The Multiversity

La routine pour Suki, c'était se lever, sauver des esclaves, tuer en condamner des esclavagistes et rentrer à la base. Plus simplement encore, entrainer les jeunes recrues de la section sniper et arme à feu. Aujourd'hui, ça allait être le premier cas, sauver des vies pour leur éviter un long cauchemar ou une mort horrible! À une exception près pour cette journée, comme d'habitude, elle allait avoir ses armes, son transport, ses camarades saufs, qu'il y allait aussi y avoir Rinako Yukimitsu. Membre de l'escadron Celkhane, la meilleure formation de l'armée, l'équipe de choc ! Si Suki avait eu la chance de travailler plus ou moins avec chaque membre de cette équipe, le sergent Yukimitsu était la seule à ne pas avoir fait équipe avec elle. Elle avait eu des échos sur cette fille, ses compétences, son talent presque inné pour l'armée, le fait que les cinq Chef de Caelestis fondait de grands espoirs en cette fille mais jamais elle ne l'avait vu à l'œuvre dans une mission, pas même un écho à vrai dire. Ce fut une surprise pour le lieutenant Tetsuhiko de savoir que cette fille, le sergent Yukimitsu avait ce poste sans même avoir eu de mission sur le terrain ! Elle n'en fit pas un drame mais ça restait étonnant!

En réalité, ce n'était même pas elle qui avait sollicité l'idée de son baptême du feu à Yukimitsu mais une de ses supérieures. Suki avait toujours de bons résultats dans ses missions, comme ses consœurs même si elle avait tendance le plus souvent à tuer les esclavagistes qui la poussaient à bout. Sans ça, le mot échec à ses missions n'était présent qu'une seule fois, une fois qui fit marquer au fer rouge. Sa fameuse rencontre avec Mélinda Warren! Cette vampire, elle souhaitait sa mort plus que tout! Tout n'était pas noir dans cette mission, la garce avait tué une autre vendeuse d'esclaves quand même mais bon, tôt ou tard, il faudrait qu'elle soit de nouveau face à face et que Suki lui fasse payer ce qu'elle avait subi à cause d'elle. Mais passons, cette mission ne serait pas aussi compliqué que l'opération « Mélinda Warren », ce n'était qu'une petite bande d'esclavagistes, ils avaient réussi à avoir des armes uiatéennes mais rien de bien dangereux entre les mains d'hommes.

L'unité de Suki comportait dix soldats, le lieutenant et le sergent inclus, donc elles plus huit filles de l'unité à Suki. Dans la base, Suki était prête, vérifiant que chacune avait son matériel, aucun oubli, aucune erreur. Selon les quelques mots de la part de ses supérieures, Rinako utilise surtout ses poings et ses pieds, rarement des armes, drôle de façon mais chacun des membres de l'escadron avait sa spécialité. Suki, c'était les armes, apparemment pour Rinako, c'était le combat rapproché, une autre avait une préférence pour les soins, bref, elles excellaient chacune dans un domaine précis. Chacun des soldats de Suki était bien équipée, combinaison en place, une ou deux armes à leurs ceintures, de nouveaux morts allaient se répandre sur le sol de Terra et du sang sera versé! Malgré les apparences, elle ne s'habituait toujours pas à tuer les autres, même pour une bonne cause comme celle de libérer les esclaves de Terra, un comble pour cette petite tête blonde qui semble pourtant être la plus dure de l'escadron, son visage semble ne pas connaître les mots remord et pitié, pourtant, elle y était souvent confrontée. Mais si elle commence à perdre la tête, qui allait montrer l'exemple à ses recrues?

Il restait encore une quinzaine de minutes avant que le vaisseau ne décolle pour se poser sur Terra mais Suki était le genre de fille à avoir toujours de l'avance sur les choses, détestant le retard. La petite soldate parfaite en somme! Elle donna l'ordre à ses soldats de déjà prendre place dans l'appareil, comme convenu, Suki attendait près de l'armurerie au cas où Rinako aurait la bonne idée de s'équiper de chose et d'autres. Elle n'allait pas la forcer mais vaut mieux se préparer à cela plutôt qu'une fois devant le vaisseau, elle décide de venir ici pour des armes ou autres! Bras croisés, adossés contre un mur, elle attendait gentiment que Rinako arrive. Comment allait-elle s'entendre avec une de ses cadettes? Bien? Pas bien? L'avenir allait le lui dire.

La liste des noms et des affectations ne cesse de se répéter dans ma tête depuis trois jours. Je revois la trentaine de recrues réunies autour de moi dans la chambrée, et notre sergent-instructeur sa fiche à la main. Chacune appelée à leur tour dans un corps d'arme ou un autre. Une étape de plus vers le service actif pour mes camarades, qui ont encore une bonne année d'entraînement devant elles. Génie, transmissions, infanterie aéroportée, légère ou lourde, reconnaissance, infiltration... Suivant l'ordre alphabétique mon nom a été cité en dernier.

" Yukimitsu : forces spéciales ! "

Cela n'a rien eu d'une surprise, mais l'entendre ne m'a pas laissé de marbre. La cadette de la troupe, la seule à entrer en service actif. Depuis près de neuf ans je ne faisais que passer d'une section à l'autre pour maîtriser les bases de chacune. La dernière année n'a été qu'une retour à la case départ, une façon de refermer le cercle avant de passer à l'échelon supérieur. Trois jours plus tard je suis appelée pour ma première mission. Je ne sais pas trop ce que je ressens en ce moment. Je l'ai tellement attendu, et redouté aussi.

Je vais enfin poser le pied dans les traces de ma mère, sur le sol où elle est tombée. Je vais tuer pour la première fois, ressentir pour la première fois le poids des vies sur mes épaules, répondre à ma première question de vie ou de mort. Je me suis entraînée tout ma vie pour ça, mais en aurai-je la force ? Est-ce que je vais supporter la pression ? Est-ce que je saurai me battre assez bien ? Est-ce que j'ai péché par orgueil toutes ces années en préparant ce moment ?

Sans compter les femmes que je vais assister dans cette première mission. Le lieutenant Tetsuhiko et son commando d'élite, qui n'a connu qu'un échec face à une esclavagiste placée haut dans la liste des vermines à éradiquer. Pour la crème de la crème j'ai peur d'être un poids mort alors que nous sommes encore à l'armurerie de l'aéroport militaire. Le reste de l'équipe est déjà parti pour l'air d'embarquement, et le lieutenant reste adossé au mur près de la porte à me fixer. Il faut dire que je suis à mille lieues de leurs habitudes avec ma tenue de danseuse exotique et mon pistolet à bouchon, alors qu'elles portent toutes leurs combinaisons de combat et des armes à plasma.

J'hésite encore à m'équiper en suivant leur exemple, ne serait-ce que pour m'intégrer un peu mieux à leur équipe. Mais ce serait brider la magie dont j'ai fait ma meilleure arme, me rabaisser au niveau d'une recrue passable, et finalement devenir le poids mort qui nous mettrait toutes en danger. Je me retiens de lever la main vers ma broche pour me rassurer. Qu'est-ce que tu ferais à ma place, maman ? Qu'est-ce que tu me dirais si tu étais encore là ? Tu n'as pas vécu assez longtemps pour me parler de ces choses-là. Est-ce que tu étais comme le lieutenant avec tes troupes, froide et silencieuse ? Je ne sais pas ce que je dois faire pour être à ta hauteur.

Je prends un grande inspiration. Voilà que je me remet à parler à un fantôme, et c'est le meilleur moyen d'en devenir un. Je serre les poings. Après tout il ne s'agit que d'une poignée d'esclavagistes et de contrebandiers. Rien de plus que des hommes qui ont choisi d'écraser les faibles, qui mérite une place dans le sac où je mets ceux qui ont fait de moi une orpheline. Je sors de l'armurerie, sans autre équipement que ma tenue légère et mon pistolet. Et je viens me planter au garde à vous devant le lieutenant Tetsuhiko.

" Parée, armée et à vos ordres, Lieutenant ! "

Ce n'est pas un hasard si on m'a tracé ce parcours hors-normes. On ne m'a pas assigné à l'élite pour augmenter mes chances de survie. Je suis là pour apprendre enfin ce que signifie se battre pour les autres, et gagner ma place parmi les meilleures. Finalement je n'aurais pas pu mieux tomber, et je compte faire en sorte que le lieutenant pense la même chose quand nous reviendrons.

Bras croisé contre le mur, Suki attendait le sergent Yukimitsu qui venait de faire une courte apparition. Son regard toujours si sévère braqué sur cette nouvelle recrue, elle l'examinait rapidement avant de la laisser filer vers l'armurerie. Un bon réflexe, reste à savoir ce qu'elle allait en sortir à présent. La chose qui avait surpris Suki avec ce nouveau sergent, c'était sa tenue! Toute celkhane, pour la plupart en tout cas, leur tenue couvrait leur corps en entier, des pieds au cou. Suki, Sora, elles étaient nombreuses à avoir cette tenue. Que ce soit d'un point de vue pratique ou militaire. Dans le ciel, la température n'est pas la même qu'au sol et donc, bien que moulante – voir très moulante – cette tenue leur tenait chaud comme le froid était toujours présent sur Caelestis malgré le beau temps. De plus, leur tenue leur donnait une résistance à la magie, feu ou glace, foudre, tous les éléments étaient diminués grâce à ce petit bijou de technologie. Et ça fonctionnait bien que les balles! Donc autant dire tout de suite que Yukimitsu semblait mal parti! À moins qu'elle ne soit visée entre les jambes ou à la poitrine, elle risquait gros! Enfin, une tenue pareil devait avoir les mêmes effets que celles des autres celkhane, sauf que l'effet devait se propager sur les zones nues?

Se retirant du mur, elle gardait les bras le long du corps en attendant le nouveau sergent. Si ses recrues avaient eu libre choix dans le choix de leur arme, Suki gardait son fusil d'assaut/sniper accrocher sur elle. C'était son petit bijou et elle ne comptait pas s'en séparer. De nouveau sorti, les portes laissaient filer la jeune femme aux cheveux roses, garde-à-vous devant le lieutenant Tetsuhiko, sans avoir plus d'arme à la main. Experte en magie et combat rapprocher alors? Elle allait bien le voir sur le terrain. Suki fit de même en saluant le sergent avant de poser une main sur sa hanche, observant le corps de sa camarade, toujours aussi surprise...

« Repos. Hey bien sergent, vous avez de la chance que notre mission ne se déroule pas dans une montagne glacée! Maintenant, en route vers le vaisseau. »

Prenant les devants, elle avançait dans les couloirs avec le sergent en commençant un bref topo de la mission. Légèrement plus grande que le lieutenant, Suki ne faisait pas attention à ce genre de détail tant que l'on est inférieur à son grade, ce qui était le cas actuellement. La marche droite, ses cheveux bougeaient à peine lorsqu'elle se dirigeait dans les couloirs.

« Notre mission est simple, selon les premiers rapports, notre groupe d'esclavagistes n'est qu'une petite branche d'un immense réseau, il faudra donc éviter le nombre de morts dans leur camp dans un premier temps. Nous somme des personnes civilisées, même avec ses monstres alors nous leur laissons une chance de se rendre et s'ils refusent, ce qui est toujours le cas, on les neutralise. S'ils venaient à découvrir que nous somme des celkhanes et non des tékhanes, ils n'hésiteront pas à prendre des esclaves en otage. C'est triste à dire, mais notre mission principale rend nos objectifs parfois compliqués à exécuter. Généralement, ils essayent ça sur une ou deux esclaves avant de voir que notre unité de sniper est imbattable. S'ensuivent les suicides ou l'abandon, certains sont trop lâches pour accepter la vérité et mettent fin à leur jour comme vous pourrez le voir. Comme c'est votre première mission sur le terrain, on a eu une mission plutôt simple, je compte donc sur vous pour me prouver votre valeur pour l'armée. N'oubliez pas, on doit sauver les esclaves de ses monstres, quitte à retirer la vie de leur tortionnaire avant de pouvoir obtenir des informations. Les vies de ses pauvres femmes valent mieux que ce genre de monstre. »

Elle n'avait pas dit homme car les femmes aussi sont des esclavagistes, Melinda Warren en est la plus belle preuve!

« Bien, des questions? »

Toujours en marche vers l'air de décollage, elle pouvait laisser le sergent lui donner ses coins flous pour que Suki éclaircisse sa lanterne, ça ne devrait pas être une chose très compliquer de demander quoi que ce soit en rapport avec l'armée à l'une de leurs plus fidèles soldates.

" Le système de régulation thermique me gêne au combat, mon lieutenant. "

Je m'attendais à de petites piques de ce genre. Ce n'est sans doute que la première d'une longue série. Démarrer sergent et aussi jeune est un double handicap. On attend beaucoup de moi, et je vais devoir redoubler d'efforts pour faire mes preuves. Mais ça ne veux pas dire que je vais n'en faire qu'à ma tête. Foncer tête baissée et prendre des initiatives pour se faire bien voir : ça s'appelle déconner. Au combat il faut improviser, penser et agir vite, dominer l'ennemi par la vitesse plus que la force. En théorie je suis au point, mais je dois encore voir où se trouve la limite sur le terrain.

J'écoute le lieutenant m'exposer la mission. Débarquer, sécuriser les esclaves, faire autant de prisonniers que possible. Les boucliers humains et les suicides qu'elle évoque ne vont pas nous faciliter la tâche. Tout devra aller très vite. Quant à faire mes preuves et éliminer les esclavagistes qui ne me laisseront pas le choix : je suis là pour ça. Comme à l'entraînement, sauf que cette fois ils ne se relèveront pas au coup de sifflet de l'instructrice. Mais je sens que le lieutenant est tendue. On ne part en pique-nique, je ne suis pas vraiment zen non plus. Mais il y a autre chose que de l'appréhension dans sa voix.

Je ne me pose pas plus de questions. Elle est mon officier supérieur, je dois me reposer sur ses ordres et elle sur ma capacité à les suivre. Dès lors que nous sommes en mission il n'y a pas de place pour le reste.

" Bien, des questions? "

Je prends une seconde pour réfléchir.

" Combien ils sont ? Quel équipement ils ont ? "

Je ne vois pas grand-chose d'autre à demander. En arrivant sur l'air de décollage je sens la tension monter d'un cran. C'est peut-être du au vent et au bruit des moteurs, ou c'est simplement que je suis parée, équipée, et en train de sauter le pas. Le moment tant craint et espéré arrive enfin. Le reste de l'équipe est en train d'embarquer, nous arrivons juste au bon moment pour ne pas les faire attendre. Il n'aurait plus manqué que la bleue fasse prendre du retard à sa première mission. D'un côté je me dis que je viens d'éviter la première embûche... Les autres seront des questions de vie ou de mort.

Pour Suki, cette mission sera comme tant d'autres. Une routine qu'elle connaissait bien. Des vendeurs d'esclaves qui refusent la manière douce, des morts, des tirs, des blesser – léger ça arrive – des actions inutiles de la part des esclavagistes comme la prise d'otages ou le chantage puis pour finir, plus de mort sur les bras que de type à interroger! Et ce n'est pas faute d'essayer pourtant! On pouvait qualifier le lieutenant de dur dans l'armée, ayant la gâchette facile et pourtant, les statistiques prouvent qu'elle ne fait à peine un peu plus de morts que ses camarades sur d'autres opérations du même genre. C'est juste qu'il ne faut pas la gonfler la petite tête blonde! En chemin avec la nouvelle recrue déjà sergent, Suki avait fait un bref topo de la mission sans pour autant la charger d'information la petite nouvelle. Alors que le vaisseau était déjà prêt, les autres soldats étaient déjà dedans et seule l'une d'entre elles attendait devant l'entrée du vaisseau. Suki pensait que la jeune recrue n'aurait rien à demander, trouvant qu'elle avait tout comme information mais elle avait posé la bonne question! Le nombre et l'armement.

« Bonnes questions mais j'y répondrais à l'intérieur afin d'être sûr qu'elles n'ont pas oublié ce genre d'information. »

Continuant sa marche, son fusil poser sur sa hanche n'était pas vraiment libre de tout mouvement puisque le lieutenant tenait le haut de son fusil. Passant devant la soldate qui saluait de façon militaire le sergent avant d'entrée en dernière en appuyant sur le bouton pour refermer la porte. Cette dernière regagnait sa place auprès des troupes. Entrant dans une salle sombre du vaisseau qui commençait à s'envoler, tout le monde était en rang, observant l'écran holographique, là où toutes les instructions en majeure partie seront donné. Chacune des filles de la troupe de Suki attendait debout, les bras dans le dos, les jambes un peu écartées, elle baissa juste la main pour leur signaler de cesser la position. Le vaisseau n'allait pas tarder à partir bien que sans l'accord de Suki ou d'une autre personne, les pilotes maintenaient un rythme calme pour se diriger vers Terra.

« Bien, comme vous le savez toutes, le sergent Yukimitsu sera avec nous pour cette mission et c'est pour cela que je voudrais donner quelques règles supplémentaires. Comme elle est supérieure à vous en termes de hiérarchie militaire, je compte sur vous pour lui obéir au doigt et à l'œil! Sauf si je vous ordonne de continuer votre action, en mon absence, elle vous guidera! Aucune remarque ne serra tolérer contre elle, vous êtes des soldats, elle est sergent et je suis lieutenant, alors un peu de respect surtout que comme vous le savez, tant que la mission n'est pas un succès, je vous interdis de divaguer, de blaguer et encore moins de vous morfondre! Ce genre de chose est ce qui pourrait causer un échec à la mission! »

Et elle ne blaguait pas! Suki ne rigolait pas en mission, une fois fini, ça lui arrivait de sourire et plaisanter mais durant une mission, elle restait de marbre et elle en avait réprimandé plus d'une en croyant qu'elle blaguait en disant ça. Prenant une petite baguette sur la table, elle pointa la carte en 3D devant elles, le terrain était plat et les rocher jouera à leurs avantages. La zone était plutôt dégagée sans ça mais rien ne garantit que tout sera rose!

« Voici notre cible, cette petite base se trouve à quelques kilomètres de Tékhos, elle est donc assez renforcée et elle ne risque pas de tomber sous les tirs. D'après notre service de renseignements, la base est surtout souterraine, il y a donc de forte chance que nous devions pénétrer la base et faire le ménage. Ce genre de structure possède souvent le même genre de parcours. »

Guidant le regard de tous avec sa baguette sur la carte, elle indiquait ce dont elle parlait bien que la carte maintenant horizontale montrait juste à quoi ressemblait la base, pas ce qu'il y avait en dessous.

« Le plus souvent, il y a un accès comme un escalier et généralement un ascenseur. Si tout est comme nous le pensons, nous aurons un long couloir avec un carrefour en « T ». Deux groupes prendront chacun un côté car après une série de couloirs, il y aura d'un côté, l'endroit où sont prisonnières les esclaves et de l'autre, c'est le coin du chef de tout ça. Méfiance tout de même, ce sont des hommes mais ils restent quand même de ce groupe d'esclavagiste que nous traquons depuis quelques mois. Chaque branche brisée nous mènera à l'arbre que nous pourront raser ensuite. Il est donc évident que cette organisation possède des moyens pour nous stopper. Il ne devrait pas y avoir de piège mais dans le doute, quelques-unes d'entre vous ont des détecteurs, il va donc de soi de répartir équitablement les groupes lors de la séparation. »

Des images des rames en question apparaissaient sur l'écran en même temps que Suki s'occupait de dicter la mission.

« Comme nous avons déjà eu affaire à eut auparavant, leur armement reste assez habituel, quelques fusils classiques, quelques pistolets à plasma et méfiance, quelques grenades en tous genres aussi. Plasma, électrochoc, acide, fumigène, à vous de juger vite la grenade et vous couvrir si vos sorts ou protections ne suffisent pas. Passons enfin au nombre, vu la taille de la base, ils sont environ une centaine, ce sont nos estimations. Notre service d'espionnage a relevé que treize types mais c'est un système de roulement pour monter la garde alors le reste reste tapi dans l'ombre. Voilà en gros ce qui nous attend, je vous laisse gérer les groupes, j'ai confiance en vous, le trajet prendra une vingtaine de minutes et j'attends donc vos choix dans dix minutes, vous me trouverez dans la salle de réunion. Ce sera tout, si vous avez des questions, c'est le moment! »

Suki patientait en faisant machinalement tourner la baguette entre ses doigts, cela pouvait aussi être pour Yukimitsu mais pour elle, elle pouvait bien le faire ailleurs que devant les troupes.

C'est la troisième fois que je monte dans un vaisseau de ce genre. Une modèle standard décliné en plusieurs séries militaires ou civiles. c'est étrange de se dire que les forces spéciales voyagent dans des appareils dont les cousins pas si lointains servent de yatch ou de véhicules de livraisons. Pour des militaire on ne peut nier un certain confort dans ce vaisseaux, mais les livraisons sont rarement au goût des destinataires. Je suis le lieutenant jusqu'à la salle de briefing où toute la troupe l'attend déjà au garde à vous. Je viens me poster en bout de rang, un pas devant comme le veut mon grade. Quand le lieutenant fait un signe de la main il me faut une petite seconde pour comprendre qu'elle nous autorise le repos.

" Bien, comme vous le savez toutes, le sergent Yukimitsu sera avec nous pour cette mission et c'est pour cela que je voudrais donner quelques règles supplémentaires. Comme elle est supérieure à vous en termes de hiérarchie militaire, je compte sur vous pour lui obéir au doigt et à l'œil! Sauf si je vous ordonne de continuer votre action, en mon absence, elle vous guidera! Aucune remarque ne serra tolérer contre elle, vous êtes des soldats, elle est sergent et je suis lieutenant, alors un peu de respect surtout que comme vous le savez, tant que la mission n'est pas un succès, je vous interdis de divaguer, de blaguer et encore moins de vous morfondre! Ce genre de chose est ce qui pourrait causer un échec à la mission! "

Je ne me fais pas d'illusion, elle ne préviens pas que les autres, ça s'adresse aussi à moi. Elles devront m'obéir, mais je serais responsable d'elles. Et si je ne suis pas à la hauteur elle me relèvera dans la seconde. La mission et rien d'autre que la mission, comme si nous n'étions que des robots. Les rumeurs ne mentent pas, le lieutenant Tetsuhiko a l'air aussi flexible qu'une poutre en acier. Certaines dise qu'elle l'a toujours été, d'autre que son échec face à Warren l'a rendue pire. Mais elle reste l'une des meilleures, presque une légende, et ma supérieur hiérarchique.

De plus les autres soldates n'ont pas l'air de remettre son petit discours en doute. Elles la connaissent donc je n'ai pas à m'inquiéter, ou plutôt si. Elles ne me connaissent pas, et c'est réciproque. Je vais avoir leurs vies entre les mains et c'est aussi réciproque. Je me retiens de lever la main pour toucher ne serait-ce qu'une seconde ma broche. Je ne suis toujours pas débarrassée de cette habitude, de cette faiblesse. Je suis allé au Mémorial des dizaines de fois en espérant trouver le courage de la laisser sur la tombe de ma mère. Il n'y a pas eu moyen.

Je fais un effort pour me concentrer sur le briefing. Une base dans les environs de Uatis, des hommes armés, un bunker. Il va falloir faire avec des murs renforcés et des portes blindées, sans compter les esclavagistes armés et en surnombre dans les couloirs. J'aurais peut-être du mettre une combinaison complète, mais il est trop tard. Je n'aurais pas assez d'espace pour danser une fois à l'intérieur, ma volonté sera ma seule arme. Je n'aime pas ça. Je ne doute pas de ma puissance, mais quand je recoure à la magie je dois faire appel à mes sentiments. Bouger m'aide à garder l'équilibre, et la tête sur les épaules.

De gros efforts de concentration en perspective, j'aurais du mal à commander et me battre en même temps. La cerise sur le gâteau ne tarde pas à arriver : il va falloir se séparer. Maintenant je comprend mieux, il fallait au moins un sous-officier pour mener le second groupe. Le Conseil en profite pour dépuceler son jeune espoir. Comme quoi tout le monde n'est pas attendri par ma dégaine de fillette. Je stocke le maximum d'informations en essayant d'analyser au passage. Fusils, pistolets à plasma, quelques grenades, près d'une centaine d'hommes. C'est mauvais pour nous. Nombreux et bien armés ils ne se laisseront pas intimider, faire des prisonniers ne sera difficile.

" Ce sera tout, si vous avez des questions, c'est le moment! "

Dix minutes pour former les groupes. Elle en a de bonnes ! À part piocher au hasard ou attendre que quelqu'un se décide me choisir, je ne vois pas bien ce que je peux faire... À part un pas en avant.

" Je prendrai la tête du second groupe, mon lieutenant. "

Autant mettre les deux pieds dans le plat dès le départ. Pour un groupe souder se diviser n'est jamais facile. Cette fois la moitié d'entre elles seront commandées par une inconnue, doublée d'une bleusaille. Les volontaires n'ont pas l'air de se bousculer dans mon dos et je ne peux pas leur en vouloir. À leur place je ne me ferais pas confiance.

La mission était assez classique pour Suki et sa petite troupe, c'était même la mission classique pour une celkhane. Vaincre les esclavagistes en libérant les pauvres esclaves retenues contre leur volonté. Suki fit un petit briefing devant tout le monde, simple et court, plus de détails étaient à disposition avec elle ou sur papier, quelques exemplaires laissés sur un bureau. D'ordinaire, les soldats de Suki avaient l'habitude et consultaient rarement les documents mais ça servait surtout pour celles qui étaient pue habitué au terrain, comme le sergent. Donnant ses ordres, elle observa les filles discuter entre elles, formant déjà les groupes, elle était assez étonné que personne ne vienne vers elle ou le sergent pour des conseils stratégiques puisque la logique voulait que chacune d'elles dirigent un groupe. Dans ses habitudes, le lieutenant pouvait compter sur sa fidèle Kairi qui était la première de son bataillon mais depuis qu'elle est « en congé », il lui était impossible de compter sur elle. Yukimitsu pouvait donc enfin sortir ses crocs durant la mission.

Alors qu'elle se préparait à sortir de la petite salle du vaisseau, Rinako se décida justement à prendre la tête du second groupe. Un bon point pour elle, elle venait de comprendre pourquoi elle serait là pour cette mission! Le fait de prendre la parole avait attiré les regards de certaines filles de son bataillon, qui, bien vite lançait quelques murmures entre elles avant de reprendre la formation de groupe. Les nouvelles recrues étaient souvent mise sur le terrain mais peu à peu. Une ou deux nouvelles pour ne pas trop perturber le déroulement de la mission, autant dire que les stratégies militaires et les formations étaient souvent identiques ce qui n'était parfois pas plus mal.

« Très bien Sergent. Veuillez me suivre, j'ai d'autres informations à vous communiquer en privé. »

Gardant la marche droite, le bras droit en avant en même temps que sa jambe droite, de même quand le pied gauche allait de l'avant. Une femme moulée dans l'armée! Suki passait les couloirs avant de rentrer dans sa cabine réserver au plus haut gradé de l'appareil. Un bureau pour travailler en paix, loin du bruit des soldates dans le vaisseau puisque la cabine était insonorisée bien qu'un haut-parleur était dedans pour dictée certaines situations d'urgence. Un lit, le seul véritable lit de l'appareil, assez grand pour deux et confortables. Il lui était arrivée de souffler dedans après une rude et longue mission. Invitant donc le sergent dans sa cabine, elle prit place sur la chaise à sa disposition en l'autorisant à s'assoir sur le lit ou rester debout, c'était à elle de voir.

« Maintenant que nous sommes entre nous, j'ai à vous parler et plus franchement. Je ne voudrais pas vous faire la morale devant les troupes, votre image pourrait en prendre un coup et votre crédibilité aussi. Mes soldats ne sont pas des gamines mais je préfère éviter toute erreur. »

Les bras croisés, tourner vers Yukimitsu, le lieutenant avait pour habitude d'avoir les sourcils froncés, la plupart du temps. La voir plus gaie était plutôt rare et autant dire qu'à moins que la mission soit finie, elle gardera ce regard de glace. Même face à un adversaire, pour se moquer, c'était encore mieux.

« Je sais que bon nombre de rumeur sont dites dans l'armée et croyez-le ou non, neuf rumeurs sur dix sont fondées! Après je n'ai pas des oreilles partout, j'ignore quelques-unes de ce qui se dit sur moi mais passons. Tout cela pour en venir au fait, vous le savez sans les rumeurs, je ne veux aucun débordement, aucune situation ne doit être prise comme mineur, ce n'est pas seulement nos vies mais aussi celles d'esclaves qui sont en jeu. Alors je peux vous donner certains conseils qui vous serviront forcément. Ne penser pas comme une humaine, comme une habitante de Caelestis, pensé Celkhane! Nous sommes des soldats, pas des femmes sortit d'une œuvre de charité! Il est temps que tout vos cours à l'armée soit mis en pratique sur le terrain Sergent Yukimitsu! »

Suki se relevait doucement, relâchant ses bras pour les laisser le long de son corps si frêle, plus encore que celui de sa cadette. Elle y déposa une de ses mains sur son épaule, gardant son regard dans celui de sa partenaire.

« Vous pouvez penser ce que vous voulez à mon sujet mais surtout, retenez bien mes paroles! Surtout ce conseil... Sur le terrain, aucune hésitation! Je veux que des décisions construites! L'hésitation peut être votre pire ennemie et pas seulement pour vous! Alors si vous avez le temps de réfléchir, vous pouvez le faire mais que si rien ne risque de vous gêner, adversaires comme piège, bien que je ne pense pas que cela ne soit très répandu dans cette base. N'oubliez pas, agissant comme une véritable Celkhane, ressortez tout ce que l'armée a pu vous apprendre, rien n'est inutile dans notre formation Sergent... »

Hésitez, c'est à cause de ça qu'elle avait entrainé Kairi avec Mélinda Warren, sans ça, Suki n'aurait pas eu à avoir son cas sur la conscience. Elle serait peut-être morte à l'heure qu'il est? Mais elle n'aura pas non plus le poids de s'être comportée comme une esclave et même pire encore entre les pattes de cette vampire! Il restait encore plus d'une dizaine de minutes de vol avant de rejoindre la terre ferme. Les groupes surement formées, elle avait dit le plus important au sergent, à elle de voir si elle en tira profit durant la mission? Suki avait une chose importante que n'avait pas sa cadette, l'expérience du champ de bataille et de l'odeur de la mort!

Je ne sais pas si les femmes du Lieutenant sont en train de tirer à la courte paille ou vraiment se répartir. J'essaie de me convaincre que c'est la deuxième solution, et qu'elles n'auront pas à me porter. Elles n'auront pas à me porter. Je suis sortie la plus jeune et la meilleure de mon unité. Je suis de taille. J'ai bossé des années pour ça, je me suis privée de tout le reste. Quand d'autres profitaient des permissions et des quartiers libres pour s'amuser, je passais en coup de vent au Mémorial ou saluer des familles de réfugiés qui me connaissent. Puis je rentrais m'entraîner. Personne n'est sorti de ses classes aussi paré que moi.

" Très bien Sergent. Veuillez me suivre, j'ai d'autres informations à vous communiquer en privé.
- À vos ordres. "

J'essaie de la suivre en évitant de penser à toutes les horreurs qui courent sur son compte. Depuis l'affaire Warren les rumeurs se sont assombries. Les longs cheveux qui dansent dans le dos du Lieutenant Tetsuhiko attirent trop mon regard sur son corps moulé par sa combinaison de combat. Ça m'énerve plus qu'autre chose. Je dois me concentrer, d'autant que le petit aparté qui se prépare ne me dit rien de bon. Des infos à me donner en privé ? Soit la mission est à double-fond, et ça m'étonnerait qu'on soit dessus toute les deux, soit elle veut vérifier que bébé sait vraiment tenir debout tout seul.

Et je fais bien de rester debout, au garde à vous, parce que son préambule me hérisse le poil. Inutile de s'enfermer : je suis une bleue et une étrangère, le reste de la troupe sait bien ce qui doit se dire dans cette cabine. Un petit passage sur les rumeurs, histoire que je sois un peu plus énervée. Puis le festival commence. Un mélange de son briefing et du speech de bienvenue de ma première instructrice militaire. J'ai l'impression de retourner à la crèche ! Mais je m'y attendais, et même si ça me déçoit de la part d'une de mes idoles, j'encaisse comme un bon soldat.

J'essaie de ne pas le prendre pour moi, de me dire qu'elle s'inquiète surtout pour les femmes qui seront sous mes ordres. Quand elle pose la main sur mon épaule je ne sais pas comment je dois le prendre, alors je le prend mal. Nous sommes des soldats ! Elle vient de le dire elle-même ! Je ne pense pas avoir l'air de m'inquiéter ou de douter. Au contraire je suis chauffée à blanc. Je veux faire mes preuves, pas qu'on me tienne la main. je ne veux qu'on me traite comme un poids mort sans m'avoir laissé ma chance. Mais j'encaisse, comme un bon soldat.

Mais pas seulement. La base du combat est d'être sur le qui-vive, de remarquer ce qui est suspect dans le tableau. Son discours m'a l'air aussi inutile que suspect. Je sors à peine de mes classes, je ne vais oublier ce que j'ai appris au moment où je vais enfin le mettre en pratique. Et ce n'est pas en me rappelant que je risque de craquer qu'elle me l'évitera. Mais qui me tracasse vraiment, c'est qu'elle m'ait parlé des rumeurs, et de l'opinion que je pouvais... Non ! Ce n'est quand même pas ce que je pense ? Tout ça parce qu'elle croit que je pourrais ne pas avoir confiance en elle, ou croire toutes les saloperies qui traînent sur son compte ?

J'ai pas le temps de me demander si j'ai raison ou pas. On va débarquer dans quelques minutes. Hors de question que j'aille au combat avec ça sous le bras. D'autant que ce sera mon baptême du feu. Si je me plante et qu'elle n'est pas cent pour cent on va dans le mur. Je continue de la fixer dans les yeux aussi imperturbable que possible.

" Sauf votre respect, mon Lieutenant, je serais jamais aussi prête. Sinon je me serais pas portée volontaire. "

Ça c'est pour moi, maintenant pour elle.

" Et je sais pas si les rumeurs sont vraies. Mais celles que je crois disent que vous êtes la meilleure, et que vous ramenez toujours votre équipe au bercail... Quoi qu'il en coûte. "

Et vous allez le faire encore une fois, Lieutenant Tetsuhiko. Si vous y croyez pas : faites semblant... comme moi.

Suki avait conduit le sergent dans ses appartements temporaires dans ce vaisseau, elle se répétait un peu c'est sûr, elle lui mettait un peu plus de pression aussi, c'est évident. Mais la lieutenante l'avait très bien dit durant le briefing de la mission, elle ne voulait pas de chouineuse qui pleure pour un oui ou pour un non et encore moins une femme qui joue les têtes brulée en mettant sa vie et celle de ses camarades en jeu! Après, libre à Rinako de penser ce qu'elle voulait de la lieutenante, quitte à rajouter une couche sur ses rumeurs qui circulaient librement dans la base, la vie de celles qui l'accompagnaient était plus importante que des bruits qui courait. Surtout depuis l'affaire Mélinda Warren. Kairi avait commencé à être torturer, elle aurait pu y passer et refusait que cela arrive de nouveau à ses soldates – cela incluait le sergent Yukimitsu. Oui, Suki désirait plus que tout faire la peau de cette garce de vampire esclavagiste mais les informations arrivant à la base sont aussi nombreux que des celkhanes croyant à un Caelestis futur où homme et femmes vivraient heureux!

C'est vrai que d'habitude, elle était discrète cette sale chienne mais depuis l'échec de Suki et la pire honte de sa vie, la pire honte de l'archipel céleste qui ignorait encore tout, à part quelques personnes qui savaient tenir leur langue. La psychologue à qui sa subornée avait tout avoué, Mélissa, une des femmes présentes dans le lot du jour – bien qu'elle ignorait encore ça à son sujet. Bref, c'était une veine pas possible que son comportement durant cet échec n'ait pas atteint les oreilles des cinq dirigeantes de Caelestis ni même du chef de l'armée. Même la mort ne suffirait pas à laver un tel affront! Enfin, cela ne sert à rien de remuer le couteau dans la plaie, elle souffrait déjà bien assez comme ça pour ne pas se rajouter un poids et un risque durant la mission! Mais le sergent, toujours debout avait donné la bonne réponse! Une celkhane prête pouvait partir en mission! Un seul doute sur cette mission ou sa santé mentale ou physique et Suki jugeaient une soldate qui n'était pas prête! Suki affichait un petit sourire en récompense de cette bonne réponse! Sa seconde réponse entourée de fleurs avait un peu plus étiré son sourire et son regard exprimait une certaine... vérité dans ses propos!

Avant de sombrer un peu son regard, abaissant quelque peu son sourire. Oui, elle ramenait toujours son équipe saine et sauve... quitte à devoir se trainer à quatre pattes devant une esclavagiste... Jamais elle ne pourrait tourner la page, pas tant qu'elle n'aura pas réduit ce vampire de malheur en viande haché! Elle tentait de masquer ce souvenir douloureux pour elle.

« Oui, une rumeur que je peux affirmer! » Son sourire ne laissait rien sous-entendre, gardant impeccablement son masque. « Vous pouvez disposer, préparez-vous une dernière fois avant que nous atterrissions... »

Ayant besoin d'un moment de solitude, ravivez les braises de cette vampire étaient plus fortes que tout! À chaque fois, son visage souriant, sa voix venaient la hanté comme pour la mépriser! La seule femme de ce monde qui a réussi cet exploit – sans compté ses mères. Frappant le mur à plusieurs reprises avec son poing, elle se faisait mal, mais ça défoulait et ça entrainait en attendant d'avoir le visage de cette garce à la place du mur! En dehors de la pièce, Mélissa revint vers le sergent, le regard d'abord tourner vers la pièce de Suki, la saluant comme il se devait en ayant une feuille à la main.

« Sergent Yukimitsu, les équipes sont formées. Je suis Mélissa Garden, la plus gradée juste derrière vous. J'ai pris le soin de noter au dos le nom de chacune des soldates sous vos ordres. Je doute que vous pussiez tout retenir en si peu de temps, sous votre respect, ni que ce soit très utile mais... j'ai jugé cette initiative bonne. Oh et sans ça, cette feuille est le plan disponible du niveau en surface. C'est comme celui du briefing, les commentaires de notre lieutenante en plus! Si vous avez besoin d'un renseignement au sujet de votre groupe ou de notre équipement, n'hésitez pas à me poser la question. »

Cela arrivait souvent à Suki de péter une crise avant une mission, mais c'était pour mieux se concentrer pour la suite...

Une autre rumeur sur la Lieutenante Tetsuhiko, apparemment fondée, est qu'elle ne sourit que tous les trente-six février des années bissextiles, et seulement si ça coïncide avec une éclipse solaire. Alors je lui rends son petit sourire quand elle me libère.

" À vos ordres ! "

Je sors de la cabine en essayant de ne pas montrer à quel point je suis contente qu'elle m'ait sourie. Cette mission ne sera pas facile mais je ne doute pas de nos chances. C'est peut-être idiot mais le sourire de la Lieutenante m'a plus rassurée que ses mots ne m'avaient remontée. On est toutes formées pour ça, on sait comment faire, et si ça se passe mal on saura limiter les dégâts. Libérer des esclaves et poutrer des méchants : c'est notre raison de vivre.

La caporale Garden me cueille dans le couloir pour me donner le plan.

" Vous avez bien fait... Vous pouvez me refaire un topo de l'équipement de base ? Que je sache un peu quels moyens on aura sur le terrain. "

Je ne pense pas découvrir grand-chose que je ne sache déjà, mais entendre la liste une fois de plus ne me fera pas de mal. Et ça va me garder sous pression le temps de regagner la salle de briefing pour faire connaissance avec mon équipe. J'écoute en tentant de mémoriser le schéma, d'ailleurs pas très protocolaire. Le plan du niveau sol ne me plaît pas trop. Quatre salles à sécuriser pour huit femmes, sans compter l'accès l'ascenseur et les toilettes. Vu le gros cadre rouge qui marque l'armurerie, je pense que le Lieutenant voudra s'en charger. Ça me laisse les chiottes et la salle de torture. Donc possiblement des otages, des blessés et un prisonnier qui perd son froc. Sans perdre de vue l'ascenseur par lequel des ennemis pourraient débouler. Il va falloir faire vite et bien.

Je retourne la feuille pour lire les noms. Azaki, Cormak, Destata et Ganae. Je n'aurais que quelques minutes pour mettre un visage sur chacun, mais je les identifierai sans doute mieux une fois que j'aurai vu ces femmes en action. En arrivant devant elles je baisse la feuille que j'étais en train de lire.

" Merci, Garden. "

Je me retrouve seule face à quatre inconnues qui seront bientôt mes sœurs d'arme. Même si elles restent très droites et respectueuses, je sens que ça ne les enchante pas d'être sous mes ordres. À la façon dont elles font mine de ne pas regarder mon corps je devine pourquoi.

" Au rapport ?
- Parées, armées et à vos ordres, sergent !
- Bien. Repos. "

Je dois mettre les points sur les i aussi vite que possible, mais sans trop avoir l'air de me vanter. J'ai déjà remarqué plus d'une fois que mon physique et mon âge poussaient à la méprise. D'autant que contrairement à la Lieutenante, même au combat je reste émotive : ça nourrit mes pouvoirs.

" Je n'ai qu'une chose à ajouter au briefing : je ne suis pas à poils. J'ai reçu le même entraînement que vous, la seule chose qui change c'est ma spécialisation. Gardez ça en tête et faites votre devoir. "

Alors que Suki tentait de reprendre son calme habituel avant une mission, Mélissa venait de rejoindre le sergent Yukimitsu afin de lui fournir le plan déjà vu en salle de briefing avec les notes de Suki, pour le message soit claire pour chaque soldat, sa façon de penser devait être universelle, surtout dans sa section. Il n'y avait pas de temps pour penser à des conneries comme le respect de l'humain, l'erreur humaine et ainsi de suite! Des esclavagistes ne sont que des futurs morts que l'armée Celkhane doit confirmer en appuyant sur la gâchette! Et les excuses bidon ne risquent pas de marcher! J'étais là par hasard, c'est la première fois, non, tout ça c'était du flan pour rallonger leur vie! Alors c'était je me rends gentiment avant d'être jugé ou je plonge déjà dans ma tombe! Suki était si douce, comme toujours! Le sergent agissait en tout cas sans la moindre faute pour le moment et Mélissa se mettait rapidement à combler les trous qu'elle avait.

« Nous disposons en tout de deux boucliers auto-protect qui restent efficace contre tout type de balle porter par les soldates Destata et Cormack, quatre fusils d'assauts plasma, un fusil sniper plasma sur moi, une ceinture de grenade IEM d'un rayon de cinq mètres sachant que chaque ceinture à cinq grenades, nous en avons vingt-cinq, c'est tout ce que nous avons, Sergent. »

C'était pas mal, c'était même le minimum pour ce genre de mission! Elles n'avaient pas l'avantage du nombre mais quand on rajoute tous leurs atouts et tous l'expérience qu'elles ont pour la plupart, il n'y avait rien à craindre de bien dangereux! Le fait d'utiliser des armes plasma évitait de trop rechargé durant une bataille mais trop tirer en rafale pouvait faire surchauffer l'arme. Les boucliers étaient des sortes de montres qui arrêtaient chaque type de balle. Là aussi, c'est très efficace mais seulement contre les balles classiques ou plasma et trop utiliser d'un coup, le bouclier pouvait ne plus fonctionner quelques secondes, voir quelques minutes. Quant aux grenades IEM, c'était parfait pour électrocuter un petit groupe! De retour auprès des quatre femmes sous le commandement du sergent, Mélissa rejoignait les rangs pour lui faire face comme les quatre autres avant qu'elles ne répondent en chœur une seule chose.

« Sergent, oui sergent! »

Au moins, elles préféraient cela à une responsable trop polie et bien raffinée. Azaki et Ganae, deux soldates qui feront face aux adversaires, avec leurs armes, elles couvriront le sergent et les autres. Destata et Cormack détenaient les boucliers et seront donc à l'avant de la bataille du côté du sergent. Suki disposait aussi de ses soldats, dont quelques bleus pour les former à leur tour. Aujourd'hui, elles allaient tuer de la vermine, aussi sûr qu'elles rentreront sur Caelestis une fois tout cela torché! Le groupe deux, soit le groupe du sergent regagnait la sortie, du moins elles patientaient dans le même coin avec Suki et les autres soldats. Le vaisseau se posa sur la terre ferme à environ cinq cents mètres de la base pour ne pas subir de dégât et éviter de trop se montrer. Arme aux poings, les celkhanes n'avaient qu'une seule direction, tout droit vers cette petite base tékhane désaffectée transformer en cauchemar pour esclave. Deux soldats tenaient l'entrée comme prévu, observant les soldats arrivés sans broncher, un peu de frayeur dans leur regard, à moins qu'ils ne sentent la mort arrivée?

De simple fusil tékahn? Pitoyable! Enfin, Suki se tenait en tête du groupe, deux soldats à ses côtés, braquant les deux gardiens avec leur fusil sniper, un point rouge de dessiner sur le front des esclavagistes ou de leur personnel dans le meilleur des cas. Une trentaine de mètres les séparaient, aucune fenêtre sur la base, une grande porte double gardée, c'est tout.

« Armée Celkhane! Rendez-vous sans faire d'histoire et vous pourrez bénéficier de la vie sauve... un certain temps du moins... »

La dernière partie, elle l'avait murmuré pour elle-même mais le simple nom de cette bande de femmes faisait paniquer cette bande de poule mouiller qui a failli hurler et donner l'alerte! Le bouton rouge près des gardes étaient d'ailleurs très précis! Mais un tir en pleine tête, un chacun, c'était suffisant pour les faire taire à tout jamais! Les tirs s'étaient fait entendre dans les plaines désertes autour d'elles mais comment savoir ce qui en était à l'intérieur? Si ça se trouve, ils faisaient la sieste ou ils étaient sourds à force de se tirer sur leur nouille?

« Je n'ai jamais rencontré de type qui acceptait la défaite jusqu'ici... mais bon, règlement oblige, se présenter et attaquer si refus... donc, au boulot. Mon groupe, ont ouvrent le bal! Comme prévu, on neutralise le côté droit en priorité, c'est le plus dangereux. »

Alors que les femmes acquiesçaient en se rendant près des portes sans les ouvrir en attendant les autres, Suki se postait près du sergent, une dernière chose à lui demander.

« Sergent, vous serez capable de nettoyer la salle de torture d'esclave? Ce genre d'endroit, c'est toujours choquant, surtout les premières fois. Je comprendrais que vous me laisser faire ça... Moi-même, j'en ai des haut-le-cœur parfois en découvrant ce genre d'endroit! »

Elle laissa Rinako choisir si oui ou non elle voulait voir ce genre d'horreur où certaines pauvres femmes étaient pire que mutilé, blessé ou violer. C'était toujours un grand moment qui dégoutait Suki et les autres, ne faisant que faire grandir leur haine commune envers ses pourritures. Une fois à l'intérieur, tous les soldats nettoieront la grande salle – sans pour autant prendre de risque inutiles –, ensuite le groupe de Suki s'occupera de salle où ils entreposent une partie de leurs armes ensuite, tout dépendait du choix du sergent. Bien que toujours moins en confiance que sous les ordres de Suki, le groupe numéro deux, celui de Rinako, allait devoir suivre ses conseils et voir de quoi était capable le nouveau sergent? Après tout, rien ne disait que cette nouvelle femme allait faire des erreurs? C'était sa première fois sur le terrain, et alors? Une bonne concentration et de bons réflexes ferait que la mission sera un succès!

" Armée Celkhane! Rendez-vous sans faire d'histoire et vous pourrez bénéficier de la vie sauve... un certain temps du moins... "

Puis une balle en pleine tête, à chacun. Pendant une demi-seconde je n'arrive pas à cacher le choc. C'est la première fois que je vois quelqu'un mourir. Des hommes, des criminels, des pourritures de marchands d'esclaves, mais des êtres humains. Il se tenaient debout, l'air paniqué, et l'instant d'après ils tombaient au sol, le crâne réduit à un panache de débris fumants carbonisés au plasma. Mais l'adrénaline qui coure déjà dans mes veines me pousse au mouvement. Je suis le rythme. Les deux gardes ne sont plus que des corps, sans plus d'âme que de vie. Ils sont des blocs, des tout fait de chair, de sang, d'organe, d'os, de peau et ainsi de suite. Ils sont inanimés, voilà tout.

Et même si chacun n'a plus qu'une moitié de visage je ne suis pas dégoûtée. Je les trouve même très présentables. Quand je m'y suis agrippée le corps de ma mère était... Ceux qui lui ont fait ça, homme, femmes, monstres ou démons : ils étaient comme ces types. Ou plutôt ces types étaient comme eux, leurs potes encore vivants le sont. Des esclavagistes. Le mot est bien faible pour résumer ce que je sais d'eux, le dégoût et la haines qu'ils m'inspirent. Je n'ai que la théorie, et entre ces murs je serait confrontée à leur pratique. Mon sang bouillonne déjà rien que d'y penser, et pour moi ce n'est pas qu'une image. Alors que la troupe s'arrête de part et d'autre de la porte je sens tous mes pouvoirs prêts à se déchaîner.

Je n'ai jamais ressenti une telle intensité. Je m'étais faite une idée, je suis tout sauf naïve. On a nous a appris à entrer dans une pièce en formation. Arme en joue, sommation, vérification des angles, occupation et sécurisation de l'espace, et à tout moment réaction directe si besoin. Comme nous l'a dit l'instructrice le terrain est bien différent, dès les premières secondes. Tout est plus rapide, et la procédure n'est plus qu'une entrave dont on se débarrasse vite. En tous cas le Lieutenant Tetsuhiko n'en a pas fait grand cas. Je pensais que ça me choquerait vraiment, mais tout est si rapide.

Nous sommes une poignée de femme venues chercher des crosses à une armée entière, et avec l'espoir de limiter les dommages collatéraux. Notre équipement et notre entraînement ne nous rendent pas plus nombreuses, et notre foi inébranlable en notre cause n'arrêtera pas les balles. Tirer pour tuer est une nécessité, un impératif de survie, une évidence. Et sur le principe je n'ai aucun problème avec ça. Il m'a suffit d'un battement de cil pour tout réduire à cela. Le temps de voir les décharges de plasma aller du point A au point B. J'ai beau savoir à quel point cette révélation est dangereuse, je l'embrasse sans hésiter. Car au final, la vie des autres n'a de prix que celui que je fixe.

" Sergent, vous serez capable de nettoyer la salle de torture d'esclave? Ce genre d'endroit, c'est toujours choquant, surtout les premières fois. Je comprendrais que vous me laisser faire ça... Moi-même, j'en ai des haut-le-cœur parfois en découvrant ce genre d'endroit!
- Faudra bien que j'y passe, mon Lieutenant. "

J'ai répondu du tac au tac, avant de me retourner.

" Destata et Cormack devant ! Azaki et Ganae derrière ! Gauche-droite ! Je prends le centre avec Garden ! "

Nous sommes des militaires. Nous sommes des outils, des jouets d'après ceux qui nous jugent ou nous méprisent pour notre choix. Nous sommes des armes, des épées et des boucliers. Nous attaquons l'ennemi et nous protégeons toutes celles et ceux qui sont de notre côté de la frontière. Blesser, tuer, capturer, éliminer, couvrir, protéger, agir, réfléchir, décider... Nous sommes façonnées pour beaucoup d'usages sur le terrain, mais pas pour nous planquer derrière les vétérans. Il faudra bien que j'y passe, pour qu'un jour je puisse laisser le choix à une autre. Et ce choix : elle ne l'aura pas plus que moi en cet instant.

Tout s'enchaîne en quelques secondes. La porte est défoncée, le Lieutenant et son équipe entrent et les premiers coups de feu résonnent. Nous leur emboîtons le pas dans l'ordre que j'ai décidé. La première salle est déjà sécurisée, pour ne pas dire simplement dératisée. Cormack tire pour faire sauter la serrure de la salle de torture, Destata l'enfonce d'un coup de pied et entre, Cormack suit, puis c'est à mon tour. Je fais deux pas, je tire.

" Armée Celkhane ! Mains sur la tête ! "

Je tire encore, nous tirons toutes les six. Sept ennemis morts, un blessé.

" Cormack !
- Je m'en occupe ! "

La soldate va neutraliser le blessé alors que toute la scène repasse déjà devant mes yeux. Le dos de Cormack, puis la salle. L'homme nu allongé sur une esclave écartelée sur une table, celui qui se tenait debout derrière. Ce dernier qui replie le bras pour prendre l'arme à sa ceinture. Mon pistolet qui se lève et lâche une balle qui lui transperce l'épaule. Puis pendant les sommations la surprise passe, tous les autres réagissent trop lentement. Celui qui était à poil sur la table fait seulement l'erreur de se redresser. J'ai le temps de lui mettre une balle avant que Ganae ne lui fasse sauter le poitrail.

Tout est allé vite, je me suis débarrassée de la procédure en moins de temps qu'il ne faut pour le penser. Je n'ai même pas pensé : comme à l'entraînement. Et c'est bien pour ça qu'il y a un survivant en train de geindre pendant qu'il se fait menotter.

" Destata, Azaki : les chiottes !
- Oui, sergent !
- Ganae ! Check ! "

Alors qu'elle fait le tour de la salle pour inspecter les recoins et les vérifier que les morts ne se relèveront pas, je vais détacher la jeune femme sur la table. Bien plus habituée que moi, Mélissa... La soldate Garden s'occupe déjà de deux autres esclaves enchaînées au mur. Ce qui me retourne le plus l'estomac dans cette pièce, c'est sa propreté. Le carrelage blanc qui recouvre le sol et les mur est nickel-chrome, comme les tables en inox qui y sont rivés. Des rails sont fixés au plafond, d'où pendent chaînes, mousquetons et crochets. Sur les tables, ou plutôt les plans de travail qui courent le long du mur, sont alignés des objets en groupes bien précis. Gourdins, matraques, fouets et tasers en tous genres, de quoi remplir une caisse à outils, tout une collection de couteaux, assez d'outils médicaux pour ouvrir un cabinet de chirurgien et un autre de gynécologue, et bien sûr de quoi fournir le plus tordu des sex-shops. Sur chacune des trois tables qui s'alignent au centre est attachée une femme. Cet endroit est une boucherie professionnelle, industrielle, hygiénique... méthodique. Un endroit pour préparer la viande avant de la mettre en vente.

Heureusement que suis une soldate en territoire ennemi et que la fusillade se poursuit à deux pièces de là. Ça me permet d'agir de façon pragmatique en détachant une à une les trois femmes pour les conduire auprès de la soldate Garden, qui libère les autres et les regroupe regroupe dans le coin le plus dégagé de la pièce. Au total huit esclaves. Une chacun, dans le meilleur des cas. Même si ça ne me plaît pas je préfère encore les voir comme des colis, du moins tant qu'elles ne seront pas en sécurité. Destata et Azaki reviennent.

" R.A.S., sergent !
- Cormack : tu lâches pas le prisonnier ! Azaki et Ganae : vous couvrez les otages ! Garden et Destata : avec moi ! On couvre le monte-charge et les arrières du Lieutenant ! "

Tous les esclaves sont saufs, jusque là. Un prisonnier c'est le maximum qu'on pouvait faire vu les circonstances. Je pense déjà pouvoir dire que ce sera dans mon rapport. En attendant nous regagnons la première salle, bien plus grande que celle de torture. Cette fois c'est moi qui fait le tour des corps pour prendre leur pouls. Carton plein. Je vais me poster derrière une table près de l'entrée, de façon à couvrir la porte de l'armurerie et celle du monte-charge.

Cette petite avait plus de tripe que ce qu'elle avait pu penser d'une bleue, elle était sergent mais pour ce qui est d'une véritable mission, c'était encore une petite pucelle! Elle était rassurée de voir que le nouveau sergent n'était pas du genre à baisser les bras et à lui refiler tout le sale boulot. Elle ne lui en voudrait pas en trouvant une flaque de vomi dans la salle. Pour une celkhane, vider son estomac devant de telles atrocités, c'était d'un banal! Suki n'avait pas été jusque là mais certaines missions l'ont bien marqué, des scènes à jamais graver dans sa mémoire! Rien que d'y penser, ça lui filait encore des frissons! Pauvres esclaves! Alors que son groupe était prêt, deux soldats se tenaient près des portes, à ouvrir le feu et braquer leurs armes. Leur physique était bien similaire, deux sœurs, une novice et une confirmée. La plus jeune était Chika et l'ainée plus confirmée, Lika. Aux côtés de cette grande femme confirmée, une autre novice en jaune qui se prénommait Yunee. Inversement, du côté de la petite novice, une autre soldate qui savait ce qu'elle faisait, Delta. Enfin, celle qui était avec la lieutenante restait une femme qui avait aussi sa part de gâteau en mission, Shiska. Une jeune celkhane comme une autre, efficace, rapide, précise, beaucoup de point communs importants dans celles qui sont sous son commandement.

D'un simple signe de la main, les deux sœurs forçaient les serrures avec un simple tir, prenant les devants – à cause de leur bouclier et tiraient déjà sur les premières cibles. Des abrutis qui ne soupçonnaient même pas d'avoir affaire avec elles! Le genre de type qui durant les deux tirs aurait pu lâcher, ta pas entendu un bruit? Non, tant pis! Les deux autres soldates pénétraient la salle en restant derrière les deux sœurs, tirant sur les cibles, des blessures pour ceux qui ont l'intelligence de rester immobile, une mort pour ceux qui avaient une main sur une arme. Les cris de surprise et de douleur résonnaient dans la salle mais Suki laissa le côté gauche du bâtiment au sergent Yukimitsu. Elle, elle devait se charger du plus dangereux et du plus risquer! Il y avait des survivants mais avec une balle dans la cuisse ou autres membres, ils ne bougeaient pas d'un poil en voyant débarquer cette bande de femmes en tenue moulante, armée jusqu'aux dents. Les plus intelligents – qui n'étaient pas nombreux – se collaient aux murs en faisant le moins de bruit possible. Ouvrant la première porte à droite, une celkahne sur chaque côté, l'une visant la seconde porte à l'intérieur, la seconde visait des caisses en bois remplies d'armes en tous genres. À l'intérieur de cette salle, une dizaine de gardes postée à différents endroits. Leur arrivée fut bien ressentie ici et les survivant se compteront sur les doigts d'une main... celle d'un amputé!

Chika tira dans l'estomac d'un des gardes près de la porte menant à la salle de repos et Lika fit aider par Shiska pour retourner une table en inox afin d'avoir un bouclier. Plutôt tendu pour le moment, Suki confia à Yunee de menotter les survivants dans la salle. Les prisonniers d'une façon où ils ne pourraient pas les avoir à revers. La jeune femme manipulait leur membre sans la moindre douceur, menottée ses salauds en passant leurs mains sous la cuisse. À moins d'avoir un champion de gymnastique dans le lot, ils ne pourraient même pas se lever! Elle offrait ce châtiment à chaque adversaire encore vivant. Dans la salle d'armes, les trois soldats réfugiés derrière la table avaient du mal à vaincre les lâches qui se planquaient. Utilisant quand même une bonne stratégie, un petit groupe tentaient de les vaincre en leur tirant dessus et le temps de recharger, un second groupe prenait la relève, bloquant ainsi les filles. Comme elles ne voulaient pas trop gaspiller l'énergie de leur bouclier auto-protect, elles savaient faire des économies. Delta devra la rejoindre une fois la salle plus calme. Yukimitsu faisait du bon boulot de son côté mais la lieutenante aura toute l'occasion de voir ça après. Pénétrant dans la salle en rouler bouler, elle posa un genou à terre en visant les ceux qui commençaient à recharger sans surveiller leur arrière, se croyant surement plus fort qu'une bande de celkhane très entrainer?

Trois balles furent tirées, deux qui rechargeaient avaient pris une balle en plein cœur, le troisième qui tiraient en direction de la table avait reçu un autre trou, celui-ci était pour se rafraichir le crâne, pour le peu qui lui restait de crâne. L'effet de surprise marchait bien! Pris de paniques, ils commençaient à tirer sans savoir sur qui et où, que deux des trois réfugiés se relevaient pour canarder les derniers survivants. Total, dix hommes dans la salle, huit morts! Où étaient les deux autres? Mort de trouille, le premier était caché derrière une caisse d'arme à feu. Son erreur fut de viser Lika qui attrapait sa main armée pour tirer dans son poignet, le faisant hurler de douleur et de peur, mais pas de mort. Le dernier, plus malin, avait pris place derrière une caisse d'explosif et il n'hésitait pas à mentionner ce détail pour les inciter à fuir. Ce genre de menace ne marchait pas avec elles! Chika, pourtant novice connaissait pleins de chose sur les missions et l'équipement sur elle était à apprendre par cœur. En effet, elle n'hésita pas à courir pour rejoindre ce type au bout de la salle. Croyant avoir eu un bon plan, il tirait avec son fusil sur Chika. Sauf que, les balles se heurtèrent à un bouclier invisible. Les balles, écrasées comme sur un mur tombaient simplement sur le sol. Le regard effrayé de ce sale vendeur d'esclaves – peut-être pas mais il bossait pour les adversaires – reçut un coup de crosse en pleins dans l'arcade sourcilière. Assez sonné, il fut menotté comme son compagnon pour rejoindre la salle en dansant sur une patte, tant pis pour eux.

Place à la salle de repos, les prisonniers étaient déjà au nombre de cinq pour Suki dont cinq blessés alors que le sergent ne faisait que patienter pour la suite. Yunee surveillait les prisonniers fraichement cueillis et fit un signe au sergent pour patienter, Suki n'en avait plus pour longtemps après tout. Shiska poussa la porte et... rien... elle appuyait sur l'interrupteur pour trouver une salle vide, des lits défaits et pas souvent fait d'ailleurs. Mais en fouillant bien la salle vide, elle trouva une jeune femme, une adolescente caché sous un lit, mort de peur. Se faisait rassurante, elle lui tendait la main avec un grand sourire avant de la faire sortir de ce cauchemar. Rejoignant les esclaves trouvés par le sergent, elle fut contente de voir qu'elle avait réussi ses premiers objectifs, heureuse et triste à la fois de devoir déjà surveiller des esclaves. Ça prouvait qu'elles avaient vécu un cauchemar même si à présent, ça se terminait pour elles. Le sergent avait pu se rendre compte que sécurisé le lieu était inutile, deux celkahnes s'en chargeaient déjà. Au fond, près de l'ascenseur à droite, les prisonniers qui se plaignaient d'avoir mal. Laissant Yunee se renseigner auprès du sergent, elle voulait placer la pauvre fille avec d'autres anciennes esclaves pour qu'elle soit déjà plus rassurée.

« Apparemment vous avez eu la situation bien en main, Sergent Yukimitsu. Nous avons eu quelques personnes sensées qui ont jeté leur arme mais sinon, la plupart ne donnent plus signe de vie. Bon travaille, mais il est trop tôt pour nous réjouir, je crains que nous n'avons fait que les premiers pas. Pour donner une petite image, nous somme des petites filles qui ont tapé dans une ruche... »

Affichant un sourire à la fois sadique et confiant, elle retira la sécurité de son arme, prête à faire feu de nouveau s'il le fallait.

« Que le ciel soit loué, nous avons de bons insecticides sur nous! »

Vu le nombre de prisonniers incapables de devenir un vrai danger et vu constatant le nombre de filles sauvées, Suki jugeait qu'une seule soldate serait nécessaire ici. Il fallait quelqu'un de sûr sans donner un de leurs atouts pour cette mission, sans pour autant refiler une novice. L'idéal serait de laisser les effectifs entiers pour le sergent, mieux vaut ne pas l'handicaper pour cette mission importante, cette première mission. Observant ses propres soldates, elle fit rapidement un choix.

« Delta, tu veilleras ici sur les prisonniers et les esclaves. Rapport toutes les cinq minutes, comprit! »
« Lieutenante, oui lieutenante! »

Cela était le plus simple à première vue. Appuyant sur le bouton du grand ascenseur, les portes s'ouvraient déjà mais personne n'était à l'intérieur. Sa dernière utilisation était pour remonter quelqu'un donc l'effet de surprise sera pour elles? Savaient-ils ce qui venait de se passer en haut ou c'était une belle surprise qui les attendait? Suki n'avait détecté aucune caméra en haut, ça lui laissait une chance d'espérer surprendre son public! Campé sur les côtés de l'ascenseur, le groupe de Suki restait à droite, celui de Rinako, à gauche! Durant la descente, Suki fit quelques signes militaires avec ses doigts, l'index brandit sur elle – nous -, le pouce dirigé sur la porte – filons –, pouce en l'aire – premier – et un petit mouvement de l'arme en avant – ouvrir le feu. Donc, le groupe de Suki passait en premier pour ouvrir le feu, Rinako et son groupe suivait si rien de dangereux ne se produisait. Une fois arrivées, les portes s'ouvraient et... rien. Pas un rat dans une grande entrée.

Méfiante, la celkhane avançait à pas de velours, suivi de son groupe mais non, rien! À croire que tout le monde était occupé ailleurs? Comme prévu, un grand couloir s'offrait à elles. Long, gris, bien éclairé, le seul hic c'était le calme. Comme pour le moment, tout était dégagé et ne laissait pas présager de piège, les soldates se placèrent à côté du grand couloir, prêtes à progresser. Un rapide coup d'œil pour voir plusieurs portes plus renforcées déjà. Qui sait ce qui se cache derrière? Selon les rapports, une centaine d'hommes, moins ceux au-dessus – une vingtaine en comptant les prisonniers – et voilà une vingtaine de pourcent en moins! À condition d'avoir les bons chiffres. Le constat était simple, prudence, si possible, entré en discrétion dans la première salle à leur porté, élimination aussi discrète que possible des adversaires. Dans ce genre de situation, quand un groupe rentrait dans une salle, soit le second groupe s'occupait de la première salle de leur côté, soit le second groupe attend de revoir revenir les autres en sécurisant le périmètre. Mais voir arrivée une multitude de gardes et ainsi s'exposer au danger, ce n'était pas la meilleure solution. Une chance que Mélissa était là pour guider Rinako en cas de doute. Qu'est-ce qui attendait les filles dans leur salle? Pour Suki, la première salle à sa droite était un vestiaire, pour le sergent, une salle où étaient stockés tout les noms de leur client et un gros coffre bien renforcé où était entreposé l'or. Sauf que l'une comme l'autre, la salle n'était pas vide! Et à moins de tombé sur une bande de sourd, muet, aveugle, ça risquait de faire de bruit!

Mais les soldats de ce lieu avaient eux aussi surement un plan dans cette situation, garder la position et tenter de neutralise l'ennemi par exemple? Dire qu'au bout de ce couloir, il y avait surement un carrefour en « T » où l'un des chemins menait à la grande prison des esclaves et de l'autre, la salle de cet enfoiré de patron qui dirigeait ce lieu! Les celkhanes... vont faire le ménage! Ici, ils devaient tous être armées et moins assoupis qu'au-dessus.

Le rez-de-chaussée est sécurisé. À l'exception de Delta qui reste pour surveiller nous entrons toutes dans le large ascenseur. Les groupes ne changent pas, ni le partage du terrain. Je n'avais jamais tué. Je n'ai pas vomi. J'ai eu envie de le faire, ou plutôt je me suis demandée pourquoi je ne le faisais pas. L'adrénaline, peut-être ? Mais pas seulement. Une foule d'émotions auraient dû ravager mes jeunes tripes, à commencer par le dégoût. Ce que j'ai vu dans cette salle, de la scène qui se jouait à son décors, m'a répugné. Il y avait ces femmes. Les mots esclaves, otages et victimes ont cessé d'être des concepts abstrait. Je les ai vu dans leur contexte, j'ai vu qu'ils avaient des visages. La seule chose qui me dégoûte dans la mort de ces hommes, dans leur meurtre que j'ai perpétré moi-même : c'est l'odeur de sang et de viande brûlée.

Nous ne sommes pas si différents d'eux sur certains points. Notre morale n'est pas la même, mais nous sommes inflexibles, prêtes à tout. Ce qui nous rend supérieures tient en peu de points : notre entraînement, notre équipement, et notre conviction. Ils croient que les choses doivent rester ce qu'elles sont, nous croyons qu'elles doivent changer. Alors ils devront nous tuer pour nous arrêter, parce que nous n'auront aucune raison de les épargner. Contrairement à d'autres Celkhane je n'ai pas vraiment d'animosité envers les hommes en général. Je ne les aime pas, mais je ne les déteste pas. Je n'aurais pas plus de remords à tuer une femme si elle commet les mêmes crimes, ni moins de fierté à sauver un homme qui subit les mêmes tourments. Je n'étais pas certaine de penser ainsi avant d'appuyer sur la détente, de prendre des vies par réflexe, sans avoir le temps de réfléchir. Avant que ma conscience ne puisse plus que s'en arranger. Une poignée de minutes a suffit à m'éclairer sur moi-même. Et les pensées que j'ai en ce moment, les convictions qui se forment, si elles deviennent inébranlables, feront de moi une extrémiste aux yeux de celles qui les découvriront.

Je préfère ne pas y penser. Rien ne doit se mettre entre moi et les femmes qui m'entourent dans cet ascenseur. La réussite de notre mission, notre survie et celle des esclaves sont tributaires de la confiance que nous avons les unes envers les autres. Les ordres sont muets, et pourtant clairs. Je donne les miens. Azaki en tête, puis Garden et moi, Cormack et Destata, Ganae ferme la marche. Quand la porte s'ouvre la lieutenante et son groupe sortent. Nous suivons en longeant le mur, à pas de loup. La tension qui nous accompagne est palpable dans l'air, j'ai l'impression de le sentir vibrer.

Première porte pour chaque groupe. De mon côté ça a l'air occupé. Ce bunker doit vraiment dater, les portes sont manuelles. Pas de code à entrer, de verrou magnétique, aucune électronique. La serrure n'a même pas l'air renforcée. Les hommes sont vraiment aussi débiles qu'on le dit, en tous cas ceux-là sont très négligents. les groupes se répartissent de part et d'autre de leur porte respective. Tous les regards se tournent vers la Lieutenante. Elle lève la main, trois doigt dressés. À une seconde d'écart elle replie le majeur, puis l'index, et enfin le pouce. Une fois encore tout va très vite.

Cette fois la surprise est totale chez l'ennemi. Azaki défonce la porte, Garden et moi entrons en premières. Tout le groupe se déploie dans la pièce.

" Armée Celkhane ! Pas un geste !
- Les mains en l'air ! "

On pourrait leur chanter une berceuse à la place que l'effet serait le même. Passé le premier sursaut ils se lèvent ou se jettent à couvert, et ils dégainent ce qu'ils peuvent. Alors on tire. Et c'est au cours du combat que je réalise peu à peu dans quelle pièce je me trouve. des bureaux derrière lesquels ils se planquent, des étagères et des meubles de rangement. Les tirs de plasma enflamment de la paperasse ou mes balles la font voler en confettis. Les quelques ordinateurs présents dans la pièce sont sans doute d'une importance capitale, pour l'instant ils ne sont que des obstacles sur le champ de tir. Il devait y avoir huit hommes, peut-être neuf. De mon côté deux sont morts. Un troisième est planqué derrière une armoire en métal et passe sa main armée pour tirer à l'aveuglette. Un quatrième fait de même à l'abri d'un renfoncement du mur en béton.

Azaki est à couvert derrière un bureau renversé, moi derrière une armoire le long du même mur qu'un de nos adversaires. Je prends un instant pour voir comment ça se passe de l'autre côté. La fusillade bat son plein mais les soldates ont l'air d'avoir la situation en main. Deux vermines de mon côté, on devrait pouvoir s'en sortir. Je fais signe à Azaki de faire un tir de suppression sur celui qui reste planqué dans le coin du mur. Elle tire à volonté alors que j'attends. Un tir vient percuter son bouclier, elle se baisse. L'homme risque un regard et le cueille d'une balle dans l'œil. Mort. Il en reste un.

" Lâche ton arme et rend-toi !
- Suce-moi ! "

Suki a décidément raison sur toute la ligne. Il est seul et on est deux, dont l'une porte un bouclier sur une combinaison de combat. Il est déjà mort. J'adresse de nouveaux gestes à Azaki. Puis sur un signe de tête à son attention, nous quittons toutes les deux nos zones de couverture. Elle tire à nouveau, en avançant lentement, totalement à découvert. J'avance à pas rapide en serrant le plus possible l'armoire qui me dissimulait, puis le mur, puis l'armoire. Quand l'arme d'Azaki surchauffe l'homme lève la sienne hors de sa couverture, d'ailleurs presque déchiquetée et fondue par les tirs de plasma. Mais il n'a pas le temps de répliquer.

C'est à mon tour de faire feu, et même si je ne mets pas tout dans le mille je touche. la main et l'avant-bras qui dépassent, tenant le fusil. L'homme crie en encaissant les blessure. il se tasse à nouveau à couvert, puis jaillit pour tenter u ultime morceau de bravoure. Mais je suis déjà là. D'une main je bloque le fusil qu'il ne peut plus tenir correctement. De l'autre main je tire. La bille qui sort de mon pistolet, poussée par les électroaimants, lui transperce l'entrejambe. Surprise et douleur lui font lâcher son arme et s'effondrer. Je reste une poignée de seconde à le toiser froidement. Combien de fois a-t-il déjà été à ma place, à regarder sa victime se tortiller sous la douleur, geindre et pleurer de désespoir ?

Il pisse le sang, au sens propre. Un prisonniers si gravement blessé est un luxe qu'on ne peut se permettre, mais il ne mourra peut-être pas avant plusieurs minutes. Je l'achève proprement : deux billes dans le cœur et une dans la tête. Au moins je n'ai pas pris de plaisir à le voir souffrir. Quelque part ça me rassure. Je me retourne. La salle est nettoyée et visiblement il n'y a pas de prisonniers. Je profite de l'accalmie pour faire vérifier mes munitions. Mon chargeur n'est pas encore à la moitié.

" Azaki et Ganae : couvrez le couloir ! Garden : va dire au lieutenant qu'on a trouvé la salle des comptes, et qu'on fait une fouille préliminaire. Destata, Cormack : pétez ces ordis et récupérer les mémoires physiques ! "

Entre deux pornos il y aura peut-être des comptes. Il y a sans doute aussi quelque chose dans le coffre, mais sauf contre-ordre, je préfère qu'on finisse de dératiser avant de me pencher sur la question.

Le rez-de-chaussée étant à présent sous leur contrôle, le niveau inférieur était à fouiller. Selon les plans et les premiers rapports qu'elle avait reçus, cet endroit n'était pas bien grand. Le sous-sol était plus grand que celui en surface mais il ne devait pas y avoir d'autres niveaux, pas de piège – ou alors les rudimentaires – et la seule chose dangereuse et encore, c'était la supériorité numérique. Être nombreux, c'est bien mais faut-il encore pouvoir tenir tête à un groupe de femmes soldat très professionnelle et allant jusqu'à donner leur vie pour leur cause? Bon, toutes n'avaient pas cette pensée pour leur boulot mais Suki était ce que l'armée rêverait d'avoir en de nombreux exemplaires! Une soldate qui combattait jusqu'à la mort, professionnelle jusqu'au bout, qui ne vit que pour l'armée et la cause qu'elle défendait. Bon, elle n'avait jamais déposé de jour de congé, l'armée devait la forcer à se reposer et à part l'opération visant à faire d'une pierre, deux coups en voulant stopper Warren Mélinda, aucun échec n'a été vécut pas la lieutenante.

Cette mission, elle était relativement simple! C'était à peu près le genre de mission de routine pour elle, elle était là surtout pour former les nouvelles recrues et passer ses nerfs sur quelques esclavagistes à défaut de ne pas avoir cette vampire sous la main. En plus de ses soldates qu'elle avait formé depuis leur arrivée pour la plupart, elle devait aussi faire voir ce qu'étaient les véritables missions de terrain au nouveau sergent Yukimitsu. Pour le moment, elle n'avait rien à redire de cette jeune femme. Elle savait ses leçons, comment agir, pour le moment, c'est du sans faute! Reste à savoir si cela sera toujours comme ça ensuite? La lieutenante Tetsuhiko allait investir la salle la plus proche avec son groupe, celui du sergent aura une salle qui servait à entreposer leur or et tout un tas d'information sur les esclaves vendu ou en détention quant à elle... elle allait devoir se coltiner leur vestiaire. Faisant le compte à rebours avec ses doigts, elle laissa Lika ouvrir la poignée de sa porte au bout de trois secondes. Le petit groupe de celkhane entrait dans un endroit déjà très humide à cause des vapeurs d'eaux mais qui en plus, pensaient ne jamais voir ça de leur vie!

Des douches pour des mâles! Esclavagistes en plus! Elle qui affrontait le plus souvent des gros types puant la sueur à des kilomètres à la ronde, jamais elle n'aurait pensé que ses crados connaissait quelque chose comme la douche ou l'hygiène! Pour le moment, personne mais des bruits d'eau sur le carrelage ainsi que des tas de casier alignés devant elle. À voir le nombre de places, comme prévu, il devait y avoir une centaine de case? Tout n'était pas sur la même rangée mais plusieurs casiers était face à face, laissant une petite allée pour deux personnes pouvant marcher tranquillement. Approchant à pas de velours l'endroit où se faisaient entendre les bruits d'eaux, Yunee braqua son arme sur un pauvre type qui avait au moins un pantalon sur lui. Bien qu'aucune fidèle soldate de Suki n'éprouvait la moindre attirance pour un homme – celkhane pure souche! –, le physique de cet homme aurait pu le rendre assez beau sur Terra ou même la Terre, mais pas aux yeux d'une celkhane. L'arme sous le menton, ses yeux qui lui demandait de bouger pour lui trouer le crâne, elle lui flanquait une nouvelle paire de menottes – risque de rupture à force – installer comme les autres pour éviter toute fuite ou rébellion.

Passant une entrée sans porte, elle découvrait plusieurs petits compartiments individuels pour les douches où certains hommes prenaient leur douche sans se douter que leur fin était proche. Les filles avançaient pour couvrir plus de zone et si voire chacun de ses hommes à poil leur filait la gerbe, elle devait faire leur mission jusqu'au bout. Elles ont vu bien pire sur de pauvres esclaves après tout. La nouvelle recrue Chika gardait la même posture en prenant la parole pour lui donner un minimum d'autonomie et d'autorité.

« Armée Celkhane, rendez-vous sans faire d'histoire! »

Si certains avaient littéralement peur d'une bande de guerrière du ciel, d'autres avaient de la mousse dans les yeux, empêchant de bien comprendre ce qui se passait et certains se croyaient invulnérables. Pour Suki en plus! Un gros au crâne rasé et aux nombreuses cicatrices sur le corps. Il approchait de la jeune femme, aucune pudeur ce qui dégoutait encore plus Suki et ça se voyait très facilement.

« Alors les poulettes, on vient nous laver le dos? J'préfère que tu viennes me frotter la bite perso! Nan, j'aime pas les plates, toi, miss gros nibards plutôt! Allez, ça vous donn... »

Un coup de feu entre les jambes, son attirail trois-pièces étaient en feu, tombant dans la douche, sous l'eau, ce connard se vidait en se tenait l'entrejambe bien qu'il n'ait plus rien. La douleur et la tristesse se lisaient dans son visage mais autant de non-respect des lois, ça ne lui donnait pas envie d'abréger ses souffrances. Au contraire! Un grand coup de pied vertical dans le menton pour le faire tomber en arrière, le laissant se vider de son sang. Avec un peu de chance, il vivra. Oui, de la chance pour qu'il puisse pleurer sur la carrière qu'il avait choisie. Ignorant ce type comme un mendiant sur son chemin, Suki gardait ses mains sur son arme, observant le nombre d'hommes.

« Bon, tous au fond de la douche! Et me faite pas une orgie, j'ai pas envie de gerber! On vous laisse vous finir de vous laver si vous voulez, chacun votre tour, tout au fond! Lika, surveilles-les, on va rapidement ouvrir les casiers et retirer tout ce qui est dangereux. »

Hochant simplement de la tête, Suki et le reste de sa petite troupe inspectait les casiers un à un, allant de la simple ouverture au tir pour briser les cadenas minables. À part un peu d'argent, quelques bibelots ou bijoux, rares étaient les armes. Mauvaise qualité en plus mais ça ne les empêchaient pas de les confisquer et les réduire en morceaux en tirant quelques coups dedans. Durant l'inspection, Mélissa était avec elles, donnant des nouvelles de l'inspection de leur salle. De son côté, ça se passait très bien aussi bien que Suki lui confia la tâche de lui rapporter que la fouille sera pour plus tard, il faut stopper les hommes présents, avec des menottes ou en leur ôtant la vie. Retournant transmettre le message puisque l'or était de l'argent sale et de deux, ce n'était pas ça qui allait détourner une Celkhane du droit chemin. Hélas, pendant que Mélissa répétait les ordres, deux hommes se baladaient dans les couloirs en silence, voyant les deux soldates dans le couloir, l'un d'eux fut tuer sur-le-champ – ou bientôt mort mais touché en pleins dans le ventre par Azaki – le second retourna dans le tournant et l'alarme se fit entendre, laissant les couloirs s'allumer de rouge. L'alerte, il fallait donc faire vite!

Ce genre de situation ramenait très peu de prisonniers et beaucoup de morts pour eux. Mais Suki avait une peur dans ce genre de situation, la prise d'otage! Si certains étaient faciles à tuer, certains se cachaient bien derrière une esclave, comme un lâche! Laissant les hommes dans la douche sous une menace imaginaire, celle du tu sort d'ici, tu crèves, Lika rejoignaient sa lieutenante qui se tenait devant la porte, les deux autres celkhanes dans le couloir ont rejoint le sergent, une situation assez critique allait débuter. Voilà que le reste des absents – à savoir près de soixante-quinze soldats allaient se camper au fond du couloir pour vaincre l'envahisseur féminin. Dans un premier temps, c'était assez simple pour elles, quand ils étaient paniqués, ils étaient tous là en tant que bonnes cibles à tirer n'importe où. Mais moins il y avait de connards, plus ils étaient intelligents en général. Comme les entrées étaient presque face à face, Suki fit signe au sergent de rester à l'intérieur et ne pas regarder en sa direction. Quelques signes de fait avec sa main, la jeune femme récitait une formule latine de lumière. Elle n'est pas utilisée pour ça proprement parler mais là, ça sera parfait pour commencer!

« Aperiens viam caecorum lumen eorum qui in tenebris mortis, lux Renaissance. Denuo voluntatem bonitatis et lux sum Daemones arderent. Divina lux! »
(« Ouvrant la voie aux aveugles, une lumière pour ceux qui sont en train de mourir dans le noir, la lumière d'une renaissance. Je suis la lumière qui fera renaitre la bonté et je brulerais les démons. La lumière divine! »)

Si des démons se tiendraient parmi eux, ils allaient souffrir! Mais comme la majorité était des humains, ça les a juste aveuglé. Sortant dans le couloir, Chika se tenait près d'elle pour laisser le bouclier dévier les balles de ceux qui tiraient à l'aveuglette puis elle entreprit de nouveaux symboles dans l'air avec ses mains, une formule magique de réciter en plus pour leur donner un petit coup de fouet!

« A caeli, ego poenas iniustitia, Deus est brachium meum, ego saliendo poena! Arcus Lightning! »
(« Depuis le ciel, je puni l'injustice, Zeus étant mon bras, je suis la punition foudroyante! Arc foudroyant! »)

Chika restait près d'elle malgré la foudre qui s'accumulait dans son bras. Mimant les mêmes gestes qu'avec un arc, elle faisait mouche à chaque fois! Un tir, un homme voire deux selon le choc, en moins. Il fallait profiter de cette faiblesse mais il faut faire attention à ceux qui vont arriver car ils n'ont rien vu du sort aveuglant. Son arme jusque-là, tenue grâce à sa sangle, elle le prit entre ses mains, les filles de son groupe arrivant elles aussi, les boucliers devant, un genou à terre, le sergent devra en faire de même pour garder l'avantage! Cela sera surement son choix car une fois placé, elles allaient faire feu et nettoyer ses couloirs de cette vermine. Quitte à faire plus de morts, ça n'allait pas gêner les supérieures de Suki et Rinako.

« On joue... Feu à volonté! »

D'un point de vue stratégique, couloir rime avec cauchemar. C'est à peu près en ces termes que nous l'avait expliqué l'instructrice. Maintenant je comprends mieux que jamais ce qu'elle voulait dire. Progresser sur une quinzaine de mètres à contre-courant du tir de barrage ne va pas se faire gentiment, et si ces blaireaux ont deux neurones chacun ils vont tenir pour poser des pièges ou former des lignes défensives un peu plus loin. mais à moins de trouver une astuce pour traverser le béton armé et la terre : on va devoir y aller à la dure. Les boucliers en couverture devant, les fusils d'assaut en suppression derrière.

" Lieutenant ! Donnez-moi trente secondes et je nous libères la voie ! "

Avec mon petit pistolet, je suis le maillon faible. Heureusement que j'ai autre chose en réserver. Je rengaine et retourne dans la salle des comptes. ma pratique de la magie est différente de celle du lieutenant. Je n'ai pas besoin de formules pour en appeler aux énergies élémentaires. Dans les faits je n'ai pas non plus besoin des mouvements que j'entame dans la pièce désertée. Mais utiliser ma volonté me joue sur les nerfs, bouger m'aide à me calmer et mieux me guider. La fusillade bat son plein dans le couloir alors que je part de quelques pas de danse. Peu d'espace, peu d'air, mais beaucoup de combustibles dans cette pièce. Je dois me concentrer ou je vais détruire les preuves avant qu'on ait eu le temps de les voir.

De petites flammèches naissent entre les doigts de ma main gauche. Je les tourmente à chaque mouvement de mon bras, et les attise des courants d'airs entraînés par ma main droite. Les deux se croisent, se séparent pour se retrouver. La magie élémentaire est différente des autres en cela que les éléments sont vivants, ils ont chacun leur rythme pourtant ils dépendent les uns des autres. Le feu est le plus difficile à maîtriser car il est presque animal. Il respire, il mange, il peut dormir puis se réveiller, et surtout il doit se battre pour survivre. Mais j'ai appris à le dompter. Je le nourris d'abord pour que les flammèches deviennent une boule de feu, puis je l'affame en l'enfermant dans un courant d'air dont il a déjà dévoré l'oxygène.

Je reviens vers le couloir, la main gauche grande ouverte sous une petite bille brillante maintenue par son carcan invisible.

" Toutes à couvert ! "

Je tends le bras vers le fond du couloir. La bille file à toute vitesse vers le mur du fond. Sa cage intangible enfin dissipée, l'animal furieux et affamé bondit dans toutes les directions pour se gaver de tout l'oxygène qu'il trouve. Un embrasement explosif balaie plusieurs mètres de couloir dans toutes les directions, avant que ses flammes ne soient soufflées par leur propre violence. J'ai déjà bondit en dégainant pour remonter le couloir. Je ne craint pas les flammes, encore moins celles que j'ai créées. Et mon fidèle compagnon a fait des ravages. Il s'accroche encore aux vêtements des vivants comme des morts pour tenter de les dévorer. Trop paniqués par les langues de feu qui lèchent leurs corps, les hommes ne peuvent plus se défendre.

Je rejoins le bout du couloir, le fameux carrefour en T, en tirant à tout va. Le but est moins d'achever les survivants que de les pousser à la fuite. Le temps de vérifier un côté puis l'autre le reste de la troupe arrive dans mon sillage. Je me cale dos au mur opposé pour surveiller le couloir de droite. Avec un sourire en coin je lance un rapide regard à ma supérieure avant de reprendre ma surveillance.

" Désolée, mon lieutenant. Quand on me dit feu à volonté je prends ça un peu trop à la lettre. "

J'ai bien entendu ce qu'elle a dit sur les blagues, mais c'est plus fort que moi. L'intensité de la magie élémentaire joue sur mes émotions. Ma chambre à la caserne est plus bardée d'extincteurs automatiques qu'un réacteur de vaisseau spatial. Il m'est arrivé de me réveiller sur un sommier fondu, au milieu d'un grand trou dans mon matelas carbonisé, avec de l'eau glacée jusqu'aux genoux dans une pièce plus embrumée qu'un hammam. Qui peut se vanter de ne jamais faire de cauchemars ? Ma magie n'a pas besoin de formules parfaitement prononcées pour se manifester, alors elle ne se prive pas. C'est un peu pour ça que je sors aussi peu.

Pour l'instant ce qui m'intéresse n'est pas sortir : c'est de rentrer dans la lard des esclavagistes et ramener autant de leurs victimes que possible.

" De quel côté vous allez ? "

Suki avait fait les premières victimes dans le camp adverse, eux qui pensaient prendre les femmes au piège, il en faudrait plus pour piéger les demoiselles! Suki avait d'abord aveuglé ses chiens avant d'en foudroyé quelques-uns le temps que de nouvelles cibles n'arrivent au centre du carrefour. Suki avait accepté le chrono du sergent, trente secondes, ça laissait le temps aux militaires de nettoyer encore quelques connards et les boucliers vont encore tenir! À moins qu'ils ne sortent des sulfateuses et les canons mais ce ne fut pas le cas, une fois de nouveau dans son champ de vision, le sort en jeu, Rinako conseilla – ordonna même – les autres de se mettre à terre et ce fut ce qu'elles faisaient, Suki ne chercha pas non plus à savoir ce qu'elle comptait faire. Le feu embrasa le tour, bon nombre des hommes en face n'étaient que des rôtis trop cuit et le peu de malchanceux encore en vie hurlait de douleur, il y en avait même eu un ou deux qui n'ont reçu que quelques flammèches dangereuses et ses couillons courraient dans les couloirs pour chercher à éteindre ce feu ardent!

Suki et ses femmes se relevaient pour rejoindre le buffet de viande chaude, Rinako et sa troupe déjà adossé au mur à attendre la nouvelle vague ou a investir la suite de cette petite base. Il y avait bien quelques portes non explorées par les demoiselles en chef mais leurs soldates s'en chargeaient et ça n'avait rien de bien intéressant. Local d'entretiens, garde-manger, local à poubelle – non sorti depuis plusieurs semaines d'ailleurs! Le sergent tenta de percer la rumeur et ses ordres sur les blagues mais cela fit autant d'effets qu'un grain de poussière pour vaincre un dragon. Suki ne bougea pas d'un poil, son expression neutre et pesante à la fois braquée sur le sergent, elle n'en disait rien mais elle pourrait en subir le revers une fois la mission torché. Il y avait plus urgent pour le moment. Elle passait la blague pour néanmoins la félicité sur son travail, elle n'avait pas un attirail impressionnant comme celles que Suki dirigeait mais sa magie était au moins bien maitrisée. Chacun son domaine après tout.

« Belle démonstration de votre magie, j'espère vous voir continuer ainsi! Il fut un temps où les humains brulaient les sorcières vivantes, j'espère avoir l'occasion d'en faire de même avec vous en remplaçant ses femmes par ses esclavagistes! »

Humour? On pouvait voir ça comme cela? Mais l'absence du moindre sourire chez Suki pouvait aussi prouver qu'elle disait simplement le fond de sa pensé. Homme ou femme, un esclavagiste restait un monstre à bruler vivant! Sur un buché, c'était trop barbare, non, il devait pouvoir se débattre et avoir l'ombre d'un espoir, celui de voir les flammes s'éteindre, une chose qui n'arrivera pas! Suki maitrisait surtout trois genres de magie, la foudre comme elle avait pu le montrer, la lumière aussi et le feu qu'elle maitrisait aussi bien que le nouveau sergent. Néanmoins, elle n'était pas aussi douée pour le vent ce qui rendait la chose moins puissante, le vent et le feu font parfois bons ménages! La tête tourné vers le couloir à sa gauche, Suki ne voyait rien d'autre qu'un tournant, pas de porte, pas de soldats cachés, pour le moment, il n'y avait rien à craindre.

« Occupez-vous du couloir de droite, c'est maintenant que vient notre séparation, sergent! N'oubliez pas le briefing, si tout se passe comme prévu, l'un de ses chemins même à la salle où sont entreposées ses malheureuses, l'autre vers le monstre qui dirige tous ses connards! Alors à vous d'agir et trouvez la bonne façon d'agir. »

Il ne faudrait pas cramer une salle entière en voyant un garde en ouvrant la porte, surtout si ce ne sont que les esclaves derrières le garde. Il faut agir vite mais sans céder à la panique. Pas de radio pour cette simple mission mais Mélissa avait l'habitude de ses missions et sera là pour conseiller Rinako si besoin. Suki ne doutait pas du sergent, pas après sa petite démonstration mais il était facile de paniquer un peu au début. Elle-même était efficace depuis sa première mission mais une fois la gâchette appuyée et son premier mort sur les épaules, elle avait senti un petit frisson et un fragment de panique. D'un mouvement de la tête envers Rinako, elle se dirigea contre le mur suivant, faisant le même geste pour trouver des gardes dans le couloir, non, il y avait plus dangereux! Des armes sur pied! Mitrailleuses en tous genres et apercevoir la longue chevelure du lieutenant avaient fait tirer une rafale de balles sur le mur en face d'elle. Les boucliers ne résisteront pas longtemps en se plaçant devant elles, elles devaient user des grenades!

Shiska sortit une de ces grenades IEM qu'elle jeta dans le couloir et après quelques cris sous le choc de l'électrocution, Lika en rajouta une couche pour assommer les plus résistants et griller les mitrailleuses avec de la chance. Suki sortit rapidement pour faire face au couloir, malgré deux soldats encore devant leurs machines, ses dernières semblaient enrailler! Pas de temps à perdre! Suki tira en rafale, Chika, Lika et Yunee et Shiska, toutes étaient là à épauler Suki bien que c'était de trop. Leurs tirs avaient bien vidé le couloir et s'il restait des survivants à terre, ils ne leur restaient plus vraiment de chance de survie. Contrairement à ce qu'elle pensait, la base n'était donc pas en T sur la fin? Cela n'était qu'un premier carrefour? Oui mais ça restait quand même qu'un côté pour chaque supérieure. Un simple couloir à suivre pour le sergent et le lieutenant, quelques salles en plus mais pas de séparation en plus. Par contre, attention au danger! Elles avaient peu d'informations sur se qui ce passait ici, sous terre, et les expériences humaines faisaient partie du lot malheureusement. C'est pour cela qu'en suivant le chemin, une porte explosa et un monstre jaillissait dans le couloir.

D'apparence, c'était un grand homme mutilé atrocement, son corps bourré de produit dopant, les tuyaux qui servaient à Dieu sait quoi, il ne semblait pas vraiment avoir de conscience, il suffisait de jeter un œil à la salle qu'il venait de ravager, scientifique en herbe y compris. Ils ont lâché la bête dans l'espoir de gagner mais ils ont perdu la vie à cause de leur expérience! Ce monstre commençait à frapper les murs pour viser les soldats mais rien à faire, il s'améliorait de seconde en seconde et les dizaines de balles par seconde qu'il recevait n'y changeaient rien! Ça le ralentissait à peine! Si la technologie ne marchait pas, il restait le plan B, la magie! Suki le signalait à ses camarades qui changeaient ainsi de stratégie. Yunee avait avec elle une épée qu'elle se servait en combinaison avec la magie de vent pour mieux trancher les adversaires et là, c'était le moment qu'elle fasse ses preuves! Ça paraissait dangereux mais elle devait agir vite! Avec un peu d'hésitation, elle se préparait, guéant le bon moment. Les sœurs tentaient de stopper le monstre avec la glace mais ça ne fonctionnait pas ou à peine ralenti, Shiska le feu mais là aussi, le temps de protéger son œil qu'il fonçait sur elles. Son gros poing se logeait dans un mur, prisonnier pendant quelques secondes, Yunee saisi l'occasion pour trancher l'un des tuyaux qui lui passait dans le corps. Un râle de plainte, de douleur? Puis ce liquide qui coulait assez rapidement.

« Shiska, on tente le feu en même temps! »

Suki et Shiska récitaient une formule de feu, pas trop puissant, pas trop faible et visait ce liquide étrange qui prit feu à la première étincelle, se faufilant dans son corps avant de le faire fondre de l'intérieur, le genre combustion spontané! Il était bien mort, plus personne dans la salle... à part des morts. Le temps de souffler et se remettre de ses émotions qu'il fallait repartir. Une chose en plus à mettre sur le dos de ses esclavagistes, c'était un homme à l'origine – apparemment – mais il ne méritait certainement pas ça. Après, elle ne savait pas son passé mais c'était un principe. Le temps d'éviter la surchauffe en appuyant sur une fonction de son arme pour le refroidir plus vite, qu'elles continuaient vers la suite de leur chemin, quand allaient-elles trouver ce patron? Ou ses femmes à sauver?

Le couloir de droite est large et haut, comme il se doit dans un complexe militaire. Nous avançons en formation : boucliers devant de chaque côté, et derrière Azaki et Ganae en couverture. Au centre je fais la seconde ligne, Garden marche derrière moi. Toutes ont le fusil à l'épaule, et je tiens mon pistolet à deux mains prête à tirer au jugé. Le couloir de béton défile rapidement. Même après tout le chambardement qu'on a causé, il vaut mieux avancer à pas de loup. Le couloir présent bientôt un coude, avant lequel nous stoppons. Le big boss de cette bande de salaud, ou leurs victimes ? Si au moins on pouvait évaluer combien de gardes peuvent se trouver avec quel objectif. Mais si tout était facile ces femmes ne seraient pas l'élite, et je n'aurais pas à me forcer pour gagner ma place parmi elles.

En formation, prête à suivre, nous attendons derrière Cormack. Elle risque à peine un regard en coin qu'un tir de barrage fait crépiter son bouclier alors qu'elle revient à couvert. Elle se plaque au mur, le cœur battant. Je fais signe de ne pas répliquer en approchant de la jeune femme.

" Ça va, soldate ?
- Oui, sergent. Ils ont une mitrailleuse lourde. Un vieux modèle, mécanique. À dix-douze mètres.
- Autre chose ?
- Trois ennemis visibles, je crois qu'on est proche des cellules. J'ai vu des barreaux. "

Je retiens un juron. La poisse, les IEM ne nous serviront à un rien. Ces antiquités à cartouches ne craignent pas grand-chose. Je pourrais refaire le coup de la boule de feu, mais si les munitions explosent les balles vont fuser dans tous les sens. S'il y a des esclaves derrière ce sera un massacre. Alors il va falloir jouer en finesse et en précision. Je donne mes ordres en code gestuel. Puis nous attendons la fenêtre. Il suffit à Cormack et Destata de laisser dépasser la main de temps en temps pour faire tirer ces idiots. Puis soudain ils s'arrêtent au milieu d'une rafale, les cliquetis qui suivent ne trompent pas : ils rechargent.

" Go ! "

Les bouclier en avant, les autres juste derrière en flèche bien serrée. Selon mes ordres toutes les armes sont au coup par coup. le gars qui rechargeait son arrosoir à plomb posé sur des cantines a à peine le temps de relever la tête. Les autres qui étaient sensés le couvrir, eux, y laissent leurs têtes. La tension est d'autant plus palpable que nous remontons le couloirs à pas courts et rapides. Ces trois gars n'étaient que les premiers. Les cellules sont grandes, des murs de bétons et d'épaisses grilles de métal sur au moins une face. Pas d'esclaves, mais du matériel peut-être dangereux. Séparation au croisement et ça vire à la fusillade. Destata nous ouvre la route, à Azaki et moi, alors que derrière Garden fait le ménage de l'autre côté. Le couloir de cellule finit en cul de sac au bout d'une dizaine de mètres, même chose de l'autre côté.

Il n'y a que trois hommes de notre côté. le premier est fauché alors qu'il ouvrait une grille, le seconde reçoit une décharge de plasma au flanc alors qu'il se jette derrière des caisses. Le dernier se retrouve dos au mur.

" Lâche ton arme ! "

Il la pointe vers nous, ouvrant grand la bouche sur ce qui aurait dû être un cri rageur. Si la bille qui lui perce la langue ne suffit pas, les deux décharge de plasma qui lui brûlent le poitrail le réduisent au silence. Le lieutenant a raison : ces hommes sont d'une stupidité incroyable. Ou préfèrent-ils mourir de nos mains que de se rendre au risque de parler ? C'est sans doute ça. Qu'ils crèvent pour leurs idées, puisqu'ils veulent nous tuer pour les nôtres. Une fois les cellules inspectées nous revenons à l'intersection où Garden et ses ailières nous rejoignent.

" Trois de plus.
- Deux pour nous, mon lieutenant.
- Des caisses de matériel et de munitions de notre côté. Et vous ?
- Ravitaillement médical, rations... De quoi garder tout leur petit monde planqué ici pour des années.
- Rien de crucial, on continue. "

Après avoir éliminé le fruit de leurs curieuses expériences, la lieutenante Tetsuhiko espérait que ses pauvres femmes ne servaient pas en plus de cobaye pour de drôle d'expérience? Laissant le cadavre bruler de l'intérieur, le petit groupe de Suki reprenait en avançant à pas de velours. Même si les couloirs semblaient correspondre avec le genre de petits campements uatéens habituels, quelque chose clochait? Ce n'était pas si grand d'habitude? L'endroit devait être secret pour des expériences, d'où les tentatives de ses esclavagistes? Avoir tout ça sous la main les avait surement tenté, un scientifique fou dans le groupe et en avant les horreurs! Tenté de savoir ce qui se passait ici avant que ce lieu ne soit le petit QG d'une bande de Mijakiens ne les regardaient pas! C'était le coup à se frotter aux services spéciaux de Uatis si jamais elles tombaient sur quelque chose de vraiment secret! Chaque pays à ses petits secrets après tout.

Leur progression dans les locaux se faisait à allure normale, pas trop vite mais lentement, aucun signe de vie et plus elles avançaient et plus les salles se faisaient rare. Il n'y avait plus vraiment de salle, juste un long couloir silencieux après le boucan qu'elles ont faite contre le monstre. Et Suki avait bien raison, l'ultime porte apparemment, bien plus sécurisé et gardé par un homme aussi grand et large qu'un gorille. Il ne semblait pas pire que la créature qu'elles venaient de croisé mais son état semblait plus stable et son cerveau avait l'air de mieux fonctionner. Si elle devait toujours se fier à ses suppositions, elle serait souvent déçue! L'habit était souvent loin de faire le moine, surtout chez les esclavagistes! Remarquant la petite troupe arrivée, le colosse se redressa pour qu'il ait l'air de grandir encore de quelques centimètres. Il avançait calmement malgré les filles armées et lui non... là ça semblait bizarre! Aussi confiant et con pouvaient-ils être, les hommes esclavagistes et même leur larbin ou garde du corps avaient un semblant de panique devant les armes.

Peut-être maitrisait-il la magie? Les suppositions, ce n'est pas pour elle, d'un simple mouvement du bras en avant, une pluie de tir fondait sur le grand gaillard et la vérité tombait sous le masque! Ce n'était pas un ESPer, pas un mercenaire, pas un simple idiot mais un robot! Il encaissa les coups, sa peau et ses vêtements troués, il ne reculait pas pour autant et il semblait toujours bien actif! Voilà une nouvelle menace un peu plus coriace mais au moins la porte blindée derrière lui indiquait que c'était la fin de leur aventure de ce côté, dans quatre-vingt-dix pour cent de ses installations, c'était souvent la salle du chef du lieu. Donc Yukimitsu avait les esclaves? Espérons qu'elle n'ait pas autant d'obstacle qu'elle! Elle avait confiance en elle mais ça ferait beaucoup pour son baptême du feu. Face à la menace robotique, les tirs fondaient de plus en plus si bien que la fausse peau et les vêtements du robot n'étaient plus que des lambeaux! Les coups semblaient à peine efficaces contre lui, à leur plus grands désarrois!

Armant son bras, il prit rapidement de la vitesse pour tenter de faucher la plus proche des soldates – à savoir Shiska – avant que son poing ne s'écrase dans un pauvre mur sans qu'il ne subisse de nouveau dégât. Commençant à devenir vraiment dangereux, sa folie se faisait de plus en plus violente et la rapidité de ses soldats jouaient en leur faveur mais ce robot risquait vraiment de réussir à blesser une de ses filles! Pas le choix! Elle devait de nouveau user de la magie! C'était moins amusant que les armes mais certaines combinaisons magiques sont parfois aussi efficaces que surprenantes! La lumière était un élément sacré surtout utile contre les démons, les vrais démons, pas ses pourris d'esclavagistes malheureusement. Mais cela avait souvent un rôle bénéfique sur celle qui lançait le sort et Suki le savait. Elle allait faire une fusion des plus intéressantes entre la lumière et la foudre pour être aussi vif que la foudre! Laissant tomber son arme par terre, elle laissait ses filles le distraire le temps de réciter et d'enchainement les signes incantatoires puis une lumière blanche, presque divine illumina Suki qui en un clignement de paupière se retrouva sur la tête du robot, ses mains la tenant suspendu au-dessus du robot.

« Une chance que tu ne souffres pas, tu n'aurais pas aimé la suite sinon! »

Le robot tourna la tête vers l'ancienne source de lumière déjà sur sa tête. Un simple robot de type androïde – un vieux modèle en plus - ne pouvait souffrir jusqu'à maintenant et tel un paratonnerre, la foudre entoura Suki avant de trouver refuge dans le corps du robot pour le faire péter un boulon, de plus en plus il devenait inutile, au fil des secondes. Comme pris d'une crise d'épilepsie, il gesticulait de plus en plus avant de s'immobiliser sous le courant haute tension qui circulait en lui. Comme une acrobate, elle retrouva pied-à-terre doucement en récupérant son arme par terre. Cette nouvelle vague de balle et de bruit avait dû faire signer le testament de celui derrière cette porte. L'enfer allait accueillir un nouveau membre que Suki allait surement envoyer elle-même. Faut dire qu'elle avait du mal à supporter les cerveaux de ce genre de vente, de rafle, de dressage inhumain. Juste avant de jouer le rôle de la faucheuse ou de celui de celle qui allait simplement le conduire devant un tribunal de Caelestis, elle fit signe à Chika d'envoyé un message radio à la team Yukimitsu pour lui dire qu'elle risquait – ou était déjà – d'avoir les esclaves retenue en otage de son côté.

Suki s'approcha avec son équipe, prête à faire feu derrière un type désespéré, plus d'une chose pouvait arriver derrière cette porte mais généralement, en voyant la tueuse d'esclavagiste arriver, l'espoir n'était plus permis même si certains tentaient des tentatives désespérées comme acheter les Celkhanes pour sa vie ou pire encore, leur offrir des esclaves! Qu'allait découvrir Suki derrière cette porte?

De l'autre côté de la base ce fut Ganae qui reçut l'appel de Chika qui signalait qu'elles avaient trouvé le bout du chemin et que de leur côté, elles allaient pouvoir libérer les esclaves si tout se passait sans encombre.

« Sergent Yukimitsu, la lieutenante Tetsuhiko vient d'arriver au bout de son chemin, nous devrons avoir les esclaves à libérer de notre côté. En revanche, elle préconise la plus grande prudence car leur trajet ne fut pas de tout repos. Je n'ai pas eu plus de détails sur ce point par contre. »

C'était surement plus calme pour elles mais qui sait ce qui attendait vraiment Rinako et Suki, elles n'étaient pas encore sur Caelestis avec les anciennes esclaves après tout.

J'espère que ça va du côté de la lieutenante, parce que du nôtre ça vient de partir un peu en sucette.

" Descendez de là, Sergent !
- Azaki ! "

Je l'ai à peine aperçue que les impacts de balles l'ont faite disparaître dans un nuage de poussière de béton. Ce truc tire et bouge dans tous les sens. Il ondule tellement dans cette immense pièce que j'ai à peine eu l'occasion d'estimer. Quinze-vingt mètres de long, environ trois de haut. Un énorme mille-pattes robotique qui ravage cet espèce d'atelier. Ce truc est blindé, il bouge trop vite pour qu'on ait le temps d'utiliser les grenades. J'ai juste eu le temps de dire aux filles de se mettre à couvert avant de me trouver le meilleur refuge possible : le dos de la bestiole synthétique. Je suis en plein rodéo juste derrière sa "tête". Et ce truc ne fait que s'agiter et tirer tous azimuts avec ses gros calibres.

Il défonce tout : les murs de béton pètent quand une partie de son corps les percute, il fait cliqueter les chaînes des palans qui pendent du plafond, les établis et les outils volent dans tous les sens, les véhicules qui étaient en révision ne sont déjà plus que des épaves. Cette grosse saloperie n'a pas l'air plus maline qu'un véritable insecte paniqué.

" Sergent ! Derrière ! "

Je tourne la tête et me laisse tomber en arrière, alors que cet abruti de robot se fusille la tronche tout seul en essayant de m'abattre. Quand je me relève il s'est figé, la queue relevée pour pointer ses grosses mitrailleuse vers l'endroit où j'étais assise. Sa tête à moitié explosée pendouille minablement. Alors que les filles me rejoignent devant ce désolant spectacle, je lève la main pour leur intimer le silence.

" No comment, la lieutenante voulait pas de blague. "

En me retournant je vois qu'Asaki va bien, et que toutes sourient au moins. Même Garden, que je remercie de m'avoir prévenue.

" Sergent Yukimitsu, la lieutenante Tetsuhiko vient d'arriver au bout de son chemin, nous devrons avoir les esclaves à libérer de notre côté. En revanche, elle préconise la plus grande prudence car leur trajet ne fut pas de tout repos. Je n'ai pas eu plus de détails sur ce point par contre.
- Répondez qu'on progresse et qu'on la tient au courant. "

Puis nous passons à l'acte, même formation. Il y a une lourde porte à l'autre bout du hangar, devant un perron et des passerelles qui partent longer les murs. Asaki et Ganae font sauter les gonds et la serrure, Cormack et Destata entrent les premières, puis Garden et moi, et le dernier binôme ferme la marche. Il y a des hommes, et ils nous attendaient. Ils sont onze dont trois qui se planquent derrière des otages. En un battement de cils, trop vite pour gueuler leurs menaces, ils ne sont plus que cinq et les otages sont indemnes. Les survivants prennent la fuite dans un couloir de cellules.

" Garden ! "

Je me lance à leur poursuite avec la brune et tout en cavalant nous en tuons trois de plus, dans le dos. Mais les deux autres bifurquent, dans une cellule. Merde ! Ils vont sans doute prendre aussi des otages ! Alors qu'on force l'allure, soudain les coups de feu éclatent. Les éclairs illuminent le couloir sombre, et les cris éclatent également. Des cris de panique, de terreur, de douleur... poussés par des hommes. Garden et moi ralentissons ensemble, et ne prenons le temps que d'échanger un regard. Soudain l'un des gars jaillit de la cellule, mais n'en a pas vraiment franchi le seuil qu'il est happé à l'intérieur.

" Non ! Pit-argl ! "

Ses suppliques laissent place à des gargouillis, puis au silence. Pas tout à fait le silence, des sanglots se font entendre, une femme cette fois. J'avance avec Garden, les lampes de nos armes pointées sur les ténèbres au-delà des barreaux. Deux corps, et une jeune femme nue blottie dans un coin de la cellule. J'entre la première en braquant ma lampe un peu partout, sous les couchettes, pourtant rien. Et la jeune femme terrifiée n'aura pas mis ces hommes à terre seule. Ils sont égorgés, mais quelque chose cloche avec leur sang.

" Ne craignez rien, madame, nous sommes...
- Des Celkhanes. "

Je volte en braquant mon arme. Comment ça a pu se passer si vite, même dans mon dos ? Garden est immobile, les bras un peu écartée, tremblante de peur. Une main menace calmement sa gorge d'une longue griffe effilée, tandis qu'une autre se saisit de son fusil pour le laisser choir. La femme qui se cache derrière elle sait comment user de ses boucliers humains, je n'en vois pas assez de sa tête brune pour tirer. Et elle est très calme, ça me fait froid dans le dos.

" Elles prendront soin de toi, ma douce. N'est-ce pas, sergent ?
- Comment vous savez que...
- Vos galons. "

Soudain je me sens vraiment conne. La femme, ou créature, risque un œil à l'iris bleu pâle par-dessus l'épaule de son rempart. Je guette, mais si je tire Garden pourrait y laisser sa gorge.

" Vous avez tué ces hommes ?
- De toutes évidence.
- Un peu tard.
- J'en avais après leur chef.
- On s'en occupe.
- J'imagine, oui... Donc je n'ai plus rien à faire ici. Sauf vous demander votre nom.
- Pourquoi ?
- Vous êtes venues faire les choses à ma place, et m'avez évitée d'affronter seule tous ces hommes. Je vous retrouverais un jour pour m'acquitter de cette dette. Ce sera plus facile avec un nom.
- Vous comptez me tuer ?
- Ce serait déjà fait. "

Qu'est-ce que c'est encore que cette embrouille ? Je ne sais même pas à qui je parle, mais j'ai percuté ce qui clochait avec le sang des deux cadavre : il n'y a vraiment pas beaucoup au sol. Et la conclusion logique qui va avec les griffes, la rapidité et le silence : Vampire. Une saloperie du genre de Warren, la lieutenante n'en a pas mené large à ce qu'il paraît. Celle-ci s'est laissée capturer dans le but de passer seule sur une centaine d'hommes armés afin de se payer leur chef, et elle en parle comme d'un pique-nique. Je pourrais peut-être essayer de me battre en utilisant la magie, mais Garden y laisserait la vie, comme sans doute de nombreuses esclaves. La soldate m'implore du regard alors que je baisse mon arme.

" Sergent... Non...
- Yukimitsu, Rinako. "

Soudain Garden m'arrive en plein dessus. Je la retiens vaille que vaille entre mes bras et file dans le couloir. Je n'ai que le temps d'apercevoir deux pieds qui disparaissent dans un conduit d'aération au plafond. Il ne me faut qu'une seconde pour arriver dessous et braquer mon arme. Rien, la créature s'est volatilisée. Les bottes claquent le sol dans mon dos. Asaki et Ganae arrivent alors que Garden et l'esclave sortent. Je ne sais pas trop qui soutien l'autre. J'ai l'impression de m'être faite avoir par cette mystérieuse créature, mais une part de moi se demande si c'est vraiment le cas. Seul l'avenir le dira, je me demande seulement comment je vais tourner ça dans mon rapport. En tous cas le boulot n'est pas encore fini.

" Au rapport !
- Secteur sous contrôle, pas de prisonniers, trente-sept otages.
- Cormack et Destata sont en train de les rassembler et d'évaluer leur état.
- Faudra se serrer dans le vaisseau. Ganae, prévenez la lieutenante. On bouge ! "

Elles n'hésitent que le temps de me laisser rengainer. Les trois soldates et l'esclave lèvent les yeux vers la bouche d'aération défoncée.

" Sergent, c'était quoi, ça ?
- Si je savais.
- Elle tiendra parole. "

L'esclave est aussi penaude que sa voix tremblante le laisse imaginer.

" Elle... Elle a dit qu'elle venait pour une dette... Une dette de sang, que le chef lui devait... Et... "

Elle se tourne vers moi, et franchement ça me met très mal à l'aise.

" Elle en a une envers vous, maintenant. "

Tous les regard sont braqués sur moi. Je sens que je commence à trop m'énerver, j'ai les pouvoirs qui commencent à s'agiter. Je cligne des yeux puis balaie les trois soldates du regard. Et je pars à grands pas dans le couloir qui se remplit de monde.

" Mon problème... Assez glandé ! On a des otages à évacuer ! On bouge ! Cormack et Destata, vous répartissez les civiles ! Formation d'escorte : Garden et Destata devant avec moi ! Les autres en arrière-garde ! "

Puis je m'arrête devant les otages, et prends une petite seconde pour m'adoucir un peu. J'ai du mal, je vois au moins trois filles qui sont clairement plus jeunes que moi. Ça me fout les nerfs. Et certaines ont l'air dans un état d'épuisement physique et moral extrême. Moins de la moitié portent des vêtements dignes de ce nom, les autres sont vaguement couvertes par des fripes déchirées. J'en vois deux autres qui ont l'air carrément inconscientes. Je me force à sourire comme une marchande de gaufres du parc d'attraction.

" Mesdames, on va vous escorter jusqu'au niveau supérieur. Le chemin n'est peut-être pas sûr, donc si certaines d'entre vous sont blessées ou trop faibles pour marcher, les autres devront les aider. Attendez-vous à voir des morts et des traces de combats dans les couloirs. Je vous demanderais à toutes de rester aussi calmes et silencieuses que possible. Encore un peu de courage ! Vous serez bientôt en sûreté. "