La douce voix mielleuse remontait dans l’oreille du jeune homme, piégé, et incapable de bouger. Des sangles étreignaient solidement ses membres, et, même s’il avait voulu faire appel à ses capacités de Slime, puisque ses membres étaient recouverts d’une fine membrane noire capable de se diluer à l’infini, un Slime ayant, pour ainsi dire, fusionné avec lui, il en aurait été incapable. La magie vibrait en cette pièce, une magie suffisamment puissante pour affaiblir les pouvoirs d’un Slime. Autant dire que c’était là l’œuvre d’une puissante magicienne. Et cette magicienne, justement, s’amusait dans le dos du jeune homme, séquestré sur cette chaise, dans un endroit qui, pour autant, lui aurait été très familier si on avait daigné enlever le cache sur ses yeux l’empêchant de voir. Il s’agissait en effet de son ancienne chambre, à l’époque où il était au sein du harem de Mélinda. Un lieu relativement symbolique, donc. Autour de ses lèvres, un gag ball l’empêchait de parler, et il ne pouvait que gémir, pendant que des lèvres glissaient contre son visage.
Face à lui, dans la pièce, des personnes observaient silencieusement la scène, sans rien dire, mais avec un brin de fascination, qui n’était pas tant tourné vers leur proie, mais plutôt vers la femme qui était en train d’immobiliser ainsi l’homme, et de jouer avec. L’homme, oui, et la précision était d’importance, car, pendant longtemps, Samara avait été allergique au contact masculin, une allergie qui avait été, en réalité, sa seule faiblesse. Une faiblesse qui commençait à impacter sur sa carrière au sein de l’Empire de Mijak, et à déteindre sur ses relations avec son supérieur, le Conseiller Impérial Emhyr var Emreis.
« Elle a bien progressé, hein ?
- J’admets que c’est surprenant... La voir être tant à l’aise... Elle est encore plus parfaite qu’auparavant !
- Ma foi, je la travaille au corps depuis des mois. Oh, je ne cache pas qu’elle m’a souvent griffé, mordu... Et même brûlé... Mais j’ai de l’endurance ! »
Le « public », qui ne resterait toutefois pas longtemps spectateurs, commentait donc cette scène, qui, à leurs yeux, était avant tout un cadeau adressé à Samara. Même si elle avait rompu ses liens avec les clans infernaux, sa puissance et son charme faisait qu’elle était toujours très respectée là-bas. Elle s’était rapprochée du puissant clan Magoa afin de retrouver ses origines, cette filiation démoniaque qui lui avait été rompue depuis qu’un mage avait eu l’idée de l’invoquer, puis de la séquestrer, et de la torturer pendant des mois et des mois.
Samara approchait ses mains du bandeau, prêt à redonner à son « prisonnier » la vue. Cet homme au corps ingénu, avec une cage de chasteté en forme de dragon dorée, avait été fournie par une partenaire de Mélinda, une partenaire que Samara avait déjà eu l’occasion de la voir, et qui avait formé un souhait très spécial à l’encontre du jeune homme : Theorem. Mélinda en avait parlé à Samara, qui y avait vu l’occasion d’organiser cette séance. Elle avait usé de son influence pour convoquer ses amis démoniaques, qui, sans elle, ne se seraient guère déplacés pour satisfaire les désirs d’une femme qu’ils ne connaissaient guère.
Theorem était donc entouré de personnes terribles, des démons aussi beaux que sensuels :
- Samara, une puissante Archimage mijakienne, qui allait assurément mener la danse ce soir,
- Edessa, la succube personnelle de Mélinda, dont le goût pour la luxure n’était plus à prouver, et qui y voyait là l’occasion de retrouver un ancien compagnon de jeu,
- Alastar Magoa, Incube du clan Magoa, surnommé, à fort juste titre, « Le Diablotin », et qui, depuis quelques semaines, aidait Samara à surmonter sa peur sexuelle des hommes,
- Inazia Magoa, l’une des nombreuses sœurs d’Alastar, qui était connue des harems terrans pour aimer s’y rendre, et dont la perversion, à l’image du clan Magoa, n’était guère à prouver,
- Chrysalis, la seule démone du lot qui n’appartienne pas aux forces de la Luxure, une femme guerrière qui, pour autant, ne dédaignait pas le sexe, et connaissait Samara depuis l’intermédiaire d’autres Mijakiens.
Samara lui ôta alors son masque, permettant au jeune homme de voir le public face à lui.
« Mélinda t’a offert à moi... Comme un cadeau pour me féliciter de ma bisexualité maintenant assumée. Alors, mon petit Theorem, j’aime autant te dire que tu vas passer une sacrée soirée entre nos mains... »