The Multiversity

L’Amazonie passionnait depuis très longtemps les Occidentaux. C’était le poumon de la planète, la plus grande forêt tropicale du monde. Plus de 5 millions de kilomètres carrés s’étalant sur tout un continent. Même si la forêt perdait dramatiquement en taille avec la déforestation et la pollution, la jungle amazonienne était loin d’avoir révélé tous ses secrets. Au cours de leurs explorations, les parents de Lara s’étaient déjà rendus en Amazonie, remontant dans la jungle et dans le temps, sur les traces de prestigieux explorateurs comme Percy Harrison Fawcett, dont on disait que le périple en Amazonie avait inspiré Arthur Conan Doyle et contribué à façonner l’image de l’archéologue-aventurier à la Indiana Jones.

L’Amazonie était encore loin d’avoir révélé tous ses secrets, et Lara avait décidé de remonter une piste jadis entreprise par ses parents. Ils avaient cherché une cité antique en Amazonie, à une époque où tout le monde pensait que l’Amazonie était une immense forêt vierge n’abritant que quelques tribus éparses isolées les unes des autres. Les découvertes plus récentes avaient mis à mal cette théorie en révélant l’existence de grandes cités et de routes au cœur de l’Amazonie, laissant entendre qu’une ancienne civilisation avait dû exister dans cette forêt. Mais, comme bien des civilisations en Amérique, l’arrivée des Européens avait provoqué de profonds remous. Ces anciennes peuplades avaient été décimées par les infections rapportées dans les bagages des Européens, et, depuis lors, on remontait sur leur trace.

En relisant les notes de ses parents, Lara avait découvert qu’ils avaient cherché une ancienne cité qui aurait pu être la capitale de l’ancien peuple d’Amazonie, qu’ils avaient sommairement appelé « La Cité perdue », à défaut d’une autre appellation. Elle avait décidé de reprendre cette enquête après avoir obtenu des informations supplémentaires de la part d’un autre archéologue qui revenait d’une mission sur place.  Comme tous les gens curieux de rejoindre l’Amazonie, elle avait donc rejoint la ville de Manaus, au Brésil, la « porte d’entrée » de l’Amazonie. On proposait régulièrement aux touristes des excursions touristiques en Amazonie. Lara, elle, chercha plutôt dans la région un aérodrome, où elle loua un petit avion. Ses parents étaient fort heureusement très méticuleux, et avaient laissé des cartes retraçant leur itinéraire. Tandis qu’elle préparait le voyage, elle avait reçu plusieurs appels de Nathan Drake, un autre aventurier avec qui elle avait fini par s’associer suite à une aventure délicate sur l’île de Jyong-Sei-Kwûn.

« Je connais un guide qui pourra t’aider, Lara.
-  Et il est fiable ?
-  Tous mes guides sont fiables, trésor ! protesta celui-ci.
-  Je dois vraiment commenter cette déclaration ?
-  Bon, peut-être pas tous, okay… Mais tu pourras pas piloter un avion et regarder la jungle en même temps, surtout que le climat politique est assez tendu en ce moment au Brésil. »

Cela non plus, ça ne lui avait pas échappé. Le gouvernement central brésilien était très contesté en Amazonie pour avoir récemment accru les opérations de déforestation dans la région. Il y avait des manifestations régulières, et des camps de bûcherons et de scieries, qui organisaient les incendies de forêts et la coupe des arbres, étaient pris pour cible. Le gouvernement envisageait de déployer l’armée. Comme à chaque fois, Lara se déplaçait toujours au meilleur moment ! Mais cela avait aussi pour conséquence qu’il devenait difficile de trouver quelqu’un pour s’aventurer dans l’Amazonie, et Lara se voyait mal explorer cette jungle à pied.

Elle réussit donc à trouver le contact de Nathan, un pilote de l’armée qui avait été démobilisé, soit pour sa consommation d’alcool, soit pour des mains impudiquement placées. Elle le trouva, sans réelle surprise, dans un bar dans les bas-quartiers de Manaus, où elle l’aida à se sortir d’une mauvaise passe avec des gorilles locaux. Danilo, comme il s’appelait, disposait d’un petit avion, et s’était reconverti dans les voyages touristiques, avec survol de l’Amazonie, et amerrissage dans les fleuves. Sa clientèle se réduisait avec la situation actuelle, et il accepta de guider Lara.

C’est de cette manière que la jeune femme s’envola dans les airs, et survola l’immense jungle. L’Amazonie était sans fin, et comprenait de multiples villes, villages, et routes. Tout cela confirmait la théorie des parents de Lara.

*On met sur le dos des Européens la décimation de ce peuple… Mais est-ce exact ?*

La maladie avait effectivement décimé quantité de populations amérindiennes… Mais était-ce la seule explication ? Lara n’en était pas si sûre, car on manquait d’informations sur le passé lointain de l’Amazonie.

Lara avait demandé à Danilo de rejoindre une zone assez isolée, ce qui amena ce dernier à la mettre en garde.

« Il y a peu de touristes qui vont par là, señorita. En fait, on dit que cette région est maudite… Habitée par des tribus sauvages, anthropophages… Les Yawanawa les redoutaient. Vous êtes sûre de vouloir vous poser là ?
-  Vous craignez pour mes fesses, Danilo ?
-  Señorita, avec tout mon respect, un cul comme le vôtre, ça se protège ! »

Elle lui présenta les deux pistolets accrochés à ses holsters.

« Ceci suffit pour n’importe quelle protection, Danilo. »

Le pilote s’esclaffa joyeusement, et amorça sa descente. Il y avait peu de cours d’eau par là, alors il allait se poser à bonne distance, sur une petite rivière. L’avion trembla dans tous les sens, avant de finir par se poser. Danilo lui indiqua qu’il devait laisser les moteurs refroidir, et qu’il reviendrait ensuite une fois par jour pour attendre une heure, sauf contrordre. Lara avait avec elle un sac à dos abritant des provisions, un téléphone satellite, et une carte de la région.

Habillée d’un minishort et d’un court débardeur bleu, Lara enfila ses Ray Ban, et rejoignit ensuite la jungle. La jungle amazonienne était à cet endroit très profonde, et pour le coup vierge. Elle se déplaça donc, s’aidant d’une boussole pour se repérer. Ses parents avaient arrêté leur progression en rejoignant un village d’Indiens dans cette région. Ils n’avaient pas été plus loin, mais avaient parlé des tribus anthropophages de la région, ainsi que d’une grande cité qui se trouverait à proximité.

Lara était habituée à explorer les parties abandonnées du monde, et préférait ces ambiances silencieuses. Il n’y avait plus le son assourdissant des voitures, le tumulte infernal de la ville, rien d’autre que le calme de la forêt… Calme tout à fait relatif.

Après plusieurs heures, Lara se rapprochait d’un autre cour d’eau. L’eau s’accélérait, et elle entendait le son d’une cascade. Alors qu’elle avançait, Lara se figea soudain en entendant un grondement. Elle se retourna, la main sur la crosse d’un de ses pistolets. En Amazonie, il n’y avait pas plus dangereux que les jaguars. Le jaguar était l’apex predator de l’Amazonie, celui qui n’avait aucun autre animal pour le chasser. Et, si cette région était sauvage… Lara se déplaça encore, craignant d’être entrée sur le territoire de chasse d’un jaguar.

Elle entendit soudain son téléphone grésiller. Au bout d’un moment, celui-ci captait d’étranges vibrations. Surprise, Lara continua sa route, et se rapprocha de deux arbres. Elle écarta des feuillages, et écarquilla les yeux en voyant, à hauteur du sol, légèrement recouverte par la terre et par les racines d’un arbre…

…Une borne WiFi.

*Qu’est-ce que c’est que ce bordel ?!*

Lara approcha sa main de l’objet, quand elle entendit un terrible rugissement. Elle se retourna alors, et vit un jaguar émerger d’entre les buissons. Avec une vitesse de pointe de 80 km/h, il était le Roi de l’Amazonie, et chargea Lara en rugissant encore. Celle-ci bondit sur le côté, évitant de justesse les griffes et les crocs du jaguar. Celui-ci se retourna alors, et Lara, couchée sur le sol, dégaina ses pistolets, et se mit à tirer. Les balles fusèrent à travers les buissons, et touchèrent le jaguar à plusieurs reprises. Surprise, Lara se releva, tandis que la bête filait… Et une lance jaillit alors des buissons, venant frôler son nez pour se planter dans un arbre.

*Et merde…*

Danilo lui avait parlé de tribus sauvages dans le coin, et elle entendit alors d’autres hurlements, cette fois bien humains. Des flèches jaillirent depuis les arbres, et Lara se mit à courir, cherchant un abri. Elle se dissimula derrière un rocher, près du cour d’eau, et sentit soudain une piqûre dans le cou. Sonnée, Lara cligna des yeux, et porta sa main à son cou. Elle en tira la pointe d’une fléchette tirée depuis une sarbacane, et sentit sa vision devenir plus floue.

*Merde…*

Du poison… Ou une substance qui allait la paralyser. Elle trembla sur place, et entendit les Indiens hurler encore. Des cris terribles, comme des bêtes sauvages. Elle trembla à nouveau, et tomba au sol. Puisant dans ses dernières forces, elle attrapa une seringue qu’elle avait dans sa ceinture, et se la planta dans le cou. Un boost d’adrénaline, qui lui permit de sauter dans la rivière, sous le cri furieux et quelques flèches des autochtones.

Le courant se mit à l’emporter comme un fétu de paille, et elle passa par la cascade, tombant dans le vide…

…Quand Lara émergea, elle vit des silhouettes sombres autour d’elle, et se dit, avant de sombrer à nouveau, que la drogue des Indiens devait vraiment être puissante, car elle avait l’impression de les voir porter des toges romaines.

Le quotidien de Selene fut perturbée par une communication venant de Nova Roma. Même si la mutante avait abandonné la cité antique, et que pas mal de ses habitants en avaient fait de même, quand le lavage de cerveau subi avait fini par s'estomper en son absence. Malgré tout, elle restait la maîtresse des lieux et, étonnamment, une partie de ses "victimes" y vivait encore. Il fallait croire que, en pouvant comparer les souvenirs de leur ancienne vie et de celle de Romains, ils avaient préféré ne pas revenir à la civilisation. Pour la reine noire, ça n'avait pas du tout d'importance, le monde extérieur l'occupait bien assez pour qu'elle se soucie de ce projet abandonné, mais, pour eux, elle restait la fondatrice et la seule réelle autorité des lieux. Alors, quand quelque chose d'imprévu leur était tombé dessus, forcément, ils l'avaient contactée pour faire appel à sa sagesse.

Selene n'en revenait pas d'avoir été dérangée pour un simple intrus. C'était un événement inhabituel, c'était vrai, mais tellement banal qu'elle n'imaginait pas pourquoi sa présence était requise. Enfin, si, ça, elle le devinait bien, les habitants craignaient que, si l'existence de Nova Roma devenait plus connue qu'elle ne l'était déjà, c'en était fini de leur tranquillité. Ce problème aurait été facile à régler en temps normal, il y avait des geôles, un Colisée, et même un volcan où balancer des sacrifices humains, autant dire que tout les problèmes que pourrait causer l’intrus en revenant à la civilisation n'en étaient pas vraiment, tant que ce qu'il fallait faire pour qu'il n'y retourne pas était facile. Mais, si les derniers habitants de Nova Roma aimaient à jouer les Romains de l'antiquité, le retour de leur mémoire avait amené avec lui celui de leur sens moral, et ils cherchaient quelqu'un pour se salir les mains à leur place, et conserver leur conscience tranquille. Et pour le sale boulot, c'était facile de penser à Selene.

Selene ne fit qu'un geste de la main, et elle était de retour à Nova Roma. Elle demanda avec dédain qu'on lui apporte l'intru, avant de se diriger vers l'atrium de son ancienne résidence. Étonnamment, les lieux étaient encore bien conservés, le temps ne s'écoulait décidément pas ici. La reine noire attrapa une toge noire et l'enfila, afin de coller un peu au décor. Ce n'était pas parfait, ses longs gants qui remontaient au-delà de son coude, et ses bottes lacées, donc on ne voyait que les pieds ne faisait pas trop Rome Antique, mais elle ne se souciait pas vraiment des détails, ce n'était pas comme si c’était le seul anachronisme qu'on pourrait repérer en observant Nova Roma. Elle s'installa sur sa couche, attendant qu'on lui amène cet intrus pour qui on avait jugé bon de la déranger.

Deux gardes finirent par arriver, portant à bout de bras l’intrus, ou plus exactement l'intruse, visiblement inconsciente et les poings liés devant elle. Ils ne pratiquaient pas le proverbial "pieds et poings liés", généralement pour que les prisonniers puissent marcher et qu'ils n'aient pas à les porter mais, là, ça ne servait à rien, la demoiselle n'était pas en état de se déplacer par elle-même et ils avaient dû la traîner jusqu'ici.

"C'est bon, vous pouvez partir.

Selene congédia les pseudo-garde, d'un geste négligé de la main, et ils lâchèrent la prisonnière, la laissant tomber mollement au sol, en position fœtal, avant de tourner les talons. Ils avaient très volontiers amené la pauvre femme à Selene, mais ils semblaient pressé de ne plus être là pour savoir ce qu'elle allait en faire.

L'observation de l'intruse ne donnait pas une idée très précise de qui elle avait affaire à Selene. Si Nova Roma devait attirer quelqu'un, ce serait des hommes d'affaires, les ressources des terres ayant de grandes valeurs pour leurs entreprises, mais elle n'avait clairement pas l'air d'être dans les affaires même si, il fallait le dire, si elle savait mettre un sourire au-dessus de ses melons, elle pourrait certainement vendre n'importe quoi sans problème. À sa tenue, Selene la considérerait plutôt comme une touriste, avec son mini-short et son haut qui ressemblait presque à une pièce de bikini, mais les holsters qu'elle portait aux cuisses faisaient tâche dans cette idée. Ils devaient avoir contenu des revolvers, mais ils étaient vides, malgré l'ambiance antique, les gens du coin savaient ce qu'étaient des armes à feu et devaient les lui avoir retirés, comme sans doute le reste de ses bagages. Ils ne lui avaient laissé que ses vêtements, ou en tout cas les lui avaient remis par la suite.

Selene aurait pu penser à une exploratrice ou une survivaliste, mais les premiers préféraient les fusils et les seconds préféraient les couteaux, ça faisait plus survivaliste, en fait, le plus probable qui lui venait à l'esprit, c'était une narcotrafiquante. Ils étaient légions en Amérique du Sud, utilisaient parfois les forêts, moins surveillées que le reste des frontières et aimaient les armes à la fois légères et impressionnantes. Ça correspondait bien au profil.

Le dernier détail qu'avait constaté Selene était un petit point rouge au niveau de la nuque. Ça ne devait pas être une piqûre d'insecte, la jeune femme avait dû mettre du répulsif, sans quoi elle en serait couverte, ça devait donc une trace de fléchette, c'était assez courant aussi, par ici. Quel que soit le poison qui lui avait été inoculé, il ne devait pas être destiné à la tuer, sinon, elle serait déjà morte, et Selene n'aurait même pas été dérangée. Il devait donc être destiné à la neutraliser, et il fallait dire qu'elle était le genre de gibier qu'il était normal de vouloir capturer vivant. La reine noire ne savait pas depuis combien de temps elle avait été piquée, mais le poison devait commencer à se dissiper, elle n'aurait sans doute pas à attendre longtemps avant qu'elle ne commence à se réveiller.

Ca prit quand même encore dix minutes. Ce fut assez subtil, surtout au départ, mais les muscles de la prisonnière se mirent à remuer par réflexe, elle faisait de petits bruits ressemblant à des gémissements, elle redevenait consciente. Si Selene attendait un peu, elle finirait par se rendre compte qu'elle est couchée, puis qu'elle n'est pas dans son lit et, petit à petit, réaliserait que la situation dans laquelle elle se trouvait n'avait rien de normal.

"Allez, réveille-toi."

Ou si elle ne voulait pas attendre, Selene pouvait accélérer le processus. Elle prit une amphore remplie d'eau, et le versa sur la malheureuse, rien ne valait une bonne eau bien froide pour accélérer le réveil, en faisant croire au cerveau qu'il se trouvait dans une situation critique et qu'il devait réagir. Elle se débarrassa vite de l'amphore, observant la prisonnière à ses pieds, dont la première vision serait sans doute ses bottes, qui disparaissaient vite sous sa toge. Au moins, avec ce détail, si elle a un minimum de culture, l'intruse ne croira pas qu'elle est tombé dans une faille temporelle. Les gens font souvent des choses stupides, quand ils se croient dans le passé.

"Que viens-tu faire ici, étrangère?"

Et le spectacle pouvait commencer. Selene ne savait pas ce qui amenait la jeune femme ici, elle aurait sans doute pu le savoir en quelques secondes en scannant son esprit, mais ça gâcherait le plaisir. De toute façon, elle ne voyait pas la prisonnière comme une menace, elle était désarmée, avait les mains attachées, et la sorcière ne sentait rien chez elle qui pourrait représenter un danger. Autant dire qu'elle était impuissante, dans sa situation.

Quand Lara émergea, la première chose qu’elle vit fit une botte en latex avec un talon planté sur le sol. Elle éternua ensuite, et cligna des yeux, tandis que la mémoire lui revenait. Elle tourna la tête, et fronça les sourcils en étant éblouie par la lumière. Elle avait également de l’eau sur la figure, et éternua à nouveau, avant de se redresser. Les souvenirs lui revinrent rapidement, et elle se rappela donc du jaguar, des Indiens… Puis elle était face à une étrange brune en toge romaine, portant des sous-vêtements en latex.3

« Qu’est-ce que… ?! »

Autour d’elle, des colonnes en marbre, dans ce qui ressemblait à une villa romaine, ou à un genre de temple, vu la taille du plafond. Elle regarda autour d’elle, se demandant si elle n’était pas en train de rêver, puis observa encore la femme. Très vite, elle sentit l’absence de ses pistolets. Ils avaient dû tomber dans la chute.

« Vous… Vous êtes qui ? Je… J’étais poursuivie par les Indiens, et… »

Ils l’avaient empoisonné ! Pas une dose mortelle, mais assez pour l’anesthésier. Elle posa sa main sur sa nuque, sentant encore la petite trace de la piqûre. Elle allait disparaître avec le temps. La femme n’était pas encline à parler avant Lara, et celle-ci se releva ensuite. Ses membres étaient encore un peu engourdis, mais elle sentit le sang circuler à nouveau dans ses membres. Regardant encore la jeune femme, elle reprit ses esprits, et se présenta :

« Je… Je m’appelle Lara Croft, je suis une archéologue. J’ai suivi une piste qui m’amenait dans cette partie de la jungle pour retrouver des traces d’une cité amazonienne antique. Un jaguar m’a attaqué, et… Je n’ai pas trop compris, car une tribu indienne semblait le guider. Ils m’ont tiré une fléchette anesthésiante, et je me suis enfuie en sautant dans des rapides. Un geste désespéré, mais je n’avais pas trop le choix… »

Lara regarda alors autour d’elle. Elle venait de se relever, et observa ensuite la jeune femme. Elle portait une toge avec des gants et des collants noirs en latex, un très curieux assortiment !

« Maintenant… Je suppose que c’est vous qui m’avez sorti de la rivière, alors… Je vous remercie pour ça, mais… Qu’est-ce qu’une cité romaine fabrique au fin fond de l’Amazonie, en fait ? » demanda-t-elle alors.

Et ça, à ses yeux, c’était la vraie question !

Selene laissa le temps à la jeune femme de revenir à elle. Ça semblait dure pour elle de reprendre le fil de ses pensées, mais elle se leva assez vite et observa son nouvel environnement, qui devait la changer du dernier qu'elle avait vu avant que les gardes aux alentours de la ville la trouve. La mutante resta impassible, alors qu'elle s'étonnait de la situation. Même si ce qu'elle venait de dire indiquait qu'elle était poursuivie par des indiens, ça, Selene le savait déjà, et ça ne l'intéressait même pas.

Selene, bien que ne bougeant toujours pas, s'intéressa par contre à ce qu'elle se décida à dire quand elle se remit de sa surprise. Elle avait enfin une réponse à sa question. Bon, la suite, avec le jaguar et le reste, ça ne l'intéressait pas et c'était assez confus, l'archéologue devait avoir courru d'un danger à l'autre, et mélangé le tout. Traverser la Forêt Amazonienne, ce n'était pas une petite balade dans les bois.

"Laracroft, mh?"

Selene pinça son propre menton, faisant mine de réfléchir, et commença a tourner autour de Lara, pour l'observer sous toutes ses coutures, comme si elle l'analysait. Une archéologue, déjà, ce n'était pas une bonne nouvelle pour la tranquillité de la ville. Même si la sorcière ne lui avait pas encore expliquer la situation, elle devait déjà s'imaginer présenter sa découverte au Monde, pour se faire un nom. Parce que Lara Croft, là, comme ça, ça ne disait rien à Selene, mais la plupart des archéologues étaient des anonymes espérant toute leur vie faire LA découverte qui les ferait connaître. Celle-ci avait juste eu la chance de tomber dessus, littéralement. Et quand le champ de vison n'était plus monopolisé par son débardeur qui semblait pouvoir exploser à tout moment sous la pression des seins qu'il renfermait, on pouvait constater que son mini-short moulait agréable son beau petit cul. Nova Roma était sans doute la cité antique dont elle avait entendu parler, des légendes circulaient, même si presque personne n'y prêtait foi.

Selene revint face à Lara par l'autre coté, l'observant toujours, et glissa sa main dans sa toge, avant d'en sortir un poignard.

"Bon."

Selene glissa sa lame entre les liens qui entouraient les poignets de Lara, les tranchants d'un coup avant de ranger son arme. Ce n'était pas comme si l'archéologue constituait un plus grand danger avec ses mains libres...

"Tout d'abord, tu vas prendre un bain. Tu ne peux pas garder ces vêtements mouillés éternellement."

En se réveillant, Lara avait déjà éternué deux fois, et ça ne s'arrangerait pas si elle restait mouillée. Après tout, la malheureuse s'était jetée dans une rivière et avait été emportée par celle-ci, sans compter qu'une personne qu'on ne nommera pas s'était amusée à lui renverser une amphore d'eau sur la tête. Le climat de l'Amazonie était certes chaud, mais surtout humide, elle ne pouvait même pas compter sur lui pour sécher ses vêtements directement sur elle. Sans attendre de réponse, Selene se tourna, ne prêtant plus attention à la jeune femme, et commença à marcher en s'éloignant d'elle.

"Suis-moi."

Maintenant qu’elle reprenait ses esprits, Lara put constater qu’elle avait débarqué dans ce qui ressemblait véritablement à un temple romain… Mais qu’est-ce que ça voulait dire ? Une secte qui avait décidé de s’installer ici ? Lara avait de bonnes connaissances historiques, et elle se rappelait encore ce qu’elle avait entendu à la faculté, où on disait qu’une galère romaine avait été retrouvée en 1986 dans les profondeurs de la baie de Guanabara, au Brésil. Les explorateurs avaient retrouvé à l’intérieur des amphores romaines et des bols en céramique. On trouvait quelques autres rares anecdotes qui laissaient entendre l’existence de contacts entre ces civilisations antiques, sans que rien n’ait jamais pu être clairement officialisé. Lara était effectivement sur le point de faire une découverte scientifique majeure ! Si une civilisation romaine existait bien en Amazonie, cela relancerait les débats sur l’existence d’une civilisation humaine historique, une « première civilisation » qui avait hébergé en son sein l’humanité, avant que, du fait des mouvements de population, cette première civilisation ne disparaisse au profit de multiples civilisations. Selene n’avait donc pas tort sur ce point ; le risque que sa cité soit découverte à l’extérieur était très important ! Lara ne courait pourtant pas après la gloire, mais cherchait à perpétuer l’œuvre de ses parents : répondre aux problèmes du présent en résolvant les énigmes et les questions irrésolues du passé.

Ces réflexions l’amenèrent à ne pas trop réagir quand Selene tournoya autour d’elle, jusqu’à ce que la mystérieuse femme revienne devant elle. Elle sortit alors un poignard, et Lara fronça les sourcils… Mais, avant de pouvoir faire quoi que ce soit, Selene utilisa la lame pour trancher ses liens.

« Euh… Merci ? »

Au moins, cette femme ne semblait pas la considérer comme une menace. Néanmoins, sa théorie se heurtait à deux choses. D’une part, cette femme ne parlait pas le latin… Et, d’autre part, elle portait du latex, ce qui ne faisait pas très romain. Mais le latex était à l’origine un produit issu d’un arbre, l’hévéa, qu’on trouvait notamment en Amazonie. On pouvait donc raisonnablement supposer qu’une colonie amazonienne ait pu exploiter le latex. Quant au latin… Qui sait ? Ces natifs avaient peut-être jadis trouvé des colons ? Lara réfléchissait à toute allure, et Selene l’invita à la suivre.

N’ayant rien d’autre à faire, et puisqu’elle avait été libérée, Lara se mit à la suivre.

« Vous ne m’avez pas répondu… Qui êtes-vous ? Vous êtes une prêtresse ? Je… Je ne vous veux aucun mal, vous savez, je ne pensais même pas tomber ici. Une cité romaine au cœur de l’Amazonie… Comment vous appelez-vous ? »

Le mutisme de cette femme était assez curieux. Que voulait-elle donc ? Intriguée, Lara marchait sur ses pas…

Même si le bruit des talons de Selene sur le sol couvrait largement celui des pas de Lara, la mutante sentait bien qu'elle la suivait, et était plutôt sûre qu'elle le ferait,mais pas parce que, dans son état, un bon bain pouvait lui sembler être l'une des choses les plus agréables qui puissent exister. Et c'était une bonne chose qu'elle tourne le dos à la jeune femme quand celle-ci recommença à parler, parce que la sorcière ne put s’empêcher de sourire en l'entendant. Si Lara avait emboîté le pas à Selene, c'était parce qu'elle s'était bien gardée de lui donner la moindre information. Les archéologues étaient comme ça, ils avaient besoin de réponses, et avaient vraiment du mal à lâcher l'affaire avant de les avoir obtenues. Ça les rendait agaçants, il fallait le dire, mais aussi plutôt prévisibles, au point que la mutante aurait presque pu rire de l'entendre si facilement mordre à l'hameçon, mais ce serait peut-être en faire trop.

Selene comptait bien sûr la renseigner, sur certains points en tout cas, mais n'était pas pressée. Enfin, là, le temps qu'elle marche dans le couloir, elle avait le choix entre parler et devoir écouter Lara continuer d'insister pour avoir enfin des réponses. En plus, si la frustration devenait trop grande, la jeune femme pourrait finir par en avoir assez et exprimer son mécontentement en jouant les sales gosses. La mutante allait donc lui donner un os à ronger, pour qu'elle continue de s'accrocher à elle. Et puisque la nouvelle salve de questions de Lara tournait presque exclusivement sur son identité, il était évident que ce ne serait pas sur ça que Selene allait satisfaire sa curiosité.

"Pour répondre à ta question, tu te trouves à Nova Roma."

En fait, Selene n'était même pas sûre que Lara lui avait demandé comment se nommait la ville, mais, puisqu'elle voulait savoir comment une telle cité pouvait se trouver au milieu de l'Amérique du Sud, autant d'abord la renseigner sur ce petit détail, l'histoire de sa fondation venant après, la version pour touristes, en tout cas.

"La cité fut fondée il y a longtemps, par des survivants de l'Empire Romain qui, en fuyant sa chute, finirent par arriver ici et voulurent rebâtir leur civilisation."

Ça, c'était la naissance de Nova Roma, à présent, il y avait plus de quinze siècles d'histoire à expliquer à Lara, pour compléter ses connaissances de la ville.

"Et depuis, ils y vivent en paix et en sécurité, à l'écart du monde extérieur."

Un millénaire et demi de détails sur les faits marquants de l'histoire de la ville, c'était fait, et Selene finissait de fournir à l'archéologue sa dose de réponses au bon moment.

"Nous y sommes."

Selene passa l'entrée la première, avant de s'écarter pour laisser le champ libre à Lara, afin qu'elle puisse faire son tour d'horizon de la pièce. En tant qu'archéologue, elle devait s'attendre à ne pas trouver une baignoire, comme on s'y attendait pour prendre un bain, mais quelque chose qu'une personne moderne appellerait plutôt une piscine. Une petite, on était loin d'une piscine olympique, mais le carré d'eau était déjà assez large pour contenir pas mal de monde, ou même nager un peu, même si ce n'était pas le vrai but de ces bains. Contrairement aux trois autres bords, le coté qui faisait directement face aux arrivantes était en escalier, permettant d'entrer progressivement dans l'eau. D'un coté, des statues de lion crachaient de l'eau chaude, tandis que le bain débordait de l'autre, assurant une eau tiède à tout moment. Même si Pompéi aurait pu dégoûter les Romains de certains phénomènes géologiques, il y avait quelques avantages à bâtir une ville dans le cratère d'un volcan endormi possédant malgré tout une chambre volcanique. De l'eau chaude en permanence, par exemple, ou la possibilité de balancer des gens dans la lave, pour s'occuper en seconde partie de soirée.

Nova Roma… Une cité antique romaine ! Incroyable ! Lara cligna des yeux à plusieurs reprises, peinant à croire à ce que sa guide lui disait. Se pouvait-il vraiment qu’une telle chose soit possible ? Elle repensa à ces enclaves, ces endroits du monde qui, même aujourd’hui, étaient encore coupés du monde. On en entendait parfois parler aux actualités, lorsque des hélicoptères survolaient des tribus indiennes et se recevaient des flèches ou des lances. Il y avait également le cas de North Sentinel, une île indienne sous protection de l’Inde, totalement coupée du monde, qui n’hésitait pas à attaquer ceux qui tentaient de venir sur l’île. Alors, pouvait-on imaginer qu’une cité romaine ait pu vivre en plein cœur de l’Amazonie sans que jamais personne ne la détecte ? Lara repensa à ses recherches, et à ses nombreuses aventures. Des cités perdues, mystérieuses, elle en avait rencontré plusieurs au cours de ses voyages, alors il fallait bien se faire à l’idée que ce n’était effectivement pas impossible.

« C’est incroyable… » glissa-t-elle silencieusement.

Admirative, elle observait les murs, les colonnes en marbre. Il y avait sûrement des archives ici, une bibliothèque, des textes anciens ! Ces colons disposaient de ressources centrales pour la recherche historique, et pour le rapprochement entre les peuples. Lara sentait une certaine fébrilité la traverser, celle-ci n’étant tempérée que par le comportement très réservé de sa guide, qui parlait peu, et qui ne lui donna d’ailleurs pas son identité.

Lara rejoignit ensuite une salle de bains antique, c’est-à-dire un grand bassin. De l’eau chaude coulait déjà, diffusant une douce vapeur. Des colonnes en céramique entouraient ces thermes, et elle vit également une fresque en céramique. L’eau s’écoulait de statues de lions. Lara observa les lieux, notant l’absence de vestiaires.

« Je… Je prends mon bain toute seule, je suppose ? Vous m’attendez dehors ? Et… Vous vous appelez comment ? Vous êtes une prêtresse ? Ou… La responsable de Nova Roma ? Pardonnez ma curiosité, mais je ne pensais vraiment pas tomber sur une telle cité ici ! Vos rapports avec les locaux se passent bien ? Et… Comment connaissez-vous ma langue ? Je veux dire, vous ne parlez pas vraiment le latin, alors je suppose que Nova Roma doit quand même avoir des interactions avec le monde extérieur… Non ? »

Elle espérait ne pas prendre trop de risques en posant des questions si directes… Après tout, la curiosité était parfois un vilain défaut, même si elle ne pouvait pas s’empêcher de l’être… Elle ne serait pas archéologue, sinon !

L'arrivée aux bains fut ponctuée par quelques instants de silence de la part de Lara. Selene ne savait pas vraiment si c'était l'histoire inventée de la ville, ou la splendeur des lieux qui lui accaparèrent l'esprit, mais c'était plutôt savoureux de profiter ainsi d'une petit pause. Mais ça ne dura pas. La première question de l'archéologue était amusante, la mutante ne comptait pas du tout louper le spectacle, mais les autres questions ramenaient vers le besoin qu'elle avait de mieux connaître les lieux, et son interlocutrice.

"Ma présence te dérange, Laracroft? Je me disais que je pourrais rester, tu sembles vraiment pressée d'en savoir plus, et nous pouvons continuer de discuter pendant que tu te baignes, après tout."

Selene restait naturel, comme si elle ne voyait de raison de partir. Après tout, même si ils étaient "privés", les bains où la mutante avait conduit l'archéologue étaient inspirés des bains publics romains, qui témoignaient d'une pudeur bien moindre que de nos jours. Leurs toilettes publiques aussi en étaient un exemple, mais c'était un peu plus crade quand même. Et prendre la soif de réponse de la jeune femme, que Selene était loin d'étancher rapidement, comme prétexte supplémentaire pour rester pouvait finir de convaincre Lara qu'il n'était pas gênant qu'elle reste.

Selene fit quelque pas encore, arrivant à quelques pas de la première marche des bains. Les petits va-et-vient de l'eau, provoqués par le remplissage constant des bains, menaçant parfois de toucher ses bottes, avant de tout simplement repartir en arrière. Elle se tourna ensuite vers son interlocutrice, elle s'en voudrait de lui tourner encore le dos quand elle enlèverait son débardeur, d'autant plus que, si elle parlait à se moment-là, il y avait des chances que Lara n'entende pas et qu'elle doive se répéter.

"C'est d'ailleurs assez dur de choisir à quelles questions répondre en premier, j'essaie de garder un certain fil..."

"Concernant les populations voisines, nous n'avons pas vraiment de problèmes, une partie des habitants de Nova Roma descend même des... des incas, il me semble. Pour le reste, nous ne nous éloignons pas trop de la ville et les tribus locales ne s'approchent pas trop, je suppose que notre présence est perçue comme un danger à éviter, c'est d'ailleurs de leurs légendes que doivent venir les histoires qui sont parvenues jusqu'à toi."

En attendant que Lara se décide à pour son bain, Selene lui donna encore quelques informations sur l'histoire fictive de la ville, la mixité avec les incas servant surtout à expliquer la variété des habitants de la ville, même si ça n'avait plus réellement de sens maintenant. En ce qui concernait les peuplades actuelles, c'était à raison qu'elles évitaient les lieux, et c'était d'ailleurs pour ça, plus qu'à cause des rapides, que les assaillants de Lara avaient abandonné sa poursuite.

La femme ne semblait pas pressée de s’éloigner, et invita Lara à aller dans l'eau demandant si sa présence la dérangeait.

« Je… Non, non, c’est juste que… Je suis encore assez sonnée ! »

La jeune archéologue avait déjà rencontré la magie lors de ses aventures, et avait également entendu parler de tous ces gens dotés de pouvoirs surnaturels. Même si beaucoup criaient au hoax, la jeune femme sentait que la magie était revenue sur Terre, comme si elle était sortie d’une longue sieste. Elle écouta ensuite les explications supplémentaires de la femme, qui ne lui avait toujours pas dit son nom ! Elle mentionna le fait que des habitants de Nova Roma descendaient des Incas, ce qui surprit un peu Lara… Car l’Empire inca se trouvait plutôt sur la côte ouest, pas en Amazonie… Ceci étant dit, certains archéologues soutenaient une théorie selon laquelle les Incas pouvaient venir d’Amazonie. Des explorateurs avaient trouvé en Amazonie une cité agricole inca, Mameria, et développaient une théorie selon laquelle le premier Empereur mythique des Incas, Manco Cápac, viendrait d’Amazonie. Il existait très peu d’informations sur Manco, et on ignorait même si celui-ci avait vraiment existé ou non.

Se pouvait-il que Nova Roma ait été fondée sur une ancienne cité inca ? Sur la première cité inca, celle dont Manco était originaire ? L’esprit de Lara se mettait déjà à fourmiller en imaginant quantité d’hypothèses. Elle allait avoir besoin de cette femme ! Lara prit donc son courage à deux mains, et se déshabilla devant elle. Elle nota le regard de la femme sur ses seins. Lara avait été très bien dotée par la nature, et n’avait pas à rougir de ses somptueuses formes. Le sport intense qu’elle menait avait aussi musclé et embelli ses formes, en lui donnant de magnifiques jambes, une paire de fesses galbées, et, de manière générale, une silhouette athlétique et esthétique.

Nue, elle rejoignit le bassin, frémissant au contact de l’eau chaude.

« Des légendes sur l’Amazonie, il y en a beaucoup… Si beaucoup de gens considèrent encore cette région comme une terre vierge, les recherches récentes attestent qu’il y a jadis eu une civilisation ici, développée… Je cherche à comprendre le passé de l’Amazonie, et, vu sa position centrale par rapport au continent, je me demande si l’Amazonie n’a pas été le berceau de toutes les civilisations précolombiennes, et peut-être même jusqu’aux tribus amérindiennes qui peuplent le nord des États-Unis… Voir une cité romaine ici ne manque pas de m’intéresser. »

Certains disaient que l’Amazonie était la plus vieille forêt du monde, si vieille qu’elle avait existé à l’époque où les continents terrestres ne formaient qu’un seul supercontinent, Gondwana. Lara avait le corps immergé dans l’eau à hauteur de la poitrine, et se rapprocha de la prêtresse.

« Je ne pensais pas tomber sur une cité romaine, pour être honnête, mais j’avais suivi la trace de mes parents, des archéologues… Ils cherchaient à percer le mystère de l’antique civilisation amazonienne, et, en recoupant leurs informations avec des recherches récentes, j’ai noté que cette partie de l’Amazonie était encore fortement méconnue. Je suis donc venue. »

Elle regarda la jeune femme.

« J’ignore toujours qui vous êtes, ou si vous avez un nom, mais le fait que vous parliez ma langue… Ou cette tenue fort peu romaine… Ou encore le fait de vous voir mentionner les Incas… Vous avez des contacts avec le monde extérieur, n’est-ce pas ? Je souhaiterai rester… En savoir plus sur les origines de cette colonie romaine, sur votre vie ici… Vous… Vous pensez pouvoir m’offrir l’hospitalité ? »

Puis, après quelques secondes d'hésitation :

« Par contre, je ne me baignerai pas seule, donc, vous avez intérêt à me rejoindre... »

Même si Lara avait voulu dire le contraire, Selene pensait que sa présence la dérangeait un peu quand même, ce qui ne l'empêcha pas de finalement se déshabiller pour prendre son bain. La mutante chercha à ne pas avoir l'air de reluquer son corps avec trop d'insistance, mais il était dur de ne pas regarder du coin de l’œil la magnifique poitrine donc la jeune femme était garnie, ni ses fesses qui se dandinaient quand elle descendait les marches la menant dans l'eau. Elle s'arrêta finalement de se rincer l’œil quand l'archéologue se remit à parler, pour se lancer dans des explications sur l'Histoire de l'Amérique du Sud. Selene l'écouta assez distraitement, sans savoir si elle lui parlait, ou réfléchissait tout haut, et commença à contourner le bassin, tournant au coin et longeant le bord, pour permettre à Lara de se rapprocher d'elle tout en restant immergée, afin qu'elles ne soient pas obligée d'élever la voix pour continuer à se parler.

Après ces explications, Lara en revint vers Nova Roma, et Selene, lui parlant plus particulièrement de ses recherches actuelles et de son intérêt pour sa "découverte", ainsi que de ses suspicions sur le réel isolement de la ville. C'était vrai que la langue qu'elle parlait, ainsi que ses gants et ses bottes, juraient avec une absence totale de contact avec l'extérieur. L'archéologue ponctua de manière intéressante, d'abord en demandant l'hospitalité, puis en insistant pour que la sorcière la rejoigne dans l'eau. Dire que Selene avait intérêt à la rejoindre était un peu trop autoritaire de sa part, mais la mutante ne doutait pas qu'entrer dans le bain avec elle ne manquerait pas d'intérêt.

"Mmh, peut-être un peu plus tard."

Selene répondit d'abord à l'invitation de Lara, mais l'archéologue devait avoir l'habitude qu'elle ne réponde pas à ses demandes dans l'ordre, voir qu'elle ne réponde pas du tout. Puisque la jeune femme s'était décidée à faire une remarque sur sa tenue peu authentique, la mutante passa doucement sa main sur son autre gant, faisant glisser le latex sur le latex, non sans un certain amusement.

"Oui, nous nous sommes un peu adaptés aux ressources locales, et tu n'es pas la première à arriver jusqu'à nous depuis la création de Nova Roma, il y a même eu des périodes où ça arrivait plus souvent que d'autres, si j'en crois ce que j'ai entendu."

Il était évident que, jusqu'au seizième siècle, les expéditions dans l'Amazonie étaient rares, et les chances que quelqu'un se perde jusque la ville faibles, mais, durant la colonisation, puis durant les périodes des grands explorateurs, c'était forcément plus courant. Selene en arrivait donc forcément à l'hospitalité que, ironiquement, Lara demandait, puisque c'était directement lié aux visiteurs.

"Et pour conserver notre tranquillité, nous cherchons à éviter que le monde extérieur entende parler de nous. Tu n'as donc pas besoin de nous demandez l'hospitalité, puisqu'il est prévu que tu restes."

Selene abordait ce point de la conversation aussi normalement que les autres. Même si la tournure qu'elle prenait devait moins plaire à Lara que le reste, il fallait bien qu'elle arrive au fait que Nova Roma ne souhaitait pas devenir un lieu touristique, et elle se disait que l'archéologue ne verrait pas le fait de devoir rester et celui de pouvoir rester de la même manière.

"Mais il va de soi que nous ne pouvons pas te donner la citoyenneté comme ça. Heureusement, il existe une tradition multimillénaire qui nous permet d'accueillir les étrangers parmi nous..."

La manière dont Selene faisait avancer ses propos ne menaient, de ce qu'elle pensait, qu'à une seule conclusion. Si l'archéologue connaissait un peu le fonctionnement de la société romaine, elle était peut-être déjà arrivé à la conclusion, mais la mutante allait se faire un plaisir de terminer son explication. S'accroupissant pour se rapprocher encore de Lara, elle passa doucement sa main gantée sur la joue de la jeune femme, la caressant avec un sourire réjoui, comme si elle annonçait une bonne nouvelle à son hôte.

"Ça fait un petit temps que tu me demandes qui je suis, je crois. Et bien, puisque tu es mon esclave, ça fait que je suis ta maîtresse."

L'esclavage. Bien qu'il n'avait pas entièrement disparu dans la société moderne, il n'y était plus autant présent qu'auparavant. Il fallait le dire, parmi ce qui manquait à Selene de cette période lointaine, c'était le naturel avec lequel le fait de posséder un être humain était tout à fait normal. Mais, malgré la nostalgie de la mutante à ce sujet, elle s'attendait un peu à ce que Lara accueille la nouvelle avec encore moins d'enthousiasme que le fait qu'elle ne pourrait pas repartir de la ville.

Lara avait rejoint l’eau nue pour faire plaisir à son hôte, mais, quand celle-ci indiqua qu’elle refusait d’y aller pour le moment, la jeune archéologue commença à se poser des questions. Qu’est-ce que Selene cherchait vraiment ? La prêtresse se montrait assez sensuelle, faisant crisser ses gants en les frottant ensemble, et lui expliqua que, si Nova Roma avait conservé quelques contacts avec l’extérieur, la ville souhaitait rester encore isolée. Elle se rapprocha du rebord du bassin, et Lara se rapprocha également, posant ses mains sur le rebord, curieuse de voir ce que cela impliquait. Quand la prêtresse lui caressa la joue, Lara fronça les sourcils, commençant à craindre le pire. Elle avait ce qu’on pourrait appeler un mauvais pressentiment, et, quand Selene lui annonça qu’elle était son esclave, Lara se recula nerveusement.

Dans l’Empire romain, l’esclavage était une pratique très répandue. C’était l’un des piliers de la société romaine, et les esclaves romains n’étaient pas forcément des illettrés, mais souvent des personnes impliquées dans le fonctionnement de la société, des comptables, des médecins… On devenait notamment esclaves lorsqu’on n’arrivait pas à payer ses dettes, mais c’était une pratique révolue.

« Hum… Je ne sais pas jusqu’à quel point votre connaissance du monde extérieur s’étend, mais l’esclavage n’est plus une pratique tolérée. »

Elle n’avait aucune intention d’être une esclave !

« Je suppose que vous deviez plaisanter, n’est-ce pas ? Et… Vous devriez vraiment profiter de ce bain, c’est quand même bizarre… Que vous ne rentriez pas dedans, je veux dire, et que vous ne me donniez toujours pas votre nom. »

Lara commença à se reculer, et envisagea l’éventualité de devoir se défendre. Fort heureusement, l’archéologue n’était pas totalement démunie, elle savait aussi se battre, même si elle était privée de ses pistolets. Elle se rapprocha donc de la sortie du bassin, consciente que se battre dans l’eau n’était clairement pas simple…

Selene ne put s’empêcher de s'amuser de la réaction de Lara. Même si l'archéologue commençait à se plaindre des informations que la mutante ne lui donnait pas, elle restait assez confiante, mais ce confort disparut assez vite face à cette dernière révélation. La sorcière ne fut pas étonnante que la première réaction de Lara fut de reculer et de l'avertir que l'esclavage n'était plus toléré, dans le monde extérieur. C'était tellement triste que la plupart des civilisations avaient abandonné cette pratique, au nom de quelque chose d'aussi dérisoire que les droits humain, mais les gens avaient l'air d'y tenir, et s'y raccrochaient dès que quelqu'un semblait menacer ces droits.

"C'est toléré, ici. Et je t'ai donné un nom sous lequel m'appeler. Maîtresse."

Comme Lara s'éloignait d'elle, Selene se retrouvait obligée de progressivement parler un peu plus fort pour qu'elle l'entende toujours aussi bien, et ponctua la fin de sa réplique en laissant finalement tomber sa toge, qui n'était pas le vêtement le plus pratique, dévoilant le reste de sa tenue à son invitée, un corsage et une simple culotte, dans la même matière que ses gants et ses bottes. Dans ces circonstances, ça faisait vraiment thématique BDSM, mais c'était un peu l'idée, après tout.

Lara, en s'éloignant de Selene, se dirigeait à nouveau vers le bord en escalier par lequel elle était entrée, probablement pour en sortir. La mutante la regarda un peu faire, réfléchissant à la meilleure approche. Elle pouvait toujours la poursuivre, la résistance de l'eau sur son corps la freinant suffisamment pour qu'elle puisse la rejoindre en marchant, ou éventuellement la laisser filer, pour voir comment elle se débrouillerait en courant nue dans les couloirs. Mais il était aussi possible que, une fois hors de l'eau, Lara pense qu'elle pourrait attaquer la mutante, pour regagner sa liberté. Mais, finalement, la sorcière ne satisferait pas sa curiosité en découvrant ce que l'archéologue voulait faire, elle n'avait déjà plus la patience d'attendre qu'elle arrive à sortir du bain.

"Mais ne t'en fais pas, Laracroft, ce n'est pas grave si tu ne veux pas être mon esclave."

Il y avait peut de chance que ce que Selene lui dise rassure Lara, même si elle voulait apparemment se raccrocher à l'idée que ce n'était pas vrai, que c'était une plaisanterie. La mutante tendit la main, avant de faire simplement signe de s'approcher. La sorcière n'avait pas vraiment l'espoir que la jeune femme lui obéisse, mais ce n'était pas important, puisque l'eau le fit. Alors que Lara reculait, une vague se souleva, l'entraînant d'un coup vers l'avant. L’archéologue se retrouva vite propulsée vers le bord, juste devant Selene, mais elle ne le percuta pas, comme si l'eau qui l'avait jetée en avant l'avait aussi arrêtée, à l'endroit qu'elle venait de quitter.

"Après tout, le principe de l'esclavage, c'est que ton avis n'a pas d'importance, non?"

On n'échappait pas aussi facilement à Selene, et la sorcière posa la main sur la tête de Lara, pour la pousser dans l'eau, l’empêchant de remonter. Ses doigts s'étaient resserrer dans la chevelure de l'archéologue, l’empêchant également de réessayer de s'enfuir, même si son premier essai avait dû lui apprendre qu'elle aurait du mal à le faire. Maintenant, la sorcière devait se décider du temps qu'elle allait maintenir la tête de Lara sous l'eau. C'était un coup de semonce, et l'archéologue avait été prise par surprise, et n'avait donc pas réellement pu prendre sa respiration, il était donc normal de ne pas la priver d'air trop longtemps. À vrai dire, le temps qu'elle se décide pour une durée, celle-ci serait sans doute déjà dépassée, alors la mutante finit par lâcher la pression, tirant la tête de Lara hors de l'eau, par les cheveux.

"Et non, je ne plaisantais pas."

Lara sentit le vent tourner quand la femme évoqua l’idée de l’asservir, et lui indiqua qu’elle n’avait pas à connaître son nom, mais simplement à l’appeler… Maîtresse. L’archéologue fronça les sourcils, et vit celle-ci défaire sa toge. Le vêtement tomba lentement au sol, révélant un corps magnifique dessous, engoncé dans une tenue de dominatrice en latex. Lara resta sur ses gardes, légèrement désemparée face à cette situation totalement imprévue. Elle vit la femme se rapprocher de l’eau, et, soudain, Lara sentit comme un mur dans son dos. L’eau se mit à la repousser, un courant naissant autour d’elle.

*Mais qu’est-ce que… ?!*

Elle eut à peine le temps de réagir que l’eau continua à la drainer vers la femme. Elle comprit alors que cette prêtresse était visiblement une sorcière. À force d’explorations, Lara avait rencontré bien des phénomènes que la science ordinaire ne pouvait expliquer rationnellement, bien des mystères qui trouvaient leurs origines dans ce qu’Isaac C. Clarke avait prophétisé, en expliquant selon l’une de ses célèbres lois que toute forme de technologie suffisamment évoluée est indissociable de la magie.

« A-Arrêtez ça ! »

Loin de l’écouter, la femme l’attrapa. Malgré sa fine ossature, elle avait une force incroyable, des bras en acier, et elle plongea Lara dans l’eau ! Serrant ses longs cheveux bruns, elle la plaqua sans hésitation. Perdue dans l’eau, Lara se mit à se débattre, fermant la bouche en sentant l’air lui manquer. Cependant, Lara était aussi une très bonne apnéiste, qui avait suivi des cours en apnée profonde, et qui avait exploré son lot de temples engloutis, et remonté bon nombre de rivières aquatiques. Diantre, elle avait même été jusqu’au cœur de l’océan pour retrouver une ancienne cité atlante !

Elle se concentra donc en essayant de ventiler l’air présent, et, quand la femme la retira à l’air libre, Lara aspira une grande bouffée d’air. La prêtresse s’attendait à ce que Lara soit sonnée, mais cette dernière, non seulement récupéra vite, mais contre-attaqua tout autant. Quand elle lui indiqua qu’elle ne plaisantait pas, Lara frappa avec la partie la plus violente de son corps : son coude. C’était la partie du corps où la chair était la moins présente, donnant directement sur l’os.

« Moi aussi, salope ! »

Le coup frappa la prêtresse à la joue, et Lara sentit l’eau reprendre sa constance normale. Privée du mouvement rapide de ses jambes, Lara n’en restait pas moins dangereuse, et se retourna. Elle opta pour des mouvements d’arts martiaux, un coup du tranchant de la main qu’elle avait appris lors de ses formations, le shutō-uchi. Avec le tranchant de la main, elle frappa la prêtresse à la gorge, visant la jugulaire. Le coup fit mouche, et elle repoussa ensuite la femme en latex, puis se dirigea rapidement vers la sortie.

S’attendant à tout moment à voir une armée débarquer vers elle, Lara savait aussi qu’elle n’avait plus ses armes. Elle s’extirpa de l’eau, et courut vers la sortie, essayant de mettre le plus de distance possible entre elle et la sorcière…

Selene devait le reconnaître, elle avait sous-estimé Lara. Loin de se laisser déstabiliser par ce qui venait de lui arriver, ou par la soudaine immersion, elle conserva un certain calme, pour attaquer la mutante comme elle le put. Dire que le coup de l'archéologue avait fait mal à la sorcière serait mentir, mais il l'avait surprise, et avait permit à l'esclave de s'échapper, temporairement cependant, même le coup à la gorge, qui montrait qu'elle avait appris à se battre, ne déstabilisa pas Selene assez longtemps pour qu'elle puisse faire tout le trajet jusqu'à la sortie. Même si elle avait pu mieux mener sa fuite, l'eau restait un élément qui l'avait ralentie, permettant à la mutante de réfléchir si elle allait la laisser s'échapper pour s'amuser à la chasser. La laisser se perdre et s’épuiser à courir était tentant mais, après l'avoir sous-estimée une fois, la mutante préférait limiter les options de l'archéologue, en ne la laissant pas s'enfuir.

Lara sortait enfin de l'eau, quand l'ouverture par laquelle elle comptait fuir les bains se referma, comme si la roche elle-même obéissait à la volonté de la sorcière, pour bloquer le passage de la jeune femme. Sans couloir pour partir, Lara se retrouvait bloquer dans la pièce, même si, il fallait l'avouer, Selene aurait aussi trouvé amusant de la laisser sortir, pour qu'elle se retrouve devant les autres habitants de Nova Roma.

"Allons, Laracroft, tu ne vas pas sortir dans cette tenue. Qui sait ce qui pourrait t'arriver."

En terme de tenue, Lara comptait courir nue dans les rues de la ville. Ça aurait été amusant, mais ça aurait surtout laissé la situation un peu hors de contrôle. Et si la remarque de la mutante avait rappelé à l'archéologue qu'elle avait des vêtements tout près, il était inutile pour elle de les chercher, avant de lui signaler qu'elle était nue, la sorcière les avait fait disparaître d'un geste de la main. L'archéologue les avait si docilement retiré, ce serait bête de finalement devoir les déchirer pour la remettre nue.

Maintenant que Lara n'avait plus d'échappatoire, à moins qu'elle n'essayait déjà de trouver une autre idée, Selene marchait calmement vers elle. La jeune femme savait se battre, elle chercherait peut-être à affronter plus directement la mutante mais, à présent qu'elle l'avait surprise une fois, elle n'avait pas beaucoup de chance de réussir ce tour de force une seconde fois.

"Si tu tiens tant que ça à exposer ton corps, pourquoi ne le montre tu pas mieux à ta maîtresse?"

Selene arrivait au coin du bassin, et logeait à présent le bord où se trouvait l'archéologue, semblant prendre plaisir à avancer avec lenteur, laissant le stress grandir chez la jeune femme, en faisant apparaître son approche comme inéluctable. La sorcière fixait Lara de son regard, tout en lui présentant un sourire prédateur. Des coups que lui avait donné l'archéologue, il n'y avait aucune trace. Pour le peu qu'elle avait été marquée, son corps s'était déjà remis.

"Après tout, il est normal que je vérifie la qualité de ma nouvelle acquisition, non?"

Lara allait devoir s'y habituer, c'était ce qu'elle était pour Selene. Une acquisition, une marchandise, un objet. Bien sûr, malgré le nouveau tour de force de la mutante, l'archéologue n'allait pas forcément se soumettre, comme elle ne l'avait pas fait après la première démonstration de la sorcière, mais ça faisait partie du jeu, et Selene n'avait pas fini de jouer avec la jeune femme.

Lara n’eut pas l’occasion d’aller très loin. La porte de sortie se verrouilla devant elle, et elle s’arrêta contre celle-ci, tâtant les battants, cherchant une ouverture quelconque. Courir nue n’était pas l’idéal, mais elle n’avait pas d’autres options ! Elle n’avait pas ses armes, et se retourna ensuite. Elle était surprise de voir la prêtresse avancer si vite vers elle. Les deux coups qu’elle lui avait donnés auraient normalement dû la neutraliser plus longtemps. Lara se pinça les lèvres, et regarda autour d’elle. Il n’y avait toutefois aucun objet à utiliser, et la prêtresse avançait lentement, semblant s’amuser de la réaction de sa proie.

*Merde, merde, réfléchis, Lara, tu as déjà connu pire que ça !*

Elle avait survécu à l’île de Yamatai, à quantité d’aventures dans des endroits sinistres, elle n’allait tout de même pas se laisser avoir dans une piscine ! Cependant, Lara ne voyait aucune issue particulière. Elle était piégée, sans arme, sans objet, face à une sorcière qui semblait dotée de grands pouvoirs. Lara regarda donc autour d’elle.  Il y avait sa toge et ses sandales, mais, au-delà de ça, la salle de bains ne comprenait aucun objet qu’elle puisse utiliser comme arme par destination.

« Je ne suis pas ton esclave, salope ! »

Lara se décida donc à bander les muscles, restant hors de l’eau, tandis que son adversaire se rapprochait lentement…

Quand l'ouverture se ferma sous ses yeux, Lara chercha d'abord un moyen de l'ouvrir. Elle espérait peut-être que Selene l'avait fermé à l'aide d'un mécanisme, qu'elle aurait pu déjouer, mais c'était du temps perdu. En même temps, elle n'avait rien d'autre à faire de ce temps, quand enfin elle se décida à chercher autre chose, elle se contenta d'essayer de trouver quelque chose d'utile dans son environnement, ce qui ne fut pas plus fructueux. La seule solution qu'elle trouva, donc, ce fut de se préparer à se battre, attendant que la mutante arrive à portée. Ça semblait tellement désespéré que Selene ne put s’empêcher de rire en la voyant, la pauvre avait beau prétendre qu'elle n'était pas l'esclave de la sorcière, elle s'accrochait vraiment à de faux espoirs pour tenter d'y échapper.

"Tu ne manques pas d'énergie, Laracroft, c'est dommage que tu la gaspilles inutilement. Je pourrais te trouver de meilleures façons de l'employer."

Pendant que Lara attendait que Selene arrive à portée d'une attaque, ce qui devenait interminable, des mains lui attrapèrent les chevilles. Se soumettant à la volonté de la mutante, comme si il était aussi malléable que de la pâte à modeler, le sol sous l'archéologue l'avait tout simplement attrapée, avant de la tirer vers le bas, ses pieds s'enfonçant dans le marbre, s'y retrouvant prisonniers. La jeune femme prévoyait sans doute de commencer son attaque par un coup de pied, ce serait le premier coup ayant la portée pour toucher Selene. Mais ça allait à présent lui être difficile, à moins qu'elle ne soit capable de fracasser le sol en morceau pour se libérer mais, la mutante aimant à penser que Lara l'avait frappée aussi fort qu'elle le pouvait tout à l'heure, elle doutait que ça soit envisageable. La jeune femme allait devoir attendre que la sorcière soit à portée de ses poings, elle ne pouvait même plus faire un pas en avant en frappant, pour l'attaquer plus tôt.

Les mains de Lara étaient donc la nouvelle préoccupation de Selene, et deux tentacules de marbre sortirent du sol pour attraper les poignets de l'archéologue. Bien sûr, à présent qu'il était clair qu'elle devait se méfier de la pièce elle-même, elle se concentrait un peu plus sur ce qui lui tombait dessus, mais elle devait faire avec une mobilité limitée alors, à part agiter les bras et le torse pour retarder l'inévitable, elle ne pouvait que se faire immobiliser. Ne perdant pas son sourire, Selene détourna finalement le regard de sa victime, passant à coté d'elle comme si elle l'ignorait.

"Magnifique fessier."

Quand Selene se trouva derrière la jeune femme, sa main gantée se posa sans aucun scrupule sur les fesses de Lara, glissant dessus en les caressant, avant de les pétrir, puis de se promener à nouveau sur la croupe. Lara tenait vraiment à se battre pour gagner sa liberté et Selene avait proposé de vérifier la marchandise. L'une d'elles avait obtenu ce qu'elle voulait.

"À la fois doux et ferme, et d'une sublime rondeur."

Après sa petite inspection, la main de Selene se leva pour s'éloigner des fesses de Lara, leur accordant une petit pause, avant de les frapper, claquant dessus en laissant une belle marque rouge.

"Et un son plutôt agréable."

Lara ne comptait pas se laisser faire, et était prête à vendre chèrement sa peau contre cette magicienne ! Toutefois, alors qu’elle s’attendait à de nouveaux tentacules aqueux, le sol se déforma brusquement sous ses pieds. Médusée, elle se sentit s’enfoncer dans le sol, et vit le marbre se distendre, devenant flasque, absorbant ses pieds, avant de revenir dur. Au même moment, des tentacules jaillirent du sol, et s’enroulèrent autour de ses bras, venant les immobiliser. Lara grogna sur place, tandis que la prêtresse se rapprocha.

*Merde… Mais qu’est-ce que c’est que cette nana ?!*

Ses pouvoirs lui permettaient visiblement de modifier la matière. Lara avait beau se débattre, ses bras étaient bloqués dans du marbre, tout comme ses pieds, et elle n’avait pas de force surnaturelle pour les percer. Prenant son temps, marchant d’une démarche sensuelle, son adversaire se glissa alors dans son dos. Elle palpa ses fesses, et Lara frémit, davantage de dégoût que d’autre chose.

« Ne me touche pas, salope ! » vociféra-t-elle.

Ne semblant guère gênée par cette déclaration, la femme commenta son « magnifique » fessier. Lara frémit encore. Ce n’était pas la première fois qu’on cherchait à abuser d’elle, mais, généralement, elle ne se trouvait pas prisonnière dans du marbre. Autant dire que ses options étaient plutôt limitées ! Elle était tout simplement prisonnière, et grogna quand la femme se mit à la gifler, faisant claquer sa main gantée sur son postérieur.

« Lâche-moi, dégage, sale pute ! »

Le flegme anglais de Lara était bien éloigné, sa colère la faisant plutôt ressembler à une Française… Mais elle ne voyait aucune solution. Elle forçait encore sur les tentacules pour retrouver l’usage de ses bras, mais cela ne changerait rien à ses pieds, piégés dans le marbre. La situation était désespérée, et elle se retrouvait entre les mains d’une déséquilibrée !

*J’aurai dû me méfier dès le début…*

Inutile toutefois de se sermonner, car cela ne changerait tout simplement rien à sa situation actuelle !

Même si la situation semblait à présent réellement sans issue pour Lara, celle-ci ne perdit pas de sa combativité, ni de sa verbe. C'était sans doute parce qu'elle n'avait plus que ça pour encore résister, une vulgarité qui faisait presque oublier l'archéologue polie du départ. Toute cette énergie gaspillée, c'était un peu dommage, mais ça agrémentait un peu l'inspection de Selene

"Allons, Laracroft, tu devrais essayer de t'habituer à être touchée."

Posant un doigt sur le dos de Lara, dans le creux de ses reins, Selene le fit descendre, suivant la raie des fesses en ne faisant que l'effleurer. À la manière dont elle répondait à la jeune femme, elle donnait l'impression que sa rébellion et ses insultes ne faisaient qu'amuser la mutante.

"Parce que je ne pense pas t'apprendre quelque chose en te disant que, quand on voit une esclave comme toi, on ne se dit pas qu'elle sera parfaite pour faire la cuisine ou laver les sols."

Selene arriva à l'autre bout de la raie de fesses de Lara. Si elle continuait de suivre en ligne droite, elle passerait entre les cuisses pour atteindre son intimité, mais elle préféra dévier, dessinant la courbure de la fesse, avant de remonter en caressant son flanc.

"Non, on se dit que tu conviendras plutôt pour la satisfaction sexuelle."

La main de Selene quitta le corps de Lara, pendant qu'elle passait à coté de sa main entravée. La mutante vint se placer dans l'angle de vision de l'archéologue, restant malgré tout sur le côté. Dans sa situation, Lara pouvait quand même remuer un peu, mais la seule manière que la sorcière voyait pour qu'elle puisse encore l'attaquer, c'était un coup de boule si elle passait à sa portée. Même si ça n'aiderait pas Lara, Selene préférait quand même éviter de lui en donner l’occasion, qu'elle ne se remette pas à penser qu'elle avait encore la possibilité de s'en sortir.

Selene passa la main sous l'un des seins de Lara, le soupesant en l'observant, affichant un sourire prédateur à l'archéologue.

"Et, clairement, c'est ceci qui fait de toi une esclave de première qualité."

Comme pour la fesse de Lara, Selene commença à inspecter son sein, le malaxant, le caressant, le parcourant. La jeune femme devait le savoir, elle avait de gros seins. Selene en avait déjà vu de plus gros, cela dit, mais, même si elle n'était pas contre, ils en devenaient proportionnellement un peu ridicules. Ceux de Lara semblaient s'être rapproché le plus possible de cette frontière de la disproportion, sans la traverser. La mutante finit par arriver au téton de l'archéologue, passant d'abord dessus comme si elle ne le remarquait pas, avant de revenir dessus, puis de jouer avec. Finalement, la sorcière finit par le pincer et tirer dessus, étirant le sein, le gardant quelques secondes dans cet état, avant d'enfin le relâcher.

"Comment as-tu fait pour qu'ils deviennent aussi volumineux?"

La main de Selene, qui était restée à quelques centimètres du sein après l'avoir relâché, claqua finalement dessus, laissant la mutante en apprécier le son, comme pour le fessier, qui sembla lui convenir.

"De la première qualité. C'est vraiment dommage que ton attitude ne convienne pas à ton nouveau statuts."

Lara soupirait doucement, prisonnière, et subissait les attouchements de la prêtresse. Ses gants en latex glissaient sur ses fesses, et elle grogna quand le doigt de la prêtresse fila entre ses fesses, caressant sa raie. Elle frotta sa croupe avec appétit, et Lara se pinça les lèvres, se tortillant encore sur place. La jeune aventurière ne pouvait pas faire grand-chose, et remuait ses mains. Insulter encore la prêtresse ? À quoi bon ? Elle ne ferait que gaspiller son énergie, d’autant que cela semblait plutôt amuser la femme. Elle glissa contre sa raie, jusqu’en bas, frôlant ses lèvres intimes, et remonta alors sa main. Elle caressa encore sa hanche, la complimentant sur sa beauté. Lara grogna encore, se rappelant vaguement cette bande dessinée belge, « Coke en stock », où un esclavagiste examinait les dents d’un esclave noir sous les yeux d’un capitaine Haddock rendu totalement fou furieux.

Elle se déplaça ensuite à côté d’elle, et Lara grogna encore, avant que la main gantée de la prêtresse ne vienne palper son sein. Elle grogna donc. Lara était effectivement très belle, et sa pratique sportive intensive n’avait fait qu’enjoliver ses formes très agréables. Si son père avait été un Lord anglais, sa mère, elle, avait un type latin dont Lara avait clairement hérité. Cheveux bruns, peau légèrement bronzée, elle tenait beaucoup, sur le plan physique, de sa mère, Amélia Croft. Lara grogna en sentant la main jouer avec son sein, et, quand la prêtresse le pinça, elle soupira alors.

« Han ! »

Son corps commençait à la trahir, et Lara soupira à nouveau, s’efforçant de ne pas regarder le corps de la prêtresse, et de mettre dans son regard toute l’agressivité dont elle était capable en croisant les yeux de la prêtresse. Le crissement du latex emplissait la pièce, résonnant à ses oreilles comme une chaude symphonie. Elle grogna ensuite quand la prêtresse lui indiqua qu’elle était une mauvaise esclave… Et répondit en lui crachant à la figure.

« Je suis une aristocrate, mon père était un Lord anglais, et j’abhorre l’esclavage ! Arrête cette plaisanterie tout de suite, sale sorcière ! »

Elle luttait contre cette vague de plaisir qui remontait dangereusement en elle, compensée par une vague de répulsion à l’encontre de cette femme… Mais elle était bien prisonnière, et elle savait que, plus elle résisterait, et plus elle risquait de souffrir. C’était toutefois plus fort qu’elle, elle ne pouvait quand même pas se laisser faire comme ça !

Pendant que Selene jouait avec son sein, Lara lui offrit le plaisir d'un soupir, qui dénotait sur son attitude jusqu'ici réticente. La chair est faible et, si les fesses de l'archéologue avaient bien résisté à ses caresses, il semblait que les tétons de la jeune femme pouvaient être un de ses points faibles. La mutante se disait qu'elle pourrait bien s'amuser encore un peu, voir Lara tenter de résister alors que son corps la trahissait pouvait se révéler divertissant.

Et pendant que Selene réfléchissait à attendre avant de passer à la suite, pour laisser Lara profiter un peu plus de son "inspection", l'archéologue s'offrit le loisir de lui cracher dessus. Décidément, elle se rebellerait jusqu'au bout, et les déclarations qui suivirent expliquaient peut-être pourquoi. Elle était anglaise, ça expliquait qu'elle soit obstinée. Ces gens ne savaient tout simplement pas comment suivre le courant.

"Aristocrate? C'est ce qui explique tes gros seins ou tes mauvaises manières?"

Lara avait précisé que son père était un Lord. Comme les Anglais n'étaient pas du genre se débarrasser de leurs institutions, même les plus dépassées, ça voulait probablement dire qu'il était mort. C'était peut-être heureux pour lui, dans un sens, parce que si il entendait le langage qu'utilisait sa fille, il en ferait tomber son monocle en disant "Shoking!". Après, il avalerait sans doute aussi son cigare de voir comment la mutante s'amusait du sort de sa fille, mais c'était une autre histoire. Le plus incompréhensible pour Selene, c'est que Lara évoquait ses origines comme une raison de détester l'esclavage. Lors de la conquête du Nouveau Monde, la majeure partie de l'aristocratie anglaise s'était enrichie dans l'import/export d'Africain, il y avait peu de chance que la fortune familiale de l'archéologue ne provienne pas, en partie, de l'esclavage.

Doucement, Selene passa devant Lara, essuyant le crachat d'un geste de la main, en lui souriant. Tout comme les insultes, ce geste de défi ne semblait pas l'avoir réellement affectée, ou au contraire avait pu l'amuser. Elle arriva de l'autre coté de l'archéologue, et attrapa son autre seins, commençant à le tâter, comme elle l'avait fait pour le premier.

"Tu penses toujours que c'est une plaisanterie, Laracroft? Moi qui pensait m'être montrée suffisamment sérieuse..."

Selene explora un peu le sein de Lara, mais ne pouvait au final que constater qu'il était assez semblable à l'autre. Elle le caressa quand même, mais arriva plus vite que la dernière fois au téton de l'archéologue, celle-ci ayant montré la plus forte réaction quand la mutante lui avait pincé l'autre. Et la sorcière lui fit subir le même sort qu'à son jumeau, si la jeune femme était sensible de ses pointes, Selene allait bientôt le savoir.