The Mad Stars [PV]
Posté : 23 sept. 2024 22:00
Pfffft
Le sifflement de la vapeur précéda la lente ouverture des systèmes hydrauliques qui activèrent la vaste porte renforcée, s’ouvrant lentement pour révéler un long couloir métallique illuminé par plusieurs lampes à la lumière éclatante. Suivant le protocole, les huit gardes en armures anti-émeutes s’écartèrent tout en armant leurs épais fusils à pompe, dont les munitions étaient adaptées aux affrontements à moyenne portée dans les environnements encombrés tels que ceux des nombreux couloirs de Corvus Majoris.
Corvus Majoris. Un complexe militaire imposant installé non pas sur une planète, mais littéralement implémenté dans les entrailles d’un astéroïde immobile, flottant dans le vide de l’espace, toujours vigilant, toujours aux aguets. La base était un titan de béton armé, d’acier renforcé et de tourelles armées de canons et autres systèmes de défense. Plus qu’un symbole de puissance, c’était le quartier-général où les plus hauts maréchaux et les membres de la redoutée police secrète s’organisaient pour gérer le Sous-Secteur Majoris. Sur la carte galactique, ce n’était qu’un petit secteur, mais c’était une trompeuse supposition, car il renfermait sous son égide une bonne cinquantaine de planètes cohabitant sous un même régime d’une république plus vaste et complexe. La base avait été conçue avec les efforts des différents gouvernements sous-sectoriels pour assurer la protection et la gestion de cette partie vitale de ladite république.
Et là, dans les profondeurs de ce complexe militaire immense, entouré par des soldats d’élites, des agents secrets, des chercheurs et scientifiques de toutes sortes et espèces, sous l’oeil des plus hauts fonctionnaires de la plus haute autorité, se trouvait notre héros tragique et éternel vagabond, Losgar.
Sortant de sa cellule, le Noxien jeta un regard désinvolte autour de lui, fronçant des sourcils sous l’effet de la lumière intense qui émanait des lampes. Encore un tour du Veilleur, comme il se prénommait. Les lampes avaient plus qu’un rôle d’éclairage, elles étaient conçues pour perturber les sens de certains types de prisonniers qui seraient déstabilisés par leurs particulières émanations. Rien qui puisse toucher Losgar, mais bon à savoir. Il avait longtemps compris que le maître des lieux était très, très minutieux. Les gardes qui l’escortaient hors de sa cellule n’étaient qu’une façade des moyens qu’il pouvait mobiliser pour réellement menacer l’alien à la peau grise, ça il s’en doutait bien. S’il n’avait pas de collier explosif autour du cou, du poison anesthésiant dans le sang et une demi-centaine de cyborgs armés de plasma et de rayons gamma, c’était seulement parce que le statut de Losgar n’était pas vraiment celui d’un criminel. Plutôt d’un individu en sursis, ou tout simplement dans de gros, gros pétrins.
“Messieurs.”
Les gardes ignorèrent sa salutation, l’un d’eux s’approchant fermement pour lui remettre des menottes épaisses qui, au vu des nombreux appareils secondaires qui formaient leurs surfaces, laissaient deviner qu’ils avaient des effets inhibiteurs pour pacifier tout prisonnier. Soupirant avec ennui, il dressa lentement ses bras et se laissa menotter, suivant le chef de fil à travers le couloir.
À l’autre bout du couloir devait se trouver la fameuse équipe qu’il allait rejoindre. Charmant.
Comment on est-il arrivé là ?
L’écran s’illumina soudainement, étalant une lumière maladive sur les ombres de la cellule dans laquelle on avait incarcéré “provisoirement” le Noxien. La cellule était étroite, froide, étouffante avec un parfum de chlore imbibant chaque parcelle. Pour seuls meubles, une petite chaise métallique sur laquelle était disposé le prisonnier et une table. Une lourde machine reliée par un amalgame de câbles et fils ornait le centre de la pièce. Derrière la porte triplement blindée, Losgar pouvait entendre le battement ténu des cœurs de gardes d’élites, le sifflement sourd de leurs exo-armures en vibranium, le grondement à peine contenu de leurs canons.
L’écran fit apparaitre un homme. Ou plutôt, la silhouette d’un homme dont le visage était caché par les ombres. Une tactique d’intimidation ? Pathétique, mais peut-être que ça marchait pour un objectif théâtrale quelconque. On n’avait pas besoin d’être un génie illuminé pour deviner qu’il s’agissait du chef de la Police Secrète, le redouté Veilleur.
“Identification : Losgar. Non immatriculé par les registres du Ministère Majoris. Profession indéterminée. Allégeance indéterminée. Appartenance ou race : Noxienne.”
Reposant un fichier qu’il tenait entre ses mains, le Veilleur croisa ses doigts et continua avec cette voix monotone et inquisitrice :
“Laissez-moi vous rappeler, Mr. Losgar, pourquoi vous, un simple inconnu sans pouvoir politique ou économique, vous retrouvez sous la juridiction de la plus haute autorité du sous-secteur et dans une des cellules de la plus puissante base armée qui existe dans ce coin de l’univers.”
“Parce que le Gouverneur est très fâché ?”
“J’ai entre les mains plusieurs preuves incriminantes avec témoignages. Ici, vous avez causé des dégâts dans une super-usine à Morigan, deux mois auparavant, causant une perte de performance de plus de 40% et des millions de crédits.”
“Les ouvriers étaient victimes d’une fuite de gaz toxiques et les systèmes de sécurité archaïques les avaient enfermés dans une procédure de décontamination. Entre sauver des vies ou laisser l’usine intacte …"
“Vingt jours avant cette heure, vous avez été identifié comme le coupable derrière la destruction d’une partie de l’édifice de l’Archive Républicaine de Mantra, causant un étouffement des données et un momentané arrêt des services d’archivages de toute la planète.”
“Le bâtiment abritait un terroriste intergalactique des plus dangereux. Sigrid Maynard. Connu pour être un génie du mal en cyberterrorisme. Il tentait d’implanter un virus dans les super-serveurs de l’Archive pour causer la plus vaste prise d’otages numériques de l’histoire de la planète. Les dégâts étaient inévitables au moment où j’ai eu affaire à ses gardes du corps, un duo de Siths qui …"
“Et bien d’autres accusations de la sorte qui, bien qu’elles semblassent être nées d’une bonne volonté samaritaine, ont été couteuses et gérées par une sorte de supposé héros du peuple. Sans compter le dernier … incident.”
“Ah. Le gouverneur est en effet fâché.”
Cette fois, le mâle à la peau cendrée afficha un sourire amusé, croisant les bras sur son large torse et plaçant un pied sur la table, à quelques centimètres de l’écran.
“Je trouve que c’est quand-même exagéré que votre patron ne se décide à me pourchasser qu’après avoir, inconsciemment pour ma défense, et bien … flirté, avec cette charmante princesse.”
“Cette charmante princesse, comme vous la décrivez Mr. Losgar, était la fille unique du Gouverneur Torsteïn. Et les rapports qui lui ont été partagés décrivent plus que ce que vous qualifiez de simple flirt.”
“Allons, elle était consentante et même euphorique après notre petite escapade. Sauf qu’elle avait omit de partager avec moi le métier de son père. Sinon j’aurais rebroussé chemin.”
Un soupir exaspéré se fit entendre à travers l’écran. Malgré les ombres qui camouflaient son visage, on pouvait voir le Veilleur se masser l’arête du nez en secouant lentement la tête.
“Vos aventures héroïques et autres batifolages ont causé assez d’ennuis. J’ai le pouvoir et l’autorité de vous déclarer comme criminel interstellaire. Voulez-vous que votre profil soit affiché en code rouge chez la République ? L’Imperium ? Les Leagues de Votann ? Les Lantern Corps ? La Justice League etc , etc.”
Le Noxien pinça légèrement des lèvres. Voilà qui risquait, en effet, de compliquer considérablement sa vie. Ce mystérieux personnage avait basiquement la possibilité de poser un sceau sur l’identité de Losgar et lui interdire le passage dans plusieurs secteurs de la Galaxie, sans compter être traqué par les organisations les plus véhémentes et inquisitrices, ou tout simplement par des chasseurs de primes qui tireraient fortune et gloire s’ils rapportaient la tête du dernier survivant de Nox. Difficile d’ignorer une menace aussi sérieuse. Perdant donc son attitude désinvolte, il se pencha à son tour sur la table et croisa ses doigts, une lueur menaçante au fond de ses iris.
“Si vous ne l’avez pas déjà fait, c’est que vous avez trouvé une utilité en moi. Ne tournons pas autour du pot. Que voulez-vous que je fasse pour qu’on tourne la page sur ce cirque ?”
C’était à ce moment-là que le Veilleur avait partagé un briefing avec son prisonnier privilégié et, il fallait l’admettre, même Losgar fut surpris par l’audace de la demande titanesque qu’on lui incombait.
Une menace incompréhensible rongeait lentement le sous-secteur Majoris. Sur plusieurs planètes, à intervalles irréguliers, des cultes commençaient à apparaître et à proliférer. Des sectes dangereuses, des organisations fanatiques et terroristes, des hérauts de la Fin des Temps et autres groupuscules plus discrets et insidieux. Pareils groupements de dégénérés n’étaient pas rares dans cette Galaxie, car l’Immatériel avait plus d’influence sur le simple esprit des mortels que ce que les gouvernements et autocraties essayaient de couvrir. Mais le nombre croissant de découvertes et leur niveau de dangerosité pouvait inquiéter le plus sceptique des Inquisiteurs. Jamais on n'avait vu autant de sectes proliférer aussi vite dans un seul même secteur. Jamais, sauf dans les cas où un terrifiant complot à l’échelle galactique était en marche. La Croisade du Secteur Sabbat par l’Imperium était un trop douloureux exemple de comment une centaine de planètes pouvaient tomber sous le contrôle des Forces de la Ruine, pour ne citer qu’eux comme potentiels instigateurs de corruption éternelle.
Plus il lui révélait de détails et plus Losgar avait la sinistre impression qu’on allait l’utiliser comme un vétéran qu’on envoie pour une longue, difficile et éreintante campagne. Sans perspectives de paiements ou de reconnaissance. Ce boulot était réservé soit à l’élite de l’élite, soit aux forces pénales, dispensables, de la chair à canon. Enquêter dans l’occulte, à travers Dieux savent combien de planètes et flirter avec les pires dégénérés du secteur.
“Nos ressources sont bien trop dispersées pour qu’on puisse efficacement gérer cette crise. Voyez cela comme l’opportunité de racheter vos péchés aux yeux du Gouverneur. Fort heureusement pour vous, vous avez du renfort. D’estimés alliés qui ont répondu à notre appel, un commun accord de sécurité galactique. Vous formerez une intéressante équipe.”
“Vous m’en voyez … rassuré.”
On lui avait restitué ses habits d’avant son arrestation. Un uniforme noir et décontracté, fait d’un cuir léger et extraterrestre, souple mais très résistant. Le futur agent-forcé surmontait d’une bonne tête ses geôliers, la marche désinvolte, le visage serein malgré toutes les précautions armées autour de lui.
La perspective de servir les intérêts d’un gouvernement hostile à sa personne ne l’enchantait guère, mais il ne pouvait s’empêcher, au plus profond de son âme aventureuse et belliqueuse, de ressentir une profonde et grisante anticipation quant à cette quête énigmatique et, sans l’ombre d’un doute, dangereuse à souhait. Le danger était après tout sa raison d’être. Un Noxien ne mourrait que dans le feu de l’action, telle était sa philosophie.
La question qui se posait était plutôt de savoir qui allait l’accompagner dans cette quête infernale ?
Le sifflement de la vapeur précéda la lente ouverture des systèmes hydrauliques qui activèrent la vaste porte renforcée, s’ouvrant lentement pour révéler un long couloir métallique illuminé par plusieurs lampes à la lumière éclatante. Suivant le protocole, les huit gardes en armures anti-émeutes s’écartèrent tout en armant leurs épais fusils à pompe, dont les munitions étaient adaptées aux affrontements à moyenne portée dans les environnements encombrés tels que ceux des nombreux couloirs de Corvus Majoris.

Corvus Majoris. Un complexe militaire imposant installé non pas sur une planète, mais littéralement implémenté dans les entrailles d’un astéroïde immobile, flottant dans le vide de l’espace, toujours vigilant, toujours aux aguets. La base était un titan de béton armé, d’acier renforcé et de tourelles armées de canons et autres systèmes de défense. Plus qu’un symbole de puissance, c’était le quartier-général où les plus hauts maréchaux et les membres de la redoutée police secrète s’organisaient pour gérer le Sous-Secteur Majoris. Sur la carte galactique, ce n’était qu’un petit secteur, mais c’était une trompeuse supposition, car il renfermait sous son égide une bonne cinquantaine de planètes cohabitant sous un même régime d’une république plus vaste et complexe. La base avait été conçue avec les efforts des différents gouvernements sous-sectoriels pour assurer la protection et la gestion de cette partie vitale de ladite république.
Et là, dans les profondeurs de ce complexe militaire immense, entouré par des soldats d’élites, des agents secrets, des chercheurs et scientifiques de toutes sortes et espèces, sous l’oeil des plus hauts fonctionnaires de la plus haute autorité, se trouvait notre héros tragique et éternel vagabond, Losgar.
Sortant de sa cellule, le Noxien jeta un regard désinvolte autour de lui, fronçant des sourcils sous l’effet de la lumière intense qui émanait des lampes. Encore un tour du Veilleur, comme il se prénommait. Les lampes avaient plus qu’un rôle d’éclairage, elles étaient conçues pour perturber les sens de certains types de prisonniers qui seraient déstabilisés par leurs particulières émanations. Rien qui puisse toucher Losgar, mais bon à savoir. Il avait longtemps compris que le maître des lieux était très, très minutieux. Les gardes qui l’escortaient hors de sa cellule n’étaient qu’une façade des moyens qu’il pouvait mobiliser pour réellement menacer l’alien à la peau grise, ça il s’en doutait bien. S’il n’avait pas de collier explosif autour du cou, du poison anesthésiant dans le sang et une demi-centaine de cyborgs armés de plasma et de rayons gamma, c’était seulement parce que le statut de Losgar n’était pas vraiment celui d’un criminel. Plutôt d’un individu en sursis, ou tout simplement dans de gros, gros pétrins.
“Messieurs.”
Les gardes ignorèrent sa salutation, l’un d’eux s’approchant fermement pour lui remettre des menottes épaisses qui, au vu des nombreux appareils secondaires qui formaient leurs surfaces, laissaient deviner qu’ils avaient des effets inhibiteurs pour pacifier tout prisonnier. Soupirant avec ennui, il dressa lentement ses bras et se laissa menotter, suivant le chef de fil à travers le couloir.
À l’autre bout du couloir devait se trouver la fameuse équipe qu’il allait rejoindre. Charmant.
Comment on est-il arrivé là ?
Quelques jours plus-tôt :
L’écran s’illumina soudainement, étalant une lumière maladive sur les ombres de la cellule dans laquelle on avait incarcéré “provisoirement” le Noxien. La cellule était étroite, froide, étouffante avec un parfum de chlore imbibant chaque parcelle. Pour seuls meubles, une petite chaise métallique sur laquelle était disposé le prisonnier et une table. Une lourde machine reliée par un amalgame de câbles et fils ornait le centre de la pièce. Derrière la porte triplement blindée, Losgar pouvait entendre le battement ténu des cœurs de gardes d’élites, le sifflement sourd de leurs exo-armures en vibranium, le grondement à peine contenu de leurs canons.
L’écran fit apparaitre un homme. Ou plutôt, la silhouette d’un homme dont le visage était caché par les ombres. Une tactique d’intimidation ? Pathétique, mais peut-être que ça marchait pour un objectif théâtrale quelconque. On n’avait pas besoin d’être un génie illuminé pour deviner qu’il s’agissait du chef de la Police Secrète, le redouté Veilleur.
“Identification : Losgar. Non immatriculé par les registres du Ministère Majoris. Profession indéterminée. Allégeance indéterminée. Appartenance ou race : Noxienne.”
Reposant un fichier qu’il tenait entre ses mains, le Veilleur croisa ses doigts et continua avec cette voix monotone et inquisitrice :
“Laissez-moi vous rappeler, Mr. Losgar, pourquoi vous, un simple inconnu sans pouvoir politique ou économique, vous retrouvez sous la juridiction de la plus haute autorité du sous-secteur et dans une des cellules de la plus puissante base armée qui existe dans ce coin de l’univers.”
“Parce que le Gouverneur est très fâché ?”
“J’ai entre les mains plusieurs preuves incriminantes avec témoignages. Ici, vous avez causé des dégâts dans une super-usine à Morigan, deux mois auparavant, causant une perte de performance de plus de 40% et des millions de crédits.”
“Les ouvriers étaient victimes d’une fuite de gaz toxiques et les systèmes de sécurité archaïques les avaient enfermés dans une procédure de décontamination. Entre sauver des vies ou laisser l’usine intacte …"
“Vingt jours avant cette heure, vous avez été identifié comme le coupable derrière la destruction d’une partie de l’édifice de l’Archive Républicaine de Mantra, causant un étouffement des données et un momentané arrêt des services d’archivages de toute la planète.”
“Le bâtiment abritait un terroriste intergalactique des plus dangereux. Sigrid Maynard. Connu pour être un génie du mal en cyberterrorisme. Il tentait d’implanter un virus dans les super-serveurs de l’Archive pour causer la plus vaste prise d’otages numériques de l’histoire de la planète. Les dégâts étaient inévitables au moment où j’ai eu affaire à ses gardes du corps, un duo de Siths qui …"
“Et bien d’autres accusations de la sorte qui, bien qu’elles semblassent être nées d’une bonne volonté samaritaine, ont été couteuses et gérées par une sorte de supposé héros du peuple. Sans compter le dernier … incident.”
“Ah. Le gouverneur est en effet fâché.”
Cette fois, le mâle à la peau cendrée afficha un sourire amusé, croisant les bras sur son large torse et plaçant un pied sur la table, à quelques centimètres de l’écran.
“Je trouve que c’est quand-même exagéré que votre patron ne se décide à me pourchasser qu’après avoir, inconsciemment pour ma défense, et bien … flirté, avec cette charmante princesse.”
“Cette charmante princesse, comme vous la décrivez Mr. Losgar, était la fille unique du Gouverneur Torsteïn. Et les rapports qui lui ont été partagés décrivent plus que ce que vous qualifiez de simple flirt.”
“Allons, elle était consentante et même euphorique après notre petite escapade. Sauf qu’elle avait omit de partager avec moi le métier de son père. Sinon j’aurais rebroussé chemin.”
Un soupir exaspéré se fit entendre à travers l’écran. Malgré les ombres qui camouflaient son visage, on pouvait voir le Veilleur se masser l’arête du nez en secouant lentement la tête.
“Vos aventures héroïques et autres batifolages ont causé assez d’ennuis. J’ai le pouvoir et l’autorité de vous déclarer comme criminel interstellaire. Voulez-vous que votre profil soit affiché en code rouge chez la République ? L’Imperium ? Les Leagues de Votann ? Les Lantern Corps ? La Justice League etc , etc.”
Le Noxien pinça légèrement des lèvres. Voilà qui risquait, en effet, de compliquer considérablement sa vie. Ce mystérieux personnage avait basiquement la possibilité de poser un sceau sur l’identité de Losgar et lui interdire le passage dans plusieurs secteurs de la Galaxie, sans compter être traqué par les organisations les plus véhémentes et inquisitrices, ou tout simplement par des chasseurs de primes qui tireraient fortune et gloire s’ils rapportaient la tête du dernier survivant de Nox. Difficile d’ignorer une menace aussi sérieuse. Perdant donc son attitude désinvolte, il se pencha à son tour sur la table et croisa ses doigts, une lueur menaçante au fond de ses iris.
“Si vous ne l’avez pas déjà fait, c’est que vous avez trouvé une utilité en moi. Ne tournons pas autour du pot. Que voulez-vous que je fasse pour qu’on tourne la page sur ce cirque ?”
C’était à ce moment-là que le Veilleur avait partagé un briefing avec son prisonnier privilégié et, il fallait l’admettre, même Losgar fut surpris par l’audace de la demande titanesque qu’on lui incombait.
Une menace incompréhensible rongeait lentement le sous-secteur Majoris. Sur plusieurs planètes, à intervalles irréguliers, des cultes commençaient à apparaître et à proliférer. Des sectes dangereuses, des organisations fanatiques et terroristes, des hérauts de la Fin des Temps et autres groupuscules plus discrets et insidieux. Pareils groupements de dégénérés n’étaient pas rares dans cette Galaxie, car l’Immatériel avait plus d’influence sur le simple esprit des mortels que ce que les gouvernements et autocraties essayaient de couvrir. Mais le nombre croissant de découvertes et leur niveau de dangerosité pouvait inquiéter le plus sceptique des Inquisiteurs. Jamais on n'avait vu autant de sectes proliférer aussi vite dans un seul même secteur. Jamais, sauf dans les cas où un terrifiant complot à l’échelle galactique était en marche. La Croisade du Secteur Sabbat par l’Imperium était un trop douloureux exemple de comment une centaine de planètes pouvaient tomber sous le contrôle des Forces de la Ruine, pour ne citer qu’eux comme potentiels instigateurs de corruption éternelle.
Plus il lui révélait de détails et plus Losgar avait la sinistre impression qu’on allait l’utiliser comme un vétéran qu’on envoie pour une longue, difficile et éreintante campagne. Sans perspectives de paiements ou de reconnaissance. Ce boulot était réservé soit à l’élite de l’élite, soit aux forces pénales, dispensables, de la chair à canon. Enquêter dans l’occulte, à travers Dieux savent combien de planètes et flirter avec les pires dégénérés du secteur.
“Nos ressources sont bien trop dispersées pour qu’on puisse efficacement gérer cette crise. Voyez cela comme l’opportunité de racheter vos péchés aux yeux du Gouverneur. Fort heureusement pour vous, vous avez du renfort. D’estimés alliés qui ont répondu à notre appel, un commun accord de sécurité galactique. Vous formerez une intéressante équipe.”
“Vous m’en voyez … rassuré.”
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On lui avait restitué ses habits d’avant son arrestation. Un uniforme noir et décontracté, fait d’un cuir léger et extraterrestre, souple mais très résistant. Le futur agent-forcé surmontait d’une bonne tête ses geôliers, la marche désinvolte, le visage serein malgré toutes les précautions armées autour de lui.
La perspective de servir les intérêts d’un gouvernement hostile à sa personne ne l’enchantait guère, mais il ne pouvait s’empêcher, au plus profond de son âme aventureuse et belliqueuse, de ressentir une profonde et grisante anticipation quant à cette quête énigmatique et, sans l’ombre d’un doute, dangereuse à souhait. Le danger était après tout sa raison d’être. Un Noxien ne mourrait que dans le feu de l’action, telle était sa philosophie.
La question qui se posait était plutôt de savoir qui allait l’accompagner dans cette quête infernale ?