The Multiversity

Stupide bande d’amis… Pourquoi est-ce qu’il s’était retrouvé dans cette espèce de piège ? Tout avait commencé chez sa copine. Elle avait invité des amis sportifs à elle. Car, si Camille était aussi petit qu’une femme et des traits efféminés : sa copine à lui avait les cheveux courts, la peau bronzée, un corps athlétique et un caractère fonceur. Bref, leur couple reposait sous l’expression que « les contraires s’attirent ».

Donc, pour en revenir au piège. Camille s’était retrouvé dans une partie de Action ou Vérité. Quand son tour était venu, il avait préféré choisir de faire une action. Il avait bien trop peur d’une question perverse. Il n’avait pas le caractère pour faire face à pareille épreuve. Pas même avec sa copine qui était assise à côté de lui. Car, quand elle était avec ses amies à elle, elle devenait beaucoup plus… « méchante », avait presque été le premier mot qui lui avait traversé la tête. Disons plutôt qu’elle avait la délicatesse d’un mammouth dans un magasin de porcelaine.

C’est ainsi qu’il se retrouva « livré » dans la forêt avec un sac à dos contenant quelques affaires. Un chargeur pour son téléphone portable et une batterie externe. Une bouteille d’eau. Quelques barres céréales. Une lampe torche et une pile de rechange. Bref, de quoi passer une looongue nuit dans cette école abandonnée qui l’intimidait déjà beaucoup trop. Il se retourna et vit la voiture pleine de ses « amis » qui rigolaient et lui faisaient des signes par la fenêtre.

Voilà, il était seul.

*J’aurai du prendre des vêtements de rechange. J’espère que je ne vais pas me pisser dessus. Ce serait trop la honte… *

Il s’approcha à petit pas du bâtiment qui était potentiellement hantée. Camille devait rentrer dedans. Et, pour prouver aux autres qu’il avait bien réalisé sa mission, il devait prendre plusieurs photos. Pas seulement une, ce serait trop facile avait dit l’odieuse meilleure amie de sa petite amie. Mais trois. Trois lieux différents qui l’obligerait à errer d’un bout à l’autre de cette école abandonnée. En bon sportifs, ils avaient voulu une photo dans les douches. Pour l’obliger à grimper les étages, il devait prendre une photo depuis le toit. Et pour la troisième et dernière photo… non non non non ! Camille flippait beaucoup trop ! Rien que l’idée de rentrer à l’intérieur lui faisait peur. Il avait la trouille, voilà !

C’est ainsi qu’il la vit approcher. Il était planqué derrière un arbre. C’était une femme avec une caméra sur la tête. Elle semblait pleine d’une confiance qui manquait cruellement à Camille. Qui était-elle ? Est-ce que les amies de sa copine avait préparé ce traquenard ? Une sorte d’actrice qu’ils avaient payé pour lui faire la peur de sa vie ? Il n’en savait rien. De toute façon, la peur avait fait couler un paralysant dans les muscles de ses jambes. Il était incapable de faire quoi que ce soit.

Et puis une pensée ! S’il ne la suivait pas, même à distance : il se retrouverait de nouveau seul !!

C'était un nouveau mystère pour Velma, elle avait l'habitue des endroits hantées, le plus souvent, c'était juste un effet de peur que les gens se transmettaient, ils se mettaient tellement la pression qu'un rien semblait paranormal à leurs yeux. Mais en bonne enquêtrice, elle devait mettre les choses au clair pour savoir si c'était sans danger ou si elle devait envoyer des gens pour intervenir ? Vu les rumeurs, il pouvait bien y avoir un truc, mais quoi ? En face de cette école abandonnée, elle ressemblait à n'importe quelle école japonaise à l'abandon. Elle ignorait que quelqu'un d'autre était dans le coin même si elle supposait qu'elle pourrait bien trouver quelqu'un dedans, ou plusieurs personnes. Du moment que ces personnes n'étaient pas mortes ou blessé grave, ça devrait aller. La jeune détective sortait une lampe torche, plutôt puissante en poussant la porte d'entrée. C'était sale et poussiéreux, forcément, mais de son œil aguerri, elle voyait quelques traces à l'entrée qui prouvait que cet endroit était assez visité pour ne pas avoir la même couche de poussière un peu partout. Comme dans toute école japonaise, il y avait un placard à chaussure, dont la plupart étaient abandonnées et dispersées, forcément, les gens ont dû jouer avec... ou les esprits, admettont. Elle n'allait pas suivre la tradition ici, et garder ses chaussures.

N'ayant pas assez d'information sur les endroits où les quelques témoignages indiquaient une ou deux zones dangereuses, elle devait y aller au feeling. Pour ne pas se perdre, elle commençait par la gauche. Un long couloir sale, des portes ouvertes ou fermées sur sa droite, le décor extérieur sur sa gauche. Par chance, les salles de classe avaient des vitres montrant l'intérieur. Souvent, les tables étaient en désordre, forcément, les premiers à passer ici ont dû chercher à voir si rien d'intéressant n'a pas été oublié ? Consciencieuse, elle devait au moins passée par chaque salle, afin de voir si elle ne ressentait rien d'étrange, si une de ses protections n'agissait pas ? Pénétrant la première salle, mis à part une odeur étrange, elle ne ressentait rien. Il y avait des bêtises écrites au tableau, preuve que des gens immatures étaient déjà passé avant elle. Craie ou tag, c'était dommage qu'un tel endroit soit ainsi dévasté. Elle observait rapidement certains bureaux ou placards, à la recherche d'un signe quelconque, mais rien. Elle continua, refermant la porte derrière elle bien sûr. Les autres salles étaient pareilles, rien de bien extraordinaire, il y avait juste une salle où les tables étaient repoussées, laissant le centre de la salle plutôt dégagé, mais rien sinon...

Tournant dans le couloir plutôt que grimper les escaliers, elle tombait sur l'infirmerie. Dedans, elle trouva des bandes de tissu dont l'une semblait avoir du sang. Difficile à dire, la couleur y faisait penser, mais ça pouvait très bien être un des visiteurs qui s'était blessé à force de faire le con comme une attaque. Ou simplement une blague d'un tissu trempée dans un liquide rouge. Elle n'avait rien pour prouver que c'était du sang, mais Velma enquêtait un peu plus dans cet endroit. L'armoire à pharmacie était vide, même exploser, les tiroirs étaient eux aussi forcé et rien de bien fou était là. Des feuilles éparpillée, seule chose étrangement encore en place, c'était une photo encadrée au mur, elle semblait ancienne, montrant non pas une classe, mais le corps enseignant. Les divers enseignants et autres membres de l'école, dont l'infirmière, le gardien, etc. Elle filmait bien cela, au cas où, cherchant une année, car la tenue de certains professeurs ainsi que la coupe, montrait que ça ne datait pas d'hier. 1965. L'école n'avait pas fermé cette année d'après ses recherches, mais dans les années qui suivirent. Un indice ? Peut-être. Velma déposait cela, enregistrant ses quelques découvertes sur le dictaphone de son portable avant de continuer, mais avant de continuer, elle ne glissait pas, mais sentait bien qu'elle a marché sur autre chose que de la poussière ou des feuilles. La trace sous ses pieds montrait une trace rouge. Du sang frais ? De la peinture ? Le toucher à main nue n'était pas la meilleure idée, mais elle restait un peu plus sur ses gardes... Sans forcément parler de fantômes, ça pouvait très bien être une ou des personnes malintentionnées se réunissant ici car c'était tranquille...

Il ne se sentait pas bien. Pour toute cette histoire d’exploration flippante, oui. Mais spécifiquement pour cette histoire de chaussures à l’entrée. Ne pas respecter les règles et les traditions, ça paraissait vraiment idiot, mais c’était encore une source d’angoisse supplémentaire. Et puis, il ne voyait rien ! Camille avait tellement peur de se faire repérer par cette fille devant lui qu’il masquait presque entièrement le verre de sa lampe torche de ses doigts. Seuls quelques petits faisceaux lui permettaient de voir à peu près où il mettait les pieds. Heureusement que les salles étaient vitrées sur l’extérieur mais aussi sur l’intérieur avec le couloir.

Prudemment, Camille suivait la fille. Là, il dos au mur et avait l’impression que son cœur pouvait s’entendre jusqu’au cœur de la forêt même ! Impossible de se calmer. Ça compliquait la tâche de prêter attention à ce que la fille disait. Parce qu’elle parlait. Et elle était toute seule. Est-ce que ça voulait dire qu’elle était folle ? Non. Ça donnait l’impression qu’elle réfléchissait à voix haute. Cette façon de parler, ça rappelait à Camille certaines scènes de films où des flics faisaient des rapports préliminaires. Mais… alors quoi ? Cette fille était flic ? Ça signifiait qu’il y avait eu un acte criminel dans cette école abandonnée ?!

(VIBRATIONS !)

« AH ! »

*Oh merde ! Oh merde, oh merde, oh merde !! *

Les enfoirés d’amis de sac opine lui envoient un SMS. A base de piques et d’émoticônes, ils le charrient. Lui demandant s’il s’est défilé ou combien de photos il lui manque ? Trois ? …sur trois. Camille ne pensait pas ça possible mais son cœur fait encore plus de bruits qu’avant. Le silence est tellement assourdissant qu’il a l’impression que ses oreilles doivent lutter contre une pression folle. Où est parti l’oxygène ? Pourquoi a-t-il autant de difficultés à respirer ?!

Est-ce qu’il a crié ? Il ne se souvient plus. S’il a crié, il faudrait qu’il se barre. Sinon, cette fille va le trouver. Oh merde… mais il ne peut pas bouger. Un liquide froid a tétanisé les muscles de ses jambes. Est-ce qu’on vient de lui lancer un sort ? Est-ce qu’il va se transformer en une espèce de gargouille d’école ? Est-ce que ça existe un pareil monstre ?! Il ne sait plus. Il ne sait rien. Il voudrait être ailleurs ! Ses yeux commencent à s’embuer. Mais même pleurer semble être au-dessus de ses ordres.

*Elle va me trouver. Elle va me trouver, elle va me trouver, elle va me trouver… *

Gardant son calme, Velma continuais d'observer autour d'elle, aucun autre « indice » ne semblait présent autour d'elle, rien qui lui sautait au visage en tout cas. Elle essuyait sa chaussure, essayant de voir sur une autre surface si c'était plus du sang, de la peinture ou autre chose, mais... difficile à dire. Tout comme il lui semblait avoir entendu du bruit dans son dos, un peu plus loin. Cela pouvait être simplement le vent qui s'engouffrait au travers d'une des nombreuses vitres brisées, mais elle ne saurait en être sûre ? Plaçant sa lampe dans son dos, si c'était des petits malins, elle pouvait autant leur demander de partir, faisant croire qu'elle avait une certaine forme d'autorité avec la loi, mais, si on lui demande des preuves, elle n'aurait rien de concret à montrer. Elle plissa les yeux, observant si elle voyait un quelconque mouvement, mais rien. Elle continua donc son chemin, avec prudence. Après l'infirmerie, en suivant le couloir, elle trouva une nouvelle salle, s'apparentant plus à un club cette fois ? De chimie sûrement, vu les tables, les morceaux de verre au sol et les quelques instruments encore intacts, plus ou moins.

Rien de spécial ici aussi, il y avait quelques formules au tableau, mais rien ne lui disait si c'était pour créer quelque chose de réel ou rien d'existant. Des élèves ont peut-être été influencées par Breaking Bad ? Dans un coin de la pièce, il y avait un tableau périodique, et de l'autre, un de ses fameux mannequins. La moitié montrait simplement un homme et l'autre moitié montrait organes, muscle, etc... Vu l'ambiance, ça pouvait surprendre, mais Velma en avait vu d'autres pour avoir peur pour si peu. Mais à trop l'observer, elle pourrait s'attendre à le voir bouger, même un peu. Effet de peur stimulée par son cerveau ou un petit fantôme farceur, ils aimaient bien ce genre de choses, dans le meilleur des cas. Car cela pouvait aller bien plus loin. Voulant quitter la pièce par la seconde porte, celle-ci était bloqué. À clef ou par un objet, derrière, elle n'avait pas fait attention dans le couloir. Avant de partir par là où elle était arrivée, elle aperçut la porte derrière le bureau, servant sûrement de réserve, mais là aussi, malgré l'état des lieux, elle restait fermée à clef. C'était pourtant ici, que les produits dangereux seraient stockés, non ? Bon, elle n'allait pas insister. Elle éclairait la pièce, voir si elle voyait à travers mais rien de bizarre...

Cette fois, de retour dans le couloir, elle entendit de nouveau un bruit, venant non pas de derrière, mais plus loin. Quelque chose de lourd qui tombait ? Pas un balai, une chaise ou une table, voir plus gros ? Cela pouvait venir au rez-de-chaussée comme de l'étage, les escaliers n'étaient pas loin. Mais elle ne sortait rien, se montrant plus prudente encore. Marquant un temps d'arrêt, elle prit une grande respiration avant de continuer sa route au rez-de-chaussé pour le moment, sauf si le chemin serait bloqué.

La fille prenait tellement de temps. Elle observait minutieusement chacune des salles. Qu’est-ce qu’il pouvait y avoir d’intéressant dans des salles abandonnées, ténébreuses, couvertes de poussières et de toiles d’araignées ? Rien. Camille n’y trouvait rien d’intéressant. Tout ce qu’il voulait, c’était fuir de cet endroit. Mais il ne pouvait pas ! Cet échec serait encore pire à subir. Parce qu’au contraire de cette exploration qui ne serait plus qu’un mauvais souvenir la journée suivante : l’échec le poursuivrait de longues semaines.

(quelque chose de LOURD tombe !)

« AH ! »

Ses mains se plaquèrent contre sa bouche. Mais c’était trop tard. Il avait encore crié. De cette petite voix aigue de petite fille effrayée.

Trop était trop. Il n’en pouvait plus de rester tout seul dans le noir derrière la complice qui prenait toooout son teeeemps pour aller d’une salle à une autre. Et pourtant, alors qu’il pensait toujours à elle comme une complice des amis sportifs de sa petite amie : il se précipita vers elle. Ce bruit plus loin (ou plus haut ?) avait été la goutte qui faisait déborder le vase. Il rua sur l’inconnue et lui agrippa le bras de ses deux mains pour stopper son exploration.

« Je n’en peux plus ! »

Camille réalisa alors qu’il avait agrippé le bras d’une fille. Sans son autorisation. Alors qu’il ne la connaissait pas. Dans un environnement « hanté ». Dans une époque où le mot « harcèlement » était dégainé plus rapidement que le revolver de Lucky Luke.

« Je suis désolé ! »

Il relâcha donc le bras et esquissa un tout petit pas en arrière. Impossible de redonner une distance respectable. Camille se trouvait toujours dans la zone proche de la « complice ».

« C’est eux qui t’envoie ? Ils en ont envoyé plusieurs ?! C’était qui là-bas ? Ou là-haut ?! J’en sais rien. Je suis complètement flippé ! Voilà, je l’ai dit. CONTENTE ?!! »

Les pupilles étaient dilatées par la peur. La voix ne cessait de faire les montagnes russes et d’atteindre des notes aigues. S’il y avait quelqu’un d’autre dans ce couloir tout au bout là-bas : les deux étaient grillés. Leur position était maintenant connue. Mais Camille s’en fichait. Ses mains tremblaient. Et s’il s’évanouissait dans cette école de malheur ?!

Son enquête se poursuivait, elle veillait à ce que rien ne lui échappe, au moins sur sa caméra, afin de voir par la suite ce qu'elle avait pu ne pas voir. Elle avait conscience que le travail serait long vu tout ce qu'elle avait à voir, c'est aussi pour ça qu'elle ne venait pas de nuit. Puis si cet endroit était vraiment hanté, la nuit, ce serait pire. Pour le moment, elle avait deux ou trois pistes, mais rien de concret qui lui ferait dire que cet endroit était dangereux et/ou hanté, inutile d'alerter des exorcistes pour purifier l'endroit ou vaincre les démons qui s'y trouvaient. Cependant, une fois que le bruit avait retenti, elle s'apprêtait à simplement continuer quand elle entendit un bruit dans son dos, puis son bras fut agripper. De quoi la surprendre sur le coup avant de voir que ce n'était qu'une fille en panique. Elle ne comprenait pas tout, mais si elle résume bien les choses, des « amis » lui avait fait le défis de venir ici et d'y rester un certain temps ? En tout cas, il y a un point sur lequel elle faisait fausse route, mais elle devait d'abord la rassurer.

« Ne t'inquiète pas, tout va bien, je suis là, d'accord ? Alors, détends toi. »

Drôle de chose à dire vu l'endroit dans lequel ils étaient, mais pour le moment, ça pourrait ressembler à une vidéo d'urbex sur la caméra de Velma, il n'y avait rien d'étonnant ou choquant donc, paniqué serait exagéré. Même si elles pourraient avoir quelques problèmes en se trouvant sur une propriété privée, mais rien de grave n'a été commis, pour Velma en tout cas. Un coup d'œil sur sa caméra et on verrait bien qu'elle n'a pas dégradé l'endroit. Elle ne voulait pas la toucher et elle ne lui en voulait pas de lui avoir agripper le bras, elle était en panique la pauvre petite.

« Je ne sais pas ce que tu fait ici, mais je suis ici uniquement pour moi, j'aime explorer les endroits abandonnés, c'est tout. »

Elle ne voulait pas préciser la véritable raison, déjà que la pauvre était en panique, pas besoin d'y ajouter une histoire de fantôme ou autres. La jeune femme esquissa un léger sourire dans le but de la rassurer, approchant sa main vers son épaule, si elle voit que ça dérange, elle la retirait, sinon, elle maintiendra la pression, pour rassurer cette pauvre petite.

« Tu n'as qu'à rester avec moi, d'accord ? Tu m'expliqueras ton histoire et on partira ensemble. »

Ce serait plus délicat si elles tombaient sur des preuves que cet endroit était hanté mais bon, au mieux... elle pouvait continuer et quand elle verrait une preuve ou un danger, elles quitteront l'endroit et Velma reviendra seule ou avec de l'aide, selon ce qu'elle à vue.

« Tu veux me tenir la main ? »

La voix douce, même si la proposition pourrait faire croire que la demoiselle était plus jeune que son âge, elle savait que ça pouvait la rassurer donc, elle n'était pas gênée de proposer ça.

Il aurait été un homme, un « vrai », il aurait enlevé cette main de son épaule. Un homme, un « vrai » n’aurait pas eu besoin de ressentir la chaleur d’un autre être vivant dans cet endroit abandonné. Tout comme il n’aurait pas eu besoin de se sentir mieux à l’idée de pouvoir « papoter » avec cette femme étrange comme si de rien n’était.

« Je suis désolé. »

Camille finit par lâcher le bras de l’aventurière moderne. Il ne perdit pas de temps à attraper la main et serrer la sienne au-dedans. Il en avait besoin. Au-delà du fait que c’était tenir une main de fille. Et aussi au-delà du fait que ce n’était pas la main de sa propre copine. Il s’en fichait ! Il avait beaucoup trop besoin de cette chaleur humaine pour affronter le reste.

*Parce qu’elle n’est pas du tout pressée de partir, elle ! *

De toute façon, lui non plus ne pouvait pas partir comme ça. Qu’elle soit ou non dans le coup (et il avait envie de croire qu’elle ne l’était pas ; parce qu’il lui fallait une alliée !) il ne pouvait pas repartir sans les photos-preuves.

« Moi, c’est Camille. » dit-il d’une petite voix.

Depuis qu’il n’était plus seul, Camille supportait encore moins le silence. Il avait beaucoup aimé la voix de l’autre. Surtout parce que ça avait prouvé qu’il n’était plus tout seul. Et puis, elle n’avait pas peur l’autre. Comment c’était possible ? Pire ! Elle avait décidé d’entrer ici toute seule. Ça lui plaisait ! Camille n’arrivait pas à comprendre ce genre de délire.

« Comment tu fais ?... je veux dire, ici, toute seule, dans cet endroit effrayant. Tout ce silence. Tout ce noir… »

Un afflux de peur soudain lui avait fait refermé plus fermement les doigts dans ceux de Velma. Heureusement pour elle, Camille était comme le voulait son apparence : pas très fort physiquement. Pire, avec ce genre de force, ça allait confirmer l’idée qu’elle se faisait de lui : à savoir que c’était une fille et non un garçon.

« Moi, je n’aime pas ça… s’il n’y avait pas ce pari stupide de prendre des photos, jamais je ne serai entré. Je préférerais être chez moi, au chaud, en pleine lumière. »

Et de nouveau un bruit de quelque chose de LOURD !

« AH ! C’est qui ça ?! »

Velma n'avait pas prévu ça, de tomber sur un ou des inconnus, oui, le plus dangereux, ça aurait été des squatteurs, voir des drogués... peu de chance de tomber sur des membres d'une secte ou de tueur en tous genre, bien que ce ne soit pas impossible. Mais une jeune fille apeurée qui était là plus ou moins contre son gré, elle ne l'avait pas prévue, mais des deux, c'était elle l'adulte, c'est à elle de veiller sur elle. La pauvre petite avait peur, pas besoin de lui poser beaucoup de questions, ça se voyait. Elle était ici pour une sorte de pari, bien une idée de jeunes, et elle n'allait pas lui jeter la pierre, ça lui était aussi arrivée d'en faire autant par le passé. Mais il fallait bien être conscient qu'il pouvait y avoir un vrai danger, paranormal ou non. C'était un endroit abandonné, donc, plus entretenue, que ce soit le toit ou certains meubles à l'intérieur, ça pouvait s'effondrer par endroits par exemple, sans parler des possibles personnes de passage. Doucement, elle lui prenait la main pour la rassurer, ce serait dommage de partir de suite, il ne semblait pas y avoir de réels dangers pour le moment alors, elle continuait un peu avec elle, elle verra ensuite selon ce qui se passe.

Voulant sûrement éviter le silence, elle lui posait certaines questions, mais Velma devait écouter ce qui se passait autour, après, elle enregistrait donc il lui restait une preuve si elle loupait quelque chose, mais elle préférait avoir tout en direct.

« J'ai toujours aimé ce genre de choses, d'endroit mystérieux, qui porte une histoire. Je suis donc dans mon élément, mais je peux comprendre que tu ne te sentes pas à l'aise. »

On avait souvent critiqué ses goûts pour les choses lugubres et macabres et encore, on ne parlait pas de ses goûts en matière de sexe, mais Velma s'en fichait, son métier officiel lui permettait ce genre d'exploration, mais rarement. Elle espionne plus souvent des personnes qui trompent leur conjoint que de retrouver un vieux souvenir de famille dans un endroit perdu et abandonnée. Mais peu de temps après sa réponse, un nouveau bruit faisait sursauter la demoiselle. Velma gardait son calme, elle pouvait le sentir dans sa main, elle n'avait pas paniqué ou autres.

« Ne t'inquiète pas. Peut-être une chaise, une armoire qui est tombée. Nous ne sommes pas les premiers a être venue ici, des petits malins ont peut-être mis des choses en équilibre pour faire peur en cas de coup de vent par exemple ? Peut-être même que c'est ceux qui t'ont tendu un piège ? »

Cette bande de gamin serait encore ici ? Si c'était ça, alors ça allait, mais si cet endroit était vraiment dangereux, c'était un autre soucis du coup. L'idéal serait de vérifier pour s'en assurer, mais pas sûr que ce soit une chose que Camille voulait vraiment. Velma venait l'entourer avec ses bras, sa tête près de sa poitrine, elle espérait que cela allait l'aider à avoir un peu plus de sang-froid.

« Ça va mieux ? C'est pas ma première fois dans ce genre d'endroit, tu as juste la tête trop prise par les films d'horreur, les rumeurs, ce genre de choses alors que c'est juste un endroit sale et abandonné, rien de plus. Il ne t’arrivera rien en ma compagnie, je ne laisserais personne te faire du mal, promis. »

Elle préférait mentir un peu, parfois, c'était un peu plus que ça, mais parfois, un petit mensonge vaut mieux que ce genre de propos. Si elle lui donnait les véritables raisons de sa présence ici, ça ne rassurerait pas cette petite.

C’était quand même bizarre de se retrouver la tête sur l’épaule d’une presque-inconnue, son bras l’entourant comme pour former une protection contre le monde. Ou plutôt, dans ce cas précis, contre cette école… il n’avait pas fallu grand-chose pour qu’il pense au mot « hanté » ! Rien que l’idée provoqua un relèvement de ses poils. Il se faisait beaucoup trop influencé par l’atmosphère sinistre. Alors, quand Velma lui parla d’un lieu simplement « sale et abandonné » : il ne put s’empêcher à revenir avec un balai, un seau d’eau chaude, des produits nettoyants et un maximum de guirlandes, ampoules de toutes les couleurs et autres. Cette idée lui redonna un demi sourire et un peu de confiance en lui pour continuer à explorer l’école.

« Ca va un peu mieux. C’est gentil de vouloir me protéger. Même si ça me gêne un peu. J’ai l’impression d’être une pauvre petite chose fragile. Une espèce de boulet qui est maintenant accroché à ton pied. Je suis désolé. »

Ce silence. Il est terrible. Décidément, Camille n’arrive pas à s’y faire. Velma est équipé pour enregistrer tout sur son passage. Il se rend bien compte qu’il doit la gêner. Il restreint ses mouvements à elle. Il pollue l’espace de ses inquiétudes et de ses mots. Comment écouter et entendre les bonnes pistes sonores ? Non, Camille n’aime pas cette idée. Il n’y a RIEN à écouter ici. Il faut qu’elles soient simplement toutes les deux. S’il y a quelqu’un d’autre… pire ! S’il y a quelque chose qui vit dans cet endroit abandonné… NON ! Il ne veut pas y penser. Alors, forcément, il se remet à parler.

« Je ne comprends pas comment tu peux aimer ça. Qui s’amuserait à enquêter dans ce genre d’endroit sale pour essayer d’y trouver une histoire intéressante. C’est tordu. Je… pardon. Je parle sans réfléchir. Je ne suis pas en train de dire que tu es tordue. Que tu fais des trucs bizarres. Ou flippants. C’est juste que… »

Il se tait soudainement. Il est tellement embarrassé. Et en même temps, s’il a décollé sa tête de l’épaule de Velma pour qu’ils parviennent tous les deux à marcher : impossible pour lui d’arrêter de serrer la main. Il a besoin de sentir cette présence chaleureuse. Besoin de sentir qu’il n’est pas tout seul.

« Qu’est-ce qu’il peut y avoir d’intéressant ici ? Des graffitis tout moches ? Des gens qui viennent boire de l’alcool ? Des SDF qui survivent comme ils peuvent avec au moins un toit au-dessus de leur tête ? Et… non, il faut que je m’arrête là. Si je continue, ma tête va faire en sorte de proposer des scénarios de plus en plus torrides. Voilà, je suis déjà en train de penser à des viols… »

Visiblement, Velma n’est pas prête à retrouver son sacrosaint silence pour enregistrer la bonne matière audio pour son projet.

Velma avait bien conscience que cette présence pourrait un peu la gêner, mais elle n'allait pas lui dire de dégager, déjà elle n'était pas comme ça, mais si elle sent que ça peut devenir dangereux, l'idéal serait de sortir ensemble avant qu'il ne soit trop tard, sinon, au moins qu'elle s'en tire seule. Velma avait un minimum de quoi se défendre ou appelle à l'aide, mais pas cette petite. Elle continuait de marcher doucement, filmant ce qui se trouvait déjà, écoutant sans entendre de possibles bruits de fond qu'elle verra en analysant les bandes. Camille parlait, peut-être pour se rassurer malgré le silence de Velma, peut-être pour trouver des réponses, mais la belle demoiselle ne pouvait pas dire la vérité, elle serait plus encore paniquée. Dans sa panique, elle venait même d'imaginer des viols ici. Honnêtement, c'était peut-être le cas, Velma n'avait pas l'historique de tout ce qui est arrivé entre ses murs, tant à l'époque ou c'était encore une école que depuis sa fermeture. Mais vu son état, il y avait eu des personnes qui ont squatté et/ou saccagé, ça, c'était évident.

« Ne t'en fait, si jamais ça deviens dangereux, on ferra demi-tour. Mon but n'est pas de te mettre en danger. »

Elle, sans dire que c'était son travail, elle avait l'habitude. Sa curiosité l'avait forcé à devenir l'esclave d'une vampire le temps d'une soirée. Un souvenir pas si agréable, cette dernière avait manqué de la privée de la sensation de plaisir et si ça ne se voit pas comme ça, Velma pouvait être très perverse alors, sans ça... autant dire que ce fut une punition qui n'avait pas été des plus agréables. Petit à petit, ils avaient fini par faire le tour du rez-de-chaussée, il n'y avait pas vraiment d'indice en plus – ou elles ne les avaient pas vu – ni même de présence ou de danger. Et au-dessus ? Elles allaient le savoir. Gardant Camille par la main, elles grimpèrent ensemble, les autres salles de l'étage seraient assez similaires dans l'ensemble, il n'y aura que les salles de clubs qui pourraient changer un peu. Justement, l'une de ses salles semblait un peu plus propre que les autres. Elle était sacagé et sale mais, moins que les autres. Poussant la porte sur le côté, Velma observa un peu, la lumière naturelle entrait par quelques trous sans les fenêtres, il ne faisait pas spécialement noir dehors, mais les fenêtres étaient sales, quand elles n'étaient pas brisée.

Sur le bureau du professeur, Velma y trouvait bon nombre de feuilles et autres détritus, mais, plus ou moins en évidence, elle revit la même photo que dans l'infirmerie, mais l'une des enseignantes était entouré. C'était sa salle de cours ? Ou une simple plaisanterie ? Cela poussait la jeune enquêtrice à fouiller plus minutieusement les tiroirs. Camille ne devait rien avoir à craindre ici... en théorie.

Tenir la main de Velma était la seule chose qui permettait à Camille de ne pas ployer sous la pression angoissante du lieu. Mais il ne comprenait pas pourquoi des détritus étaient aussi intéressants. Si elle voulait, elle pourrait l’emmener chez lui. Non pas que sa chambre soit pleine de détritus, attention ! Non, seulement, il pourrait lui montrer les poubelles et… quelle idée débile ! Est-ce qu’il faisait attention à quoi il pensait ? Non, le but de cette pensée, avant cette morbide association d’idées, était de revenir chez lui. Pourquoi amener Velma ? Non, à nouveau, ce genre de pensées ne servaient à rien. Il s’égarait tout seul.

*Réfléchis. Respire, Camille. Concentre-toi. Ne sois pas un boulet pour elle. Et puis… quoi ? Oui, faire en sorte de sortir d’ici rapidement. Donc… oui ! Les photos ! *

« Tu penses vraiment qu’il y a tout un mystère derrière cette photo ? Je ne dis pas que tu ne sais pas ce que tu fais. Seulement, la vie n’est pas un film. Ce n’est pas parce que cette professeure a le visage entouré qu’il y a forcément quelque chose à découvrir. Enfin, euh, désolé. »

Il ne pouvait pas se taire ? Qu’est-ce qu’il allait devenir si elle piquait une colère ? Si elle lui LACHAIT LA MAIN ?! Si elle partait et le laissant derrière. NON non non. C’est un scénario qui ne doit pas arriver. Il doit être gentil avec elle. L’aider si il le peut. Oui, voilà. Etre son assistant pour accélérer son travail à elle. Et donc accomplir ses objectifs à lui sans être tout seul.

« Je t’ai dit ce que je devais faire pour sortir d’ici ? Je veux dire, je t’ai parlé des photos. Mais ce sont des photos spécifiques qu’on me demande. Les garçons sont débiles. Ils veulent que j’aille dans le vestiaire des sports. Me prendre en photo dans les douches. Tu sais où se trouve les vestiaires ? Et c’est loin du toit ? Parce que je dois aussi prendre une photo là-haut. Pas parce qu’ils veulent voir des étoiles. Non, pour m’obliger à gravir tous les étages. Ils veulent que j’aille partout avec ces trois photos. Ils veulent que je passe du temps. Ils sont… Je… »

Sa voix commençait à s’étrangler sous les pleurs qui commençaient à lui brouiller le regard. Alors, de sa main de libre, il tenta d’en chasser l’eau. Tenter de faire comme ces comédiens qui, en passant la main du haut en bas de leur visage, change « comme par magie » d’expression. Camille voulait reprendre contenance. Il devait être un bon assistant. Oui, voilà. Se concentrer là-dessus. Etre l’assistant de l’enquêtrice. Faire comme si tout était un jeu. Oui, ce pouvait être une bonne façon de tromper son cerveau ?

Elle, elle était là pour une raison précise, mais elle ne voulait pas dire exactement quoi à Camille, la pauvre était déjà bien assez stressée comme ça sans en rajouter une couche pour elle, mais aussi pour Velma, cela lui ferait une dose de travail en plus que de la surveiller et la rassurer plus que de raison. Velma avait mis la main sur une photo où l'une des personnes avait le visage entouré. Première question, pourquoi ? On pourrait y chercher bien des significations à savoir déjà, quand la trace y a été inscrite ? Pas une autre personne curieuse comme elle ? Un indice sur le chemin à suivre, un plaisantin qui avait juste entouré cette personne pour une raison quelconque ? Il y avait trop d'hypothèses autour de cette marque et sur ça, Camille avait raison. Ça pouvait autant être une piste à suivre pour avoir une aventure digne d'un film d'enquête comme ça pouvait être une simple farce et donc, beaucoup de temps à consacrer ses recherches pour pas-grand-chose. Ne pas négliger la piste, mais ne pas en faire sa priorité. Velma n'était pas seule, elle ne pouvait pas se permettre de suivre la première piste sans crainte.

« Blague ou intérêt, ça reste une piste, mais j'en sais encore trop peu pour savoir si c'est une bonne piste ou un cul-de-sac. »

Elle gardait cela de côté, se concentrant de nouveau sur le chemin à suivre avec elle, qui en disait un peu plus sur ce qu'elle devait faire ici. Une photo dans les vestiaires, sur le toit. Drôle de défis, mais elle voyait bien le genre de personne qui lui demandait ça. Si elle n'avait pas eu ses amis à la fac, elle aurait pu y avoir droit elle aussi. Ses hobbys bizarres, ses lunettes, son petit air de madame je-sais-tout, autant de points qui déplaisait souvent aux petites frappes.

« Pour les vestiaires, je suppose qu'ils sont dehors. »

Donc, au rez-de-chaussée, il fallait juste savoir comment aller dehors et ça devrait pouvoir se jouer facilement de mettre la main dessus. À moins que ce ne soit une école sans vestiaires et que, garçons et fille se changeait en salle de classe à tour de rôle ? N'ayant aucun plan, c'était difficile à dire, les écoles japonaises se ressemblent beaucoup, mais sont aussi parfois très différentes les unes des autres.

« Et le toit, on devrait y arriver tôt ou tard. Si je ne dis pas de bêtise, il y a que deux étages, trois en comptant le toit. »

C'était déjà plus simple de continuer sur ce chemin. Le plus simple serait d'abord le toit, si aucun vestiaire, donc douche, ne se trouvait dans cette école, ils auraient au moins une des deux preuves. Reste à espérer que le toit n'était pas condamné d'une façon ou d'une autre. Marchant dans le couloir avec Camille, elle observait souvent par-dessus son épaule. Une impression d'être suivi ? Peut-être. C'était peut-être juste le stress qui parlait ou un des « amis » de la petite qui les suivaient pour espérer leur faire une sale blague. En-tout-cas, elle avait « l'impression » qu'on les épiait. Mais ça pouvait être aussi juste son imagination. Velma ne voulait pas que la petite prenne peur, elle tentait de changer de sujet, pour mieux la rassurer et la focaliser sur autre chose.

« En-dehors de ce défi stupide, comment se passe tes cours ? Tu t'y plais ? Tu as même peut-être un petit copain ? Ou copine, tu sais, ça ne me choquerais pas. »

Velma avait des goûts étranges, mais en matière d'humain, elle préférait les femmes. Ce n'est pas sa Maîtresse Amélie qui dirait le contraire. Elle avait hâte de la retrouver et de lui retirer le moindre stress accumulé avec l'aide de son corps et ses talents.

Velma était gentille. Elle faisait tout son possible pour lui simplifier la situation. Dans ce décor de film d’horreur, elle arrivait (un peu) à lui faire dédramatiser la situation. Et juste en lui parlant. D’abord en l’aidant dans son défi pour qu’il sorte au plus vite de cette école glauque. Puis, et surtout, en bavardant de tout et de rien. Il n’empêchait quand même que Camille était gêné de parler d’avec qui il sortait.

« Je ne suis pas le génie de la classe mais je ne suis pas non en bas de classement. Je suis un peu au-dessus de la moyenne. Je n’ai rien de spécial, tu sais. Et puis, il n’y a rien qui m’intéresse vraiment. Je vais en cours parce que je suis obligé. En fait, je ne sais même pas quoi faire après. »

Camille n’était pas l’homme fort. Ou l’intello. Ou le sportif. Il n’était qu’un ado coincé dans sa peau, perdu entre une personnalité de naissance masculine et un corps de ressemblance féminine. Il n’arrivait même pas à savoir lequel des deux bords il préférait. Toujours coincé au milieu. Jamais capable de prendre une décision. Non, Camille n’était pas vraiment l’étudiant le plus intéressant du coin. Mais dans cette école abandonnée, il était le seul.

Il ne répondit pas tout de suite à l’autre question. Il était gêné. Il avait même un peu les joues rouges. C’était en partie à cause d’elle s’il vivait cette mauvaise aventure aujourd’hui. Il lui en voulait un peu. Et en même temps, sans elle, il n’était pas sur d’exister aux yeux des autres. Elle qui était si différente de lui.

« Elle s’appelle Eris. Ma petite amie. Parce que oui, je sors avec une fille. Enfin, disons plutôt que c’est elle qui me sort. C’est la sportive. La sociable. Ce sont ces amis à elle qui m’ont imposé ce défi débile… Mais je n’arrive pas à lui en vouloir. De toute façon, même si j’arrivais à commencer à m’énerver, dès qu’elle me sourira je lui sourirais en retour. Je bafouillerais et je n’irai jamais jusqu’au bout de ma pensée. Et puis, même si j’essayais d’être un peu plus agressif pour l’empêcher de me faire son sourire… je perdrais. Elle a plus d’épaules que moi. Elle a même des abdos. De nous deux, on dirait que c’est moi la fille. »

Camille parlait beaucoup. Parce qu’il était nerveux. Parce que ça permettait de remplir l’air et de chasser le silence. Parler allait aussi apporter son lot de révélation. Notamment lever le quiproquo de Velma. Cette croyance qu’elle avait que Camille était une fille. Non, c’était bien un garçon et il allait le dire à voix haute de suite :

« Pourtant, je suis bien un gars. »

Ca paraissait bizarre de le dire. Comme s’il était une fraude. Comme s’il était une déception. Alors, ne voulant pas rester sur ça, le moulin à paroles reprit son tour :

« Et toi ? Toi aussi tu es comme Eris ? Tu es la fille énergique qui s’aventure partout et ton petit copain est du genre à rester sagement chez lui. Peut-être derrière un écran de PC à jouer à des jeux en ligne ? »

Velma tâchait dé gérer deux choses à la fois, les possibles indices qui se baladaient sous ses yeux et rassurer cette petite de cette mauvaise mésaventure qu'elle vivait. Non pas qu'elle se sentait comme chez elle ici, elle avait un peu peur bien sûr mais elle avait déjà plus l'habitude de ce genre de chose. Elle pouvait se défendre en cas de pépin, si son agresseur était du genre paranormal, elle pouvait gérer, selon l'échelle de dangerosité. Mais si elle avait a faire avec des gens bien en chair et en os, elle ne vaudra pas mieux que Camille. Secrètement, elle avait des fantasmes étranges, celui ou dans le cas de figure cité juste avant, elle pourrait vendre son corps le temps d'une soirée pour avoir la vie sauve ? Elle se savait bizarre, depuis le jour ou elle a laisser le chien de son ami lui grimper dessus et ainsi devenir sa chienne, elle se savait bizarre mais elle était ainsi, elle n'avait pas décidé d'être comme ça. Camille évoquait donc sa vie de lycéenne et à l'entendre, elle était amoureuse d'une jolie fille qui tentait de la sortir de son cocon. Elle voyait bien la chose, elle trouvait ça mignon. Ça lui rappelait sa relation secrète avec Daphné, elle était belle et aimée des autres, elle avait un petit copain mais secrètement, elles ont déjà couché plusieurs fois ensemble. C'était peut-être une attirance pour le danger qu'elle avait, allez savoir, mais la jeune femme n'y pouvait rien.

Sur le coup, elle ne fit pas attention aux mots qui pourrait indiquée de le genre de sa petite camarade, même quand elle finissait par dire que des deux, ça semblait être la fille, là, elle avait un petit doute... mais peut-être que sa petite amie était plus garçon manquée ? C'est possible. Mais Camille ne laissait pas planer de doute en affirmant être un garçon. Velma tourna la tête vers lui, observant la demoiselle qui était en réalité un jeune homme. À son regard, même silencieux, on entendait ce « oh ? » qui pourrait souligner qu'elle ne l'aurait pas deviner si facilement. Mais bon, de nos jours, il y a tant de choses qui change de ce côté. Des garçons qui veulent devenir des filles et inversement. Est-ce que Camille aimait juste avoir l'air d'une fille ou ce n'était pas de sa faute ? Devait-elle continuer de le voir comme une fille ou à présent, elle devait le voir comme un garçon ? C'était un sujet compliqué quand même, surtout si Camille prend la mouche facilement.

« Tu sais, de nos jours, il y a pleins de personnes qui sont comme toi, ce n'est pas un soucis. Après, je pense malheureusement qu'au Japon, vivre ça dans une école, c'est pas la meilleure solution... »

Velma a déjà vu des mangas sur le net qui prouvait le contraire, dans bien des situations mais si tout les mangas étaient vrais, il y aurait des gens pleins de pouvoirs dans chaque école qui sauve le monde à l'heure du repas... En réalité, on était pas très loin de ça, en tout cas dans cette ville. Mais bon, son job occasionnel lui empêchait de révéler ce genre d'information.

« Moi, énergique qui s'aventure partout ? Oh, ça non. Je suis plus celle qui réfléchis mais oui, j'agis un minimum. Que ce soit pour affronter mes peurs ou simplement faire mon travail. Détective, ça implique de frôler l'illégalité tout en restant dans la légalité. »

Techniquement, là, c'était illégale mais autant quand elle était vraiment détective, elle ne dépassait pas les limites, autant là, le SHIELD ou l'ARGUS pouvait la protéger contre ce genre de restriction donc, elle en profitait, sans le chanter sur tout les toits. Mais pour en revenir à cette école, la première chose qui venait sortir de l'ordinaire – sans être pour autant du paranormal de prime abord – c'était qu'une des salles de classe avait un énorme trou dans le sol. Une bonne partie de la salle avait fini l'étage en-dessous. En soit, on pourrait juste se dire que cette école tombe en morceau mais ce qui interpella Velma, c'est qu'elle n'a pas souvenir en explorant le rez-de-chausséee d'avoir vu une salle où le plafond s'était écroulé ? Elle avait loupé un épisode ou c'était là la première chose étrange qu'elle voyait ici ? Elle filmait le tout, aussi ce qui se trouvait en dessous même si tout semblait normal, on ne sait jamais ! En tout cas, elle ne partageait pas ses pensées, elle commençait juste à se dire qu'elle tenait une piste... est-ce que ça avait un lien avec les photos trouvé en bas ? Trop tôt pour le dire.

« Mais pour répondre à ta dernière question, on peux dire que... j'ai une petite amie mais il est trop tôt pour s'avancer... Elle a son travail et, j'ai le mien. »

Petite amie ou plutôt Maîtresse mais elle n'allait pas étaler sa vie privée devant ce petit. De même qu'elles avaient une règle, le travail reste en dehors de leur maison – ou plutôt celle d'Amélie – car sinon, techniquement, elles seraient ennemies. Pas directement mais de ce qu'elle savait, elle était tueuse à gage... c'est pas trop ce qui plaît au SHIELD ou à l'ARGUS ça...

Verena était très compréhensive. Et très gentille avec lui. Camille était vraiment content d’être tombée sur elle pour cette exploration nocturne et effrayante. Elle était jolie et féminine. Elle était intelligente et posée. Verena était tout le contraire de sa petite amie actuelle. Ca mettait en valeur toutes leurs différences. Perdu dans ses pensées, il se laissait emporter de pièce en pièce. Jusqu’à celle qui avait un trou. Un énorme vide si noir. Rien que de le regarder, Camille avait l’impression qu’il allait subir une sensation de vertige et chuter au-dedans… Comme cette sensation lorsque, dans son lit, on a l’impression de tomber.

« Je ne suis pas sur de bien me repérer mais… je suis presque sur qu’il n’y avait pas de trou dans l’étage dans d’en-dessous… ce n’est… pas normal, hein ? »

La peur s’instilla soudainement dans sa petite tête. Qu’est-ce que ça signifiait ?! C’était impossible. Il fallait trouver une explication. Vite ! Du street art. Voilà. C’était une explication. Un artiste qui avait utilisé ce lieu abandonner pour peindre une illusion d’optique. Camille en avait déjà expérimenté dans une rue. Il suffisait de se trouver au bon endroit et la perspective créait l’illusion d’une profondeur. Il n’avait qu’à s’approcher. S’accroupir. Non, poser les genoux par terre. Il y avait toujours cette peur de tomber à l’infini… Tendre la main et-

« AH ! »

Il se recula et tomba sur les fesses. Il hyper ventilait soudainement.

« C’est un vrai trou ! C’est… ce n’est pas possible. C’est… »

Une voix fit crier une nouvelle fois Camille. Ce n’était pas Velma qui venait de lui répondre. C’était bien une voix de femme. C’était même une voix familière. Passée la surprise, un sourire idiot s’afficha sur son visage. C’était fini. L’épreuve était terminée. L’objectif n’avait jamais été de le faire passer toute la nuit dans cette école soi-disant hantée. Voilà, sa petite amie et ses amis avaient assez joué. Ils venaient mettre fin à son supplice.

Eris, petite amie de Camille : « Je vois que tu as trouvé une petite rondouillarde à gros nichons. »

« Qu-quoi ?... »

Elle ne parlait pas comme ça habituellement. Il y avait quelque chose d’étrange dans sa voix. Camille se retourna et découvrit Eris et deux de ses amis sportifs. Deux armoires à glace en short et haut moulant. Des inconditionnels de la musculation qui vénéraient leur corps et voulait faire profiter le monde entier de la perfection de leurs muscles.

Eris : « Je vais mal le prendre si tu me dis que tu as baisé cette vieille. »

C’était sa Eris. Le stéréotype du garçon manqué avec ses larges épaules, sa coupe courte de cheveux noirs et ses abdominaux dessinés sur sa peau chocolat. Mais ses yeux… Il y avait quelque chose qui n’allait pas avec ses yeux. Comme… comme si elle avait arrêté d’être la gentille fille ? Comme si quelque chose la bouffait de l’intérieur pour la posséder ? Et que dire de ses deux amis sportifs. Les deux parlaient à voix basse mais en tendant l’oreille, on pouvait entendre qu’ils avaient des idées de « jeux » concernant la « nouvelle petite amie de Camille »… Rien de réjouissant à venir. Ou alors, il aurait fallu avoir un problème et posséder d’étranges fantasmes…

Cet énorme trou n'était pas normal. Il était possible qu'elle ait mal vu depuis l'étage inférieur, une pièce bloquée qu'elle n'aurait pas accédé ou même simplement oublié, l'erreur était humaine. Pour Velma, c'est sûr que, si elle ne s'était pas trompée, ce n'était pas normal. Elle en avait vécu assez de choses bizarres pour sentir ce genre de chose et si cet endroit était hanté, c'était ici, le lien entre le monde normal et paranoemal. Camille tentait de se rassurer, mais pour le moment, Velma était perdu dans ses pensées, ses hypothèses, avant qu'une fois ne les surprend et que trois personnes soient derrière eux. C'était apparemment la copine de Camille et deux de ses « amis ». Ils étaient le stéréotype des copains débile et sportif, voire manipulé, ce qui ne serait pas étonnant vu que cette fille semblait étrange ? Était-ce à cause de l'endroit ou juste l'amour de Camille qui, à ses yeux était différente de la vision qu'en avait Velma.

En tout cas, elle n'aimait pas le ton de cette gamine qui, déjà l'insultait, et semblait prendre Camille pour son jouet. Paranormal ou non, elle en auras le cœur net bientôt, si elle savait peu de chose sur se défendre contre des gens – les deux sportifs n'auront pas grande difficulté à la maîtriser, et si dans une autre ambiance, Maîtresse Amélie serait heureuse de ce qui pourrait arriver, là, ce n'était pas un jeu et elle avait une enquête à mener. Mais contre le paranormal, elle avait quelques atouts.

« Tu devrais faire preuve d'un peu plus de respect envers les gens, jeune fille. On n'insulte pas les gens comme ça, de même qu'on ne doute pas comme ça des gens. »

Si encore, ils auraient été en petite tenue, le doute aurait été permis, mais ce n'était ni le lieu, ni le moment pour ça. Sous son pull, Velma avait une petite ceinture avec diverses petites armes et protections contre ce qui touchait à l'occulte. Elle sortait discrètement un petit flacon qui contenait un peu d'eau bénite. Cachée dans sa main, elle venait le jeter vers eux, quelques gouttes les avaient aspergées, avec un effet de brûlure pour eux, ce qui donnait la réponse à la jeune femme.

« Possession. Au moins, ça semble être des esprits faibles si cela fonctionne. Désolé Camille, il va falloir me suivre, même si ça va pas te plaire ! »

Attrapant sa main solidement, elle sauta avec lui dans le trou. Dedans, ça semblait être juste une énième salle de classe désordonnez, poussiéreuses, sauf qu'ici, il faisait si sombre qu'on se croirait la nuit, le décor était plus délabré et angoissante, mais Velma avait un plan. Résoudre ce mystère, ça serait difficile avec un civil sur les bras et sans préparation, mais elle pourrait au moins s'y engouffrer pour perdre les trois élèves et sortir d'ici. Des forces plus compétentes sauront prendre le relais, Velma était ici pour relever quelques notes sur la menace de l'endroit, la résoudre si c'était dans ses cordes, mais avec Camille, ça ne sera pas possible. Pas de temps à perdre, Velma savait que rien ne pourrait l'attraper, pas du niveau des trois jeunes en tout cas, vu la protection qu'elle avait sur elle. Elle tirait Camille avec elle, dans la salle de classe suivante en passant par le couloir et la salle suivante était similaire à la précédente, le trou au plafond en moins. Mais il y avait au moins un endroit où se cacher, un casier ! D'ordinaire au fond de la classe, permettant de stocker le seau et balais pour le nettoyage, ils y seront un peu à l'étroit, mais ça ferait l'affaire.

« Allez, calme-toi, et cache toi dedans ! »

Elle s'y engouffra aussi, écrasant le jeune homme au fond, elle se mettait dos à lui, de sorte à voir à travers les petits trous du casier, voir si leurs poursuivants allaient les suivre ou non ?

Quoi ? Pourquoi de la fumée s’élévait de la peau de sa petite copine ? Quoi quoi ? Possession ! Mais… Et voilà qu’il fallait maintenant la suivre… vers cet énorme trou impossible ? Quoi quoi quoi ? Non non non ! Rien n’avait de sens et tout s’enchaînait si vite. Cette enquêtrice avait une poigne étonnamment forte. A moins que ce n’était pas de la puissance physique mais la force de sa résolution. Dans les deux cas, Camille lui était inférieur. Et il cria. Pas du tout un cri d’excitation de gamin partant à l’aventure. Quelque chose d’aigu, presque féminin et honteux.

Ils fuyaient dans cet endroit sombre. Ça ressemblait tant à l’école. C’était forcément l’école, lui disait son cerveau rationnel. Mais il y avait quelque chose dans l’atmosphère de lourd. Tout son corps était en alerte. Pas seulement parce qu’il avait été surpris par Eris et ses deux crétins de copains. Il y avait quelque chose d’anormal mais il était incapable de dire où. Dans l’architecture et les dimensions des salles de classe ? Dans le fait que ce soit si sombre et qu’ils parvenaient tout de même à avoir une vision suffisamment complète pour ne pas avancer à l’aveugle ? Et cette odeur…

Non, il ne voulait pas être enfermé dans un casier. Pas encore. Il en avait assez souffert dans sa jeunesse. Il se retourna pour ressortir tout aussi rapidement qu’il était entré quand… quand il ne put plus. La porte était fermée. Il était à l’étroit. Il y avait cette odeur maintenant, bien plus agréable que la précédente. Et il y avait surtout cette femme entre lui et la sortie. Si étroit que son corps était obligatoirement en appui contre elle. Elle n’était pas bien plus grande que lui. Une affaire de quelques centimètres comptés sur une seule main. Et peut-être même à cause des semelles de ces chaussures à elle. Il n’empêchait qu’elle était un peu plus grande que lui. Et plus massive. Non qu’elle soit grosse mais lui était frêle.

« Euh… »

Camille ne savait plus s’il devait paniquer ou ressentir un autre sentiment. Quand soudaine il réalisa que ce n’était pas une punition mais une cachette. Il devait se taire. Et la suite le conforta dans cette idée : de la fermer.

Eris : « Caaamiiille ! Où es-tu, ma petite femme ? Tu sais que je suis revenu juste pour toi parce que je n’en pouvais plus de t’attendre à la maison ? Caaamiiille ? »

Cette façon qu’elle avait de prononcer son nom. Il y avait un potentiel de séduction. Mais aussi de quelque chose de bien moins agréable. Ca puait le piège…

Eris : « Caaamiiille ! Tu te souviens de ce jouet ridicule que j’avais accroché à la culotte ? Il faisait quoi ? Dix ridicules petits centimètres ? Mais tu te souviens à quel point tu avais aimé que je t’encule ? Ah ah ! ESPECE DE TAPETTE ! Ah ah ! »

Ce n’était définitivement pas sa Eris. C’était un garçon manqué, oui. Il était aussi vrai que Camille s’était laissé tenter par cette expérience. Entre la honte et l’excitation, il avait relevé les fesses pour elle et… maintenant qu’il y repensait. Son propre sexe était en contact avec les fesses de cette femme. Elle allait sentir qu’il durcissait ! C’était tellement embarrassant. Mais il ne pouvait pas fuir. Ni rien dire.

Eris : « J’ai acheté la taille de bite d’un cheval, tapette ! J’ai dû voler un paquet d’argent à mes parents. Alors tu vas me faire le plaisir de ramener ton cul pour que je l’encule ! Caaamiiille ? Camille ! CAMILLE ? BORDEL !!! »

Ce devait être un rêve. Non, un cauchemar. C’était impossible qu’il soit dans une école flippante, enfermée dans un casier avec une femme qui possédait des formes féminines (au contraire d’Eris, sa petite amie). Enfermée et subissant un début d’érection parce qu’on criait tout haut et tout fort qu’il avait apprécié de se faire enculer, lui l’homme de leur couple. Et il ne pouvait rien dire. Rien faire. Seulement attendre. Se retenir de pleurer aussi. De geindre. Essayer d’être fort. Alors qu’il se savait faible…

L'enquête prenait une tournure étrange. Intéressante si elle aurait été seule, plus compliquée comme elle avait un civil à ses côtés. Les trois personnes montraient clairement qu'ils étaient possédés, pour Velma qui en avait vu de toutes les couleurs – surtout, depuis qu'elle aidait les agences gouvernementales – elle l'avait deviner sans l'ombre d'un doute. Trouver l'origine et la façon de les soigner, c'est une autre histoire, car si voir les symptômes était simple, trouver le bon médicament était plus compliqué. Surtout que selon l'entité, il y avait différentes façons de faire, d'agir ou ne pas agir. Avec quelqu'un comme Strange à ses côtés ou Constantine, ces trois-là seraient déjà libéré et peut-être même que le Mal dans ses lieux serait éradiqué ou en cours d'éradication, mais avec juste Velma pour agir, ça pouvait fonctionner... Mais elle n'était pas encore experte, il y avait Camille avec elle, le mettre en danger serait mauvais. Son but était de récolter le plus d'information possible et là, c'était de semer ses trois gamins et au moins laissé Camille s'enfuir.

Mais pas tout de suite. Pour le moment, ils étaient dans un casier, espérant échappé aux trois possédés. Il fallait se taire et espérer que ce plan basique allait fonctionner. Bien vite, la fille du trio apparaissait, si sa voix était douce, presque sensuelle, Velma savait que c'était un piège, elle espérait juste que Camille n'allait pas craquer et sauter dans ce piège à pieds joints. Cette dernière évoquait des choses intimes, vraies ou non, elle ignorait si c'était le cas même si l'apparence très androgyne de Camille – qu'elle pensait être une fille au début – lui faisait dire que c'était vrai. En d'autres circonstances, elle aurait pu trouvé ça mignon et excitant, de faire ça avec un garçon plus ou moins mineur, androgyne, ça pouvait lui plaire. Velma faisait bien pire avec sa Maîtresse. Mais voilà, elle savait quand elle devait se montrer salope et soumise et quand elle devait être sérieuse et confiante. Là, c'était la seconde option. Dommage, l'option bite de cheval lui aurait plus à elle, mais ce n'était ni le lieu, ni le moment, même si elle commençait à sentir l'excitation de Camille dans son dos. L'ambiance, son corps contre le sien, les souvenirs qui remontent, elle ignorait pourquoi, mais elle ne lui en voulait pas.

Elle faisait en sorte de ne pas bouger et de rester sérieuse, mais, force est de constater que d'évacuer la pression l'intéressait aussi, surtout pour espérer que Camille reste calme et que cette fille s'en aille. Elle l'écrasait un peu plus dans le fond du casier contre elle, surtout pour que sa voix qui allait sortir au plus bas puisse lui parvenir sans les trahir.

« Camille... si ça peux t'aider à te calmer... et que tu reste silencieux... alors profite... mais promets-moi qu'aucun son ne va sortir de ta bouche. »

Une part d'elle s'en amusait, espérant en profiter, mais, quand bien même, ce serait vrai, elle restait surtout sérieuse, la Velma salace était réservé à sa Maîtresse avant tout. Elle s'en amusera peut-être de savoir ce qu'elle avait fait. Au niveau de sa main droite, elle attrapait sa bosse qu'elle sentait sous sa jupe, commençant à le branler, qu'il prenne ensuite les choses en main. Elle ne disait rien, mais du moment qu'il restait silencieux, il pouvait profiter d'elle, juste, pour le moment, l'avant lui était interdit, personne en dehors d'Amelie ne pouvait la remplir de ce côté... Amélie ou ses amis les animaux. Elle espérait ne pas faire une erreur.

Camille n’est pas un mauvais garçon. Encore moins un badboy. A contrario, il n’est pas un saint non plus. Il n’est plus vierge depuis qu’il est en couple. Avec cette actuelle petite amie qui s’est fait posséder et qui dit des choses fausses. (parce qu’il ne faudrait pas que ce soit vrai pour cette inconnue. Ce serait trop la honte…) Tout comme il a déjà feuilleté des hentais et regardé quelques vidéos sur des sites pornographiques. Mais ce n’est pas un obsédé. Et il est très sage pour les garçons de sa tranche d’âge.

Mais rien ne l’avait préparé à cette situation inédite. Encore dans un placard contre le corps d’une fille. Plongé dans une ambiance impossible à sauce de surnaturelle. Qu’on évoque à voix haute le fait, qu’une fois, il avait aimé se faire enculer. Il n’aimait pas le terme. Ca paraissait si sauvage. Si brute. Si sale. Mais c’était bien le bon terme pour évoquer une pénétration entre ses petites fesses blanches. Et voilà que la fille avec qui il était enfermé commençait à saisir sa verge. Elle disait des choses à voix basses. Elle le prévenait qu’ils ne devaient pas faire de bruits. Que la situation était sérieuse. Potentiellement dangereuse. Et pourtant… pourtant… pourtant elle était en train de le branler !

(gémissement)

Il plaqua rapidement ses mains sur sa bouche. Enfin, aussi rapidement et discrètement que sa position enfermée dans un casier contre le corps d’une autre le permettait.

« Je suis désolé… » murmura-t-il…

Il ferma les yeux. Mais ce fut pire. Il ressentit d’autant mieux cette main féminine qui s’activait sur sa verge. Ses narines captèrent son parfum. Il essaya de ne pas bouger les hanches pour ne pas provoquer une couche supplémentaire d’excitation. Mais rester immobile était tout autant compliqué.

« Je… »

Au loin, la voix d’Eris possédée reprit du service.

Eris : « Caaamiiille ? J’ai été méchante tout à l’heure. Je m’en excuse. Camille, tu m’écoutes ? Si c’est à cause de la bite de cheval, je pourrais toujours l’échanger. Tu en as peur, c’est ça ? Trop long. Trop épais. Trop noire. C’est ça, mon Camille ? Mon petit androgyne à moi ? Ma petite pute ? PUTE ! Pute pute pute ! Pardon. Pardon, Camille. Je pourrais aller l’échanger. Pour quelque chose d’un peu plus petit. Plus coloré. Les couleurs c’est bien, oui ? Ca te rassurerait qu’il soit tout rose flashy ? Ou peut-être arc-en-ciel ? … … Camille ? … … … CAMILLE ? PUTAIN ! »

Il s’en voulait tellement. La peur ne le faisait pas débander. Il aurait tellement aimé être mou entre les doigts si doux de cette fille qui savait comment s’y prendre. Enfin, il n’était pas un expert. Et la raison venait surement du fait que c’était une main nouvelle. Mais merde, ça lui faisait de l’effet ! Il n’allait pas tenir longtemps. Surement si sa copine évoquait son strapon avec un jouet coloré. Il n’aurait tellement pas du lui montrer cette image…

« Je… je pense que vous êtes po-possédée, vous aussi. Vous ne devriez pas… ça fait du bien… mais… non. Vous ne devriez pas faire ça avec votre, euh… et mon, euh… »

Il n’arrivait pas à dire clairement qu’elle devait arrêter de masturber son sexe. Et, au fond de lui, il aimait ce scénario où il était prisonnier. Incapable de fuir cette main qui lui faisait du bien. Mais il laissait échapper de temps à autre des gémissements.

Et ce n’était plus qu’une question de secondes avant qu’il salisse le casier. Au mieux. Et au pire ? Qu’il la salisse, elle…