The Multiversity

Maintenant, que les Strawberry Girls prenaient de plus en plus d'assurance et développaient son groupe de fan, Aoki se disait qu'elle pouvait faire rencontrer ses deux étoiles montantes. Après l'épisode de l'enlèvement, le groupe a connu une petite pause pour avaler la pilule, vivant quelques jours chez elles, avant de leur trouver un appartement juste en dessous du leur. Leur loyer est un peu plus cher, mais ainsi, elles sont rassurées et peuvent venir voir Felicia et Aoki quand elles veulent, c'était plus rassurant pour elles, surtout maintenant qu'elles se sont rapprocher de leurs maîtresses. Leur premier album se vendait encore peu, mais leur influence se propageait ce qui rajoutait petit à petit son lot de fan. Et pour la suite, Aoki comptait leur faire tourner un second clip afin de toucher de plus en plus de monde. Sur internet, elles étaient de plus en plus connues mais même si de nos jours, internet est une clé du succès, il ne fallait pas oublier la télé car qui dit télévision dis, tawlkshow, émission de variété, émission d'idol, bref, cela ouvrait bien des portes ! Le choix de la chanson était décidé, une chanson sur un amour à distance qui tient malgré tout. Les idols, ça chante très souvent l'amour donc, pas de quoi s'étonner.

Mais pour le clip, même si ses trois idols y seront forcément, elle comptait y ajouter Doutzen dedans. Pas de danse ou de champ pour sa poupée, mais comme elle allait jouer dans ce petit film qui narrait l'histoire du clip, autant la faire jouer. Plus cela sera diffusé à la télévision et plus les producteurs pourront tomber sur le visage d'ange de sa petite Doutzen. D'une pierre, deux coups. Aoki n'oubliait pas sa petite Doutz-chan, c'était bien la preuve, et puis les faire se rencontrer, elle voulait le faire depuis longtemps, et pas forcément sans raison, ainsi, elles se croiseront professionnellement, pas juste pour se dire bonjour. Aoki avait réussi à privatiser un maid café lors d'un jour de fermeture afin d'y tourner les scènes dedans, Doutzen n'aura pas grand-chose à faire, même si elle a des lignes de dialogue, cela ne sera pas entendu vu que ce seront les paroles de leur chanson qui sera dessus. Mais il faut bien rendre ça crédible, pas juste jouer les poupées immobiles et muettes. Étant donné que la chanson parlait d'un amour à distance, Aoki voulait une Doutzen triste, mélancolique, observant son portable, pianotant dessus, soufflant quelques mots. Peu importe lequel au final. Mais voilà, pour ce qui devait se tourner ici, et pour commencer, c'était ça. Après, ses petites fraises entrerons en jeu pour autre chose, mais au moins, pour le début, elle avait ses ordres.

Le manager des deux groupes gérait tout ça de son côté, parlant avec le réalisateur, au téléphone, il ne fallait pas douter d'Aoki, dans son métier, elle était sérieuse ! Toute l'équipe technique était là, réglant l'éclairage, les caméras, ça grouillait autant que dans une fourmilière pour le moment. Kurumi fut la première à venir à la rencontre de Doutzen, dans une jolie tenue de maid qui servira pour les scènes ici, autant pour l'aspect film, que pour les scènes de danses et chant ici. Souriante, la jeune femme venait à elle, se penchant en avant pour la saluer poliment, parlant avec le sourire, d'une voix chaleureuse.

« Vous êtes Kroes-chan ? Je vous ai aperçu sur quelques affiches, de plus, Kou-senseï parle souvent de vous. Je suis heureuse de pouvoir vous rencontrer. J'espère que nous travaillerons bien ensemble ! Oh, pardon, peut-être vous n'êtes pas à l'aise avec le Japonais ? [Vous préférez que je parle Anglais peut-être? »

Termina-t-elle en Anglais, un peu gênée. Aoki leur avait parlé d'elle, jamais de comment elles bavardaient.

La petite carrière de Doutzen était doucement en train de croître. Tandis qu'Aoki devrait bientôt aller voir Reto, Doutzen, elle, continuait à travailler au sein de l'agence d'idols. Le fait que son visage commence à apparaître sur des affiches publiques ne semblait nullement déranger Reto, et ce quand bien même Doutzen participait aux activités criminelles du clan Petrovski. Pour lui, elle restait toujours son Petit Chaperon rouge, alors, quand Aoki avaiut proposé qu'elle participe à un clip télévisé des Strawberry Girls, une autre étoile montante de l'agence d'Aoki, Reto avait également accepté... Mais désirait toujours rencontrer Aoki. Comme il le disait lui-même, il trouvait amusant que son esclave soit une célébrité, une star... Est-ce que cela permettrait à Doutzen d'échapper à l'emprise de Reto ? Mais pour faire quoi ? Ses propres parents avaient après tout vendu la jeune femme, et Reto représentait ce qui ressemblait le plus à une famille. Il était pervers, mais il veillait sur elle, pourvoyait à son bien-être. Elle ne dormait pas dans une mansarde, et elle avait après tout sa Maîtresse, Aoki... Reto avait donc accepté.

Aujourd'hui, le tournage avait lieu dans un maif café, le Kissa Kissa. C'était un café assez populaire pour les jeunes de Yoake, et qu'Aoki ait pu le privatiser pendant la durée du clip signifiait vraiment que les Strawberry Girls devaient être assez populaires. Elles faisaient la fierté d'Aoki, et, si Doutzen ignorait qu'on avait tenté de les enlever, elle était aussi flattée de faire partie de l'équipe de tournage. Son rôle consistait à jouer une jeune femme qui faisait face à une rupture amoureuse douloureuse, puis qui retrouverait la joie de vivre en compagnie des Strawberry Girls, habillées pour le coup en maid.

Doutzen avait enfilé sa robe rouge avec des bottes rouges. Une tenue assez élégante, mais, après tout, le rouge était la couleur de l'amour, alors cela collait plutôt bien à l'idée qu'elle devait se faire de son personnage... Et puis, avec ce genre de clips, plus on était jolies, et mieux ça passait. Elle était donc assise là où elle devait être filmée, avec une tasse de café à moitié entamée, et devait s'entraîner à être triste. Mine de rien, ce n'était pas si simple que ça, il fallait beaucoup d'immersion. Une émotion, ça ne s'inventait pas facilement. Et, en essayant d'être triste, on pouvait tomber dans deux écueils : soit le surjeu qui rendait tout visage triste grotesque, soit dans l'inaction totale.

Alors qu'elle y songeait, l'une des Strawberry vint vers elle. Kurumi était très belle, surtout avec sa tenue de maid, et Doutzen lui sourit doucement en relevant la tête.

« Je comprends le japonais, répliqua Doutzen, qui avait appris auprès de Reto. Et, d'ailleurs, je ne suis pas d'origine anglaise. Je comprendrais presque mieux le japonais que l'anglais ! »

Elle venait d'Europe de l'Est, de régions défavorisées où elle avait pu être vendue par des parents affamés à la Mafia russe. Une triste histoire, mais qui était bien plus commune qu'on ne voulait le penser.

« Et tu peux m'appeler Doutzen... Si je peux t'appeler Kurumi. Et je retourne la pareille, Kou-sensei parle aussi souvent de ses trois merveilles, je suis ravie de travailler avec vous ! »

Doutzen se demandait aussi si Aoki couchait avec les Strawberry Girls... Mais elle se doutait déjà de la réponse. Aoki était très professionnelle, mais elle tenait beaucoup à ses idols. Doutzen n'aborda pas frontalement le sujet, mais elle se dit bien qu'avec une aussi jolie bouille, Kurumi avait déjà dû finir entre les bras réconfortants d'Aoki.

« Tu sais quand on commence le tournage ? » s'enquit-elle alors.

Tout se déroulait bien pour le moment, certes, les deux autres petites fraises étaient en train de se faire maquiller et préparer pour le tournage du clip, mais Kurumi était déjà prête, allant faire connaissance avec la fameuse Doutzen dont Aoki leur avait souvent parlé. Les filles avaient partagé un premier moment intime avec Aoki et Felicia, depuis, ça leur était arrivé de recommencer, surtout que maintenant, elles habitaient juste en dessous des deux femmes, ce n'était pas rares qu'elles s'amusent ensemble, même si les filles savaient aussi leur laissé leur intimité, c'était des fiancées après tout, elles pouvaient bien avoir un moment rien qu'à elles. Aoki avait donc parlé de Doutzen, en tant qu'élève qu'elle cherchait à produire, mais aussi comme une partenaire très agréable, au corps chaud et envoûtant. Elle ne leur avait rien demander de spécial, après tout, avec Aoki, il y avait un moment pour travailler, un pour se détendre donc là, c'était très clairement le boulot. Sur ça, elle ne plaisantait pas, elle voulait bien donner tous les outils à ses jeunes pour se hisser au sommet, mais il ne fallait pas s'endormir sur ses lauriers ni se tourner les pouces. Quand on débute, faut en donner, encore et encore ! Quand on est une star que les blockbusters s'arrachent à tout vas, là, on peut faire la fine bouche et prendre un peu de vacances. Pas avant.

La jeune Japonaise faisait face à Doutzen, parlant tantôt Japonais, tantôt Anglais, sans savoir quelle langue elle maîtrisait le mieux ? Par chance, elle parlait aussi Japonais, ce qui lui facilitais la tâche, mais Doutzen allait devoir bientôt surtout parler Anglais, Mei comprenait le Japonais et le parlait un peu, mais Tiên était encore en apprentissage, tant pour le parler que le comprendre donc tant qu'elle n'était pas au point, mieux valait parler anglais, au risque de se répéter dans deux langues différentes. Mais cette dernière n'était pas encore là, la demoiselle demanda à l'appeler par son prénom en échange équivalent, renvoyant les mêmes compliments qu'Aoki avait dit à leur propos. Cela étira un peu plus son sourire. Ça faisait bizarre, à elles, elle parlait surtout de Doutzen, et la voilà en chair et en os ! Logiquement, leurs domaines ne se croisaient pas, mais bon, Doutzen débutait et il fallait bien la mettre en valeur, la voir dans ce clip serait déjà une bonne chose, ça permettait à leurs univers de s'entrecroiser.

« Bientôt, mais je ne sais pas encore. Mei et Tiên sont en train de se préparer, mais je ne sais pas s'il manque qu'elles pour commencer ou s'il faut autre chose ? »

Aoki était occupé à parler avec une personne, puis une autre, on sentait son côté dominante ressortir, même sans latex et petite tenue. Elle restait polie et courtoise, mais attention à celui ou celle qui voudrait retarder le tournage. Elle avait un programme chargé, pour elle comme pour ses quatre filles, donc pas question de grignoter plus de temps ici ou là.

« Est-ce que tu as eu des tournages ou des séances photos en ce moment ? Je sais que Kou-senseï fait beaucoup pour t'aider, elle nous en parle souvent, c'est elle qui a eut cette idée de te faire venir ici d'ailleurs. »

Les Strawberry n'avaient rien à redire, c'était elle qui venait pour jouer dans le clip, ça ne demandait pas forcément des talents de chant ou de danse, juste de comédie donc, c'était dans ses cordes. D'ailleurs, Mei ne tardait pas à arriver, il en restait donc une dans le lot à encore voir débouler. Elle aussi était dans la même tenue que Kurumi, une jolie tenue de domestique qui lui allait à ravir.

Avec sa tenue de femme fatale, Doutzen avait ironiquement enfilé sa tenue de « Petit Chaperon rouge », cette tenue qu'elle utilisait habituellement pour séduire les hommes afin d'obtenir sur eux des informations compromettantes pour le compte de son père et de sa famille.  Doutzen faisait ça avec talent, et, même si elle savait que Kou-sensei n'aimait pas trop ça, cela aidait aussi Doutzen à améliorer son jeu d'actrice. Néanmoins, en devenant une icône de la pop culture, elle allait sans doute devoir renoncer à ce genre de choses, qui devenaient beaucoup trop sensibles. Reto avait accepté cette évolution sans trop rechigner, et, depuis lors, avait insisté pour qu'Aoki vienne dîner chez eux... Bientôt, Aoki ne pourrait plus refuser.

Pour l'heure, Doutzen était ravie de pouvoir rejoindre le clip des Strawberry Girls, et, si elle se doutait bien que ces trois beautés devaient aussi coucher avec Aoki, elle n'était nullement jalouse, mais juste heureuse d'être avec des partenaires.

« J'ai déjà fait des séances photos, mais des tournages... Non, jamais. Mon père refusait jusqu'à présent, mais il a fini par accepter quand Kou-sensei lui a indiqué que ce serait pour tourner à vous. C'est une grande première pour moi ! Je dois t'admettre que je suis un peu nerveuse... »

On disait que les filles pouvaient être très garces entre elles, et ce n'était sûrement pas Doutzen qui contredirait à coup sûr ce cliché. Les filles étaient connues pour agir dans le feutré, pour être bien plus sournoises que les hommes. Il fallait savoir jouer avec ça, et c'était là tout le talent de Doutzen que d'arrondir les angles. Toutefois, elle ne sentait chez les deux Strawberry Girls aucune méchanceté particulière, rien d'autre qu'une curiosité sincère. Aoki parvenait à développer des sentiments d'attachement envers ses élèves. Les unir toutes dans le péché de la luxure n'y était sans doute pas étranger, même si Doutzen n'avait pas encore eu l'occasion d'explorer ce penchant de cette relation avec les jeunes femmes.

Mei-chan arrivai à son tour. Le trio était désormais presque au complet, et Doutzen se pinça doucement les lèvres.

« Tu as des conseils à me donner avant que ça commence ? Après tout, vous vous y connaissez bien mieux que moi ! »

La carte de la flatterie était une carte efficace, mais qu'il fallait manier avec précaution. Pour l'heure, Doutzen cherchait juste, par ce biais, à se rapprocher de ces jeunes femmes...

Tout se préparait, peu à peu l'heure H approchait, tout n'était qu'une question de minute certainement ? Déjà, attendre que les trois idols aient fini se s'habiller et se maquiller, après, qui sait si certaines caméras étaient capricieuses ou si certains techniciens un poil en retard ? En tout cas, Kurumi était contente de pouvoir travailler avec Doutzen, étant qu'Aoki avait beaucoup parlé de cette jeune femme, elle n'avait pas précisé d'où elle venait, mais elle n'était clairement pas d'Asie. Dans un sens, outre son physique, ça se voyait. C'était pour ainsi dire impossible qu'une non-asiatique puisse devenir une Idol, le Japon, comme la Corée et les autres pays d'Asie était assez fermé sur le fait de faire venir d'autres personnes dans cet univers. Peut-être qu'une fille métissé avec au moins un parent japonais – pour prendre exemple sur les idols japonaises – pourrait réussir à décrocher une place et faire un essaie, mais... sans être raciste, ils tenaient à leur fierté culturelle. Donc, aussi jolie sois Doutzen, il serait étonnant qu'elle réussisse à être dans un groupe d'Idol, toute talentueuse soit-elle. Mais qui sait, Aoki pourrait bien bousculer les traditions, elle était fière d'être une femme japonaise et cela ne l'empêchait pas d'être à la fois lesbienne et amoureuse d'une Américaine. Quelle époque !

Aoki n'avait jamais dit d'être des filles fair-play même si, elle n'aimerait sûrement pas que les filles agissent sournoisement pour saboter le show d'une rivale, mais entre ses élèves, que ce soit du même groupe ou non, elle voulait de l'entente. Elle n'encourageait pas plus une personne qu'une autre, elle aidait ceux et celles qui s'en donnait les moyens, si des jeunes venaient ici et croyaient qu'après l'audition, ils pouvaient juste s'assoire à une table et attendre que tout se fasse, c'est raté...

« Ne t'inquiète pas, je le suis aussi. Et je suis persuadé que les autres aussi. »

Peut-être pas Tiên... Elle était toujours de bonne humeur et pleine d'énergie, ce serait sûrement de la voir nerveuse. Mais qui sait. Tandis que Mei approchait, elle aussi dans sa tenue de maid, elle salua poliment Doutzen en se courbant légèrement, pour le coup, ça faisait très maid. Mais Kurumi répondit la première à Doutzen, à présent en Anglais, Mei ne maîtrisant pas encore totalement le Japonais, Doutzen devrait s'en habituer.

« [Tu sais, c'est notre premier clip à nous aussi... On a chacune notre petite expérience, mais bon, tourné une petite vidéo pour nos fans sur les réseaux sociaux, c'est pas comme ici... Si Kou-senseï a jugé que vous étiez prête pour tourner dans notre clip, alors vous l'êtes.] »

Cela faisait bizarre de ne pas dire maîtresse, mais en public, c'est comme ça. En privé, chez elles, elle devait bien respecter les règles avec Felicia et Aoki, mais ici, un peu de sérieux. Depuis cette fameuse journée qui leur avait bien peur, leur vie avait bien changé en étant près de leurs maîtresses, elles avaient beau habité juste en dessous de chez elles, elles étaient souvent avec elles, bien qu'elles savaient leur laisser un peu d'intimité aussi.

« [Kou-senseï a le don de savoir ce genre de chose. Ayez juste confiance en vous.] »

Dis Mei avec un léger sourire faisant ressortir ses adorables petites joues. Là où Kurumi affichait un air assuré, la petite Chinoise était un peu plus timide, mais c'était aussi ça qui faisait son charme. Un groupe d'Idol se doit d'être varié, si c'est trois fois le même personnage sous un nom et une apparence différente, ce n'était pas la même chose. Bien sûr, un groupe pouvait suivre un certain credo, genre vestimentaire ou de musique, mais dans le comportement, le personnage se doit de varier un minimum des autres. Si Tiên n'était pas encore là, mais ça ne saurait tarder, Aoki semblait en avoir fini avec ses ordres à donner ici ou là, s'approchant en souriant de trois de ses élèves. Doutzen et les Strawberry feront un petit pas de plus vers leur rêve aujourd'hui, que c'était génial comme sensation !

Ironiquement, elles partageaient toutes les quatre un lien très spécial avec Kou-sensei... Elles la considéraient chacune comme leur Maîtresse, mais aucune ne le savait, ce qui rendait ce rapprochement encore plus amusant ! Doutzen était assez nerveuse, en effet, car c'était son premier clip, alors elle espérait être à la hauteur... Mais, d'un autre côté, si Kou-san avait décidé de la faire participer à ce tournage, c'est qu'elle avait foi en elle, ce qui suffisait à lui donner confiance. C'est d'ailleurs ce que Mei lui dit, et Doutzen se mit à doucement sourire sur le coin des lèvres.

« Oui... Oui, tu as raison, Mei-chan. C'est juste que... Enfin, je suppose que c'est normal d'avoir un peu le trac, non ? »

Cela semblait même être la chose la plus naturelle au monde ! Mais il fallait bien avouer que les Strawberry Girls étaient plutôt charmantes, et qu'elles avaient le don de motiver n'importe qui. Doutzen pouvait initialement aussi compter sur Kou-sensei, qui lui avait fait fougueusement l'amour en lui disant de rejoindre ce casting. Elle avait dû négocier avec Reto pour cela, mais la carrière artistique de Doutzen semblait être très importante pour Kou-san.

Elle se pinça donc les lèvres, et attendait que le tournage commence, consciente qu'elle n'avait qu'un petit rôle à jouer là-dedans. L'équipe se préparait au tournage, et Doutzen se redressa, en compagnie des Strawberry Girls, attendant de voir quelles instructions on allait bien pouvoir lui donner...

Toutes les filles ici présentes avaient confiance en Aoki, elle savait plaisanter, être une douce maîtresse ou une plus autoritaire, mais en tout cas, elle ne prenait pas leur carrière à la rigolade. D'ailleurs, gare à ceux et celles qui pensent avoir le droit de refuser ses propositions de pub ou jouer les diva avant l'heure, ce genre de personne s'en mordait les doigts ensuite. Elle n'allait pas confier des enfants ou de jeunes adultes entre des mains douteuses, d'ailleurs jamais elle ne laissait ses protéger seul en entretiens ou autre, elle surveillait, c'était son rôle. Libre aux producteurs de lui demander de ne rien dire et rester dans un coin en attendant, mais pas question de laisser des jeunes gens en présence de personne « influente ». Surtout quand il s'agit de filles. Deux des trois filles étaient prêtes, toutes partageaient ce léger trac car c'était son premier grand rôle entre guillemets pour Doutzen, elle est déjà passée devant quelques caméras pour de la figuration mais l'avantage de ce clip, même si on n'entendra aucun de ses mots, c'est que parfois, toute l'attention sera sur elle, pas au troisième plan ou dans un coin de l'écran, non, bien au centre. C'était qu'un clip pour promouvoir une de leur chanson, mais pour elles comme pour Doutzen, c'était important ! Les fans des Strawberry Girls verront Doutzen, des producteurs la verront sans le vouloir en visionnant le clip, et inversement, des gens s'intéressant au CV de Doutzen verront le groupe d'Idol. C'était un échange équivalent.

Après Kurumi et Mei, ce fut Tiên qui arriva, tout sourire et prête à bondir pour partager son trop-plein d'énergie mais justement, si tout le monde était prêt, le tournage pouvait commencer. Il y avait quelques lignes de dialogue, histoire de ne pas raconter n'importe quoi et juste faire semblant de bouger les lèvres, mais même si elle bafouille ou se trompe dans un mot, pas grave, c'est la chanson qui sera diffusée à la place. Mais bon, ça lui faisait quand même un exercice pratique pour elle, de répéter quelques dialogues devant une caméra. Avant le tournage et avant l'arrivée du producteur qui dirigea les opérations, Aoki rejoignait son petit groupe, souriante en passant une main dans le dos des deux plus jeunes fraises.

« [Bien, les filles, c'est votre moment. Inutile de paniquer ou autre, on à le temps, on peut refaire des prises, on conservera les meilleures. C'est votre première fois face à une équipe de tournage, c'est normal de trébucher ou autre, mais progresser. Doutzen, idem pour toi, fait comme lors de nos exercices et tout se passera bien.] »

Dit-elle en anglais. Souriante, confiante et présente. Ce n'était pas un sous-entendu sexuel, Doutzen faisait parfois des exercices de théâtre avec d'autres filles pour s'entrainer et jusque-là, tout se passait bien. Les phases de tournage où ce ne sera que dansent et chant sera pour plus tard, d'abord tourner ce qui fait le film, de ce clip. Une demoiselle mélancolique dans ce café qui pense à l'être aimée loin d'elle. Leur chanson parlait d'amour à distance après tout donc ça devait se passer ainsi. Doutzen devait douter, se sentir triste, seule, sans trop en faire non plus. Par la suite, ce sera aux trois maids de lui remonter le moral et la faire sourire, lui redonner confiance en cela. C'est tout ce qu'il y avait à tourner ici comme « histoire ». Le trio aura ses phases de chant et danse à faire aussi, mais la suite du clip se tournera à l'extérieur, en fin de journée idéalement pour avoir un plan avec un ciel orangé. Mais ça, c'est à voir selon la vitesse ou tout était tourné ici. Dorénavant, une nouvelle page s'écrivait ici, pour les idols, comme pour la petite star d'Aoki.

Doutzen était prête. C’était curieux, quand même. En compagnie de Reto, elle se prostituait, elle manipulait des gens dangereux, liés aux Yakuzas, aux politiciens, mais cela l’angoissait moins qu’être figurante dans un simple clip. Comme quoi, la vie se révélait parfois surprenante. Il n’empêche qu’elle avait aussi du mal à comprendre Reto. Il avait accepté qu’Aoki lance Doutzen dans sa carrière, demandant en retour de pouvoir la voir. Elle avait du mal à comprendre le fonctionnement de Reto, car, s’il voulait encore la conserver comme Petit Chaperon Rouge, alors elle ne pouvait pas avoir un visage public. Pour autant, il avait accepté ce clip, et sans doute davantage encore. Doutzen se sentait donc prête, mais elle n’avait pas envie de tout foutre par terre. Fort heureusement, les Strawberry venaient la rassurer, et Aoki revint finalement.

La jeune blonde lui sourit doucement. Difficile d’oublier toutes les fois où elles avaient fait l’amour ensemble, mais Aoki l’avait aussi formé sur le plan plus professionnel. Elle leur annonça que le clip allait commencer, et Doutzen la remercia.

« Merci pour tout, Kou-san, je me montrerai à la hauteur de vos espérances. »

Échouer n’était pas une option envisageable. Doutzen était donc prête à agir, et reçut comme accessoire un téléphone portable. Elle remercia aussi les Strawberry, puis se mit en position. Elle s’assit devant une table, avec pour instruction de regarder son écran, où elle devait recevoir les SMS de son petit-ami annonçant leur rupture. L’objectif était donc de paraître triste. Elle se concentra doucement, fermant les yeux à plusieurs reprises, travaillant sur sa respiration. Kou-san était là, à côté du metteur en scène, qui lui indiquait ce qu’elle devait faire.

Doutzen commença donc, et remua son pouce sur son téléphone, penchant la tête sur le côté. Il y avait également une caméra sous elle, afin de la filmer en contre-plongée. Elle ferma les yeux, les humidifiant à l’aide de gouttes, et fit semblant de lire, relire et relire le même message. Pour penser à des choses tristes, à des personnes qui l’avaient abandonné, ce n’était pas très compliqué… Elle n’avait qu’à penser à ses propres parents biologiques.

Le tournage pouvait donc commencer…

Oui, ça allait devenir important, autant pour ses petites fraises que pour sa petite star. Le premier clip pour un groupe, c'est important, même si ce n'est pas tout le temps parfait, si c'est sur une longue carrière, ça peux faire des anecdotes sympas pour le futur. Et pour Doutzen, c'était le début, un vrai passage où elle ne sera pas juste une figurante qui boit un café dans un arrière-plan ou un truc dans ce genre. Combien d'acteur ont débuter avec de petits rôles, de petites apparitions, que ce soit dans un grand film ou non ? Jhonny Depp a après tout jouer dans le premier « Nightmare on Elm street », bon, étant le premier film d'une célèbre franchise de slasher, ça va, surtout que ce n'était pas un des premiers à mourir. Di caprio aussi, sauf que lui, même si son rôle n'était pas celui du premier à mourir, il a jouer dans un petit film d'horreur dont la franchise à doucement chuter... Critters. Ses petits extraterrestres gloutons qui dévorent tout sur leur passage, ça vous parle ? Les goûts et les couleurs, chacun à ses critères mais les deux premiers sont plutôt bon, mais à partir du troisième – là où le futur noyer du Titanic a joué – eh bien il a moins bien marché... Mais Aoki avait confiance en elles, autant que ses trois jolies petites maids et sa petite Doutzen.

« Bon courage à vous, les filles. »

Elle les laissait devenir actrice de leur rôle, commençons par le plus simple pour les Strawberry, la partie « film » du clip où elles joueront juste les maids, elles auront parfois des plans plus centrés sur elles où elles chanteront en playback mais voilà, pour elles, le plus gros morceau sera de danser en rythme, de ne pas se foirer. Pour Doutzen, tout le clip était son gros morceau, car si elle était épargnée de chant et de danse, elle avait tout le reste à assurer. Bref, Aoki restait en retrait alors que la caméra filmait la demoiselle devant son portable, on y diffusait quand même leur musique en fond afin de ne pas rester dans un blanc total, même si dans le clip, on verra juste leurs lèvres bouger, même si elle bafouille, ce n'est pas important du moment que ça ne part pas en fou rire. Ça pourrait toujours être sympa pour le making of, mais d'abord les vraies prises réussies, la suite, plus tard... Toute façon, aussi parfaite pourrait-elles être, il faudra plusieurs prises pour garder la meilleure du lot. Cela devait être impressionnant, toutes ses caméras, les gens qui éclairaient comme il faut la scène, des choses que l'on ne voit pas hors caméra, mais qui sont essentiel. Et encore, ça restait un clip et pas le clip d'une grande star donc les moyens sont là, mais ça pourrait être plus encore ! Autant s'y habituer, si Doutzen vise les futures têtes d'affiche, il y aura des plateaux avec bien plus de moyens technique !

« Avez-vous choisit votre commande, maîtresse ? »

Dit Kurumi qui s'était rapproché, fidèle à ce petit script qu'elles devaient respecter malgré tout. Aussi niais pouvait être les paroles, peu importe, car on ne verra que leurs lèvres bouger dans le clip, en devinant l'histoire, inutile de trop en faire. Mais devait rendre heureuse sa maîtresse, elle devait être parfait. Elle se pencha donc doucement vers Doutzen, son bloc-note dans la main, l'air inquiète sur le visage, devant ignorer les caméras et les regards braqué sur elles.

« Est-ce que tout va bien, maîtresse ? »

Fidèle à son rôle, au script, dans un maid café après tout, tous les client/es étaient leur maître/sse. Aoki restait caché dans l'ombre des techniciens, observant tout cela, pour le moment, elle n'avait rien à redire, mais en plus, c'était au réalisateur de juger ou non de l'efficacité de ce qu'il avait filmé, pas à elle. Même si elle avait peut-être son mot à dire, pour le moment, c'était la perfection.

Le tournage allait donc bientôt commencer ! Le réalisateur avait prévu une journée pour faire tout le clip, qui se déroulerait dans le studio et à l’extérieur. Une demi-journée pour les plans d’intérieur, une autre pour les plans d’extérieur. On n’attendait guère de Doutzen du grand jeu, d’autant que quasiment tout ce qu’elle dirait ne figurerait pas sur le montage final. Mais, comme à chaque tournage, il en fallait plus. Elle allait peut-être tourner pour 5 minutes de bobine, et, au final, le monteur conserverait 30 secondes pour le début du clip, puis quelques passages ici et là.

Le concept de la chanson était de valoriser l’apport positif du maid café, de la joie et de l’insouciance pour surmonter une déprime sentimentale. Doutzen commença donc en solo, assise sur le banc, son pouce remuant sur son portable. Elle devait avoir l’air triste. Elle fit du mieux qu’elle pouvait, plissant les yeux, fronçant les sourcils, sans trop exagérer. Il fallut plusieurs reprises pour qu’elle ait finalement un air satisfaisant aux yeux du réalisateur. Kurumi-san entra ensuite sur scène, venant chercher les commandes de Doutzen, qui se demandait en son for intérieur si les Strawberry Girls avaient, comme elle, couché avec Aoki, et si, comme elle, elles voyaient Kou-san comme leur véritable Maîtresse.

*Ce n’est pas quelque chose dont Kou-san aime parler…*

Doutzen était néanmoins persuadée qu’elles l’avaient fait ! C’était un sujet qu’elle allait devoir creuser ensuite, car ça l’intriguait. Mais, pour l’heure, le travail était prioritaire, alors, suivant son script, elle répondit :

« Tout ce que vous voulez, Madame… Rien ne me fait vraiment envie.
-  Coupez ! On la refait ! »

Il s’avérait que le réalisateur était du genre à vouloir refaire un certain nombre de fois les mêmes scènes. Doutzen savait que certains réalisateurs étaient connus pour leur perfectionnisme, comme Stanley Kubrick, qui pouvait refaire une scène des dizaines et des dizaines de fois juste parce qu’il y avait un petit détail insignifiant dans le jeu de l’acteur qui le perturbait. Sa légende s’était surtout illustrée sur Shining, film dont le tournage avait été des plus compliqués, avec des scènes que certains acteurs avaient dû refaire environ 50 fois !

Doutzen, de son côté, reprit donc.

« Tout ce que vous voulez, Madame… Rien ne me fait vraiment envie. »

La scène d’introduction comprenait deux ou trois répliques, et encore ! Kurumi reprit ensuite, feignant la surprise, et, quand elle demanda à Doutzen ce qu’elle avait, celle-ci baissa la tête, ne répondant pas directement. Quand Kurumi insista, Doutzen répondit en s’énervant, adoptant une pose qui se voulait énervée, avec les bras levés et les poings serrés :

« Mon copain m’a largué, je suis bonne à rien ! »

Kurumi se pencha alors vers elle, en lui assurant qu’il y avait plein de belles choses dans la vie… Et, ensuite, le clip commençait.

*Il faut être honnête, c’est quand même vraiment nul comme clip !* songea-t-elle silencieusement.

Est-ce que cela servirait à lancer sa carrière ? Doutzen en doutait sérieusement, mais, au moins, ça lui ferait une première expérience…

Aoki était dans un coin, hors cadre évidemment, à observer que tout se passe bien. Si le clip ne volait pas haut, il fallait bien faire avec les moyens du bord, comme souvent, les Idols commencent tout en bas, promouvant parfois les petits commercer du coin, ça permet de renflouer un peu les caisses et de combler leur public, voir apporter de nouveaux fans. Elles commençaient tout juste leur carrière, avec ce qu'Aoki avait de côté pour elles, elles ne pouvaient pas prévoir des clips aussi faramineux et coûteux que certains clips de J-Pop ou K-Pop. À moins d'avoir un riche manager derrière eux, ils faillaient gravir les échelons un à un et cela lui convenait bien. Les mettre trop tôt en avant, c'était risquer de chuter trop tôt, là où en bas, elles pouvaient tomber et se relever. Ce clip servait surtout à ses Idols, mais elle était sûr que la présence de Doutzen qui n'était en rien asiatique, finirait pas attiré les curieux qui observeront le clip. Tous ses gens qui cherchent de jeunes talents pour jouer des figurants ou avec de la chance un second rôle, une Européenne qui parlait la langue, ça pouvait valoir son pesant d'or, surtout avec la beauté que dégageait sa petite Doutzen. Mieux vaut qu'elle gère leur carrière, si elles acceptaient n'importe quoi, elles pourraient se retrouver dans un film louche et ça, pas question ! Ses petites fraises ont failli vivre ça, c'est pour ça aussi que devant le maid café, parmi le staff, il y avait Harley et quelques-uns de ses sbires, habillé de façon normale, à guetter que tout se passe bien.

Kurumi jouait son rôle avec Doutzen, enchaînant les prises souvent identiques, même si le réalisateur était loin de vouloir faire son Kubrick, c'était important d'avoir plusieurs plans identiques afin d'en tirer le meilleur. La première prise semblait bonne, mais si ça se trouve, en revoyant les images, on pourrait voir une hésitation ou une grimace de Doutzen, même d'une seconde, faut éviter ce genre de choses. De toute façon, tant que ce n'était pas exagérer, Aoki laissait faire. Mei et Tiên s'ajoutèrent ensuite à plusieurs scènes, parfois seules où elles parlaient à la caméra en dansant, parfois avec cette touche scénario en compagnie de Doutzen qui avait de plus en plus de maid à ses côtés, et même là, on les reconnaissait. Kurumi le leader, Mei la timide et Tiên qui débordait d'énergie ! La matinée fut riche en « moteur, action, coupée » mais la grosse partie du clip était enregistré, il y avait bien deux ou trois choses à revoir ou à tourner, mais c'était l'heure de la pause déjeuner. Aoki en profita pour revoir ses filles avec le sourire.

« [Vous avez été parfaite, vous toutes !] »
« [Kou-senseï, vous pensez que ça va fonctionner ?] »
« [Si vous vous donner toute à fond, y a pas de raison d'échouer. Je ne dis pas que vous serez numéro un à la sortie du clip, mais vous allez gagner en popularité, toutes.] »

Aoki était près de Mei sur qui elle posa sa main sur l'épaule, idem avec Doutzen, toujours assise à sa place. Pause déjeuner oblige, chacune avait son petit bento pour souffler un peu, laissant le tournage de côté, tout le staff occupait les tables ou mangeait en voyant les fruits de leur travail de la matiné, critiquant ce qui allait ou pas selon les prises afin de s'assurer que tout puisse faire l'affaire. Même Aoki pris congé, toujours occupé avec son téléphone, ses rendez-vous, quand elle travaillait, elle ne faisait pas semblant ! C'est pour cela qu'elle misait gros sur ses petites protégées, elles devaient réussir, tout le monde se donnait à fond après tout. Doutzen avait prévu quelque chose ou pas ? Aoki ou les filles pourraient partager avec elle si besoin, même si leur bento n'avait rien de bien sorcier, ça restait surtout du riz, quelques légumes et quelques morceaux de viande panée.

« [Tu étais super, Doutzen-chan ! Je paniquais un peu avec toutes ses caméras, mais toi, ta super bien gérer ton coup ! C'est limite si c'est pas toi qui me perturbais !] »
« [Oui, un bref instant, j'en ai perdu ma voix, face à ton aisance... Désolé, si on a dû refaire la prise à cause de moi d'ailleurs...] »
« [Kou-senseï avait raison de te conseiller pour notre clip. C'est obligé qu'après ça, tu reçoives des offres de ton côté.] »

Même si ça parlait boulot, tout ça gardait un petit côté scolaire rafraîchissant après avoir tant travailler ce matin.

Être une grande actrice était un destin très envisageable pour Doutzen. Elle savait qu’Aoki y pensait, non seulement parce que la célébrité l’éloignerait du milieu criminel dans lequel elle vivait, mais aussi parce que c’était aussi ce à quoi Doutzen rêvait. Elle avait pour idole Marilyn Monroe, après tout… Et, même si elle savait que Marilyn avait porté une perruque et avait été ravagée par la drogue, Doutzen restait à l’image qu’elle avait donné… Celle d’une femme qui avait marqué les esprits, qui avait couché avec le Président des États-Unis… Avec Kennedy ! Qui n’aurait pas envie d’une telle vie ? Certes, elle n’était pas parfaite, mais, à la réflexion, Doutzen ne connaissait aucune vie qui soit parfaite. Alors, quitte à choisir, autant prendre celle qui la faisait le plus fantasmer !

Après une matinée de répétitions et de tournage, les actrices et membres du personnel s’offrirent une petite pause. Doutzen attrapa donc son bento, un plat traditionnel japonais utilisé pour les repas rapides. Elle était en compagnie des trois Strawberries, qui se mirent à la féliciter chaleureusement. Doutzen savait que le monde de l’audiovisuel était un monde de vipères, un environnement hypocrite, mais elle sentait pour autant chez ces femmes une sincérité authentique, qui ne put que la faire sourire.

« Et bien… Je… Euh… Je vous remercie, c’est vraiment très gentil à vous ! »

Elle se pinça les lèvres. Si elle était habituée à mentir en permanence, ici, elle avait envie d’être sincère, honnête sur sa passion, honnête sur ce qu’elle aimait, sur ce qu’elle avait envie de faire.

« C’est mon premier vrai tournage… Bon, après, je ne pense honnêtement pas que ce clip fera le tour du Japon, mais, si je ne faisais pas trop tâche par rapport à vous, c’est l’essentiel ! »

Après tout, les Strawberries étaient les coqueluches d’Aoki, un trio très efficace, réputé, apprécié de tous. Doutzen les enviait aussi un peu, à vrai dire. Elles semblaient tellement proches, les unes des autres, comme des sœurs attentionnées… Doutzen trouvait vraiment cela touchant !

« Vous… Vous avez d’autres projets en cours ? »

Elle était curieuse de savoir ce qu’Aoki avait prévu pour elles… Et pour elle aussi !

Dans cette journée de tournage, le plus gros à été fait, il y aura peut-être quelques prises à refaire ici, ça, c'était au chef de décidé de cela selon les rush en sa possession. Mais pour le moment, pause dejeuné pour tout le monde. Les filles mangeaient donc, chacune avec son bento, variant un peu les unes des autres, mais ça restait assez similaire, mais surtout, délicieux et c'est ce qui comptait. Aoki était occupée de son côté, même si elle mangeait, elle prenait son travail au sérieux, un manager en or ! Un exemple à suivre, elle savait s'amuser et être proche de ses coqueluches, mais le travail était important. Si elle se donnait à fond pour elles, elles devaient en faire autant en retour ! Même si dans ce monde des médias ou tout le monde pouvait vous planter un couteau dans le dos pour ruiner une réputation ou une chance à saisir, les trois idols n'étaient pas ainsi. Déjà, elles n'étaient pas dans la même catégorie que Doutzen, elles, c'était le chant et la danse surtout, Doutzen, c'était la télévision, le cinéma. Et puis elle restait une des chouchoutes d'Aoki, s'en prendre à elle sans raison valable, ça allait leur valoir de gros soucis ! Et ça, pas question de décevoir leur maîtresse.

Même si Doutzen était un peu dur dans ses propos – qui restait cependant vrai – les trois demoiselles n'allaient pas lui en vouloir pour si peu.

« [Tu étais parfaite dans ton rôle, Doutzen-chan. Le stress et l'angoisse peuvent être une source de manque de confiance pour la suite, mais, Senseï dit toujours que si on s'en donne la peine, on réussira.] »

Certes, pas dans l'immédiat, mais tout viens à point à qui sait attendre. Si les trois demoiselles se retroussent les manches, pourquoi pas imaginer que dans un an ou deux, ce sont de grands stades qu'elles vont remplir ? Forcément au début, ça ne touche que Yoake et les villes autour et telle une épidémie, elles devaient conquérir le Japon ! Viser le monde, c'était ambitieux, mais même si elles peuvent avoir quelques fans hors des frontières, c'est plus compliqué pour elles. La K-pop fonctionne bien en dehors du pays, mais soyons réaliste, même si cela vient par effet de mode et donc, en petites vagues, ce sont surtout les boys bands qui fonctionnes, créant de milliers et des millions de groupies. Les filles ont leurs petits succès aussi, mais pas autant. Chacun son public après tout ! Mais pour elles, leur but n'est pas le monde, l'Asie serait déjà très bien pour elles. Vint ensuite la question des projets futurs. Pour elles, rien de folichons pour le moment, le tournage de ce clip décidera de la suite.

« [Pour le moment, ce clip est notre plus grande œuvre. On va encore travailler nos chorégraphies et nos musiques pour nos futurs concerts.] »
« [Un peu à ta façon, on doit récolter le plus de fans au fil du temps, les plus fidèles sont souvent présent à nos représentations, amenant de plus en plus de gens au fur et à mesure.] »
« [Maî... Madame Kou a toujours des choses pour nous, elle organise notre planning selon nos résultats et nos performances, mais nous lui faisons confiance.] »

Mei a failli révéler un petit secret. Un lapsus à force de côtoyer Aoki et Felicia. Depuis qu'elles habitaient en dessous de chez elles, les trois petites fraises étaient souvent chez elles, même si parfois, elles leur laissaient aussi un peu d'intimité. Rougissant face à cette petite bourde, elle mangea son bento, détournant un peu le regard, espérant ne pas avoir été entendu ou passer sur autre choses... Aoki avait bien entendu parlé rapidement de ses liens avec Doutzen, mais comme pour leur carrière, si Aoki ne décidait pas de leur dire clairement, elles ne devaient pas agir. Maîtresse ou Manager, elles devaient lui obéir, tel était son rôle.

« [En tout cas, j'espère sincèrement que ton aide pour notre clip pourra aider, ne serait-ce qu'un peu, à attirer le regard des producteurs sur toi. Si Kou-senseï a agi comme ça, c'est que ça va fonctionner.] »

Une chose est sûre, les trois idols avaient pleinement confiance en leur maîtresse.

Doutzen mangeait tranquillement en compagnie des Strawberries. Elles étaient vraiment superbes, toutes les trois ! Les observant lentement, Doutzen commençait à se demander quelle était leur relation exacte avec Kou-san. Aoki n’était pas que sa formatrice, elle était aussi sa Maîtresse, celle qui la formait sexuellement, intensivement. Coucher avec elle était un exercice épuisant, éreintant, et, depuis leur folle nuit avec Hardy-san, leur relation avait continué à croître. Aoki aimait lui faire l’amour, elle aimait l’humilier, ou la récompenser pour ses succès. Doutzen, à sa manière, aimait cette femme. Elle était pour elle ce qui se rapprochait le plus d’une mère de substitution… Une bien curieuse mère, cela étant dit, mais une mère malgré tout ! Doutzen, rêveuse, finit par revenir à elle quand Mei, en parlant, manqua appeler Aoki « Maîtresse ».

Elle tiqua brièvement en clignant des yeux. Observatrice, Doutzen comprit que la langue de Mei-chan avait fourché, et le lut dans son regard. Elle remplaça le « Maî- » par « Madame », mais ce n’était pas une erreur anodine… C’était un lapsus ! Doutzen n’était toutefois pas surprise outre mesure, et comprit vite qu’Aoki avait dû coucher avec ses trois idols. Et la manière dont elles parlaient d’Aoki, qui allait jusqu’à organiser leur planning…

*Tout ça va quand même bien au-delà d’un simple rôle de manager…*

Doutzen les observa encore silencieusement, et mordilla encore un peu dans son plat.

« Je l’espère aussi, mais je fais confiance à Kou-sensei… Comme vous, non ? Si elle va jusqu’à organiser votre emploi du temps, elle doit vraiment être une manager très particulière… »

Elle les regarda à nouveau. Les Strawberries savaient masquer leurs vrais sentiments, mais Mei-chan, étant la plus jeune, avait le plus de mal à le masquer. Doutzen laissa donc planer plusieurs secondes supplémentaires, réfléchissant à ce qu’elle allait leur dire, puis se pencha alors lentement vers le trio. Elle leur parla alors à voix basse :

« Vous savez… Moi aussi, je fais l’amour avec elle. C’est simplement une manager… Ou elle est aussi votre Maîtresse ? »

Doutzen avait mis les pieds dans le plat d’entrée de jeu !

Mei avait fait une petite erreur, même si Kurumi tentait de rectifier le tir, espérant que cela allait vite être oublié, Doutzen avait bien entendu et deviner ce qu'elle a faillit dire. En soit, ce n'était pas une faute, jamais Aoki n'avait dit de ne pas le révéler, ça semblait tellement évident que le préciser était inutile. Surtout que Doutzen était elle aussi dans le coup, elle était une des filles qu'Aoki avait à ses côtés pour se détendre, souvent avec Felicia quand l'occasion se présentait. L'européenne restait sur la dernière remarque de la petite Japonaise, évoquant simplement la confiance envers Aoki, leur manager. Elle aimait le sexe, dominée les filles et être dominée par Felicia, mais quand il s'agissait du travail, elle savait laisser ça de côté et faire son travail comme il fallait. Elle avait été jusqu'à les sauver de ce qui semblait être un trafic d'être humain, forcément, les trois idols voyaient les deux Cats comme leurs héroïnes !

« [Idol n'est jamais un travail de tout repos où tout est acquis. Il faut s'entraîner tous les jours et faire confiance à notre manager. C'est un peu comme l'armée, mais nous sommes des soldates qui distribuons de l'amour.] »

Une phrase à reprendre pour une de leurs chansons, tient ! Mais oui, même la plus douée des Idols doit s'entraîner et rester en forme, bien entendu, tout le monde avait le droit de souffler un peu, mais il fallait toujours s'entraîner, surtout les jours précédents ce genre d'événement, même si là, ça restait soft, quand des concerts étaient organisé, il fallait se donner à fond à l'entraînement ! Même si cela n'attire que dix, cinquante ou cent personnes, toujours se donner à fond ! Mais Doutzen revenait sur la bourde de la petite chinoise du trio, avouant faire l'amour avec Aoki. Pas une grande surprise, avant même de faire l'amour avec elle, d'autres filles faisaient courir le mot sur ses tendances, mais à cette époque, comment savoir si c'était vrai ou uniquement fait pour déstabiliser les idols en herbe ? Chacune était surprise à sa manière, gardant le silence en évitant de croiser leurs regards. Mei observa son plat en le mangeant, masquant ses rougeurs, Kurumi fuyait doucement le regard et Tiên... avait-elle seulement honte de quelque chose ?

« [C'est les deux ! Avec Hardy-sama, elle nous a fait l'amour à toutes les trois dans son grand lit. On a passé une petite nuit, mais c'était tellement agréable !] »

Là où les deux autres ne savaient pas comment aborder la chose doucement, elle... Elle avait au moins fait l'effort de ne pas hurler dans le restaurant, c'est déjà ça ! Tiên était du genre à ne pas avoir honte, à déborder d'énergie, ça explique aussi pourquoi elle et Harley s'entendaient si bien quand elle venait jouer les bodyguard avec son petit groupe, comme maintenant. Mais bon, Harley savait rester pro aussi, elle était dans la foule dehors, l'air de rien. Forcément, habillée en Harley Quinn, elle attira du monde et peut-être même quelque ennui. Entre les bandes de Yakuzas locales, les petites frappes et ses enfoirées qui organisaient des combats de chiens ou autre... c'était de plus en plus rares pour ça cela dit. Comme quoi le message passe.

« [Tiên-san... Il ne faut pas en parler ici... On ne sait jamais...] »

Aoki leur avait quand même dit de ne pas parler de ça en dehors de leur appartement, à elles ou à celui de leur maîtresse. Ne sait on jamais, les murs ont peut-être des oreilles ? Doutzen avait eu le même genre de message même si avec un père comme Reto, c'était plus compliqué de faire dans le secret. Au moins, Doutzen avait sa réponse sur leurs liaisons, mais leur manager restait une femme très active et occupée pour elles, elle ne pouvait pas toujours être derrière leurs épaules. Peut-être devraient-elles en parler une fois leur journée de travail fini ? Cela dit, maintenant, elles aussi étaient curieuse de sa relation avec leur maîtresse. C'était pareil qu'avec elles ou différent ? Justement, Aoki était de retour, grand sourire en reprenant place près de Doutzen.

« Tu vas peut-être avoir une nouvelle audition dans quelques jours. Il faut que cela se confirme, ce n'est pas grand-chose, mais bon, un des assistants du réal connaît une personne qui recherchait une fille dans ton genre pour un tournage. »

Bien entendu, avec Aoki, ce n'était pas des plans foireux où Doutzen allait se retrouver nue pour faire du porno, Aoki était sérieuse dans son travail. Mais comme elle le disait, ça devait se confirmer, sur bien des choses avant ça. Mais bon, sans être un grand rôle, ça pouvait toujours faire un peu avancer les choses. Aoki croyait en ses petites étoiles.

Doutzen avait balancé sa petite bombe, et l’absence de réponses immédiates des Strawberries valait réponse ! Elles rougirent, gênées, jusqu’à ce que Tiên finisse par confirmer cela, tout en indiquant qu’elles avaient aussi couché avec Hardy-sama. Doutzen se pinça les lèvres, rougissant brièvement en se rappelant sa nuit incroyable avec elles. Les deux femmes lui avaient fait subir tout ce qu’il était humainement possible de subir, la baisant avec force jusqu’à l’aube. La jeune femme avait même couché avec Rex, le chien pervers de Félicia ! Elle y repensait encore chaque soir, se masturbant en rêvant de pouvoir retourner à nouveau dans cette chambre, de se faire à nouveau baiser par ces deux femmes insatiables et terriblement belles. De la gêne, Doutzen n’en ressentait nullement, mais elle percevait une pointe de jalousie en elle, en se disant que, si les Strawberries n’avaient pas été là, elle aurait pu se retrouver plus vite dans leur lit.

Toutefois, consciente que sa Maîtresse n’aimait pas la rivalité entre ses élèves, elle allait leur répondre quand Aoki arriva. Sa Maîtresse s’assit à côté d’elle, et lui assura qu’elle lui avait décroché un autre contrat. Une nouvelle audition possible, ce qui nécessitera l’accord de Reto. Mais Doutzen avait déjà la tête un peu ailleurs. Vivre à Yoake, étudier au lycée Jinmu, cela avait tendance à marquer les gens, à faire d’eux autre chose… Et, dans le cas de Doutzen, sa perversion avait complètement explosé, ce qui avait conduit Félicia à lui faire l’amour au sein du lycée, et d’envisager de la faire participer au « concours d’esclaves ».

Prenant un risque, Doutzen lui répondit :

« Je vous remercie, Kou-san. Maîtresse pourra-t-elle récompenser ce soir sa petite Doutzen-chan pour ce qu’elle a fait aujourd’hui ? »

Elle prononça cette question sur un ton doux, une voix sensuelle et délicieuse, empreinte de malice, tout en sachant très bien que les Strawberries l’entendraient…

Les filles en avaient un peu parlé, sans le faire exprès, mais Doutzen n'était pas idiote et avait su lire entre les lignes. Elle en avait profité pour agrandir et la voilà dedans. Tandis qu'Aoki revenait avec une bonne nouvelle pour sa petite européenne favorite, laissant les trois petites fraises souriantes, heureuses pour elle qui venait ici leur donner un coup de main. Tant mieux pour elle après tout ! Mais elle venait vendre la mèche, appelant Aoki Maîtresse et cela n'avait rien d'un lapsus. La belle Japonaise observait Doutzen, levant aussi les yeux vers les filles, cherchant une trace du coupable et vu l'air fuyant, cela semblait venir de Mei. Elle ou Tiên, elle aurait parié sur une des deux une petite faute de ce genre, mais il n'y avait pas qu'elles à pointer du doigt.

« Qu'est-ce que j'ai déjà dit sur ça, Doutz-chan ? Pas en public... »

Se faire appeler Maîtresse, oui, quand elles étaient seules. Non pas que quelqu'un traînait autour, mais avec tous les micros et techniciens ici et là dans le café, même en pause repas, ça aurait pu s'entendre. Elle a déjà dû gérer il y a quelque temps une affaire similaire avec Felicia quand un des parents d'une de ses élèves était tombé sur des messages envoyés à leur fille. Même si Felicia protégerait sa fiancée, elle n'allait pas devoir la tirer de ce genre de mauvais pas tous les mois, l'affaire d'enlèvement de ses idols la dernière fois, ça suffisait bien en dose d'adrénaline pour le moment. Aoki reprit un ton plus neutre, retirant le masque de Maîtresse qu'elle avait porté pour remettre Doutzen dans son rôle. Elle savait écarter le privée du professionnel après tout.

« [Mais on verra ça. J'avais plus dans l'idée si le courant se passait bien d'apprendre à mieux vous connaître, les filles ? Qui sait après tout, c'est peut-être le début d'une collaboration entre vous ?] »

Doutzen ne voulait pas devenir Idol et puis, de toute façon le métier était très... inclusif. Si on était pas assez asiatique pour englober un peu, ça serait difficile pour une autre fille de faire partie d'un groupe d'Idol. Au pire des cas, si Doutzen va chez les filles ce soir, elles habitent juste en dessous de leurs maîtresses. Depuis l'affaire d'enlèvement, Aoki avait trouvé ça pour rassurer les filles qui ne se privaient pas de venir souvent dans l'appartement de leurs maîtresses, tout en sachant quand même leur laisser leur intimité de temps à autres. Elles aussi avaient besoin de se retrouver entre elles après tout. Mais pour en revenir à la conversation, oui, pourquoi pas ? Doutzen fait une petite apparition dans leur clip, Doutzen glisse un mot lors d'une interview sur les Strawberry Girls, elle refait un saut de temps en temps dans leurs clips, elles aussi glisse un mot concernant Doutzen pour faire passer le mot et mieux la montrer à leurs fans et qui sait, un jour, ce sera peut-être elles qui feront une apparition dans un film de Doutzen ? C'était important de s'entraider dans ce métier. En plus, comme les deux étaient assez proche d'Aoki, elle en profitait pour les rapprocher, forcément.

« [Après tout, si j'ai fait en sorte de vous réunir, c'est aussi pour que vous commenciez à tisser des liens plus solide si possible ? Vous voir évoluer ensemble dans vos branches respectives, tout en vous entraidant, ça me rendrait tellement fière de vous.] »

Elles n'auraient pas été en public, elle aurait surement offert un câlin à ses quatre petites beautés qui ne voulaient aussi que plaire à leur maîtresse.

« [Vous vouliez que Kroes-chan passe à la maison après ?] »
« [Si elle le peut, oui. C'est important pour vous aussi d'avoir des amies, plus vous allez vous faire connaître que plus vous aurez de fans ou ''d'amis'' qui cherchent juste à en profiter, alors autant commencer maintenant à avoir des amies du même milieu que vous, plus ou moins.] »

Le monde du cinéma et des Idols, ce n'était pas pareil, même si pour leur « retraite », certaines Idols visaient une carrière dans la télé, c'était souvent ça. Musique, cinéma, mannequina, il y en avait un peu pour tous les goûts.

Évidemment, Aoki rabroua Doutzen de l’avoir publiquement appelé « Maîtresse ». Cette relation devait rester méconnue ! Doutzen le savait, bien sûr, mais elle était prudente. Ici, autour de la table, il n’y avait pas de micro. Elle n’allait pas prendre le risque de se faire griller pour ça ! Doutzen ne dit donc rien, se contentant de se mordiller brièvement les lèvres. Elle savait qu’Aoki la punirait ensuite, et elle mentirait en disant que ce n’était pas l’objectif recherché. Aoki évoqua toutefois l’idée d’une « collaboration » entre elles, et, cette fois, Doutzen se mit à sourire légèrement.

« Oh, cela ne me déplairait pas… »

Reste à voir ce qu’Aoki entendait par « collaboration », car Doutzen n’était pas sûre que ce soit uniquement à des fins professionnelles. Aoki insista, expliquant qu’elle cherchait à tisser entre elles des liens « plus solides ». Doutzen n’était pas totalement naïve, et savait ce que cela impliquait. Elle ne voulait pas juste voir Doutzen tourner dans les clips des Strawberries ! De fait, quand Aoki termina en indiquant qu’elle voulait que Doutzen vienne à la maison, la jeune femme savait ce que cela impliquait vraiment… Et ça ne la dérangeait pas vraiment ! Toutefois, elle pensait aussi que les Strawberries étaient sans doute moins extrêmes qu’elle, mais Doutzen pouvait aussi se tromper.

Consciente qu’elle devait conserver les apparences, et soucieuse de ne pas trop provoquer Aoki, qui était après tout sa Maîtresse, Doutzen répondit en restant neutre :

« Les Strawberries sont talentueuses, je serai ravie d’en apprendre davantage avec elles. »

Sur ce point, c’était vrai. Doutzen aimait aussi ce qu’elle faisait, jouer l’actrice. Pour l’heure, elle se cantonnait à de petites rôles, mais elle rêvait toujours d’une grande carrière comme actrice. Elle connaissait l’envers du décor de ce milieu, elle savait par exemple que son idole, Marilyn Monroe, était dépressive, mais cela ne la stoppait pas. La jeune adolescente était bien placée pour savoir qu’on pouvait avoir plusieurs visages, plusieurs vies, et elle pensait tout à fait pouvoir gérer la nervosité ambiante du cinéma.

« Alors, oui, je ne vois aucun problème à venir à la maison pour… Me familiariser avec elles ! » fit-elle en faisant référence aux Strawberries.

Doutzen allait avoir besoin de la permission de son père, Reto, pour dormir chez les Strawberries, mais elle doutait qu’il refuse. Il n’avait aucune raison de le faire, surtout si cela lui permettait de se faire des amis. Et puis, il suffisait qu’Aoki lui en fasse la demande. Doutzen se demandait parfois si Reto, cet homme qu’il croyait totalement insensible à quoi que ce soit, n’était pas secrètement amoureux de sa Maîtresse. Doutzen revint à elle quand les Strawberries lui parlèrent, lui expliquant que leur maison était encore en plein déménagement. Elle sourit doucement en haussant les épaules.

« Ce n’est pas vraiment un souci, ça. »

La jeune blonde récupéra son téléphone portable, et envoya un SMS à Reto pour l’informer qu’elle souhaitait dormir chez des amies ce soir. Elle releva ensuite la tête quand les Strawberries lui demandèrent ce qu’elle envisageait de faire comme film ensuite.

« Et bien… J’ai toujours admiré Marilyn Monroe, mais je crois que les rôles qu’elle jouait sont un peu… Dépassées. »

Elle réfléchit donc un peu, puis poursuivit :

« Je me verrais bien dans un rôle d’espionne, du genre femme fatale usant de ses charmes pour séduire des hommes idiots, et capable de tout péter… Un genre de James Bond girl, quoi ! »

Les comédies romantiques, beurk ! C’était vraiment très peu pour elle. Pour elle, le cinéma, c’était la détente, le grand spectacle, l’émerveillement dans les yeux.

« Et vous ? Vos plans de carrière ? Vous comptez percer dans le chant, ou autre chose ? »

Doutzen les voyait quand même mal être toutes les trois dans le cinéma, puisqu’il faudrait des films pour trois actrices en même temps, ce qui n’était pas si simple que ça à trouver…