The Multiversity

Misaki était au lycée depuis quelques semaines, si au début, elle avait cherché par tous les moyens d'outrepassés cette Warren pour lui prendre sa place en terme de popularité, force est de constater que c'était un échec. Peu importe ce qu'elle faisait, elle restait dans son ombre. À moins d'aller voir un à un ses petits camarades pour leur remettre une belle somme d'argent, peu de gens faisait attention à elle. Il y avait forcément quelques élèves ici qui devait la trouver plus séduisante, plus accessible ou plus sympathique que cette Warren, mais... ça restait une minorité. Misaki ne voulait pas déclencher de guerre puérile pour satisfaire son égo, mais elle pouvait toujours agir pour doucement faire résonner son nom. Rome ne s'étant pas fait en un jour, à moins que l'on découvre que cette Mélinda Warren kidnappe, torture et viol ses camarades, peu de chance que du jour au lendemain, elle gagne sa popularité actuelle ! C'était cliché, mais elle allait en profiter, car si cette idée était si exploitée, c'est que ça avait fait ses preuves, un minimum !

D'abord avec l'autorisation de sa mère et ses grands-parents qui s'absentaient le week-end, elle pouvait faire une fête donc, attention à ne pas faire de dégât ou de bêtise, mais Misaki était une fille sage, ça ne devrait pas poser de souci. Elle invita sa classe, naturellement, afin de faire plus ample connaissance, tous autant qu'ils sont, amis et nouveaux venue, ce sera un fête avec de quoi manger, un peu de musique et de quoi s'amuser – légalement, ne comptez pas sur elle pour une fête typique des étudiants américain avec sexe, alcool et drogue à foison. Mais pour éviter d'être trop peu – même si une vingtaine d'élèves, c'était déjà pas mal – chacun de ses camarades pouvaient inviter un ou deux amis. Plus on est de fous, plus on rit ! Bien sûr, Misaki mit ses conditions, des conditions logiques pour éviter drogue et alcool, elle se fichait de la cigarette, tant que ce n'était pas dans la maison cependant. Et en prime, d'être bien habillée. Pourquoi ? Une excuse pour elle pour sortir une de ses belles robes et montré combien elle était riche auprès de ses camarades ! De plus, une fête où l'on est bien habillée, c'était forcément un petit plus.

Tout se préparait bien, ses camarades étaient plutôt contentes, même si deux ou trois n'étaient pas si tentées, ils changeront d'avis une fois sur place. Enfin bon, elle ne mettait pas de couteau sous la gorge donc, libre à eux de venir ou non mais ce serait dommage que certains manque à l'appel. Pour Misaki, la fête allait être géniale, elle allait gagner un peu de terrain sur l'empire Warren... Mais justement, elle n'aurait pas imaginé que dans ses camarades, une élève ai l'idée d'invitée une des proches de Mélinda, une très proche de Mélinda... Une des cinq Nakano, un des membres de sa Main... Itsuki était membre du conseil des élèves, sa présence était une bonne idée pour vérifier qu'aucun abus n'ai lieu dans une petite fête de la sorte. Ça, c'était la version officielle, car elle savait très bien ce qui pourrait y avoir dans une fête de sa maîtresse... Mais justement, cette fille ne cherchait pas forcément la guerre à sa maîtresse, mais elle pourrait l'intéresser, d'une façon ou d'une autre. Bien évidemment, Mélinda fut mise au courant de la sortie d'Itsuki, de l'adresse et de ce qu'elle savait de cette Misaki Shokuhou. Le reste, ça dépendait de l'envie de Mélinda ou des informations qu'allait en tirer Itsuki.

Car une fois le grand jour arrivé, elle invita ses camarades en mettant les petits plats dans les grands ! Une grande maison, Misaki somptueuse dans sa belle robe – au-delà de ce que pouvait imaginer ses camarades quand elle avait demandé de bien s'habiller – mais elle n'allait pas forcer ces derniers à louer un smoking ou une belle robe pour venir. C'était pour souligner son opulence. Toute sa classe était là avec un ou deux camarades en plus – dont Itsuki – une des rares invitées involontaire, mais qui avait elle aussi une belle robe. Loin d'être du bas de gamme, sans être du luxe, elle avait une robe similaire à la sienne, sauf qu'elle était d'un rouge éclatant ! Après de rapides questions autour d'elle, elle avait appris son identité, une fille du conseil des élèves, issu d'une famille riche et, accessoirement, proche de Mélinda Warren. Une taupe dans sa fête ou une occasion d'enrouler ses pions ? Elle n'allait pas la harceler, mais étant une fille apparemment bien aisée, elles devraient se rapprocher tôt ou tard même si Itsuki montrait une de ses faiblesses, sa gourmandise. Elle restait près du buffet avec une de ses amies qui l'avait invité. Pas d'inquiétude sur son poids, avec Mélinda, elle éliminait bien tout cela... D'ailleurs, avait-elle un rôle à jouer ce soir elle aussi ?

Une richissime nouvelle était arrivée au lycée récemment… Belle et parfaite, Misaki Shokuhou était une petite perle, un magnifique trésor ! Elle avait pour habitude de venir en cours avec de longs gants blancs, comme pour illustrer davantage le caractère précieux qui lui allait. Mélinda ne savait au début pas grand-chose d’elle, mais elle s’était vite renseignée. Elle avait été la véritable starlette de son collège, et elle découvrit assez vite qu’elle était venue au lycée n terrain conquis, pensant pouvoir tout acheter avec son sourire et son argent. Elle avait toutefois dû vite déchanter quand elle avait constaté que le lycée était déjà pris par plusieurs starlettes qui étaient populaires… Il y avait, bien sûr, la Présidente du club social de Jinmu, Leona Morimoto, mais aussi… Et bien, Mélinda Warren ! Elle avait une quantité d’élèves assez nombreux à sa botte, sans parler des surveillants, ou même de certains professeurs. Elle se permettait ainsi d’être très souvent absente en cours, et, quand elle venait au lycée, Mélinda participait rarement aux cours, se contentant de zoner avec ses amies et amis, qui s’inclinaient tous devant elle.

Quand Mélinda avait appris que Misaki avait organisé une fête, elle avait demandé aux Nakano d’agir. Très impliquées dans la vie du lycée, elles avaient rapidement mis sur pied un plan parfait pour que l’une des Nakano rejoigne la fête. Mélinda disposait ainsi de tous les motifs pour rejoindre cette fête, destinée à célébrer l’arrivée de Misaki-chan à Jinmu. Elle vint donc en compagnie de deux belles dames qui allaient faire leur petit effet à la fête :

• Akira Warren, sa première fille vampirique, une jeune femme redoutable, somptueuse et magnifique, qui opta pour une magnifique robe rouge violette et transparente, qui était volontairement indécente,
• Ai Aihara, qui venait avec la robe noire moulante conçue par Edessa, et qui était elle aussi assez peu présente au lycée, depuis qu’elle suivait des cours d’ésotérisme sur Mijak en compagnie d’Edessa, afin de faire d’elle une véritable sorcière de luxure.

Ce redoutable trio de femmes fatales arriva donc à l’entrée du manoir de Misaki, une superbe maison située dans les hauteurs de la ville. Le portail grillagé s’ouvrit à l’approche de la limousine de Mélinda, et, tandis que le véhicule se rapprochait, quelques convives purent voir la limousine approcher le long de la route en graviers. Misaki avait presque un petit château, et, quand Mélinda sortit, elle sourit en voyant Misaki, sur le palier. Itsuki-chan lui avait partagé une photographie de Misaki en robe blanche, étincelante de pureté, magnifique et somptueuse.

Elle sentit clairement les yeux ambrés de Misaki-chan se voiler en voyant la vampire, et le regard de bien des hommes sur elle. Mélinda portait son habituelle robe dorée aux motifs verts, et sourit doucement à Misaki-chan, posant ses délicats pieds, recouverts par d’élégantes sandales, sur le tapis de soirée.

« Misaki-chan ! Quand j’ai appris que tu organisais une fête pour célébrer ton arrivée au lycée, je me suis dit qu’il était curieux que je ne sois pas invitée… Mais, comme tu as invité Itsuki-chan, j’en ai déduit que cela revenait aussi à m’inviter, moi ! »

Mélinda sourit encore, un doux sourire éclatant. Bien sûr, Misaki-chan pouvait la repousser, mais pas sans provoquer un esclandre, le genre de ragots dont on parlerait dans tout le lycée… Autant dire que ce serait très mal vu !

Misaki n'était certes pas arrivée en terrain conquis et gagner cette bataille ne sera pas aisé... C'est pour cela qu'elle avait décidé de laisser de côté cette petite guerre, plutôt que d'ouvrir les hostilités, elle comptait agrandir ses forces en faisant de sa classe, ses compagnons. La grande majorité des gens de sa classe étaient des visages inconnu donc autant montrer au moins que dans sa classe, ils ne risquaient de manquer de rien en se rapprochant d'elle. D'où cette petite fête où, sans le dire, elle montrait très bien sa richesse et d'abord par appât du gain, attiré à elle les gens, avant qu'ils ne la connaissent et la respectent simplement comme amie, et non comme une stupide fille de riche ! Elle avait autorisé les gens de sa classe à invitée deux amis, fille ou garçon, peu importe, mais il semblerait que non seulement, l'une de ses filles n'ai pas respecté la chose ou bien que l'une d'elles avait mal saisi... Une des filles avait invité une des membres du comité des élèves, certes, qui a invité trois autres personnes ! À ce rythme-là, ça risquait de déraper très vite ! Car la cerise sur le gâteau, c'était Mélinda Warren qui mettait pas les petits plats dans les grands, venant en limousine. De suite, Misaki sentait que la guerre risquait de se déclarer très vite. Mais comment la stopper sans risquer un scandale ? La jeune femme arriva, se montrant très familière avec elle en l'appelant par son prénom, supposant que, sous prétexte qu'une de ses amies était là, elle aussi y avait le droit ? Non mais quel toupet !

« Warren-san, je suppose ? J'ai Beaucoup entendu parlé de vous, mais sachez que j'avais exclusivement invité les personnes de ma classe, hors, vous n'y êtes pas. De plus, je suppose que cette Itsuki que vous mentionné a été invitée par un ou une de mes camarades de classe, car, aucune fille de ma classe ne porte ce nom. »

Misaki ne comptait pas se laisser marcher sur les pieds si facilement. Elle n'allait pas lui claquer la porte au nez, mais elle allait vite comprendre que Mélinda ne pouvait pas voir Misaki plier le genou si facilement devant elle. Se tenant bien droite dans sa belle robe, on aurait pu croire que les deux demoiselles richissimes allaient se battre, mais il n'en était rien, car Misaki n'allait pas jouer les enfants gâtés en lui refusant l'entrée. Elle s'en écartait pour laisser passer Mélinda.

« Il serait cependant impoli de ne pas laisser une senpaï y participer. »

Désormais, elle allait devoir la surveiller et tenter de la surpasser. Pour la vaincre, elle devait la connaître donc, c'était une bonne occasion malgré tout cela. Tandis que le trio pouvait désormais avoir accès à son manoir, elle devait prendre les choses en main.

« Faites comme chez vous, mais il est interdit de monter à l'étage, seul le rez-de-chaussé est accessible aux invitées. »

Sa mère et ses grands-parents ont accepté de lui laisser faire sa petite fête, pas question d'outrepasser leurs règles. Il y avait les chambres à l'étage après tout. Le salle de réception laissait planer une petite musique d'ambiance agréable à l'oreille de ses camarades de classes, une musique moderne, tandis que moult petits plats et collation étaient disponible sur quelques tables qu'Itsuki Nakano avait déjà eu le temps de visiter, traînant toujours non loin de là. Les gens bavardaient et s'amusaient, on ne pouvait pas dire que ce soit la soirée du siècle, mais il y avait une bonne ambiance globale, de quoi satisfaire ses invitées. Bien entendue, il n'y avait ni drogue, ni alcool ici, Misaki restait sérieuse après tout.

« Je peux vous faire visiter si vous voulez, ainsi, vous saurez où se trouve les cuisines, jardins, sanitaires ou autres. »

Un minimum pour se repérer ici. Cela ne devait pas être aussi grand que chez Mélinda, mais ça restait une demeure qu'elle n'avait jamais visité auparavant.

Mélinda savait qu’elle n’arrivait pas en terrain conquis, et ne s’attendait pas à ce que Mitsuki lui fasse un triomphe. Elle l’accueillit avec une froide hostilité, bien décidée à conserver le contrôle de sa soirée en rappelant à l’invitée impromptue que c’était elle qui choisissait ses convives, et que Mélinda ne figurait pas sur la liste. Cette sous-tension palpable n’échappa pas aux autres, et Mitsuki, prenant conscience du potentiel scandale que représenterait l’exclusion de Mélinda, décida de la laisser passer. Toutefois, soucieuse d’arrondir les angles, Mélinda se courba respectueusement avant de la remercier :

« Je te présente mes excuses, Shokuhou-san, pour cette visite impromptue. Oui, c’est ta soirée, ta maison, et je suis honorée que tu m’y acceptes. Pour ma défense, sache toutefois que je risque dé rejoindre prochainement ta classe, un transfert est en cours. »

Elle n’en dit pas plus. Si on s’intéressait au dossier scolaire de Mélinda, on verrait vite que celui-ci était rempli d’anomalies, puisque Mélinda était une élève du lycée depuis presque cinq ans maintenant, et qu’elle n’était affiliée à aucune classe en particulier. Elle pouvait donc librement changer de classe selon ses envies, avec la complicité d’une partie de l’administration scolaire. Véritable élève ad’hoc, elle contribuait par ce biais à la prospérité du lycée.

Mélinda entra donc, en compagnie d’Akira et d’Ai. Elle aurait aussi pu emmener Edessa, mais cela aurait été la garantie d’une intense orgie en cours de nuit…

*Quoique, avec Ai, tout est possible…*

Mitsuki expliqua doctement que les convives devaient rester au rez-de-chaussée. Mélinda acquiesça silencieusement, et laissa ensuite Akira et Ai filer chacun de leur côté. Mitsuki, de son côté, proposa à Mélinda de lui faire une visite des lieux.

« Je veux bien… Mais on peut se tutoyer, tu sais. »

Mélinda lui sourit encore, tendrement. Elle faisait sa petite bouille irrésistible, et tendit alors la main vers Mitsuki.

« Il ne faudrait pas que les gens jasent, Mitsuki-san, marchons en nous tenant la main, cela montrera aux gens que nous sommes proches, et qu’il n’y a pas d’hostilité entre nous. »

Misaki faisait face à son ennemi, non pas que Mélinda soit vraiment la personne qu'elle détestait le plus au monde, mais la demoiselle pensait arriver en terrain conquis au lycée, elle avait fait face à cette adversaire redoutable. Une autre fille de riche, bien implanté, qui avait pour ainsi dire déjà gagné la partie ! Elle ne voulait pas se battre et jouer les enfants gâtés à absolument vouloir sa place, elle se disait qu'elle allait juste attendre son départ pour prendre sa place et faire mieux ! Mais si Mélinda avait déjà le lycée dans sa poche, elle allait déjà défendre son territoire, sa classe, la conquête de territoire viendra doucement après ça. Cette dernière se pensait vraiment intouchable, débarquant à sa petite fête comme si elle en avait le droit ! Misaki pouvait bien la virer, mais cela risquait de faire scandale d'une façon ou d'une autre et elle valait mieux que ça, alors, elle jouait le jeu, mais Mélinda allait devoir jouer selon ses règles. Cependant, elle fut étonnée de savoir qu'elle risquait de rejoindre sa classe ?! Elle qui la croyait plus âgée, et juste attendre son départ, c'était raté ! Et en plus, elle voulait rejoindre sa classe ! Donc les efforts qu'elle faisait là, risquaient de se retrouver inutiles ?! C'était scandaleux ! Mais elle ne devait rien montrer...

« J'avais pourtant cru comprendre que vous étiez déjà là avant mon arrivée, Warren-san ? »

Si c'était le cas, un redoublement n'aurait rien de vraiment honteux, ça ne pouvait même pas devenir une arme vu que ça se jouait sur la réputation et la fortune ici. Mais donc, soit Misaki avait mal compris, soit une des esclaves de Mélinda a eut un lapsus qui pouvait jouer contre elle. Misaki n'était pas idiote, si elle sentait quelque chose cloche, elle pourrait bien agrandir cette faille pour trouver la réponse... Après tout, avec tout ce que lui ont chanté les gens sur ce que Mélinda avait fait par le passé et au lycée, c'était bien trop pour que cela se fasse en quelques jours/semaines après la rentrée ! Ou bien ils en rajoutent, ou bien il y a anguille sous roche. Ce n'était pas impossible que cette Mélinda cherche à se faire mousser et invente de faux faits à son sujet. Elle était peut-être plus superficielle qu'elle n'en paraissait ? Misaki se proposait donc de lui faire visiter la demeure, du moins les accès autorisés, maintenant le vouvoiement. Elles n'avaient pas gardé les cochons ensemble et ça mettait à la fois une certaine distance et une certaine forme de politesse en plus, idéal donc. Mais cette fille avait plus d'un tour dans son sac, venant lui demander sa main pour avoir l'air plus proche et ne pas faire parler les gens... Tss, elle était maligne cette fille... Misaki ne le montrait pas, mais elle n'en avait pas envie ! Pas à cause de sa phobie, elle avait ses gants donc elle s'en fichait, mais se rapprocher d'elle....

« J'ai plutôt l'impression que ce n'est pas ce que vous pensez... »

Elle le fit quand même, mais quelque chose faisait dire à Misaki que Mélinda préparait certes bien son coup, mais lequel ? Elle avait du mal encore à voir clairement en elle, c'était une fille riche qui cherchait à défendre son territoire, mais... il n'y avait pas que ça... Quoi qu'il en soit, elle lui fit un rapide tour, le grand salon où la fête était essentiellement concentrée, la cuisine pour chercher ce qui pourrait manquer en terme de nourriture ou boisson, salle de bain et lieu d'aisance évidemment, ainsi qu'une pièce ou deux proches de la fête plus calme. Non pas pour faire des cochonneries, mais si des gens avaient un coup de fil à passer ou juste avoir un peu plus la paix et ne pas supporter tout les bavardages ambiant. Et le jardin, plus calme, plus zen, typique des jardins Japonais si calme et apaisant. Misaki était métisse Japonaise malgré le blond naturel de ses cheveux, ne l'oublions pas. Dans sa belle robe blanche, elle rayonnait dans l'obscurité de la nuit.

« Voilà, vous avez vu principalement les endroits où vous êtes libre de vous balader. Je ne vais pas vous chaperonner toute la soirée après tout, vous avez sûrement hâte de retrouver vos amies, non ? »

Pour Misaki, un peu... Elle ne savait pas ce que mijotait cette Mélinda mais elle se questionnait de plus en plus...

Les deux femmes finirent devant le grand jardin zen de la propriété de Misaki. C’était assurément une magnifique demeure ! Mélinda n’était toutefois pas dupe, et, même si Misaki faisait de son mieux pour le masquer, elle sentait le dégoût de cette femme, l’hostilité à son encontre… De la jalousie, sûrement ! Mélinda était après tout bien trop adorable pour qu’on la mésestime ainsi. Elle la suivit silencieusement à travers ce grand manoir, mangeant un peu les petits plats qui étaient en train de se préparer dans la cuisine. Misaki avait organisé une magnifique réception, une belle fête, avec sans doute de la musique ensuite. Le grand salon allait devenir une belle piste de danse, mais cette soirée manquait un peu de piquant… On pouvait fort heureusement compter sur Mélinda pour rendre les soirées plus amusantes ! Pour Ai, ce serait aussi l’occasion d’utiliser ses pouvoirs magiques. La lycéenne était devenue une redoutable sorcière en magie rose, et elle allait s’amuser ce soir.

Misaki demanda à Mélinda de retourner auprès de ses amies. La vampire sourit alors, ayant bien noté sa remarque sur le fait qu’elle était là avant Misaki.

« Oh, elles s’en sortiront très bien toutes seules… Ai-chan est très débrouillarde, et Akira va aussi s’amuser. Ma fille peut tout à fait se passer de moi. »

Sa langue n’avait pas fourché, mais Mélinda savait que Misaki allait tiquer sur ça. Est-ce qu’elle disait vrai ? Mais cela semblait impossible ! Mélinda se pencha alors sur la balustrade. Elle observa le grand jardin, voyant un joli kiosque au milieu, près d’un petit cour d’eau.

« Tu as vraiment une belle demeure, Misaki-chan… J’adorerai y passer plus de temps avec toi. »

La vampire se retourna encore vers elle, et s’adossa contre la balustrade, rehaussant ainsi légèrement la vue sur sa poitrine.

« Je suis dans ce lycée depuis… Hum… Au moins six ans. Alors, je choisis un peu les classes où je vais, Misaki-chan. Et j’ai décidé d’être dans ta classe ! »

Encore une fois, il était probable que Misaki ne la prenne pas au sérieux, mais la vampire était en réalité très souvent sincère. Elle mentait très rarement ! Elle se déplaça alors un peu, et sourit encore à Misaki.

« Je sais que tu ne m’apprécies pas, Misaki-chan, mais je ne comprends pas trop pourquoi… Enfin, j’ai ma petite idée, bien sûr… Mais en avoir la confirmation ne me déplairait pas. »

Mélinda marcha encore un peu, et se tapota les lèvres, faisant mine qu’elle réfléchissait.

« Serait-il possible que, par le plus grand des malheurs, tu sois jalouse de moi ? »

Misaki ne pouvait pas la mettre à la porte sans créer de scandale, elle devait bien faire avec et l'accepter donc parmi ses convives. Mais elle avait beau faire des efforts pour ne pas montrer le peu de sympathie qu'elle avait pour cette fille, ça se voyait quand même. Même si Mélinda ne disait rien de spécial durant cette petite visite, à la fin, elle était bien décider de crever l’abcès à sa façon. Désignant d'abord une de ses invitées comme sa fille. Forcément, c'était faux ! Au mieux, vu son âge, elle pouvait avoir un bébé, mais une fille de son âge ? La chirurgie fait des miracles, mais pas à ce point ! Après, c'était peut-être une forte relation avec cette fille, comme certaines copines se nomment parfois comme « sœur » donc, même si ça variait un peu l'image, ça restait plus ou moins la même chose, non ? Un lien très fusionnel ou, des deux, Mélinda était la plus âgée ou la plus protectrice ? Misaki ne réagissait donc pas plus alors qu'elle complimentait sa maison, l'occasion pour Misaki de se montrer passif agressif.

« Je te remercie, tu pourrais peut-être y revenir quand tu seras Vraiment invité, cette fois. »

Pour la jeune blonde, c'était un point pour elle ! Il ne faut pas laisser cette fille croire que le monde lui appartient, il ne tourne pas autour d'elle ! Misaki comptait donc le lui faire comprendre et mettre peut-être doucement les points sur les I. Mais Mélinda n'avait pas dit son dernier mot, affirmant être dans ce lycée depuis six ans, ce qui était beaucoup trop ! Quand bien même ça pouvait être possible, elle devait être bien plus âgée que Misaki dans ce cas ! Ce qui était vrai. Mais comment pouvait-elle décider de venir dans sa classe ? Quand bien même elle pouvait y être depuis six années, elle serait au moins en terminal, pas dans la même classe qu'elle qui venait tout juste d'arrivée !? Et puis comment ça se fait, elle était la petite fille de la direction, un truc du genre ?! Mais là, Mélinda voulait venir sur Son territoire, et ça, il n'en était pas question !

« Je refuse ! J'ignore ce que tu manigances, mais il n'est pas question pour toi de changer de classe et venir dans la mienne ! »

Outre le possible ou pas possible, Misaki ne voyait pour le coup que son petit monde menacer par Mélinda, tandis que la demoiselle blonde prenait de grands airs la main sur sa poitrine, les doigts bien écartés pour se désigner. Mélinda cherchait des réponses à ses questions, et qu'elle ai deviner juste ou non, Misaki profitait qu'elles soient seules pour jouer cartes sur table avec celle qu'elle considérait comme une rivale.

« De toi, pas du tout. De ta popularité par contre, je ne dis pas non. »

Cette rivalité n'était qu'une question d’ego ? Pas tout à fait et la jeune demoiselle allait éclaircir ce point, croisant les bras sous sa poitrine, ce qui avait effet de légèrement la mettre en valeur, ce qui n'était pas son choix premier, mais, comme Mélinda, elle montrait ses arguments... Involontairement. Son sac à main moulait plus encore la séparation entre ses seins avec les bras croisées, mais elle avait toujours un sac à main avec elle. Il n'y avait rien de dangereux, juste deux paires de gants de rechanges et bien évidemment, deux ou trois bricoles pas forcément capitales.

« Lorsque j'étais au collège, tout le monde m'adulait, les premières années comme les terminales, et même les professeurs. Je sais bien qu'on me flattait pour mon argent, mais même sans ça, ils ont finie par m'aimer, m'apprécier, j'avais presque autant d'autorité que la présidente du conseil des élèves tant on me sollicitait ! Je me doutais bien qu'en arrivant ici, je n'allais pas gagner de suite la guerre, mais peu importe ce que je voulais faire, on me comparait souvent à toi ! Mélinda l'a déjà fait ! Mélinda à proposer mieux ! Mélinda a déjà prévu ça ! Sans même te connaître, tu étais insupportable pour moi ! »

Les sourcils froncés, Misaki ne jouait pas la comédie. Ce qu'il fallait lire, ce n'était pas qu'elle voulait être désigné comme la fille riche et populaire du lycée, mais celle qui avait besoin de se faire des amis ! Et si pour cela, elle devait un peu dépenser de son argent, ce n'est pas grave. Oui, au début, les gens vont l'approcher pour ça, mais après, ils viendront naturellement à elle car elle était une de leurs amis.

« Tu as peut-être tout ton petit empire dans ce lycée, mais ma classe, c'est mon territoire et je ne te laisserais pas me voler mes terres ! Je n'ai pas ton influence ni ta réputation ici, mais je ne me laisserais pas marcher sur les pieds. »

Les poings sur les hanches, c'est à peine si elle avait oublié ou qu'elle n'avait pas gober ses six années ici, sa fille parmi les invitées. Cette jeune femme n'était pas forte physiquement, mais mine de rien, elle se tenait face à la reine du lycée, sans prendre peur, pour « protéger » ses camarades. C'était presque brave. Comment Mélinda, allait-elle répondre à ce petit bout de femme si particulier.

Bingo !

Mélinda avait visé juste. En jouant sur le fait de rejoindre la classe de Misaki, elle déclencha une réaction épidermique de la jeune femme. La belle blonde en robe blanche se mit à s’énerver, lui répondant avec férocité qu’elle enviait la popularité de la « Reine du lycée », et qu’elle voulait concentrer son influence sur sa classe. Mélinda la laissa faire, constatant que la jalousie avait noyé tout le reste, y compris la révélation de Mélinda sur le fait qu’elle était là depuis six ans. Celle-ci ne dit rien, en la laissant parler, laissant s’exprimer tout son fiel.

La vampire avait bien compris qui était Misaki, et elle savait qu’elle ne fera pas d’elle une esclave ordinaire. Ce serait gâcher son potentiel. Elle se pinça les lèvres, et se racla la gorge.

« Tu es vraiment jolie quand le rouge te monte au nez… Enfin, encore plus que d’habitude, je veux dire ! »

Elle essayait de détendre l’atmosphère, et marcha lentement et délicatement vers Misaki. Il ne fallait pas la brusquer, après tout.

« Je te trouve… Bien décevante. Quel manque d’ambition ! Tu avais tout un collège à tes pieds, et tu te contenterais d’une simple classe ? Hm… Je trouve ça… Petit. »

Mélinda la provoquait, elle la titillait. Elle marcha encore, et s’écarta d’elle, écartant les bras.

« Tu crois que je ne sais pas qui tu es, Misaki-chan ? Je sais ce qui te ronge… Je sais que tu aimes ça. Avoir des gens autour de toi, des gens qui t’apprécient, qui te vénèrent. Tu ne veux pas d’un petit-ami, tu veux de gens qui t’aiment, et qui sont prêts à tout pour que tu daignes leur offrir un regard. Tu vois, ma chérie, nous nous ressemblons beaucoup, toi et moi… C’est la raison pour laquelle tu me détestes viscéralement. Tu te vois comme ma rivale. »

La jeune femme ne pouvait pas nier l’évidence. Mélinda enchaîna ensuite.

« Mais, même si tu te débarrassais de moi, mon cœur, tu affronterais les autres reines du lycée. Quand je suis arrivé, j’ai dû me confronter aux Morimoto, et elles sont toujours là. Le club social, qu’elles dirigent, représente le club le plus influent du lycée. Et moi… Moi, je ne serai pas toujours là. »

Elle se tut pendant quelques secondes, laissant le temps à la jeune femme de comprendre ce qu’elle disait.

« Je ne souhaite pas être ton ennemie, Misaki-chan. En fait, je me dis que tu es la candidate idéale… Celle qui pourra devenir la Reine à ma place. »

Mélinda n’en ajouta pas plus, curieuse de voir si une telle phrase allait susciter l’attention de la jeune blonde face à elle…

Le masque tombait, mais Misaki savait bien que ses intentions étaient sûrement déjà bien visibles, elle avait le potentiel de s'imposer dans ce lycée, via son argent, sa sympathie, son influence, mais hélas, elle n'était pas la seule à avoir ce genre de cartes en mains. Si des élèves normaux n'y voyaient pas grand-chose ou bien, s'en fichait, celles qui possédaient ce genre d'atout voyait bien le danger grandir doucement. Cela expliquait peut-être aussi pourquoi Mélinda s'était invitée ce soir ? Elle dévoila ses armes, faisant sortir la jolie blonde de ses gongs avant que cette chipie ne vienne y rajouter son avis. En quoi cela l'intéressait d'abord ? Cela dit, elle aura certains arguments qui sauront attirer son attention et si elle commença par un petit compliment, cela ne suffisait pas à l'amadouer, Misaki n'était pas si facilement manipulable, même en y ajoutant du mépris face à son « ambition », ce n'est pas que la jolie demoiselle voulait se contenter d'avoir sa classe sous son service, elle cherchait juste à protéger son royaume. D'abord sa classe, ensuite elle agrandira ses ambitions, elle ne pouvait pas arriver ici en conquérante et se faire écraser, car elle aurait trop attiré l'attention ! Pourquoi n'avait-elle pas chercher à se mettre les autres dans la poche ? Car elle savait, ils étaient déjà sous l'influence d'autres personnes dans ce lycée et cherchaient à marcher sur les pieds d'une autre conquérante, c'était risqué.

Face à ses propos, elle continua de bouder doucement, tandis que Mélinda Warren semblait se fourvoyer ! Elle, vouloir les gens à ses pieds ? Non, elle voulait qu'en cas de problème dans leur vie, d'impasse, ils se disent que Misaki Shokuhou était LA solution ! Elle n'était pas à l'image de Mélinda qui voulait les gens à ses pieds, non, elle voulait être le Messie de ce lycée, elle ne voulait pas non plus que les gens lui vouent un culte, mais qu'elle soit le détail qui venait changer leur problème en solution. Elle n'était pas d'accord sur le fait qu'elles se ressemblent et de dire qu'elle la déteste viscéralement... Pas autant, disons qu'elle n'irait pas à lui souhaiter du mal, juste à l'écarter de sa montée en puissance dans le lycée. Rivale... Peut-être bien par contre. Cela dit, elle l'intéressait sur deux points, les Morimoto, elle s'était peu intéressée à elles, car de ce qu'elle avait compris, elles étaient de la famille de proche du lycée et rien que pour ça, c'était impossible de prendre leur place. À moins que demain, sa famille tombe en disgrâce et du coup, fragilise leur image, mais ce genre de chose n'était pas si banal. Et le fait que Mélinda ne serait pas toujours là...

Oui, son aveu d'être là depuis six ans déjà, elle avait oublié déjà, prenant cela pour un simple mensonge, car même en étant très idiote, autant redoubler de classe, en restant en première année, c'était impossible. Et puis elle aurait plus de vingt ans ? Elle n'était peut-être pas douée pour donner un âge à une personne, mais là, elle n'avait pas plus de vingt ans ! Grosso modo, elle lui proposait sa place... pas immédiatement évidemment, mais elle quittera ce lycée tôt ou tard. Même si ses sourcils restaient froncés envers sa rivale, elle était moins emplit de colère à son égard.

« Et donc ? Tu me proposes quoi ? De te suivre comme un petit chien pour espérer manger les miettes que tu laisseras ? Qu'est-ce qui me fait pas dire que tu ne fait qu'agiter une carotte sous mon nez pour te payer ma tête afin de mieux me manipuler ? »

Elle voyait bien le cliché de ce genre de série où la fille finira par faire quelque chose de honteux et dégradant et de nos jours, cela sera de suite diffusé sur des réseaux sociaux et sa vie en sera brisé à jamais. Les jeunes n'avaient pas conscience de ce genre de mal que ça produisait. Que l'on dénonce un professeur pervers ou une personne qui manipule via diverses menaces, c'est bien, se moquer d'une personne naïve, pour « rigoler », ça allait trop loin. Misaki pouvait être un peu naïve, mais hélas pour Mélinda, comme elle la voyait comme une rivale, elle ne baissait pas sa garde si facilement. Heureusement dans un sens, mais la demoiselle blonde ignorait que la vampire avait plus d'une carte en main.

« Pourquoi, soudainement, tu voudrais que je te remplace ? Je trouve ça suspect ? »

Misaki ne croyaient pas à son histoire que ça faisait six ans qu'elle était là, donc pour elle, que cela fasse déjà deux ou trois ans, grand max qu'elle était ici, elle allait bientôt partir, ça oui. Mais pourquoi vouloir lui céder la place ? Ce n'est pas comme si Misaki lui avait fait de la lèche, au contraire, elle s'en tenait loin... Jusuq'à ce soir.

Misaki était… Sceptique. Mélinda sourit doucement devant ses hésitations. Celle-ci refusait d’être « un petit-chien », et se demandait si Mélinda était sincère avec elle.

« Bien… J’aurai été déçue que tu me fasses instinctivement confiance, Misaki-chan. »

La vampire se déplaça alors, et posa ses mains sur le garde-fou, observant le jardin de la jeune femme en contrebas.

« Tu as dû comprendre que ce lycée n’est pas ordinaire, non ? Il est surprenant de voir tant de personnes riches se rendre dans un lycée public alors que vous pourriez vous rendre dans de prestigieuses écoles privées japonaises. Derrière les professeurs et les élèves, le lycée est traversé par une influence entre plusieurs bandes… Ou clans. Il y a le mien, celui des Morimoto, et d’autres clans plus secondaires. Les petits chiens qui courent après les restes, ce sont eux. Tu arrives trop tard pour t’imposer, ma belle. Si tu veux faire cavalière seule, soit tu te feras manger, soit tu resteras avec tes deux ou trois amis en mangeant nos restes. »

Cela, Misaki-chan avait peut-être déjà commencé à le regarder. Elle avait l’air d’être douée, de savoir comment observer, comment analyser les choses.

« Moi, je suis débordée, tout simplement. Je dois gérer un clan vampirique, ma femme, ma fille… Je dispose de personnes qui me soutiennent au sein du manoir et qui assurent l’intendance, comme les Nakano, mais il me manque une personnalité forte… Quelqu’un capable de prendre la place dans mon bureau, et de faire ce que je fais. C’est là que tu interviens. »

Mélinda avait sciemment mentionné le « clan vampirique ». Elle savait que Misaki était en train de basculer, de se demander si celle-ci était sérieuse ou non.

« Je suis une vampire, Misaki-chan. J’ai quelques siècles d’existence… Je suis venue sur Terre il y a une dizaine d’années, et, depuis lors, j’y forme des esclaves. Je m’immisce dans leur vie, et je les aide à développer leur plein potentiel. N’est-ce pas ce que tu aimes faire ? Prendre la vie des autres en main, les guider, qu’ils te soient redevables, reconnaissants… Cela te parle, non ? »

Elle se retourna, et s’adossa contre le garde-fous.

« Enfin, laisse-moi te rassurer sur quelques évidences… Je ne tue pas les humains. Non, la lumière du soleil ne me fait rien de particulier… Mais je n’ai pas la plupart des capacités qu’on prête aux vampires. J’ai juste celle de pouvoir te mettre instantanément en chaleur en te ponctionnant un petit peu de sang. Donc, tu n’as rien à craindre de moi. Il n’y a pas de piège, Misaki-chan, pas de traquenard ou de coup fourré. Je cherche juste quelqu’un comme toi pour faire partie de mon entreprise. »

Cela suffirait-il à la convaincre ? Sans doute pas, mais Mélinda avait amorcé les choses… Restait à voir comment tout cela allait retomber, maintenant !

Misaki n'était pas dupe, déjà, elle ne croyait pas vraiment à ses histoires, se disant juste que sa « fille » était tout aussi logique que deux amies s'aimant tellement qu'elles se disaient « sœurs » donc, elle ne fit pas attention pour le moment. Déjà que la belle blonde se méfiait de Mélinda, qu'elle lui tende une telle perche, ça ne semblait pas normale, plutôt louche ? La jeune femme trouvait cela bien, qu'elle ne lui fasse pas une confiance aveugle, tout en décidant de vider son sac en quelque sorte. Elle évoquait le fait que beaucoup de jeunes enfants riches venaient ici, dans ce lycée public ? Pour son cas, c'était pour éviter d'être pointé du doigt et rejeter, en primaire, ce fut le cas... Du fait que son père était en prison, les autres parents ou simplement les enfants, évitaient Misaki. Au collège, loin de cela, on l'acceptait simplement, sans faire attention aux détails donc elle ne s'était pas posé plus de question que cela. Vint ensuite cette histoire de clan, qu'elle prenne cela au premier degré ou pas, elle se doutait bien que chacun avait sa petite influence, plus ou moins grande dans le lycée et elle faisait partie des dernières arrivées, donc, elle n'en menait pas large pour le moment. Et pour Mélinda, sans alliance, elle était destinée à rester en bas de cette échelle.

Elle évoquait de nouveau sa fille – ainsi qu'une femme et un clan vampirique selon ses termes, dont Misaki floutait ou ne prenait simplement pas au sérieux – mais souhaitait en quelque sorte lui laisser les rênes ? Mais pourquoi ? Mais de nouveau, elle partait dans son délire de vampire ! Petite, elle avait vu que les adolescentes et autres jeunes adultes adulaient ce roman adapté en film, Twillight. Mélinda en serait donc une fan ou bien, un nouveau roman similaire créait autant d'attente et de fans ? Et puis la façon dont elle la décrivait, c'était absurde ! Selon elle, Misaki était une sorte de manipulatrice qui voulait diriger les gens ? Alors, ça, c'était la meilleure ! Elle était agaçante à se dire vampire, et vulgaire aussi ! Mettre les gens en chaleurs ? Elle les prenait pour des animaux ?! Elle a bien dit former des esclaves donc elle était bien le genre de fille qui se croyait au-dessus du reste. Terminant son petit monologue, Misaki n'était toujours pas convaincu...

« Tu sais, j'ai entendu dire, je ne sais plus où que, ''Si c'est gratuit, alors c'est toi le produit''. Tu cherches à m'utiliser et à te servir de moi, j'ignore encore comment, mais tes belles paroles n'ont rien changer, je te trouve même encore plus louche. »

Eh oui, Misaki ne se laissait pas embobiner par son visage de poupée ou ses beaux yeux verts, elle réfléchissait. Lui faisant face en plaçant ses mains sur les hanches, elle fronçait les sourcils sans prendre peur de cette fille au bras long au lycée.

« Et tu devrais être plus respectueuse envers les gens autour de toi ! Des esclaves ? Nous ne sommes pas dans un pays qui a encore ce genre de pratique ! Que ce soit des amis ou de simples connaissances, ils méritent mieux que le terme esclave ! À t'entendre, tu es au-dessus d'eux, je dirais même plus, de tout le monde ! Tu crois que ces gens aimeraient savoir que tu les vois comme ça ? Tu oserais prétendre que cela fait partie de ton personnage de vampire sinon ? Je ne juge pas, tu as droit d'aduler des vampires, des loups-garous ou des sorcières, mais tâche au moins de rester sérieuse quelques minutes. »

Elle ne fit aucune remarque sur sa femme et sa fille, jugeant cela simplement comme une amitié excessive envers deux personnes. Ça, c'était son droit de les nommer ainsi. Donc si la « vampire » allait devoir convaincre Misaki, il lui faudrait plus que de belles paroles ! Il fallait des actes et des preuves !

La discussion entre Mélinda et Misaki se compliquait légèrement. Disons plutôt que Misaki se refusait à croire en la sincérité de Mélinda, et n’admettait pas encore l’existence des vampires. Elle croyait donc que Mélinda lui mentait, et se rapprocha d’elle. Encore une fois, la vampire apprécia sincèrement son sang-froid, la manière dont elle lui faisait face. Misaki restait droit dans ses bottes.

« Bien sûr, je suis au-dessus d’eux, tout comme toi. Tu as juste besoin que je te le montre, Misaki-chan. »

Comme pour lui montrer qu’elle ne la craignait pas, Misaki s’était plantée face à Mélinda, qui fit un pas vers elle. Elle vit le regard de Misaki se froncer, et Mélinda se rapprocha encore, raccourcissant l’espace qui les séparait. Elle sourit alors, et Misaki put voir combien les canines de Mélinda étaient pointues.

« Alors, soit… »

Elle s’élança alors brusquement vers elle, et, en quelques secondes, planta ses crocs dans le creux de son cou. Ses mains s’avérèrent très solides, maintenant Misaki sans aucune difficulté contre elle. Une main sur ses cheveux, elle maintenait la tête de sa proie, et, avec l’autre, elle caressa le bas de son dos, s’appuyant dessus… Et planta ses crocs. Un petit hurlement s’échappa bien naturellement des lèvres de sa partenaire, mais qui se termina vite.

Mélinda prit en effet quelques gorgées, et rompit ensuite la morsure, puis profita du hurlement de Misaki pour l’embrasser de force, fourrant sa langue dans sa bouche… Après s’être coupée la langue. Le sang de Mélindna fusa dans la bouche de Misaki, et elle maintint la pression, tout en allant gifler les fesses de Misaki. Une belle claque qui était destinée à faire circuler le sang de Misaki-chan. Elle se débattait, la petite, mais elle ne pouvait rien faire ! Mélinda fit longuement durer le baiser, pendant plus d’une minute, jusqu’à ce que le sang circule bien. Elle relâcha ensuite la pression, un sourire sur les lèvres, et, quand Misaki allait parler, Mélindna se contenta d’un ordre simple :

« À genoux, ma salope. »

Misaki se figea soudain sur place, et ses yeux commencèrent à exprimer sa plus grande stupéfaction quand elle sentit son corps lui désobéir. Elle s’agenouilla devant Mélinda, qui souriait encore, ses yeux luisant de plaisir.

« J’ai oublié de te dire que ma femme m’avait appris à contrôler les pouvoirs magiques inhérents aux vampires. Je t’ai forcé à boire mon sang en le mélangeant aux tiens, et je peux te contrôler… Physiquement, j’entends. Un lien psychique très particulier est né entre nous deux, mon cœur. »

Misuki pouvait y résister, bien sûr, mais les pouvoirs d’envoûtement et de séduction vampiriques étaient particulièrement redoutables, comme la belle blondinette pouvait le voir. Elle gloussa doucement, et caressa ses cheveux.

« Je suis une vampire, Misaki… Tu ne me crois toujours pas ? Très bien… Mets-toi à quatre pattes, et remue ton petit cul… »

Eh oui, Misaki pouvait être assez naïve, mais de là à croire aux vampires, il ne faut pas pousser le bouchon un peu trop loin. Que Mélinda, tente de se moquer d'elle ou qu'elle y crois dur comme fer, elle demandait des preuves ! Elle était prête à croire à tout ce qu'on lui dit, mais faut-il encore avoir les preuves. Par chance ou hélas, Mélinda disait la vérité et elle comptait bien le prouver autrement que par des dents bien taillées. De nos jours, c'est si simple de se faire tailler les dents ou autres. Il y a bien une mode au Japon ou ne pas avoir les dents bien droite était synonyme de beauté, alors, tous les goûts sont dans la nature et dans un sens, tant mieux si ça plaît. Il ne faut pas non plus que l'on dise que ça ou ça, c'est parfait ou moche. Outre ses crocs, elle les planta dans son cou, lui arrachant un léger cri qui n'était ni aussi fort, ni aussi long que ce qu'elle aurait aimé pousser. Misaki était comme paralysé, en plus du fait que Mélinda la retenait, aussi. Même si elle tentait de se débattre, elle sentait ses dents dans sa peau, et son sang qui s'échappait de son corps. Elle avait peur que la repousser trop fort ni signe son arrêt de mort. Ne sait-on jamais, au niveau du cou, un accident est si vite arrivé...

Mais même quand elle retira la bouche de son cou, elle sentait ses lèvres venir contre les siennes. Quoi, ça va jusqu'à l'agression sexuelle à présent ? En plus, elle lui redonnait son sang ? Elle ne saurait dire, elle sentait bien le goût du sang dans sa bouche, pas uniquement sur sa langue donc... Sans trouver ça bon, elle ne savait pas où placer ce geste ? D'autant plus que Mélinda claquait sa main sur son cul, décidément, cette soirée ne se passait pas comme prévue, pas du tout ! Une fois relâchée, elle s'écartait, une main sur son cou, là où elle fut mordue, mais avant même de l'insulter, elle se retrouva à genoux, sur ordre de cette vampire. Là, oui... elle voulait bien croire à son histoire farfelue ! Outre ce drôle de pouvoir, elle avouait lui avoir fait boire son sang, mais ce n'était pas dangereux ce genre de choses ? Bon, si elle était saine, ça ne risquait pas grand-chose, mais c'était quand même glauque, non ? Plus elle parlait, plus elle avait de mal à comprendre ce qu'elle disait, parlant à présent de lien psychique... Que comptait faire cette folle au final ? Même face à son dernier ordre, elle ne pouvait se contrôler et se mit à quatre pattes, agitant pour elle ses fesses.

« M-mais ! Arrête ça ! Arrête de me ridiculiser ! Je ne suis pas si vulgaire !!! »

Le rose aux joues, car la situation était honteuse, elle voyait bien le regard de Mélinda, cette dernière appréciait la vue – sa situation ou sa position, ou les deux – tandis que Misaki ne pouvait aller contre sa volonté, subissant sans avoir son mot à dire et pourtant, elle voulait bien y croire à présent, aussi incroyable que cela soit. Mais force est de constater qu'elle avait dit la vérité, sur cela au moins. Après, sa femme, sa fille, tout ça... c'était encore autre chose.

« Je te crois maintenant, arrête ça, s'il te plaît ! »

Elle avait honte, c'est sûr. En quelques instants, elle s'était fait mordre, embrassée de force et donc, voler son premier baiser, elle s'était faite fessée et maintenant ça ? C'était beaucoup trop pour une si douce et innocente demoiselle. Mais le hic, c'est que la suite était entre les mains de Mélinda maintenant... Elle n'irait sûrement pas jusqu'au pire... mais elle avait en tout cas les cartes en main pour y parvenir.

Mélinda avait monté d’un cran, et Misaki-chan avala la pilule rouge. Elle se dandina nerveusement sur le sol, et implora Mélinda, qui sourit, amusée par la situation. Elle claqua des doigts, et Misaki retrouva l’usage de son corps. Elle n’allait pas exagérer, elle n’allait pas se moquer d’elle, car Misaki risquait de mal le prendre. Et ce n’était pas l’intention de Mélinda. Alors, tandis que Misaki-chan reprenait ses esprits, Mélinda haussa les épaules :

« Tu voulais une démonstration, non ? Satisfaite ? Rassure-toi, je ne vais pas à nouveau prendre le contrôle… Je voulais juste que tu comprennes que je ne te mentais pas, ma chérie. Je suis une vampire, et, même si je ne les fais pas, j’ai plusieurs siècles d’existence. »

Elle le sentit dans le regard de Misaki-chan. La panique, la crainte… Allait-elle mourir ici ? Mélinda laissa passer quelques secondes, puis reprit alors, en appuyant ses mains sur l’accoudoir :

« Je ne vais pas te faire de mal, Misaki-chan. Je voulais juste que tu me prennes au sérieux, et que tu me croies. Tu vois en moi ton ennemie, mais je souhaite devenir ton amie… J’ai vu en toi un potentiel qui me plaît beaucoup, une autorité naturelle avec le souci sincère de veiller sur le bien-être de ses protégés. Tu aimes ça, Misaki-chan, ne cherche pas à le nier. Tu aimes que les gens dépendent de toi, qu’on t’entoure, qu’on te félicite… »

Mélinda resta à proximité d’elle, consciente qu’elle ne pouvait plus reculer.

« J’exerce mon influence au sein du lycée à travers un club extrascolaire, le club d’occultisme. Je pense que tu pourrais en devenir la Présidente, et  être à mes côtés. »

C’était une proposition particulièrement sérieuse. Mélinda ne plaisantait pas là-dessus.

« Qu’est-ce que tu en dis ? »

De la peur ? Oui, Misaki avait quand même un peu peur. Qu'une personne contrôle son corps, comme ça, forcément qu'elle craignait le pire ! N'importe qui à sa place aurait peur, personne ne serait en train de se dire que c'est génial ! Par chance, Mélinda n'allait pas aussi, la libérant juste après pour lui prouver que ses paroles n'étaient pas juste un petit fantasme qui allait loin. Là, Misaki voulait bien la croire, côté preuve, elle était servie ! La jeune blonde restait à distance, gardant un œil sur elle qui se révélait plus dangereuse encore que prévue. C'était bien sa veine. Elle se disait vouloir être son amie, mais... la façon dont elle tournait tout ça, ça ne lui plaisait pas, à l'entendre, Misaki aidait juste pour qu'on vienne la caresser dans le sens du poil. Vrai ou faux, elle n'aimait pas la tournure de sa phrase. Depuis le début, elle se méfiait d'elle et là, elle se retrouvait face à un mur, impossible de savoir si elle mentait, car, ce qui semblait être que pur mensonge était la vérité. Qui aurait cru que cette fille soit une vampire avec des pouvoirs ? Donc si elle demande, plus ou moins de la remplacer, c'était la vérité ou juste une façon d'endormir sa méfiance pour la lui mettre à l'envers ? Dans un sens, avec ses pouvoirs, il lui serait si simple d'obtenir ce qu'elle demande sans pour autant jouer la carte de la confiance donc...

Sans accepter ni refuser pour autant, elle demandait quand même quelques précisions et elle avait bien raison. Dans son regard, on lisait encore une certaine forme de rancœur, de méfiance... Difficile de dire précisément ce qui lui déplaisait ? Le fait d'avoir tort, de faire confiance à celle qu'elle avait désignée comme l'une de ses rivales ici ? Il lui faudra un peu de temps pour s'habituer à cette « amitié » pour le moment. C'est que cette fille lui avait volé son premier baiser, pour commencer, elle avait fait quelques étincelles en elle, sans qu'elle ne sache concrètement de quoi il s'agissait en réalité ?

« Mais en quoi consistera, concrètement, le fait que je te remplace dans ce club d'occultisme ? »

Surtout qu'à première vue, elle n'était pas branchée par les choses occultes mais bon, l'habit ne fait pas le moine donc ça, encore, à la limite. Car si la vampire la voyait la remplacer, c'est une chose mais, quel sera ses missions en tant que présidente de ce club, donc ? Mine de rien, elle a déjà été dans des clubs, jamais elle n'a été présidente par contre donc, c'était très mystérieux pour elle.

La discussion se poursuivait. Mélinda était heureuse de voir que Misaki ne fuyait pas en courant, ou ne cherchait pas un crucifix pour se protéger. Au contraire, elle lui demanda, en s’efforçant de rester sereine, ce que Mélinda envisageait. Celle-ci sourit alors, tout en retournant près de Misaki. Sa main se déplaça, et attrapa délicatement la main gantée de Misaki. Elle appuya sur sa paume, et, avec son autre main, caressa sa joue.

« Je suis sincèrement désolée d’avoir dû recourir à ce procédé, Misaki-chan. C’était le seul moyen que j’avais de te faire comprendre ce que je suis, ; mais je n’aime pas m’imposer ainsi. Tu vois, nous sommes très similaires, toi et moi. »

Un tel aveu risquait d’être refusé en bloc par Misaki, mais la belle blondinette aurait l’occasion de comprendre à quel point Mélinda avait visé juste. Elle lui sourit encore, et maintint sa main contre la sienne en se déplaçant, observant la ville.

« Dans le club d’occultisme, nous faisons de tout, sauf de l’occultisme… Du moins, sauf quand nous invoquons des incubes ou des succubes. Tu es à Atarashï Yoake, Misaki-chan, et, sous ces apparences de normalité, cette ville est très particulière. La magie y est omniprésente, y compris au sein du lycée. Tu crois que je suis la seule femme exceptionnelle ici ? Et bien, détrompe-toi. »

Mélinda se rapprocha de la balustrade, et laissa l’air frais remuer dans ses cheveux. Elle se taisait un peu, laissant le soin à Misaki-chan de réfléchir à ce qu’elle disait.

« Le lycée est le théâtre d’affrontements entre plusieurs clans, qui s’expriment à travers les clubs. Les Morimoto voulaient aussi mettre la main sur toi, mais elles ne t’auraient pas réservé le même statut que moi. Elles dirigent le club social. Moi, je souhaite quelqu’un qui puisse me remplacer, quelqu’un qui puisse diriger toute l’activité de mon clan sur Terre. »

Tout cela devait être encore bien nébuleux pour Misaki, mais elle ne pouvait que comprendre qu’elle avait face à elle une incroyable opportunité, du genre à ne pas refuser précipitamment.

« Ce que tu devras faire, c’est ce que je fais. Administrer ce manoir, et être la Maîtresse de tous les élèves du lycée. Cela implique de les former, de les éduquer, de leur offrir le meilleur choix de carrière possible. Une formation qui ne disparaît pas à leur entrée à l’âge adulte. Ceux qui me rejoignent concluent un partenariat clair avec moi. En échange de leur fidélité et de leur obéissance, je leur offre l’épanouissement, la fortune, ma protection… Le bonheur en échange de la liberté, si tu préfères. »

Mélinda exprimait sa philosophie sans ombrage.

« Cela peut te sembler cynique, Misaki-chan, mais je considère que la plupart des humains ne savent pas quoi faire de la liberté. Tu dois aussi le penser, non ? Quand je vois tous ces humains qui gâchent leurs vies… Ne te méprends pas, je ne suis pas une sorte de gourou mystique qui cherche à manipuler ceux qui la rejoignent. Je veux juste les aider à grandir, à s’épanouir, à accomplir leur plein potentiel… »

La vampire se rapprocha encore d’elle, et attrapa désormais ses deux mains, son regard croisant le sien.

« Est-ce que cela te parle ? »

Même si Misaki était bien forcé de croire ce qu'elle avait pu voir, cela ne voilait pas dire qu'elle lui vouait à présent une admiration sans faille. Non, Misaki restait prudente et méfiante, elle avait peut-être raison, ou tort, mais elle-même si elle restait naïve face à certaines situations, sa « rivalité » avec Mélinda faisait qu'elle ne fermait pas les yeux si facilement. La vampire venait se rapprocher un peu plus, prenant sa main en expliquant plus ou moins ce que devait endosser Misaki dans ce rôle qu'elle voulait lui confier. Tout sauf de l'occultisme, ça restait vague... Elle était bien forcé de croire aux vampires à présent, et un peu à la magie, mais disons qu'actuellement, elle trempait un orteil dans ce vaste univers, Mélinda la poussant à y plonger le pied, si ce n'est entièrement dedans ! Des succubes ou incubes, n'était-ce pas des démons liée à la luxure ? Elles « invoquent » ça ? Ce sont des malades, de jouer avec ce genre de choses ! Croyante ou non, agir de la sorte pourrait bien être une grosse erreur, à l'écouter, c'était aussi simple et sans danger que faire une blague au téléphone ! L'histoire de guerre de gang au lycée, c'était déjà plus simple à avaler comme histoire, on en parle très peu, mais pour avoir été dans une école privée et prisée en primaire, elle savait bien que les enfants issues des personnes influentes ou nobles de ce pays, sont parfois pire que les autres.

Elle n'a vécu que la primaire, qui sait quel genre de choses il pouvait se produire dans un lycée aussi privée et élitiste que ce qu'elle avait fréquenter plus le jeune. Il est préférable parfois pour ce genre de personne d'enterrer un scandale que de voir leur blason familial tâché par les mésaventures d'un des derniers née, même si parfois, cela venait d'une personne plus adulte que forcément un enfant. Les gens qui ont les moyens de faire taire leur bêtise ne s'en privent pas, mieux vaut qu'on parle d'elle comme une forme d'excellence que d'un scandale qui ferait la une des tabloïds. Surtout au Japon, un acteur pouvait voir sa carrière se stopper si lors d'un contrôle de police, on trouvait de la drogue sur lui, même le fait de tromper son/sa partenaire, ça pouvait suffire à avoir un pied dans la tombe ! Quand on vois de nos jours certains grands noms continuer leur carrière avec d'horribles choses épinglées sur leur dossier, au Japon, il fallait montrer l'exemple, que l'on soit un simple salaryman ou une vedette !

Mélinda continuait son histoire, évoquant le fait que Misaki devrait gérer le manoir, guider les élèves, sur bien des points. Comme elle le résumait si bien, leur liberté contre leur bonheur. Elle avait beau dire ne pas être une sorte de gourou, Misaki ne pouvait s'empêcher d'y faire un certain lien, même si elle ignore encore beaucoup de choses sur elle, mais elle avait quand même bien des questions sur tout ce qu'elle avait dit, en se rapprochant un peu trop d'elle.

« Une minute, tu veux que je te remplace pour ton soi-disant club, c'est une chose. Mais quand bien même j'y serais à ta place, on parle d'un maximum de trois ou quatre ans. Comment veux-tu que je les ''guide'' après coup ? »

Bon, pour ça, il y aurait peut-être une remplaçante, forcément, Misaki n'allait pas rester au lycée pour toujours, mais ce n'était pas la seule chose qui interpellait la belle blonde sur tout ce qu'elle venait de dire. Mélinda pouvait sentir que Misaki n'était pas encore en train de lui manger dans la main.

« Et qu'est-ce qui me prouve que les Morimoto sont pires que toi ? Si ça se trouve, ce sont elles les gentilles dans cette histoire ? »

C'est vrai, rien ne disait que les Morimoto n'étaient pas plutôt de son côté ? Misaki ne les a jamais vraiment approchées, cela ne voulait pas dire pour autant que c'était de mauvaises personnes. Jusqu'ici, chaque tentative de Misaki se retrouvait face à Mélinda. Mélinda l'a déjà fait, en mieux, Mélinda est mon amie, bref, toujours Mélinda ! Elle connaissait l'existence des Morimoto, mais voilà, elles, elles ne l'avaient jamais approché ou barré la route donc forcément... Sur le dernier point qu'elle allait aborder, elle pouvait plus facilement y croire, vu ce qu'elle venait de vivre, mais... ça lui faisait beaucoup de choses à avaler en une fois...

« Et... ton clan sur Terre ? »

Autre monde donc... dans quel sens ? Venue des étoiles ou d'une autre dimension ? Existait-il une planète Vampire ?

Misaki ne tarda pas à revenir à elle-même. Chassez le naturel, et il revenait au galop. La surprise de Misaki de tomber sur une vampire s’effaça ainsi bien vite au profit d’une suspicion qui semblait caractériser la blondinette. Mélinda lui disait-elle la vérité ? Les Morimoto étaient-elles si méchantes ? Mélinda n’allait pas se familiariser. Après tout, si elle voulait faire de Misaki une Warren, il fallait bien que celle-ci soit talentueuse. Sa méfiance était donc bienvenue, et ne surprenait guère Mélinda, qui sourit doucement.

« Tu n’auras qu’à comparer… Je ne compte pas te vampiriser ce soir, ni même dans la semaine. Cela demande quand même du temps, et nous devrons nous assurer que tu aimes vraiment ce que je te propose. »

D’emblée, Mélinda voulait rassurer cette femme suspicieuse. Inutile de lui mettre la pression, cela ne donnerait rien de bon.

« Sinon, je suis dans ce lycée depuis environ dix ans. Si jamais tu as la chance de devenir une vampire, tu comprendras que le temps ne s’écoule pas pareillement pour nous. J’ai mis une dizaine d’années à consolider ma position dans cette ville et dans ce lycée. Et, quand on me rejoint, ma chérie, ce n’est pas que pour le lycée. Ceux qui me suivent me suivent… Jusqu’à ce que mort s’ensuive ? Tu crois sincèrement que je les abandonnerai dès qu’ils ont quitté le lycée ? »

Il était normal que Misaki soit un peu perdue, ce devait être totalement inédit pour elle. Mélinda se devait donc de lui expliquer simplement les choses.

« Je ne veux pas que tu rejoignes simplement mon club, mais bien mon clan… Un tel engagement, cela ne se prend pas à la légère, Misaki. Donc, tu n’auras pas à choisir ce soir. Comme je te l’ai dit, nous prendrons notre temps, et je verrais bien si cela te tente vraiment ou pas. Donc, tu vois… Tu n’as rien à perdre à essayer. »

Misaki l’avait ensuite interrogé sur son clan sur Terre, sans doute pour en savoir davantage.

« Hum… Je viens d’un autre monde, Misaki, une planète où la magie est beaucoup plus présente que sur ce monde, mais nous en parlerons ensemble plus tard si tu veux. Pour l’heure, sache que je t’apprécie, et que j’ai envie de toi, car je pense que, comme moi, tu aspires à faire le bien autour de toi. Tu vois, je pense que tu es ce genre de personne qui, quand elle voit une personne malheureuse dans la vie, ne se contente pas de lui tapoter l’épaule, mais souhaite l’aider à reprendre sa vie en main. C’est tout ce que je fais. Si tu acceptes ma proposition, je te montrerai tout ce que je fais, tu connaîtras le moindre de mes secrets. »

La vampire se rapprocha encore d’elle, et attrapa l’une de ses mains, croisant son regard. Elle se colla encore contre elle, si bien que leurs seins se heurtèrent ensemble. Mélinda se pencha encore vers elle, ses lèvres proches des siennes.

« Je pourrais t’embrasser là, tu sais… Te faire l’amour ce soir, et tu adorerais ça. Mais tu mérites un traitement particulier, différent de celui de tes invités… »

Elle se rapprocha de la porte. Akira et Ai étaient avec la foule, et on pouvait compter sur elles pour faire doucement chauffer l’ambiance. Mélinda retourna à l’intérieur de la maison. Il n’y avait pas encore d’orgie, mais une tension sexuelle commençait à se former en l’air. Akira dansait contre les garçons, frottant ses fesses sur leurs verges, les caressant, frôlant leurs lèvres. Ai en faisait de même, se concentrant sur les filles. La magie rose était prégnante dans la maison. Quand Misaki la rejoignit, Mélinda lui sourit.

« Tu dois le sentir, non ? Cette luxure dans l’air… D’ici un quart d’heure à ce rythme, ta tranquille petite fête va se transformer en une savoureuse orgie… Sauf si je pars maintenant. Alors, dis-moi ce que tu souhaites que je fasse, ma chérie… »

C'est naturel que toute cette histoire semble presque fausse. Qui croirait une histoire de vampire, de domination au sein du lycée, tout ce genre de choses ? C'était bon pour les bouquins, les manage, ce genre de scénario, mais là, c'était le monde réel quand même. Mélinda n'hésitait pas dans son histoire, c'était très certainement vrai après la petite démonstration dont elle a eu droit, mais le doute était quand même permis. Ce n'est pas, car elle sait faire une chose incroyable que tout ce qui sort de sa bouche est vrai. Un peu comme un magicien, il peut faire sortir un lapin de son chapeau, cela ne veut peut-être pas dire qu'il a créé une sorte de porte dimensionnelle pour le ramener ou autre. Oui, il était effectivement sorti du chapeau vide, il y a encore cinq secondes, mais ça ne veut pas forcément dire que sa parole était d'or. Concernant les Himegoto, Mélinda préférait que Misaki voit par elle-même ou essaie. Certes... il n'y avait pas une interdiction comme si elle risquait de savoir que ce qu'elle proposait était une arnaque mais... Lui laisser le champ libre, comme ça... Elle devait s'attendre à quoi du coup ?

C'était louche... Tout comme elle détaillait sa vie et ce qu'elle faisait vraiment au lycée et ailleurs. Misaki ne pouvait cacher sa surprise quand elle évoquait la vouloir dans son clan, pire, la vampiriser ! Elle se touchait la nuque par instinct, légèrement apeurée face à cette remarque, car ça voudrait dire se faire mordre et pomper du sang ?! Ce n'est pas juste une carte qu'elle va lui donner et bienvenue au club ! Elle était décidément de plus en plus louche celle-là ! Certes, elle n'était pas totalement à côté de la plaque en parlant du fait que Misaki aidait son prochain, un peu pour se faire mousser, mais aussi, car elle était comme ça. Mais son récit sur cet autre monde restait mystérieux, pour plus tard, plus de détail. Certes, rien ne pourrait vraiment prouver ça de suite, mais quand même.

La vampire se rapprochait encore, jusqu'à ce que leur poitrine se heurte, leurs lèvres se rapprochant sans pour autant franchir ce cap, mais ses paroles, étaient de nouveau un peu inquiétante. Transformer sa soirée en orgie ? Misaki ouvrait en grand les yeux, imaginant bien la scène, mais surtout les retombés !

« M-m-mais ça ne va pas ?! T-tu ne peux pas faire ça !!! Que diront les élèves ? Et les parents, les professeurs s'ils apprennent une telle chose ?! Et ma mère ?! Je peux pas laisser une telle chose se passer ici ! Elle m'a fait confiance en me laissant invité les élèves de ma classe ce soir, je peux pas les décevoir avec une chose si obscène ! Imagine qu'elle débarque à l'improviste, je deviens quoi, moi ?! »

Elle voulait bien croire aux dires de Mélinda mais la laisser transformer sa maison en une telle chose, ha voilà qui était un grand non ! Cela avait eut le mérite de la réveiller ! Mélinda n'attendait pas de Misaki qu'elle dise amen à tout ? Eh bien en voilà une preuve.

« Je t'interdis de transformer ma soirée en, en... ça ! »

Le truc... c'est qu'il va sûrement falloir négocier un échange équivalent, sans presser la belle blonde dans son clan, que pouvait-elle demander en échange que sa petite fête reste chaste et bien urbaine ?

Pauvre petite Misaki, elle était petit à petit en train de réaliser ce que la vampire proposait. Comme Mélinda pouvait logiquement s’y attendre, l’idée d’une orgie effrayée Misaki, qui rejeta l’idée en invoquant plusieurs motifs… Mais pas celui qu’elle aurait dû former en premier. Mélinda sourit alors, consciente d’avoir marqué un point. En s’énervant, Misaki avait dit ce qu’elle pensait vraiment… Et avait omis de dire ce qu’elle aurait normalement dû dire. Mélinda l’observa donc pendant quelques instants, un moment de flottement où tout aurait pu basculer, où elle aurait pu user de la force, et ainsi forcer le consentement de Misaki. Cela, elle aurait pu le faire si elle voulait l’asservir, en faire l’une de ses esclaves, mais elle avait pour Misaki des plans bien différents, bien plus subtils. Mélinda se mit alors brusquement à rire, posant sa main devant ses lèvres, pouffant comme une enfant face à une blague.

« Tu es vraiment trop craquante, Misaki-chan ! Tu ignores tout du lycée où tu viens d’atterrir, et même de cette ville, mais… Ne t’inquiète pas, ma chérie, ça viendra ! »

Tout le sérieux de Misaki semblait bien peu de choses face au dédain de Mélinda. Lentement, la vampire se gaussait du comportement effarouché de jeune vierge de Misaki, et lui répondit :

« Je note que tu t’offusques davantage des conséquences potentielles de l’orgie que je te propose que de l’orgie en elle-même… »

Constat irréfutable et imparable ! La main de Mélinda se déplaça dans la foulée, et caressa doucement le visage de Misaki.

« Est-ce qu’une personnalité plus pernicieuse se dissimulerait sous ce visage ? Je ne saurai l’imaginer… Tes parents ne sauront jamais ce qui se passe ici, et, quant aux professeurs… Hem… Disons que je préfère te le montrer plus tard. »

Elle comptait initier Misaki à ce lycée, et lui montrer combien les professeurs de Jinmu étaient tous des pervers en herbe. En attendant, Mélinda continuait à jouer avec sa partenaire, et elle profitait de cette occasion pour imposer ses conditions, et les règles de son jeu :

« Je suspendrai l’orgie à une seule condition, Misaki-chan… Puisque j’ai été une très vilaine invitée en voulant t’imposer quelque chose que tu ne veux pas, j’accepte de t’obéir… Si tu acceptes de passer la nuit à me punir. »

Un sourire particulièrement amusé éclaira les lèvres de Mélinda devant cette proposition très pernicieuse, digne de la vampire…