The Multiversity

Sakura profitait de ne pas avoir rejoins de club pour s’éloigner un peu du lycée, voulant un peu flâner dans la ville. Elle cherchait à voir s’il y avait de nouveaux produits de VR, sachant que s’il y avait des trucs inovant, cela serait rapidement dans la salle d’arcade où elle allait. Seulement, cette balade n’était pas plaisante, un homme la suivait, elle en était persuadée. Cela faisait plusieurs jours qu’elle avait cette désagréable sensation d’être observée, quand elle posait un pied en dehors du lycée.

Sakura supposait que c’était encore un coup de ses camarades. Une personne qui avait été grassement payée pour mettre la pression ? Une personne qui ne faisait que l’observer pour rapporter ses occupations et sa routine ? Beaucoup de choses étaient possible pour l’utiliser contre elle et la mettre dans une posture où elle serait la méchante de l’histoire. La jeune femme prit donc le choix d’essayer de faire balader cet homme, prenant des routes peu habituelles, certaines étant même des ruelles, pour obliger cet homme à faire un faux pas. Elle aurait pu demander à un agent de police de l’aide, le souci était que le lycée serait au courant, portant sa tenue scolaire.

Elle se mit à prendre des routes pour monter de façon sournoise une pente. Sakura savait une chose, son poids et celle de sa chaise roulante ferait gagner beaucoup de vitesse. S’il y avait un policier, elle risquait de se faire réprimander, mais fuir par une pente descendante paraissait une bonne idée, d’autant que la rue visée n’était pas beaucoup peuplée, aussi peu de risque de culbuter quelqu’un par mégarde.

Sakura fit mine d’observer l’horizon, repérant l’homme du coin de l’oeil approcher et venant à desserrer ses freins, prenant le plus d’élan possible. Malheureusement le départ ne fut pas assez rapide, l’homme arrivant à tenir les poignées et appuyer sur les freins, venant à inévitablement arrêter le fauteuil, l’élan étant cependant assez important pour que Sakura ne puisse se tenir à ses accoudoirs, venant à rouler bouler sur quelques mètres plus loin. L’homme fouilla le sac à main sur le fauteuil venant à s’exclamer.

- J’avais raison. T’es la fille de cette pétasse. Cela tombe bien que tu ne puisses pas courir.

L’homme s’approchait sortant un petit couteau.

- Elle a refusé de m’aider. tu ne verras pas d’inconvénient à ce que je me venge sur toi. Si tu cries pas tu t’en sortiras vivante.

Sakura savait qu’elle était en danger, par contre elle ne comprenait pas la raison de cette agression. Elle ne pouvait savoir que cet homme avait demandé un crédit auprès de sa mère et que cette dernière avait refusée en prétextant qu’il n’était pas dans la nécessité, faisant la sourde d’oreille à la situation de l’homme, le poussant à vouloir se venger. Mais cet homme n’était pas courageux, d’où le fait qu’il avait choisi de s’attaquer à Sakura, qui avait beaucoup de trait de sa mère, ce qui avait facilité la traque.

Sakura savait qu’il était vain de tenter de se trainer, tout comme son spray au poivre, dans son sac, était trop loin. Crier aurait été une bonne idée, tout comme signer son arrêt de mort. Il ne restait plus qu’une solution, devoir attendre qu’il s’approche assez pour lui broyer les testicules, ayant conscience qu’il s’agirait certainement de sa seule action pour se défendre et qu'elle n'aurait plus qu'à prier pour qu'il hurle assez fort.

Je suis dans le Club des Justiciers, mais ça veut pas dire que j'y suis tous les jours. Il y a bien certains et certaines qui ont d'autres clubs et moi pas, après tout. Du coup, tout ce que j'ai à faire, c'est de m'occuper comme je peux, et ça peut être n'importe quoi… mais vu que je suis sous forme diurne, vaut mieux que je fasse ma lycéenne ordinaire, même en sachant que je suis loin d'en être une, de base. Rien que ma nature avec laquelle je suis née le prouve, mais ça je ferme ma gueule.

Par contre, il y a un truc qui a commencé à me déranger : je vois Yumaniki-san avec une crainte. Elle me voit absolument pas, mais je vois que ça pue chez elle. J'utilise ma traque en me concentrant sur elle. Personne ne ressent ce que je provoque. Personne ne ressent l'onde spéciale qui rebondit sur son corps. En tout cas, je vois une silhouette rouge qui la regardt. Je vois que ce qu'elle pense est parfaitement fondé, alors je dois la suivre discrètement. Je commence à suivre discrètement, faisant des détours pour que je ne sois pas remarquée en train de suivre, et je sais quand ils sont sur le point de me griller.

Après un moment qui peut paraître une éternité, je commence à la voir se casser la gueule à cause d'un frein brutal, et qu'elle se fait approcher par un type avec un poignard… quelle lâcheté, surtout en entendant sa raison. "Elle a refusé de m'aider." Pour moi, c'est une raison de s'en prendre à la mère, pas à la fille. Là, c'est plus le moment de se cacher. Alors qu'il s'approche de Yumaniki-san, je claque du pied de manière audible sans pour autant que ça fasse un cratère. J'ai appris à retenir mes coups, alors j'ai plus l'air de l'expression "Ange Gardienne", donc mon surnom, plutôt que le sens littéral du terme. En tout cas, le type s'arrête et regarde dans ma direction, et je fronce les sourcils.

	"S'en prendre à une handicapée, tu es vraiment un lâche !"
	"Tu fous quoi là ?! Dégage de là, gamine !"

Je cours donc pour m'approcher de lui, qui reste près de Yumaniki-san. Une fois que je suis proche, il essaie de me poignarder avec. Je l'esquive dans le plus grand des calmes avant de lui donner un coup de genou au ventre, tellement violent qu'il en écarquille les yeux, puis je lui fais un uppercut en plein nez pour le projeter en l'air avant qu'il ne tombe lourdement au sol. Après ça, je le prends par la gorge et le relève, l'étranglant presque, Tout en la regardant dans les yeux. Il remarque que pour une gamine, une grosse force dans les bras.

"Peu importe les raisons, j'ai plus de respect envers ceux qui se plantent de type en voulant en planter un autre, qu'à de pauvres lâches qui sont prêts à trancher la gorge à une personne en fauteuil roulant ! Surtout quand elle n'a rien à voir avec les raisons ! Alors tu lui fous la paix ou tu vas finir à l'hosto avec une minerve, c'est clair ?!"

Et encore, j'ai envie d'être un peu sympa, car je peux en effet lui tordre le cou sans sommation. Je balance donc le type à terre, avant de me tourner vers Yumaniki-san en lui tendant la main.

"Ca va, Yumaniki-san ? Rien de cassé ?"

Je compte l'aider à l'emmener au fauteuil roulant, et elle a bien vu ma démonstration de force. Il va peut-être appeler des renforts, mais je peux tenir à une contre cinquante, donc ça va.

Sakura ne s’attendait clairement pas à l’arrivée de Shehtra, dont elle n’avait pas entendu que du bien. Quand l’usage de la violence, même légitime, est employé, les adultes n’ont pas tendance à accepter cela, comme les victimes d’ailleurs. Cependant, dans le cas présent, elle était contente de la voir surgir de nulle part. Sakura avait une petite crainte, c’est que sa camarade de lycée se face planter par cet homme, combattre des lycéens c’est autre chose que de combattre un adulte avec un couteau.

Heureusement ses craintes se dissipèrent quand elle vit l’ange maîtriser son assaillant avec une grande facilité, constatant que son allié savait parfaitement où frapper, même si l’uppercut au niveau du nez aurait put avoir un dénouement moins joyeux, cela reste un endroit qui peut être fatale. Par contre elle ouvrit grand les yeux en voyant sa camarade soulever l’adulte colle si de rien était, se demandant quel genre de musculature Shehtra pouvait avoir et se disant qu’elle a une raison supplémentaire de ne pas s’en faire une ennemie.

L’homme tremblait de peur face à cette furie, venant à se relever quand il était projeté plus loin et courir comme s’il avait le Diable aux fesses.

Sakura vit la main tendue et la saisit.

- Pas plus que d’habitude.

Elle n’aimait clairement pas être en position de faiblesse, mais le dire à sa sauveuse aurait été vraiment une forme d’insulte.

- Merci en tout cas.

La jeune femme se laissait porter vers son fauteuil, vérifiant que rien n’était cassé, hormis un peu de gomme perdue au niveau de ses pneus, tout le reste n’avait subit aucun dommage.

- On devrait aller autre part. Je doute qu’il revienne de si tôt, mais on ne sait jamais.

Sakura poussa un soupire.

- Pour une fois que ce n’est pas des manigances des autres, fallait que je tombe sur un taré.

Il a beau être un lâche, il est un peu raisonnable. Il a vu, avec son nez qui saigne après deux coups, que continuer ne ferait que lui faire signer son arrêt de mort. Bon, j'ai fait griller ma grosse force devant Yumaniki-san, mais là encore, elle aurait pu juste se dire que je fais des séances intensives de renforcement musculaire tout en les laissant relativement fines, donc ça peut encore être un peu humain.

Mais bref, Yumaniki-san se laisse porter jusqu'au fauteuil, et je la remercie naturellement. Elle vérifie bien s'il y a rien de cassé, et tout ce qu'il y a c'est de la gomme de pneus qui s'est barré à cause du frein brutal. Elle me conseille de se barrer et je secoue positivement la tête.

"Ouaip ! Pour ta sécurité, ça va être compliqué de rester, au cas où il a des renforts. D'ailleurs, tu veux bien que je te pousse ? Si tu penses pouvoir te démerder, il y a pas de souci."

Bon, elle a de la chance de ne pas être tétraplégique, donc pousser ses roues avec les bras n'est pas un problème. Je dirais même qu'elle pourrait être une athlète de haut niveau, c'est possible, on a bien des Jeux Paralympiques, après tout. En tout cas, elle en subit plein la gueule, dans un pays où être différent des autres est mal vu. Ça pue !

"Je sais pas ce qui se passe avec ta daronne, je la connais pas, mais c'est vrai que s'en prendre à toi à cause d'elle, c'est particulier."

Mais bref, on va commencer à courir, peu importe si elle accepte que je la pousse ou pas. Je m'assure toujours qu'elle puisse rouler, et je ne passe par rien avec une marche trop haute pour ses roues avant. Pas envie de l'handicaper encore plus.

Sakura entendit la demande, venant à prendre fermement les barres de ses roues, ne laissant clairement pas l’occasion à sa sauveuse de prendre le contrôle de son moyen de locomotion. Elle répondit tout de même, afin d’assurer le fait que Shehtra n’oserait pas la pousser. Elle avait sa petite fierté et n’avait aucune envie de se laisser guider comme une fille qui ne pouvait survivre sans assistance.

Elle entendit les questionnements de sa sauveuse, venant à répondre en exposant sa simple supposition, alors qu’elle donnait quelques mouvements de roue pour suivre sa camarade de lycée.

- Ma mère est banquière, cela peut être tout et rien. Elle n’est pas une femme tendre donc cela peut être aussi bien un taux trop faible ou alors il n’a pas lu les petites lignes et pense s’être fait arnaquer. J’avoue que c’est la première fois qu’un de ses clients s’en prend à moi comme ça.

En suivant Shehtra, l’ange pouvait constater que Sakura avait une grande maîtrise de son fauteuil roulant. Avec le temps, la jeune femme avait appris à maîtriser la bête, pouvant surprendre plus d’une personne, étant capable de monter quelques marches ou d’autres acrobaties avec. Elle n’eut aucune difficulté à suivre le rythme de sa guide, sachant prendre les virages avec précision.

- Tu comptes m’emmener où comme ça ?

Sakura ne disait rien, mais l'extérieur de ses mains faisaient un légèrement mal. Rien de plus étonnant après ce qu'elle avait subit. Elle ne s'inquiétait pas trop, ce n'était pas la première fois qu'elle tombait avec de l'élan et juste une petite pommade avec un bandage pour que cela reste sur le peau, le soir, suffirait à effacer les marque de griffure du goudron.

Elle a refusé. Pas de souci, encore une fois. J'ai pas envie de lui manquer de respect, du coup je lui ai demandé. Je comprends aussi sa prise, ça doit pas la première fois qu'elle se fait aider de force, donc c'était possible qu'elle force sur les bras en prenant les barres de ses roues.

"Okay, pas de souci ! Pas l'intention de forcer mon aide, de toute façon."

On peut dire que je suis une connasse, mais pas que je manque de respect aux handicapés. Après, elle me suit même quand je vais plutôt vite. Bon, je suis capable d'y aller beaucoup plus vite, mais je veux pas qu'on grille mon Virus Mercer. Je sais pas si elle pourrait être athlète paralympique, ça m'étonnerait même pas, à ce stade.

D'ailleurs, elle me répond que sa daronne est banquière, et elle pourrait arnaquer n'importe qui. Ouhlà ! Je crois qu'elle se rend pas compte que parfois, sa famille peut prendre cher.

"Putain ! Va falloir qu'on l'avertisse que ses actions t'ont mis en danger. Elle doit savoir qu'il y a des types qui sont assez tarés pour vouloir s'en prendre à la famille. Je dis pas qu'elle va arrêter ses conneries, mais avec du bon sens, elle pourrait trier ceux qu'elle peut faire chier et ceux qui seraient prêts à s'en prendre à sa fille."

Elle me demande où je compte l'emmener... eh bien qu'elle sache que je connais tout Yoake par cœur, et que je sais où on pourrait se sentir en sécurité. Je compte pas la ramener à Jinmu. Si elle a quitté l'école, c'est pas pour y retourner après. Mais bref, je lui réponds.

"Dans un bâtiment désaffecté et loin de l'endroit où on a tenté de t'agresser. Après, une fois qu'on est sûres que ça s'est calmé, on peut sortir de notre cachette."

On arrive finalement, dans une usine désaffectée, la même où j'ai assimilé des connards d'homophobes. Je lui indique une cachette et je fais le guet, histoire de s'assurer que personne ne va la poursuivre. Un fauteuil roulant, ça passe pas inaperçu. Si elle avait ses jambes fonctionnelles, elle pourrait être dans une grosse foule, sans se faire griller. Mais là, ses jambes sont abîmées, alors il va falloir se cacher. Je regarde autour de moi, m'assurant de rester près de Yumaniki-san.

"Ne bouge pas. Il faut pas que le bruit des roues n'alerte qui que ce soit, au cas où on nous cherche dans l'usine."

C'est ce que je dis discrètement. Je sais qu'on les a sûrement semés, mais j'ai envie d'en être sûre. Parano ? Il faut, dans ce genre de cas. Je tiens à cœur mon rôle d'Ange Gardienne, et je veux pas qu'elle se sente en danger à cause de moi.

Elle n’était pas aussi forte que les athlètes, cependant, elle connaissait par coeur son fauteuil, ce qui permettait de faire quelque folie avec. Elle se mit à suivre sa sauveuse, entendant la remarque sur sa mère. Sakura répondit avec un ton assez neutre.

- Je l’avertirais ce soir, elle s’en occupera.

C’était un mensonge, Sakura savait que si elle commettait l’erreur d’avertir sa mère, cette dernière en profiterait pour se faire bien voir des autres en passant pour une femme inquiète de sa progéniture. Sakura ne comptait pas laisser cette chance se produire. Mais, cela voulait aussi dire qu’à partir de maintenant, elle allait devoir redoubler de vigilance et ne plus hésiter à faire appelle à la police, si le besoin s’en faisait ressentir.

Sur le trajet, elle réfléchissait comment faire de cet homme un potentiel allié, se doutant qu’il ne serait pas insensible au fait d’avoir la fille de sa cible comme un pion de son côté. Par contre elle n’était pas certaine du lieu où l’ange la guidait. Voyant l’usine, elle ne put s’empêcher de soupirer, venant à user d’adresse pour se faufiler et faire bien attention aux endroits qui pouvaient crever ses pneus.

Elle se plaçait de manière à avoir au moins trois chemin possible de fuite accessible. Sakura se sentit un peu vexée de se faire dire que ses roues pouvaient faire du bruit, hormis le contact avec le sol, elle prenait grand soin de son matériel, huilant régulièrement les mécanismes, pour permettre à son fauteuil d’être constamment au top.

En attendant, elle s’adossa complètement et fermait les yeux, faisant une micro sieste, mais aussi pour permettre d’écouter l’ambiance autours d’elle, percevant le métal qui travaillait au moindre coup de vent.

- Je ne crois pas que ce type nous suivra, il a raté son attaque et je ne pense pas qu’il trouvera d’allié assez fort pour te tenir tête. Aussi dans le lycée, fait comme si tu ne me connaissais pas, ça t’évitera des emmerdes. T’es forte, mais tu ne feras pas de vieux os si t’es convoquée au conseil de discipline.

D'accord, je lui fais confiance, j'ai vraiment pas envie de briser sa vie privée. C'est un mensonge ? Détail. C'est son problème, pas le mien. C'est pas pour autant que je suis son Ange Gardienne que je devrais me mêler de toute sa vie, sinon je vais pas m'en sortir.

En tout cas, je veux juste pas qu'elle soit en danger. Bon, elle n'a pas l'air d'une meuf effrayée de sa vie et qui vit son handicap comme une torture mentale, mais je préfère m'assurer qu'elle aille bien au final. J'ai même l'impression qu'elle se montre assez pragmatique. Bon, il a pris ses jambes à son cou, donc c'est pas lui qui va nous suivre. Juste peut-être qu'il a des potes pour tenter de s'en prendre à elle. Surtout s'ils se montrent sceptique en pensant que ce genre de femmes n'existe pas, à part dans la mythologie shinto. Il y a de tout, chez les kami et les yôkai !

D'ailleurs, elle me donne des conseils. Bon, c'est pas comme si je me battais contre des bullies, de temps en temps. Je suis pas connue pour ma finesse, juste pour m'en prendre à ceux qui s'en prennent à d'autres, à utiliser le rapport de force pour les faire arrêter. Mon but c'est qu'il y ait le moins de harcèlements et de disparitions possible, et qu'importe si on me grille.

"Merci des conseils. Après, je n'ai jamais été un vrai bon exemple."

On me dit beaucoup de bien, parmi ceux que j'ai protégé, et du mal parmi les bullies. Ca fait pas de moi un exemple, car on sait que quand je protège, je n'utilise pas la diplomatie, mais les poings. Heureusement, dans l'immense majorité des cas, je me retiens assez pour qu'aucun os ne soit brisé, ni même qu'il y ait des séjours à l'hosto. Je les mets juste KO ou je les fais fuir. C'est important pour moi, car déjà qu'on me connait pour me battre contre les responsables du harcèlement, car s'il y a bien une qui ose agir par rapport aux profs c'est bien moi, alors si je leur fais payer des lits d'hôpital, c'est terminé.

"Mais bon, de toute façon, si jamais ils sont au courant de l'histoire, ils finiront par savoir que c'est de la légitime défense. Tu aurais pu finir à l'hosto ou dans la tombe, et ça va me peser."

Je continue de regarder autour, et petit à petit le calme va commencer à s'installer. Je reste encore vigilante, mais je préfère me détendre peu à peu.

"En tout cas, ça va pas être la seule fois qu'on s'en prend à toi car un membre de ta famille fait de la merde, j'en suis sûre."

Sakura se disait que cette camarade ne la prenait pas assez au sérieux. Elle avait beau être forte, certainement intelligente, le lycée ne laisserait pas passer une attitude qui nuirait gravement à sa réputation. L’humaine n’était pas consciente qu’au sein même de l’établissement, il y avait un certain nombre de créature qui rodaient. Apès la jeune femme se disait que Shehtra serait très certainement en capacité de trouver du boulot.

La lycéene doutait que cela se sache, si les deux savaient tenir leurs langues, de toute manière, il fallait s’arranger pour que la nouvelle de cette agression ne soit pas connue dans la journée, histoire de laisser du temps et que sa mère se retrouve dans une situation où elle ne pourrait en tirer un plein bénéfice. Sakura ne croyait pas vraiment en la légitime défense, la différence de force était clairement à l’avantage de sa sauveuse, même armée d’un couteau, c’était comme si l’homme avait affronté un militaire.
Cependant, Shehtra avait raison sur une chose, elle ne serait pas sortie de cette situation en un seul morceau, bien qu’elle puisse émettre des doutes que cet homme puisse aller jusqu’à tuer, tout du moins volontairement.

Sakura répondit à la série de question, avec une voix calme, comme détachée de tous ce qui s’était passée.

- C’était la première fois que j’étais impliquée aux actions de ma mère. Qu’un homme me dérange ou soit manipulée par d’autres, cela m’est davantage familier.

Elle ne comptait pas le nombre de fois où des filles du lycée avaient organisé des rencarts, la faisant passer pour une chaudasse qui aime se faire dominer et abusant de deepfake pour que les hommes tombent dans le panneau. Heureusement, à chaque fois, cela s’était simplement arrêté aux insultes ou à quelques marques sur ses poignets. Mais bon, elle n’avait pas à parler de ça à une personne qui était en dehors de cette histoire.

- Il vaudrait mieux ne rien dire. Cet homme a dû agir, car il était désespéré et supporter le secret de cette agression pourrait lui permettre de réfléchir sur ses actes. S’il a bon fond, il sera bien plus tourmenté que s’il se trouvait en cellule. Dans un autre cas, il pourrait revenir pour acheter mon silence et je ne suis pas folle au point de ne pas accepter une bonne offre. Je ‘ne veux pas à ce type, bien plus à ma mère qui manque de jugeote.

Sakura attendait patiemment que sa sauveuse face signe que c’était bon. Elle n’aura qu’à refaire son lèche-vitrine un autre jour. La jeune femme ne semblait clairement plus sous pression.

La première fois… et sûrement pas la dernière. Apparemment, on a déjà essayé de la manipuler, et on dirait qu'elle a une grosse force mentale. Mais bon, je vais de toute façon fermer ma gueule sur l'agression... enfin il y a quand même la puissance des réseaux sociaux qui peut montrer l'agression en direct, mais bon. Si c'est juste une photo, on peut toujours dire que c'est fake. Mais si c'est une vidéo, ça va sembler trop réaliste pour dire que c'est de l'IA, donc cette excuse sera utilisée par désespoir de cause, mais sinon...

Bon, si elle se montre compréhensive pour lui, vraiment tant mieux ! Perso je hais qu'on s'en prend à un innocent, et je peux me montrer rancunière, mais elle, même en sachant qu'il a tenté de la poignarder, elle sait entrer dans son crâne. Bon, il y a un côté corrompue, mais je suis parmi les plus mal placées pour juger. La nuit, je suis dans les affaires louches, donc forcément je trahirais ma morale d'ange noire si je la critiquais pour ça.

"Si t'es capable de le pardonner, je suis limite jalouse de toi. Il a essayé de te blesser à peine rencontré, et pourtant tu l'acceptes. Moi je dis chapeau."

Bon, petit à petit, je peux me dire que c'est vraiment safe. Je relâche doucement ma pression et je la regarde.

"C'est bon. On peut y aller."

Je m'éloigne un peu pour qu'elle soit libre de ses mouvements, et je commence à l'accompagner à la sortie. Par contre, il y a bien un truc qui peut me gêner dans ce contexte.

"Par contre, il faut espérer que l'agression n'est pas filmée et postée. On peut crier au fake en cas de photo, mais pour les vidéos, si c'est de trop bonne qualité, ça a l'air encore trop plausible pour de l'IA."

Non parce que j'ai vu pour l'IA, il y a encore des merdes qui fait qu'on grille l'IA. Les textes, les disparitions, les mouvements impossibles... bref, impressionnant au global, mais de la merde dans les détails.

"Du coup, tu voulais faire quoi avant que tu te fasses poursuivre ?"

Sakura ne répondit pas à cette histoire de pardon. Ho elle ne pardonnait pas à cette personne, tout comme elle notait dans sa tête que c’était la faute de sa mère, rangeant cela dans la case des formes de maltraitances, aussi indirectes soient-elles. Ce qu’elle savait pas contre c’est que l’argent pouvait être un bon compromit pour calmer les tensions entre deux personnes et Sakura préférait que cela se résolve dans le cercle privé qu’exposé au grand public.

Elle entendit sa sauveuse dire que le moment était venu de bouger, venant à saisir les barres de ses roues et sortir de ce lieu qui avait son charme, mais qui n’était décidément pas pratique pour elle. En entendant la remarque sur être filmée ou les photos,Sakura avait de gros doute qu’il y ai des preuves. L’endroit choisir avait peu de caméra, les passants ne sont pas du genre à tout filmer, plutôt à faire profil bas, rentrer dans le moule. De plus la scène s’était passé très rapidement et si vidéo il y a c’était sa sauveuse qui risquait d’avoir aussi des ennuis avec la force qu’elle a déployée pour repousser l’agresseur. S’il y avait des preuves, encore fallait-il que sa mère les trouve et passe à l’action, chose peu probable, la sachant bien plus concentrée sur sa carrière que sur sa fille.

La question sur ce qu’elle faisait n’eut pas de réponse immédiate. L’idée d’être accompagnée dans sa petite promenade n’était clairement pas plaisante, se balader en solitaire avait ses avantages, pas besoin d’écouter du blabla incessant, pas à donner des avis, pas à faire mine d’être très sociable.

- Pas grand-chose, je faisais le tour des magasins de technologie voir s’il y avait des trucs nouveaux sur la VR.

Sakura se disait que si Shehtra voulait suivre elle finirait par partir d’elle-même, ne s’estimant pas être une fille très intéressante et se disant que cette camarade avait certainement autre chose à faire que d’accompagner une fille en fauteuil.

Oh ! Elle est intéressée par la VR ! C'est vrai qu'un truc immersif ne lui ferait pas de mal. En plus, je sais pas si elle connait un jeu qui a déjà fait parler de lui il y a plusieurs mois : Yōseika World Online. Bon, il faut avouer que ça coûte la peau du cul. 800.000 yens au total, putain ! Mais bref, ça se trouve elle en a entendu parler, et aurait envie de l'acheter. Je me demande même si elle est assez riche pour l'acheter.

"Ah ouais ! Tu as sûrement entendu parler de Yōseika World Online."

Je l'ai déjà acheté avec de l'argent blanchi, et j'y joue régulièrement, pour retrouver Fumiyo, et on s'aide mutuellement malgré notre différence de niveau absolument gigantesque. Je crois qu'avec ce genre de trucs, elle pourrait avoir l'impression d'avoir récupéré ses jambes et de pouvoir marcher dans le plus grand des calmes.

"Je dois l'avouer, j'ai dû payer toute ma vie d'économie et bosser comme un bourreau de travail pour pouvoir me l'acheter, tellement c'est cher, vu qu'il y a une combi qui va avec ! 800.000 yens, putain !"

J'avoue, j'ai un peu menti. Mon boulot en tant que tueuse à gages a tellement aidé, mais en même temps, comment je peux buter la nuit avec acquit de conscience sans être une tueuse à gages ? J'ai pas le choix que de buter, mais j'ai le choix du boulot qui permet ce compromis.

Sakura se mit à répondre d’un petit hochement de la tête, de haut en bas. Oui le prix de la combinaison avec le jeu avait fait pas mal de remous dans l’industrie du jeu vidéo, ce n’était apparemment pas si cher que ça pour cet équipement qui était de qualité. Cependant, il fallait le dire, le prix n’était accessible qu’à ceux qui en avaient les moyens, malgré un travail sur ce jeu qui était clairement perceptible. Comment Sakura savait cela ? Eh bien, dans la salle d’arcade où elle allait, il y avait une version démo avec des tenues de moins bonne qualité. La version démo n’était accessible qu’aux salles d’arcade et il n’y avait qu’un seul compte d’essai. Autant dire que toute la partie personnalisation de personnage et de très nombreuses fonctionnalité avancée n’étaient pas accessibles. Chaque session ne pouvant excéder trente minutes et une fois par semaine, la salle d’arcade voulant laisser le plus grand nombre essayer, ce qui était compréhensible.

Sakura entendit sa sauveuse dire s’être acharnée au travail. Elle ne le disait pas, mais elle enviait un peu cette camarade de pouvoir travailler comme elle le souhaitait. Trouver du travail, pour elle, était assez compliqué, préférant gagner petite à petit de l’argent en participant à des tournois de jeux vidéos.

- C’est en effet beaucoup d’argent pour notre âge, ton travail devait beaucoup rapporter, après je ne vais pas te demander ce que tu fais, tant que tu peux te faire plaisir à côté. Je n’ai pas ce jeu, la tenue est bien trop chère et comme je suis à l’internat, cela serait très compliqué de l’entretenir.

Elle esquivait aussi le fait que d’autres lycéennes pourraient abîmer la tenue et qu’elle n’avait pas d’endroit où protéger un bien qui valait bien plus que son fauteuil roulant, ayant rapidement fait la conversion en dollar dans sa tête, estimant à un peu moins de 6000 dollars.

- Si c’était avec un prix moins prohibitif, cela pourrait certainement faire un jeu avec une grande popularité. Le prix fait de la publicité, mais ce n’est pas cela qui fait vivre un jeu, c’est le nombre de connexion journalier et s’il y a un cash-shop à l’intérieur, le nombre de baleine prête à débourser leurs salaires dans le jeu. Le jeu a du potentiel, mais le prix est une contrainte importante. J’ai pu heureusement tester une version d’essai dans une salle d’arcade, mais trente minutes par semaine avec plus de la moitié des fonctionnalités de bloquées ce n’est pas un vrai test.

Ca je confirme. Beaucoup de thune, et je dirais même pour un adulte de classe moyenne, comme ma daronne. Mon daron n'en a rien à foutre, il ne vient pas de la Terre. Ouf ! Elle ne compte pas le demander. J'ai pas envie de mentir juste pour ça. Parce que si elle sait que je suis tueuse à gages, j'ai peur pour ce qui va se passer. Après, oui, ça a l'air compliqué de base de trouver du travail pour une paraplégique.

"C'est pas faux. Déjà que ça coûte la peau du cul, si n'importe qui pourrait l'abîmer, je pourrais être folle de rage."

Heureusement que c'est chez moi, cette tenue et ce jeu, donc c'est pas ça qui poserait le plus de problème. Après, oui, le prix est un argument marketing, autant quand ça coûte moins cher que si c'est de luxe. Ca, pas besoin d'aller chercher les JV pour ça, on connait ce genre de phénomènes avec les fruits.

Après, oui, si la tenue pouvait être moins chère, il y aurait plus de joueurs. Heureusement qu'il y a un système de micro-transactions pour faire vivre le jeu. Le nombre de baleines prêts à débourser des millions de yens pour avoir une tenue trop stylée, je sais pas combien il y a, mais si ça fait un bon moment que ça existe, c'est que c'est assez pour entretenir les serveurs. Après, oui, une demi-heure par semaine pour un jeu comme ça, c'est tellement pas assez, mais en même temps les salles d'arcade n'ont pas trop le choix.

"Ah ouais ! Je me doutais que la version d'essai amputait du plaisir, mais je pensais pas à ce point ! Bon, heureusement il y a un système de micro-transactions, et j'ai l'impression que c'est assez honnête pour que les gens n'auraient pas envie de se barrer. Vu que les serveurs sont toujours là, je crois qu'il y a assez de baleines pour que ça dure encore longtemps, surtout quand on sait qu'il y a pas d'abonnement… et encore heureux."

Un VRMMORPG, ça coûte déjà cher sa mère, alors pas envie de payer 3.000 yens par mois. Je pourrais lui proposer d'aller chez moi, mais on est le weekend. Pas la peine de demander à une interne d'aller chez une camarade, surtout quand on se connait pas tant que ça.

"Si tu étais pas interne et que ça coûtait genre 200.000 yens, tu l'aurais acheté ?"

Peut-être que même 200.000 yens c'est trop cher pour elle, on sait jamais. Après, c'est une possibilité bien fantasmée. Je sais même pas s'ils pourraient faire une solde -75 % pour Yōseika World Online, bien que ça ferait énormément de bien au jeu… à court terme.

Sakura écoutait Shehtra d’une seule oreille, en vérité l’entendre parler avec autant de légèreté de sa capacité à avoir eu la tenue complète la faisait un peu rager intérieurement. Elle n’en voulait pas à sa sauveuse, elle ne faisait que se dire qu’avec un corps comme l’ange, elle aurait certainement plus d’amis, elle pourrait avoir plus de possibilité d’embauche. Elle poussa un soupir en se disant que de toute manière rêver de chose inutile ne lui rendrait pas ses jambes et que cela avait permis tout de même à se retrouver loin de sa mère, aussi contraignant que cela puisse être.

S’ensuivit une question bien plus intéressante, pour 200 000 yens, soit environs 1500 dollars, cela pouvait paraître bien plus abordable, si elle n’était pas en internat et qu’elle réduisait drastiquement ses achats. Mais, cela voulait dire devoir payer un loyer, donc trouver un logement adapté à sa situation, tout en s’assurant d’être en sécurité chez elle et pendant ses sessions, chose qui était possible dans la salle d’arcade, car sous surveillance de caméra. Elle faisait mine de réfléchir plus longuement, posant son index gauche devant son menton et observant le sol.

- Hum … Dans le cas d’un logement gratuit, cela pourrait entrer dans mes frais par un petit emprunt à la banque. Mais si on inclut un loyer aucune chance que l’on m’accorde un emprunt et il ne faut pas compter sur ma mère pour me donner un coup de pouce. Elle est un peu comme ses lionnes qui jettent leurs rejetons du haut d’un rocher pour leurs apprendre à bien atterrir sur leurs pattes.

Un tacle facile que Sakura ne pouvait s’empêcher de placer. Après tout, Sakura n’avait que le strict minimum de sa mère, histoire de garder les apparences, c’est aussi pour cela qu’elle est aussi regardante sur ses dépenses et l’entretient de sa chaise roulante, sachant pertinemment que sa mère ne lèverait pas le petit doigt pour un divertissement, ayant gardé secret ses jeux vidéo et ses gains pour éviter que sa mère tente d’en taxer une partie.

- Pour le moment la session de trente minutes par semaine dans la salle d’arcade est accessible.

Sakura continuait de rouler sur le trottoir, circulant avec une grande fluidité, regardant du coin de l’oeil les possibles vitrines de gadget VR.

Si elle est logée gratuitement, un crédit à la consommation et ça passe, quoi. A partir du moment où il y a un loyer, c'est un non catégorique. Surtout qu'il faut être motivée pour se trouver du boulot en tant que paraplégique. En plus, elle décrit sa mère comme une radine. Non non, Yumaniki-san décrit sa mère comme une lionne qui jette son fils du haut d'un rocher pour lui apprendre à atterrir sur ses pattes. Ah ouais ! Violent !

"Putain ! Elle en fait souvent des… leçons par la pratique ?"

Mon daron n'en fait même pas, à part "démerde-toi avec ta mère". Ca fait de lui quelqu'un d'irresponsable, et franchement je m'en passerais bien. Au moins, je sais qui il est, et là-dessus j'ai la conscience tranquille, mais quand même. Du coup, finalement j'aurais pas envie de la rencontrer, si c'est une telle connasse. Elle s'en fout que sa fille soit en bonne santé, du coup j'ai pas envie de voir son hypocrisie.

Mais au moins, la session de trente minutes la satisfait. C'est déjà ça de pris, elle peut s'amuser. Bon, sûrement que ça coûte un peu, mais ça fait qu'elle peut sentir pleinement ses jambes, si les nerfs marchent assez bien.

"Tant que tu peux te dégager de la réalité, ça va. Si ça te permet d'avoir l'impression de bien marcher, je peux pas t'en vouloir."

Surtout que si je la comprends bien, elle est plutôt pessimiste dans la vie. Bon, un peu de lumière ne fera pas de mal. J'ai pas envie qu'elle finisse par conclure qu'il lui faudra se suicider. Bon, elle n'a pas l'air de le vouloir pour l'instant, mais je sais pas si je serais étonnée si elle voyait la mort comme une libération. Bon, c'est pas grave, de toute façon elle a moyen d'avoir une raison de vivre.

"Finalement, après avoir entendu la description de ta daronne, j'aurais peut-être pas envie de la voir, un peu comme mon propre daron qui juste s'en bat les couilles de moi."