Elle portait des vêtements souples et amples. Pas sa longue robe qu’elle mettait dans son harem, mais un vêtement qui lui permettait de se fondre dans la masse : une combinaison moulante en cuir, avec une petite cape, pour illustrer qu’elle n’était tout de même pas une vulgaire danseuse. Un vêtement qui lui permettait de facilement ployer les genoux et de se battre, si jamais elle était attaquée. Uatis était une ville dangereuse, après tout, comme n’importe quelle grande cité, et elle comptait sur la présence de son frère, Bran, pour inciter les plus téméraires à éviter de les attaquer. Plusieurs femmes avaient tenté de lui acheter Bran, le trouvant beau, ce qu’il était, mais Bran était le petit plaisir personnel de Mélinda, et elle l’utilisait surtout comme garde du corps.
Mélinda, sans surprise, remarqua rapidement que la plupart des Uatéennes portaient des combinaisons assez semblables à la sienne, ou des vêtements assez courts. Elle mont avers les étages, regardant silencieusement les gardes, des femmes engoncées dans de solides armures. Certaines étaient relativement laides, et fixaient avec des regards mauvais ceux qui s’approchaient d’elles. Aucun doute, on était bien dans une boîte dirigée par une femme peu recommandable. En l’espèce, il s’agissait d’une femme, Andréa T’soni. Une femme de pouvoir, qui était impliqué dans une énorme mafia qui reliait Mijak, Lumen, et Uatis. Mélinda recherchait des esclaves uatéennes afin de diversifier son harem, et surtout satisfaire à une commande émanant d’un puissant client de l’Empire : lui trouver une Uatéenne.
« Mme T’soni va vous recevoir, lança une femme, près de l’escalier menant au dernier étage. Mais elle ne veut pas de votre esclave, ajouta la garde en regardant Bran.
- Assieds-toi dans un coin et attends-moi », dit-elle à l’intention de Bran.
Ce dernier obtempéra silencieusement, et la garde, une femme dans une armure noirâtre, s’écarta. Mélinda entra dans une petite loge en verre, surplombant la boîte de nuit, et ne tarda pas à voir Andréa T’soni. Une femme qui avait la quarantaine bien tassée, et utilisait la chirurgie esthétique et des implants pour masquer ses rides. Une femme fatale, qui avait des talons aiguilles, un regard acéré, et qui tenait entre ses mains gantées deux objets de désir. Le premier était un verre à pied comprenant de l’alcool, le second était une chaîne reliant le cou de deux esclaves masculins, nus, qui léchaient ses aiguilles. A Uatis, avoir des hommes comme esclaves ne posait qu’une légère difficulté. Les femmes, en revanche, c’était autre chose, et, pour avoir une Uatéenne à son service, Mélinda avait du se tourner vers le marché noir.
« Vous faites plus jeune que ce vous êtes réellement, Madame Warren, lança Andréa.
- Je vous retourne le compliment, Miss T’soni. »
Sans attendre une invitation, Mélinda s’assit sur un fauteuil en cuir, devant André T’soni. Entre elles, il y avait une petite table en verre transparent, avec des bouteilles d’alcool. Deux femmes étaient dans les coin, deux beautés jumelles, probablement les gardes du corps d’Andréa, ainsi que ses fantasmes sexuels. Il suffit simplement à Mélinda d’utiliser ses instincts vampiriques pour comprendre que les deux jumelles étaient dans un état d’excitation prononcé. Contrairement aux autres gardes, elles ne portaient pas d’armures, simplement des combinaisons moulantes, avec probablement des ceintures spéciales à hauteur du bassin, et des godes enfoncés dans leurs parties intimes. Quelques gouttes de sueur coulaient sur leurs visages, et Mélinda ne s’y intéressa pas plus longtemps. Andréa T’soni était une ancienne actrice pornographique, après tout.
« Vous avez ce que j’ai demandé ? lança brusquement Mélinda.
- Ne soyez pas aussi pressée, Madame Warren, répliqua Andréa en souriant. N’arrachez pas à mes yeux si rapidement la belle vue de votre corps. Vous voulez un verre de champagne ? Il est très bon…
- Je ne voudrais pas vous froisser en refusant…
- Mara ! Sers-là ! intima-t-elle à l’une de ses deux femmes, qui obtempéra rapidement. J’espère que Uatis vous plaît… »
Mélinda ravala sa frustration en buvant. Au moins le champagne n’était pas empoisonné. Andréa lui parlait en souriant, et s’arrêtait de temps en temps, appuyant sur un bouton d’une télécommandée posée à côté d’elle, électrocutant ses deux laquais prostrés à ses pieds. La vampire ne se doutait pas qu’Andréa T’soni était en train de lui faire perdre du temps, en attendant une intervention des forces de l’ordre. Vendre une esclave, même uatéenne, ça ne rapportait pas grand-chose. En revanche, vendre une vampire esclavagiste de Mijak aux Celkhans, c’était bien plus lucratif. Elle n’avait même pas cherché à empoisonner le verre de champagne, sachant que la vampire l’aurait ressenti, et se contentait de parler en attendant ladite intervention.