The Multiversity

Morticia était spécialement venue au Japon pour voir sa fille Mercredi qui avait décidé de voler un peu de ses propres ailes, de découvrir le monde à sa manière, de découvrir de nouvelles façons de faire souffrir, tant physiquement que moralement. Sur ça, le monde était plein de délicieuses surprises ! Elle ne pouvait pas la priver d'une telle découverte, elle lui avait jadis appris ce genre de choses, mais ce n'était que des choses basiques ou qui se transmette dans la famille et mieux, de mère en fille. Mais il était parfois important qu'elle découvre cela par elle-même. Mais la mère de famille n'était pas venue uniquement pour ça, c'était certes le gros de sa venue au pays du soleil levant, mais elle avait quelques personnes à revoir, que ce soit pour se rapprovisionner dans certains ingrédients rares et unique, voir un peu de famille et faire payer aussi d'autres personnes, mais cela était une autre histoire. Peut-être ira-t-elle voir Mercredi pour ça ? Une petite activité mère fille ? C'était une idée qui était loin d'être mauvaise mais inutile d'aller trop vite, même si ce n'est qu'une question de jours, sa fille chérie pouvait apprendre tellement de choses en si peu de temps. Qui sait, elle pourrait surprendre sa pauvre mère avec certaines méthodes horribles et douloureuses. Oh, peut-être même voudrait-elle lui faire goutter cela ? Ce serait si gentil de sa part...

Elle arriva dans cette ville très Japonaise, un mélange de modernité et de son passé qui a été forgé ici. C'était d'ailleurs dans cette ville que résidait sa fille pour le moment ? Elle n'allait pas aller la voir, mais qui sait, elle pourrait la croiser ? Ça gâcherait un peu la surprise, mais ça en restera une malgré tout. Faisant son petit chemin, cette dame tout de noir vêtu tout comme sa chevelure, à la peau pâle était juste accompagné d'une ombrelle. Elle était tentée de par le cimetière du coin pour se ressourcer un peu, mais elle gardera le meilleur pour la fin, son chemin l'amena d'abord face à un endroit bien opposé au cimetière, une école. Vu les jeunes gens, ici, cela devait sûrement être un lycée ou un collège ? Elle a toujours aimé voir les enfants en uniforme, si peu d'écoles proposaient ce genre de choses. Le privé, oui, mais ce n'était pas forcément meilleur pour autant. Cependant, fixant ce grand bâtiment au loin, elle en ressentait bien des énergies qui s'en dégageaient, plusieurs types de magie, oui... Cela ne pouvait pas être l'heure d'une seule sorcière ou d'un sorcier. Même un démon aurait du mal, il y avait tant d'énergie différente. Les Addams avaient toujours eu un lien plus ou moins fort avec la déesse des sorcières, Sha, cette dernière avait peut-être quelques disciples ici ?

Alors que le ciel était d'une teinte orangée, ne laissant qu'une poignet d'élève encore ici pour leur club sportif ou une quelconque autre activité, la belle dame fit ses premiers pas dans l'enceinte, attirant plus ou moins les regards. Elle pouvait avoir l'air étrange, oui, mais pas menaçante, du moment qu'on ne l'empêche pas de voir ce qu'elle désirait. La sublime créature de la nuit pénétra le bâtiment, avançant en silence en se demandant si elle pourrait rencontrer une hurei ? Ces démons japonais qui ont eu leur petit moment de gloire au cinéma il y a quelques années, mais par ici, ce n'est pas une mode, tout comme ce que les gens nomaient venir du monde fantastique comme les loup-garou, vampire et autres, c'était bel et bien vrai, elle était bien placé pour le savoir. Passant devant la bibliothèque, elle ressentait l'énergie magique de cet endroit... Soit une personne était capable de magie ici, soit de précieux ouvrage y était entreposé, peut-être même les deux ? Morticia passa les portes, sa venue étonna la personne derrière son petit bureau, mais Morticia ne lui fit qu'un petit coucou de la main en lui souriant. Nul crainte, elle ne lui fera pas de mal.

Guidée par son odorat magique, elle avançait à pas de loup en suivant ses sens qui la mènera à l'odeur magique la plus forte de cette pièce. Entre les rangées, elle fut d'abord arrêtée par un livre qui semblait banal, mais qui, derrière ses premières pages laissait couler la magie rose. Une magie intéressante, mais qui n'était pas forcément lié à Sha, même si ça ne l'empêchait pas de pouvoir l'utiliser. Surement une sorte de piège ou d'appât pour faire naître quelques envies chez ses jeunes gens ? Elle continua son chemin jusqu'à croiser une demoiselle en apparence ordinaire, mais qu'est-ce qui se qualifiait d'ordinaire ? Allait-elle avoir peur de cette sublime dame en noir, dans sa robe si moulante et pourtant si noir que voir ses formes au travers du tissu révélait de l'exploit ? Son ombrelle replier en main, elle étira ses lèvres dans un très charmant sourire, sa petite voix venait doucement résonné dans ce petit coin, au moins, son timbre de voix n'irait pas déranger les autres personnes ici, sauf si cette petite était décidé à la mettre en colère et encore, Morticia était d'un calme redoutable...

« Bien le bonsoir, jeune demoiselle. Est-ce de toi qui émane cette délicieuse odeur ? »

Sans être clair, elle n'allait pas tourner autour du pot, que cette fille sache ce qu'elle évoquait ou non, elle n'allait rien lui cacher. Elle allait sûrement se poser des questions en voyant cette dame qui était loin, très loin d'être le genre de personne qu'on imaginerait croisé dans ses couloirs.

On l’appelait Hanako-san. Une légende urbaine japonaise évoquait un yokai qui sévirait dans les toilettes des femmes aux écoles, plus précisément à la 3^ème cabine des toilettes du 3^ème étage. La légende variait, mais on disait qu’on pouvait entendre Hanako-san en toquant trois fois à la porte des toilettes. L’esprit frappeur et vengeur pouvait aussi se manifester par des larmes, mais, dans ce cas, il ne fallait surtout pas ouvrir, car, alors, le démon vous emportait. Dans un pays qui était encore très superstitieux, cette légende était palpable et durable. On disait notamment qu’Hanako-san serait l’esprit vengeur d’une petite-fille disparue lors de la Seconde Guerre Mondiale. Ce mythe se retrouvait même dans des jeux vidéos modernes, comme Dead By Daylight, où, sur une carte de jeu inspirée de Silent Hill, et qui se déroulait dans une école, on pouvait entendre, dans les toilettes pour filles, les pleurs d’Hanako-san.

Seule subtilité notable : Hanako-san était inspirée de faits réels. C’est ce que Jane venait d’apprendre de la bouche de ses nouvelles amies, les Morimoto. Reines du lycée, et même de la ville, les Morimoto étaient les héritières du riche clan Morimoto, un clan qui participait à l’histoire de Yoake depuis ses fondations. Lors des évènements liés à l’Olympomachie, Jane s’était retrouvée proche des Morimoto, et avait découvert que la magie existait vraiment. Leona Morimoto, la cadette, Présidente du club social, lui avait dit d’enquêter à la bibliothèque.

« Avec l’Olympomachie, la magie fonctionne bizarrement ici. Hanako-san est réveillée. »

Personne ne connaissait vraiment l’origine d’Hanako-san. Les Morimoto savaient toutefois qu’Hanako-san était un fantôme de Yoake, qui errait dans le lycée Jinmu, et qui était apparue lors de la Seconde Guerre Mondiale, quand la ville avait été dévastée par les Alliés. Les Morimoto n’étaient toutefois pas nées à cette époque. Leur grand-mère avait fait partie des élèves qui avaient permis de sceller Hanako-san, mais celle-ci pouvait désormais se réveiller… Et était d’ailleurs susceptible d’être déjà réveillée. En tant que sorcière en herbe, Jane se devait donc d’enquêter.

Elle avait eu accès aux réserves confidentielles de la bibliothèque du lycée, et lisait donc les vieux journaux et registres datant de l’époque. Elle lisait ainsi un article de presse datant de l’époque :

Une nouvelle disparition inquiétante au sein du lycée Jinmu

Les autorités du lycée ont signalé la disparition d’une nouvelle élève survenue au sein du lycée Jinmu. Ce nouveau lycée, qui vient tout juste d’être inauguré par les autorités civiles et militaires américaines, a pour but de recueillir les multiples orphelins de notre région. Les autorités mènent toutes les recherches et investigations nécessaires pour retrouver Sakura Komoko. Interrogé sur cette disparition, le capitaine Jim Still, des forces américaines, a assuré que « tout étais mis en œuvre pour retrouver dans les meilleurs délais Mademoiselle Komoko ». Pour l’heure, la piste privilégiée par les autorités reste une fugue.

Il fallait évidemment se replonger à l’époque, mais Jane n’aimait pas ça. Ça puait ! Les Japonais de l’époque avaient accusé les Américains d’avoir enlevé les enfants pour les vendre sur le marché noir, on avait également soupçonné les Yakuzas.

Jane s’interrompit soudain en sentant une présence devant elle. Elle leva la tête, et vit une femme en longue robe noire gothique, une ombrelle à la main et de longs cheveux bruns, qui se tenait devant elle. Les yeux de Jane s’écarquillèrent sous la surprise.

« Euh… »

Face à cette dame-corbeau, Jane regarda autour d’elle brièvement, comme pour être sûre que cette femme parlait bien à elle. Ne voyant personne d’autre, elle reporta son attention sur cette femme, et perçut en elle une forte énergie magique. Ses pouvoirs magiques s’étaient réveillés depuis la crise de l’Aether, quand elle avait croisé sa grand-mère, et un frisson nerveux incontrôlable la traversa.

« Fuck, vous… Vous êtes une sorcière ! »

Une sorcière du style… Genre, une vraie sorcière ! L’information était stupéfiante pour Jane, qui en avait même perdu ses saillies habituelles, et ne savait plus quoi dire.

Morticia était venue dans cette ville pour revoir son enfant, mais rien ne l'empêchait de faire un petit détour avant. Cela restait une surprise après tout, ce n'est pas comme si Mercredi était en train de l'attendre ? Elle comptait visiter cette ville d'où circulait une drôle d'ambiance, elle y sentait la magie ambiante, surtout dans ce lycée. Les Adams ont toujours été habituées à côtoyer ce que les humains nomment surnaturels, les morts, les loups-garou, les vampires, mythiques pour certains, mais pour eux, ce n'était que des amis et parfois de la famille. Elle suivait donc cette piste, cette odeur qui l'avait amené au lycée, parcourant les couloirs jusuqu'à trouver une demoiselle à la bibliothèque qui lisait un ouvrage. Difficile à dire ce que c'était, ce n'était en rien une bande dessinée en tout cas. Morticia parlait le japonais, sans être une experte, elle pouvait parler sans mal avec une personne née ici. La lecture, c'était un peu plus délicat, elle a dû reprendre avant de venir ici, elle pouvait donc lire leurs caractères, mais Morticia s'y prenait lentement donc, mieux vaut ne pas lui demander de lire rapidement un texte. Et puis, elle n'avait pas de jumelle à la place des yeux. Cela pouvait être un livre d'histoire comme un roman, elle ne saurait faire la différence d'ici. En tout cas, la demoiselle avait réagi à sa présence, à ses salutations, de façon un peu grossière, mais elle n'allait pas en tenir compte.

Quand elle la désignait de sorcière, le sourire de Morticia s'élargit un peu, un changement à peine visible. Elle ne fit rien d'autres que sourire légèrement plus sans bouger, pas un pas de plus ou autres.

« Bien, je vois que n'aurais pas besoin de tourner autour du pot, jeune demoiselle. Je ne te veux aucun mal, ma chérie, sache le pour commencer. »

Sa voix était si calme, si douce, on pourrait croire un ange parlé, si elle n'était pas habillée de la sorte. Morticia n'avait rien contre son propre look bien évidemment, mais elle savait que la plupart des gens observaient bizarrement les gens tout de noir vêtu. Pourquoi devrait-on bien s’habiller uniquement pour les enterrements ?
Gardant son regard posé sur elle, elle ne voulait pas l'effrayer, ni même la faire fuir, juste l'aider si besoin.

« Mais, me résumer à une simple sorcière serait bien réducteur vu mes connaissances en la matière. »

La botanique, l'art des potions, la nécromancie, bref, elle en connaissait un rayon. Sans exceller dans tous les domaines, elle était plutôt bonne dans les choses qu'elle pratiquait. La belle dame en noir pencha doucement sa tête sur le côté en observant la jeune demoiselle.

« Qu'est-ce que tu lis d'intéressant ? Est-ce pour tes devoirs ? »

Que voulait Morticia ? La question était légitime, elles ne se connaissaient pas après tout, mais elle l'avait dit, elle ne lui voulait aucun mal. Et puis, c'était autant une vraie question que pour la mettre en confiance. Elle semblait assez familière avec son monde pour la voir de suite en sorcière, et non pour s'en moquer, donc, elle n'avait pas besoin de sous-entendre des choses, elle avait un début de réponse pour le moment. La belle femme en noir se contentait d'observer, déduire pour le moment, l'odeur magique autour de cette jeune enfant lui rappelait les débuts de sa fille, Mercredi. Était-ce une apprentie sorcière ? Il était encore bien trop tôt pour lui faire invoquer Sha, elle devait maîtriser son sujet. Un minimum. Elle s'approchait doucement, elle ne voulait pas lui faire peur, juste la voir de plus près, mieux analyser son odeur et observer de plus près ce livre qui n'avait rien de magique, mais qui l'aiderait peut-être à mieux cerner ce que recherchait cette jeune demoiselle ?

« Tu peux me parler en toute franchise, tu sais ? Je ne dévoilerais rien. »

Sa voix n'était que la soie qui passait sur ses tympans, une douce voix où la violence et la menace n'arrivait pas à se poser.

Cette femme était vraiment très spéciale ! Jane sentit très rapidement, et instinctivement, qu’elle était une sorcière. Elle le sentait sans pouvoir se l’expliquer, et, quand cette nana gothique super-sexy se mit à parler, Jane blêmit. Elle percevait la magie suintant de ses lèvres, la faisant doucement vibrer. C’était exactement ça. La jeune apprentie-sorcière sentait comme une sorte de résonance en elle, de vibration. La femme se rapprochait d’elle, parlant calmement, lui demandant ce qu’elle lisait, et ce qu’elle faisait là.

« Euh… Well… »

Rencontrant une vraie sorcière pour la première fois, Jane ne savait pas trop quoi dire. Cette femme avait beau être détendue face à elle, elle n’en restait pas moins très impressionnante !

« Je me renseigne sur une légende locale… Hanako-san. Vous savez, le… Le fantôme des toilettes… On dit que ce mythe urbain vient de cette ville, alors… »

Elle déglutit un peu. Curieusement, personne ne leur disait de se taire, alors qu’elles étaient dans une bibliothèque. Est-ce que cela venait de l’aura de la sorcière ? Jane rougit un peu, légèrement. Elle n’aurait su dire en quoi, mais cette femme l’intimidait. Jane se racla la gorge, ne sachant pas trop si Hanako-san risquait de vraiment intéresser une sorcière.

*Arrête de faire des conneries, pauvre cruche ! Tu en as une qui est là, une sorcière ! Ça fait des mois que tu en cherches une, depuis que tu as débarqué à Yoake !*

Jane se pinça les lèvres, puis reprit en fermant le livre, et releva son regard vers la femme, puis parla d’une traite et à toute allure :

« Je… Je m’appelle Jane Watson, et je viens des États-Unis… De Californie. J’ai appris que ma grand-mère était une sorcière, et que je descendais visiblement d’une lignée de sorcières. Dans les carnets de ma grand-mère, elle faisait référence à cette ville en disant que c’était ici, lors d’un pèlerinage, qu’elle avait découvert l’étendue de ses pouvoirs. Alors, j’ai convaincu Nell, ma grande-sœur, qui est pas une sorcière, elle (je sais pas pourquoi, mais whatever), de venir ici. On a emménagé, mais j’ai pas trouvé de sorcière ou de truc vraiment magique, à part des boutiques d’escrocs. Et, récemment, y a eu tout ce fucking mess avec les Dieux, et ce bazar au Palais Impérial. J’ai rencontré une nana rose en latex avec des tentacules qui lui sortent du cul – si, si, j’vous jure, mais j’ai surtout retrouvé ma grand-mère… Qui avait disparu peu de temps après avoir donné naissance à ma mère, et qui a pas pris une rude. Fuck, elle est tellement sexy ! Mais elle est coincée ailleurs… Dans une dimension parallèle ou j’sais-pas-quoi, et je cherche à la faire sortir, mais j’y comprends rien, et… »

Elle se tut alors, et se pinça les lèvres. Reprenant son souffle, Jane poursuivit ensuite :

« Enfin… Je cherche une sorcière pour me former… Madame. Et… J’ai de quoi payer… Si vous avez besoin d’argent… Je sais pas… »

Morticia pouvait être intimidante, ça oui. Elle ne faisait pas deux mètres de haut comme de large, elle était très calme et sa voix très douce, mais même sans hausser le ton, son regard et son ton pouvait être plus dangereux qu'un revolver poser sur une tempe. Assise face à la jeune fille, elle l'écoutait, attendant les réponses à ses questions, car ce qu'elle lisait était peut-être intéressant et puis, il faut bien lancer la conversation. Qu'elle le sache ou non, la sorcière sentait bien que cette petite avait du potentiel, après, savoir son parcours, c'était justement ce qu'elle cherchait à savoir. D'abord intimidée, elle bégayait un peu avant de se lancer dans une longue et complexe explication dont Morticia avait retenu certains éléments, les plus importants à ses yeux. Rien que cette histoire de Dieu, si elle faisait référence à ce que sa déesse lui avait raconté, cette petite n'était pas une simple et banale fille. C'est après que cette histoire se soit tasser qu'elle a laissé Mercredi partir au Japon, ici plus précisément. Bien entendu, dans le monde, on a relayé la chose comme une cause « normale » sur Terre, on a évité les termes de divinités, de guerre, de monstres ou autres.

Les gens ignoraient que bien des créatures fantastiques vivaient autour d'eux et non, ils ne sont pas aussi méchants qu'on aime les décrire. Forcément, il y en a, oui. Comme parmi les humains, il y avait des tueurs en série ou autres, des petits cas à part. Les Adams en connaissaient beaucoup, leur grande famille avait de nombreux contacts après tout. Même si leur famille avait bien des tragédies pour eux comme pour ceux qu'ils ont côtoyer, le malheur n'était pas forcément une mauvaise chose... Ou alors, pas dans le bon sens. Comme cette pauvre tante Adams brûler vive, traitée de sorcière, un des modèles de sa chère et tendre fille chérie. Morticia gardait ce doux sourire sur les lèvres, son regard posé sur cette petite demoiselle, elle ferma les yeux en secouant doucement la tête.

« Je ne te demanderais pas d'argent. »

Surtout que leur famille n'en avait que trop. Elle se redressa doucement en venant lui prendre le livre des mains pour lire par elle-même le titre, ignorante si c'était une source sûre ou un ramassis de bêtises. Les légendes urbaines n'étaient pas son domaine de prédilections, mais certains contacts dans le coin pourraient lui en dire plus à l'occasion. Elle n'allait pas tourner autour du pot comme elle savait ce qu'elle voulait et qu'elle savait certaines choses. Sha ne l'avait pas encore approché apparemment, mais la divinité n'apparaissait pas non plus à chaque sorcière, comme ça. Morticia a bien éduquer sa fille, et elle avait attendue un peu que sa fille maîtrise un minimum la magie avant de lui présenter leur déesse. Certaines sorcières faisaient peut-être payer leur service, mais... Elle sentait que cette petite n'avait pas besoin de dépenser son argent. Elle pourrait faire une bonne sorcière ? En tout cas, avant de retrouver sa fille, elle allait gérer son cas, un minimum.

Sa douce main froide glissa sur sa joue, son regard était celle d'une gorgone, figeant sa proie sur place, même si aucun pouvoir de sortait de ses yeux, seul à seul, Morticia savait sur elle bien des regards.

« Je vais m'occuper de ta formation, ma petite... Ce sera l'occasion pour moi de me familiariser avec la ville par la même occasion. »

Sa main glissait doucement, on pouvait se demander si elle n'allait pas lui voler un baiser ou planter ses dents dans son cou. Vu son apparence, elle aurait bien pu être une vampire. Ce n'aurait pas été la première Adams à avoir du mordant, mais non... Morticia n'avait rien contre le goût du sang, mais elle n'était pas non plus une suceuse de sang.

« Réglons les choses dans l’ordre, tu veux bien ? Tout d'abord, si j'ai bien compris, tu vis seule ? Ou avec des gens ? »

Elle avait dit être venue avec sa sœur, mais vivent-elles ensemble ou non ? Cela sera l'occasion d'habiter chez elle en guise de dédommagement si elle pouvait. Sinon tant pis, elle trouvera bien un coin où loger, elle avait une adresse en tête comme elle ne comptait pas revoir Mercredi tout de suite. Un hôtel un peu spécial pour les gens comme elle. Toujours près d'elle, elle maintenait ce doux ton de voix aussi doux qu'une caresse.

« Je m'appelle Morticia Adams. Comme tu n'es pas d'ici, tu peux m’appeler Madame Adams, ou même Madame Morticia si tu es à l'aise avec cette idée. »

Du moins, en public, elle aura d'autres consignes à lui donner en privé. Elle sera sa tutrice magique après tout, elle va devoir obéir à certaines règles ancestrales des sorcières. Si cette petite tenait à libérer sa grand-mère bloquer dieu sait où, il lui faudra du temps pour creuser la question et tout savoir à ce sujet mais, cette Hanako-san l'intéressait vraiment ou ce n'était que pour tuer le temps ? Elles vont avoir tant à se raconter...

Face à cette femme, Jane était en train de perdre tout son bagout usuel. Elle lui caressa doucement la joue en lui affirmant, le plus simplement du monde, qu’elle serait sa tutrice magique… Sa formatrice ! Jane, qui avait suggéré cela, en resta pantoise. Elle rougit, en se disant que cela aurait dû être plus compliqué… Mais qu’en savait-elle, après tout ? Mis à part son expérience des films, elle n’avait jamais eu l’occasion de voir à quoi ressemblait une formation magique ! Est-ce qu’elles allaient signer quelque chose ? Un contrat ? Ou est-ce que cet accord oral allait suffire ? Mais, dans ce cas, en quoi consisterait sa formation ? Allait-elle faire des trucs comme dans Harry Potter ? Non, elle n’imaginait pas la magie se réduire à l’utilisation d’une baguette de sorciers ! Face à elle, Morticia Addams lui assura qu’elle ne souhaitait pas d’argent, et lui demanda comment elle vivait.

« Ma sœur et moi, nous vivons en colocation… Enfin, elle dort plus souvent chez ses amis que dans notre loft. »

Pourquoi cette question ? Est-ce qu’elle allait devoir déménager ? Jane rongeait son frein et les multiples questions qui lui venaient à l’esprit. Elle soupira ensuite en sentant la main de Morticia continuer à glisser sur sa joue, lui caressant doucement le visage. La puissance qui se dégageait chez cette femme, Jane la sentait dans ses tripes. Oui, cela ne s’inventait pas, c’était bel et bien une sorcière ! Jane frémit donc doucement, et se pinça les lèvres.

« Mais… Pourquoi une telle question, Madame Morticia ? Vous voulez que j’emménage ailleurs ? Et en quoi consistera cet entraînement, d’ailleurs ? Je dois bien vous avouer que… Pour l’heure, je m’entraîne à fabriquer des potions, mais ce que vous proposez ne se limitera pas qu’à l’alchimie, je suppose ? »

En parfaite ignare refusant de l’assumer, Jane vantait ses qualités en matière alchimique, comme pour montrer à cette femme qu’elle n’était quand même pas si inutile que ça !

Morticia était une femme qui savait ce qu'elle voulait, même si elle n'avait pas fait toute cette route pour cette petite, elle pouvait bien lui tenir la main un petit temps avant de revoir Mercredi. L'aider, elle, comme ça, sa fille avait aussi l'occasion de faire quelques pas toute seule avant de revoir sa chère maman. Belle, sensuelle, un calme froid, mais qui collait à sa beauté, elle interrogeait cette petite en se disant quand même que, si elle n'avait pas éloigné l'idée d'aider une sorcière ou une créature sur le chemin, elle ne s'attendait pas à ce que cette personne ne soit pas japonaise de souche. Enfin, ça prouvait bien que le monde s'était en général bien ouvert aux autres. La petite Jane était bien curieuse, mais après tout, quoi de plus normale. Morticia étira très légèrement son sourire alors qu'elle déposa sa main sur la sienne, déjà sur ses cuisses. Une pose très « La Joconde » dans une allure plus gothique.

« La fabrication de potion est l'une de mes spécialités, tu sais. Je pourrais t'enseigner mon savoir par la même occasion. L'alchimie est une forme de magie après tout. Mais nous aurons tout le temps de voir cela ensemble. Mon enseignement comprend un large choix de possibilité pour toi. Je ne dis pas que j'excelle dans tout, mais tu es entre de bonnes mains. »

Morticia n'était pas du genre à se vanter et à crier sur les toits être la plus forte des sorcières. Non, elle était une bonne sorcière, mais elle était loin de pouvoir faire partie du cercle très privée de Sha. Elle n'allait pas perdre face au premier démon qui viendra la menacer, mais elle connaissait des sorcières plus fortes qu'elle, enfin, inutile d’apeurer cette petite avec ce genre de choses. Potion, magie, malédiction, il y a tant à lui apprendre.

« Mais ne craint rien, j'aimerais juste te demander ce service qui est, d'habiter chez toi et ta sœur. Oh, ne t'inquiète pas, je compte payer le temps que je resterais à tes côtés. Il n'est pas question de vivre à vos crochets comme ça. Vois-tu, je viens tout juste de débarquer ici, je connais donc un hôtel ou deux, mais, quitte à t'apprendre des choses, il me sera plus simple de t'avoir sous le même toit que moi. »

Elle ne disait pas pour le moment pourquoi elle était au Japon, non pas qu'elle le cachait, juste que le dire était inutile. Et puis oui, elle avait de quoi payer donc elle paiera sa part du loyer, aucune crainte à ce sujet et concernant sa sœur qui pourrait ne pas être d'accord d'héberger une inconnue chez elle, surtout en la voyant tourner autour de sa petite sœur, elle avait la solution.

« Un morceau de racine de mandragore, une larme de vierge, une pincée d'os de loup broyée, un de tes cheveux pour l'attachement familial et... une pointe de sucre pour rendre le tout pour agréable à avaler. Avec ses ingrédients basiques, ta sœur me verra comme un membre de ta famille et ne pourras pas me dire non. »

Ingrédient basique quand on sait où se fournir. Oui, l'alchimie n'avait pas de secret pour Morticia, il faut dire que sa belle-mère était une grande sorcière concernant la fabrication des potions donc si elle n'était pas la meilleure Addams pour ça, elle était quand même dans le top trois. Elle replaçait une de ses mèches derrière son oreille, dans un geste très sensuelle avant de répondre à une autre de ses questions en attente.

« Tu auras tout ce qu'il faut pour maîtriser la magie et ce qui l'entoure. Bien entendue, je ne te demanderais pas d'invoquer une succube dés ton premier jour, il ne faut pas jouer à ce genre de choses quand on en ignore la marche à suivre. Attends-toi donc à beaucoup de leçons à apprendre, mais ne t'inquiète pas, je te montrerais ce que tu pourrais faire en suivant mes leçons. Il faut bien que je sache entretenir ta flamme pour que tu continues d'être consciencieuse dans ton apprentissage. »

Elle comptait lui offrir même plus que de simples cours, mais même si Jane semblait réceptive à sa beauté, elle n'allait pas aller sur ce terrain tout de suite. Disons qu'elle sera son professeur particulière et si ça lui parle ou la motive, ce sera un peu Harry Potter, en beaucoup moins cul-cul, plus sérieux aussi. Oh, et la baguette n'était pas inutile, c'était pratique pour les débutants après tout. Après, en général, les sorcières n'en ont plus besoin, au pire, elles détiennent un sceptre ou un bâton pour s'aider, mais les baguettes, c'était un cliché, du moins, en tant que sorcière accomplis. Pour débuter, c'était une bonne chose. Morticia relevait sa main vers elle, ses doigts fins parcouraient son visage si doux.

« Alors, m'acceptes-tu comme ton professeur particulier ? »

Sa voix si douce, sensuelle et langoureuse était une arme à elle seule. Maintenant qu'elle avait expliqué son programme dans les grandes lignes, c'était à elle de choisir, elle ne forçait personne, si elle voulait trouver quelqu'un ou même ne jamais exploiter son talent, ce serait dommage, mais ce serait son choix.

Jane était assez nerveuse, bien entendu. Cette femme… C’était une vraie sorcière ! Celle qu’elle avait toujours espéré voir en venant ici ! Elle avait parfois cru désespérer, mais, finalement, c’était de la façon la plus inattendue qui soit qu’une sorcière s’était déplacée sous son nez. Elle était là, face à elle, cette sorcière puissante. Morticia n’avait pas besoin de s’imposer, de menacer, ou de hausser le ton, sa seule présence dégageait une énergie qui vibrait tout autour de Jane. La sorcière lui demanda de vivre chez elle, expliquant qu’elle comptait payer son loyer. Jane en fut un peu surprise. Cette sorcière n’avait pas de pied-à-terre ici ? Elle cligna des yeux pendant quelques secondes, et lui répondit rapidement :

« Et bien, vous êtes la bienvenue chez moi, bien sûr… Mais vous faire payer, c’est inacceptable. Je ne ferai pas payer un loyer à ma professeure ! Si cela vous chagrine, dites-vous que les enseignements que vous me prodiguerez feront office de loyer. Quant à Nell… Inutile de vouloir lui faire boire votre potion, elle se fera à votre présence. C’est pour ça que nous sommes venues ici, afin que je perfectionne mes talents magiques. »

La jeune Californienne prenait cela très au sérieux, assurément. C’était ce qu’elle faisait de mieux, c’était ce qu’elle souhaitait perfectionner !

« Donc, oui, ça me va… Je dois vous appeler comment, du coup ? Madame ? Et… Comment on fait ? Vous voulez voir mon appartement, peut-être ? Vous avez une voiture ? Sinon, on peut prendre les transports en commun, mais… Enfin, vu votre look, je suppose que vous avez une voiture. »

Elle avait le look et le port altier d’une bourgeoise ! Jane ne l’imaginait pas venir ici sans un véhicule spécial avec chauffeur. Une limousine, peut-être ? Il ne fallait pas non plus exagérer. Ou alors, elle comptait les téléporter ? Ah, Jane avait encore tellement à apprendre sur ce monde, sur qui elle était, et sur ce qu’elle était capable de faire !

Morticia avait bien entendue de quoi se loger ici, les Adams y avaient une résidence secondaire mais seule dans une si grande demeure, ce n'était pas très pratique. Elle pouvait bien se loger dans un hôtel pour les gens comme elle le temps de revoir sa fille, mais vu que ses plans ont un peu changé de route, elle voulait pouvoir être au plus proche de sa jeune élève. D'ailleurs, cela était plus simple si la sœur de Jane était au courant de ce genre de choses, ça évitait les potions et les futures possibles quiproquo à gérer, même si cela pouvait être drôle. Après tout, ce n'est pas toujours que les autres membres de la famille étaient dans le coup ou acceptaient la voie de leurs enfants. Ils trouvaient spéciale, macabre, horrible, mais n'est-ce pas plutôt ce que le commun des mortels font subir aux sorcières qui est horrible ? Mercredi avait eu sa période où elle fut fascinée par son ancêtre qui avait brûlé à Salem, il était normal dans un sens qu'elle veuille en savoir plus sur la famille Adams à travers les âges.

Maintenant qu'elle avait mis le doigt sur ce qui troublait sa perception des choses dans cette école – Jane ne devait pas être la seule chose, mais disons que l'aura était la plus familière de ce qu'elle aurait pu trouver ici – elles pouvaient se rendre dans son appartement donc. Toujours silencieuse avec ce léger sourire aussi froid que chaleureux, Morticia observait la jeune femme, ses doigts fins et froids passant sur son visage, son regard était comme celui d'un prédateur qui avait bloquée sa proie dans un coin, elle ne pouvait fuir, juste accepter sa mort. Mais Jane ne risquait rien, juste d'ouvrir les yeux sur bien des choses que sa nouvelle voie allait lui permettre d'atteindre.

« Madame, Madame Adams ou Madame Morticia, tu peux sélectionner ce qui te plaît pour le moment, ma chère petite. Pour ce qui est de mes bagages, on me les fera livré une fois que j'aurais l'adresse à fournir, et quant à la façon d'y aller, je te suivrais. Je n'ai pas de voiture ici, ni même de chauffeur, il est resté à la maison. Elle ne va pas s'entretenir toute seule après tout ? »

Elle pourrait bien lancer certains sorts pour ça, mais Max était un majordome si fier de son travail, même si elle pouvait faire cela pour l'aider, il pourrait prendre la mouche. La belle dame en noir retira les mains de son visage, passant son bras sous le sien, gardant son ombrelle plié à son autre bras pour le trajet.

« Ce sera à toi de me guider jusqu'à chez toi, Jane. Je te laisse choisir le chemin que tu jugeras le mieux pour nous. »

Pas besoin de sortir le grand jeu, Morticia savait marcher et n'allait pas se sentir insulté d'emprunter une rue pitonne, elle n'était pas ce genre de femmes. Elle avait de bonnes manières, elle était distinguée, cela ne voulait pas dire pour autant qu'elle en faisait des caisses. Quand ils avaient temporairement perdu le manoir, elle a su s'adapter et vivre dans ce petit motel avec sa famille le temps de reprendre leur manoir des mains de cette hideuse vieille femme et d'Oncle Fétide.

« Dis-moi, ma petite Jane, est-ce que tu as vue des choses ''particulière'' dans cette ville ? Ou dans ta vie en général ? »

Elle avait rapidement évoqué des choses lui étant arrivée récemment, mais qui sait ce qu'elle avait pu voir en long et en large. Même si des choses étranges se passaient partout dans le monde, il est vrai que dans leur milieu, Yoake était un peu la ville où il était le plus simple, au Japon, de croiser des vendeurs un peu spéciaux, des monstres en tout genre cacher dans l'ombre ou au nez des simples humains qui ignoraient tout. S'ils savaient combien de vampire, lycan, sorcières et sorciers et autres se cachaient parmi eux !

À pied, donc… Cela ne faisait pas très classe pour une sorcière ! Est-ce que cette sorcière n’avait pas un moyen de se téléporter ? De voyager sur un balai ou en se transformant en nuée de corbeaux ? Le retour à la réalité était impressionnant ! Morticia souhaitait vivre chez elle, mais n’avait même pas de moyens de locomotion !

*Ma parole, ne me dites pas qu’elle est pauvre !*

Là, pour casser le fantasme… La sorcière pauvrette vivant comme une clocharde au fond des bois, non merci ! Quand on lui parlait sorcière, Jane imaginait des femmes riches, indépendantes, autonomes, à qui les hommes se devaient d’obéir sans rechigner. Elle masqua toutefois au mieux sa surprise, se disant que ce devait être une sorte de test. Morticia l’invita à les mener vers son appartement.

« Hum… Okay, je dois prévenir ma sœur, quand même. »

Jane se releva, et sortit de la bibliothèque, récupérant son téléphone portable. Elle contacta donc sa sœur, et s’entretint avec elle. Quand elle raccrocha, la sorcière l’avait rejoint. Elles s’avancèrent donc, sortant du lycée, se dirigeant vers le métro aérien. C’était le meilleur moyen de rejoindre le centre-ville, et, tandis que les deux femmes marchaient, et que Jane avait en elle cette impression surréaliste de marcher avec une sorcière, elle lui répondit :

« Des choses particulières, j’en vois un paquet à la télévision. Les super-héros costumés, tout ce genre de choses… Mais ici… Ici, c’est différent. Ce lycée, par exemple. Les profs ne le dirigent qu’en apparence, mais, en réalité, il y a des clans. Des clans qui contrôlent le lycée à travers les clubs scolaires et des profs qui sont complices. Ya tellement de trucs bizarres… Des élèves qui viennent une fois tous les mois sans que ça n’émeuve personne, qui n’assistent pas aux cours. »

La jeune femme secoua la tête.

« Je ne comprends pas encore tout sur cette ville, mais, oui, il y a des trucs pas clairs. Et vous ? Qu’est-ce que vous êtes venue faire ici ? »

Morticia, pauvre ? L'idée la ferait bien rire si elle savait ! Enfin, elle n'était pas du genre à étaler sa fortune face aux autres, elle se contentait de peu. Voyager jusqu'à chez elle, ça ira si c'est en ville, si c'est trois villes plus loin, là oui, une méthode de transport s'impose ! Non pas que cela soit un test, elle observa tout de même sa jeune amie en chemin, elle pouvait sentir, sans savoir précisément de qui il s'agissait sans user de magie, qu'effectivement, il n'y avait pas que de simples humains autour d'elles. Elle le ressentait, un pouvoir magique par-ci, un sort pour camoufler son apparence, il y avait toute sorte de choses qui vibraient tout autour d'elles. Se questionnant sur le fait de savoir si Jane savait ce qui l'entourait, en général, dans cette ville, elle ne pouvait désigner une personne en particulier, mais elle voyait bien que des choses étranges se passaient. Morticia ne pouvait pas savoir comment était gérer cette école, qui la contrôlait, mais vu ce qu'elle en disait, il y avait anguille sous roche. Elle-même l'avait sentie que quelque chose de bizarre se tramait ici, ce n'est pas que le pouvoir magique de Jane qui l'avait poussé à pénétrer cette école.

Marchant à vitesse normale, Morticia semblait presque glisser et non marcher au sol. Et pourtant, en tendant l'oreille, on pouvait entendre le bruit de ses pas, discret. Elle n'avait pas le talent des assassins Adams, mais ce n'est pas pour autant qu'il fallait la sous-estimer dans ce domaine. Gardant son ombrelle pour se cacher du soleil, elle observait la route, sa voix douce continuait de sortir de sa bouche, une douce voix pleine de douceur et de supplice.

« J'étais venue au Japon, dans cette ville, pour rendre visite à ma fille. Elle a voulu prendre son indépendance et voyager un peu alors, je veux lui faire la surprise de venir voir comment elle s'en sort toute seule. Mais j'avais aussi deux ou trois petites choses à régler ici alors, autant joindre l'utile à l'agréable. »

Récolter quelques produits rares sur le marché noir – non pas que ce soit interdit, c'était le terme du marché pour les sorcières et autres créatures – ainsi que voir certaines personnes qui avaient une dette envers la famille Adams. Il était venue le moment de payer d'une façon ou d'une autre. Mais elle préférait taire cela, Jane n'avait pas besoin de savoir ce genre de choses pour le moment. Prenant de vitesse Jane, elle préférait lui parler de sa fille, avant que la question ne tombe, ne sait-on jamais si elle l'aurait déjà croisé en ville ?

« Elle se prénomme Mercredi, c'est une charmante demoiselle au teint pâle, coiffé de deux nattes, elle porte toujours du noir, tout comme une bonne partie de ses idées. »

Cela n'était pas dit de façon inquiétante, sa fille a toujours aimé le morbide, comme tout membre de la famille, à vrai dire. Elle se souvient encore de ses bambins, expérimentant des engins de mort l'un sur l'autre, ah, que de tendres souvenirs quand ils étaient si purs et innocents.

« Si ton éducation se passe bien, je pourrai être amené à te la faire rencontrer ? Vous pourriez bien vous entendre toutes les deux. »

Bien entendue, elle aurait d'abord besoin d'un moment uniquement entre mère et fille, mais Morticia n'allait pas quitter cette ville aussitôt après avoir revue sa petite Mercredi, surtout si elle devait chapeauter l’entraînement magique de Jane à présent. Néanmoins, si Morticia devait l'éduquer sur la magie, elle allait devoir savoir une chose très intime d'elle, mais elle était une dame bien élevée et attendra d'être chez elle pour la poser. À savoir, si elle était encore vierge ou non ? Cela n'allait pas changer grand-chose, mais disons que si sa virginité était offerte à Sha, elle aurait pu bénéficier d'un plus grand pouvoir ou d'une facilité à maîtriser les sorts. Enfin, faut-il connaître la façon de faire pour invoquer Sha pour une telle offrande. Cela n'était pas obligatoire pour être une bonne sorcière, sa fille par exemple, n'a pas eu sa première fois avec la grande déesse.

Au milieu de la populace du métro, Morticia jurait un peu, avec sa longue robe noire gothique, ses seins généreux, et sa silhouette sculpturale. Les gens l’observaient lentement, discrètement. Il y avait parfois des types atypiques au Japon, surtout le week-end, quand il n’y avait plus à porter l’uniforme scolaire. Jane se rapprocha d’une banquette, et s’assit dessus. Morticia s’assit à côté d’elle, et Jane se racla nerveusement la gorge. Le métro démarra ensuite, et Morticia lui parla alors de sa fille… Mercredi. Un nom atypique ! Jane savait que c’était un mot français pour désigner un jour de la semaine. Pourquoi la nommer ainsi ? En tout cas, elle annonça à Jane que sa fille lui plairait sûrement.

« Si vous le dites… Je ne l’ai jamais vu, en tout cas ! Mais, si c’est une sorcière comme vous, oui, elle est la bienvenue chez moi… »

Morticia observa ensuite les horizons. Jane n’avait qu’à tourner la tête pour voir ses gros seins, massifs et agréables. Elle en rougissait doucement, avant de se reprendre, pensant à autre chose.

« Alors, euh… Vous… Vous n’étiez pas venue initialement pour avoir une apprentie, hein ? C’est l’air magique du Japon qui vous intéressait, c’est ça ? Je me demande ce que ça fait, d’être une sorcière… C’est… C’est genre comme dans Harry Potter ? Genre, ça vous fait pas bizarre, là, d’être entourée de Moldus en tout genre ? En tout cas, si vous devez être ma formatrice, je dois bien admettre que vous êtes… Plus sexy que Dumbledore. Vous avez un petit côté Severus Rogue… Mais en plus sexy ! »

Dans la bouche de Jane, c’était un compliment !

Morticia était donc en chemin avec Jane pour voir où elle habitait, ce sera aussi son lieu où vivre pendant quelque temps. Jane avait beau dire que ses leçons payeront le loyer pour sa venue, elle leur laissera quelque chose quand même, les Addams n'étaient pas pingre, ils avaient de quoi payer un hôtel. Pas une chambre, l’hôtel entier. Et plus même. Enfin, elle verra cela avant de partir, pour le moment, elle allait juste en profiter normalement. Elle ne faisait guère attention aux regards des gens, qui la trouvait étrange, sexy, dévergondé en la jalousant, qu'importe, elle ne faisait de mal à personne. Sa jeune apprentie ignorait qui était Mercredi, mais elle sera la bienvenue à l'avenir, c'était bon à savoir mais Morticia allait d'abord se concentrer sur l'éducation de Jane avant de rechercher Mercredi, ce serait étonnant que cette dernière cherche à la fuir alors, il n'était pas utile de se presser. Silencieuse et calme, la belle ténébreuse remarquait les regards de Jane vers sa poitrine, se doutant bien du genre d'idée qui la gagnait, même si de son côté, elle ignorait si cette dernière était curieuse comme les gens de son âge ou intéressée ? Vierge ou non ? Si elle l'était, elle devrait préparer le rituel pour invoquer Sha, car lui offrir sa virginité, c'était une belle première fois et cela ne fera qu'obtenir la bénédiction de la déesse des sorcières. Un petit plus pour partir sur de bonnes bases ! Mais même sans, ce n'était pas très grave.

Faisant la causette, elle la comparait à cet ouvrage si célèbre qu'était Harry Potter, une saga de livre sur de jeunes sorciers et sorcières, bien trop gentillet à son goût, mais elle ne jugeait pas les écrits d'une moldu comme ils disent dedans. Si Morticia ou une personne comme elle aurait écrit cela, il y aurait eu plus de mort et de sang. Sans partir vers une chasse aux non-sorcières, il fallait de la mort dans les deux camps. Plusieurs grandes Addams ont péri par les flammes de la chasse aux sorcières, un triste sort, mais aussi jouissif, la philosophie de la famille pouvait paraître étrange pour les gens « normaux » mais Morticia ne jugeait pas, chacun vivait comme il le souhaitait tant qu'il ne faisait pas de mal et que le tout était consentie.

« Je ne suis pas experte en la matière, mais je vois de qui tu parles. Apprendre les potions aux jeunes gens est une bonne chose, mais il faut leur apprendre au plus vite ce qui est dangereux, un peu comme une sélection naturelle, plus vite, on sait ce qui devient poison, plus vite, on sait l'éviter. Ou s'immuniser, tout dépend de la dose. »

Ce cher Raspoutine consommait quelques gouttes de poison tous les jours, pas de quoi le tuer, mais préparer ses défenses naturelles, évitant ainsi de mourir quand des ignares ont tenté de l'empoisonner. Au pire, il a eu quelques crampes d'estomac. Les Addams ont bien connu ce dernier, parait-il, tout comme il était bien équipé sous la ceinture ! Enfin, ce dernier est mort depuis longtemps donc, inutile de s'attarder.

« Même si je suis doué dans ce domaine, je ne m’attribuerais pas tous les lauriers, c'est grand-maman Addams qui est la plus experte à la maison concernant les potions. Elle saurait tuer tous ces gens en trouvant une potion qui, dispersé dans ce wagon pourrait leur offrir une douce mort affreuse et douloureuse. »

Elle disait cela avec un naturel, et peut-être une légère excitation vue comment sa poitrine pâle se soulevait. On lui attribuait bien des regards plus méfiants, mais rien à craindre, elle parlait de la grand-mère Addams qui était ici absente et, elle avait juste parlé d'une hypothèse, en aucun cas elle n'aurait envie de tuer ces gens. Savoir manipuler la magie et toute forme de torture ne veux pas dire qu'ils sont de grands méchants, se mettre la famille à dos, par contre, c'est une autre histoire...

« Mais pour en revenir à ta demande, je suis venue ici, en plus de voir ma fille, pour renouveler mon stock de certaines potions ou juste d’ingrédients. Ainsi qu'aller à la rencontre de quelques personnes qui doivent un service à la famille Addams, m'assurer qu'ils n'ont pas oublié et qu'il est temps de payer. »

Payer avec de l'argent ou par le biais d'un service, tout dépendra de la situation. Mais oui, celui ou celle qui ne pourra ni faire l'un ou l'autre... il va amèrement regretter d'avoir croisé la mort en personne, même si au moins, ses yeux auront pu voir combien la mort pouvait être sexy. Qui sait, elle y amènera peut-être Jane et/ou Mercredi, elle devait aussi apprendre à gérer ce genre de choses. Oui, la famille avait des gens pour se charger de ça, mais parfois, on est jamais mieux servit que par soi-même et puis, ça remet bien en place l'idée que les Addams ne sont pas juste riches, ils sont redoutables ! Elle se tourna vers elle, un doux sourire sur ses petites lèvres noires alors que le dos de sa main glissa sur la joue de son apprentie.

« Tu es encore un peu inexpérimenté pour ça, mais peut-être qu'avant mon départ, tu pourras voir ce que ça donne ? »

Enfin, dans l'optique ou l'un d'eux aura affaire à Morticia, si c'est juste pour le voir rembourser sa dette naturellement, ce n'était pas très intéressant... Tout dépendra du moment. Le métro arrivait donc à leur station, ensemble elles quittaient le train, l'occasion pour Morticia de ressortir son ombrelle en marchant dans la rue. Elle se fichait que les gens pouvaient entendre ce qu'elle disait, elle n'avait rien à cacher et quiconque aurait envie de lui causer des torts le regretterait amèrement...

« Tu sais, le monde n'est pas comme dans ce livre, il y a bien plus de sorcières, de sorciers et de choses que les gens jugent d'anormal autour de soi. C'est juste que nous savons rester discrets, nous sommes loin d'être ce genre de monstres que le cinéma et les livres aiment montrer. Comme les humains, il y des personnes horribles et d'autres bien plus douce. »

On ne pouvait pas dire qu'Hitler était un humain plutôt gentil... Alors traiter une femme de sorcière juste, car elle fait jaillir des flammes de sa main, c'est exagérer à côté.

Morticia lui expliqua qu’elle était douée, mais moins que sa propre mère, qui aurait pu concevoir une potion toxique capable de tuer tout le monde dans le wagon.

« Haha ! Vous avez le sens de l’humour… Dans votre famille… »

Jane ignorait si cela était supposé la rassurer ou non. Cette femme avait de curieux sujets de conversation, presque autant que ses goûts vestimentaires ! Non pas, toutefois, que ceux-ci la dérangent en soi, mais elle n’était pas spécialement discrète ainsi. Néanmoins, Morticia semblait se moquer des regards concupiscents qu’on pouvait lui jeter. Jane était assez impressionnée par elle, sentant son charisme transcender à travers sa puissance. Elle était venue ici pour plusieurs raisons : retrouver sa fille, récupérer des ingrédients, et récolter des dettes… Ce qui amena Jane à se dire qu’elle n’avait guère envie d’être la débitrice d’une femme pareille. Qui sait ce qu’elle pourrait inventer ? Jane allait peut-être devoir s’assurer à nouveau, par la suite, du prix qu’elle aurait à payer pour ses cours. Elle sentit finalement la main de Morticia caresser sa joue, et, devant ce geste affectueux, Jane sentit ses joues s’empourprer. Elle se racla ensuite la gorge, tandis que le tramway était arrivé à la bonne station.

Morticia revint ensuite sur Harry Potter, en lui assurant que ce n’était pas la réalité.

*Sans blague !*

Elle lui assura toutefois qu’il y avait bien plus de sorciers que ce que les gens ordinaires (les Moldus) pensaient. Jane voulait bien la croire.

« Sans doute, mais j’ai eu beaucoup de mal à rencontrer une vraie sorcière… Alors, maintenant que je vous ai, je ne compte plus vous lâcher ! »

Jane reçut un SMS, et s’empressa de le lire. Un léger sourire orna ses lèvres.

« C’est Nell… Elle ne sera pas là ce soir, donc nous aurons l’appartement rien que pour nous deux ! »

Tout en disant ça, le duo avait finalement atteint l’immeuble. C’était un gratte-ciel abritant de nombreux appartements. L’appartement des Watson ne se trouvait pas au dernier étage, mais dans les hauteurs, ce qui offrait chaque matin une vue assez magnifique sur Yoake. Tandis qu’elles rejoignaient l’ascenseur, Jane décida de satisfaire à nouveau sa curiosité :

« Et… Euh… Les gens qui vous doivent de l’argent… Vous allez leur faire quoi ? »

Il était normal que Jane n'ait jamais croisé de sorcières ou de sorcier si facilement, on ne le crie pas sur tous les toits. Sans avoir de ministère de la magie comme dans cette œuvre pour enfants, toute personne pratiquant la magie sait que faire profil bas est important. Montrer qu'on a du pouvoir attire toujours bien des gens, ceux qui voudraient en profitent, défier, ou d'autres personnes plus viles encore. Les Addams avaient peu à craindre des gens, sans être les plus forts sur Terre ou en Amérique, là où sa famille réside, ils avaient le bras long. Elle aura bien le temps de lui parler des choses à faire ou non, quand elle aura le niveau pour se qualifier de sorcière confirmée. En chemin, elle lui informa que Nell, la grande sœur de Jane, sera absente. Pas de présentation tout de suite donc. Très bien, elles seront plus à l'aise pour ce qui se préparait. Arrivant près d'une haute tour de verre – un bien qui serait sûrement possible d'acheter vue la fortune Addams – la demoiselle se questionnait sur ce qui allait arrivée à ses malheureux qui ne pourront pas payer leur dette ?

« Question pertinente. Tout dépend de ce qu'ils nous doivent. Admettons que tu as beaucoup d'argent et tu as prêté diverses sommes à plusieurs personnes. Si deux personnes ne peuvent pas régler leur dette au moment de tendre la main pour reprendre ce que tu as prêté, que se passe-t-il ? L'un te doit cinq Dollars, le second, cent Dollars. Ce que tu demanderas derrière sera sûrement différent des deux. La personne te devant cinq Dollars aura moins à perdre que celle qui te doit cent Dollars. Eh bien, là, ce sera pareil. D'autant que toute dette n'est pas une question d'argent. »

Même si pour la plupart, ça pouvait concerner cela. Mais parfois, on fait appel à sa famille pour des tâches plus sombre et secrète ou même un service nécessitant une potion ou autres. Il ne faut pas croire, les Addams sont charmantes et ont le cœur sur la main. Mais le plus souvent, c'est votre cœur. Donc, quand ils demandent réparation, il faut leur obéir sinon votre cœur se fait écraser, dans le meilleur des cas...

« Mais pour êtres un peu plus transparente avec toi, certaines de ces personnes risquent leur vie si l'ardoise ne sera pas effacée tout de suite. Demander un objet précis et dangereux à obtenir, perdre un membre ou un organe ou même, signer un pacte pour céder leur âme aux démons. Jadis, une des Addams en avait fait sa spécialité, elle allait de porte en porte promettre bien des choses aux gens qui cédaient à la facilité. Il ne faut pas croire, les démons sont généreux, mais plutôt impatients. »

Vous pouviez avoir la vie éternelle, ainsi, l'âge ne vous fait pas peur ! Mais une maison qui s'écroule sur vous, ce n'était pas stipuler dans les lignes du contrat alors, il fallait céder son âme à présent. Vous pouviez facilement devenir le plus riche de tout votre état sans lever le petit doigt ! Mais une grosse fortune attire souvent des personnes mal intentionné... Il était rare de trouver des personnes qui s'en tiraient bien en vendant leur âme au diable... Arrivant enfin en haut, quittant l'ascenseur, Morticia gardait ce sourire aussi clair qu'il pouvait être glacial.

« Bien, je te laisse me faire visiter, je donnerais ensuite ton adresse, qu'on vienne me livrer mes bagages. »

Sa voix si douce était mielleuse et chaude, mais voilà, cette femme était tout à fait charmante, mais quiconque lui veut du mal ou pire, à sa famille, elle devient plus dangereuse qu'un rapace à qui ont essaie de faire du mal à ses petits. Des serres dans les yeux ? Ce serait encore trop doux. Maintenant, qu'elle était « chez elle » pour son petit séjour à Yoake, elle va pouvoir prendre ses aises et surtout commencer à voir certaines choses avec Jane. Sa formation allait commencer juste après avoir fait le tour du propriétaire et qu'elle ai prévue ou apporter ses valises.

Jane n’avait pas tout compris au principe des sanctions, si ce n’est qu’elle ne devait pas s’endetter auprès de cette sorcière. Jane, en tout cas, n’espérait pas se retrouver à devoir quelque chose en échange de sa vie ! Et surtout pas face à Morticia, qui avait quand même l’air sacrément badass dans le genre ! Celle-ci lui demanda d’ailleurs de lui présenter les lieux, de lui faire un tour de l’appartement. Jane haussa les épaules, surtout ravie de pouvoir parler d’autre chose que des techniques de Morticia pour contraindre ses débiteurs récalcitrants à payer ce qu’elle leur devait.

« D’accord… Alors, suis-moi ! »

Son appartement était assez agréable, avec un grand salon comprenant des baies vitrées, longé par long couloir en L avec des portes donnant sur les chambres, la cuisine, la salle de bains, la buanderie… Jane se déplaça rapidement, un peu nerveuse d’avoir cette puissante dame avec elle. Morticia était forte, puissante, il se dégageait d’elle une aura incroyable, une énergie qui intimidait nécessairement la petite Jane. La délicate sorcière termina par sa chambre. C’était une chambre d’adolescente avec un bureau rempli de livres de magie, plus ou moins fantaisistes. Des posters ornaient les murs, représentant des artistes américains. Bruce Springsteen donnant un coup de guitare avec en fond le drapeau américain se trouvait là. Jane avait une bibliothèque abritant des grimoires magiques supplémerntaires, tout ce qu’elle avait pu acheter… Et aussi une statue sur le bureau, représentant une femme à la peau sombre avec de longs cheveux dans le dos.

« J’achète tous les livres de magie ou de sorcellerie que je peux trouver, même si je pense que beaucoup sont juste des arnaques. Cette statue, par exemple… Le vendeur sur eBay m’a certifié que c’était une statue de la Déesse des Sorcières, une certaine Sha, mais je crois qu’il m’a menti… »

Jane ne pouvait pas se douter que cette statue était un totem magique, mais elle ne maîtrisait pas encore assez sa magie pour l’utiliser convenablement… Ce qui n’était pas le cas de Morticia, qui saurait sans doute sentir l’aura magique émaner de la statue…

Oh ça oui, Morticia était aussi belle que fatale. De toute façon, c'était une règle dans la famille, ne jamais se mettre un Addams à dos. Que ce soit rapidement ou tardivement, il ou elle viendra un jour se venger et il sera sans doute trop tard pour demander pardon. Profitant de ce nouveau décor, la belle femme sombre observait simplement, inutile de juger la décoration ou autres, sans rencontrer Jane, elle aurait sûrement passé une nuit ou plus, dans un hôtel. Du moment que l'appartement ne puait pas le rose bonbon de partout, elle n'allait pas s'en plaindre. Même sa chambre était typique d'un ado normal, dans les grandes lignes. Mercredi avait une décoration plus sombre et noire, petite, elle avait toujours l'habitude de guillotiner ses poupées. Elle était si adorable. Jane lui parlait de ses livres soi-disant de magie. Certains, peut-être, éventuellement qu'il y avait une ou deux choses vraies dans ses autres livres, mais de base, la magie n'est pas une chose que l'on trouve en grande surface. Bien évidemment, il y a certaines personnes qui peuvent dire des vérités avec plus ou moins d'impact, mais généralement, on prend ces gens pour des fous.

Cependant, Jane lui montrait une statuette que Morticia pris en main, sentant la magie de la déesse des sorcières. Ce n'était pas ça qui allait invoquer Sha, mais c'était toujours un petit plus pour Jane déjà. Et un bonus pour le jour où elles invoqueront la déesse. Elle devra se présenter à sa divinité quand sa formation sera finie, peut-être ce soir, à une certaine condition qui, elle doutait, pouvait être remplis.

« Au moins sur ça, on ne s'est pas moqué de toi. Sha est la divinité qui lie toutes les sorcières. Il y en a bien quelques-unes qui ne sont pas affiliées à son culte, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, mais il est toujours plus juste de respecter celle qui t'offre ses pouvoirs. Je te conseille de prendre soin de cette statuette. Cela serait mal vu si tu venais à la briser. »

Sha n'allait pas se fâcher pour si peu, mais ce serait dommage de briser cela, volontairement ou non. Les statuettes liées à la divinité n'étaient pas une chose courante, surtout sur Terre. Elle ignorait qui avait pu vendre ça, mais soit cette personne pensait juste arnaquer Jane, soit il se fichait de sa valeur. Non pas que Sha se soit penchée sur son berceau ou celui de sa grand-mère qui en était une, plus ou moins selon ses dires, mais sa famille avait un lien avec les sorcières, que cela date seulement d'un siècle ou plus. Morticia déposait doucement la statuette, elle aura l'occasion de lui expliquer en long et en large, qui était Sha et son culte. Morticia l'avait déjà vue plus d'une fois, sans l'invoquer chaque semaine, la déesse avait passé d'une nuit avec elle.

« Mais justement, en parlant de Sha, j'ai besoin de te poser une petite question, Jane. Je voudrais que tu sois franche avec moi, quand bien même ma question serait déplacée. »

La belle milf en noir se posa face à elle, toujours droite et élégante, elle se pencha doucement vers elle, tenant son menton entre deux doigts. Dans ses yeux, elle semblait autant prête à la rendre heureuse que voler sa vie. Morticia dégageait ce curieux mélange de danger et de tentation, mais Jane n'avait rien à craindre, peu importe sa réponse. Cela avait juste pour but de savoir une chose.

« Est-ce que tu es vierge ? »

Une apprentie sorcière vierge, Morticia ne devait pas succomber à la tentation et laisser Sha prendre la première place. Si elle offrait sa virginité à la déesse des sorcières, Jane serait bénie par cette dernière, mais de nos jours, les jeunes sont trop curieux, il y avait peu de chances que Jane le soit encore. Ce n'était pas grave, cela repousserait juste sa rencontre avec Sha plus tard. Que Jane se penche sur ses études magiques et fasse honneur à sa future déesse en se montrant digne de devenir une sorcière que Sha approuverait. Après, elle ne pouvait pas la forcer, si Jane préférait rester vierge pour une autre personne, c'était son choix, mais il fallait être franc... la demoiselle avait le potentiel pour être très attirante.

« Une jeune fille comme toi... belle, curieuse... tu as dû attirer bien des regards sur toi. Ne crains rien, Jane. Il ne se passera rien, peu importe ta réponse. Je veux juste la vérité pour commencer. »

Après, c'était à elle d'accepter ou non ce que Morticia avait dans ses manches.

Nerveuse, Jane avait toujours trouvé cette statuette curieuse, sans pouvoir se l’expliquer clairement. Morticia lui assura que cette statuette était magique, et que la Déesse Sha existait. Jane ne put le constater. Même si elle n’avait jamais entendu parler de cette Déesse, ce nom lui semblait étrangement familier. Tout ça était si bizarre… Mais, après tout, si elle avait choisi de quitter la Californie pour traverser le plus grand océan du monde, ce n’était pas pour rien. Elle écouta donc silencieusement Morticia, clignant des yeux à plusieurs reprises. Elle était de plus en plus fébrile, convaincue d’avoir enfin trouvé une formatrice, quelqu’un qui pourrait lui dire de quoi elle était capable ! Morticia reposa doucement la statuette, et lui posa alors une nouvelle question reliée à Sha… En lui demandant si elle était encore vierge. Jane écarquilla les yeux sous la surprise.

« What ? »

Cette question-là, elle ne l’avait pas vu venir ! Morticia, prenant conscience du caractère osé de cette question, lui indiqua qu’elle avait juste besoin de connaître la vérité, et qu’il n’y avait aucun piège là-dedans.

« Et bien, euh… »

Pouvait-elle sincèrement mentir ? Elle ignorait quels étaient les pouvoirs de Morticia, et il était peut-être possible que celle-ci soit capable de déterminer quand elle mentait… En sondant ses battements cardiaques, ou juste en lisant dans son esprit. La télépathie était quelque chose qui existait, après tout ! Jane ne ovulait pas prendre de risques, et s’efforça à dire la vérité :

« J’ai participé à une orgie, récemment… Chez les Morimoto. Mais j’ai porté un strap-on tout du long, donc… Techniquement, je suis toujours vierge. »

Jane se racla encore la gorge, un peu gênée par cet aveu.

« En quoi est-ce que ça a de l’importance, au fait ? »

Morticia profitait du fait d'être en privé pour prendre quelques informations sur ce sujet. Sa réponse n'allait rien vraiment changer, car si elle ne l'était plus, eh bien elles pouvaient passer à la suite et quand bien même elle serait vierge, le choix reviendrait encore et toujours à Jane. Jamais Morticia ne forcerait une personne. Si encore Jane Watson était vierge et qu'elle avait une dette, il y avait toujours un moyen d'en profiter, du sang de vierge, du sang provenant de l'hymen fraîchement déchirée, des larmes, bref, il y a plein de façon, plus ou moins indolore d'obtenir de bons ingrédients. Mais elle ne voulait pas la brusquer, elle l'écoutait en l'observant avec ce doux sourire, ce regard à la fois doux et digne d'un prédateur. C'était étrange comme regard. C'était à la fois aussi bienveillant qu'une maman, et aussi dangereux que celui d'un serpent à quelques centimètres d'une souris. La jeune demoiselle finie par avouer être encore vierge. Même si elle a connu une petite expérience, ce n'était qu'avec des jouets, son hymen était encore intacte.

La belle dame en noire étirait un peu son sourire, ses doigts passant sur le jeune visage de son apprentie. Elle reprenait la statuette de Sha entre ses mains, devant maintenant éclairer sa lanterne et lui laisser un choix. Elle ne sera pas obligée de répondre de suite, mais elle devra tôt ou tard y passer, que ce soit avec elle ou leur déesse.

« Si je me suis permise de te poser cette question indiscrète, c'est pour une seule raison. Tu peux offrir ta virginité à la déesse Sha. Ce n'est pas une obligation, tu n'es même pas obligé de répondre de suite. Mais lui faire cadeau de ta première fois serait une belle offrande. Tu connaîtras tes premiers orgasmes entre les mains d'une déesse, et tu recevras sa bénédiction. Cela ne fera pas de toi une grande sorcière en un claquement de doigts, mais contrôler la magie te sera plus simple. Déchiffrer des runes, la potiologie, l'art des sorcières te semblera plus facile que pour le commun des mortels. Bien entendue, comme je disais, ce n'est pas une obligation, même sans lui offrir ta première fois, tu finiras par la rencontrer, et elle t'aimera comme n'importe laquelle de ses sorcières. »

Morticia n'avait pas vu Sha de nombreuses fois dans sa vie, elle ne l'invoquait pas sans raison, mais à chaque fois, elle avait été d'une grande clémence, l'aidant à résoudre à ses problèmes, la guidant. Qu'elle soit douce ou autoritaire, la déesse était la voix de la raison. Redéposant la statuette, elle restait toujours debout, belle, grande, élancée et magnifique.

« Ce choix t'appartient, ma petite Jane. Je pourrais même être celle qui te guidera dans tes premiers pas. Cela ne me gêne pas, j'en ai fait de même avec ma petite Mercredi. Mais je dois avouer, qu'elle était plus jeune quand cela était arrivé. »

Elle ne connaissait pas l'âge exact de Jane, mais Mercredi avait eu sa première fois avant d'entrée au lycée donc à moins que son apprentie soit une surdouée qui ait sauté plusieurs classes, Morticia avait vue juste. Après, coucher avec Morticia en guise de première fois, elle n'aura aucun bonus sur ses pouvoirs magiques, elle bénéficiera de son savoir, mais ça, c'était prévu de base, qu'elle couche ou non avec elle. Mais la conversation se concentrait un peu trop autour du sexe, il était peut-être temps de montrer ce pour quoi Morticia était venue, non ?

« Et si nous commencions par évaluer ton ouverture magique ? Ce n'est en rien dangereux, c'est juste pour voir à quel point la magie se diffuse en toi. Vois cela comme... une sorte de filtre. Est-ce que la magie coule en toi, vers l'extérieur, goutte à goutte ou bien c'est une véritable passoire ? »

Évidemment, plus la magie se diffusera facilement, plus Jane prouvera être prête. Cela montrera aussi son actuel potentiel, bien que cela peux changer avec le temps, une personne en bas de l'échelle dans sa jeunesse peu arrivée en haut avant la fin de sa vie. C'était un test très simple à réaliser, pas besoin d'artifice magique ou autre, Morticia se servit, prenant une bouteille d'eau dont elle retira la bouchon. Jane n'avait qu'à placer sa main – ou ses deux mains, mais pour que ce soit plus simple – autour et à imaginer la magie agir comme moyen de faire quitter cette eau hors de sa bouteille. À elle d'imaginer la façon, comme si elle écrasait la bouteille ? Comme si ça devenait un vrai geyser ? Comme une petite fontaine ? Comme si l'eau s'évacuait simplement hors de la bouteille ? Tout dépendait d'elle, de son potentiel. Pour une première fois, le temps était variable, ça pouvait bien prendre une bonne minute comme plusieurs. Morticia ne la pressait pas, ni ne l'inquiétait. Elle faisait ça à son rythme, sans rien attendre comme conséquence. C'était juste pour voir de quelle façon Morticia allait la former ? Depuis le tout début ou mine de rien, la demoiselle avait déjà en elle un certain potentiel ?

Visiblement, savoir que Jane était vierge semblait ravir Morticia, mais ce n’était pas tant pour lui ravir sa virginité que pour l’offrir à la Déesse. Jane se mordilla doucement les lèvres. C’était son but initial… Du moins, c’était ce qu’elle disait. Il était toutefois curieux qu’elle se dise ça, car elle n’avait jamais vraiment cru en l’existence d’une Déesse… Ou pas ? Comment dire la vérité ? Elle avait toujours refusé autre chose que la fellation ou la sodomie, refusant qu’on la prenne par le devant, comme si, en son for intérieur, elle avait toujours réservé son hymen pour quelqu’un d’autre. Ce ne pouvait pas être un amoureux quelconque, car Jane n’avait jamais vraiment eu le profil d’une romantique. Mais, tandis que Morticia lui caressait doucement le visage, Jane commençait à se rappeler certains rêves qu’elle faisait parfois. Des rêves embrumés où elle voyait une silhouette noire qui la prenait dans des tentacules, et qui la baisait énergiquement. Des rêves dont elle n’arrivait pas toujours à comprendre le sens. Face à elle, Morticia lui assurait qu’elle allait pouvoir la rencontrer…

*La Déesse… Sha.*

Et, à cette idée, Jane sentit son ventre se réchauffer doucement. Morticia lui expliqua qu’elle avait visiblement une relation incestueuse avec sa fille, Mercredi… Quelqu’un que Jane aurait sans doute pu connaître au lycée, mais dont elle n’avait en réalité » jamais entendu parler. Morticia changea alors de sujet, et récupéra une bouteille d’eau, invitant Jane à en extraire l’eau.

« Euh… D’accord ? »

Jane ne savait pas quoi faire, alors elle tendit sa main vers la bouteille d’eau… Et ferma les yeux. Elle essaya de se concentrer, de visualiser cette dernière, mais il ne se passa absolument rien. Morticia l’invita alors à se rapprocher de la bouteille, et Jane mit ses mains autour, relevant la tête, sans trop comprendre ce qu’elle faisait.

*Elle est bien roulée, mais elle a l’air un peu sénile quand même… Qu’est-ce qu’elle veut que je fasse avec sa flotte ?*

La jeune sorcière soupira alors, manifestant son impatience :

« Excusez-moi, Morticia, mais… Je dois faire quoi, exactement ? Il ne se passe rien ! »