The Multiversity

Cela faisait presque trois jours en mer que les deux Sœurs Liées naviguaient sur les eaux claires d'Edoras. En prévision de cette traversée, Kerberath avait passé une plombe à construire une embarcation suffisamment large pour leur inséparable duo et les quelques affaires qu'elles avaient pu emporter. La barque comptait une double paire de rames ainsi qu'une voile blanche. L'Ancienne du village de la Kitsune et de l'Okami avait dû aider la seconde - en secret - à attacher correctement la grande pièce d'étoffe dans laquelle elle s'était maintes fois emmêlée, pour ne pas dire "retrouvée piégée". Heureusement que Cirth, que l'on n'avait point tenu dans la confidence, n'avait pas pu assister à ce spectacle, sans quoi elle aurait volontiers pris part à ce "jeu" en empêchant inconsciemment l'évolution des travaux...

Pour Kerberath, le premier jour avait été le plus compliqué de tous. Le temps de s'acclimater à la mer, à cette oppressante et insondable étendue d'eau salée qui s'étirait à perte de vue... elle avait bien failli vomir ses tripes avant même d'avoir dépassé le premier mille ! La solution qu'elle avait trouvé à ce problème ? Ramer le museau baissé et les yeux fermés, en se reposant sur le regard attentif de Cirth pour les guider. Option à laquelle elle avait dû renoncer parce que l'invétérée joueuse, décidément pas aussi forte au niveau des bras que l'Okami, ne brassait pas l'eau avec équilibre. Leur cap en avait été affecté, ce qui leur avait presque valu de faire un détour....

Le second jour, le mal de mer de la Louve avait sensiblement diminué. Kerberath pouvait contempler la mer écumeuse avec une demi sérénité. Cirth, qui n'était décidément pas si idiote que ça, l'aidait parfois à ne pas perdre le cap. Mais l'Okami suspectait qu'elle aimait tout simplement surveiller la courbe que le soleil étincelant dessinait dans le ciel, et que sa pourtant lente descente suffisait à lui occuper l'esprit. Une attitude pour le moins inattendue venant de cette blonde aussi souriante qu'hyperactive ! Un comportement qui s'expliquait toutefois par une consommation... abrutissante et excessive de leurs provisions. En effet, la Kitsune avait tout boulotté en l'espace d'une journée et demi ! Kerberath n'y avait pas fait attention, au départ ; elle s'était contentée de consommer sa part, à juste dose...
Une erreur d'appréciation pour l'Okami, et une erreur tout court pour la Kitsune qui, en l'absence de quoi grignoter, avait beaucoup de mal à tenir en place.
Afin de palier à ces deux problèmes, Cirth avait finalement opté pour la pêche ! Une pêche énergique, sans ligne, avec des dents et des ongles en guise de crochets. Ses vêtements pliés dans un coin de la barque, complètement nue, la Kitsune s'était donc jetée à l'eau en quête de quelques proies sous-marines. Contrairement à sa sœur, elle s'avérait aussi bonne nageuse que plongeuse. La pêche fut bonne et copieuse. Largement de quoi racheter sa faute aux yeux de l'Okami qui, à la vérité, n'en avait pas attendu moins d'elle.

Le troisième jour, les sœurs s'étaient empiffrées. Comme Kerberath avait un estomac plus large que celui de la Kitsune, elle ne s'en portait pas plus mal. Cirth, quant à elle, ronflait bruyamment dans son coin. Elle s'y était roulée en boule, la tête posée sur la pile de ses vêtements. Parce qu'elle ne s'était pas du tout rhabillée depuis, bien entendu...
Son manque de pudeur, auquel était visiblement habitué Kerberath, ne la dérangeait point.
Requinquée, la Louve ramait seule. Pour ce faire, elle avait transformé ses bras en ceux de la monstruosité velue qui sommeillait en son for intérieur. Entre sa sœur et elle, au beau milieu de l'embarcation trônait un monticule de déchets marins. Exclusivement des carcasses de poissons dépouillées de toute chair. De tailles variées, elles représentaient aux yeux de l'Okami de potentiels trésors...
Sous son capuchon rouge, les yeux de Kerberath butèrent sur une forme à l'horizon. Elle consulta sa carte d'un air mitigé avant d'annoncer à haute et intelligible voix :

- Terre en vue.

Un coup d'œil sur Cirth. Ni réponse, ni réaction ; elle dormait comme une bienheureuse !

- Terre en vue ! répéta la Louve.

Cette fois-ci, la Kitsune agita une oreille avant de se tortiller sur elle-même en quête d'une position plus confortable.
Kerberath l'observait d'un air désabusé.

- ...

De ses puissantes mains mutées, elle saisit les rebords de l'embarcation avant de la secouer comme une brute !

- Collision ! s'écria la Louve.

Cirth bondit de sa "couche" improvisée. Un œil encore fermé, elle gémit en se cognant la tête.

- Ouille... Qui-Que-Quoi ?! On est arrivées ?

- Non, grogna sa sœur. Mais il se pourrait bien qu'on le soit un peu plus tôt que prévu. (D'une griffe, elle lui indiqua la fameuse "terre") Je crois que c'est une île.

Cirth se frotta les yeux avec les poignets, bailla à s'en décrocher la mâchoire, s'étira les bras au-dessus de sa tête et...

- Tu m'écoutes, dis ?

- Je me réveille tout juste...

- Tu as trop mangé.

- J'avais faim !

- Tu devrais apprendre à te doser.

- C'est compliqué, geignit la Kitsune en baissant les oreilles.

- Tout est compliqué avant d'être simple.

- On croirait entendre mamie !

- Elle est source de sagesse.

- Certes, confirma sa sœur en déplaçant son regard sur la pile de déchets. Mais toi aussi tu ne l'écoutes pas tout le temps ! Pourquoi tu n'as pas jeté tout ça à la mer ?

- Je n'ai pas encore fait le tri.

- Le tri ? Comment ça le tri ?

- Il y a des trésors là-dedans. J'en suis persuadée.

- Des trésors... ?

Ce détail finit alors par lui revenir. Kerberath était une collectionneuse compulsive : elle engrangeait tout et n'importe quoi pour peu que ses trouvailles aient une forme un peu différente de leurs standards. La bougresse n'avait pas perdu de temps depuis qu'on lui avait refusé d'embarquer tout un bordel monstre dans l'embarcation, le jour de leur départ !
Cirth se pinça le nez très fort.

- Ça pue...

- Je te vois venir, la coupa l'Okami. N'insiste pas : Il n'est pas question que je jette quoi que ce soit par-dessus bord avant d'avoir étudier la moindre pièce !

- D'ici là, je vais mourir asphyxiée, se plaignit la Kitsune.

- Ne dis pas de bêtise ! Cela m'embêterait d'avoir à te suivre aussi tôt. Nous sommes Liées. Tâche de ne pas l'oublier.

- Tu me le rappelles tous les jours, et de bien des manières...

Kerberath poussa un soupir. Elle lui mit la carte entre les mains avant de tapoter d'une griffe une case océanique vide.
Cirth s'était tue. Au bout d'un long moment, sourcils froncés, elle releva la tête et regarda sa sœur droit dans les yeux.

- Je ne comprends pas où tu veux en venir.

- Cette ile ne figure pas sur cette fichue carte, déclara l'autre.

- C'est que tu t'es plantée dans tes calculs.

- Ça m'étonnerait beaucoup ! Figure toi que j'étais très attentive pendant que tu ronflais comme un soufflet de forge.

- J'avais grand besoin de sommeil, se justifia la Kitsune, vexée, en étirant ses oreilles vers l'arrière.

Sentant la tension monter entre elles, Kerberath leva les mains - qu'elle avait fait redevenir normales - en signe d'apaisement.

- Je comprends, je comprends... mais efforce-toi de me croire quand je t'assures que nous n'avons pas dérivé.

- C'est que la carte n'est pas à jour.

- Une ile, ça ne pousse pas comme un vulgaire champignon sur une bûche.

- ...La carte est fausse, alors ?

- Auquel cas mamie ne nous l'aurait jamais confiée, soupira l'Okami. Rien ne colle, Cirth.

La Kitsune se leva, poitrine bombée, et mit les poings sur les hanches

- Un mystère ? Voilà qui sonne à mes oreilles comme l'annonce d'une grande aventure ! (Elle sourit à sa sœur.) Allons voir ça de plus près !~

- Tu devrais peut-être songer à te rhabiller.

Cirth eut un temps d'arrêt. Elle cligna des yeux, les baissa sur son corps nu, avant de glousser comme une gamine.

- C'est juste ! (Elle se pencha pour tâter ses vêtements.) En plus, ils sont secs~

- Tant mieux, tant mieux.

Récupérant les rames, Kerberath entreprit de les conduire vers cette ile.

C'était censé être, une journée, plutôt simple, Chizuru devait rester avec Tsukasa pour la protéger pendant que cette dernière inspectait un navire qui venait d’amarrer. Dès qu'un navire arrivait, il fallait s'assurer que rien de dangereux n'arrivait dans le pays, la reine craignait que les braises de la révolte ne soient pas éteintes et que tôt ou tard, le cauchemar recommence. Surtout, maintenant, qu'elle avait une femme et des enfants, la sécurité de ses proches comptait plus que tout. Certaines l'ont remarqué en constatant que le nombre de ronde ou de suspicion avait augmenté, mais heureusement, ce n'était que de mauvaises idées d'une jeune maman inquiète. Il était rare que des navires tentent d'apporter des choses illégales, mais ce n'était pas une raison pour baisser la prudence. En provenance de Mijak, le navire n'avait rien de plus que ce qui était sur la liste. Ce n'était pas rare qu'une shinobi assiste à l'inspection, trouvé les endroits caché ou suspect, ça les connaissaient bien. Assez éloignée des côtes, une île était apparue depuis peu, pas le genre de chose qui soit plutôt fréquent par ici. Le pire étant que, ça n'avait pas dû pousser en une nuit ? Et si c'est le cas, ce n'est pas comme si cela fut provoqué par un tremblement de terre ou autres ? Rien ne fut sentie et ce sont les marins, habitué du trajet, qui venait en avertir celles qui inspectaient le navire. Mauvaise excuse pour tenter de les faire regarder ailleurs, mais comme Chizuru n'avait rien vu de bizarre sur le navire, ça devait être vrai ?

Elle prit Tsukasa à part, loin des oreilles baladeuses pour avoir son avis. La kitsune était aux ordres de la famille royale, comme n'importe quel sujet du royaume, mais étant une shinobi, les ordres venaient le plus souvent directement d'en haut ou au mieux, de son capitaine. Aller inspecter une île apparu comme ça, ce n'était pas trop dans ses habitudes de mission, mais Tsukasa avait autre chose à son arc, elle faisait partie du conseil restreint. Le genre de personne à participer aux réunions pour améliorer la ville, gérer les situations de crises – chose rare depuis quelque temps, heureusement – donc, non seulement elle côtoyait plus facilement les reines, mais elle serait sûrement plus apte à décidé pour elles ?

« Tu penses qu'on doit d'abord alerter sa Majesté où on envoie des éclaireurs ? »

De son point de vue, il serait plus logique d'y envoyer d'autres personnes, plus nombreuses ou équipé pour ça ? Après, rien ne les empêchaient au moins de vérifier que cette île existe vraiment ? La jeune femme avait un certain talent pour convaincre les autres, surtout de la suivre, le soir... Chizuru en avait parfois fait les frais, comme bon nombre de femmes au palais... Les rumeurs sur les femmes d'Uatis sont fondées en tout cas.

Originaire de Uatis, Tsukasa Nishima avait migré à Edoras, où elle avait obtenu la nationalité edorassienne, ainsi qu’un poste haut placé. Elle était l’une des ministres du gouvernement royal, et elle assurait un portefeuilles large. Elle participait à la défense du royaume, aux opérations diplomatiques, et même à l’organisation de la vie familiale du couple royal. Elle aimait à se dire qu’elle avait notamment pour fonction hors protocole de vérifier la bonne libido sexuelle des reines Kaguya. Récemment, Edoras avait eu vent que l’Empire d’Auris planifiait l’ouverture d’un second front contre Uatis. Une cible potentielle était Edoras, où les Auriens envisageraient une violente attaque par la mer. Si l’information n’avait pas été confirmée, elle était suffisamment préoccupante pour que Tsukasa décide d’inspecter les principaux arsenaux côtiers. Elle voyageait en compagnie de Chizuru Minamoto, membre de la redoutable Division Zéro, chargée de la protéger, et aussi d’être sa « petite poupée sexuelle ». Tsukasa se félicitait d’avoir couché avec tout le personnel du palais.

Le duo avait rejoint la forteresse aquatique de Hihohito, Hihohito-jo, une solide forteresse avec d’énormes digues renfermant la majeure partie de la marine militaire d’Edoras, ainsi qu’un port civil servant à alimenter le port. Signe de l’ambivalence d’Edoras entre la modernité et le classicisme, les navires de guerre variaient de cuirassés modernes à des navires en bois, des corvettes et des frégates. Il fallait vérifier que tous les navires étaient prêts à se battre, soit une inspection de plus d’une semaine. Tsukasa passa naturellement la première soirée et nuit à coucher énergiquement avec la belle Chizuru, puis s’attaqua ensuite à son boulot. Elle était mutine et perverse, mais Tsukasa restait aussi très professionnelle. On pouvait dire qu’elle se dévouait corps et âme à son métier !

C’est à ce titre que, alors qu’elle examinait des registres, un pigeon messager arriva. Il venait depuis une goélette, l’Emma, qui venait de Edoras. Ces petits voiliers faisaient du transport de marchandises, mais surtout de personnes. L’Emma voguait ainsi de port en port, et envoyait souvent un pigeon pour annoncer sa venue. Cependant, le contenu du message était bien différent.

« Nos cartographes sont catégoriques : cette île n’existe pas sur nos cartes nautiques. Nous sommes préoccupés, car les vents marins sont perturbés, et nos pendules sont détraqués à proximité de cette île. Il s’agit d’une anomalie magique comme je n’en avais encore jamais vu. La nuit où les timoniers ont vu cette île, une embarcation abritant visiblement des passagers clandestins a tenté de la rejoindre, avant qu’un courant marin ne les éloigne. Ma théorie est que notre navire est trop lourd pour s’éloigner. Alors, j’ai décidé d’envoyer l’un de nos pigeons pour réclamer de l’aide. Nous avons des vivres et des provisions, mais, depuis quelques temps, plusieurs membres d’équipage se réveillent en étant paniqués. Ils font de curieux rêves, et les sentinelles ont parfois des visions en observant cette île. Ils m’assurent y voir parfois le reflet de la nuit sur des créatures verdâtres aux yeux globuleux qui les fixent depuis l’île. Nous avons dû mettre à l’isolement plusieurs marins qui étaient dans un état de panique tel qu’ils en venaient à délirer. L’un d’eux, le matelot Gunver, s’est emparé de son couteau de cuisine, et a entrepris de se scarifier en prononçant d’énigmatiques mots ressemblant à une incantation démoniaque.

Nous n’avons pas le choix que de rejoindre cette île, elle… Elle nous attire, elle nous appelle. La nuit, des aurores boréales vertes illuminent le ciel, et nous entendons ce chant, cette mélopée. Au début, nous ne parvenions pas clairement à identifier ce que l’île chantait, mais, désormais, nous l’entendons clairement, oh oui, clairement. Elle est dans notre tête, elle nous appelle…

Tekeli-li, Tekeli-li, TEKELI-li ! »

Capitaine James Wayland

Tsukasa avait contemplé ce message avec circonspection, notant que l’écriture du capitaine devenait de plus en plus nerveuse et frénétique à la fin. Le pigeon avait été ramassé par un autre navire, un navire de pêche, l’Endeavour. Chizuru lui demanda s’il fallait prévenir la Reine.

« Je vais faire une lettre, oui…
-  Il y autre chose, Madame. L’Endeavour a également trouvé une barque qui dérivait, visiblement en provenance du même courant que celui emprunté par le pigeon. Il y avait à son bord une kitsune et une okami endormies, qui n’avaient pas mangé depuis plusieurs jours.
-  Dans cette lettre, le capitaine Wayland mentionne une embarcation qui est partie…
-  Nous avons retrouvé les initiales de l’Emma gravées sur la coque de la chaloupe. Les deux jeunes femmes sont à l’infirmerie. »

Tsukasa acquiesça, et décida d’aller les voir en compagnie de Chizuru. Cependant, avant cela, elle se retourna vers le sergent qui venait de lui parler, et donna ses instructions :

« Affrétez le Samurai et un équipage, ces informations sont préoccupantes, nous devons appareiller au plus vite pour venir au secours des marins de l’Emma !
-  À vos ordres, Madame ! »

Tsukasa se retourna ensuite vers Chizuru.

« D’ici là, allons voir ces deux femmes, elles pourront peut-être nous en dire plus sur cette île… Et elles doivent venir avec nous, ce sont nos seules témoins. »

Allongée sur quelque chose de mou, la Scriptomancienne s'était réveillée dans une pièce qu'elle ne connaissait pas. Sans qu'elle ne sache pourquoi, sa tête lui picotait douloureusement. Elle eut une grimace en se redressant. Une voix, qui lui était familière, attira aussitôt son attention, éloignant par la même cette incompréhensible souffrance.

- Tu t'es enfin réveillée, grande paresseuse.

Kerberath était assise contre la tête d'un lit tout aussi douillet que le sien. Elle tenait entre ses mains quelque chose qu'elle porta tranquillement à sa bouche. Ce "quelque chose", que la Kistune n'avait pas eu le temps d'identifier correctement, disparut dans le gosier de l'Okami.

- ...Où sommes-nous ? demanda-t-elle en louchant avec envie sur les doigts luisants de graisse de sa compagnonne.

- Pas la moindre idée ! Tout ce que je sais, c'est qu'ici, on mange très bien.

- Et... je peux savoir à qui tu dois ce repas ?

La Louve haussa les épaules.

- Des gens sympathiques qui savent recevoir, crois-moi. (De l'autre côté de son lit, elle souleva un panier rempli de tranches de poisson frit et le lui tendit.) Je t'en ai gardé un petit peu, au cas où.

Cirth ne se fit pas prier pour plonger une main dedans et s'empiffrer.
Elle avait encore plus faim que sur cette barque et...
La barque ?
Ses yeux ambrés accrochèrent les pupilles carmines de l'Okami.
Luttant contre son appétit, la Kitsune s'empressa d'avaler ce qu'elle avait en bouche.

- Kerberath, éructa-t-elle avant de se reprendre, un poing sur les lèvres, où est passée notre embarcation ? A quel moment l'avons-nous... quittée ?

L'appelée balaya ses interrogations d'un geste nonchalant.

- Nourris-toi, Cirth. Tu as besoin d'énergie pour réfléchir. Surtout que tu es plus fine et pâle que d'habitude. Il faut que tu reprennes un peu de poil de la bête avant de remettre de l'ordre dans tes pensées. (Tout en se plantant un pouce entre les seins, elle eut un sourire en coin.) Prends exemple sur ton modèle de modestie !

D'ordinaire, Cirth était, au sein de leur équipe, de loin la plus dynamique et joviale des deux. Force est de constater que les rôles s'était inversés dans cette chambre inconnue. La Kitsune mit ça sur le dos de cette faim qui la rongeait et, dans le cas de Kerberath, sur son appétit déjà à demi comblé.
Comme si elle avait lu dans ses pensées, la Louve chantonna presque :

- L'essentiel, c'est que nous avons rejoint la terre ferme en un seul morceau. Au revoir, l'eau salée à perte de vue ! Bonjour, le luxe de la civilisation~

Une pensée digne d'une trublionne traversa l'esprit embrumé de la Kitsune.

- Et que fais-tu de tes "trésors" ?

Apparemment, son esprit était plus vif que celui de sa Sœur Liée. Cette dernière eut d'abord l'air interloquée.

- Mes trésors, mes trésors... (Elle parut forcer la réflexion.) Hmmrrr... (Avant de laisser tomber sa mâchoire et de dresser les oreilles.) Mes trésors, bon sang ! Ils ont dû les récupérer !

- Ou les jeter à la mer, plutôt.

- Ne parle pas de malheur !

- Je ne me berce pas d'illusion, moi.

- C'est un reproche ? ronchonna la Louve.

- Tu n'as pas l'air très inquiète, lui fit remarquer Cirth.

- Parce que je nous sais en sûreté !

- Je t'ai connue beaucoup plus méfiante que ça.

- Les gens changent en fonction de leur habitat, répliqua savamment la Louve.

- C'est beaucoup trop rapide, comme changement.

- C'est plutôt toi qui est trop lente à t'y faire.

- Ne dis pas n'importe quoi !

- Il n'y a que la vérité qui blesse.

- Oooh, toi... Graaawr !

Cirth lui bondit dessus ! Kerberath la réceptionna, puis la bagarre entre les sœurs éclata.
Lorsque les visiteuses qu'elles n'avaient pas entendues arriver pénétrèrent dans la pièce, elles découvrirent deux grandes et bruyantes gamines en train de se quereller sous la forme d'une grosse boule de chair et de poils hérissés roulant sur le plancher.

Difficile de savoir ce qu'il allait se passer ? L'apparition d'une île, ce n'était pas le genre de chose qui pouvait arriver de temps en temps, Chizuru n'avait pas souvenir d'un fait historique ou populaire ou cela était simplement arrivée comme le soleil qui se lève et se couche chaque jour. Que ce soit naturel ou non, c'était bizarre à ses yeux. S'il faut mettre le surnaturel au défi, il va leur falloir du monde, plus spécialisé dans le domaine qu'elles, si c'était à cause d'une expérience d'Uatis ou autres, il va falloir en appelée à la grande cité pour savoir ce qu'il se passe, mais que ce soit accidentel ou prévu, les reines devraient être averti si cela venait bien de chez elles. Pour le moment, elles savaient qu'une embarcation était sur l'île et que deux rescapées, d'ailleurs, étaient retenue ici. Pas en tant que prisonnière, mais de témoins comme le soulignait Tsukasa puis elles étaient nourris et soignée, ce n'est pas rien. Elles ne savaient pas à quoi s'attendre de ses femmes, de ce qu'elles savaient, elles étaient fragiles, d'après les analyses, elles ont sûrement passé plusieurs jours en mer, manque d'eau, de nourriture, pas sûr qu'elles aient la force de leur tenir tête réellement, ou alors ce sont des forces de la nature ! On escorta les deux femmes jusqu'à leur chambre et à peine, on leur débloquait la porte, que Chizuru vit les deux femmes se crêper le chignon. Oui, ce n'était pas une bagarre, plus une dispute entre gamines. Elles ne semblaient pas si faibles que ça, mais au moins, c'était bon signe dans un sens.

« Ah-heum ! »

Fit Chizuru pour se faire remarqué et obtenir leur attention. C'était bel et bien une kitsune comme elle et une ôkami, elle ignorait leur lien – amantes, amies, couple, pur hasard – mais elles étaient là. Chizuru gardait une posture militaire, les mains dans le dos, elle était prête à sortir deux kunais pour se défendre au cas où, mais au moins ainsi, elle ne se montrait pas hostile, pas ouvertement.

« Mesdemoiselles, je suis contente de voir que vous semblez aller plutôt bien, mais nous aurions quelques questions à vous poser avant tout. »

Il fallait bien mettre les choses au clair. Jouez la carte du protocole, ce n'était pas trop son truc, dans la division zéro, on avait pour habitude d'agir dans les ombres, pas de se montrer ouvertement aux gens comme ça, même si quelques missions étaient d'infiltration et donc, de se faire passer pour quelqu'un, ce n'était pas son genre d'être ainsi à visage découvert. Elle savait pas trop sur quel pied danser entre récolter de suite les informations et faire preuve d'un minimum d'empathie ? Elle va devoir jongler un peu entre les deux.

« Je me présente, je suis Minamoto Chizuru, voici Nishima Tsukasa. Au cas où vous l'ignoreriez, vous êtes à Edoras, vous n'êtes pas prisonnière, nous avons juste quelques petites choses à savoir suite à votre mésaventure si je puis dires ? Avez-vous besoin de quelque chose avant qu'on ne commence ? Eau, nourriture, précision ? »

Elles pouvaient être un peu déboussolées ou perdues, autant qu'elles soient autant que possible bien réveillé avant de passer aux questions. Elle va peut-être laisser Tsukasa commencer, si jamais elles se montre pas très coopérative, elle va devoir peut-être user de manière un peu plus forte ? Elle espérait ne pas en arriver là, mais on ne sait jamais. Chizuru avait envie de croire en sa consœur, elle ne pouvait pas dire ça de vive voix, mais si la reine Hinata rencontre cette kitsune, elle pourrait simplement lui ouvrir bien des portes, purement et simplement. Ce n'était un secret pour personne au palais, la reine Hinata avait un faible pour son peuple, surtout s'ils étaient kitsunes furry ! Depuis sa rencontre avec la famille Inari, on avait jamais vu autant de kitsunes aller au palais. C'est simple, la petite famille entrait librement au palais, sans aucune forme de contrôle ! Elles étaient miko et avaient aidé à ce que la reine tombe enceinte, d'où cette faveur, mais ça, ce n'était que la version officielle...

Tekeli-li… Dans sa tête, Tsukasa méditait ce mot, ce curieux mot. Elle était sûre de l’avoir déjà lu quelque part, mais elle se devait de faire des efforts de mémoire. Quoi qu’il en soit, la seule évocation de ce mot la faisait frémir, comme si elle déclenchait en elle des souvenirs lointains et inquiétants. Elle ignorait ce que signifiait l’émergence de cette île, mais ce n’était clairement pas quelque chose de bon. Tsukasa était curieuse d’en savoir plus. C’était aussi son rôle, elle devait veiller à la sécurité du royaume. Tout en rejoignant l’infirmerie, elle songeait aussi à écrire aux services secrets. Edoras disposait d’un service de renseignement et de contre-espionnage. Ces organismes s’étaient renforcés depuis le coup d’État raté du grand-frère de la Reine, Shin. Depuis l’attentat raté par ce dernier, et le massacre des Kaguya qui avait plongé le pays dans un état de deuil et de sidération, les services d’espionnage et de contre-espionnage s’étaient accrus, afin de traquer les soutiens de Shin, les groupuscules terroristes qui avaient soutenu ce dernier. Par sa position de stratège militaire affectée à la défense du couple royal, Tsukasa pouvait s’entretenir avec ces services. Il lui semblait à ce stade nécessaire de les contacter pour en savoir davantage, pour savoir ce qu’était cette île.

Le duo rejoignit donc l’infirmerie, et, quand la porte s’ouvrit, Tsukasa haussa les sourcils en clignant des yeux à plusieurs reprises. Devant elles, l’okami et la kitsune roulaient sur le sol en rigolant et en faisant semblant de se battre. Chizuru-chan fut aussi surprise qu’elle, et les deux femmes les observèrent pendant quelques instants. Tsukasa sourit ensuite en croisant les bras.

« Eh bien, les filles, vous vous rétablissez vite, dites-moi ! »

Tsukasa se déplaça, et s’assit sur une chaise en croisant sensuellement les jambes.

« Votre barque a été retrouvée par un bateau de pêche qui vous a rapatrié ici. Vous étiez fatiguées et endormies, alors nous vous avons soigné… Une chaloupe qui venait de l’Emma. J’ai pu consulter le registre de bord et la liste des passagers, et je n’ai pas souvenir d’y avoir vu mention d’une okami et d’une kitsune chapardeuses. Alors, que faisiez-vous à bord de cette embarcation ? Est-ce que vous étiez à bord de l’Emma ? »

Au moment où les nouvelles arrivantes les eurent surprises en pleine "bagarre", Kerberath se trouvait par terre, sous sa Sœur Liée. La première avait replié ses jambes contre son ventre comme en prévision d'un double coup de pied dans le bide, et maintenait bien serré dans sa main droite un poignet de la deuxième. De son autre main, Cirth tirait sur une joue de l'okami. Elle s'était complètement immobilisée en entendant quelqu'un tousser. Une jeune femme blonde aux yeux verts, habillée comme une kunoichi et - plus important- appartenant comme elle à la race des kistunes avec ses grandes oreilles et sa queue de renarde.

- Oh ! fit Cirth en dressant les oreilles.

- Gnah ? éructa l'autre en tournant son regard vers la porte ouverte.

Il n'y en avait non pas une, mais bien deux intruses ! La seconde jeune femme était également blonde avec des yeux verts. En revanche, elle portait des lunettes à monture rose et ne possédait aucun attribut animal. Ses jambes élancées n'étaient point gainées par des collants noirs comme sa comparse. Ses bottes ne dépassaient pas la mi-hauteur de ses tibias. Avec ses ongles violets, elle semblait plus coquette, extravagante...
Les yeux des Sœurs Liées passaient d'une tête blonde à l'autre avant que l'une d'entre-elles prenne place sur une chaise, bras croisés devant sa poitrine. La posture sérieuse et rigide de la dénommée Minato Chizuru, qui tranchait radicalement avec celle de la sensuelle Nishima Tsukasa, motiva les Lalwendë à se séparer pour s'asseoir sagement l'une à côté de l'autre - toujours à même le sol.

- Quel embarras, souffla la Louve à sa voisine. A cause de ton attitude, elles vont nous prendre pour des grandes gamines.

- 'Fallait pas m'chercher, grogna l'accusée.

- Mais c'est toi qui a commencé !

- Chut !

On les informa gentiment de la situation. Elles n'étaient pas prisonnières - c'était déjà pas mal, comme début d'entretien ! - et avaient atterri à Edoras. Cette région était plus ou moins leur destination - deuxième point positif. Minamoto, après s'être présentée, elle et sa compagne à lunettes, avait dit vouloir leur poser des questions. Mais avant toute chose, la kitsune aux yeux verts souhaitait être sûre que leurs invitées ne manquassent de rien.
Kerberath secoua poliment la tête ; Cirth réfléchit deux secondes avant de lever la main et de demander :

- Un petit peu d'eau, si possible !

- Tu n'aurais pas la gorge sèche si tu évitais de crier et de t'agiter inutilement, lança l'okami.

- Tu es vraiment désagréable quand tu t'y mets, Kerby ! Tu le sais, au moins ?

- J'ai ce qu'on appelle un caractère de chien, oui. Mais ça n'a rien de surprenant, n'est-ce pas ? ironisa-t-elle en se triturant ostensiblement les oreilles. Grrr !

- Pardonnez-la, soupira la Scriptomancienne en inclinant la tête et en levant une main vers sa Sœur Liée. Voici Kerberath Lalwendë, ma sœur d'adoption. C'est une brave fille quand elle le veut bien, promis. (Elle déplaça cette même main sur le devant de son kimono.) Appelez-moi Cirth ! Lalwendë Cirth ! Merci d'avoir pris soin de nous pendant qu'on dormait toutes les deux comme des souches flottantes~

Nishima Tsukasa, l'humaine aux cheveux blond et au teint rose, leur avait parlé d'une chaloupe appartenant à un plus gros vaisseau baptisé l'Emma qui les avaient trouvées endormies et fatiguées à bord de leur propre embarcation. Elles avaient sans doute dû dériver à proximité du bateau de pêche, même si la raison restait des plus obscure...

- Je tiens d'abord à ce que les choses soient claires entre nous, intervint Kerberath en dressant un index. Nous ne sommes pas des chapardeuses mais des voyageuses.

- La nuance est importante, affirma sa Sœur Liée en hochant plusieurs fois la tête. Nous menons un voyage initiatique comme le veut la coutume de notre peuple, les adeptes de la Sciptomancie !

- C'est un art vieux comme les iles, basé sur l'exorcisme et la calligraphie, rebondit l'autre. Du peu que j'en sais, du moins ! Ça n'a jamais été mon truc. Et c'est pourtant pas faute d'avoir tenté l'expérience.

Devant l'air bougon de sa Sœur Liée, Cirth lui posa une main sur le genou et lui dit :

- Tes talents sont tout autre, ne t'en fais pas.

- Je le sais bien.

Considérant l'air un peu penaud de la kitsune qui cherchait avant tout à la consoler, Kerberath se reprit et dit plus gentiment :

- Merci quand même. Je ne voulais pas que tu t'inquiètes.

Le sourire de Cirth réapparut comme par magie.

- Avec toi à mes côtés, mes doutes s'effacent toujours très vite !

- C'est réciproque. La plupart du temps. (Elle haussa les épaules.) Quand tu ne commets pas de bêtise.

- J'aurais préféré que tu te soies limitée à cette deuxième phrase.

- C'est aussi mon rôle de grande sœur de te recadrer de temps en temps.

- Tu recommences avec ça... On ne sait même pas qui de nous deux est la plus âgée !

- Oh, moi je le sais !

- Et comment, je te prie ?

- Je suis plus mature que toi, ma pauvre, jubila la Louve. Ça se voit comme le nez au beau milieu de la figure !

- Tu dis vraiment n'importe quoi !

- Ah bon ? (Jetant un regard en coin du côté de leurs observatrices, elle eut un sourire malicieux.) Profitons-en pour solliciter l'avis de nos bienfaitrices. (Elle passa ses prunelles couleur rubis sur les deux visages.) Mesdemoiselles, parlez au nom de la raison ! Peut-être que, pour une fois dans sa vie de jeune fille, ma Sœur Liée écoutera.

- D'accord ! Faisons comme ça.

La kitsune s'était immédiatement redressée sur ses genoux, adoptant un port presque royal !

Il allait être compliqué de devoir rester sérieuse avec ces deux-là, malgré leurs apparences, elles semblaient être deux grandes gamines. En soit, Chizuru n'avait rien contre ça mais vu la situation, ce n'était pas le moment de se montrer si tendre. Même si ça pouvait être bon signe, qu'elles n'avaient rien de dangereux, il ne faut pas se fier aux apparences. Tsukasa enchaînait aussi ses questions tandis que la kitsune pouvait aisément apporté de l'eau depuis le couloir, de quoi calmer faim et soif se trouvaient à portée de mains, elles devaient d'abord juste s'assurer que tout allait bien. La kunoichi servait cela, de l'eau, ça restait vital et peu dangereux, tandis que les sœurs donc, venaient à se présenter, tout en évoquant leur rôle de Scriptomancienne. Un terme bien curieux qu'elle avait pas ou peux entendu ? Tsukasa, peut-être en savait plus mais elle masquait en tout cas sa méconnaissance, restant impassible devant ce terme. Si les deux sœurs montraient aussi qu'elles pouvaient être proche et veiller sur l'autre, elles se montraient aussi quelque peu gamine en recommençant, cette fois, en essayant de deviné qui est la plus âgée des deux ? Même si cela était inconnue pour les sœurs, la réponse pourrait facilement se trouvé, bien que là, sans un talent spécial, elles avaient une chance sur deux de trouver la bonne réponse.

« On pourrait facilement trouver la réponse vous savez ? Un test sanguin pourrait nous indiquer laquelle de vous deux est la plus âgée ? »

Plutôt que tomber dans leur jeu ou s'agacer, Chizuru préférait trouvé une autre voie, qui pourrait même devenir un moyen de « paiement » pour leur coopération, même si, si jamais Hinata tombait sur Cirth, lui donnerait tout ce qu'elle voudrait pour ses beaux yeux. D'ailleurs au vu de leur nom, il était évident qu'elles n'étaient pas du coin, ça ne sonnait pas très édorasienne comme nom. Il fallait recentrer la conversation après tout.

« En quoi consiste votre voyage initiatique ? Vous avez embarqué d'où avant de perdre connaissance ? »

Tsukasa aurait sûrement plus de question, peut-être plus pertinente, pour l'instant, il fallait grattouiller les informations là où elles étaient, en prenant garde à ce qu'elles ne divaguent pas trop. Ça semblait facile de les faire aller ailleurs...

Tsukasa constata assez vite que leurs deux hôtes étaient très turbulentes, surtout entre elles. Restant bras croisés, elle hocha la tête quand l’une des deux – Cirth – demanda de l’eau. Tsukasa tourna la tête vers Chizuru. Ce n’était pas son rôle d’apporter de l’eau, mais il n’y avait pas de domestiques à proximité. Chiziru acquiesça, et revint rapidement, tandis que les deux furrys, Cirth la kitsune et Kerberath l’okami, continuaient à se chamailler. Difficile d’en placer une pour les deux Edorassiennes. Au moins, leur voyage ne les avait pas traumatisés. Au gré de leurs pitreries, Tsukasa comprit qu’elles menaient un « voyage initiatique », et qu’elles n’étaient pas des « chapardeuses », mais des « voyageuses », une nuance des plus subtiles.

Silencieuse, Tsukasa les écouta, quand elles demandèrent aux deux femmes de les comparer au niveau de la taille. Tsukasa remit ses lunettes en place. Si elle était d’un naturel espiègle, comme elle ne cessait de le montrer avec les Reines d’Edoras, Tsukasa savait aussi quand il fallait être sérieuse… Soit en ce moment.

« Navrée de perturber votre rythme, mes chères dames, mais nous ne sommes pas venues ici pour regarder votre taille ou comparer votre âge. J’ignore d’où vous venez, et vous êtes les rescapées d’un vaisseau qui a disparu. »

Tsukasa se déplaça rapidement.

« Nous avons reçu une lettre du capitaine James Wayland, qui commandait l’Emma, le bateau où vous vous trouvez. Cette lettre étrange fait état d’une île qui n’apparaissait sur aucune carte. J’ai demandé au commandant de cette forteresse maritime d’affréter l’un de ses bâtiments de guerre, le Samurai, pour participer à la recherche de l’Emma. Vous êtes à ce jour les seules personnes émanant de ce vaisseau, qui a probablement échoué en pleine mer. »

Autrement dit, l’heure est grave, ce que Tsukasa essayait de leur faire comprendre. Pour elle, la lettre avait dû confondre des rochers avec une île, elle ne comprenait pas autrement ce que cette lettre voulait dire… Si ce n’est cette mystérieuse formule qui terminait cette lettre, écrite de manière erratique et frénétique…

Tekeli-li.

« Vu votre énergie, vous me semblez pleinement aptes à nous suivre. Mais que savez-vous de cette île ? Toutes les informations que vous pourrez nous donner sont précieuses, il en va peut-être de la survie de l’équipage de l’Emma, alors, je vous en prie, tâchez de vous concentrer ! »

L'apport de nourriture et de boisson les avaient quelque peu calmées. Cirth et Kerberath se tenaient bien droites comme si leur grand-mère en personne s'était dressée devant elles pour leur remettre les pendules à l'heure. Elles ne voulaient surtout pas se montrer ingrates envers leurs hôtes. Un malheur leur était tombé sur le museau mais, grâce à leur intervention, les Soeurs Lalwendë s'en étaient sorties vivantes. En plus de cela, elles avaient l'air indemne.
A la mention d'un test sanguin, Kerberath, les oreilles remuantes, fut la première à réagir :

- Et ça fonctionne comment, ce truc, au juste ? Vous allez devoir nous pratiquer la saignée ? Si c'est le cas : merci mais non merci ! Je suis certes la plus vieille, mais faut pas déconner avec ça non plus, hein...

- Pas touche à mes veines, ajouta la kistune avec un mouvement de tête capricieux. J'ai la peau très sensible, je vous ferai remarquer.

La dénommée Chizuru avait rebondi sur l'origine de leur voyage. Elle tenait également à connaître leur lieu de départ.
Cirth souriait de toutes ses dents - ce qui la rendait beaucoup trop adorable aux yeux du commun des mortels.

- Nous venons de l'autre côté de la mer, s'exclama-t-elle joyeusement. Sur une ile où nous avons toujours vécu ! Mais je ne peux pas vous la situer précisément parce que son emplacement doit rester secreeeeeet~

Elle décocha une œillade à sa Sœur Liée, qui se contenta d'un vague haussement d'épaules. Peu lui importait, à celle-là ! Un beau jour, quelqu'un finirait bien par cartographier leur ile exotique et en faire un lieu de vacances. Un peu de modernité ne ferait pas de mal à cet endroit reculé de tout.

- Ah, et en ce qui concerne le voyage initiatique, poursuivit la Scriptomancienne en dressant un index à côté de son parfait petit minois. Il possède plusieurs fonctions. La première, c'est de nous permettre de nous familiariser avec le reste du monde. On ne va pas vous mentir : Kerby et moi, on n'y connait pas grand-chose, ah-ha ! La seconde, par contre, est relative à notre Art ! Là, c'est du sérieux : il me faut à tout prix développer le mien en multipliant les exorcismes et autres activités liées au domaine des esprits.

- Je peux les pister rien qu'à leur "odeur", intervint la Louve. Considérez ça comme un don que le ciel m'a offert. Faut croire qu'il n'est pas toujours vache avec les bonnes gens de la surface.

Au tour de Tsukasa de poser les questions. Celle-ci leur adressa un petit topo de la situation - leur situation - en mentionnant l'Emma ainsi qu'une lettre envoyée par leur capitaine. A en croire les paroles de la coquette humaine à lunettes, les Soeurs Lalwendë étaient les seules rescapées du vaisseau disparu...
Cirth perdit son sourire. Celui de Kerberath, lui, n'était déjà pas bien voyant.

- C'est glauque, comme histoire, commenta l'okami.

- Je ne me souviens même pas de ce bateau, fit Cirth, les traits soucieux. En fait, c'est le trou noir depuis que j'ai posé les yeux sur cette... île ?

Elle regarda sa frangine d'adoption.

- Cette île qui n'apparaissait pas sur notre carte, étrangement.
 
Tsukasa insistait pour en savoir plus à ce sujet.
Kerberath se massa le front. Elle forçait la réflexion, visiblement.

- La carte de mamie était bonne, alors ?

Cirth commençait tout juste à regretter ses suppositions hâtives émises à bord de leur petite embarcation.
L'okami regarda tour à tour leurs hôtes.

- Poussées par la curiosité, nous nous y sommes dirigées. Mais à partir de là, mes souvenir sont trop vagues... je crois qu'il y avait quelqu'un, là-bas. Ou quelque chose ? En tout cas, j'ai ressenti une présence... une sensation familière mais pas très agréable.

- Une présence qui n'était pas humaine à proprement parler, précisa la kitsune. Tu l'as captée avant moi, avec ton flair spécial, alors ça veut tout dire. (Derrière ses grands yeux ambrés, elle semblait s'être brusquement éveillée.) Il y avait des esprits sur cette île. Et au vu de ce qu'il s'est passé et de notre "trou de mémoire", il y a fort à parier qu'ils n'étaient pas très accueillants...

- Ah, voilà qu'on y arrive ! Ces saletés ont dû nous prendre par surprise ! ragea Kerberath en faisant exploser un fruit juteux qu'elle avait serré trop fort. Merde !

- Ton langage, Kerby. Tu n'es pas toute seule...

- Ouais, je sais : "oh, flûte alors !"

La Louve baissa les yeux sur sa chemise, poussa un râle et s'ébroua.
Cirth se servit de ses mains pour se décaler un peu plus vers la droite.

- Trop tard ! Le mal est dit, insolente.

- Et gna gna gna, minauda sa sœur agacée. Grand-mère n'est pas là, Cirth. Je peux dire toutes les insanités que je veux, quand je le veux ! Ça me libère, tu peux le comprendre, ça ?

- Non. Je trouve que tu exagères, répliqua-t-elle avant de lui glisser un doigt sous le nez. Et je t'interdis de te moquer de moi avec tes "gna gna gna" ! Tu n'es plus une gamine, Kerby.

- Par tous les esprits, soupira la concernée en se claquant la face. Et c'est toi qui oses me dire ça ? La moins mature de nous deux ? Si j'étais aussi agitée que toi, je me permettrais d'en faire un scandale.

- Pardon ?! J'ai beau être énergique, on m'a toujours dit que j'étais la plus sage de notre fratrie.

- Ha ! Tes fins informateurs ne t'ont jamais trouvé nue et roulée en boule sur leur palier, de toute évidence.

L'embarras embrassa aussitôt les joues de la kitsune.

- Quoi ?! Mais... tu étais censée le dire à personne !

Avec un vicieux  petit sourire en coin, Kerberath croisa les bras sur sa poitrine.

- Faut croire que ma langue a glissé, petite sœur.

- Ouh, alors toi !

Cirth s'était levée.

- Je vais te faire passer un sale quart d'heure !

Elle lui fonça dessus.
Et rebelotte avec ces deux chamailleuses qui ne formaient plus qu'une grosse boule doublement rugissante !

Les deux demoiselles étaient pour le moment neutre, ce n'était pas des ennemies, ce n'était pas des alliées, il fallait déterminer si elles étaient dangereuses pour le royaume ou non, ainsi qu'en découvrir plus sur la mission que les deux femmes ont reçu. Elles avaient tendance à vite se laisser distraire pour tout et n'importe quoi, Chizuru avait proposé le test sanguin pour les aidé, mais dans leur tête, ça sonnait plus comme une saignée. Ou bien leurs méthodes sont quelque peu barbare, ou bien elles n'aimaient pas les piqûres toutes les deux. Elles verront bien plus tard, il y avait plus urgent sur le feu. Concernant leur point de départ, les deux sœurs semblaient de venir de loin, mais à les entendre, Chizuru déduisait, peut-être à tort, que ça devait être une petite île perdue au milieu de l'océan ? Non pas qu'il n'y aurait pas de civilisation, mais une petite ville ou cité où ils vivaient loin de tous les tourments entre Auris et Uatis et la guerre contre les Xénos. C'est ce qu'elles avaient dit, sans les détails techniques. Elle comprenait le but de ce voyage, mais ça pouvait être dangereux de partir comme ça à l'aveuglette, même si elles n'avaient pas vraiment le choix. Par chance, elles étaient tombées proche d'Edoras, en d'autres circonstances, ça aurait pu simplement continuer simplement, la découverte de ce monde, mais hélas, ce n'était pas le cas.

Tsukasa venait mettre sa pierre à l'édifice en donnant plus de détails sur le pourquoi elles étaient ici. L'Emma, cette fameuse île mystérieuse, le fait qu'on ai retrouvé qu'elles pour le moment... Beaucoup de zone d'ombre. À les entendre, il y aurait peut-être la présence d'esprit sur cette île ? Voilà qui pourrait compliquer un peu la chose, Chizuru et Tsukasa n'étaient pas les spécialistes du paranormal, sauf si sa partenaire avait des dons secret ? Il faudrait sûrement faire appel à quelques personnes un peu mieux préparer dans ce genre de situation. Une missive vers le palais pourrait leur donner de meilleures cartes en mains. La shinobi commençait à méditer sur tout cela avant de remarquer que les deux sœurs commençaient de nouveau à se crêper le chignon, pour un oui, pour un non, elle n'avait même pas fait attention à ce qui avait déclenché cela. Cela risque de devenir long et problématique si ça finie toujours comme ça...

« S'il vous plaît, calmez-vous, la situation est peut-être grave, je vous rappelle. »

Chizuru ne voulait pas les alarmer ni les enguirlander, mais il ne faudrait pas qu'elles se taquinent toutes les trois phrases non plus. Puisqu'elles semblaient agir comme des enfants, il va peut-être falloir en faire de même pour obtenir leur attention ?

« Nous pourrons vous aider ensuite sur plein de choses, nos reines pourraient même vous récompenser, mais pour l'instant, il faut rester sérieuse ! Essayez de vous rappeler vos derniers souvenirs... Est-ce que vous avez aperçu une forme ou bien entendu quelque chose avant de perdre connaissance ? »

Utiliser le chantage n'était pas une mauvaise idée. Du moment que ce n'est pas exagérer, sa Majesté Hinata sera ravie de rendre heureuse une kitsune, et sa sœur okami aussi, bien sûr, mais surtout la demoiselle renarde, Chizuru en savait quelque chose.

Tsukasa était plutôt bien renseignée. Elle écouta donc sagement les informations des deux furrys, qui expliquèrent être dans une sorte de quête initiatique. Une quête qui les amenait à vouloir visiter le monde entier. Cirth expliqua qu’elle avait un pouvoir spécial, particulier, lié au monde des esprits, mais elle ne développa pas outre mesure. La relation avec sa sœur était très énergique, et les deux avaient visiblement tendance à beaucoup se chamailler… Ce qui témoignait sans doute d’une certaine forme de confraternité. Tout en les regardant se disputer ensuite en roulant sur le sol, Tsukasa se disait que les Reines aimeraient sans aucun doute beaucoup ces deux jeunes femmes très énergiques. Elle était à ce moment convaincue qu’il allait falloir les emmener à la capitale, mais, avant ça, elle devait quand même résoudre le mystère de ce bateau perdu. Les explications données à ce sujet par les deux jeunes femmes confirmaient que quelque chose de grave avait eu lieu. Elles n’avaient plus beaucoup de souvenirs, mais se rappelaient d’une présence malsaine, et se montraient finalement assez peu optimistes quant à la survie du reste de l’équipage.

*Une présence qui n’était pas humaine… Tekeli-li…*

La jeune blondinette méditait silencieusement cette information pendant que Chizuru essayait à nouveau de calmer les énergiques boules de poils. Bras croisés, Tsukasa rehaussait ses lunettes, signe chez elle qu’elle réfléchissait fortement.

« Vos souvenirs nous sont précieux. Je suis à vrai dire surprise que vous soyez en si bon état. Ce qui se trouve sur cette île semble rendre fous les gens qui s’y rendent. Il faut croire que vos facultés vous protègent de ce genre de maléfice. Je pense que, si vous avez du mal à vous souvenir de ce qui s’est passé sur cette île, c’est sans doute parce que votre cerveau vous protège en refoulant de tels souvenirs… Ou alors, c’est un effet spécifique de ce maléfice. »

Tsukasa se déplaça, en tapotant ses lèvres.

« Le capitaine a écrit à plusieurs reprises dans sa lettre un mot… Tekeli-li. J’ignore quel est le sens de ce mot, mais je sais qu’il a déjà été répertorié dans des enquêtes liées à des mouvements sectaires pratiquant des sacrifices humains à Uatis. Le Ministère de l’Intérieur uatéen avait écrit à notre pays en demandant si nous avions des cas similaires. Nous avons visiblement affaire à plus qu’une simple secte d’illuminés. Ceci étant dit, je ne souhaite pas vous mettre en danger. Votre aide nous serait précieuse, mais elle doit être volontaire. D’un autre côté, si j’ai bien compris, vous menez une sorte de voyage initiatique… Qu’implique exactement votre quête ? Devez-vous vous rendre à un endroit précis, ou accomplir des exploits quelconques ? »

Plus que les paroles de Chizuru, ce fut un mur de la pièce qui arrêta les soeurs Lalwendë. Pendant la "bagarre", le dos rond de Kerberath avait rebondi dessus, protégeant du même coup le corps courbé de sa soi-disant cadette. Cirth, que le bruit avait tout de même surpris, s'était détachée de la Louve pour jeter un coup d'œil à sa congénère kitsune qui avait parlé de sérieux et de récompense. Oui : la Scriptomancienne n'avait pas tout entendu. Pas plus que Kerberath, qui se grattait les omoplates.

- Je ne sais pas trop à quoi on a eu à faire mais, à mon avis, si vos matelots ont disparu, c'est pas bon signe.

- J'ai l'impression qu'ils n'avaient pas envie d'être dérangés, commenta Cirth, soudain redevenue calme.

Elle regarda sa Sœur Liée. Celle-ci lui renvoya son regard, le nez froncé. La kitsune lui montra les dents. Pour toute réponse, Kerberath roula des yeux au plafond.

- Ta bêtise m'épuise, soupira-t-elle.

- Arrête un peu de m'insulter, ronchonna l'autre en couchant les oreilles.

Tsukasa, qui avait réfléchi aux derniers évènements en prenant en compte les spécificités des deux repêchées, émit quelques hypothèses cohérentes. Elle s'attacha l'attention des sœurs Lalwendë qui l'observaient se déplacer.

- Tekeli-li ? C'est quoi, ce charabia ? Une incantation marine ?

- Cela ne me dit rien du tout...

- Et ben moi, ça ne me dit rien qui vaille, cette histoire...

Un mouvement sectaire. Des forces obscures à l'œuvre. Des disparitions en masse...
Kerberath secoua la tête.

- Drôle de façon d'initier un voyage à travers le monde, hein ?

Leur interlocutrice à lunettes s'interrogeait justement sur le but de ce voyage.
Du pouce, la Louve indiqua sa frangine.

- Moi, je ne fais qu'accompagner cette tête de linotte. Parce qu'il ne faudrait pas qu'il lui arrive malheur en chemin, voyez-vous ? Grand-mère m'arracherait la tête en apprenant la nouvelle.

Cirth, contre toute attente, eut un vicieux petit sourire. Elle ferma les yeux, mit une main sur le cœur, écarta l'autre avec modestie et ajouta derrière :

- La vérité, c'est que Kerby est incapable de se passer de ma présence~

Elle ouvrit un œil, étudiant sommairement la réaction de sa Sœur Liée que cette annonce avait mis mal à l'aise, puis poursuivit souverainement :

- Sans moi elle deviendrait folle, la pauvre ! Pour Kerby, je suis l'équivalent d'un remède de grand-mère : dur à avaler mais très bon pour la santé~

- Argh... c'est un coup direct sous la ceinture, ça.

Se moquer ainsi de sa malédiction... frustrée, la louve avait envie de se bouffer les ongles jusqu'au sang !
Constatant le KO moral, la Scriptomancienne sourit de plus belle et reporta son attention sur l'humaine :

- Grand-mère a dit que j'apprendrai mieux en utilisant notre art à l'extérieur de notre île. Et je pense que cet épisode lui donne entièrement raison ! (Un hochement de tête enthousiasme.) Kerby et moi, nous allons vous donner un coup de main ! Le mystère de cette île n'en sera plus un lorsque nous l'aurons résolu ensemble, pas vrai ?~

- Elles sont riches comment, vos reines ? s'enquit l'okami, qui savait de toute façon que rien ne pourrait freiner l'enthousiasme de Cirth. Si nous devons risquer nos vies pour repêcher des cadavres à moitié bouffés par la faune, je préférerais qu'on se jette à l'eau avec de belles pensées en tête.

En voilà une qui n'avait pas la langue dans sa poche !

C'était un peu compliqué de rester deux minutes sérieux dans cette pièce, les deux sœurs agissaient avec autant de sérieux que d'enfantillage. Chizuru tentait de maintenir leur attention en évoquant diverses choses susceptibles de les maintenir en éveil, quant à Tsukasa, elle faisait travailler ses méninges, essayant de leur tirer les vers du nez comme elle pouvait. Si elles ne se souvenaient de rien, ou que leur cerveau les en empêchaient, oui, c'était problématique, mais pas de leur faute, c'était involontaire du coup. Les sœurs réfléchissaient un peu à ce mot prononcé par Tsukasa, dans l'espoir d'une nouvelle piste, d'un nouvel indice, mais rien, si ce n'est un nouveau crêpage de chignon, les sœurs avouant que l'une, Kerby comme était surnommé par sa sœur, avait besoin d'elle, Cirth, qui était comme un remède. La kitsune ignorait si elle disait cela littéralement ou si c'était plus dans le sens que, seule, elle serait trop perdue, mais les deux sœurs remettaient les pieds sur la terre ferme, la kitsune sciptomancienne était partante pour donner un coup de main, quant à l'okami qui observait la kunoichi, demandait quel type de récompense il y aurait à la clef, sachant que ça pourrait ne pas être une partie de plaisir...

« N'attendez pas la lune non plus, nos souveraines peuvent bien vous offrir, mais il ne faut pas confondre reines et déesses. »

Elles avaient bien à offrir, surtout à une kitsune, en or, elles pourraient avoir de quoi bien vivre un moment, en bien, pareil. Si elles le désiraient, elles pourraient sûrement avoir leur place au palais ? Toutes les excuses étaient bonnes pour Hinata pour avoir une kitsune de plus à ses côtés. Elles pourraient même obtenir plus d'information sur ce rôle de scriptomancienne ou autres, un mot, et la reine Kaguya enverra tout le monde chercher la moindre information sur ce sujet, ou un autre. Il y a des chances qu'avant d'obtenir une récompense en or ou autres, les sœurs partagent la couche des reines, du moins, si tout s'était bien passé et qu'elles n'en étaient pas trop traumatisées... Mais elles n'en étaient pas encore là, qui sait ce qui allait se trouver sur leur toute pour commencer ?

« Vous pouvez méditer sur ce que vous pouvez demander, mais pensez avant tout à cette mission pour commencer, ce serait dommage qu'il arrive malheur car votre esprit vagabonde ailleurs. D'ailleurs, avez-vous besoin de quoi que ce soit avant de commencer ? »

Manger, se préparer, de quoi mener à bien cette mission, si elles veulent faire du tourisme, ça peut attendre quand même, il y a plus urgent sur les bras pour le moment.

Petit à petit, les sœurs Lalwendë arrivaient à se maîtriser… Pas assez pour continuer à s’envoyer des piques, mais suffisamment pour répondre aux questions de Tsukasa. Celle-ci rehaussa ses lunettes quand Kerberath, celle qui accompagnait Cirth, lui demanda ce qu’elles avaient à gagner en les accompagnant. Si Chizuru se contenta d’une réponse de bon aloi, Tsukasa fronça les sourcils, et répondit rapidement :

« J’ignore de quelle contrée vous venez, mes petites cailles, mais, ici, à Edoras, pour circuler sur notre territoire, il vous faut un visa. Comment pourrions-nous autrement nous assurer de votre identité, ou du fait que vous ne soyez pas des criminelles en fuite ? J’imagine que vous n’avez aucune autorisation de venir ici, puisque vous avez embarqué clandestinement sur un bateau. J’ai légalement le droit de vous mettre dans une cellule pendant plusieurs mois, jusqu’à obtenir de votre pays d’origine un laissez-passer consulaire qui nous permettra de vous renvoyer chez vous. Donc, avant de vous demander la récompense à laquelle vous pourriez prétendre, commencez par vous demander quelle est la sanction à laquelle vous pouvez échapper en collaborant avec les autorités d’Edoras. »

Tsukasa participait aux opérations diplomatiques, après tout, ce qui impliquait de connaître le droit international. Son ton assez sérieux laissait aussi entendre qu’elle envisageait de parler sérieusement.

« Si vous nous aidez, je vous donnerai un visa qui vous permettra de circuler sur Edoras, mais aussi auprès de nos États alliés, comme Uatis. Tant que ce n’est pas le cas, j’ai bien peur que vos options se résument à : »

Tsukasa leva un premier doigt :

« Petit un : soit vous disputer dans une cellule de rétention, et mettre fin à votre voyage… »

L’Edorassienne blonde leva ensuite un second doigt :

« Petit deux : soit vous disputer en notre compagnie, et poursuivre votre quête. »

Dit comme cela, le choix final était plutôt simple à prendre. Tsukasa se déplaça ensuite, faisant claquer ses talons sur le sol.

« Donc, comme j’imagine que vous n’avez pas envie de croupir en prison, vous allez nous aider, et, ensuite, nous vous amènerons jusqu’à la capitale, où je vous ferai vos visas. Vous aurez ensuite l’occasion de côtoyer les Reines, si elles le souhaitent, bien sûr… Même si je pense qu’elles vous apprécieront plutôt. D’ici là, nous allons naviguer vers cette fameuse île, et résoudre ce mystère. Le Samuraï sera prêt à appareiller demain, cela vous laisse le temps de vous reposer, et de manger également. »

Le ton avait sensiblement changé. Il avait été donné par Tsukasa en bonne partie, mais aussi par les mises en garde de Chizuru, sa collègue kitsune. De quoi refroidir les ardeurs de Kerberath qui, à contrario de sa Soeur Liée, supportait difficilement l'autorité des autres.

- Parce que j'ai une tête de criminelle, moi ?

- Il y a des jours où tu fais vraiment peur, ma pauvre Kerby.

- C'est sans doute la contrariété, avoua-t-elle, les oreilles couchées de chaque côté de sa tête. Je n'y peux pas grand-chose...

Silence entre les deux sœurs. L'humaine à lunettes parlait de potentielle sanction, de pièce d'identité, de droit de circuler dans différents états, des pouvoirs dont elle était investie et tout le tintouin compliqué qui allait avec.
Ces paroles ébouillantaient le cerveau de Cirth et faisaient grincer des dents la Louve.
En gros, pour elles, c'était soit la taule pour un bon bout de temps soit le soutien qu'elles apporteraient aux Edorassiennes et à leurs supérieures.
La Scriptomancienne ne fit pas mine de réfléchir davantage :

- Je vous déjà donné ma décision ! Et puis la rétention, ça a l'air moche, comme option. Je préfère de loin partir à l'aventure avec vous~

- C'est de la liberté sous condition, bougonna l'okami. Autrement dit : du chantage. J'aime pas ça mais bon... vous nous donnez l'illusion du choix. Et ce choix aurait pu être moins agréable à vivre, j'imagine ! (Elle évacua un soupir.) Ok. On appareille demain alors. Sur votre "Samuraï". Tous ensemble, main dans la main. Comme les meilleures amies que ce monde ait jamais porté.

Visiblement, Kerberath débordait d'enthousiasme.
Heureusement qu'il y avait Cirth pour palier à ses états d'âme :

- Je voudrais un bon bain bien chaud ! Vous pensez que ce serait possible, là, maintenant ?

- Si elle y va, j'y vais aussi, déclara sa Sœur Liée. Personnellement, j'ai assez mangé. Quant à Cirth, c'est loin d'être un gouffre. Plutôt un estomac d'oiseau. Ce n'est pas avec elle que vos rations vont disparaitre.

Petit sourire diabolique en direction de la concernée. Cette dernière lui tira la langue avant d'en revenir à leurs surveillantes et de remuer gentiment la queue. La plus sage des deux, apparemment ?

Il était temps de mettre les points sur les I, de façon plus clair. Pour ça, Tsukasa usait de la façon clair, légal et diplomate en soulignant ce qui était et n'était enviable pour elles. Les deux sœurs voyaient forcément la meilleure solution se présenter à elles, coopérer. Même si elles ne bondissaient pas de plaisir jusqu'au plafond, c'était toujours mieux que croupir en prison après tout. Tsukasa annonçait donc que leur départ se ferait demain, le temps pour elles de se préparer, se reposer, entre autres. Bien sûr, leurs invitées ne perdaient pas le nord en demandant si elles pouvaient se laver un peu ? Avec un bon bain, par exemple ?

« Cela pourrait se faire, oui. »

Elles n'auront pas droit aux sources chaudes du palais, réservé aux reines, mais elles seront bien loties, elles n'auront pas droit à la bassine chaude avec un peu d'eau pour se débarbouiller. Puis, toute sérieuse qu'était Tsukasa, c'était l'occasion de voir les sœurs dans leur plus simple appareil et ça, elle serait sûrement pour ! Même si aujourd'hui, elle était edorasienne, elle était née et avait grandis à Uatis, autant dire que certains clichés étaient vrais et collait à la peau. Le sexe était presque aussi important que respirer pour elle. Il est fort probable que Tsukasa ne se contente pas que de toucher avec les yeux, mais si les sœurs étaient vraiment fermées à cette option, elle n'irait pas les contredire. Mais si elles laissaient la porte entrouverte, la belle blonde allait lui ouvrir un grand coup !

« Veuillez nous suivre. »

Elle aussi ne dirait pas non à se laver, et à les surveiller, ne sait-on jamais si elles avaient des blessures ou des marques étranges sur le corps ? Chizuru n'allait pas cracher dans la soupe non plus, ça pourrait l'amuser de fricoter avec la kitsune et l'ôkami, cela pourraient rapprocher le petit groupe en plus ! La kitsune avait beau être sérieuse dans son travail, elle n'était pas en état d'alerte pour le moment alors elle se permettait d'être moins fermé.

« Edoras est connue pour ses onsens, ce sont des sources chaudes naturelles. Je vais vous montrer comment ça marche. »

Non pas que ce soit mécanique, mais elles verront bien que près des sources, il y avait un petit coin douche, où l'on se lavait afin d'être propre avant de pouvoir profiter pleinement des sources chaudes, en étant bien propre. La kunoichi se permettait même de prendre la main de la kitsune, observant si elle était ouverte à ce petit rapprochement ou non ?

« Vous savez, j'ignore jusqu'où votre voyage va vous amener, mais vous serez les bienvenues ici si jamais vous voulez y rester plus longtemps. »

Outre les questions de droits que Tsukasa pourrait souligner, si la kitsune plaisait à la reine, un mot de sa part et toute la paperasse serait un détail ! Qui sait, les sœurs pourraient avoir leur place dans la cours si les pouvoirs de la scriptomancienne pouvait s’avérer utile ? Kitsune et utile, ça ferait deux raisons pour la reine Hinata de la vouloir à ses côtés !

« Si jamais je suis libre ce jour-là, je pourrai même vous faire visiter un peu la ville ? »

Ce pourrait être amusant, mais avant, il y avait un souci plus urgent à régler sur les eaux.

Du chantage, elle ? Oh, comme ce serait mal la connaître ! Tsukasa leur fit néanmoins un sourire malicieux, du genre à faire sortir toutes ses dents.

« Je ne fais que vous rappeler quelques réalités… Si je voulais, je pourrais aussi vous enfermer. Vous êtes les seules survivantes d’un de nos vaisseaux, de parfaites inconnues, qui plus est… Vous pouvez m’accuser de ce que vous voulez, mais, si je devais suivre les règles, vous seriez interrogées et suspectées d’avoir participé à la disparition de nos ressortissants. »

Depuis la tentative de putsch il y a des années, le gouvernement d’Edoras ne rigolait pas avec les terroristes. Le massacre de la famille royale avait été un traumatisme collectif, qui avait ébranlé les Edorassiens. Tout le monde savait que Shin avait dû bénéficier d’une complicité extérieure pour mener un tel carnage.

« Même en vous croyant, rien ne nous garantit que vos souvenirs n’aient pas été occultés, et que ceux qui aient attaqué l’Endeavour n’aient pas implanté en vous des personnalités cachées. Donc, tant que je ne serai pas sûre que vous soyez fiables, je vous suivrai partout ! »

Sécurité, sécurité ! Tout cela ressemblait néanmoins à un prétexte fort opportun pour avoir l’occasion de les suivre. Quoi qu’il en soit, les Lalwendë demandèrent l’autorisation de prendre un bain. Tsukasa acquiesça, et laissa Chizuru les guider. Elles s’aventurèrent vers le onsen du fort. Chizuru leur expliquait le fonctionnement. Pour Tsukasa, il ne faisait aucun doute que les Lalwendë rencontreraient les Reines, et même que Hinata risquait de les adopter… Les souveraines étaient peu méfiantes, a fortiori quand il s’agissait de kitsunes… Tsukasa le savait, les yeux de la Reine Hinata se mettaient à briller, et elle perdait alors toute méfiance. Fort heureusement, elles pouvaient compter sur Tsukasa Nishima pour veiller sur elles ! Elle était une grande perverse, certes, mais malgré tout vigilante.

Le quatuor grimpa des marches, et elles rejoignirent un pont en bois qui sortait du château pour aller vers le flanc de la falaise, là où l’onsen se trouvait. Depuis le pont, on pouvait voir un aperçu de la ville. Des escaliers publics menaient au onsen. Tsukasa se rapprocha de l’accueil, et demanda à privatiser l’un des onsens.

« Bien sûr, Nishima-sama. Pour combien de personnes ?
- Quatre ! »

Tsukasa regarda ensuite les deux sœurs.

« Je vous l’ai dit, je ne vous lâcherai pas d’une semelle. »

On les guida vers un vestiaire.

« On se change chacune dans les loges… On prend un onsen en étant nue. Vous pouvez porter une serviette pour vous couvrir. »

Le vestiaire comprenait deux loges, une pour les sœurs, une autre pour Tsukasa et Chizuru. L’ambiance promettait d’être chaude… Comme cela avait été dit plus haut, Tsukasa était vigilante, certes, mais c’était malgré tout une grande perverse !

Son visage barré d'un grand sourire, la kitsune tapa de joie dans ses mains ! Chizuru et Tsukasa l'avaient convaincue. Convaincue et achetée, surtout. Mais quelle importance ? Elle avait droit à un bain chaud. Kerberath aussi. Où était le mal, dans tout ça ? La "trop grande" vigilance de l'humaine à lunettes ? Bah ! Cirth n'en tenait même pas rigueur. Elle avait bien argumenté, en plus, la Tsukasa. Aux oreilles d'une Scriptomancienne, il n'était pas rare de parler de cas de possession ou de malédictions.

- Tout est clair à présent, dit la kitsune. J'vous suis~

Kerberath, qui avait déjà évoqué ses intentions, lui emboita le pas en silence. Deuxième point positif ? Elle ne boudait pas. Ni avant, ni pendant le trajet supposé les menées jusqu'aux sources chaudes, aussi appelées onsens.
Tout en marchant aux côtés de son escorte, la blondinette de sœur ne se laissa aucunement perturber par la proximité de sa semblable. Une de leurs mains s'étaient trouvées. Cirth trouvait qu'il était bien plus agréable d'évoluer comme ceci plutôt qu'en file indienne. Les doigts de sa congénère étaient particulièrement doux, signe d'un entretien régulier.

- Ma foi ! nous ne sommes pas pressées. Je me vois mal refuser votre hospitalité pour un prétexte fallacieux.

- Cith est bavarde comme une pie, mais le mensonge et la triche, c'est clairement pas dans ses habitudes, soutint Kerberath en même temps qu'elle jetait des coups d'œil à la ronde.

- Merci, Kerby ! Je me réjouis de te savoir aussi honnête que je le suis~ (Elle hocha la tête, son regard pétillant tourné vers Chizuru.) Lorsque ce jour viendra, nous ferons plutôt en sorte que tout le monde soit libre. Comme ça, nous ne serons pas les seules à profiter de ce moment de détente.

Bienveillante, comme toujours ! Sa bonhomie fit à la fois sourire et soupirer sa Sœur Liée. C'était grâce à son caractère enjoué que Kerberath arrivait à supporter sa malédiction, et ce depuis toute petite. Même si les Lalwendë se chamaillaient souvent, elles restaient très complices et se réconciliaient plus vite que n'importe qui.
Après avoir grimpé des marches et traversé un pont en bois - la vue sur la ville était absolument ma-gni-fi-que ! -, le groupe dut s'arrêter devant un guichet. Ce fut Tsukasa, en tant que porte-parole, qui réserva un bassin pour elles seules.

- Je suis curieuse d'en connaître les dimensions, songea Cirth à voix haute. Mais vu la beauté de l'endroit, je suis sûre qu'il y aura de l'espace~

- Ouais, en temps normal, marmonna Kerberath en lorgnant prudemment du côté de "Nishima-sama".

Elle ne comptait pas les lâcher d'une seule semelle, après tout.
J'ai intérêt à faire gaffe quand j'irai aux toilettes...
La Louve se remémora son sourire malicieux. Cette humaine ne manquait pas de ciboulot en plus d'occuper une place importante dans cette société. Cela dit, son attitude avait quelque chose de perturbant et de moins innocent que ça en avait l'air.
Moi aussi, je vais te surveiller, ma belle.
Dans le présent contexte, rien de difficile : Tsukasa les guidait en leur expliquant le peu qu'il y avait à savoir.
Elles allaient se baigner nues - ce qui semblait logique ? - mais pouvaient tout de même bénéficier d'une serviette pour se couvrir.

- Parfait ! Nous ne nous en priverons pas, lui certifia l'okami avant de prendre Cirth par la main et de la tirer vers leur loge.

La Kistune se vit contrainte de libérer les doigts de Chizuru. Tandis que Kerberath s'engouffrait déjà dans leur compartiment, Cirth adressa un grand coucou aux deux autres.

- A tout de suite, les amies ! On promet de faire aussi vite que possiiiible !

La porte claqua.
On entendit les Lalwendë chuchoter entre elles, Kerberath étant celle ayant initié la conversation. Peut-être essayait-elle de mettre en garde sa Sœur Liée quant aux réelles intentions de Tsukasa ? Peut-être lui fit-il simplement part de ses doutes ? En tout cas, la discussion ne s'éternisa point. L'okami et la kitsune se dévêtirent complètement sans trop prêter attention au regard de l'autre. Elles s'étaient déjà vu nues plus d'une fois, après tout. Y compris en compagnie d'autres adeptes de la Scriptomancie lors de diverses baignades en bordure de mer.
La porte s'ouvrit.
Cirth fut la première à quitter la loge, suivie de près par sa Sœur Liée qui se sentait bien légère sans son chaperon rouge...
Les deux portaient une serviette autour de la taille. Une rouge pour la kitsune, une blanche pour l'okami. De leurs formes, elles ne dissimulaient pas grand chose. Ce qui, là encore, n'avait pas l'air de les gêner outre mesure.
La Scriptomancienne tremblait d'impatience.
Elle n'y tenait plus du tout, en fait !

- La dernière à l'eau est une écrevisse ! lança Cirth avant d'entreprendre de piquer une tête dans l'eau chaude.

Kerberath, qui s'y était attendue, fut prompte à l'en empêcher. Attrapée en plein élan par le poignet, la kitsune manqua déraper et faire voler sa serviette.

- Maaaaiiiis-euh !!!

L'air stricte, la Louve secoua implacablement la tête.

- Pas de mais, lâcha-t-elle sur un ton sec. Il y a des règles de bonne conduite, ma Soeur Liée, et tu seras bien gentille de ne pas les enfreindre à la manière d'une enfant ! Ne me dis-tu pas que tu les as déjà oubliées ?

Cette fois-ci, la blondinette eut l'air un peu honteuse. Le regard ailleurs, elle se gratta niaisement la joue.

- Eh bien... euh... non ? Bien sûr que non !... Hé hé...

Cirth grimaça en couchant les oreilles. Kerberath, qui voyait clair dans son jeu, roula des yeux au ciel.

- Pour commencer, nous allons attendre Tsukasa et Chizuru, décida-t-elle. Si je te lâche, tu n'essaieras pas de te jeter à l'eau comme une voleuse ?

- C'est promis, sourit l'intéressée.

La Louve fit comme annoncé. Sa Sœur Liée ne tenta aucun coup fourré. Elle demeurait fixe, à la différence de sa queue de renarde qui remuait nerveusement dans son dos. Plus que l'appel de l'eau, c'était celui du jeu qui carillonnait dans sa petite tête de grande gamine.

Chizuru voyait clair dans le jeu de Tsukasa, certes elle pensait à la mission et à protéger le pays, mais elle pensait aussi aux bons côtés à côtoyer les deux sœurs. La belle blonde était peut-être tombée amoureuse de ce pays et elle en est devenue citoyenne, mais elle n'oubliait pas ses racines d'Uatis. En soit, Edoras était aussi en partie d'Uatis, ces fondatrices venaient de là-bas, mais, très clairement, Tsukasa pensait au réconfort avant l'effort. Amenant les deux sœurs à bon port, Chizuru fut plutôt contente de voir que sa consœur était aimable et un peu moins sur ses gardes que sa sœur ôkami. Elles échangeaient quelques banalités sur le chemin avant de se séparer pour se changer, chacune allant dans le vestiaire avec la personne qui lui était la plus proche. Les sœurs et les deux edorassiennes. Une fois seules, Chizuru ne tardait pas à commencer à se dévêtir sans gêne, on est pas loin de la vérité quand on disait pour rigoler que Tsukasa avait déjà coucher avec la plupart des membres du palais. Peut-être pas avec chaque samurai en formation, certaines étaient plutôt jeunes, mais au moins capitaines et vice-capitaine inclut.

« Tu penses qu'elles ont vraiment quelque chose à voir avec les disparitions ? Je pense juste qu'elles sont tombées au mauvais endroit, au mauvais moment. »

Chizuru n'avait rien d'une grande enquêtrice, mais son instinct lui disait que les deux sœurs n'avaient rien à voir dans tout cela. Dans le pire des cas, on se servait d'elles, mais elles n'étaient pas méchantes, rien à craindre d'elles. Et elle ne le disait pas juste parce que Cirth était une kitsune et que, même sans la connaître, sa sœur semblait sympathique. Elle se dénudait sans crainte, même si Tsukasa risquait d'attaquer, elle savait qu'elle avait des vues sur ses nouvelles proies, elle, elle pouvait l'avoir à ses côtés presque n'importe quand.

« Assurons-nous quand même que ses Majestés ne risquent rien, et installons une confiance mutuelle. Cela nous sera très utile pour cette mission. »

Tsukasa faisait partie du conseil restreint du palais, mais Chizuru avait l'avantage de connaître le terrain. Même si ses missions sont en général faites dans le secret et la discrétion, il arrive qu'elle doive se glisser en terrain ennemi. Puis la confiance était importante, ne serait-ce qu'avec ses camarades pour mener à bien leur mission. Quittant le vestiaire, elle gardait une serviette autour d'elle, mais juste pour atteindre l'onsen, où les deux sœurs étaient déjà là.

« Ah ? Vous nous avez attendues ! Vous voulez d'abord, vous l'avez entre vous ou bien, on se lave entre nous ? »

Évidemment, Chizuru avait envie de laver Cirth, mais elle comprendrait que les sœurs ne soient pas encore assez à l'aise pour arrivé déjà à ce stade-là. Sa queue touffue s’agitait doucement dans son dos, même si le sexe était enviable, Chizuru avait surtout envie de se rapprocher de sa consœur.