The Multiversity

Stonehold était la principale forteresse humaine de la région… Et les cloches de la ville avaient annoncé il y a quelques heures l’horreur impensable. La forteresse était tombée. Les hordes de démons l’avaient envahi, soutenus par une terrible magie noire, qui faisait que les morts se relevaient, devenant des zombies aux yeux luminescents et verdâtres, suivant alors les démons. Les chevaliers impériaux n’avaient pas réussi à les repousser, et tout le comté était désormais menacé.

Le comté de Locbourg était une grande région limitrophe de l’Empire de Namée, le plus grand État humain connu. Ce vaste empire avait historiquement réussi à repousser des hordes de monstres, les Démons, menés par le Roi-Démon. La légende de la fondation de Namée, et de sa guerre historique contre le Roi-Démon, était extrêmement connue, et Namée était, suite à cela, un Empire religieux, ayant fondé son culte sur cette guerre mythologique, et sur la menace de la résurgence du Roi-Démon. Aujourd’hui, le pire était arrivé, car, après des millénaires, le Roi-Démon avait trouvé un nouvel hôte, et était revenu à la vie.

Le château du Roi-Démon se trouvait dans les montagnes à l’extérieur du comté, de l’autre côté de Stonehold. Les mages naméens avaient senti le pouvoir maléfique de ce château resurgir, et les démons avaient ensuite envahi Stonehold, assiégeant sauvagement ce dernier. Maintenant que Stonehold était tombée, les Démons déferlaient dans le comté de Locbourg, et s’attaquaient à la principale ville du comté, qui s’appelait, justement, Locbourg.

« Ils sont là !
-  Fuyez ! Fuyez ! »

Locbourg était une ville portuaire, située à l’embouchure d’un grand fleuve qui remontait jusqu’à la grande capitale impériale. Plusieurs bâtiments avaient été enflammés, ainsi que des bateaux dans le port de Locbourg, contraignant la fuite des habitants. Les soldats étaient désemparés. Outre les monstres ordinaires, le Roi-Démon avait chargé l’un de ses principaux monstres de mener ce siège. Une créature arachnéenne violette, Garuda, menait ainsi le siège. Plus qu’un monstre, Garuda était avant tout un mutant, ou, plutôt, une mutante. Au milieu de ce corps massif, le corps partiel d’une femme se trouvait là, ne présentant que son tronc et un visage chauve. Ses membres avaient disparu, et Garuda menait le siège. D’horribles araignées l’accompagnaient, tandis que les gueules de Garuda s’étiraient régulièrement, dévorant les humains. Impitoyable, Garuda remontait dans l’une des artères principales de Locbourg, et plusieurs archers et lanciers vinrent lui faire face.

L’horrible monstre se concentra, et sa gueule supérieure cracha des jets d’acide, tandis que Garuda bondit en avant, fauchant les archers. Une lance se nicha dans son flanc, amusant Garuda plus qu’autre chose, qui attrapa le soldat avec l’une de ses mains monstrueuses, et lui broya la tête entre ses doigts, l’explosant sur place. Paniqués, les autres soldats commencèrent à reculer, et la queue caudale de Garuda attaqua brusquement, fouettant l’air, et faucha un homme en deux. Et, alors que Garuda remontait, un homme fit irruption…

Cet homme n’était pas n’importe qui, car il était le seul à savoir qui était le Roi-Démon. Et loin de là, à travers sa boule de cristal, le Roi-Démon vit la scène, et un sourire cruel étira ses lèvres.

« Te voilà enfin… »

Trommel avait toujours été un enfant particulier. Il était né à Locbourg, et avait manifesté des pouvoirs psioniques très élevés. L’homme était prédestiné à être le réceptacle du Roi-Démon, et, malgré tous ses efforts, son père n’avait pas pu le sauver. Des mages noirs renégats avaient réussi à s’emparer de son fils, et Trommel avait subi le rituel lui ayant permis de récupérer les pouvoirs du Roi-Démon.

« Reconnais-tu le corps de Garuda, Père ? gloussait Trommel à voix haute dans sa salle de trône. C’était ma meilleure amie… »

Son père était un grand guerrier, qui avait mis fin à sa vie de guerrier pour mener une paisible vie avec sa femme et leur fils. Hélas, sa femme était morte il y a des années, et il avait dû éduquer seul Trommel. Maintenant, son fils était devenu le Roi-Démon, et c’était à lui de le sauver, et de l’empêcher de détruire Namée…

…Ce qui commencerait par un combat contre Garuda !

Cela n'avait que trop durée, Zeddicus, que ses proches nommaient plus communément Zedd avait baisser les bras depuis bien longtemps. La vie avait décidé de lui en faire baver, il avait voulu se battre contre le destin comme une bête enragée, mais hélas cela n'avait rien changé. Son fils unique avait été enlevé comme prévus, sa femme avait perdu la vie. Les meilleurs médecins évoquaient une maladie, mais il savait que le chagrin d'avoir perdu leur enfant était la cause et Zedd n'avait pu empêcher cela. Peu importe sa hargne, son envie de changer les choses, ce n'était qu'un caillou lancer contre un mur, il s'y cognait sans pouvoir l'ébranler. Il aurait pu finir ses jours ainsi, triste, seul, abandonnée mais une soudaine panique animait les rues qui jusque-là restaient bien calme, comme toujours, seul le brouhaha des passants et des marchands animaient cette ville. Mais là, cette panique n'était guère normal.

Ouvrant la porte de sa maison, il vit la panique des habitants, d'horribles araignées leur couraient après, venant mordre leur chair, venant offrir aux rares survivants des cauchemars pour toute une vie. Zedd observait les créatures sortir de partout. Ce n'était pas normal, d'ordinaire le royaume les protégeait, c'était déjà arrivée par le passé qu'une créature tente de franchir les portes de la ville, mais seul son cadavre le franchissait, exhibant le corps inerte de la créature, montrant combien la garde était forte et puissante ! Ils protégeaient la cité, personne ne pourrait les faire flancher. Soit ils ont fini par tomber, soit ces choses sont apparut en un tour de magie au milieu de la ville ? Improbable ! Qui pourrait être aussi cruel ! Au loin, il voyait une grande créature assez étrange, était-elle une araignée ? Une sorte de pieuvre ? Une légère panique se lisait sur le visage, une petite peur naturelle en voyant le cauchemar qui courait dans les rues. Il secoua vivement la tête, refermant la porte derrière lui. Il grimpait dans sa chambre, allant attacher son épée et une tenue plus adapter au combat. Pendant longtemps, il avait combattu ainsi pour changer les choses, sans succès, il devait réussir aujourd'hui. Pourquoi ? Car ça ne peut pas être des monstres dénué d’intelligence qui vienne les assiéger, c'était une créature intelligente qui agissait ainsi. Son fils, Trommel, celui qu'il avait perdu, celui qui dirigeait à présent ses hideuses créatures. 

« Jamais je ne baisserais les bras... Je ne dois pas faire honte à sa mémoire... De mon vivant, je dois tout faire pour faire revenir notre fils... Je te l'ai promis, Julia... »

Quittant sa maison, il sortait dans les rues, esquivant les gens qui fuyaient, son épée s’abattait sur les petites créatures en chemins. Elles n'opposaient guère de résistances, il avait vaincu bien pire en foulant les terres de ce monde en quête d'une solution pour sauver son fils. Cette hideuse chose serait d'un autre niveau, mais il n'en avait pas peur ! C'était triste à dire, mais il ne pouvait courir derrière chacune de ses araignées, il tuait volontiers celles sur son chemin, qu'elles suivent un des habitants de cette ville ou qu'elles se jettent sur lui, son attention était sur cette grande chose. Arrivant dans son dos, sa lame venait à trancher d'un coup puissant et net, la queue de cette chose qui hurla, ayant ainsi obtenue son attention. Zedd remarqua à présent la femme au milieu de son corps. 

Difficile de dire si elle était toujours en vie et s'il y avait une solution pour la sortir de là, mais malheureusement, il n'avait plus le temps de penser à un plan B. Il était là pour sauver Trommel, pas pour aider tout le monde. La mort serait sans doute préférable, surtout qu'elle semblait fusionnée à la créature. Il pariait beaucoup que la mort de cette femme causerait la mort de cette créature. 

« Tu es encore plus hideuse de près... »

Serrant farouchement son épée, il ne reculerait pas, il ne faiblira pas non plus. Il allait remporter cette bataille et tout faire pour trouver son fils. Nul doute qu'il doit être non loin de là. Il ne pouvait pas être assis loin d'ici à observer ce chaos, il devait se tenir quelque part, non loin de là... Il l'espérait du moins. Zedd esquiva les attaques de la créature, venant parfois parer les mâchoires de ses têtes en donnant un coup de bouclier dedans, sans l'effet de surprise, il était plus difficile de vaincre cette chose. Au mieux, sa lame frôlait la créature, ne lui laissait que de légère blessure. Il ne pouvait gaspiller éternellement ses forces pour une telle créature, il devait agir vite. Il attendait donc la charge suivante de la créature, esquivant en passant assez facilement entre ses pattes, venant donner à nouveau un puissant coup vertical, coupant une de ses pattes, là où la chair semblait à vif et non protéger par sa carapace dont était formé ses pattes. La première pattes avant, puis la seconde. Hélas, il en restait encore quatre de ses maudites pattes !

« Vite, je dois agir vite ! »

Quelque peu essoufflé par un tel combat, la créature venait l'attraper avec un de ses bras. Désireux de se venger de cet affront, Zedd se rapprochait de plus en plus de cette grande gueule faisant office de tête, mais aussi forte soit cette créature, elle n'était point la plus intelligente. Bien qu'il avait une poigne de fer qui se serrait autour de son corps, il serrait les dents en retenant sa douleur. Toujours armée de son épée, Zedd venait l'enfoncer sous la mâchoire de la créature, ajoutant sa seconde main sur la garde de son épée, pour trancher la chair le long de son corps, la lame trancha la créature ainsi que la femme , courant sa tête en deux jusqu'à environ la moitié de son corps.

« Lâche-moi, immonde créature ! Rejoint ton maître en enfer !!! »

Même si ce fameux maître avait pris possession de son fils, il allait l’expulser de ce corps qui n'était pas le sien. Essoufflée, le corps souillé par le sang de la bête, il se redressa une fois qu'il fut à nouveau au sol, se demandant comment il allait pouvoir procéder par la suite ? Si une simple immondice lui causait tant de soucis, qu'est-ce qui allait se passer ensuite ?

L’armée royale n’avait pu les repousser. Les monstres déferlaient sur Locbourg, menés par Garuda, semant le chaos et la dévastation. La femme géante, créature indiscernable ressemblant à un croisement entre une araignée géante et un monstre, avançait dans les rues, jusqu’à se retrouver face à un homme. La créature grogna alors, et se livra à un combat singulier contre lui. Ce qui aurait dû être une simple formalité s’avéra un combat plus redoutable. L’humain était rapide, et frappa avec son épée, sectionnant l’une des pattes du monstre. Garuda grogna furieusement, et tenta de l’attraper. L’homme esquiva une fois, et elle réussit ensuite à l’attraper. Alors que Garuda tenta de le tuer, l’homme contre-attaqua avec son épée, et la planta dans sa mâchoire. Celle-ci s’y enfonça comme dans du beurre, perçant sa constitution, puis la lame redescendit, et trancha le corps de la femme.

Garuda poussa un grognement de douleur, un ultime cri de souffrance, avant de s’effondrer sur le sol. La chute de Garuda se ressentit auprès de tous les monstres environnants, qui se mirent alors à fuir. Zeddicus put ainsi voir les araignées filer autour de lui, fuyant à toute allure. Et, alors que la tension retombait, en le voyant, les habitants se mirent à l’acclamer.

« Le héros de Locbourg ! Notre héros !
-  Hourra ! Hourra !
-  Merci ! Oh mon Dieu, merci !!
-  Zedd ! Zedd !! »

Les gens étaient ravis, voyant en lui un héros. Toutefois, point de Trommel à l’horizon, car, si le Roi-Démon avait été là, les monstres ne se seraient pas enfuis. C’est en se rapprochant du temple médical que Zeddicus allait avoir quelques réponses, car plusieurs survivants de Stonehold s’y trouvaient déjà. Un capitaine grièvement blessé était encore conscient, le bras dans le plâtre, des bandages recouvrant une bonne partie de son corps pour masquer les traces de griffures et de morsures.

L’homme ne tarda pas à livrer ses explications :

« Ils étaient innombrables, mais ce monstre que vous avez tué, Monsieur… Ce n’est qu’un des lieutenants du Roi-Démon. Il agit à travers eux, ce sont ses commandants de bataille. »

Il était très fatigué, et avait indéniablement besoin de repos… Si ce n’est pire.

« Vous êtes fort, mais vous devez attendre… Les renforts royaux arriveront d’ici quelques semaines, reprendront Stonehold, et iront occire le Roi-Démon. Toute la région est maintenant dangereuse, barricadez-vous, ou réfugiez-vous vers les forts intérieurs. En ce moment, le Roi doit être en train de réunir une immense armée pour en venir à bout. »

Le soldat blessé observa Zeddeus.

« Je connais ce regard dans vos yeux… Vous avez envie d’y aller, fiston, mais… Là-bas, vers Stonehold, c’est la mort qui vous attend. Même si ce Roi-Démon a l’apparence d’un gamin, il… Il est d’une cruauté sans pareille. »

L’homme ne pouvait se douter qu’il était en train de parler du fils de Zeddicus…

Une victoire ? Amère victoire alors. Bon nombre de gens ont été tué, certains doivent sûrement encore souffrir sans savoir s'ils allaient passer la journée. Pour Zedd, c'était une bataille de gagner, mais il fallait encore remporter la guerre, ça, c'était une autre histoire. Bien que les gens l'acclamait, il ne se sentait pas mieux pour autant. Oui, des vies ont été sauvé, il devrait voir le bon côté des choses mais il était loin d'avoir terminé ce pourquoi il avait sortie son épée de son fourreau. Il se dirigeait vers un temple, prendre des nouvelles de ceux qui étaient sur le front car s'il y a bien une personne qui pouvait le renseigner, c'était eux. Ils pouvaient l'aider dans sa quête.

Un des capitaines racontait son calvaire, ce qu'il avait pu vivre là-bas, les monstres présent et surtout le roi-démon, celui qui habitait le corps de son fils. La créature qu'il avait tué n'était qu'un lieutenant mais ça faisait une puissante créature en moins. Cependant, il ne pouvait se permettre d'attendre aussi longtemps. Une journée, ce serait déjà de trop pour lui. Alors des semaines... Il ne faut pas rêver.

« Peu importe, j'irais à Stonehold et je ferais ce que j'ai à faire. »

Tenter de sauver son fils mais il ne pouvait pas dire que son fils était en réalité cette chose, ce roi-démon. Mais il devait aller le voir, il devait tout faire pour récupérer son fils et mettre fin à toute cette guerre. Il avait fait trop de victime comme ça, sa femme ne voudrait pas le voir agir de la sorte si elle serait encore de ce monde. Ne prenant que le nécessaire, un peu de nourriture et d'eau, il avançait sans peur vers Stonhold, qu'importe la distance et les embûches, il va réussir à retrouver son fils et il le remettre dans le droit chemin. Tant pis s'il y perd la vie, mieux vaut se sacrifier à avoir essayer que de baisser les bras et rester là à s’apitoyer encore et encore. Peu de choses le retenait ici après tout, il y vivait, oui, mais il n'avait aucune attache à cette ville, cet endroit. Si sa défunte femme serait là, il pourrait hésiter mais là... C'est un peu le tout pour le tout. Chez lui, il faisait face à un souvenir de sa femme, une des dernières choses qui lui restait d'elle, un peigne finement décorer auquel elle tenait beaucoup.

« Soit je sauve notre fils, notre futur, soit je te rejoindrais, mon amour... »

La vie ou la mort, clairement. Devant se mettre en route, il avançait sans se retourner, sans faire attention aux gens qui le félicitait ou cherchait à savoir ce qu'il s'apprêtait à faire. C'était simple, retourner son fils, et le changer et tuer ce démon en lui. Qu'importe les moyens, il va réussir, il le doit !

« Zeddicus ! Vous ne pouvez pas, c’est suicidaire !
-  Ne partez pas !
-  Je vous en conjure, restez ! »

En le voyant sortir de Locbourg, les villageois tentaient de s’amasser pour le retenir. Zeddeus n’appartenait pas à l’armée régulière, mais il était un ancien chevalier émérite, qui avait participé à bon nombre de campagnes militaires, et réalisé bien des croisades. Mais Zeddeus n’écoutait personne. Il avait juré de veiller sur Trommel. Sa femme était morte pour leur fils, qui était né avec de puissants pouvoirs magiques, hérité de sa mère. La femme de Zeddeus avait toujours dit qu’il était l’objet d’une prophétie, destiné à ramener l’équilibre dans le monde, à mettre fin à la menace de la magie noire et des forces maléfiques tentant d’envahir le royaume. Il semblait impossible que Trommel puisse avoir été corrompu. Mais Zeddeus avait ce mauvais pressentiment en lui, et personne n’arrivait à le retenir. L’homme était têtu, et partit avec son cheval, se dirigeant vers la sortie de la ville.

Locbourg avait tenu bon, mais ne survivrait pas un nouvel assaut. L’homme partit donc, et remonta le long des sentiers forestiers. Il y avait de nombreux corps sur la route, ceux des villageois n’ayant pas réussi à fuir. En rejoignant les faubourgs de la ville, Zeddeus se heurta à d’autres démons, des monstres horribles et grimaçants, et entendit également des hurlements paniqués à l’étage d’une grange. L’homme au cœur valeureux se dirigea par là, après avoir occis sans difficulté les quelques démons.

Les faubourgs étaient abandonnés, et il y avait des cadavres sur le sol de la grange. Un cheval avait été tué, ouvert sur le ventre, et plusieurs goules s’enfuirent précipitamment à l’approche de Zeddeus. Des projections de sang ornaient les murs, et les pleurs continuaient à l’étage. Quand il grimpa, ce fut pour voir une femme en robe, qui lui tournait le dos. Agenouillée sur le sol, elle pleurait à chaudes voix, et ne répondit pas à Zeddeus. L’homme ne put que se rapprocher, car la femme semblait tenir un corps entre ses bras…

« Mon fils… Mon fils… Ils me l’ont pris, ils me l’ont volé, ho, mon enfant… »

Et, quand il fut suffisamment près, le corps de la femme fut parcouru de tremblements nerveux. Au dernier moment, elle se retourna alors, et, peut-être avec effarement, le preux chevaleir put voir que la femme n’avait pas de yeux, que son corps se décomposait rapidement. Une longue langue baveuse s’enroula autour de son poignet, et la femme bondit alors brusquement sur lui, relâchant le corps de l’enfant qu’elle venait de tuer.

« …ET ILS N’ONT PAS VOULU ME LE RENDRE !! »

C’était un Spectre de Midi, une tueuse redoutable, un fantôme puissant et dangereux, qui relâcha le poignet de Zeddeus, et chercha à l’attaquer, se ruant droit sur lui…

Rien ne pouvait le retenir ici, rien ni personne. Zeddicus partit donc avec son cheval en espérant trouver ce roi démon qui n'était autre que son propre fils, habité par l'esprit du malin. Il allait devoir tout faire pour le ramener et faire de lui ce qu'il devrait être, son fils. Il allait y aller et tant pis s'il ne revenait pas. Mieux vaut mourir en essayant que se lamenter. Sa femme n'étant plus de ce monde, il n'avait plus aucune raison de rester ici si ce n'est pour voir les méfaits de sa propre chair sur le monde. Et ça, il n'en était pas question. Continuant son chemin, il ne s'arrêtait pas face aux cadavres, il eut une pensée pour honorer la mémoire des soldats tombés, des villageois apeuré, c'est tout. Quand de rares démons venaient s'en prendre à lui, Zedd les pourfendant sans trop de mal. Ce n'était que de simples démons de bas étage, du moment qu'on a une arme, ça ne posait pas de réels soucis.

Cependant, s'il ne pouvait rien pour les morts, il pouvait toujours faire quelque chose pour les vivants. Quand il entendis les cris, il fit un léger détour pour se rendre à près d'une grange. Laissant son cheval en dehors avec un charme magique à la selle qui éloignait les créatures, l'effet ne durait pas très longtemps, suffisant pour s'assurer de ce qui se passait ici. Dés son entrés, il vit quelques goules fuir à son arrivée et il grimpait donc, laissant la carcasse de cheval au sol. Les cris venaient de là-haut, qui sait ce qu'il verrait ? L'épée en main, il passait la tête pour ne voir qu'une femme de dos, qui semblait pleuré, recroquevillée sur elle-même.

« Madame ? Tout va bien ? »

L'épée dans sa main, sa main de libre se tendait vers elle doucement alors qu'à travers ses larmes, il entendait sa plainte, celle de son enfant qui lui avait été arrachée. Sur ça, il ne pouvait que comprendre cette pauvre femme, mais sa compassion risquait de lui coûter cher. Elle se retourna, et se décomposait en un instant en saisissant sa main. Le spectre du midi le repoussa et il tomba du haut du grenier, la carcasse du cheval ayant amortie sa chute. Il se recula, épée en main pour sortir d'ici et éloignée sa monture par la même occasion. Il est aisé de découper des êtres vivants quand on sait où frapper, ce n'était pas la même chose face à des spectres. Zeddicus n'avait rien d'un sorceleur, il avait quelques bases pour affronter un spectre, mais ce n'était pas la personne la plus qualifiée pour cette tâche. Par chance, il avait toujours quelques petites choses de quand, il était dans l'armée, il enduit donc sa lame d'une huile faite justement pour rendre son épée efficace contre ce genre de démon sensé être plus ou moins intangible. Zedd esquiva le coup qui arrivait sur lui et trancha le spectre, le coup, il l'a sentit passer. Pas autant sûrement que quelqu'un qui avait pour habitude de les affronter, mais ne sait-on jamais ? Une rude bataille l'attendait en tous cas, il allait devoir vaincre ce spectre pour que cet esprit trouve enfin la paix... mais dieu sait que ce sera difficile d'apaiser un tel esprit qui a perdu un être si cher...

« Je suis désolé d'en arrivée là et pourtant, je connais ta peine... J'espère pouvoir faire en sorte que tu puisses au moins le retrouver dans l'au-delà. »

Mais pour ça, fallait-il encore vaincre la créature spectrale.

« RENDEZ-MOI MON ENFANT !! »

Le Spectre de Midi se rua sur Zeddicus, et le renversa. L’homme s’écrasa sur le sol, heurtant la carcasse d’un cheval, et se redressa ensuite. Le Spectre poussa un terrible hurlement de rage, une véritable onde magique. Le temps que le Spectre descende, Zeddicus recouvrit sa lame d’une huile magique. Face au Spectre, un sorceleur utiliserait normalement le Signe d’Yrden, qui ralentirait sa progression, et le rendrait tangible, mais Zeddicus n’avait pas ça en stock. L’huile permettait d’attaquer le Spectre malgré sa forme immatérielle, mais ne le blessait pas aussi violemment qu’une lame. Le Spectre se rua sur lui, et Zeddicus esquiva en frappant le Spectre au passage. Il y eut comme une violente étincelle, une explosion magique. Le Spectre se retourna devant le guerrier, et la femme hurla encore, faisant sortir une longue langue baveuse qui fusa vers l’homme.

Zeddicus l’esquiva habilement, et le Spectre se rua alors vers lui. Ses mains griffues se plantèrent dans ses épaules, et le décollèrent du sol. Elle le souleva sur plusieurs mètres, et ils passèrent par une porte, rejoignant la cour de la ferme.

« MON ENFANT, MON ENFANT !! ILS ME L’ONT VOLÉ ! »

L’homme la repoussa, et le Spectre s’éloigna alors, avant de hurler encore. Un hurlement magique qui s’accompagna aussi d’un blanchissement étincelant. La vision de Zeddicus devint soudain plus floue, tandis que ses oreilles sifflaient. C’était là le terrible pouvoir des Spectres de Midi. Celle-ci était morte dans cette ferme, visiblement en tentant de protéger ses enfants, et, plutôt que de rejoindre les plans immatériels, son âme était restée bloquée ici, figée sous la forme d’un spectre. Elle pouvait se battre, mais également générer des clones, des illusions d’optique, ce qu’elle fit d’ailleurs.

Deux autres spectres apparurent, tandis que la poussière se soulevait autour d’elles, afin d’aveugler encore le guerrier. Pour terrasser un Spectre, les options étaient courtes. Bien sûr, on pouvait la tuer avec une lame, mais une autre solution était aussi de trouver l’objet qui la reliait à ce monde, l’objet maudit et ensorcelé, et de le détruire. La légende disait que le Spectre de midi était une femme qui, la veille de son mariage, venait de se suicider en apprenant avoir été trompé, et qui ne trouvait ensuite le repos qu’en tuant son ancien amant infidèle. Elle massacrerait alors quiconque se trouverait sur son chemin. Mais la réalité était parfois plus sinistre. Celle-ci voulait tuer celui qui avait tué ses enfants, mais elle ne pouvait s’associer avec quiconque. Les bardes contaient les récits sinistres et légendaires des Spectres de Midi.

Face à elle, Zeddicus était indéniablement en péril. Même un sorceleur préparait soigneusement le terrain avant d’affronter un Spectre de Midi, et lui venait de tomber dessus par improviste. C’était une enquête minutieuse, car le sorceleur recherchait l’objet magique. Pour vaincre définitivement une Spectre, les techniques variaient. Si l’épée était une option privilégiée par les sorceleurs, d’aucuns disaient qu’un amour véritable pouvait faire tomber la malédiction, si jamais la femme bafouée apprenait que l’amant infidèle ne l’avait jamais trompé. Les religieux disaient qu’il fallait enterrer son corps en lui prodiguant les sacrements religieux, les sorciers qu’il suffisait de briser l’objet magique… Mais encore fallait-il trouver, soit le corps de la Spectre, soit l’objet magique.

« Viens m’aider à retrouver mon enfant ! Un baiser, je ne demande qu’un baiser ! »

Un baiser pour lui arracher la vie, un baiser pour le tuer… La Spectre s’élança à nouveau, et fendilla l’air avec ses griffes. Zeddicus frappa encore, et la Spectre contre-attaqua, extrêmement rapide, sa main griffue cisaillant son torse. Fort heureusement, son armure le protégea.

La dernière option restait la fuite, car une Spectre ne s’éloignait jamais trop longtemps de son périmètre, de son cadavre… Si Zeddicus avait jamais demandé à un sorceleur quoi faire face à une Spectre de Midi ou de Minuit, c’est le seul conseil raisonnable qu’il aurait pu lui donner. Fuir aussi loin que possible !

Le voilà face à un danger qu'il n'aurait pas cru rencontrer un jour. Il s'était attendu à tomber sur tout un tas de monstres plus horrible les uns que les autres en cherchant à retrouver son fils, mais un spectre, non, ça, il ne l'avait pas vu venir. Zedd faisait son possible pour esquiver ses assauts, le frapper avec sa lame imbibée d'huile faite pour leur faire face. Mais ça, c'était le strict minimum à faire, il n'avait pas les pouvoirs d'un sorcelleurs, pas ses connaissances et il ne savait pas grand-chose aux fantômes hélas. Dans son passé, il a le plus souvent affronté des soldats, des créatures sauvages et quelques monstres, mais jamais une personne ayant perdu la vie. Les coups d'épées semblaient efficaces, aussi efficaces qu'un coup de bâton pour repousser une personne, ça fait mal, ça le ralentit, au mieux ça le fait reculer un instant, mais ça n'allait pas le tuer. Tant bien que mal, il agitait sa lame, coupant sa tête, son torse, ses bras, mais bien que couper, cela se ressoudait dans un petit nuage de fumée pour reprendre sa forme hideuse.

« Désolé de ne pas pouvoir t'aider, mais j'y peux rien ! »

Inutile de parler et tenter de la raisonner, mais ça le calmait lui, ça l'aidait à mieux appréhender la suite qui pour le moment, n'était pas glorieuse. Inculte aux façons de pourfendre une bonne fois pour toute cette chose, la seule voie envisager restait la fuite. En espérant que ce spectre allait finir par le lâcher si cela venait à se produire. Zedd faisait son possible pour s'éloigner du spectre, afin de regagner son cheval le plus vite possible et galoper le plus vite et le plus possible en espérant ne plus voire cette créature spectrale à ses trousses.Inutile de parler et tenter de la raisonner, mais ça le calmait lui, ça l'aidait à mieux appréhender la suite qui pour le moment, n'était pas glorieuse. On ne méritait pas une telle vie, malheureusement pour elle, Zedd n'était pas la personne capable de la libérer de ce calvaire. Après plusieurs minutes de courses, Zeddicus fit une pause, laissant sa monture s'abreuver à un point d'eau, pas le moindre bruit, la moindre apparition derrière lui. C'était bon signe.

Même autour de ce point d'eau, il observait, mais rien, pas de Noyeurs ou autre créature aimant ce genre d'endroit. Il fallait croire que cette petite rive était trop petite justement pour attirer les monstres. Profitant de ce moment de paix, il consultait rapidement sa carte pour voir à peu près où il était comparé à sa destination final, mais la route pouvait être encore longue si jamais il rencontrait à nouveau ce genre de créature. Sinon, ça pourrait être l'affaire d'une demi-journée, arrivant là-bas en début de soirée... Reste à savoir ce que sa route lui réserve, reprenant son périple après cette pause, rien ne garantis une route sans danger.

La campagne était toujours sauvage, avec des monstres réguliers… Mais, après l’invasion des forces ennemies, c’était encore plus dangereux. Seul un fou ou un suicidaire oserait se rendre seul dans ces régions sinistrées. Le Spectre de Midi n’était qu’une pâle menace, un symptôme des invasions démoniaques. Celles-ci utilisaient beaucoup de magie noire, perturbant l’équilibre naturel des forces en ramenant des monstres, en bouleversant les écosystèmes naturels des forêts environnantes. Plutôt que d’agir la nuit dans des zones très étroites, les monstres attaquaient de jour, et chassaient plus loin. Les chasseurs et les soldats n’étaient également plus là pour les repousser. Zeddicus rejoignit ainsi un cour d’eau où il s’arrêta pour faire escale.

Stonehold se rapprochait, mais il faudrait ensuite rejoindre le château du Roi-Démon. Plus aucune route n’était sûre, mais le jeune guerrier était prêt à tout pour son fils. Tandis que Zeddicus observait la carte, et pensait peut-être à faire son équipement, à vérifier ses élixirs, des bruits de pas commencèrent à se faire entendre depuis une forêt. Le temps de récupérer son arme, Zeddicus put voir une jeune femme émerger des bois. Des cheveux argentés coupés courts, des vêtements partiellement déchirés, et un pantalon moulant en cuir avec une épée fine à sa ceinture… Elle avait tout d’un chevalier de Stonehold, et se rapprocha encore de Zeddicus.

« Zeddicus… »

La jeune femme se rapprocha encore, une apparition bien trop spectrale et surréaliste pour être honnête.

« Mon Maître te souhaite la bienvenue dans ces terres. »

De nouveaux bruits résonnèrent depuis la forêt, et des Wendigos firent irruption. La femme leva sa main, les interrompant sur place.

« Je m’appelle Maria… Anna Maria. Jadis, j’étais comme toi. Une guerrière au service de mon ordre, qui a tenté de mener une croisade contre le Roi-Démon. Mon Maître m’a vaincu, mais m’a épargné, et m’a donné une nouvelle raison de vivre. Ta croisade en solitaire amuse beaucoup mon Maître. »

Une guerrière corrompue, un ancien chevalier au service d’une juste cause qui servait désormais Trommel, comme un funeste présage. Les Wendigos grognaient furieusement, leurs yeux rouges étincelants dangereusement. Un début de brouillard commençait à s’échapper de la forêt, et le cheval de Zeddisu s’agitait, s’ébrouant sur place.

« Quelles sont tes intentions, Zeddicus ? Espères-tu vraiment ramener ton fils ? Il est trop tard pour ça… Si tu t’aventures encore, tout ce qu’on trouvera de toi, ce sera tes restes, ton cadavre que nous renverrons à ces humains pitoyables pour leur montrer ce qui les attend, hihi… »

L’idée amusait beaucoup Maria. Mais, d’un autre côté, le fait que Trommel l’envoie avant de lâcher sur Zeddicus ses monstres signifiait peut-être aussi que, quelque part, son fils était toujours là, et croyait encore en son père…

Zedd avait fait une pause, après avoir échappé à ce fantôme, après avoir poussé sa monture à tant presser le pas, c'était la moindre des choses que la laisser souffler un peu. Pendant que son cheval reprenait ses forces, lui, il examinait son inventaire, voir ce qui lui restait sous la main pour pouvoir agir rapidement face à diverses menaces. Le simple fiat de croiser un fantôme en plein jour et dehors, prouvait que quelque chose clochait dans tout cela. Toutes créatures vivaient surtout la nuit, ou à défaut dans des endroits sombres s'ils devaient agir en plein jour. Et là, non seulement la grange n'était pas vraiment dans l'obscurité, mais en plus, il avait tenté de le suivre en plein jour. Rien que ça, ce n'était pas normal.

Reprenant à peine la route, de drôles de bruits se montraient autour de lui avant qu'une jeune femme en sorte, sa tenue légèrement abîmé. Une créature était à ses trousses ? Il aurait pu le croire, mais bien vite, les mots de la jeune femme prouvait à qui elle avait juré fidélité. Des créatures humanoïdes à tête de cerfs, des Wendigos... Il avait donc enrôlé aussi des humains à sa cause, ce sale démon ! Cependant, sans avoir la science infuse, Zedd se doutait de la raison pour laquelle cette femme était en vie, cette Anna Maria. Anna, c'était le prénom de sa femme, de la mère de son fils. Bien que cette femme ne lui ressemblait en rien, ce détail avait peut-être raisonné dans l'esprit de son fils pour la laisser en vie ? Tout n'était pas perdu. Il gardait ce détail pour lui alors que cette femme semblait être là... pour quoi au juste ? Selon elle, s'il avance, c'est vers la mort et s'il recule, ce n'est pas conseiller. Drôle de choix quand même.

« Rien n'est jamais perdu et si je dois mourir pour le prouver, alors je le ferais. »

Face à tant de monstres, la situation était difficile. Un Wendigo ou deux à la limite, ça pourrait passer, mais là, sans compter, ils étaient au moins six ou sept. Aussi bon bretteur était-il, il ne pouvait pas vaincre ses abominations si aisément. Selon les légendes, les Wendigos naissent de ceux qui mange de la nourriture humaine si sa mémoire est bonne. Quelque part, plus ou moins loin d'ici, il devait y avoir une tribue cannibale ? Ou alors c'était là des soldats quelconque qui n'ont pas eu d'autres choix pour survivre... Drôle de voie à suivre.

« Cependant, tu te contredis, j'ai l'impression. Si mon voyage l'amuse beaucoup, pourquoi viendrais-tu me déranger en me barrant la route. En faisant ça, tu risques de le mettre en colère, non ? »

Ce serait idiot d'envoyer à lui quelque chose de très dangereux pour sa croisade. Il aurait envoyé un monstre ou deux sur son chemin, comme avec le spectre, ça aurait été logique. Compliqué, mais pas infaisable, mais là, autant d'adversaires ? Ça semblait le mettre au pied du mur.

« Retrouve ton humanité, Maria. Tu laisserais un môme te donner des ordres ? J'ignore tout de toi, de tes origines, mais je doute que plier le genou face à un enfant soit une chose que tu avais envie de réaliser dans ta vie. Si tu veux essayer de m'en empêcher, tu peux, mais je ne garantis pas que je serais clément avec toi. »

Femme ou enfant, Zeddicus devait ramener son fils à la raison, renvoyé ce démon dans son monde alors peu importe les embûches sur sa route, il fera tout pour la réussir, même si pour cela, il devait croiser le fer avec une femme qui n'avait plus toute sa tête...

Maria gloussa doucement quand Zeddicus lui demanda de retrouver son humanité. Elle se rapprocha de lui, visiblement guère inquiète.

« Je dois ma survie à mon Roi, Zeddicus. Sans sa mansuétude, je serai déjà morte. Je ne m’explique pas encore pourquoi il m’a épargné, mais il m’a permis de renaître… Ce précieux cadeau te sera peut-être offert, Zeddicus. Jadis, tu fus un héros ici, et, dans ces lieux, les gens continuent à t’apprécier, et à te respecter. »

Zeddicus n’était pourtant pas si âgé, mais c’était un bretteur hors pair, également connu pour ses grandes valeurs morales. Maria se rapprocha encore, tandis que les Wendigos se déplaçaient dangereusement. Que voulait donc la jeune femme ? Elle disposait d’épaulières légèrement ensanglantées, et de lames courtes qu’elle rangea dans son dos.

« Tu penses pouvoir me ramener à mon ancienne vie ? À mes illusions ? J’avais dévoué mon âme et mon existence à un Dieu qui n’en a cure… Mon Roi m’a aidé à y voir plus clair. »

Elle avait été violée. Longuement. Trommel n’avait pas usé de son corps en personne, mais avait généré des tentacules noirâtres qui avaient pénétré longuement et furieusement la femme. Un spectacle impressionnant, tandis qu’elle se rapprochait encore. Peu à peu, les flammes du feu de camp éclairèrent ses formes langoureuses, sa tenue moulante. Elle sortit alors ses deux lames, et les fit tournoyer sur place, puis s’élança brusquement vers Zeddicus. Elle prit appui avec sa jambe, et bondit en hauteur, avant que ses lames ne se heurtent à celle de Zeddicus. Elle eut beau appuyer avec son corps, l’homme était plus musclé, et la repoussa, tout en hésitant manifestement à la combattre.

Maria, quant à elle, ricana à nouveau.

« Mon Roi veut te voir, oui, mais ce n’est pas aussi simple que ça. Tu dois en être digne. Moi, je suis là pour accomplir sa volonté. Si mon Roi voulait te tuer, tu serais déjà mort. Les Wendigos t’auraient déjà dévoré. »

Elle l’attaqua encore, se montrant rapide, mais l’homme campait sur ses positions. Maria se recula ensuite, et un Wendigo attaqua alors Zeddicus, fonçant vers lui en hurlant. Les dents tranchantes du monstre claquèrent dans le vide, et Zeddicus le repoussa, donnant un coup sec avec son pied sur la gueule du Wendigo, puis donna un coup de pointe avec sa lame. Maria attaqua alors, bondissant par-dessus le Wendigo, et frappa avec le pied Zeddicus à la taille, le couchant au sol.

Maria finit à califourchon sur lui, la lame contre sa gorge. Son autre main se posa sur son épaule, et elle sourit, tout en se penchant vers lui, volontairement sensuelle et provocatrice. Zeddicus pourrait alors sentir son parfum… Qui était celui que sa femme portait jadis. Ceci semblait confirmer que la raison pour laquelle Trommel avait épargné cette femme était son patronyme.

« Tu as été incapable d’empêcher ton fils de sombrer aux ténèbres, Zeddicus. Il est devenu l’hôte du Roi-Démon… Et je le sers volontiers. Et toi ? Depuis combien de temps n’as-tu pas tiré ton coup avec une femme ? Mon corps ne te fait-il pas envie ? »

La tentatrice le provoquait, rapprochant ses lèvres des siennes, remuant sur son corps, son redoutable fessier se rapprochant de son pantalon, de son sexe…

Zedd faisait face à cette jeune femme. Il ne lui en voulait pas vraiment pour ses propos, ses pensées. Si elle pensait avoir perdu tout espoir pour finaleme,t avoir une chance de survie, peut-être était-il normal de se rattacher à cela, même avec un sale type. Mais lui, il allait camper ses positions. C'était son fils, il s'était juré de ne pas laisser cette malédiction avoir lieu et le sauver, il avait échoué. Son fils lui avait été retiré, sa femme en était morte, en partie de chagrin, très certainement. Il ne pouvait pas passer l'éponge comme ça. Il devait faire changer ce monstre, qu'il redevienne son fils sinon, il ne pourra plus se regarder dans un miroir. Zeddicus préférait même en perdre la vie en essayant cela, peu importe que l'action soit vaine, plutôt que d'arrêter de vivre et mourir pour vaincre une armée. Il agirait de la sorte si c'était la solution pour ramener son fils à lui, mais pour le moment, il devait le voir, lui faire face. Tout espoir n'était pas perdu et cette fille en était la preuve. C'était peut-être un hasard que cette Anna ait eut la vie sauve, mais Zedd préférait y voir un signe, un signe que son fils a réagit en entendant un nom qui lui rappelait un souvenir et lui a donc laissé la vie sauve.

« Navré pour toi que la religion ne t'ai pas aider à vivre heureuse, mais servir un démon n'est jamais la solution, peu importe son cadeau. »

Zedd n'avait jamais été très penché sur la religion. Il respectait les gens qui y croyait, lui, il préférait vivre l'instant présent et se dire que les actes valent mieux que d'attendre un geste divin. Les dieux existaient sûrement. Si les démons étaient là, pourquoi pas eux ? Mais justement, si les démons peuvent aisément manigancer de sales tours sur leurs terres, pourquoi les dieux ne viennent pas interagir eux aussi ? Alors que cette dernière commençait à se montrer dangereuse en bondissant vers lui, Zedd restait prudent, cherchant à garder à l'œil autant cette femme que les monstres. Rien ne dis qu'ils resteront fair-play. Il la repoussait, juste pour essayer de lui montrer que son titre de héros dans le coin n'était pas du flan. Bien entendu, elle cherchait à prouver qu'elle était forte que ses créatures pouvaient le dévorer si elle les lâchait. Aussi fort puisse-t-il être, face à autant de créatures, il a intérêt à montrer une soudaine puissance cachée pour toutes les éliminer et s'en tirer en un seul morceau.

« Ouvre les yeux avant qu'il ne soit trop tard ! Il n'est jamais trop tard pour changer les choses ! »

Zedd en était la preuve, ayant baissé les bras, c'est en voyant la mort marcher vers lui et les innocents qu'il se décide à changer les choses. A essayer du moins. Il tentait de tenir tête à cette femme, et, s'il ignorait si elle était puissante, elle était en tous cas plus agile que lui. Pendant qu'il se défendait face à une de ses créatures, Anna venait l'attaquer, le faisant tomber au sol, se plaçant sur lui avec sa lame prête à lui ôter la vie. Si près, il sentait son parfum, remontant en lui tas de souvenirs, des choses qui confirmait de plus en plus son idée que Trommel était encore là. Tout n'était pas perdu. Il ne pouvait pas dire si c'était la même odeur que sa femme, mais ça s'en rapprochait beaucoup en tous cas. Mais il retrouva vite la raison quand elle évoquait le fait qu'elle connaissait l'identité du roi-démon. Elle savait... Mais cela ne changeait rien à ses plans, il ramènera son fils à la raison. Quant à sa provocation sexuelle, il n'en tenait pas rigueur. Il tentait du moins. Il ne pouvait pas cracher sur le fait que cette femme était plutôt belle. C'était vieux jeu, mais il restait fidèle à sa femme. Même dans la mort. Vu tout ce qu'il traversait en plus, il ne pouvait pas prétendre vouloir retrouver un semblant de bonheur. Il ne sera plus heureux. Si son fils revient à la raison, cela pourrait être un premier pas vers le changement. Mais pour le moment. Non.

« Non, pas le moins du monde. »

Zedd restait sérieux, il ne voulait pas la blesser, mais il ne voulait pas mentir. Allant contre la douleur, il venait se saisir de la lame et tant pis si elle le blesse afin de lui agripper le bras et inverser les positions. Amenant la lame vers sa gorge, il gardait aussi les créatures à l'œil. Voir cette femme en danger pourrait les faire réagir ? En bien comme en mal si jamais elles voudraient lui prêter main forte...

« Je ne suis pas là pour jouer à tes petits jeux. Je n'ai pas de temps non plus à perdre avec ça. Penses ce que tu veux, mais réfléchis à une chose... Admettons que je change les choses, ou un autre et que ce roi n'est plus... qu'est-ce que tu feras ? En admettant que ce roi te protège pour une raison ou pour une autre, s'il n'est plus, tu crois que les créatures avec qui tu te balades vont continuer à t'obéir ? Tu ne seras qu'un morceau de viande en plus. Les démons sont ainsi, ils craignent la force, il n'y a pas de respect chez eux, pas d'empathie... En éliminant ce roi, ce n'est pas le sommet de la pyramide qui disparaît, c'est un mur porteur et tout s'écroule. Et tu seras sous les décombres si cela arrive. »

Zedd était sérieux en disant cela. Tel des animaux sauvages, les démons ne pouvaient s'allier comme deux nations pourraient le faire. Si toutes ses créatures se battent ensemble contre les humains, c'est par peur de ce roi. Il est possible que sans lui, bon nombre d'entre eux rente chez eux. Penchée sur elle, la lame caressait sa gorge. Il espérait ne pas avoir à la tuer, mais il ne pouvait pas risquer de mourir non plus... Si elle se montre dangereuse, il devra en faire autant... Il fallait bien ça pour essayer de sauver son fils.

Zeddicus s’avéra à la hauteur de sa réputation, et retourna Anna Maria. Surprise, la jeune femme se retrouva au sol, et les Wendigos s’avancèrent brusquement, poussant de terribles grondements. Toutefois, ils n’attaquèrent pas, et Zeddicus tenta encore de convaincre Anna Maria de la futilité de sa situation. Si jamais Trommel venait à mourir, ou à ne plus commander les démons, les Wendigos viendraient la déchirer, la déchiqueter, et la dévoreraient. Anna Maria ne pouvait pas nier cela.

« C’est… C’est toi qui ne comprends pas. Je n’existe… Que pour servir. Avant, je servais un Dieu inexistant, qui se désintéresse de nous. Le Roi m’a offert une chance de servir de véritables puissances. Il n’est pas comme nous, guerrier. L’enfant que tu as connu… Il n’est que l’hôte d’une puissance qui nous est totalement supérieure. S’il venait à mourir, je n’aurai plus de raisons de vivre, et c’est avec soulagement que j’accueillerai la mort. »

Elle dit cela avec une résolution sans faille, faisant ainsi comprendre à Zeddicus qu’elle était complètement subjuguée par Trommel. Le Roi-Démon avait pris possession de son corps, de son esprit, de sa chair, il avait fait d’elle son esclave, et, à sa mort, elle mourrait aussi, comme ces anciens Rois tyranniques qui, à leur mort, condamnaient également leurs serviteurs. Anna Maria annonçait cela avec calme et résolution, car elle ne se voyait tout simplement pas exister encore sans son Maître.

Face à elle, Zeddicus tenait toujours la lame, et Anna soupira encore.

« Tu es fort, Zeddicus, je l’admets… Mais c’est moi qui retiens les Wendigos. Si tu me tues, ils attaqueront, et je ne crois pas que tu pourras leur échapper. De plus, je ne suis pas venue pour t’affronter. »

Énigmatique, Anna Maria n’avait pas encore révélé véritablement ses intentions, si ce n’est en narguant à plusieurs reprises Zeddicus. Mais était-elle vraiment venue ici pour le combattre ? Si c’était le cas, les Wendigos l’auraient attaqué d’emblée.

« Je cherche à t’aider, tu sais… À te conduire vers Trommel. »

Le choix appartenait à Zeddicus, bien sûr, mais la lame finit par s’éloigner. Anna Maria se releva alors, et s’assit face à lui, un sourire narquois venant éclairer ses délicieuses lèvres.

« À quand remonte la dernière fois que tu as couché avec une femme ? » demanda-t-elle alors brusquement.

Zedd était certes entouré d'ennemi relativement dangereux, surtout vu le nombre, mais si elle ordonnait ses choses, elle ne voudrait sûrement ne pas perdre la tête et lui, il ne voudrait pas en arrivée là. Tuer un monstre est une chose, tuer une femme en est une autre. Surtout que la pauvre avait dû subir un lavage de cerveau, si elle se concentrait, elle verrait que sa place n'était pas si belle que ça. Enfin, il maintenait la pression sur elle, essayant de lui faire prendre raison, que sans roi démon, plus aucune bannière sous laquelle se réunir et donc, les monstres vont reprendre leur nature avec au mieux, un chef de meute pour leur race, sans devoir collaborer avec d'autres monstres. Et cette femme ne sera plus celle qui les dirige, au mieux, ce ne serait qu'un casse-croûte qui les a assez accompagnée.

« Cesse de penser à des choses aussi stupides ! Je ne te demande pas de croire aveuglément à un dieu, mais tu peux agir pour le bien des autres ou de façon plus égoïste, à ton propre bien sans devoir servir des démons comme tu le fais. »

Il sera difficile de lui faire entendre raison, mais s'il pouvait sauver une vie, c'était toujours ça de pris bien que la seule vie qu'il voulait vraiment sauver était celle de son fils, mais après tout, c'était jadis ce qu'il faisait. Sauver des vies. Anna Maria continuait de sous-entendre qu'elle était là pour l'aider et que sa mort ne ferait que lâcher les Wendigos sur lui. Certes, mais il ne pouvait pas non plus faire confiance à un sbire démoniaque, même si cette dernière était humaine jusqu'à preuve du contraire. Bien que ce fut lentement, il finissait par éloigner la lame d'elle, mais il ne rengainait pas pour autant, il y avait bien trop de danger autour de lui pour ranger son arme en se croyant tiré d'affaire. C'était beaucoup trop risqué. Libérant donc la jeune femme, il ne baisa pas pour autant sa garde alors que cette dernière venait à nouveau évoquer le sexe, cherchant à savoir à quand remontait sa dernière fois ?

« En quoi cela te regarde ? Qu'est-ce que cela t'apportera ? »

C'est vrai, quel rapport entre son fils et ça ? C'était privée. De plus, cela remontait à un certain moment, sa femme était encore en vie et tout allait bien dans leur petite famille, autant dire que ça ne date pas d'hier. Zeddicus était un mari fidèle, il n'avait pas cherché le réconfort dans les bras d'une autre, il n'avait même pas songé à ça. C'était contre ses principes et surtout, comment songer à ce genre d'idée quand son fils s'est transformé en un roi démoniaque et que sa femme en a perdue la vie de chagrin ? Il ne faudrait pas avoir de cœur pour songer à ce genre de chose... Il ne niait pas que cette femme dégageait un certain charme, mais ses principes, ses valeurs lui interdisait de songer à plus que la regarder, ce serait craché sur la tombe de sa femme sinon.

« Quand me guideras-tu devant mon fils ? »

Le ton n'avait rien d'amicale, mais il n'était pas là pour se faire des amis, revoir son fils et le ramener à la raison, virée ce démon de son corps une bonne fois pour toutes et faire ce que sa femme aurait aimé vivre, être en famille. Zedd n'était pas ici pour bavarder et tourner autour du pot sans rien faire, parler de sa sexualité ne mènerait à rien, il était là pour continuer sa route et viré ce démon de son corps, si possible avant qu'une nouvelle vague de démon ne fonce sur son village.

Un sourire malicieux et pervers éclaira les lèvres d’Anna Maria devant la colère de Zeddicus, qui refusa de répondre à ses questions. Elle se pinça les lèvres, tout en restant assise à proximité de lui. Tout ce que Zeddicus voulait était rejoindre son fils, ce qui amena Anna Maria à hausser les épaules.

« Parce que tu crois que ton fils reviendra ? Le jeune Trommel est mort, Zeddicus. Il ne reste plus que le Roi-Démon, et sa victoire est certaine. Tu sais pourquoi ? Tu le sais forcément, tu as assez exploré ce monde pour le savoir… »

Anna Maria s’était assise sur le sol, étirant ses jambes devant elle, les écartant doucement, ce qui mettait ainsi en valeur son entrejambes. Une posture très sensuelle, qui faisait qu’Anna Maria ne mentait pas sur ses intentions, ou sur son envie de coucher avec lui. À quoi pensait-elle donc ? Un sourire sardonique éclaira son visage, et elle poursuivit encore :

« Les Anges ont abandonné ce monde. Ils se recroquevillent dans leurs cités célestes. Partout, les hommes sont faibles… Si les Démons sont si puissants, c’est en raison de la faiblesse des hommes. Tu le sais sûrement, Zeddicus, tu as dû le voir. La peur, l’envie, la jalousie, l’orgueil, l’avarice… Les hommes ont perdu cette guerre, et nos prières résonnent dans des églises vides. Le Roi-Démon a massacré tout mon couvent, Zeddicus. Il a laissé plusieurs d’entre nous en vie, et nous a laissé le choix… »

Anna Maria soupira, avant de poursuivre :

« Soit nous nous entretuions, soit il nous torturerait avec ses tentacules pour nous servir une mort lente et douloureuse. J’ai tué mes propres sœurs, et, plus je les tuais, plus je me sentais forte, enivrée. À la fin, tandis que je plantais ma lame dans la tête de l’une de mes sœurs, je riais à gorge déployée. Puis j’ai juré de servir le Roi-Démon. »

Elle sourit à nouveau, un sourire plus pervers, cruel aussi.

« Il n’est plus vierge, tu sais. Mon corps… Il l’a ravagé. Tu vois, je me demande juste s’il a hérité de cette vigueur de la part du puissant Zeddicus… »

Anna Maria se pinça doucement les lèvres. Elle n’éprouvait aucun regret, aucun remords pour les atrocités qu’elle avait commise. Indéniablement, son esprit s’était fracturé, et il était difficile de déterminer comment la sauver, ou même s’il était tout simplement possible de la sauver.

« Tu sais comment accéder au château… Je peux t’y amener de manière sécurisée, ou tu peux te battre dans la forêt. Mais tout service exige paiement, toute prestation doit être rémunérée. Et je ne veux pas de ton or, Zeddicus. Si tu veux de mon aide, si tu veux pouvoir rejoindre rapidement et de manière sécurisée le château, il n’y a qu’une seule chose que je veux… »

Le tentait-elle ? Le provoquait-elle ? La redoutable femme savait en tout cas ménager ses effets, et, tout en parlant, écarta ses jambes, venant titiller son sexe à travers son pantalon, puis enchaîna alors, sur un ton plus langoureux :

« …Un orgasme. »

Ce genre de question était bien trop personnel. Zedd avait toujours été ainsi. Non pas qu'il était pieu, il restait un homme, mais un homme fidèle qui avait épousée une femme et l'avait respecter. Même s'il a connu quelques aventures sur les routes avant de rencontrer sa femme, une fois qu'il était marié, elle fut sa seule conquête, et même dans la mort, il lui restait fidèle. Pas question d'aller voir la première tentatrice comme ça. Il préférait passer le rester de ses jours ainsi plutôt que cracher sur sa dépouille. Ses vœux avaient été sacrés et dans le cas contraire, sa femme en aurait fait autant si c'était lui qui serait partie. Donc, poser ce genre de question était inutile, la seule chose qu'il voulait, c'était retrouver son fils et le ramener à la raison, qu'il doit en perdre la vie si il le faut mais il ne restera pas les bras croisé à attendre la fin, ça, il n'en était pas question.

Anna Maria venait expliquer son histoire plus en détail, ce qu'elle a dû vivre avant d'en arrivée là et, ce fut une histoire horrible. Zedd la regardait avec une pointe de chagrin. En arrivée, là, comment était-ce possible ? Comment était-ce possible de prêter allégeance à un tel criminel ? L'armée n'était pas toute blanche non plus, mais Zedd a toujours réprimander ses camarades qui profitaient de la guerre pour pilier, violer ou tuer des innocents. Leurs adversaires portaient des armures, des armes, ils n'étaient pas cachés dans un coin d'une maison en tremblant, désarmés. Ennemis peut-être, mais ils restaient humains, des gens dans le « mauvais » royaume à servir. Ils ne faisaient que vivre leur vie comme leurs populations, ce n'étaient pas eux leurs ennemis. Mais les démons étaient apparemment pire que ça... Même si la jeune femme s'étirait en cherchant peut-être à le séduire, il n'y prêtait pas attention.

Mais évoquer le fait que son fils ait fait ce genre de choses... Non, c'était le roi-démon, pas son fils ! Son fils n'avait même pas atteint les dix ans, comment diable pourrait-il penser à ça ?!

« Cesse de raconter tes idioties et guide-moi vers le roi démon. »

Mais cette démone cacher sous sa peau humaine venait à marchander, un chemin simple en échange de sexe ou une route parsemé d’embûche ? Il n'avait pas peur d'affronter des ennemis en chemin, mais le temps jouait contre lui. Plus il attendait et plus les monstres risquant de se rapprocher des villes et villages et chercher à raser le tout. Mais Zedd avait juré à sa femme qu'elle sera la seule et unique... Que dirait-elle dans cette situation si elle était encore là ? De faire vite, que ce n'était pas grave et que cette catin ne comptait pas ? Ou de la virer de son chemin et mettre les bouchées doubles pour récupérer leur fils ? Le doute était permis, même s'il voulait croire à la seconde option, si Maria était morte de chagrin, ce n'est pas pour rien, leur fils, c'était toute sa vie à elle. Le perdre, c'était lui arracher le cœur, elle n'avait pas pu supporter ça très longtemps. Son regard se posait sur elle, loin de tomber sous son charme, il la jugeait, se demandant comment une femme pouvait en arrivée à ce point ?

Zedd se rapprochait d'elle, la saisit par les épaules pour la redresser, les yeux dans les yeux.

« Jure-moi que tu tiendras parole, sorcière ! »

Il a ainsi été élevée, mais là, il ne pouvait pas gentiment lui tendre la main pour l'aider à se lever. Il a ainsi été elevée, mais là, il ne pouvait pas gentiment lui tendre la main pour l'aider à se lever. Une fois sa parole en gage, il venait l'embrasser, sans vraiment montrer un signe de douceur ou de joie. Ce n'était pas du plaisir, un sacrifice de son honneur pour retrouver son petit garçon au plus vite. Au moins, Zedd ne manquait pas de vigueur pour le moment. Il relâchait la jeune femme, posant ses mains sur ses hanches, blottissant son corps contre le sien en continuant ce baiser. Si cette femme lui ment et ne tient pas parole... il ne sait pas s'il pourra supporter d'avoir piétiné son honneur pour ça...

Anna Maria sourit doucement quand Zeddicus considéra les deux options. Coucher avec elle, ou traverser une vaste région remplie de monstres… Il savait à quoi s’attendre, et il savait que la traversée ne serait vraiment pas facile. Alors, si Anna Maria lui garantissait un sauf-conduit jusqu’au château de Trommel… La perspective était séduisante, et elle se redressa donc lorsque Zeddicus se rapprocha. Le courageux chevalier posa ses mains sur ses épaules, et demanda à ce qu’elle jure. Anna Maria sourit alors, et posa ses mains sur le torse musclé de l’homme :

« Tu n’as donc plus fait l’amour depuis la mort de ta femme ? Mon pauvre, comme ça a dû être dur… Et je le jure, oui, car c’est que mon Roi veut. Je ne fais que te transmettre sa proposition. Si je n’obéis pas, alors il me tuera à distance., ou ses Wendigos me dévoreront. »

Elle sourit malicieusement. Zeddicus n’aurait aucune autre garantie, mais, à ce stade, était-ce vraiment nécessaire ? Les deux s’embrassèrent alors, tendrement. Ce fut un baiser délicat, sans passion de la part de Zeddicus, mais les mains d’Anna Maria se crispèrent sur sa chemise.

« Et tu devras m’appeler Anna… Comme ta femme… »

Une ultime pique supplémentaire, et Anna l’embrassa alors. Un baiser énergique, sensuel, son corps se crispant au sien. Elle avait une délicieuse odeur, le même parfum que sa femme, une odeur très agréable de lilas et de vanille. Sa main caressa ses cheveux, s’appuyant dessus, et elle se pressa encore, fourrant sa langue dans sa bouche. L’homme résista un peu, mais elle s’écrasa encore, relevant ses jambes, venant les enrouler sensuellement autour de sa taille. Dans le prolongement de ses doigts, Anna Maria portait des griffes en fer, qu’elle utilisa, crispant ses doigts sur le torse de l’homme.

Elle déchira légèrement sa chemise, avant de continuer le baiser, sa langue titillant celle de l’homme. Bien contre lui, Zeddicus commença à répondre, et posa ses mains sur ses hanches. Anna gloussa alors, et attrapa la main de Zeddicus, puis la posa sur ses fesses.

« Là… Appuie-là, mon beau… Presse bien fort ! »

Elle le narguait volontiers, jouant avec lui.

Oh oui, elle allait vraiment prendre tout son temps !

Cette sorcière jouait avec lui. Déjà que son fils était dans une sale position, que sa femme n'avait pas supporter une telle séparation, voilà qu'elle tentait autre chose en jouant avec le temps, ses principes. Zedd finis par céder dans l'espoir de revoir au plus vite son enfant et le sauver. Il espérait ne pas faire fausse route en cédant à ce drôle de chantage, mais il devait sauver Tromel au plus vite et redevenir cette famille qu'ils avaient été même si la présence de sa femme se fera ressentir. Il avait vraiment du mal à sentir cette femme, elle qui se moquait de sa fidélité, ou de sa propre vie, jouant ainsi sur la culpabilité qu'il pourrait avoir en la laissant se faire tuer. Oui, cette femme était diabolique, mais elle était surtout endoctrinée, il y avait un moyen de la sauver, mais il ignorait comment... Cependant, quand elle demanda à se faire appeler comme l'était sa femme, il eut un mouvement de recul pendant que ses doigts s'enfonçaient un peu plus dans ses épaules, son regard la fixait et on sentait une certaine tension à cela... C'était volontaire de sa part, mais Zedd n'était pas du genre à aimer être provoqué de la sorte...

« Ne joue pas avec mes nerfs... »

Un avertissement avant de reprendre, mais autant dire que ce genre de chose brisait le rythme, c'était déjà difficile pour lui de continuer ça alors si elle cherchait à le perturber, ce n'était pas gagné ! Déjà que son odeur était celle du même parfum que sa femme, difficile dans ce cas-là de bien séparer les deux. Ce baiser n'était que le début, mais deux choses se mêlaient en lui... Le dégoût d'abord de céder à cette menace même si c'était pour retrouver Tromel au plus vite, mais aussi, il faut bien le dire, un certain plaisir. Cette odeur, ce corps qui se pressait de plus contre lui, ce baiser, car ça restait malgré tout agréable. Ses mains étaient descendues aux niveaux de ses hanches et ce fut presque machinalement qu'il venait la soulever quand ses jambes se levaient contre lui. Même si Anna venait le titiller en faisant bouger sa main sur ses fesses, il n'était pas non plus attiré par tout cela comme un petit chien en manque. Il participait, mais pas avec passion, ni précipitation.

« Laisse-moi faire comme je veux... on est obligé d'avoir un public d'ailleurs ? »

Oui, faire ça en présence des autres, ce n'était pas pour lui, même si ce sont des monstres, il n'était pas à l'aise. Zeddicus était du genre à arrêter l'acte pour virer le chat ou le chien qui serait venue dans leur chambre en observant ce qui se passait d'étrange ici ? Bien que pas à l'aise, il reprenait le baiser, portant Anna Maria en la soulevant par son joli cul moulé, même si son esprit était encore résistant. Il avait cependant une certaine, technique. Avec sa femme, son amour était doux, pur, jamais de juron de brutalité, l'amour comme on l'image dans sa prude jeunesse et ils en étaient heureux. Donc si coït, il doit y avoir ici, il saura faire la différence entre sa douce femme et cette vil sorcière. Non pas qu'il ira jusqu'aux pratiques SM, mais la douceur allait peu à peu rester de côté. Entre ses jambes, forcément, même si ce fut un peu tardif, la bosse naissait pour mieux se sentir compresser contre elle.

« Sache que tu me paiera ça tôt ou tard, sorcière ! »

Il ignorait quand et comment, mais marchander une telle chose pour retrouver plus vite son fils, c'était bas et il ne laissera pas un tel crime impuni.

Anna Marie sourit doucement, et Zeddicus, après quelques hésitations, retourna se presser contre elle. Ils s’embrassèrent donc, et elle put sentir une agréable bosse se réveiller contre ses jambes. Le sexe de Zeddicus œuvrait alors. Même s’il était le père de son Maître, elle doutait sincèrement qu’il puisse être à la hauteur de Sire Trommel. Pour autant, elle sentit l’intensité de son baiser, ce corps se collant au sien. Anna Marie soupira doucement, et répondit au baiser de l’homme, qui demanda alors s’il était possible d’avoir un peu d’intimité.

« En pleine nature ? se gaussa Anna Marie. Tu es un grand timide, en fait, Zeddicus… »

Ses jambes s’enroulèrent autour de sa taille, et elle le retourna alors, en bandant ses muscles. La guerrière s’assit à califourchon sur son corps, et sourit à nouveau, caressant avec ses mains son torse. Elle sourit donc, malicieusement, et frotta ses hanches contre cette bosse, appuyant ses fesses dessus.

« Mais soit… Il y a un endroit à proximité, tu n’as qu’à me suivre. »

Anna Marie se releva alors, et tendit sa main. Zeddicus n’eut d’autre choix que de la saisir, et ils délaissèrent le campement, Anna Marie laissant le temps à Zeddicus de prendre ses éventuelles affaires. Le duo s’aventura encore dans la forêt, et ne tarda pas à s’éloigner du sentier. Bien que la nuit soit profonde, et qu’on pouvait entendre le son des hiboux ou des chouettes, Anna Marie avançait sans crainte.

Leurs pas les conduisirent à des ruines elfiques, un ancien palais elfique, Killkerinn. Les antiques fondations étaient envahies par la végétation. L’endroit était désormais sous contrôle des monstres de Trommel, et, tandis que le duo s’avançait, Zeddicus pouvait voir quantité de démons et de monstres les observer, volant dans les airs, entre les arbres, ou à l’intérieur du fort, y compris des palanquées de gobelins et d’orcs, chevauchant des Wargs, ou même des araignées géantes.

Killkerinn était désormais entre les mains de Trommel, et il ne faisait aucun doute que, sans Anna Marie, Zeddicus aurait dû les affronter. Anna Marie grimpa un escalier, et rejoignit finalement une porte antique, dissimulée par du lierre. Un escalier en colimaçon les conduisit finalement à un endroit plus intimiste : des thermes elfiques. Un endroit très reposant, avec une eau propre.

« J’ai ordonné qu’on mette de l’eau propre. Sire Trommel exige que je prenne un bain tous les jours, il veut que je sois belle et forte. »

L’endroit était assez agréable, et Anna Marie s’appuya contre le mur, écartant lascivement les jambes, avant de commencer à se caresser intimement :

« Il n’y a que nous, Zeddicus. Viens me faire l’amour, maintenant… Viens me baiser comme la dernière des putes, viens épancher ta frustration entre mes cuisses ! »

Pour Zedd, voir cette horde de Wendigo les observer, ce n'était pas ce qui l'aidait à se concentrer. Déjà que ce n'était pas simple de devoir faire l'amour à cette sorcière si en plus il y avait un public, ça ne sera pas simple de passer outre. Même si Anna Maria se moquait de ce détail, elle acceptait d'avoir un peu d'intimité même si cela impliquait de devoir changer d'air. Devait-il prendre son cheval ou bien ça irait ? Bien qu'il hésitait, il laissait son cheval sur place en espérant que les bêtes n'irait pas le tuer ou le manger. Son fidèle destrier faisait route avec lui depuis quelques années maintenant. À travers les arbres et les ombres, il apercevait plus d'un œil tourner dans sa direction, lui laissant une vague idée de ce qui aurait pu arrivée s'il aurait prit ce chemin sans croiser la route de cette harpie. Il n'aurait pas été bien loin.

Arrivant dans ce qui était des ruines sûrement elfique, ils finirent par arrivée dans un coin relativement beau, calme et surtout isolé des autres. Si des monstres espionnaient, ils étaient vraiment discret et invisible car il ne sentait rien autour. Même si Anna Maria fit une remarque concernant le fait que son fils tenait à la savoir propre tout les jours, il passait outre. Il réussirait à faire en sorte que son fils soit de retour, pas un vil démon, mais son fils à lui. Face à ses propos libidineux, il ne put que froncer les sourcils... Elle avait raison cette maudite garce. Mais dans un sens, heureusement qu'elle agissait de la sorte, il n'aurait pas aimé trouver plus de point commun entre elle et sa femme. Le nom, son odeur, c'était bien assez pour lui, pas besoin d'en rajouter une couche.

« Tu pourrais agir normalement et arrêter d'en rajouter ? »

Il disait cela mais peut-être était-ce naturel pour elle de parler d'elle-même de cette façon ? Il ne la connaissait pas après tout. Mais bon, il se disait qu'avant, elle ne parlait pas de la sorte ? Non pas qu'il voulait la voir en douce jeune femme mais... plus naturel ? Enfin, il disait cela mais sait comment elle allait réagir ? Lui, il était de la vieille école et même avec sa défunte femme, ils n'avaient jamais fait dans la vulgarité, ils étaient amoureux, s'aimaient toujours autant jusqu'au dernier jour et c'était bien ainsi. Enfin, Zedd reprenait donc son « travail » maintenant qu'ils étaient seuls, autant en finir le plus vite possible afin de reprendre le chemin qui le mènera à son fils pour le sauver. Qu'il y arrive ou non, il repartira avec lui ou il en mourra, il n'y avait pas d'alternative pour lui. Se pressant contre le corps de la jeune femme, il l'écrasait contre le mur, ses mains se pressant sur ses hanches pendant qu'il l'embrassait. Lui ôter la voix de cette façon était sûrement une bonne méthode pour éviter de l'entendre dire des insanités ? 

Bien qu'il commençait de nouveau à bander, il ne sortait pas encore son sexe de son pantalon, se contentant de l'embrasser, la plaquant au mur, laissant à la limite ses mains la soulever par les fesses. Autant la chauffer autant que possible, qu'elle puisse jouir au plus vite pour ensuite mettre les voiles ailleurs. Il ne pourrait pas nier un certain plaisir avec cet acte sexuel mais il le faisait par sacrifice car il n'avait pas d'autre choix alors autant expédier ça rapidement pour passer à la suite.