« Les Toltèques sont en soi un peuple légendaire, expliquait le professeur Charles Kane lors d’une conférence à l’ESU, l’Empire State University. La culture amérindienne est difficile à saisir au vu des massacres qui ont eu lieu lorsque les Européens ont entrepris de coloniser notre continent, mais nous savons que les Toltèques forment un peuple légendaire, qui serait à l’origine des peuples mésoaméricains, comme une sorte de peuple originaire qui aurait créé ces grandes pyramides qui nous fascinent tant. »
Charles Kane était assez fébrile en présentant les photographies de cette exposition.
« Mon regretté ami, Richard Croft, était autant un philanthrope qu’un explorateur. Il était convaincu que les Toltèques avaient existé. Leur plus grand trésor était un artefact qui, selon la légende, venait du Dieu-Déesse Quetzalcóatl. Les Toltèques pensaient que cette tablette était insufflée d’un pouvoir magique incroyable permettant de régénérer les tissus organiques. Les écrits et les précieux éléments récoltés lors des expéditions de Richard Croft ont mentionné cette tablette. Sur ces graphiques et ces reproductions, vous pouvez voir des reproductions, que nous présentons à notre exposition. Il a fallu faire appel à des traducteurs, et je ne pourrais jamais assez remercier l’équipe de l’ESU. Toute chose revenant à César, je vais d’ailleurs laisser ma collègue, la paléontologue et traductrice Maria Gutierrez, vous présenter la chose. »
Il y eut quelques applaudissements au sein de la foule. Maria Gutierrez les remercia, et, tout en rehaussant ses lunettes dans son tailleur serré, désigna sur l’écran géant de l’amphithéâtre des tablettes.
« Notre équipe s’est livrée à un travail minutieux, en lien avec les autorités gouvernementales du Mexique, pour déchiffrer et préserver les tablettes. On y découvre les récits de guerriers héroïques, à qui les prêtres offraient le don de seconde vie. Selon une procédure très spécifique, utilisant la captation de l’énergie solaire, les prêtres toltèques insufflaient de l’énergie solaire dans une tablette magique, et permettaient ainsi de rajeunir les cellules des vieux guerriers ayant mérité leurs exploits au combat. Il est dit que cette tablette a permis de soigner quantité de blessures et de maladies. »
Charles Kane reprit ensuite la parole :
« Les Toltèques l’appelaient… La traduction est peut-être un peu exagérée… La Tablette de la Vie et du Temps. C’est cette tablette que le Professeur Croft n’avait pas récupéré lors de ses expéditions. Comme vous le savez, la capitale supposée des Toltèques est le site de Tula. Ce site est connu pour ses fameuses figures de pierre, les Atlantes. Richard était convaincu que ce site n’abritait toutefois pas la Tablette. Nous disons beaucoup de mal sur les catastrophes engendrées par l’arrivée des Européens, mais les peuples mésoaméricains étaient très violents, eux aussi, et en proie à des conflits constants. Si on en croit certaines théories, l’une des clefs de cet affrontement était justement la revendication de l’héritage toltèque, et plus particulièrement de cette tablette. Selon une vieille légende mésoaméricaine, quiconque détient la Tablette détient le pouvoir sur le monde. »
Le Professeur Kane était un orateur né.
« C’est sa fille, Lara Croft, qui a repris la mission de son père, et a poursuivi ses recherches dans la jungle mexicaine. Elle a trouvé la Tablette dans une ancienne pyramide. C’est bien sûr cette tablette qui est au cœur de l’exposition que nous tenons au Museum of Natural History. Le Mexique a revendiqué la propriété de la Tablette, et nous ne pouvons conserver la tablette que pendant quelques semaines, le temps de pouvoir l’examiner, nous assurer de son authenticité, et la redonner au gouvernement mexicain. »
Charles Kane continua encore à parler, mais l’un des hommes sur place ne l’écoutait plus. Être massif et imposant, Wilson Fisk se déplaça. Il sortit de l’amphithéâtre, et récupéra son téléphone portable, appelant son fidèle lieutenant, James Wesley.
« Nous devons récupérer cette tablette, Wesley.
- Le Mexique tient fortement à cette tablette, Monsieur. La sécurité autour du musée est maximale.
- Je ne veux pas d’excuses, Wesley, je veux une tablette. Vous allez demander à la Chatte Noire d’agir… Avons-nous quelqu’un d’autre sous la main ?
- Ce n’est pas vraiment une mission appropriée pour Elektra ou Bullseye, mais j’ai quelqu’un sous la main. On dit que c’est une magicienne, qui se spécialise dans la collecte d’objets rares. Souhaitez-vous que j’organise un entretien ?
- Faites donc, Wesley, organisez-moi un dîner avec ces dames dans l’une des salles privées au Jean-Georges. »
Le Jean-Georges était un restaurant gastronomique très branché à New York, qui se situait au sein de la Trump Tower. Un endroit parfait pour quelqu’un comme Fisk, qui était bien décidé à mettre la main sur cette tablette…
…Quel qu’en soit le prix.