The Multiversity

La première rencontre avec une change-forme avait excité et frustré le couple. Ce dernier, après avoir consommé leur union, s’était littéralement uni pour donner vie à leur forme unique : le Démon-Dragon de Bronze. Un dragonoïde contrôleur de foure aux écailles de bronze.

Il n’avait pas fallu longtemps pour que, après s’être envolé et quitter la forêt d’où ils étaient arrivés dans ce monde, le couple sous la forme du Démon-Dragon trouve un petit village. Il devait y avoir une centaine d’âmes au-dedans. Du moins, il y en avait avant que les pattes du Démon-Dragon s’enfoncent dans la terre au carrefour central de ce village. Comme le voulait ces légendes où les démons apparaissaient pour signer un pacte. Excepté que personne n’avait appelé le monstre à écailles de bronze.

Ce fut un carnage. L’annihilation totale de toute vie dans ce village. Hommes, femmes, enfants et vieillards. Même les animaux domestiques y étaient passés. Le Démon-Dragon de Bronze n’avait pas espéré beaucoup de résistance. Mais il aurait aimé quelques vieux soldats à la retraite capable de quelques passes d’armes et/ou d’actions vicieuses pour le stimuler. Mais rien. Et, pourquoi ce carnage ? Parce que c’était inscrit dans son ADN fusionné. Et parce que c’était un test. Un entraînement. Autant pour le Démon-Dragon de savoir si son corps réagissait comme dans le Cercle de l’Enfer. Mais aussi de juger la résistance adverse. Et elle était nulle.

Le Démon-Dragon de Bronze cessa. Orgueil et la Reine Nnezz étaient à nouveau séparés.

Reine Nnezz : « Je me sens beaucoup mieux, mon époux ! Rien de tel que de faire couler le sang pour me remonter le moral. »

Orgueil : « … »

Reine Nnezz : « Mon époux ! Tu penses encore à elle n’est-ce pas ? Viens. Regarde-moi dans les yeux. Je devrais être la seule femelle qui peuple tes pensées. Tiens, délectes-toi de ce baiser. »

Il se laissa faire et l’embrassa. Sa main vint se poser dans son dos qui était à nu. Nulle armure noire comme sur les bras et les jambes de la Reine. Rien qu’un corps d’élémentaire de lave. Et pourtant, nulle blessure. Orgueil ne craignait pas les brûlures du feu vorace.

Reine Nnezz : « Je m’en vais taguer un peu ces murs. Je vais écrire de mon toucher brûlant : Mort au Clan Viscarion. Ca te va, mon époux ? »

Orgueil : « Bien sur. Il faut que ce monde apprenne à nous connaître. Il faut que le Clan Viscarion sache qu’il vit sa dernière année. Ma Brûlante ! »

Reine Nnezz : « Quoi ! Qu’est-ce qu’il y a ? »

Orgueil : « Une visiteuse. Par la voie des airs. »

Reine Nnezz : « Comme l’autre ! Je peux la tuer avant qu’elle se transforme en dragon. Laisse-moi la tuer, mon époux ! »

Orgueil :« Non. Laisse-moi l’accueillir. »

Celle qui se ferait alors connaître sous le nom de Sélipa atterrit non loin du carrefour où le Démon-Dragon de Bronze avait laissé de belles empreintes. Orgueil croisa les bras et plongea son regard dans le sien. Il ne cillait pas. Il ne disait rien. Et il paraissait menaçant alors qu’il n’était pas armé. Contrairement à cette femme de feu qui, après avoir tagué un mur « MORT AU CLAN VISCARION » d’une maison en train de brûler, faisait réapparaitre son armure de fer noir sur son bras et faisait ensuite apparaitre sa fine épée. Elle vint se placer en silence un pas devant l’homme. Pas devant, sur le côté. De sorte qu’elle laissait le beau rôle à Orgueil mais s’affichait comme son bras armé.

Cette planète est immense, et ce n'est décidément pas qu'une impression ! Tu en veux pour preuve ta capacité de voler qui ne te suffit pas à en faire le tour. L'océan t'as paru infini la dernière fois que tu as entrepris de le survoler dans ses grandes largeurs. Du côté de la terre, ce n'est pas plus facile, non. Forêts, plaines, déserts, vallons et montagnes se succèdent en une boucle interminable. Si tu avais le pouvoir de survivre dans l'espace, tu en aurais profité pour observer cette giga planète depuis tout là-haut. L'ennui, c'est qu'il n'en est rien ; tu as beau être une Saïyajin, tu n'en restes pas moins une mortelle comme les autres. Plus résistante, certes. Plus compétente aussi, probablement. Mais tu as besoin d'air pour survivre, de te remplir le bide pour conserver tes forces et de forniquer à diverses occasions pour ne pas paraître trop exécrable.
...Quoique ?
Une guerrière facile à vivre relève du mythe.
Voilà ton avis sur la question.
Alors que tu sillonnes les cieux, ton scouter entre en alerte ! Des symboles s'affichent sur ta lunette verte. Une présence faramineuse ; une seule force en action. S'il y en a d'autres en mouvement à côté, ton appareil n'a même pas pris la peine de les calculer tant elles doivent être insignifiantes en comparaison. Ton regard se tourne alors vers une colonne de fumée. Le lieu de la bataille, sans aucun doute possible!

- Enfin quelque chose d'intéressant !

Tu t'élances dans la direction choisie. Une détonation retentit dans ton dos, soulignant ton bruyant départ. Une aura rosée entoure ta musculeuse silhouette. L'air glisse dessus sans jamais pouvoir atteindre le grain de ta peau. Ta posture est aérodynamique. Tu te retrouves avec une vision en tunnel. Tout flouté, le paysage défile de tous les côtés. Il ne te faut que très peu de temps pour arriver à destination mais, malheureusement, c'est déjà trop tard : la puissance qui se trouvait là s'est comme évaporée...
Ça ne tient pas debout.
Tout en contemplant ce qui ressemble fort aux ruines d'un village, tu tritures distraitement ton oreillette. Au bout d'un moment, il t'annonce la proximité de deux nouvelles puissances. Elles ont beau être inférieures à la première disparue, celles-ci éveillent tout de même ton intérêt.
Faisant fi des corps calcinés, démembrés et brisés, tu brises la distance qui vous sépare. Ce n'est que lorsque tes pieds bottés touchent la terre meurtrie que tes prunelles mauves se posent sur le duo. Un homme en manteau blanc et aux cheveux gris accompagné d'une... femme ? Sa silhouette y prête à penser mais son corps, étrangement, ne semble pas fait de chair mais de métal et d'un condensé de feu liquide.
D'un regard torve, tu jongles entre ces deux créatures diamétralement différentes.

- C'est que vous m'avez l'air d'avoir foutu un sacré bordel, entonnes-tu avec un vicieux petit sourire.

Cela se remarque tout de suite : ce massacre n'est pas le premier sur lequel tes yeux mauvais se sont posés.

- J'imagine qu'à tout hasard vous n'auriez pas croisé un type plus costaud que vous deux dans les parages ?

Les poings sur les hanches, tu promènes ton regard sur le paysage dévasté. Un gros tag orne la façade d'une maison en proie aux flammes. Ce qui y est inscrit ne te dit absolument rien. Simplement, tu te dis qu'il était probablement question d'un règlement de compte entre quelques larves impotentes et cette force incompréhensible qui s'est éclipsée comme par magie...
Tu pousses un soupir désabusé.

- C'est bien ma veine, tiens ! Je me précipite jusqu'ici pour tomber sur quoi ? Une chaudasse bardée de ferraille chaperonnée par une belle petite gueule d'ange ! Cette planète est décidément pleine de mystères...

Que comptes-tu faire, au juste ? Te charger de ces deux-là ?
Tu n'en es pas vraiment sûre... ils te font vaguement penser à des pillards.
Quel intérêt peut-il y avoir à zigouiller ces potentielles raclures opportunistes ?
En tout cas, ce n'est pas sûrement pas la peur qui t'empêche de les prendre d'assaut.
Un désintérêt, à la rigueur...

Quel étrange harnachement pour une femme qui vient de descendre du ciel. C’est la première réflexion d’Orgueil tout de suite suivi par l’étrange coïncidence avec leur dernière et première rencontre sur ce monde. Très vite, l’esprit d’Orgueil en vient à une conclusion. Cette femme n’est pas la même que la précédente. Celle-ci semble pouvoir voler sans avoir besoin de transformation. Son regard se penche alors sur la queue entourée autour de son bassin.

Reine Nnezz : « Je crois qu’elle m’énerve, mon époux. Mais je ne sais pas si c’est parce qu’elle te trouve séduisant. Ou si c’est parce qu’elle se tient devant nous comme si elle avait la puissance de nous vaincre tous les deux. J’ai pourtant l’impression que nous avons éparpillés des preuves ici et là, non ? »

Orgueil : « … »

Eparpiller. Ce n’était pas une formule littéraire. Il y avait littéralement des morceaux d’un même corps à plusieurs endroits. Et pas que d’un corps. C’était un véritable carnage.

Pendant ce temps, Orgueil réfléchissait. Cette nouvelle venue était suffisamment confiante dans sa puissance. Ce qui en faisait une personne à jauger avec une prudente mesure. Orgueil se savait bon à combattre. Mais il n’y excellait pas. Sa meilleure arme, sans compter son intellect, se trouvait être sa femme qui le défendait. Et s’énervait.

Reine Nnezz : « La chaudasse, elle va te cramer la gueule si tu approches espèce de, espèce de quoi d’ailleurs ? T’as tué une espèce de singe et tu portes sa queue comme un trophée ? Et si tu tues un être humain, tu lui prends aussi sa queue ? Et tu en fais quoi ? Un collier ? »

Orgueil : « … »

Cette queue de singe autour de sa taille. Orgueil se demandait, en se basant sur Shad, si ce n’était pas une sorte d’hybride elle aussi. Est-ce que toutes les femmes de cette planète étaient capable de transformation ? Une théorie qui demandait à avoir sa réponse. En attendant, il fallait gérer cette femme. Mais Orgueil préférait attendre encore un peu. Quelque chose qu’il avait vu lui soufflait à l’oreille qu’elle n’était peut-être pas destiné à mourir dans ce charnier à ciel ouvert ? Soudainement ça lui revint : elle avait répondu avec une sorte de vice dans son sourire. Qui plus est, maintenant qu’il y pensait : elle n’était pas dégoûtée par les entrailles qui pourriraient au soleil. Tout comme elle ne souffrait pas d’un syndrome d’héroïsme. Non, elle était autre chose. Et Orgueil commençait à se demander s’il devait la classer dans la catégorie de sérieux ennemis à abattre sans plus tarder. Ou dans celle d’alliés prometteuses.

Reine Nnezz : « Nous on connaît pas ce monde. Mais je peux te jurer que si tu continues à ouvrir ta grande gueule comme ça, je vais te priver de ton seul œil fonctionnel ! »

Orgueil : « … »

Aux yeux de la reine, le dispositif de lecture de puissance de la saiyanjin était comparable au port d’un monocle. Une faiblesse affichée. Elle ne savait pas. Par contre, elle leva son épée pour se positionner en posture de combat. Elle déplaça également le fer noir au bout de ses doigts. Avec un sourire sadique, elle se plaisait déjà à imaginer laisser des sillons brûlants dans cette espèce de lingerie étrange aux vagues allures de plastron défensif.

Lorsque la brûlante femelle se met à jacasser, tu lèves un sourcil intéressé.
Nous avons éparpillé des preuves ici et là.
Alors ceci est leur œuvre à tous les deux ? Des opportunistes sans testicules n'auraient pas eu l'audace d'une telle franchise.
Ton regard s'accroche à celui du mâle, qui n'a toujours pas pipé mot et qui semble t'évaluer.
En vue de quoi ? Je ne vais sans doute pas tardé à le découvrir.
Un homme mutique. Une femme allumée autant de corps que d'esprit.
Celle-ci ne tarde pas à te balancer une pique, faisant référence à ta queue de singe qu'elle ne voit que comme un simple accessoire de décoration. Attribut simiesque qu'elle compare vulgairement à une verge humaine.
Elle n'a jamais entendu parler des saïyen. Tant mieux ! Cela lui fera une mauvaise surprise.
Tu souris. Un rictus agaçant, oui. Le genre qui se dessine sur tes lèvres quand on te met au défi de commettre une saloperie.
Inutile de parler : la bouillonnante cruche parle pour deux. Et, contrairement à son compagnon, elle ne tarit pas d'informations !
Tout comme moi, ils ne proviennent pas de ce monde. Et en plus de ça, il ne sont pas familiers avec la technologie. En somme, des têtes brulées encore plus ignares que moi. Comme c'est mignon, hein ?
Tu lèves fièrement le menton, te fendant d'une expression encore plus suffisante qu'à l'accoutumée. La chaudasse vient tout juste d'adopter une position de combat. Une épéiste, donc ? Et pourquoi pas !
Au moins, tu ne te seras pas déplacée jusqu'ici pour rien.
Presque rien, c'est toujours un peu mieux que le néant.
Tu jubiles.

- Elle est plutôt marrante, ta poupée ébouillantée, dis-tu à l'attention du "pas bavard". Ça ne doit pas être facile tous les jours de devoir la supporter. Est-ce que c'est toi qui l'a fabriquée ? A partir de quoi, au juste ? Laisse-moi deviner ! (Tu lèves un doigt comme pour l'empêcher de t'interrompre. Un geste tout à fait ironique étant donné le personnage.) Une allumette, quelques débris de ferraille, de l'huile et un chaudron ? Ouais ! Vu comme ce monde est étrange, ça me semble être la bonne recette.

Mains sur les hanches, tu hoches la tête à toi-même.
Puis, sans préambule, tu lèves la main droite, présentant le dos d'un index et d'un majeur collés à tes ennemis.
Ceux-là n'ont pas le temps de comprendre le sens de ce mouvement que le sol s'ouvre sous leurs pieds et qu'un geyser d'énergie les happe tout cru !

- Il est l'heure de danser, les amoureux !

Orgueil n’aurait pas interrompu Sélipa. Cette dernière n’avait pas besoin de lever un doigt pour l’interrompre. S’il réagissait à la moindre pique, il n’aurait jamais atteint ce monde aujourd’hui. La patience est son point fort. Et vivre avec la Reine Nnezz lui permet de s’entraîner au quotidien.

Reine Nnezz : « La salope ! »

Orgueil : « … »

Bien entendu qu’elle n’a pas aimé être l’expérience bizarre fait à partir de merdes ramassées ici et là. Et bien évidemment que ça la frustre ! Que ça l’énerve ! Elle n’a jamais été réputée pour être quelqu’un de stable. Elle, rester toute la journée le cul enfoncé dans un trône ? Hors de question !

Reine Nnezz : « Bordel ! »

Une attaque sismique. La Reine se doit d’esquiver et de recul… NON ! Ce n’est pas cette pétasse tueuse de singe qui va l’acculer contre un mur. Et puis elle en a rien à faire de ce village ! Certes, ça réduit à néant les messages qu’elle a gravé de ses doigts de lave dans les murs. Tant pis. Elle recommencera dans le prochain village.

Reine Nnezz : « Je te jure que tu vas le payer, toi ! Viens par là que je te brûle la gorge ! Tu cesseras enfin de dire n’importe quoi ! »

La guerrière à l’épée est faite de lave et de fer noir. La terre est son élément. Elle provient d’un monde où le Chaos est loi. Craqueler la terre et faire jaillir la pression contenue sous leurs pieds ? C’était un jeu qui la divertissait quand elle était gamine ! Alors elle progresse sur les débris, aussi légère que le vent. Elle se rapproche de la guerrière et tente de lui ouvrir la gorge de la pointe de son épée. Raté.

Sa main dépourvue de son arme pénètre son torse. Il devrait y avoir un cœur à cet endroit. Mais rien. La Reine ne tressaille pas. Tout cela ne dure qu’une fraction de seconde. Puis sa main jaillit à nouveau pour balancer quelques gouttes intenses de chaleur vers la grande gueule ! Pour lui cramer la gueule.
Hum ? Qu’y a-t-il ? Une remarque pertinente concernant l’absence d’Orgueil dans les dialogues. Effectivement, même quand il n’a rien à dire, cela se manifestait par trois points de suspension. Bien noté. Orgueil a tout simplement disparu. Il a profité de la combinaison entre l’attaque sismique et l’exubérance de son épouse pour se dissimuler. Actuellement, il est patiemment adossé contre le mur d’une maison qui a tenu debout. Il observe. Et il lui fait confiance. Si tout se passe bien, il n’aura pas à intervenir. En attendant, il la détaille de la tête aux pieds. En passant par ses attributs féminins et ce drôle de monocle sur son visage. Et… il n’y a pas grand-chose à observer. Si ce n’est une sorte de lingerie donnant des allures d’armure : leur adversaire est plutôt nu. Mise à part cette chose qui occupe autant son oreille que son œil. Un artefact ? Quelque chose qui lui permet d’entendre et de voir ? Mais quoi ? Orgueil est intrigué.

Oh ! Alors comme ça la grognasse a su résister à ton attaque. Mais c'est qu'elle en deviendrait réellement intéressante, la bougresse, à force de bravades ! Tu la regardes voltiger, sautiller de débris volant en débris volant dans l'espoir de parvenir jusqu'à toi. Elle ne manqua décidément pas de toupet, celle-là ! Ses flammes lui sont montées à la tête ?
Assez avec ces bêtises.
Ton talon droit se décroche légèrement du sol. Ton buste s'incline. Tes yeux évaluent la distance qui vous sépare...
Au premier coup d'épée, tu te dérobes. La lame te frôle le visage et s'étire dans le vide. C'est alors que tu remarques cette main postée un peu en retrait, menaçante comme une serre, qu'elle s'apprête à te planter en plein thorax.
Une attaque mortelle, expéditive, à laquelle tu te soustrais d'une vive contorsion du buste.
Sa colère est enivrante.
Enfin, le troisième geste. Moins professionnel, celui-ci, ! Il s'axe autour d'une éclaboussure ardente.
Cette catin volcanique cherche à m'aveugler.
Pas d'esquive, ce coup-ci. Tu lèves une main gantée pour faire opposition aux gouttelettes sulfuriques. A leur contact, la surface de ton accessoire de combat fume.

- Je confirme, grognes-tu.

En gesticulant autant, elle t'a ouvert sa garde en grand ! Tu te décales le strict nécessaire pour la frapper au flanc. Un crochet suivi d'un direct de la main opposée. Ba-bam ! La seconde percussion bien plus appuyée que la première, notamment. Avec, pour faire bonne figure, une fine protection de ki à peine discernable autour de tes phalanges déjà protégées. Dans le fond, tu ne sais pas trop à quoi tu t'exposes en titillant la colère de cette femme, alors mieux peut-être vaut ne pas trop tirer sur la queue du diable, hein ?

- Une putain de chaudasse en mal d'affection !

Ses jambes sont faites de métal ? Parfait ! Après avoir fait un rapide tour sur toi-même, tu balayes ses appuis.
Regarder tes adversaire de haut, c'est un peu ton... péché mignon, non ?

- Alors, où est planqué ton petit copain ?

En bidouillant ton oreillette, tu lui laisses l'occasion de s'en remettre, à cette greluche. Mais quelle sollicitude de ta part ! Le Scouter émet alors quelques bips révélateurs en présence de l'homme qui s'est caché derrière une maison. Ton regard se tourne nonchalamment vers la source d'énergie, précisément chiffrée sur ta lunette colorée.

- N'as-tu pas honte ?

Pas de pitié pour les lâches ! Ta main tendue crache une déferlante de ki qui annihile la maison et celui qu'elle "protège". Il n'en reste plus rien au beau milieu de cette longue tranchée de terre fumante et retournée.

- Alors c'est elle qui porte la culotte, c'est ça ?

Quelle va être sa réaction, à la dulcinée ?

Que l’autre soit bonne au combat est une chose. C’est même une très bonne chose après la frustration accumulée pour ne pas avoir rencontré de résistance. Et puis, il fallait au moins qu’elle survive quelques dizaines de secondes après avoir fait étalage de sa grande gueule. Mais là… MAIS LA !

Reine Nnezz : « MON EPOUX ! »

Orgueil : « Je vais bien. »

La voix masculine n’est toujours pas affolée bien qu’elle soit obstruée par des débris. Ce qui signifie qu’il a survécu à l’attaque à distance après avoir été repéré. Deux informations importantes. Bien que ce soit surtout la seconde qui intéresse Orgueil. L’appareil sur l’œil permet donc de repérer les présences vivantes. Un terrible fléau pour celui qui excelle dans les ombres. Et ce n’est pas la peine d’en parler à son épouse. Il n’y a qu’à voir l’état de son corps…

Reine Nnezz : « Tu commences sérieusement à m’énerver… »

Orgueil : « … »

Bon, mettons en pause un instant cette bagarre pour lever la tête vers le ciel. Vers le Soleil. Et je ne veux pas d’interruption comme quoi ce soleil n’est pas forcément LE Soleil. On s’en fiche ! Imaginer la boule de lave. Rapprochez-vous. Vous voyez ces sortes « d’éclaboussures » qui jaillissent de son corps ? Parfait. Conservez cette image en tête. Reposez les pieds sur le sol de cette ville dévastée. Et superposez-la au corps de l’élémentaire de la lave. Cela vous donnera une idée d’à quel point son corps est à la limite entre un état liquide et solide. Et surtout, à quel point la colère devient rage.

On peut se foutre de sa gueule. Mais on n’insulte pas son époux !

Reine Nnezz : « … »

Orgueil : « … »

Voyez ? Elle ne perd plus de temps à parler. Son torse s’ouvre et crache une giclée de lave qui monte. Qui espère faire fondre cette armure ridicule. Qui veut dévorer cette chair à nue. Et même si cela n’arrivait pas, cette matière brûlante reviendrait faire corps avec la Reine qui est déjà debout. Pas de salto périlleux ou de sensationnelles acrobaties. Elle se relève en poussant sur la paume de sa main. Au-dessous, la terre a noirci et fondu… Elle est debout après avoir pris appui sur sa fine lame mortelle.

Reine Nnezz : « Tu veux faire durer le plaisir, salope ? Très bien. J’abandonne la mise à mort pour la torture. »

Orgueil : « … »

Un petit projectile noir fuse vers l’œil appareillé de la guerrière ! Un modèle miniature d’un carreau d’une arbalète de poche. Ce n’est pas une flèche ordinaire faite d’acier. Si noir qu’elle semble avoir été forgé dans le ventre d’un volcan. Le scénario parfait ? La guerrière est énucléée. Mais le timing est suffisamment parfait pour au moins provoquer la destruction de l’appareil. Orgueil a su sortir des décombres. Profiter de la rage de sa Brûlante et saisir l’opportunité parfaite de son attaque pour y combiner la sienne.

Ce qui lui permet de disparaître et de laisser la guerrière faire face à la furie de sa femme. Sa forme est moins féminine. Plus monstrueuse. Même son armure de fer noir perd sa composition de répétitions d’écailles. Ça devient une sorte de flaque liquide immobilisée de laquelle jaillisse des aspérités voire des pics. Comme ceux qui viennent assister de l’autre main, celle qui ne tient pas l’épée qui a tenté de percer son cœur. Elle attaque pour tuer. Et chaque coup d’épée est automatiquement suivi d’un coup de poing qu’on pourrait qualifier de « poing américain » médiéval.

Un grand moment de frayeur, donc ! La réaction de la femme-lave t'arrache un sourire mesquin.
Voilà ! C'est ce genre d'expression que je voulais voir s'inscrire sur son visage.
L'autre a survécu. Il a même ouvert la bouche pour le confirmer à sa chère et tendre. Comme c'est mignon, hein ?
Tu te tournes tranquillement vers la femelle. Celle-ci respire la colère ! Son corps n'est pas entré en ébullition ; il est passé à un stade supérieur. Comme si de petites éruptions solaires ont lieu le long de sa silhouette. L'évidence de ses paroles pleines de soufre laisse alors place à un pesant silence...
Je crois qu'on est fixés, non ?
Le combat devenait sérieux.
En guise de relance, c'est une gerbe de lave que la miss te crache à la face - depuis son torse !
Tu t'en écartes d'un bond plus que nécessaire. La matière brûlante se referme goulûment dans le vide. Seule une goutte de ce "poison" entre en contact avec ta joue. Tu dois te l'essuyer à la hâte, un mince filet de vapeur accroché à ta peau blessée.
Son feu a gagné en température !
Ton adversaire en a profité pour se redresser en laissant derrière elle, incrustée dans un sol carbonisé, la marque de ses mains.
A cet instant, ton sourire est celui d'une prédatrice.

- C'est ça ! Viens donc faire mumuse, espèce de... ?!!

Un mouvement vif dans ton champ de vision. Comme si un moustique y est entré. Sauf que ce n'en est pas un ! Tu as tout juste le temps de bouger la tête. Un réflexe pas tout à fait vain dans la mesure où le discret projectile, s'il parvient à éteindre ton scouter, n'en détruit que la lunette ! Oui : c'est suffisant pour le mettre hors service...

- Le petit fils de pute !

L'homme n'est pas idiot : il est reparti se planquer, te laissant ainsi seule avec sa furie qui... vient de muter ? En tout cas, elle ne ressemble plus à une femme, la bougresse, mais à un râtelier d'armes sur pattes ! Un râtelier qui n'a pas besoin d'autres mains que le siennes pour attenter à ta vie. Son poing bardé de pointes et sa lame sifflent à tes oreilles. Même le reste de son corps se voit devenir une arme ! Tu ne peux pas te permettre la moindre erreur de calcul. Tes esquives sont très légèrement espacées, et tes parades s'enchaînent à un rythme de plus en plus soutenu.
Cette sale garce serait-elle en train de t'acculer ?
Les pointes de fer produisent des étincelles tout contre ta défense. Son épée ripe contre ta garde (renforcée au ki) et trace une ligne de feu le long de ton bras.
Un moment d'égarement ?

- Kkh !

Serrant les dents, tu baisses la tête, dévies vers le haut une attaque supposée t'arracher le cou et frappe la paume grande ouverte ! Ton ki, à l'intérieur de cette main, n'est plus le même que tout à l'heure. Il a mué en quelque chose de plus nerveux, pareille à une décharge électrique ! Cette énergie ne se contente pas de plonger dans le torse de ton ennemie insolite : elle creuse son être de fer et de feu pour mieux s'y propager. De quoi la faire hurler de souffrance malgré son absence de chair. Et possiblement même faire imploser un ou deux morceaux ?
Quoi qu'il en fût, tu profites de cette faille pour lui donner la réplique. Une contre-attaque bourrine et fiévreuse histoire de lui rendre la monnaie de sa pièce, à celle-là ! Quitte à ce que tes phalanges, même avec ton aura pour les épauler, se déchirent par endroits et répandent du sang un peu partout.
Ce n'est pas comme si la zone autour de vous était propre, hein ?

Elle provoque un trou dans le torse de la Reine transformée. Mais il n’y a nul cri. Le silence est bien plus bruyant à cet instant de la confrontation. Aucun cri de douleur. Seulement un intense regard posé sur celle qui a réussi à faire exploser son corps à main nu. Cette même combattante qui est trop expérimentée pour ne pas enchaîner rapidement et violemment quitte à se cramer la peau de son petit poing fermé. Ce poing qui a soudainement frappé dans une zone de fer mal dégrossi qui a bougé en un instant.

La Reine tombe à terre. Sans un bruit. Et pas même son époux planqué intervient pour lui dire quelque chose.

…

Pourquoi est-ce qu’il ne dit rien ? Lui l’étrange romantique qui s’inquiétait pour elle ? C’est étrange. Bizarre. Incompréhensible. Sauf si… sauf si ça signifie que ce coup ne l’a pas achevé !

La force qui maintenant ensemble la Reine n’est plus. Soudainement toutes les liaisons de son corps se brise et elle devient une flaque de lave qui se répand sur le sol avec des espèces de gros caillots de fer noir. Ce feu mi-liquide mi-solide brûle la chair de quelques cadavres proches. Un étrange fumet de viande s’élève dans les airs.

Mais Sélipa doit alors s’inquiéter d’une autre chose. Un nouveau trait de carreau vient l’attaquer sur son flanc gauche. Orgueil sait déjà qu’elle a la capacité de l’esquiver. Elle l’a démontré en évitant la mort de son œil au profit de son appareil localisateur.

Comprendra-t-elle comment un second trait de carreau tiré quasi simultanément l’attaque en même temps dans le dos ? Impossible que l’homme soit à deux endroits à la fois. Dangereux et stratégique, tels sont ces armes.

L’explication de cette technique ? Disons qu’elle tient à un déplacement silencieux, à quelques armes posées ici et là et probablement à un déclenchement à l’aide de ficelles tendues. Et avant que Sélipa ne puisse véritablement passer à l’attaque en changeant de cible, son adversaire monstrueux attire de nouveau son attention.

La Reine a perdu son apparence humaine pour devenir une sorte de serpents de lave qui prend rapidement de la hauteur pour à la fois avoir sa base nichée dans un cadavre qui s’enflamme et à la fois recouvrir Sélipa de son ombre. Et soudainement déverser son feu liquide sur elle comme si elle lui vomissait dessus.

Depuis les hauteurs, elle continuera en matérialisant son fer noir par des lances qui viendront se planter dans le sol. L’une après l’autre, transformant le terrain de bataille en un slalom. Mais… pas seulement. Les carreaux provenant de toutes les directions d’Orgueil guideront inconsciemment sa Reine à lâcher ses lances ici et là. Transformant non pas la rue en un slalom mais en une prison pour limiter et à terme emprisonner l’ennemie.

Au bout de ton bras tendu, ton gant blanc a fondu. De minces filets de vapeur se dégagent de ta main meurtrière. De petits arcs électriques rosés serpentent autour de tes doigts crispés. L'affreuse chose de feu et de métal est tombée par terre, avec en prime un gros trou à la place du ventre.
Tu contemples la dépouille d'un air mitigé.
Pourquoi ne suis-je pas satisfaite ?
Est-ce dû à cette absence de cri de la part de la condamnée ? Ou à ce regard brûlant qu'elle t'a balancée avant de s'effondrer comme une marionnette à qui on a coupé les fils ? Et le "courageux" amant, alors ? Où cet imbécile s'est-il rangé, encore ?
Je l'imagine d'un naturel froid, mais pas au point d'être insensible au sort de sa tête brûlée de donzelle.
A tes pieds, ce qui était quelques secondes plus tôt un corps plus ou moins féminin s'est répandu en une grosse flaque corrosive. Tu t'en écartes à reculons, autant pour ne pas te retrouver les pieds immergés dans ce liquide que pour éviter d'en respirer les émanations. Tu n'as pas fait cinq pas qu'un sifflement suspect t'interpelle. Mue par un réflexe guerrier, ta main gauche se saisit d'un carreau au vol. Le fin projectile se brise entre tes doigts.

- Pas trop tôt, chéri.

Tu ouvres de grands yeux.
Une piqûre dans ton dos, sérieusement ?
Oui : c'est un autre carreau, tiré d'on ne sait où, qui a manqué se loger entre tes omoplates ! Le choc à cet endroit précis t'a réveillée. Dans ton armure, une fêlure s'est formée à l'endroit où la pointe a essayé de se ficher.
C'est incompréhensible.
Soit le type bouge super vite, soit il est capable de se dédoubler, ou bien...
Il serait très astucieux ?
Le genre de serpent qui t'énerve.
D'ailleurs, en parlant de serpent, il y en a un qui vient de s'élever à partir de l'essence brûlante de la garce. Le monstre est si étendu qu'il te fait de l'ombre, dis donc !

- Ok. J'ai affaire à une sorte de mutante, c'est ça ?

Amusant, ça ! Tu vas donc devoir ne rien en laisser pour la refroidir définitivement.
C'est une cascade de lave qu'elle te dégobille sur la face ! Une façon originale qu'elle a trouvée de te saluer sous sa nouvelle forme. A cette douche sulfurique, tu réponds par une gerbe de ki diffuse - faible portée mais gros potentiel contre offensif. Neutralisée par ton attaque, la lave s'écrase tout autour de toi sans jamais t'éclabousser.

- Il va falloir faire mieux que ça !

Elle en a conscience : des lances noires se mettent à pleuvoir ! Certaines se plantent dans le sol là où d'autres menacent de te transformer en passoire. Ces dernières, tu les esquives par de vives impulsions. Un boulot facile pour une guerrière comme toi. En théorie, oui, mais dans la pratique : avec les carreaux en supplément, l'affaire est beaucoup moins rigolote !
Il commence vraiment à me faire chier, l'autre gus !
Trêve d'acrobaties - et d'égratignures. Au moindre moment propice, tu pousses sur tes jambes pour te projeter dans les airs, le poing en avant, droit sur ce maudit serpent géant ! En vol, tu dessines une vrille et modifies sensiblement ta posture. Tes pieds joints passent en première ligne. La flamme de ton aura rosée t'enveloppe à la manière d'une météorite qui pénètre dans l'atmosphère.
Et c'est ainsi que tu espères entrer dans la gueule du monstre et la lui transpercer à la manière d'une lance aux proportions humaines !

Orgueil : « Mon épouse ! Informe-toi ! »

Les deux pieds lancés de la guerrière ennemie devaient percuter le monstre de lave. Il n’y a plus rien. Son élan l’emmène plus haut dans les airs, comprenant surement avec ce nouveau point de vue qu’elle a échappé à une prison. Les lances de fer se plaçant les uns après les autres pour l’enfermer. Un plan qui n’aura pas fonctionné.

Quant à son adversaire de lave ? Après avoir écouté Orgueil, elle a rompu tous les liens qui la maintenant dans une forme serpentine pour devenir comme une flaque d’eau s’écrasant sur le sol. Le feu solide carbonisant instantanément les dépouilles qui étaient encore chaudes. Les effluves sont celles d’un charnier.

Orgueil : « Je ne désire pas te tuer ! »

Reine Nnezz : « … »

Et pourtant un carreau vole à l’opposé de la voix qui vient de s’exclamer. Une façon d’empêcher toute velléité de foncer vers l’un ou l’autre. Orgueil souhaite instaurer le dialogue alors que sa femme liquide semble prendre son temps à conserver sa forme de flaque de lave.

Orgueil : « Si tu n’as aucune raison valable de nous tuer, alors c’est que tu es ici par défi et/ou ennui. »

La voix n’est jamais au même endroit. Mais elle a cessé de parler fort.

Reine Nnezz : « La… tuuuueeerrr… »

Orgueil : « Non, ma brûlante. Ne la tue pas. Reprends forme royale, je te prie. »

Reine Nnezz : « Mais elle m’aaa fait maaal. Elle a VOULU te faire du MAL ! »

Orgueil : « Ma Reine ! »

Reine Nnezz : « … »

Petit à petit, comme à contre-cœur, la flaque de lave se rassemble et commence à s’élever dans les airs avant de reprendre une forme féminine parée de morceaux d’armure de fer noir. Ses dents pointues voudraient plonger dans la chair de cette salope. Son épée dans sa main serrée voudrait lui trancher la gorge. Ses yeux ne sont que haine. Mais aussi intense amour envers cet homme qui parvient à lui mettre un collier imaginaire autour du cou et à la tenir en laisse.

Orgueil : « Joins-toi à nous et je te promets des batailles. »

Sauf erreur stratégique de sa part, la femme devrait réagir positivement. Elle est apparue depuis les airs dans ce petit village abandonné. A aucun moment elle n’a clamé une bannière ou des valeurs d’héroïsme. Elle a combattu. Et elle a provoqué. Sans compter son équipement qui permettait de localiser les êtres vivants. Et peut-être même davantage ? Orgueil a l’intuition que ce n’était pas seulement comme une vision thermique. Le tout rassemblé donne l’image d’une guerrière. Et probablement une qui s’ennuie. Un profil parfait pour un futur conquérant.

Le vide ! Voilà ce que tes pieds rencontrent avant que tu ne romps ton élan. Bien sûr, pareille opération te fait t'immobiliser dans les airs, à bonne hauteur du champ de bataille. Un coup d'œil en contrebas te donne une idée précise de ce que tramait l'éminence grise adverse.
Ce type est un amoureux des pièges.
Tout l'inverse de sa compagne, qui s'est liquéfiée sous son ordre pour éviter une attaque potentiellement mortelle.
L'odeur de cadavres brulés te titille les narines ; même si tu la supportes, tu n'appellerais pas ça un régal.
Et de nouveau, la voix de l'homme parvient à tes oreilles. Elle en couvrirait presque le sifflement de ce carreau, que tu dévies de sa trajectoire d'une simple pichenette.

- Je veux bien te croire, souris-tu. Ce n'est pas avec ces cure-dents que tu pourras me descendre.

Sa femme colérique, en revanche, dispose d'un fort potentiel offensif. Son essence de feu ne manque pas de piquant, même pour une chair aussi robuste que la tienne. Les Saïyajins ne sont pas immunisés contre la lave, pas plus qu'ils ne peuvent survivre à des températures trop basses. Pour faire court, tu restes une mortelle. Sans oxygène et sans nutriments, tu t'épuises et tu meurs, tout simplement...
Tes yeux cessent de chercher la source de la voix pour se fixer sur cette mare de lave. Celle-ci se met à parler, elle aussi, manifestant son envie plus que brûlante de t'étriper.

- J'ai vexé ta copine, on dirait.

Elle répugne à lâcher le morceau mais, finalement, c'est la voix de la raison de son époux qui l'emporte. L'élémentaire de lave et de fer reprend donc forme humaine. Pour autant, elle n'a pas du tout l'air apaisée ; ses yeux crachent des éclairs, ses doigts serrent toujours fermement sa lame et sa ravissante petite gueule t'expose des dents de piranha.
Les meilleurs amies du monde !
Tu souris. Vicieusement, oui. Ce qui doit forcément l'agacer.
Entre-temps, le mâle invisible te présente une offre qui n'a pas fini de rider sa femme.
C'est avec un certain culot que tu retrouves la terre ferme non loin de l'incandescente harpie.

- Plutôt amusant, ce que tu me proposes là. (Tu observes vaguement les alentours.) Tu dis me promettre des batailles, mais à quoi bon se battre si la récompense n'est pas à la hauteur ?

Paroles de mercenaire. Le combat relève du divertissement, certes, mais ça ne fait pas tout. La vie est loin d'être aussi simple, chez les gens de ton espèce. L'autre va devoir l'imprimer dans ses circuits neuronaux, et très rapidement.

- J'admets m'être déplacée jusqu'ici pour en découdre avec de la grosse pointure. Seulement, les affrontements de ce genre ne nourrissent pas. Or, pour continuer à me battre comme je le fais si bien, je dois assurer ma subsistance sur le long terme. Que serais-tu donc prêt à m'offrir que je ne puisse pas acquérir sans ta collaboration ?

Qu'il commence donc par te faire rêver !
L'Insoumise lui tend l'oreille.

Orgueil sort de décombres comme s’il n’avait jamais combattu. Pas une trace de poussière sur son lourd manteau blanc. Pas une goutte de sueur coulant le long de sa tempe. Pas même un essoufflement dans sa voix. Au contraire de sa chaude et tendre qui respire bruyamment. Elle n’a définitivement pas abandonnée ses pulsions meurtrières pour Sélipa la Salope. Son rictus s’élargit encore plus. Elle sait que c’est niais et enfantin. Mais ça la fait sourire. Une rime riche ! Mais qu’elle parvient tout de même à conserver pour elle.

Orgueil : « Que dirais-tu d’une alliance avec la quintessence de la puissance draconique et démoniaque ? »

Reine Nnezz : « Attends ! Tu la veux vraiment ! Mais je veux la tuer, moi ! Elle est dangereuse. Elle aurait pu te tuer et-… »

Orgueil : « Justement. »

Reine Nnezz : « Oh… »

Soudainement les cheveux de la reine sont tirés en arrière pour faire pencher sa tête et atteindre ses lèvres. L’homme lui vole un baiser intense. Entre un moment court et long. Assez long pour que son épouse soit contentée un minimum sans ajouter à sa frustration. Assez court pour ne pas permettre à l’autre combattante d’utiliser cette ouverture dans leur défense.

Reine Nnezz : « Il n’y a que toi qui parvient à dompter mes ardeurs. S’il n’y avait cette salope, je te forcerais à me baiser sur le champ. »

Orgueil : « Un scénario qui fait partie des possibilités qui se présentent à moi. »

Reine Nnezz : « Vraiment ! Sale petit coquin. Tu veux exhiber ton engin, c’est ça ? »

Orgueil : « … »

Où est passée la furie ? Ce monstre aux dents de piranhas capable de dégueuler de la lave depuis une forme serpentine ? Elle n’est plus là. Sa remplaçante ressemble à une jeune femme incapable de contrôler ses besoins. Potentiellement que la meurtrière est devenue nymphomane ? Ce qui est clairement visible, c’est une sorte d’insouciance enfantine. Elle pourrait aisément être traitée de succube.

Orgueil : « Je ne te promets rien car je n’ai pas encore la puissance de le faire. Ce monde est nouveau. Je ne connais pas encore son potentiel ni ses ressources. »

Reine Nnezz : « Montrons-lui le Démon-Dragon de Bronze, mon époux. Et même si elle n’y survit pas, je m’en fiche. Je la préfererais morte. Mais si tu la veux vivante pour tes plans, j’abdiquerais pour toi, mon Orgueil. »

L'éminence grise du duo a refait surface. Il peut se le permettre : le combat a été mis en standby. Cela n'empêche que sa compagne ne t'apprécie pas plus qu'avant ; le sourire qu'elle affiche n'a rien d'amical.
Adorable.
Tu tournes ton regard vers le négociateur.
Un proposition d'alliance, rien que ça ?
Une puissance draconique et démoniaque ? Je n'ai pas l'impression d'avoir tout vu.
Continue-t-il à te sous-estimer ?
Non, il n'est pas question de ça...
La chaudasse insiste pour qu'il renonce à son projet de partenariat si aberrant. Son compagnon n'en démord pas. Comme pour couper court aux protestations, il l'embrasse devant toi.
Voilà que je tiens la chandelle entre un taciturne et une torche liquide !
Tu notes cependant que le feu de l'insolente n'affecte point son amant. Ce dernier n'a pas non plus l'air d'avoir récemment mené bataille. Est-ce bien le même homme qui t'attaquait depuis les ombres et qui a mis hors service ton scouter ?
Les propos de sa mie te font hausser un sourcil.
Et c'est moi la salope dans toute cette histoire ?
L'autre allume son mec juste sous tes yeux ! Elle le taquine sans économiser les mots et les obscénités. Une complicité plutôt étrange mais pas à sens unique. Tu te doutes bien que la moitié chaudasse moitié gamine ne saurait rester aux côtés d'un type frigide.
Il droit bien être le seul à pouvoir la faire grimper aux rideaux.
Tu ne comptes sûrement pas la lui voler.
Une information intéressante émane alors de leur conversation.

- Le Démon-Dragon de Bronze ? C'est quoi, au juste ? Votre ange gardien ?

La quintessence d'une puissance draconique et démoniaque.
Ces mots résonnent dans ton esprit en ébullition. Il y a autre chose...
Tout à l'heure, avant de rencontrer ces deux-là, je n'ai capté qu'une seule et grande force.
Peut-être que ces deux-là ne sont pas de simples profiteurs/voyous ?
Ils couvent un secret. Le genre à leur octroyer davantage de pouvoir.

- Trêve de cachoteries, les tendrons ! Montrez moi votre botte secrète.

Tu lèves une main vers eux.

- Je vous déconseille de me forcer la main.

En guise d'avertissement, tes doigts se mettent à luire.

- Passons un marché : vous me mettez en difficulté et, en échange, je me joins docilement à vos prochaines sauteries.

Tu souris vicieusement à la chaudasse.

- Ça devrait faire plaisir à cette putain de chambre magmatique ambulante, non ?

Ça sent surtout la bagarre et le cramé !

Reine Nnezz : « Tu sais que je suis juste là ? Parce que j’ai la désagréable impression que tu fais comme si j’étais absente. Je-… »

Orgueil : « Oublie-la. Concentre-toi sur mes lèvres. »

Malgré la haine qui anime l’élémentaire de lave, ses envies sexuelles sont plus puissantes et elle se laisse happer par la séduction de son époux. C’est un nouveau baiser auquel doit assister Sélipa qui, pourtant, les menace de ses doigts luisants.

Et voilà qu’elle plonge maintenant sa main de fer noir au-dedans du pantalon de son homme. Lunatique, elle en donnerait l’impression. C’est qu’elle vit en fonction de ses émotions comme un enfant. Si elle peut être farouchement rancunière, elle n’en demeure pas moins ancrée dans le présent. A vivre dans le temps présent et non dans le passé ou le futur.

Orgueil : « Je te préviens. Nous allons te présenter le Démon-Dragon de Bronze. Il nous faut performer un rituel. Et étant donné que c’est un coït, la transformation n’est pas immédiate. »

Reine Nnezz : « Arrête de lui parler. Tu veux que je sois jalouse ? Je te rappelle que j’ai mes griffes autour de ta bite. Alors arrête de lui parler et mets-la-moi ! »

Orgueil : « Oui, ma Reine. A tes ordres. »

L’homme souleva son épouse pour l’amener à poser ses fesses sur le puits qui se trouvait au centre de quatre routes. Sa main vint l’étrangler avant de lui donner un nouveau baiser. Lorsque celui-ci fut achevé, Sélipa put constater à quel point cette façon d’être traité violemment imprimait un sourire de perverse sur l’élémentaire de lave.

Orgueil ne perdit pas de temps et la retourna. Dans sa poigne se trouvait ses longs cheveux à elle. Son autre main la força à se cabrer pour exposer son cul. Puis ce fut au tour de son pied de donner des coups à l’intérieur des pieds de la Reine pour qu’elle écarte les jambes. L’instant d’après, Orgueil était dans son cul à lui donner de puissants coups de rein.

En se retirant, Sélipa put découvrir qu’Orgueil était plutôt bien monté. Ce n’était pas une bite de cheval, pas plus qu’un micro pénis. C’était un membre épais et efficace. Le filet de bave à la commissure des lèvres de la Reine en attestait. Et voilà que cette dernière était à nouveau soulevée. Torse contre torse, Orgueil continuait à la baiser debout.

Et c’est alors que le Démon-Dragon de Bronze commença à se manifester. Au début, ce fut comme sir le torse de la Reine Nnezz s’ouvrait. Comme si sa cage thoracique venait se planter dans celle de son époux. Puis ce fut son corps qui commença à fondre. Pendant un instant, c’était à la fois une forme humanoïde et féminine et à la fois un slime de feu de centre de planète. Et alors les deux se lièrent l’un dans l’autre. Combien d’amants pouvait se targuer de connaître une telle fusion des âmes ?

Il y eut alors un éclair qui frappa le couple. Un flash de lumière qui força Sélipa à ne plus pouvoir regarder cette scène l’espace d’un instant. Un clignement de yeux plus tard, il n’y avait plus personne en face d’elle. Si ce n’était la marque noire dans le sol, là où la foudre avait frappé. En levant les yeux, elle découvrit de sombres nuages. Puis une silhouette ailée battant de ses grandes ailes draconiques.

Trois éclairs vinrent frapper le sol aléatoirement en même temps que deux autres venaient allumer les poings de cette nouvelle créature. Cette puissance qu’elle avait ressentie avant de poser pour la première fois ses pieds dans ce village.

Sans avertissement, la créature descendit des cieux. Elle semblait chevaucher avec les éclairs. Et elle atterrit avec l’intention de tuer Sélipa. Sa main aux griffes ouvertes contenant la puissance jaune dans sa paume. Il l’avait manqué. Evidemment. Sélipa et ses réflexes de guerrière ne s’était pas laissée avoir. Mais la goutte de sueur devait couler dans son dos. En se redressant, le Démon-Dragon de Bronze la toisait de toute sa supériorité. Et du haut de ses deux mètres cinquante, il avait l’aura combinée d’un dragon et d’un démon. Qui plus est, un qui maîtrisait la foudre.

Tu ne pensais pas si bien dire ! Alors que tu les pointes de tes doigts menaçants, la râleuse en chaleur embrasse son homme bien bâti. Le début d'un acte qui fait partie intégrante d'un rituel, selon les dires de ce dernier. Un rituel qui leur permettrait, tout en s'accordant du plaisir, de te présenter ce fameux Démon-Dragon de Bronze.

- Vous êtes obligés de forniquer pour me dévoiler votre ultime atout ? Voilà qui est original...

Pour ne pas les déranger, tu ramènes les bras sur ta poitrine. Puis tu en profites pour te rincer un peu l'œil sur leur dos, oui. Parce qu'il n'y a pas de mal à se faire du bien, comme on dit ! Même si tu en doutes un peu en voyant l'autre chaudasse se faire prendre assez violemment par son cher et pas très tendre. Il la culbutait, au bord d'un vieux puits, après l'avoir prise par les cheveux. De la brutalité qui faisait positivement grimacer la pétasse de feu.
Pourquoi ai-je la désagréable impression de lui avoir rendu service ?
Le champion se décolle de l'arrière-train de sa mie. Tu t'aperçois qu'en plus d'être un beau mec, ce type a bel et bien ce qu'il faut pour faire chavirer la gente féminine. Il ne tarde point à réintégrer cette antre brûlante, qui lui est d'ailleurs tout ouverte. Un face à face entre d'énergiques créatures, pour ainsi dire.
Si ça continue, ces deux cons vont finir par me donner envie...
C'est alors que la transformation commence à avoir lieu. La chaudasse s'ouvre à partir du buste et plante ses "crocs ventraux" dans le torse musclé de son époux. Le corps féminin se liquéfie sur celui-ci. A partir de là, une nouvelle forme s'anime...

- C'est tout de suite moins glamour, comme spectacle.

Sentant le danger se profiler, tu ramènes lentement les bras le long du corps.
Puis il y a un éclair suivi d'un puissant coup de tonnerre !
Tes yeux se plissent ; une main s'est levée par réflexe comme pour les protéger du flash.
Tu remarques alors que les deux amants se sont éclipsés. Ne reste plus qu'une marque calcinée à même le sol.
Ils se seraient enfuis ? Non, j'ai peine à y croire...
Tu rehausses ton regard. Là-haut, parmi les nuages sombres, une monstre ailé bat doucement de ses grandes ailes membraneuses.

- Il est là...

Les yeux ronds, tu esquisses un sourire de démente.
Le Démon-Dragon de Bronze, hein ? C'était bel et bien cette force, à l'origine, que ton scouter a capté plus tôt. Même si tu n'en vois plus les chiffres, tu le ressens au plus profond de tes entrailles.
Voilà ! Ça, c'est intéressant !
Trois éclairs s'abattent dans les alentours. Le sol tremble sous tes pieds.
Pareille démonstration de puissance ! N'est-ce pas émoustillant ?
Ton rictus s'élargit.

- Parfait ! Viens à moi, à présent ! Viens par là, le lézard, que je te botte allégrement le cul !

Pour ton insolence, tu te vois récompensée d'une écrasante charge depuis les airs ! Le monstre draconien, accompagné de sa foudre trépignante, manque de te broyer le thorax d'un grand coup de griffes. Tu ne dois ta survie qu'à tes réflexes de félin, qui t'ont permis cette glissade de côté.
La terre, sous les pattes du Démon-Dragon de Bronze, a été littéralement retournée.
C'est un frisson à nul autre pareil qui te court le long de l'échine.
L'heure est enfin venue de prendre mon putain de pied !
Tu pivotes vers ton ennemi, celui-ci t'ayant largement dépassée lors de son attaque éclair.
Elle est grande, la créature - plus de deux mètres de haut, quand même ! - et son port lui donne une allure de souverain céleste.
Ton cœur s'emballe face à cette vision.
Tu prends une grande inspiration...

- En avant.

Toute aura hurlante, tu lui fonces dessus, le visage en première ligne ! Ce n'est qu'au tout dernier moment que tu pousses sur tes hanches pour lui balancer un coup de pied en travers de la gueule. Une frappe qui, si elle est encaissée, propagera sans doute une "modeste" onde de choc dans un rayon d'une bonne poignée de mètres. Ensuite ? Ce sera probablement au tour de ton poing de s'enfoncer dans le ventre de ce titan de foudre !
Mais encore faudrait-il qu'il t'en laisse l'occasion ?

Il n’y a pas de position de garde pour le Démon-Dragon de Bronze. Il se tient debout comme s’il était le Roi de ce monde. Son menton hautain lui permet de regarder la guerrière de haut. Pire, il donne la désagréable impression qu’elle n’ait rien. A-t-il un cœur qui bat derrière ses écailles de bronze ? Une créature de sang-froid, assurément.

Elle fonce. Et le Démon-Dragon de Bronze ne bouge pas. Ce n’est pourtant pas l’idée de tendre le bras, doigts écartés et raidis pour lui découper son visage. Mais il ne le fait pas. Pas plus qu’il ne réagit quand, à un timing impeccable, elle parvient à changer la direction de son corps pour lui asséner une puissante frappe dans la mâchoire.

Un coup qu’il n’a pas esquivé. La violence du choc lui ayant fait tourner la tête.

Elle enchaîne. Et le Démon-Dragon de Bronze semble accuser un temps de retard. Ce serait pourtant si aisé pour lui de prendre appui sur ses pattes griffues et de s’envoler d’un seul et puissant battement d’ailes. La guerrière enchaîne, donc, et elle semble avoir associé son adversaire à l’animal. Les créatures à écailles ont très souvent la peau du ventre molle. Alors elle veut frapper fort et probablement réduire en bouillie ses organes vitaux.

Un coup qu’il encaisse. La puissance l’a fait se pencher en avant.

…

Mais ses pieds n’ont pas bougé. Et voilà que… que sa gueule dévoile sa rangée de crocs. Le rictus de cette détestable élémentaire de lave ! Et ses yeux. Cette lumière dorée qui luit au-dedans. C’est le regard calculateur de ce prédateur expert en pièges !

Il se penche encore plus vers elle. Pour rapprocher sa gueule de son visage. Ses longues cornes courbées ressemblent tant à une pince géante voulant se tordre pour enserrer son si petit cou fragile. Si délicat à côté de cet épais cou draconien protégé derrière une muraille d’écailles.

Au-dessus les nuages noirs semblent tourner autour de l’affrontement. Il y a de temps à autre des flashs de lumière. Mais aussi de petits arcs électriques. La foudre pourrait tomber à tout moment. Voilà que ce sont les ailes du Démon-Dragon de Bronze qui se déploie. Aussi immense que le ciel ? Ces images, elles se créent à cause de la puissance contenue dans cet être. De la même façon que certains combattants, en se fixant, voit alors la mort les saisir s’il avance un pas.

Au final, le Démon-Dragon de Bronze n’aura pas esquivé. Ni paradé. Ni contre-attaqué. Si les attaques de Sélipa ont occasionné des dommages, il n’en aura rien montré. Et il n’aura rien dit.

Si peu réactif ! Ton adversaire est d'une frustrante passivité. Il a encaissé tes attaques sans produire le moindre bruit. Pas l'ombre d'un gémissement de douleur. Rien, si ce n'est quelques inclinaisons du torse et de la tête...
Il se fout de ma gueule ?
Ce sourire que ce monstre te décoche... il te hérisse le poil !

- T'es du genre robuste, mon salaud. Mais c'est pas en te la tirant sur place que tu vas me coucher !

Le Démon-Dragon de Bronze déploie ses grandes ailes membraneuses. Son ombre, imposante, te recouvre en entier. Tu n'as pas besoin de ton scouter pour comprendre que sa puissance est à la hauteur de son grand gabarit.
Continuer à l'attaquer de front serait du suicide.
Tu bondis souplement en arrière, rétablissant ainsi la distance entre vous. Puis tu te mets à courir autour de lui - de plus en plus vite - laissant dans ton sillage une pelletée d'images rémanentes. Tes répliques éphémères sont toutes entourées par la flamme de ton aura, elle aussi volatile. Impossible, pour un œil non exercé, de te distinguer de tes copies. Alors que tu te trouves toujours en mouvement, ta main gantée se tend. Le ki, sous forme de rayons courbés, fins et téléguidées, explose à répétition contre la silhouette du mastodonte. Si cela ne lui inflige pas de dégâts - ou très peu ? - son champ de vision n'ne demeure pas moins drastiquement chamboulé.
Je dois le traverser d'une seule traite !
Avec une attaque en traître. Tu bondis à nouveau, mais pas pour battre en retraite cette fois-ci ; tes pieds joints menacent de percuter l'échine de ce diable à gueule reptilienne. Ton corps, en tournant sur lui-même, devient l'équivalent d'une perceuse aux dimensions humaines. La même attaque qui avait manqué pourfendre l'élémentaire de lave, oui.
Voyons voir si les écailles de ce double enfoiré sauront supporter un tel traitement !

La guerrière ne supporte pas le silence. Pas plus que son manque de réaction. C’est parfait selon le Démon-Dragon de Bronze. La personnalité d’Orgueil prime sur cette puissance créature. Car si ce devait être celle de la Reine, la destruction aurait déjà atteint un point apocalyptique.

Le monstre silencieux l’observe prendre du recul. Il se permet d’esquisser un rictus. Elle croit que c’est une bonne stratégie. Ce n’est pas idiot, certes. Mais de là à statuer que c’est la bonne stratégie ? Non. Le Démon-Dragon de Bronze comprend et respecte. Mais c’est inutile. Il se contente d’observer la suite. Intéressante. Une grande vitesse. Tant qu’elle parvient à donner l’illusion de se dédoubler encore et encore. Intéressant, encore une fois.

Une première série d’explosions. La guerrière ne prend même pas le temps de s’assurer de la réussite de son entreprise. En fait, elle s’en fiche. Dans le meilleur des cas, son adversaire a morflé de cette première attaque. Dans le pire de cas, ce n’était qu’une diversion pour une nouvelle attaque. Elle serait bien capable de parler de « vraie » attaque. Peu importe. Car le Démon-Dragon de Bronze ne se laissera pas faire aussi aisément.

Remontons donc un peu le cours du temps et reprenons ce qu’il s’est passé. Tout en laissant bien entendu une marge de mystère. Cela permet de renforcer cette aura de toute-puissance et d’a priori invincibilité.

La super vitesse de Sélipa et ses images rémanentes. Le Démon-Dragon de Bronze n’a peut-être pas pu suivre cette vitesse. De toute façon, il ne compte pas majoritairement sur son sens de la vue. A quoi bon être limité à un champ angulaire de vision quand on peut avoir une vision sans angle mort ? C’est ce que lui permet le champ électromagnétique. L’air crépite de minuscules éclairs autour de lui. Un artifice apparent. Une preuve visuelle d’une supériorité affirmée. Mais avant tout, un cocon d’information qui fait circuler très rapidement les informations via le système nerveux.

C’est grâce à ce champ généré par l’élément de la foudre qu’il pourra se protéger des explosions mais aussi d’anticiper l’attaquer par derrière. Non en traître, car le Démon-Dragon de Bronze reconnaît la stratégie. L’Orgueil en lui partageant ce style de combat.

La main draconique se saisit d’une cheville et, profitant de la rotation de son propre corps et de l’élan de son adversaire : l’envoie balader pour faire tomber mur après mur et finir le cul dans les gravats.

Quelques mouvements d’ailes lui permettront de crever la distance sans se hâter. Il attendra qu’elle se relève avant de finalement lui parler pour la première fois.

« Tu ne m’auras pas sous cette forme. Je ressens en toi un potentiel dissimulé. Ma nature démoniaque me permet de savoir que tu pourrais passer un pacte. Il me semble que tu devrais le signer de ton âme avec ta colère. Ta colère semble être la clé. »

Ton attaque bourrine sollicite dûment l'attention du Démon-Dragon. Il ne peut pas se permettre de l'encaisser aussi facilement que tes autres coups, et ça il le sait pertinemment ! Sa réaction se situe donc entre l'esquive et la parade. Dans un premier temps, tes pieds joints ne rencontrent que le vide ; dans un second temps, c'est ta cheville droite que la fusion du piégeur et de la chaudasse saisit en plein vol.
Merde !
Il te fait tournoyer d'autant plus fort, le salaud ! Ta trajectoire s'en retrouve grandement altérée. Il est, en conséquence de quoi, plutôt sensé de dire que tu dégages - littéralement. Avec le haut de ton dos, tu percutes un premier mur. Celui-ci s'effondre dans ton sillage, le temps que tu en rencontres un autre pour un résultat tout aussi douloureux. La poussière t'aveugle momentanément. Tu rebondis sur le sol une unique fois avant de taper une autre paroi friable. Le choc t'arrache un hoquet. Ton front saigne et des hématomes de tailles variées colorent tes membres dénudés. Oui : il est assez juste de dire qu'avec cette contre-attaque, tu en as déjà pris plein le cul.
Ce matelas de gravas, sur lequel tu t'es immobilisée, ne te sied aucunement.

- Ce connard en puissance... Urgh !

La tête te tourne encore un peu. Tu vacilles sur tes appuis. Les cheveux souillés par les décombres, tu t'ébroues comme une chienne.
Un bruissement d'ailes t'interpelle. En levant les yeux, tu t'aperçois que le Démon-Dragon de Bronze se tient déjà devant toi.
Il ne manque décidément pas de toupet, le colosse à écailles !
Sa voix, rauque, gutturale, parvient à tes oreilles sifflantes.

- Qu'est-ce que tu viens de dire, là ?

Tes yeux se sont écarquillés de stupéfaction.
Il te recommande de t'énerver ? CE support émotionnel en guise de pacte ?
Bordel de merde !
Si tu te hérisses face à cette insulte ?
Mais, nom d'un clébard, bien sûr que tu te hérisses !

- Tu te proclames déjà victorieux, sac à main ?!

Ton cri d'indignation est accompagné d'un brusque reflux d'énergie. Ce diable reptilien a vu juste : ce qui fait ta force, au-delà de ton orgueil, c'est de loin ta colère ! Ton aura vient tout juste d'enfler ; tout autour de vous, le sol est rapidement nettoyé de ses déchets et de ses vestiges d'humanités. C'est un véritable tourbillon d'énergie dans lequel vous vous faites face !

- Mets-toi à genoux quand tu t'adresses à Sélipa !

Nouveau cri, nouveau déferlement de puissance ! Une onde de choc qui décoiffe. Des bourrasques cinglantes qui ne pardonnent pas la faiblesse. Une sorte de cataclysme focalisé, si l'on peut dire.

- ROOOAAAAAHHH !!!

Nonobstant la foudre au-dessus de vos têtes, tu te jettes sur lui, l'inondant de percussions et de coups de pieds à une vitesse époustouflante. Au contact de l'air, chacune de tes attaques produit un bruit sourd - comme une détonation. Tu frappes vite et fort, certes, mais quid de ta précision ?
Ton ennemi de taille va t'en donner des nouvelles.