Maurice Malné - compte n°11 de Rorschach [Valiobservé !]
Posté : 14 août 2024 20:28
INTRODUCTION (et avertissement !)
Cette histoire aurait pu être celle de l’ascension d’un musicien. Mais le succès lui aura toujours fermé les portes. Alors ce ne sera pas cette histoire.
Cette histoire aurait pu être d’un ennui terrible en suivant la routine désespérante d’un travailleur allant chaque jour à l’usine pour survivre un jour de plus… pour aller à l’usine… pour pouvoir manger… Et ce n’est pas non plus cette histoire.
L’Histoire avec un grand H pourrait faire passer cette histoire pour une d’amour. Mais ce serait mettre sous silence un plan prémédité conduisant à un passage à tabac, à un enfermement de la « belle » et d’un acte sexuel non consenti. J’en entends déjà monter au créneau et protester. Et si la « belle » devient un démon ? Ah ! Il y a moins de bruits. Il y a des hésitations. Soudainement, violenter et violer une créature démoniaque ne mérite plus qu’on la défende. Qui plus est si ce démon est laid, n’est-il pas.
Donc ce sera ce genre d’histoire. Celle d’un homme qui a l’âge de 27 ans ne voulait pas mourir comme tous ces artistes brillants pour rentrer dans une sorte de panthéon. Excepté que notre musicien n’aura jamais été vraiment connu si ce n’est d’un réseau de petits bars. Qui a l’âge de 27 ans, aura trompé un démon. Pour l’engrosser et lui donner six soldats. Et non six enfants. Notre homme n’a pas cette empathie naturelle pour cette progéniture démoniaque. Au lieu de six soldats, on pourrait aussi dire six outils si vous préférez. L’histoire d’un homme qui décidera de réussir sa vie d’une manière ou d’une autre. Petit pas après petit pas. A force de sacrifices, de petits deals et de patience. Et si la vie l’emmerde ? Fait fructifier en lui sa personnalité agressive ? Il a toujours son laideron à la maison pour la rouer de coups.
Donc prenons un instant pour dire que notre homme est un véritable CONNARD. Absolument pas un personnage tout public. L’avertissement étant définitivement écrit. Nous pouvons poursuivre et aller dans les détails.
HISTOIRE AVEC DETAILS
Chapitre 1 – 0 à 12 ans – Orphelinat
Les parents de Maurice sont sans importance. Les seuls faits importants étant qu’on l’ait obligé à vivre une existence en commençant au plus bas de l’échelle. Pas d’amour. Pas de richesse. Pas de famille. Rien.
Il ne connaîtra jamais ses parents. Ses premières années étant un mystère sans intérêt où il a transité de paires de bras en paires de bras jusqu’à finir dans un premier orphelinat. Quelques années dans ce premier. Puis un transfert. Le jeune Maurice, qui recevra alors son nom de famille de Malné, a des difficultés à sociabiliser avec les autres enfants. Très rapidement, il se retrouve seul. Trop méchant, il sera dit. Un problème sans intérêt à cinq ans. Absolument plus au double de cet âge.
Partout où il est hébergé, Maurice sème la discorde. S’il n’est plus tout seul, il n’est pas accompagné par amour. Les autres enfants qui l’entourent sont là parce qu’ils le craignent, parce qu’ils l’aiment pour les opportunités données à pouvoir frapper et racketter, pour toutes les mauvaises raisons. A dix ans déjà, malgré son visage banal, ses petits yeux reçoivent le surnom de « démoniaque ». Ce regard lui permet de recruter des « grands » presque majeurs, plus grand que lui, plus gros, plus puissant. Bref, tout ce qu’il ne possède pas. Ce regard particulier lui vaut aussi de fréquentes corrections pour « chasser le démon en toi, petit ! » qu’on lui dira et répétera de nombreuses fois.
Jusqu’à un de jour de sa douzième année où il ira trop loin. Un canif en main, il plantera la fausse-mère à de nombreuses reprises. Le sang le fera fuir. Les émotions trop fortes. Un mélange étrange de puissance et de peur d’être violenter au-delà d’une punition « classique ». Sa chemise blanche tâchée de sang, il passera devant de nombreux yeux interrogateurs. Ce n’est qu’avec les cris et un temps de retard que la fuite du jeune Maurice sera compris. Trente-deux coups de canif sera compté par le fossoyeur.
Chapitre 2 – 12 ans à 16 ans – La rue
Les années qui suivront seront des batailles journalières. Trouver où dormir. Trouver quoi manger. Ne pas se faire molester. Ne pas se faire prendre par les autorités. Sourire à l’évocation de cette histoire de « la femme de l’orphelinat du coin, tu sais, celle qui a été planté quarante fois ». Parce qu’avec le temps, l’histoire prend de plus en plus de proportions. Quatre années après les événements, on parlera d’un rejeton du Diable qui déflorait des femmes du double ou du triple de son âge quand il avait seulement douze ans. Une légende qui lui plaira de plus en plus malgré le risque toujours plus grand d’être reconnu et jeté au bout d’une corde en place publique.
Et donc, durant ces quatre années, Maurice vivra de petits larcins. Le sexe ne sera jamais un exutoire au contraire de la violence. Et plus les années passeront, plus il s’attachera à l’utilisation de canifs. « De si petites lames pouvant faire de si grands dégâts », aimera-t-il raconter à ses lascars. De pauvres à-la-rue qui se grouperont autour de Maurice pour une foule de raisons. La peur. Une sorte de charisme ténébreux. Une sorte de foi démoniaque à cause de ses petits yeux. Maurice n’hésitera pas à planter un de ses gars pour imposer son autorité. Tout comme il n’hésitera pas à menacer des maisons de prostitution pour satisfaire les besoins de ses adultes.
Chapitre 3 – 16 ans à 21 ans – La Ligne de Partage
La multiplication de ses actes de violence et la violence avec laquelle il traitera son groupe le mènera fatidiquement en prison. Les autorités n’étant pas une institution parfaitement bénéfique, Maurice trouvera un chaînon à exploiter. Un officier véreux. Un ticket pour l’éloigner hors de la potence et renforcer ses compétences à répandre la mort. Quelle merveilleuse opportunité que d’hériter d’un pistolet et d’un droit, non !, d’une obligation à répandre la mort parmi les rangs ennemis. Sa propension à vouloir maîtriser parfaitement cet outil de mort le fera progresser rapidement depuis le camp d’entraînement jusqu’à la Ligne de Partage. Il héritera d’un petit groupe qu’il commandera. Un groupe mal vu des autres unités à cause de sa facilité à répandre la violence, de se complaire dans les tranchées, de pouvoir dormir malgré les cris et les pleurs. Mais aussi, et surtout, de par leur comportement suicidaire. Les plus violents, les plus excentriques, trouveront en Maurice un leader qui les unira. Leurs faits d’armes ne seront jamais consignés dans les livres d’Histoire. Mais combien de fois ce petit groupe créera l’opportunité à l’armée régulière pour gagner la victoire du jour ?
Chapitre 4 – 21 ans à 27 ans – Les bars
A son retour de guerre, Maurice essaiera de percer d’une manière légitime. Au cours de ses cinq années passées à combattre peu importe qui on lui disait de tuer, il développa une passion pour la musique. L’harmonica fut le premier instrument qui le marqua. C’était à un moment où la journée mourait pour laisser la nuit revenir d’entre les morts. Tout son groupe sous son commandement était réuni dans une tranchée, le cul dans la boue ou adossé contre les sacs empilés qui servaient de murs. Un de ses gars sortit l’instrument qui brilla à la lumière comme une lame de canif. Mais ce n’était pas une arme : c’était un harmonica. A partir de ce jour, la musique devint un sujet de conversation récurrent. Une façon de les lier entre eux. Et Maurice apprit les bases du rythme.
De retour en ville, il trouva de petits boulots dans des bars. Servir des boissons. Servir de chauffeur pour faire les transports entre une distillerie et le bar. Peu importait la tâche du moment qu’il travaillait et gagnait régulièrement de l’argent qu’il n’avait pas à cacher. Qui plus est, les bars le mettaient en contact avec une foule de gens. De bons contacts, comme ce vieil homme qui perdait le contrôle de son bras et donc de sa faculté à jouer de la guitare. De mauvais aussi… qui l’obligèrent à multiplier de ruses pour coincer un pauvre type qui l’avait reconnu, de sa période pré-Ligne de Partage. Et il souriait à chaque fois qu’il s’exprimait avec son canif. Avec ses nouvelles techniques qu’il avait appris à la guerre. Fait nouveau, il sifflait. Bizarrement car c’était avec un air joyeux la plupart du temps. Quand l’air devenait sinistre, c’était qu’il était d’une très, très mauvaise humeur.
Chapitre 5 – 27 ans à 35 ans – Le restaurant
Mais Maurice ne perça jamais dans la musique. Pas assez de compétences. Pas le bon instrument. Il voulait être dans la lumière du projecteur mais n’était pas un chanteur. Il opérait mieux dans les ombres… Il ne perça pas également faute de bons partenaires. Malgré l’essai dans plusieurs groupes. Dont certains membres disparurent de façon mystérieuse ou… violente. Mais jamais on ne put faire le lien entre lui et les victimes. Malgré un spectaculaire passage à tabac qui le défigura mais… qui condamna l’autorité à une sentence exemplaire. Un journaleux de passage avait écrit un tel torchon que Maurice devint une sorte de petit héros tandis que le flic fut pendu haut et court.
Et donc, à vingt-sept ans, Maurice abandonna la musique. Certains des plus grands musiciens mouraient à cet âge « parfait ». Ils entraient dans le club en laissant derrière eux une musique qui transcenderait les générations et les guerres. Lui non. Alors il abandonna et se consacra à un autre projet. Ces dernières années, il avait lu. Beaucoup. Et il avait particulièrement fait l’acquisition d’un petit livre à couverture noir qui ne payait pas de mine. Il devait mesure une vingtaine de centimètres de hauteur et ne contenir pas plus de cent pages. Mais les connaissances qu’il y avait dans ce petit livre qui, parfois, exsudait du sang… Oui, cette couverture noir semblable à du cuir semblait parfois transpirer du sang. Comme s’il était vivant. Organique. Oui, démoniaque…
Alors, un jour lors de sa vingt-septième année, il invoqua un démon. Bien entendu, il se retrouva à un carrefour, à la croisée des chemins. Dans une zone industrielle presque à l’abandon. Il avait parfaitement planifié son coups. Dans les ombres se trouvaient une bande qu’il avait assemblé autour de lui. C’était peut-être SA compétence : celle de former un groupe pour le servir. Et donc ces gars-là attendirent derrière les caisses de stockage et dans les ombres, armés de battes, d’objets lourds et contondants, et même parfois hérissés de longs clous piqués à l’usine d’à-côté. Lorsque le démon fut invoqué, elle possédait une beauté surnaturelle mais ô combien banal avec ses cheveux bruns et ses yeux marrons. Il y eut un sourire de Maurice. Et l’instant d’après, la démone succombait face à la violence humaine.
A son réveil, elle était enfermée dans la maison de Maurice au sous-sol, mais pas seul. Tous les gars qui l’avaient violenté était avec elle. « De la bouffe pour toi, démone » dit Maurice sous les yeux consternés de ses gars. Certains cherchèrent à se défendre. D’autres tambourinèrent la porte renforcée de grosses chaînes d’acier et de puissants cadenas. Certains pleurèrent et d’autres se pissèrent dessus. Mais tous moururent. Seule la démone resta.
Elle n’était plus jolie. Elle n’était même plus féminine. Un titan recourbé dans la pièce à cause de sa grande taille. Un faciès qui ne demandait qu’à se venger de ce petit homme en chemise blanche qui avait réussi à la piéger. Grâce à son horrible petit carnet noir qu’il exhibait avec malice. Un démon à la peau vert marais, aux yeux qui était une fenêtre sur les brasiers d’où elle provenait. Des crocs jaunâtres toujours exhibés, prêt à dévorer cet odieux petit homme maléfique. Plus qu’elle.
Et il la tringla. Il la mit enceinte de sept rejetons. Une seule portée qui donna naissance à six enfants humains avec des capacités démoniaques. Six car le septième mourut. Mais il ne partit pas. L’esprit resta. Des enfants en apparence tout à fait normal. Presque trop comme leur géniteur. Mais dont le regard était aussi malfaisant et démoniaque. Plus que leur mère, d’un certain côté. Puis, pendant huit années, il les éleva à sa manière. Avec violence et sans empathie. Il en fit des armes. Il en fit des chiens de guerre. En tout cas, il s’était inspiré des molosses violents et dressés qu’il avait côtoyés sur la Ligne de Partage. Tous les six avaient des noms. Tous les six avaient des colliers autour de leur cou. Et tous les six présentaient des capacités extraordinaires.

Juliette : capacité à provoquer des migraines. Possibilité de provoquer des lésions cérébrales irréversibles.

Martin : propension à la violence accrue. Capacité à faire pousser des griffes à la place de ses ongles, et des crocs à la place de ses dents.

Herbert : adore les yeux. Parce qu’il est capable de pyrokinésie et que les yeux de « Maman » sont du feu. Aime jouer physiquement avec les globes oculaires.

Lou : parfois petit garçon. Parfois petite fille. N’a jamais eu de sexe définitif. Au figuré comme en physique. Véritable petit doppelganger.

Remy : pics de force exceptionnel et résistance. Capable de briser un cadenas à main nu lorsque « c’est le bon jour ». Tout comme capable de « repousser » un coup de canif sans subir aucune blessure.

Berthe (et Sept) : l’handicapée des enfants. L’attardée. Mais celle qui tient toujours la main à un ami imaginaire. Qui lui parle. Cet ami imaginaire n’étant autre que Sept. L’enfant mort-né de la fratrie.
Cette histoire aurait pu être celle de l’ascension d’un musicien. Mais le succès lui aura toujours fermé les portes. Alors ce ne sera pas cette histoire.
Cette histoire aurait pu être d’un ennui terrible en suivant la routine désespérante d’un travailleur allant chaque jour à l’usine pour survivre un jour de plus… pour aller à l’usine… pour pouvoir manger… Et ce n’est pas non plus cette histoire.
L’Histoire avec un grand H pourrait faire passer cette histoire pour une d’amour. Mais ce serait mettre sous silence un plan prémédité conduisant à un passage à tabac, à un enfermement de la « belle » et d’un acte sexuel non consenti. J’en entends déjà monter au créneau et protester. Et si la « belle » devient un démon ? Ah ! Il y a moins de bruits. Il y a des hésitations. Soudainement, violenter et violer une créature démoniaque ne mérite plus qu’on la défende. Qui plus est si ce démon est laid, n’est-il pas.
Donc ce sera ce genre d’histoire. Celle d’un homme qui a l’âge de 27 ans ne voulait pas mourir comme tous ces artistes brillants pour rentrer dans une sorte de panthéon. Excepté que notre musicien n’aura jamais été vraiment connu si ce n’est d’un réseau de petits bars. Qui a l’âge de 27 ans, aura trompé un démon. Pour l’engrosser et lui donner six soldats. Et non six enfants. Notre homme n’a pas cette empathie naturelle pour cette progéniture démoniaque. Au lieu de six soldats, on pourrait aussi dire six outils si vous préférez. L’histoire d’un homme qui décidera de réussir sa vie d’une manière ou d’une autre. Petit pas après petit pas. A force de sacrifices, de petits deals et de patience. Et si la vie l’emmerde ? Fait fructifier en lui sa personnalité agressive ? Il a toujours son laideron à la maison pour la rouer de coups.
Donc prenons un instant pour dire que notre homme est un véritable CONNARD. Absolument pas un personnage tout public. L’avertissement étant définitivement écrit. Nous pouvons poursuivre et aller dans les détails.
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CARTE D’IDENTITE
Nom : Malné
Prénom : Maurice
Âge : 35 ans
Sexe : Homme
Planète d’appartenance : Auris, Tekworld – Rayon Indigo

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CARTE D’IDENTITE
Nom : Malné
Prénom : Maurice
Âge : 35 ans
Sexe : Homme
Planète d’appartenance : Auris, Tekworld – Rayon Indigo

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HISTOIRE AVEC DETAILS
Chapitre 1 – 0 à 12 ans – Orphelinat
Les parents de Maurice sont sans importance. Les seuls faits importants étant qu’on l’ait obligé à vivre une existence en commençant au plus bas de l’échelle. Pas d’amour. Pas de richesse. Pas de famille. Rien.
Il ne connaîtra jamais ses parents. Ses premières années étant un mystère sans intérêt où il a transité de paires de bras en paires de bras jusqu’à finir dans un premier orphelinat. Quelques années dans ce premier. Puis un transfert. Le jeune Maurice, qui recevra alors son nom de famille de Malné, a des difficultés à sociabiliser avec les autres enfants. Très rapidement, il se retrouve seul. Trop méchant, il sera dit. Un problème sans intérêt à cinq ans. Absolument plus au double de cet âge.
Partout où il est hébergé, Maurice sème la discorde. S’il n’est plus tout seul, il n’est pas accompagné par amour. Les autres enfants qui l’entourent sont là parce qu’ils le craignent, parce qu’ils l’aiment pour les opportunités données à pouvoir frapper et racketter, pour toutes les mauvaises raisons. A dix ans déjà, malgré son visage banal, ses petits yeux reçoivent le surnom de « démoniaque ». Ce regard lui permet de recruter des « grands » presque majeurs, plus grand que lui, plus gros, plus puissant. Bref, tout ce qu’il ne possède pas. Ce regard particulier lui vaut aussi de fréquentes corrections pour « chasser le démon en toi, petit ! » qu’on lui dira et répétera de nombreuses fois.
Jusqu’à un de jour de sa douzième année où il ira trop loin. Un canif en main, il plantera la fausse-mère à de nombreuses reprises. Le sang le fera fuir. Les émotions trop fortes. Un mélange étrange de puissance et de peur d’être violenter au-delà d’une punition « classique ». Sa chemise blanche tâchée de sang, il passera devant de nombreux yeux interrogateurs. Ce n’est qu’avec les cris et un temps de retard que la fuite du jeune Maurice sera compris. Trente-deux coups de canif sera compté par le fossoyeur.
Chapitre 2 – 12 ans à 16 ans – La rue
Les années qui suivront seront des batailles journalières. Trouver où dormir. Trouver quoi manger. Ne pas se faire molester. Ne pas se faire prendre par les autorités. Sourire à l’évocation de cette histoire de « la femme de l’orphelinat du coin, tu sais, celle qui a été planté quarante fois ». Parce qu’avec le temps, l’histoire prend de plus en plus de proportions. Quatre années après les événements, on parlera d’un rejeton du Diable qui déflorait des femmes du double ou du triple de son âge quand il avait seulement douze ans. Une légende qui lui plaira de plus en plus malgré le risque toujours plus grand d’être reconnu et jeté au bout d’une corde en place publique.
Et donc, durant ces quatre années, Maurice vivra de petits larcins. Le sexe ne sera jamais un exutoire au contraire de la violence. Et plus les années passeront, plus il s’attachera à l’utilisation de canifs. « De si petites lames pouvant faire de si grands dégâts », aimera-t-il raconter à ses lascars. De pauvres à-la-rue qui se grouperont autour de Maurice pour une foule de raisons. La peur. Une sorte de charisme ténébreux. Une sorte de foi démoniaque à cause de ses petits yeux. Maurice n’hésitera pas à planter un de ses gars pour imposer son autorité. Tout comme il n’hésitera pas à menacer des maisons de prostitution pour satisfaire les besoins de ses adultes.
Chapitre 3 – 16 ans à 21 ans – La Ligne de Partage
La multiplication de ses actes de violence et la violence avec laquelle il traitera son groupe le mènera fatidiquement en prison. Les autorités n’étant pas une institution parfaitement bénéfique, Maurice trouvera un chaînon à exploiter. Un officier véreux. Un ticket pour l’éloigner hors de la potence et renforcer ses compétences à répandre la mort. Quelle merveilleuse opportunité que d’hériter d’un pistolet et d’un droit, non !, d’une obligation à répandre la mort parmi les rangs ennemis. Sa propension à vouloir maîtriser parfaitement cet outil de mort le fera progresser rapidement depuis le camp d’entraînement jusqu’à la Ligne de Partage. Il héritera d’un petit groupe qu’il commandera. Un groupe mal vu des autres unités à cause de sa facilité à répandre la violence, de se complaire dans les tranchées, de pouvoir dormir malgré les cris et les pleurs. Mais aussi, et surtout, de par leur comportement suicidaire. Les plus violents, les plus excentriques, trouveront en Maurice un leader qui les unira. Leurs faits d’armes ne seront jamais consignés dans les livres d’Histoire. Mais combien de fois ce petit groupe créera l’opportunité à l’armée régulière pour gagner la victoire du jour ?
Chapitre 4 – 21 ans à 27 ans – Les bars
A son retour de guerre, Maurice essaiera de percer d’une manière légitime. Au cours de ses cinq années passées à combattre peu importe qui on lui disait de tuer, il développa une passion pour la musique. L’harmonica fut le premier instrument qui le marqua. C’était à un moment où la journée mourait pour laisser la nuit revenir d’entre les morts. Tout son groupe sous son commandement était réuni dans une tranchée, le cul dans la boue ou adossé contre les sacs empilés qui servaient de murs. Un de ses gars sortit l’instrument qui brilla à la lumière comme une lame de canif. Mais ce n’était pas une arme : c’était un harmonica. A partir de ce jour, la musique devint un sujet de conversation récurrent. Une façon de les lier entre eux. Et Maurice apprit les bases du rythme.
De retour en ville, il trouva de petits boulots dans des bars. Servir des boissons. Servir de chauffeur pour faire les transports entre une distillerie et le bar. Peu importait la tâche du moment qu’il travaillait et gagnait régulièrement de l’argent qu’il n’avait pas à cacher. Qui plus est, les bars le mettaient en contact avec une foule de gens. De bons contacts, comme ce vieil homme qui perdait le contrôle de son bras et donc de sa faculté à jouer de la guitare. De mauvais aussi… qui l’obligèrent à multiplier de ruses pour coincer un pauvre type qui l’avait reconnu, de sa période pré-Ligne de Partage. Et il souriait à chaque fois qu’il s’exprimait avec son canif. Avec ses nouvelles techniques qu’il avait appris à la guerre. Fait nouveau, il sifflait. Bizarrement car c’était avec un air joyeux la plupart du temps. Quand l’air devenait sinistre, c’était qu’il était d’une très, très mauvaise humeur.
Chapitre 5 – 27 ans à 35 ans – Le restaurant
Mais Maurice ne perça jamais dans la musique. Pas assez de compétences. Pas le bon instrument. Il voulait être dans la lumière du projecteur mais n’était pas un chanteur. Il opérait mieux dans les ombres… Il ne perça pas également faute de bons partenaires. Malgré l’essai dans plusieurs groupes. Dont certains membres disparurent de façon mystérieuse ou… violente. Mais jamais on ne put faire le lien entre lui et les victimes. Malgré un spectaculaire passage à tabac qui le défigura mais… qui condamna l’autorité à une sentence exemplaire. Un journaleux de passage avait écrit un tel torchon que Maurice devint une sorte de petit héros tandis que le flic fut pendu haut et court.
Et donc, à vingt-sept ans, Maurice abandonna la musique. Certains des plus grands musiciens mouraient à cet âge « parfait ». Ils entraient dans le club en laissant derrière eux une musique qui transcenderait les générations et les guerres. Lui non. Alors il abandonna et se consacra à un autre projet. Ces dernières années, il avait lu. Beaucoup. Et il avait particulièrement fait l’acquisition d’un petit livre à couverture noir qui ne payait pas de mine. Il devait mesure une vingtaine de centimètres de hauteur et ne contenir pas plus de cent pages. Mais les connaissances qu’il y avait dans ce petit livre qui, parfois, exsudait du sang… Oui, cette couverture noir semblable à du cuir semblait parfois transpirer du sang. Comme s’il était vivant. Organique. Oui, démoniaque…
Alors, un jour lors de sa vingt-septième année, il invoqua un démon. Bien entendu, il se retrouva à un carrefour, à la croisée des chemins. Dans une zone industrielle presque à l’abandon. Il avait parfaitement planifié son coups. Dans les ombres se trouvaient une bande qu’il avait assemblé autour de lui. C’était peut-être SA compétence : celle de former un groupe pour le servir. Et donc ces gars-là attendirent derrière les caisses de stockage et dans les ombres, armés de battes, d’objets lourds et contondants, et même parfois hérissés de longs clous piqués à l’usine d’à-côté. Lorsque le démon fut invoqué, elle possédait une beauté surnaturelle mais ô combien banal avec ses cheveux bruns et ses yeux marrons. Il y eut un sourire de Maurice. Et l’instant d’après, la démone succombait face à la violence humaine.
A son réveil, elle était enfermée dans la maison de Maurice au sous-sol, mais pas seul. Tous les gars qui l’avaient violenté était avec elle. « De la bouffe pour toi, démone » dit Maurice sous les yeux consternés de ses gars. Certains cherchèrent à se défendre. D’autres tambourinèrent la porte renforcée de grosses chaînes d’acier et de puissants cadenas. Certains pleurèrent et d’autres se pissèrent dessus. Mais tous moururent. Seule la démone resta.
Elle n’était plus jolie. Elle n’était même plus féminine. Un titan recourbé dans la pièce à cause de sa grande taille. Un faciès qui ne demandait qu’à se venger de ce petit homme en chemise blanche qui avait réussi à la piéger. Grâce à son horrible petit carnet noir qu’il exhibait avec malice. Un démon à la peau vert marais, aux yeux qui était une fenêtre sur les brasiers d’où elle provenait. Des crocs jaunâtres toujours exhibés, prêt à dévorer cet odieux petit homme maléfique. Plus qu’elle.
Et il la tringla. Il la mit enceinte de sept rejetons. Une seule portée qui donna naissance à six enfants humains avec des capacités démoniaques. Six car le septième mourut. Mais il ne partit pas. L’esprit resta. Des enfants en apparence tout à fait normal. Presque trop comme leur géniteur. Mais dont le regard était aussi malfaisant et démoniaque. Plus que leur mère, d’un certain côté. Puis, pendant huit années, il les éleva à sa manière. Avec violence et sans empathie. Il en fit des armes. Il en fit des chiens de guerre. En tout cas, il s’était inspiré des molosses violents et dressés qu’il avait côtoyés sur la Ligne de Partage. Tous les six avaient des noms. Tous les six avaient des colliers autour de leur cou. Et tous les six présentaient des capacités extraordinaires.

Juliette : capacité à provoquer des migraines. Possibilité de provoquer des lésions cérébrales irréversibles.

Martin : propension à la violence accrue. Capacité à faire pousser des griffes à la place de ses ongles, et des crocs à la place de ses dents.

Herbert : adore les yeux. Parce qu’il est capable de pyrokinésie et que les yeux de « Maman » sont du feu. Aime jouer physiquement avec les globes oculaires.

Lou : parfois petit garçon. Parfois petite fille. N’a jamais eu de sexe définitif. Au figuré comme en physique. Véritable petit doppelganger.

Remy : pics de force exceptionnel et résistance. Capable de briser un cadenas à main nu lorsque « c’est le bon jour ». Tout comme capable de « repousser » un coup de canif sans subir aucune blessure.

Berthe (et Sept) : l’handicapée des enfants. L’attardée. Mais celle qui tient toujours la main à un ami imaginaire. Qui lui parle. Cet ami imaginaire n’étant autre que Sept. L’enfant mort-né de la fratrie.