son épée, et une intensité particulière luisait dans ses yeux. Belzébuth s’en amusa, tandis que ses multiples démons vinrent l’entourer. Gilead était en feu, le Grand Conflit était terminé, et Arthur provoqua Belzébuth en duel. Le Seigneur des Mouches s’en offusqua, et ordonna à ses gardes du corps d’éradiquer le microbe osant le provoquer... Et Arthur les tua sans réelle difficulté, avant de faire de nouveau face à Belzébuth, mettant en cause son honneur dans des propos infamants qu’il n’appartient pas à l’Observatorium de retransmettre.

Toujours est-il que Belzébuth accepta ce combat. Le puissant démon était plus grand qu’Arthur, plus fort, disposant de pouvoirs magiques infinis, et crut en finir rapidement... Mais constata, à sa grande surprise, et à son plus fort déplaisir, que le poids des années n’avait nullement émoussé l’Eld. Ce fut au contraire un duel très serré qui se joua entre l’humain et le démon, tant et si bien que Belzébuth reçut un coup fatal en transperçant en deux le corps d’Arthur. Avec un trou immense dans la poitrine, Arthur mit le genou à terre, mais Belzébuth ne pouvait également plus se battre.

Les démons étaient désorientés face à ce revirement inattendu.

Et c’est à ce moment que les Orcs, qui ne les avaient suivis que parce que la volonté de Satan s’était imposée à eux, se retournèrent contre eux, comme si l’influence du Diable avait disparu. Belzébuth, qui était le plus proche de Satan, sentit également ce bouleversement, et se replia en Enfer pour comprendre ce qui arrivait.

L’Aîné, de son côté, ne devait pas se relever de l’ultime coup qu’il a reçu. Quand ses hommes arrivèrent, son cadavre était là, allongé paisiblement au milieu des roses rouges.

4°) La Trahison de Lucifer et l’éveil des Déchus
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Lucifer n’était pas venu aider les humains quand Satan en personne avait attaqué l’Arcadia. Il avait, ce faisant, désobéi aux ordres du Conseil, car il y avait vu l’occasion d’attaquer l’Enfer, et de détruire le Royaume des Démons. Lui et plusieurs Anges, comme Azazel, choisirent donc de filer en Enfer, profitant de l’attaque massive de l’Arcadia par les démons, et filèrent vers le Palais de Satan, anciennement celui d’Hadès, et décoré au goût du jour. Les quelques démons en faction étaient insignifiants face aux Anges, et Lucifer et ses Anges se retrouvèrent dans la Cour du Roi.

La traversée du Palais Infernal avait été particulièrement éprouvante, car ils avaient vu les prisonniers angéliques des démons, des individus torturés, martyrisés depuis des années... Et à qui Lucifer daigna accorder le droit de mourir. Ils se retrouvèrent donc dans la Cour du Roi, où ils retrouvèrent un individu que Lucifer avait jadis vu, en d’autres circonstances, et en d’autres lieux... Le Magicien ! Le Guilde des Manni, l’individu se faisant appeler « Randall Flagg » là-bas, les salua chaleureusement.

Lucifer, qui ne s’attendait pas du tout à voir Flagg, ne connut pourtant là que sa première surprise. Le Magicien lui expliqua en effet que les Anges et les Démons n’étaient que les deux facettes d’une même pièce.

« Deux peuples qui se haïssent alors qu’ils devraient travailler ensemble. Car vous avez tous les deux été créés par les Dieux. Que s’est-il donc passé pour que vous vous haïssiez ainsi ? »

Flagg expliqua à Lucifer ce que ce dernier avait toujours su, que l’humanité avait failli, qu’elle avait été corrompue par les Grands Anciens, et que l’Arc-En-Ciel n’était plus protégé... Car les Dieux eux-mêmes avaient failli. Lucifer l’avait vu lors de la Guerre du Multivers, et même après, en voyant les Dieux retourner dans leurs vieilles querelles. Et les Anges et les Démons, au lieu de s’allier, avaient choisi de se faire la guerre, une guerre centenaire dont on ne voyait pas l’issue, alors que la Tour avait besoin d’être protégée.

Le Magicien indiqua que Lucifer était l’Élu, le Porteur de Lumière, appelé à réunifier les peuples, et à améliorer la Création. Les Anges s’étaient fourvoyés en route, et n’osaient pas prendre les mesures qui s’imposent. Quant aux Démons, leur puissance avait été noyée sous leur hargne, et sous une fierté mal placée. Ils avaient besoin d’un guide, de quelqu’un qui soit à même de mettre définitivement fin à ce conflit absurde, et pouvoir faire ce qui devait être fait.

« C’est ton rôle, Lucifer... Car tu as en toi le courage de faire ce qui doit être fait, et tu sais ce qui nous menace. »

Car, pendant que Démons et Anges s’entredéchiraient, les Grands Anciens, eux, veillaient... Et, à chaque jour qui passe, leur ancienne influence revenait, sans personne pour les surveiller. Lucifer écoutait tout cela, jusqu’à ce que Satan en personne ne revienne. Depuis Terra, et alors que Lucifer supervisait le siège de l’Eld’s Nest, il avait senti la présence d’Anges ici.

L’affrontement entre Lucifer et Satan était inévitable, et se déroula sous le regard des Démons et des Anges de Lucifer. Il fut bien plus grandiloquent que celui entre Arthur Eld et Belzébuth, et déborda hors du Palais pour se répandre dans les immenses cavernes du Royaume des Morts, avant de connaître sa conclusion dans la Cour de Satan... Où Lucifer se releva, laissant devant lui le cadavre inerte du Diable, brisé et détruit.

Belzébuth revint en Enfer au même moment, et tous purent voir que Satan avait été vaincu... Brisé, le Diable suppliait Lucifer de l’épargner, l’encourageait à le garder en vie, car, ensemble, ils pourraient accomplir de grandes choses. Lucifer, pour seule réponse, acheva sa transformation en écrasant le visage de Satan sous son pied. Ses ailes se noircirent alors, et ses yeux passèrent à un noir d’encre, tandis qu’il regarda les démons... Qui s’agenouillèrent respectueusement devant lui.

C’est ainsi que le Premier Déchu ordonna d’en finir avec le Grand Conflit, et, avec l’aide des autres Anges, dont les ailes s’étaient également noircies, ouvrit un Portail vers le Royaume des Cieux.

La dernière bataille du Grand Conflit eut lieu dans les Cieux, dans une lutte fratricide et glaciale opposant les Anges aux Anges Noirs et à leurs démons. Une lutte qui ensanglanta le cœur des Anges. Les cités célestes des Anges tombèrent, s’enflammant comme des torches un soir d’été, tandis que Lucifer rejoignit le siège du Conseil. Il était enfin là, sur le point de briser la Table de Commandement, d’éradiquer les Archanges, quand Imperius se dressa devant lui.

Plus que quiconque, Imperius avait fréquemment pesté contre l’immobilisme du Conseil, contre l’incapacité des Archanges à prendre des mesures courageuses... Mais jamais il ne se serait heurté à eux. Jamais il n’aurait ainsi attaqué ses propres frères, ni incendié le Royaume des Cieux. Imperius espérait encore faire entendre raison à son meilleur élève... Qui choisit de l’attaquer en retour. Lucifer était fort, puissant, mais il avait du encore du mal à maîtriser ses nouveaux pouvoirs... Ou peut-être qu’Imperius était plus fort que lui. Quoi qu’il en soit, Imperius réussit à vaincre Lucifer, tout comme Michel avait réussi à terrasser Azazel. Les Anges tinrent bon, et les Déchus se replièrent en Enfer. Mais ils avaient fait bien pire que détruire des villes, qu’incendier des tours, ou même de tuer les leurs. Ils avaient fait le pire qu’on puisse infliger à un être de lumière, se drapant dans sa propre perfection.

Ils avaient montré leur imperfectibilité, et qu’ils pouvaient déchoir.


PARTIE 3 – Conséquences du Grand Conflit

1°) Le Pacte de non-intervention

Sur Terra, le Grand Conflit se termina avec la mort d’Arthur l’Aîné. L’Arcadia était en ruines, Gilead était ruinée, et de nombreux démons peuplaient encore Gilead. Lorsque l’Eld mourut, les Olympiens se décidèrent finalement à intervenir, et demandèrent la fin des hostilités. La trêve fut accordée par les deux camps, car, au même moment, les Démons avaient perdu leur souverain, et les Anges avaient dû faire face à la trahison de Lucifer.

C’est à l’Olympe que les Démons et les Anges se regroupèrent pour conclure ensemble un pacte de non-intervention mutuel. Le Pacte, comme on l’appelle simplement, mit ainsi fin au conflit, chacun retournant chez soi. Belzébuth, qui représentait les Démons, assura aux Anges que Lucifer avait succombé de ses blessures, sans que personne ne puisse sincèrement le croire. La conclusions du Pacte prévoyait que, ni les Anges ni les Démons n’interviendraient désormais, sauf exceptions, dans les affaires internes des Mondes-Cœurs.

2°) La création du Triumvirat terran

Terra était un monde particulier. Il était le Monde Ultime, et aucun des deux camps n’était prêt à l’abandonner. C’est pour cette raison qu’une partie du Pacte fut consacré à la fondation, sur Terra, d’une alliance spéciale entre les Anges, les Démons, et les Humains. Le Triumvirat fut ainsi constitué, et amena à la création de trois provinces :
  • Gilead resterait aux Humains, et serait d’ailleurs au centre du Triumvirat,
  • Mijak fut construite sur les ruines encore fumantes de l’Arcadia, et confiée aux Démons et aux Humains, les Démons étant menés par des clans qui se séparèrent ainsi des Cercles Infernaux, comme le baron démoniaque Ram Aballah,
  • Lumen fut élaborée à l’ouest, sur des terres construites par les elfes et par les Humains, et qui devait recevoir l’aide d’un Chœur angélique.
Le Triumvirat fut ainsi créé pour gérer les activités de Terra, et assurer la reconstruction de ce monde.

3°) Arthur Le Jeune

Les funérailles d’Arthur l’Aîné marquèrent le monde entier, et amenèrent à ce que son fils soit désigné Roi à sa place. S’appelant également Arthur, il devint donc Arthur II, et fut surnommé par la suite « Arthur Le Jeune ».

Le Jeune paracheva ce que l’Aîné fit... Mais c’est une autre histoire.

4°) Le Magicien

Et, pendant ce temps, là, en bas, le Magicien contempla la carcasse décapitée de feu Satan, et tendit sa main vers sa carcasse. Quelque chose remua à hauteur de sa cage thoracique, avant que de longues pattes fines et crochues n’en émergent. Elles s’agrippèrent à la main tendue du Magicien, et, dans un bruissement affreux qui fit quelque peu grincer des dents le Magicien, Nahash émergea de son corps.

Nahash n’avait désormais plus la forme élancée d’un serpent, mais celle d’une sombre araignée noirâtre, avec un étrange symbole rouge peint sur son abdomen :


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Le Magicien approcha ensuite l’araignée d’un écrin, celui-là même qui avait jadis servi à recueillir le Cœur Noir d’Azathoth. L’araignée s’y glissa lentement, tandis que le Magicien résumait la suite des évènements :

« Oui, mon vieil ami, oui... Votre nouvel hôte est en place. Maintenant, tous les Dieux et les Anges sont tombés. Il est temps pour nous de revenir à Terra. »

Histoire de la Multiversité

Posté : 14 août 2024 17:38
par Observateur
CHAPITRE III
LA CHUTE DE L’ELD
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Je suis heureux de voir que vous êtes toujours là, Voyageur. Après m’avoir lu pendant si longtemps, il était à craindre que vous vous soyez lassé... Mais, ce faisant, vous auriez manqué la dernière partie de mon histoire. Tout ce que j’ai dit, Voyageur, était nécessaire pour en arriver là, au point culminant et fondateur de notre histoire : la Chute de l’Eld.

Car c’est bien cet évènement, Voyageur, qui façonna tout le reste, qui ouvrit la voie à la Convergence, et qui fait actuellement vibrer les Rayons. La Chute de l’Eld, Voyageur, c’est tout ce dont vous avez désormais besoin de savoir avant de passer à la suite.



PARTIE 1 – Présentation du Triumvirat
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1°) Le royaume luxuriant et fédérateur de Lumen

Lumen était à l’origine un royaume elfique, l’un des plus gros qui soit. Un très beau royaume installé sur des terres fertiles, vivant de ses champs agricoles, de la pêche, et souvent en conflit avec des voisins au nord, les Nains des montagnes de Kovar. Après les conflits majeurs qui ravagèrent Terra et l’avènement de Gilead, Lumen passa sous contrôle humain. Arthur le Jeune envoya l’un de ses fidèles lieutenants pour exercer la royauté, ce que ce dernier fit en bonne intelligence, avec les elfes et les Kovariites. Les Nains de Kovar avaient en effet rejoint Lumen, et le Conseil luméen, pendant plusieurs siècles, gouverna le royaume.

Le Conseil luméen se devait représentatif de la population luméenne, et était présidé par un Roi. Le premier Roi de Lumen fut Philippe Ivory, et, jusqu’à aujourd’hui, les Ivory ont toujours su rester la dynastie royale de Lumen. Le Conseil royal a également toujours existé.

Lumen est devenue en quelques années un royaume très apprécié, réputé dans tout Terra. Les différents Ivory qui ont dirigé Lumen sont très appréciés, et le royaume est aujourd’hui très grand. Il se dote d’une capitale, Lumen, qui est une vaste cité portuaire, avec de multiples quais, et dispose de nombreuses ressources économiques, ce qui en fait une puissance économique considérable. La doctrine politique de Lumen repose sur le contrôle des mers.

En matière de géopolitique, si on adhère à la théorie de l’Heartland, on peut dire que Lumen a toujours cherché à contrôler le cœur du monde par la mer, par les échanges maritimes. Le royaume de Lumen exerce avant tout son pouvoir par la soft power : échanges économiques, rayonnement culturel... Lumen a su fédérer autour de lui une véritable alliance, une fédération de royaumes qui se sont rapprochés de Lumen, formant ensemble une alliance majeure.

Aujourd’hui encore, cette alliance tient debout, mais le royaume de Lumen n’est pas aussi idyllique que ce qu’on pourrait croire.

Outre l’affaiblissement progressif des Anges, la guerre contre Mijak a déstabilisé l’économie luméenne. Les énormes fonds investis dans le développement d’une ligne défensive contre Mijak ont eu de grosses conséquences, ainsi que l’afflux massifs de réfugiés dans la capitale. Aujourd’hui, Lumen étouffe sous cette masse de réfugiés, et sous le poids de plus en plus fort des grandes guildes marchandes qui contrôlent et gangrènent l’économie. Ces guildes concentrent entre leurs mains énormément de capitaux, ainsi que du terrain foncier, et de l’argent. Elles exercent un poids majeur sur le Conseil, à tel point que la population accuse régulièrement celui-ci d’être corrompu.

Parallèlement, le développement de l’esclavage et ses abus conduisent à des situations de tension dans le royaume luméen et ses alliés. Des rivalités raciales existent également entre les humains et les autres espèces, principalement les elfes et le snains. Difficile de dire qui est à l’origine de ce phénomène, mais il est bien palpable. Les elfes reprochent aux humains d’avoir volé leurs terres, de les avoir parqués dans des quartiers mal famés, de les déshonorer, tandis que les humains rétorquent que les elfes et les autres peuples n’admettent juste pas l’évolution des choses.

Ce contexte de tensions socioéconomique est très dangereux pour la pérennité du royaume.

Lumen, enfin, est sur le plan spirituel le cœur de la principale religion monothéiste de Terra, l’Ordre Divin. Cette religion est très proche du christianisme, et est également très présente à Lumen, où elle a établi ses principales terres d’influence. Autant dire que le passé de Lumen a souvent été marqué par des confrontations entre le pouvoir royal et le pouvoir religieux.


2°) L’Empire de Mijak
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Mijak fut fondée sur les ruines de l’Arcadia, cette ancestrale superforteresse gilloise qui tint bon pendant des années contre les Démons pendant le Grand Conflit. Après le Grand Conflit, les démons qui avaient choisi de venir sur Terra aidèrent les humains à reconstruire l’Arcadia. Une nouvelle ville fut construite sur les ruines de l’ancienne, et c’est ainsi que la glorieuse Mijak vit le jour !

Mijak est une très grande cité, très impériale, bâtie sur des terres aides, qui a rapidement dû s’étendre pour conserver sa puissance. Si les Démons furent mal vus au début, ils se montrèrent rapidement très efficaces, car Mijak était dans une région sinistrée, peuplée d’Orcs, de Barbares, de monstres... Les Démons et les humains s’allièrent pour pacifier les régions environnantes, et, dès le début, Mijak s’avéra être une hard power, là où Lumen régnait sous la soft power. Mijak développa rapidement une puissante armée, et l’Empire partit à l’assaut du reste du monde. Planté dans les terres terranes, Mijak était une puissance continentale, là où Lumen était une puissance océanique.

Avec le développement des siècles, Mijak grandit et prospéra. Sa capitale est très particulière, car elle dispose d’une série de ponts de surveillance jalonnant la ville, menant tous au Palais Impérial, une solide forteresse plantée au cœur de la ville. Plus précisément, Mijak présente une forme sphérique, et est structurée autour de plusieurs grands boulevards qui partent des corps de garde de la ville jusqu’aux corps de garde intérieurs. Le périmètre extérieur est lourdement défendu, tout comme le périmètre inférieur.

Mijak a connu une histoire tumultueuse, mais le principal évènement qui heurta le développement du royaume fut une guerre civile. L’un des premiers démons de Mijak, Ram Aballah, fut nommé Empereur de Mijak il y a quelques siècles. Surnommé « Le Roi Cramoisi », le Seigneur des Araignées avait établi ses terres à l’est de Mijak, près de Can-‘Ka No Rey, et avait bâti une solide forteresse, Discordia. Mais l’Aballah était un dément, et, sous son règne, il plongea l’Empire dans le chaos. Il entreprit d’immenses excavations archéologiques qui ruinèrent l’Empire, régnant par la force et par la sauvagerie, pendant ses détracteurs avec leurs tripes, les égorgeant, et inonda Mijak de sang, surveillant la ville par ses sinistres araignées. La ville se remplissait des hurlements des victimes de l’Aballah, que le Roi Cramoisi dévorait vivant sur son trône, tout en continuant ses recherches archéologiques.

Une telle situation conduisit finalement à une situation de guerre civile, et aboutit à la destitution du Roi Cramoisi. Ce dernier se réfugia dans ses terres, qui devinrent les Malterres de la Discorde, un endroit particulièrement dangereux.

Mijak, de son côté, continua à s’étendre, de plus en plus, tout en entrant en guerre avec Lumen.


3°) Le Royaume de Gilead

Après la mort d’Arthur L’Aîné, Arthur Le Jeune, son fils, s’efforça de reconstruire Terra, et de stabiliser le Triumvirat. Profitant de la popularité de son père, ce fut Le Jeune qui développa la religion monothéiste, s’appuyant sur celle-ci pour développer un culte autour de son père, faisant de lui un véritable héros mythologique... Rendant également de ce fait plus compliqué d’avoir un travail d’historien objectif sur les apports de l’Aîné.

Le Jeune était bien plus cartésien que son père, et s’agaçait des vieilles lunes tournant autour de la Tour Sombre, des mirages en résultant. Chaque année, il se rendait pourtant au Sanctuaire, en pèlerinage, mais en constatant que la Tour n’émettait plus rien. Elle était hermétiquement fermée, inaccessible, tant et si bien que, peu à peu, les Gillois oublièrent la Tour, en faisant, au cours des siècles, une antique légende.

On dut également au Jeune le développement des légendaires pistoleros. Gilead, avec l’aide des nains, développa en un temps très avancé le secret de la poudre à canon, et parvint ainsi à doter ses chevaliers de pistolets. Les pistoleros étaient les héritiers des Chevaliers d’Arthur, des guerriers valeureux et chevaleresques suivant un mantra, un code d’honneur résumé en ces quelques lignes, formant la Litanie du Pistolero :

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Évidemment, la référence paternelle était particulièrement marquante pour Le Jeune.

On dut beaucoup à Gilead, qui construisit des routes, et assura le développement de l’Ordre Divin pendant des années. Arthur Le Jeune s’évertua de maintenir l’héritage de son père, et, surtout, le Triumvirat. Régulièrement, il organisa des conclaves à Gilead, l’occasion pour les Gillois de réunir sous le même toit Mijakiens et Luméens, afin de discuter d’une politique commune. Terra n’était pas un monde sûr, car, régulièrement, il fallait affronter des monstres.

Le Triumvirat fonctionna bien au début, avant de progressivement s’estomper, au fur et à mesure que les royaumes prirent leur indépendance. Les Conclaves ne devinrent ensuite plus qu’épisodiques, et, peu à peu, Gilead, le premier royaume humain, commença à perdre de son influence. Ses pistoleros restaient craints et redoutés, mais trop peu nombreux pour pouvoir impressionner qui que ce soit.

Enfin, c’est Le Jeune qui consolida la Salle-Cœur. Cette salle se trouve sous le Fort royal, et abrite une multitude de Portails permettant d’accéder aux Mondes-Cœurs. Car il incombait aussi aux pistoleros de stabiliser l’Arc-En-Ciel, de s’assurer que les Rayons soient séparés les uns des autres, et ne se chevauchent pas. La Salle-Cœur permettait ainsi aux pistoleros d’agir dans d’autres mondes, et d’assurer la séparation des Rayons.

Le temps est assassin, voyez-vous, et il a emporté avec lui les souvenirs vibrants des grandes guerres qui ravagèrent Terra, n’en faisant plus que des contes mythologiques.

Quand Le Jeune mourut, Can-Ka ‘No Rey n’était déjà plus une grande source de préoccupations pour les Gillois. Il fut remplacé par Eldred Deschain, le premier des pistoleros, un homme âgé qui avait connu l’Aîné. Et, ainsi, les siècles, puis les millénaires, s’écoulèrent...

Jusqu’à la Chute.


PARTIE 2 – La Chute de l’Eld

1°) La guerre entre Lumen et Mijak

Impossible d’aborder l’évènement fondateur de notre présence ici – la Chute de l’Eld – sans aborder les évènements qui y conduisirent.

Le principal évènement qui conduisit à la Chute fut le lancement d’une guerre de grande envergure, opposant l’Empire de Mijak au royaume de Lumen. D’aucuns pourraient dire que cette guerre était inévitable, puisqu’elle opposait deux nations peuplées en partie d’Anges et de Démons... Mais, en réalité, ces origines n’eurent que peu à jouer dans le déclenchement du conflit. Principalement, la guerre avait pour raison l’affrontement entre deux nations hégémoniques fondamentalement opposées, et désireuses de contrôler le supercontinent central de Terra, cette zone que, les géopoliticiens appellent Heartland. C’était avant tout une guerre idéologique, une guerre étatique pour le contrôle du monde, et pour assurer la prédominance et la survie d’un État par rapport à l’autre. Peu importe les autres motifs avancés, les raisons religieuses, morales... Le cœur du conflit est là. Deux superpuissances médiévales qui se faisaient face.

Quid du Triumvirat, dans tout cela ? En réalité, cela faisait déjà des siècles que le Triumvirat n’était plus qu’une vieille lune gilloise, une ancestrale alliance remontant à des temps anciens, et que plus personne ne respectait vraiment. Après des millénaires, qui se souvenait encore des Grands Anciens ? Qui croyait encore aux vieux démons prophétisés par certains ? La Tour elle-même n’était plus qu’une comptine gilloise, à laquelle plus grand-monde ne croyait. Le temps avait fait son œuvre, sans que cela ne puisse vraiment surprendre qui que ce soit.

Dans ces conditions, la guerre entre ces deux nations était inévitable. Mijak n’avait connu que la force pour s’imposer, et Lumen, sous ses dehors plus attrayants, fonctionnait après tout sous la même logique, celle d’un État désireux de se développer. Peu importe alors de connaître le fait qui déclencha le début de la guerre, d’autant que les historiens ne s’accordent pas. Selon qu’on tombe sur un historien mijakien ou luméen, vous aurez droit à une version différente. Finalement, seul compte le fait de savoir que ces deux nations étaient appelées à se heurter.

La guerre éclata il y a de cela plus d’un siècle, et s’avéra rapidement sans issue. Les Mijakiens disposaient d’une immense armée, mais les Luméens aussi, et, surtout, une grande distance séparait les deux nations. Cette distance amenait les Mijakiens à devoir faire de longues traversées, se heurtant régulièrement à des attaques de monstres, aux aléas du voyage... Mais leur puissance était réellement impressionnante, et contraignit les Luméens à devoir consolider leur défense. Le concept ancestral de l’Arcadia, celui d’une superforteresse servant à protéger une région, fut renouvelée par les Luméens, et élargie à toute une frontière. Des dépenses pharaoniques permirent l’adoption d’une ligne de défense meurtrière, fonctionnant par le biais de superforteresses reliées entre elles par un ensemble de camps militaires d’approvisionnement et de forts secondaires, permettant ainsi aux différentes garnisons de se protéger mutuellement en cas d’invasion mijakienne.

La situation semblait insoluble, car Mijak ne parvenait pas à percer les forts luméens, et Lumen n’avait pas les capacités d’envahir Mijak. Mais, plus le temps passait, et plus la guerre avait des conséquences sur le reste du monde. Elle ravageait les pays, appauvrissait les autres, et, sans soldats pour sécuriser les routes, les monstres commençaient à se multiplier dans les terres centrales de Terra.

C’est ce qui amena Gilead à tenter de mettre fin à cette guerre. Sous la férule du Roi Steven Deschain, un ultime conclave fut organisé pour mettre fin à la guerre.

2°) Prélude au Conclave pour la paix

Steven Deschain était loin d’être le plus mauvais des monarques pour l’Eld. Roi de fer, partisan d’une politique rigoriste à l’époque des pistoleros, il prit ses fonctions après une période de décadence et de laisser-aller. Le choix du Conseil de nommer Steven Roi fut choisi en fonction de ses talents martiaux, du profond respect que les barons gillois lui vouaient, et de la volonté de Steven de faire de l’Eld un nouveau royaume central.

La guerre entre Mijak et les royaumes luméens avait en effet isolé l’Eld du pouvoir, faisant apparaître les pistoleros comme une caste dépassée, incapable de pouvoir faire quoi que ce soit. Steven Deschain fut l’homme de la situation. Sous sa direction, les pistoleros revinrent à leurs fondamentaux, à des entraînements exigeants, et Steven fut tout aussi sévère envers son propre fils, Roland, qu’envers les autres. La seule faille de Steven Deschain, et qui lui serait fatale par la suite, fut sa femme, Gabrielle Veriss Deschain, une femme que Steven ne sut jamais comment aimer, et qui reporta son amour meurtri pour le peuple de Gilead. Amatrice d’arts, grande diplomate, Gabrielle appartenait à la famille Veriss, une noble famille gilloise connue pour leur charité aux pauvres. Gabrielle se consacra ainsi à la protection des orphelinats, au mécénat, et resta très appréciée de son peuple.

Il est d’ailleurs acquis que ce fut elle qui suggéra à son époux d’organiser le Conclave pour la Paix... Ou encore le « Grand Conclave », comme on l’appelait à l’époque. Mais l’idée avait germé depuis quelques temps dans l’esprit de Steven... Depuis qu’il avait eu vent de rumeurs.

Steven, contrairement à bien de ses prédécesseurs, avait su retrouver en lui ce qui avait fait la force de l’Aîné, ce mélange de cartésianisme et de spiritualité. Ainsi, Steven croyait dans les vieilles légendes eldoises, dans la puissance de la Tour, et dans les fables sur l’Ennemi. Il était secondé par son plus fidèle conseiller, Marten Largecape, un magicien redoutable qui partageait sa position. Steven envoyait ses pistoleros enquêter à droite et à gauche, et nota ainsi, en consultant de multiples rapports, que, pendant que Mijakiens et Luméens se faisaient la guerre, les milices se multipliaient... Et qu’un homme était en train de sortir, un nom qui revenait régulièrement, et qui fédérait les milices, les clans, les bandes... John Farson.

C’est pour enquêter sur Farson que Steven confia à Roland la mission difficile de se renseigner sur Farson et sur sa mystérieuse organisation, l’Affiliation. Roland était alors le plus jeune pistolero connu, ayant brillamment réussi les épreuves avec l’aide de son corbeau, et était parti en mission avec la même fierté et le même sens du devoir que son père. Il partit d’ailleurs en mission sans guère saluer sa mère, ne s’appesantissant pas sur ce genre de choses, et se fâcha surtout avec elle, car Gabrielle le trouvait trop jeune pour porter une arme, et pour aller si loin des baronnies.

La quête de Roland permit de révéler bien des informations, et notamment que les Rayons avaient commencé à vibrer. Une chose impossible, car Gilead détenait soigneusement la Clef-Monde dans la Salle-Cœur, cet artefact qui permettait de s’assurer que les Rayons ne convergent pas entre eux. Mais comment expliquer autrement les terribles machines de guerre que l’Affiliation était en train de fabriquer ? Le raffinement du pétrole dans certains lieux reculés ? L’exploitation de l’essence pour alimenter d’horribles robots tueurs ? Il devint très vite évident aux yeux de Roland et de sa bête que Farson n’était pas qu’un simple bandit, un mercenaire cherchant à profiter de la guerre pour se faire un nom, mais qu’il partageait de plus vastes ambitions.

Après cette première rencontre, Roland retrouva les traces de l’Affiliation à Hambry, une ville des baronnies fournissant en chevaux l’Eld. Il voyageait en compagnie de plusieurs compagnons d’armes, des amis d’enfance, incluant Cuthbert Allgood, et le ventripotent Alain Johns. Johns, du fait de son surpoids, fut régulièrement l’objet de brimades et de moqueries, y compris du jeune Roland, mais Alain avait pour lui un pouvoir très particulier. Il était doté de capacités extrasensorielles, un don très rare chez les Gillois, faisant de lui, selon certaines dénominations ancestrales, un « zoman ». Ceux-ci sont capables de communier avec la Nature, de disposer d’étranges pouvoirs magiques, et de pouvoir également lire l’avenir. Les Gillois disaient d’eux qu’ils avaient une marque spéciale leur permettant de se transcender, le Shining.

Des sources plus contemporaines disent d’eux qu’ils sont des Sources.

L’attitude de Roland envers Alain changea à tout jamais quand, plus jeune, ce fut lui qui lui expliqua comment entrer en symbiose avec son corbeau, afin de lui permettre de remporter l’épreuve finale des pistoleros, consistant à défier son tuteur dans un combat sanglant et violent.

Ensemble, les trois se rendirent à Hambry, et Roland y fit une découverte à laquelle il ne s’attendait pas : il rencontra la ravissante Susan Delgado, promise à un mariage de force, et dont il tomba rapidement amoureux. Roland et les siens constatèrent rapidement qu’Hambry était corrompue, infestée par les hommes de Farson, et que le baron local était un corrompu aux ordres de Farson. Les preuves étaient toutefois difficiles à réunir, et Roland et ses amis enquêtèrent sur place, cherchant à réunir des informations.

Farson était un homme se faisant surnommer « L’Homme-De-Bien ». Un homme revendiquant agir au nom d’une utopie idéaliste et souverainiste, éloignée des grandes puissances, et amassant en secret une grande puissance. À Hambry, Roland et ses amis apprirent que des évènements très importants se préparaient, et rencontrèrent une antique sorcière, qui assura à Roland que le temps lui était compté.

Finalement, tout partit du cœur d’une femme. Roland ne pouvait légalement s’opposer au mariage de Susan avec le baron, car les lois étaient ainsi faites. Mais, quand il entendit Susan hurler dans la chambre de noces, et que le baron s’apprêtait à la violer, il oublia les lois. Il laissa sans doute pour la première fois de sa vie parler son cœur, et abattit le baron. Le reste fut ensuite un déchaînement de violence entre les pistoleros et les hommes du baron. Les choses ne se passèrent pas aussi bien que Roland l’avait escompté, car, alors qu’il était en train de fuir, il rencontra l’homme qui allait à jamais jalonner sa route.

L’Homme en noir. Le Magicien.

Et, quand il attaqua, Roland s’effondra. Il se réveilla ensuite pour constater que Susan n’était plus là, et que l’Affiliation avait frappé. Les chevaux d’Hambry avaient été empoisonnés. La ville entière avait été massacrée. Le Magicien aurait sans aucun doute pu le tuer à ce moment-là, mais il préféra laisser sa victime souffrir. En remontant un sentier surplombant Hambry, Roland sentit pour la première fois son cœur se noircir au point qu’il en oublia tous les sermons de son père, lorsqu’il vit le cadavre calciné de Susan.

Las, le temps pressait. Cuthbert et Alain réussirent à convaincre Roland de retourner à Gilead, afin d’informer le Roi de ce qui se tramait... Car une guerre couvait. L’Affiliation était en train de réunir une immense armée pour marcher sur Gilead.

Roland et les siens retournèrent donc à Gilead, et, après avoir informés son père de ce qui se passait, Roland retourna voir sa mère. Épuisé, meurtri, Roland était en proie à des visions récurrentes depuis sa rencontre avec la sorcière de Hambry, où il voyait quelqu’un le narguer, un Roi arachnéen nimbé de rouge, tandis que le Magicien continuait à le narguer. Mû d’un mauvais pressentiment, Roland se précipita vers la chambre de sa mère, où il eut une nouvelle vision. Convaincu que le Magicien était là, il fit feu, sans réaliser qu’il ne faisait que jouer le rôle que le Magicien lui avait donné... Et abattit sa mère.

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Le jour où Roland perdit son âme...

Le meurtre de Gabrielle par son propre fils, bien qu’involontaire, eut de graves répercussions. Car le peuple appréciait Gabrielle. De plus, Marten Largecape était parti. Toutefois, les investigations dans la chambre de Gabrielle affaiblirent encore Steven Deschain, car les lettres d’amour confirmaient une liaison entre Marten, le fidèle conseiller du Roi, et sa femme. Tandis que Roland fut mis aux arrêts, Steven, constatant que les évènements se précipitaient, ordonna la réunion du Conclave, en honneur à sa femme, qui fut inhumée selon les rites gillois.

C’est ainsi que le Conclave eut lieu.

3°) Le génocide
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Steven Deschain organisa le Conclave pour mettre fin à la guerre, mais aussi parce qu’il était intimement convaincu qu’il existait un adversaire très dangereux, une menace que les humains avaient oublié, un ennemi bien trop dangereux qui profitait de la guerre entre Mijak et Lumen. Steven avait l’intime conviction que Farson n’était que le pantin d’une force encore plus puissante, et que sa femme avait fini par découvrir la vérité. Les visions de Roland autour du Roi rouge et de la Tour amenèrent également Steven à rechercher dans les archives de Gilead, à la recherche d’informations sur ces antiques légendes.

Pour l’ensemble de ces raisons, le Conclave fut donc organisé. De hautes personnalités y vinrent, car, même avec le déclin, Gilead n’était pas une force à ignorer. Citons ainsi le frère du Roi de Lumen, le Haut-Duc Théodore Ivory, ou encore le Grand-Maréchal Ashaard Krospell, un guerrier hautement réputé, qui était véritablement la main de l’Empereur. Des dignitaires elfiques et nains arrivèrent également, témoignant de l’importance historique de ce moment.

Le Conclave s’ouvrit par la cérémonie d’inhumation officielle de Gabrielle, puis Steven présenta ensuite ses premières preuves aux délégués. Des armes venus d’autres mondes, des lance-flammes, des fusils-mitrailleurs, des grenades, ainsi que des plans tactiques, des schémas évoquant d’immenses armures ressemblant aux golems des nains, mais en bien plus sophistiqués... Ainsi que des sortes de super-béliers crachant la poudre, des chars d’assaut blindés. Les révélations de Steven avaient de quoi impressionner, et laissaient entendre qu’il y avait, derrière tout cela, une sombre force à l’œuvre.

Ces éléments furent corroborés par la délégation elfique, qui amenèrent avec eux un elfe très âgé, qui indiqua qu’il avait jadis porté un autre nom... Myriil ! Il était l’elfe qui avait accompagné Arthur Eld, l’elfe qui avait vu les Grands Anciens, l’elfe qui n’avait jamais cessé d’observer le Sanctuaire, et qui expliqua aux humains que leur guerre avait été amplifiée par un seul homme, celui-là même qui était devenu Empereur de Mijak... Le Roi Cramoisi ! S’appelant jadis Azathoth, puis Nahash, ou encore Satan, il était revenu sous une nouvelle forme, celle du Roi Rouge, Ram Aballah... Il s’était installé dans les Malterres de la Discorde, face à la Tour, dans l’espoir de réussir un jour à la briser. Myriil leur expliqua qu’il était la véritable menace, et qu’il était plus que temps d’agir.

Il y avait sans aucun doute de bonnes chances pour que le Conclave aboutisse à une solution idéale... Mais il était déjà trop tard. Bien trop tard. Le marricide de Roland avait précipité les plans de Farson, qui avait réussi à obtenir la complicité interne de Gillois, et, grâce aux plans de Gilead dérobés par Marten, put infiltrer parmi la garde locale quelques hommes. Parallèlement, l’Affiliation commença à attaquer les baronnies de Gilead, contraignant rapidement l’Eld à déployer son plan de contingence, en faisant allumer les feux d’alarme. Les Gillois désertèrent alors les campagnes, se regroupant massivement à Gilead, tandis que le programme du Conclave se retrouva bousculé par cette attaque. Les miroirs magiques se retrouvèrent perturbés par des sortilèges magiques, et quelques rares pigeons voyageurs parvinrent à passer, allant avertir les Luméens qu’une force d’invasion massive assiégeait l’Eld.

Farson et son armée remontèrent les baronnies, et, après quelques escarmouches, se retrouvèrent aux portes de la ville.

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John Farson et ses séides face aux portes de Gilead

Gilead, fort heureusement, n’était pas facile à prendre. Le Jeune avait considérablement amélioré les défenses de la ville, en y installant d’immenses fosses piégées, ainsi que de très hauts remparts. Mais l’armée de Farson était impressionnante, digne d’une armée étatique. Hélas, ce n’était là que le premier des atouts de l’Homme-De-Bien. Les hommes de Farson se déployèrent, et la première vague commença. Il sacrifia ses plus faibles troupes sur les fosses piégées, s’amusant à éprouver les défenses de Gilead, et, à la nuit tombée, abattit sa première carte.

Depuis le donjon de commandement, Steven Deschain, se sermonnant sur lui-même, inspectait les cartes ancestrales de Gilead, recherchant les autres moyens de défense mis en place par ses aînés... Sans se douter à un seul instant que l’ennemi s’était déjà infiltré chez lui. Ils attaquèrent dans son bureau, et pourfendirent Steven à l’aide d’une lame empoisonnée. Si Steven sut tuer les malandrins, il succomba à ses blessures.

Dans sa prison, Roland, lui, revit alors le Magicien, venant le narguer, tandis que Farson déployait l’attaque finale. Ses agents infiltrés tuèrent le Roi, et ouvrirent un corps de garde, tout en se déployant dans les Fosses de Gilead, ces grandes salles où toute la population gilloise s’était réfugiée. Ils avaient emmené avec eux les terribles lance-flammes récupérés par Steven Deschain, ceux-là même qu’il avait brandi comme preuves... Et que les tueurs de Farson utilisèrent pour enflammer les Fosses.

Et, tandis que le peuple gillois hurlait dans les flammes et dans le renflement des bombes toxiques, en hauteur, les hordes de Farson déferlèrent par les portes ouvertes, ravageant la ville, massacrant, pillant, éviscérant, et tuant tout ce qui leur passait sous le nez. Et, tandis que Farson s’avançait vers les hauteurs de la ville, le Magicien, lui, s’enfonça dans les profondeurs, vers la Salle-Cœur.

Roland fut libéré par ses vieux amis, Cuthbert et Alain, et apprit la mort de son père, ainsi que le sac de Gilead. Il ordonna à tous les Gillois restants de se replier dans les Fosses, et descendit lui-même dans la Salle-Cœur, où il retrouva le Magicien. Celui-ci avait posé ses mains sur la Clef-Monde.

« Qui es-tu, Marten ? lui demanda-t-il.
- Personne, lui répondit-il d’une voix calme. Absolument personne... Et, pourtant, je viens de détruire un royaume à l’instant. Que dis-tu de ça, Dernier-de-l’Eld ?
- Que tu es responsable de tout ça. C’est à cause de toi que les Rayons ont commencé à converger.
- Je n’ai jamais pu m’emparer aussi longtemps de la Clef-Monde que je le voulais... Une erreur que je compte rectifier.
- Pour qui travailles-tu ? Farson n’est qu’un prête-noms. Et ce Roi rouge... »

Marten se contenta d’un léger sourire.

« C’est l’histoire d’un monstre et d’un démon, Roland. Le monstre, vois-tu, est une immonde bête invincible qui dévore systématiquement tout individu passant près de sa gueule. Mais le monstre est idiot, l’intuites-tu, car il ne fait que dévorer, sans réfléchir à ce qu’il fait, ou à qui il mange. Mais les individus qu’il dévore sont guidés par le démon, sournois, mais moins fort que lui. »

Roland resta silencieux.

« Alors, dis-moi... Qui dirige des deux ? Le monstre ou le démon ?
- Tu as tué mon père, et tu m’as forcé à tuer ma mère. C’est fini, Marten. »

Le tir fusa, et la Clef-Monde explosa, se dispersant en de multiples morceaux. Les Miroirs-Mondes, ces portails renvoyant aux différents Mondes-Cœurs, vibrèrent alors, tandis que la Salle-Cœur se mit à trembler.

« ROLAND !! »

Dans l’éboulement de la Salle-Cœur, Roland réussit à repartir, et retrouva Cuthbert et Alain, ainsi que les autres Gillois. Ensemble, ils partirent par les Fosses, et, interdits, contemplèrent le carnage.

Beaucoup de corps étaient encore en train de brûler, se calcinant sur place. Il n’y avait plus aucun survivant. Hommes, femmes, vieillards, enfants, nouveau-nés... La main de l’Affiliation s’était abattue sur Gilead, et avait écrasé le royaume. Les survivants s’enfuirent par des grottes souterraines, tandis que, dans la ville, Farson et les siens achevaient les survivants, y compris les dignitaires luméens et mijakiens.

Lorsque l’aube se leva, Gilead était devenu un mausolée, un immense cimetière. Le premier génocide de l’histoire de Terra y fut réalisée, et, tandis qu’Arthur et les survivants fuyaient dans la forêt, Marten les nargua une ultime fois. Se juchant au sommet de la plus haute tour de Gilead, il arracha le drapeau doré de l’Eld, et le remplaça provisoirement par celui de son Maître : le Roi Cramoisi.

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Et ainsi s’acheva la Chute de l’Eld
Le temps que les Luméens arrivent en renforts, les forces de l’Affiliation avaient disparu, laissant une marée de cadavres. Il n’y avait aucun prisonnier. Les corps des dignitaires luméens et elfiques pendaient aux murs.

Mais, outre cette mise en scène macabre, il y a un corps que les Luméens ne retrouvèrent pas : celui du Grand-Maréchal Krospell. Et, de la même manière, les forces de l’Affiliation avaient remplacé le drapeau du Roi Cramoisi par le drapeau impérial de Mijak.

Le Conclave se termina par la fin définitive du Triumvirat, et les hostilités entre Mijak et Lumen décuplèrent totalement. La guerre atteignit un point de non-retour, chacun des deux camps accusant l’autre d’être à l’origine de ce crime abominable, de la Chute de l’Eld.

Au plan multiversel, la destruction de la Clef-Monde, seul moyen pour Roland d’empêcher le Magicien de contrôler les Rayons, déstabilisa profondément l’équilibre structurel des Rayons, et amena ces derniers à converger, multipliant considérablement l’apparition des Failles et des Portails entre les Rayons et entre les mondes.

Mais ce récit n’est pas encore terminé.

Pas totalement.

Car, quand Roland et les siens se replièrent, Roland détenait encore avec lui un morceau de la Clef-Monde, et se dressa devant les Gillois survivants. Ceux-ci avaient deux solutions : soit se replier dans la nature, soit le suivre, et venger Gilead. Il leur assura que nul grief ne serait fait à ceux qui choisiraient de partir. Car il leur indiqua qu’Arthur Eld devait être honoré, que la guerre ne se terminerait que quand un seul Gillois ne serait plus debout. Mais, que ceux qui étaient trop tristes ou trop déprimés, trop esseulés par les pertes, pouvaient s’en aller. Il demanda alors à ceux voulant le suivre de lever la main.

Et tous la levèrent. Roland n’en espérait pas autant, mais, à la vérité, il n’en attendait pas moins.

Et le dernier acte put donc commencer.

4°) Les Fantômes de l’Eld, et la bataille de Jericho Hill[/size][/font]
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Ce n’est pas à Terra que Roland et les siens, traqués par l’Affiliation, auraient pu faire quelque chose. Usant de leur morceau de la Clef-Monde, ils partirent sur un autre monde, et se retrouvèrent principalement sur le Rustworld. C’est là qu’ils purent voir que la destruction de la Clef-Monde avait entraîné d’importantes conséquences sur d’autres mondes, comme l’expliqua Alain à Roland.

« Tu ne peux t’en vouloir pour cela, Roland, le Magicien ne devait pas récupérer la Clef-Monde. »

Ils virent la marque du Roi s’étendre malgré tout à travers les Mondes-Cœurs. L’Affiliation elle-même n’était que le bras armé d’une plus vaste organisation, dépendant directement du Roi Cramoisi : la Monarchie de la Rose. Triomphante, la Monarchie étendait son influence partout, et, sur le Rustworld, disposait d’une influence de plus en plus grande. Peu à peu, les Fantômes de l’Eld agirent partout. Ils firent sauter des entrepôts d’armements du Rustworld, des usines de Tekworld, ou encore des laboratoires à Megapolis.

Pendant quelques années, les Fantômes agirent, et peut-être crurent-ils même pouvoir renverser la vapeur, et pouvoir porter un coup fatal à la Monarchie... Mais ils ne firent finalement que prolonger leur supplice, car la Monarchie finit par retrouver la trace de leur campement, à Jericho Hill. Et c’est ici, dans ces montagnes austères du Rustworld, que l’acte final de l’Eld se joua.

Roland et les siens se retrouvèrent face à une horde interminable, qui les encerclait littéralement. Ils goûtèrent alors à ce vieux proverbe gillois, en vertu duquel une bataille de plusieurs milliers d’hommes pouvait disparaître dans les limbes de l’Histoire, alors qu’une bataille de cinq minutes pouvait entrer dans la légende... Si tant est qu’il y est encore des gens pour la raconter. Le Magicien en personne se tenait sur le devant, tandis que des cohortes entiers l’entouraient. Le campement de Roland, quant à lui, se trouvait dans une petite crique, sous un monolithe en forme de visage grimaçant.

Il n’y aurait pas de reddition, ni de prisonniers. La Monarchie venait pour en finir avec la lignée de l’Eld, car le fils d’Eldred Deschain, le tout-premier des Deschain, était aussi le fils de la sœur d’Arthur Le Jeune. Ensemble, les derniers des pistoleros se dressèrent face à la Horde, et le dernier ballet des coups de feu eut lieu.

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Dominant la scène, le Magicien était à l’heure de son ultime triomphe

Les pistoleros n’avaient évidemment aucune chance, mais aucun n’aurait cherché à fuir. Ils étaient une vingtaine au début... Puis le premier tomba. Et le second chuta. Et les autres tombèrent petit à petit, sans qu’aucun de leurs tirs ne semblent n’atteindre le Magicien. Flottant au-dessus de ses troupes, il observait, attentif, jubilant peut-être, si tant est que ce concept puisse exister dans ce cœur noirci. Trouvant un angle de tir, l’odieux Grissom, bras droit monstrueux et cruel de Farson, tira sur Roland, visant son crâne... Mais ce dernier fut sauvé par Cuthbert, qui s’interposa, et en perdit un poumon.

De vingt, ils passèrent à dix. De dix, à cinq. De cinq, à trois. Puis à deux, quand le cristal noir du Magicien transperça le second poumon de Cuthbert, l’amenant à vomir son sang sur le cor de guerre de Gilead. Alain et Roland se tinrent ensemble, le corps d’Alain luisant comme jamais, puisant dans ce fascinant pouvoir magique, qui se mit brusquement à irradier, dardant les collines sanglantes d’une ultime lueur d’espoir, comme si un sortilège magique allait en jaillir. Les Dieux auraient pu répondre. Les Anges auraient pu descendre de leurs tours célestes où ils s’étaient trop longtemps recroquevillés sous la peur. Oui, quelqu’un aurait pu venir.

Mais personne ne vint.

Et la lumière d’Alain, aussi vive puisse-t-elle être, s’éteignit quand les lances noires du Magicien le transpercèrent. De deux, ils ne furent plus qu’un, et, seul, Roland fit feu, encore et encore, ignorant la douleur, ignorant les balles qui traversèrent son corps, ignorant le sang qui coulait abondamment de ses plaies. Il fit feu, encore et encore, et, à chacun de ses tirs, il lui semblait en faire tomber dix, ou peut-être cent... Mais peut-être délirait-il juste, et peut-être bien qu’il ne tirait plus, car ses doigts avaient été arrachés par les balles, ou parce qu’il n’avait plus de munitions. Ou peut-être bien qu’il tirait encore.

La seule certitude fut qu’il tomba comme les autres.

Et, qu’au milieu des cadavres ensanglantés, le Magicien s’avança vers celui qui, pendant tant d’années, l’avait tenu en échec. Il se pencha vers lui, fit preuve de ce silence respectueux que tout un chacun avait en contemplant la défaite de son ultime ennemi... Puis sa nature profonde reprit le dessus, et il lui cracha au visage, avant de conclure :

« C’est fini, Roland. La lignée de l’Eld est brisée. Ton royaume n’est plus. Terra va désormais s’enfoncer dans le chaos le plus complet. »

Son regard se porta ensuite sur le cor, et il sourit brièvement.

« Tu vois, ce cor était destiné à appeler les Dieux. Les Olympiens avaient juré de répondre à l’appel, ou les Anges... Mais aucun n’est venu. Oh, cela a mis du temps, Roland, tu n’imagines pas à quel point. Mais c’est désormais terminé. Notre petite aventure touche à sa fin. Tous les Dieux et les Anges sont tombés, et les humains vont s’entredéchirer. Les Rayons vont converger et vont se détruire mutuellement, et la Tour s’ouvrira enfin. Il y aura beaucoup à reconstruire, crois-moi, mais sache bien ceci, Roland... »

Il soupira lentement, guettant le moindre signe sur son ennemi, le moindre réflexe qui aurait pu le convaincre qu’il l’écoutait encore... Mais ne vit rien.

« C’est moi le démon de l’histoire... Ça a toujours été moi. »




ÉPILOGUE

Ainsi est-ce la fin, Voyageur. Je te félicite si tu as réussi à tenir jusque-là, et te prie de m’excuser pour ces quelques ultimes longueurs. Réciter les derniers évènements de la Chute de l’Eld provoquent toujours en moi un profond sentiment d’injustice et une colère certaine.

Est-ce donc désormais la fin ? N’y-a-t-il plus rien à faire pour empêcher la Convergence des Rayons ? Je ne le crois pas, Voyageur. Je n’y croirai jamais.

Car ce n’est pas censé finir ainsi. En réalité, je ne peux accepter un tel dénouement. Je ne peux accepter que la Monarchie l’emporte, et qu’il n’y ait plus aucun espoir. Je ne peux accepter que les Dieux aient détourné le regard, que les Anges soient restés silencieux... Et je ne peux accepter que Roland soit mort. Non, je ne le peux.

C’est ici que tu interviens, Voyageur. C’est ici que tu dois devenir un Membre, que tu dois participer à cette aventure. Explore la Multiversité, et, ensemble, nous arriverons peut-être à répondre aux questions qui me taraudent encore. Qui est donc le Magicien ? Comment empêcher la Convergence ? Pourquoi les Dieux ont-ils abandonné les hommes ? Et, surtout, où se trouve Roland ? Le temps nous manque, Voyageur, car, plus le temps passe, et plus les vibrations s’accentuent sur les Rayons, au risque de provoquer leur effondrement.

Je pressens, vois-tu, que nous partons au-devant de formidables épopées. Alors, il ne tient qu’à toi d’y participer, de nous rejoindre... Et, qui sait ? Ensemble, nous arriverons peut-être à empêcher l’inéluctable de se produire. Cela doit bien valoir le coût, non ?