The Multiversity

Jeannie incarne:



Alix Cindra Erling, Super héroïne à temps partiel et badass extraordinaire

« Je sais que vous étiez proche de Fury, Officier, alors montrez-moi que je ne me suis pas trompée en vous recommandant pour cette mission. »

Elle avait acquiescé d’un hochement de tête. Depuis l’éviction de Nick Fury du SHIELD, les anciens francs-tireurs étaient très mal vus de la direction, accusés de collaborer secrètement avec Fury. Et c’était particulièrement vrai pour Quiet. Elle qui avait appartenu au camp ennemi était considérée par l’ONU comme une « B.O.W. », acronyme pour « Bio Organic Weapon », les armes bio-organiques. Ces armes avaient fait florès avec l’éclatement de l’ancienne entreprise pharmaceutique Umbrella Corporation, et, si Quiet ne pouvait pas se transformer en monstre, les expériences génétiques faites sur elle et sur ses cordes vocales la rendaient muette, sauf à provoquer d’effroyables maladies chez les autres, fatales. À ce jour, aucun des scientifiques du SHIELD n’avait pu la soigner de cette maladie, et c’était la raison pour laquelle elle était confinée. Maria Hill n’avait toutefois pas eu le choix de faire appel à elle pour cette mission sensible.

« Les récents signalements que nous avons reçus tendent à démontrer que Skull Face serait toujours en vie… »

Skull Face… Derrière cet homme au look de cow-boy se dissimulait un être cruel et impitoyable, qui avait été un agent de la CIA, travaillant secrètement pour HYDRA. Skull Face était à l’origine de l’implantation des parasites vocaux dans la gorge de Quiet. Avec l’aide du maléfique docteur Armin Zola, les deux avaient fait de Quiet cette arme fatale. Fury était sûr d’avoir abattu Skull Face dans le cadre d’une mission à longue haleine en Afghanistan, là où lui et Quiet s’étaient rencontrés… Mais, de toute évidence, la mort ne seyait pas à de telles ordures.

« L’Afrique du Sud est une pépinière explosive. Sous le régime de l’apartheid, HYDRA soutenait activement ce régime qui lui permettait de disposer de cobayes pour leurs expériences génétiques. Bien que le régime se soit effondré, la corruption endémique dans ce pays et les faibles moyens dévolus à l’État sudafricain n’ont pas permis d’effacer ces cellules. Soutenus par des afrikaners revanchards, HYDRA dispose de plusieurs bases secrètes en Afrique du Sud d’où l’organisation déstabilise toute la région, et s’implique activement dans les trafics criminels qui gangrènent l’Afrique subsaharienne. »

Quiet avait rejoint l’Afrique du Sud en toute discrétion. Solitaire, elle n’avait besoin de l’aide de personne, et avait remonté la piste d’une cible depuis Johannesburg.

« Les Occidentaux l’oublient souvent, mais l’Afrique du Sud accueille beaucoup de migrants, de réfugiés, et demandeurs d’asile. Plus de 250 000, qui viennent majoritairement de pays aux régimes politiques instables et en proie à des guerres civiles dont je vous épargne le détail… La Somalie, l’Éthiopie… Ces réfugiés font le jeu d’officiers corrompus qui en livrent certains à HYDRA pour arrondir leurs fins de mois. »

Le SHIELD avait mené une longue enquête de terrain, et Quiet avait une cible : le lieutenant-colonel Issoup N’Dyen. N’Dyen était accusé d’être l’un de ces corrompus, et Quiet avait remonté sa piste, de Johannesburg à une région sensible où les demandeurs d’asile et autres migrants étaient conduits vers des camps de réfugiés. Elle avait ainsi découvert que N’Dyen s’occupait du transfert des clandestins, et, en comparant les listes, avait découvert une cargaison-fantôme d’une cinquantaine de réfugiés vers une base secrète qui n’était pas répertoriée dans les registres militaires de Johannesburg… Un ancien complexe désaffecté. Elle comptait donc suivre le convoi jusqu’à la base, et, de là, espérer trouver la base centrale d’HYDRA dans la région…

Outer Heaven.

À bord d’une moto, Quiet suivait le convoi à bonne distance, filant à travers la pampa sudafricaine.

« Tu n’es pas un monstre, Quiet. »

Elle avait rejoint une crête surplombant un canyon. Chassant ses souvenirs de sa tête, elle attrapa ses jumelles, et examina à travers celles-ci le nuage de poussières au loin.

*Sacré convoi pour de simples réfugiés… Que nous caches-tu, N’Dyen ?*

Trois camions blindés RG-35 sécurisaient quatre vieux camions militaires avec, sur le devant, un Eland Mk7. Du matériel de contrefaçon, usé, mais toujours efficace. Quiet s’attendait à ce que tout se passe bien… Quand elle entendit des détonations et des coups de feu.

*Hein ?!*

Ayant reposé ses jumelles, elle les reprit précipitamment, et examina la zone au loin. Elle eut la surprise de voir une silhouette qui venait de bondir sur l’Eland Mk7, avant de déchirer le canon, utilisant le canon pour l’abattre violemment sur le camion RG-35 devant elle. Il y eut une violente explosion du moteur, et la déflagration souffla la femme, qui roula sur le sol, tandis que les militaires sortaient de leurs véhicules, la mitraillant furieusement. Quiet n’eut aucun mal à voir une super-héroïne. Elle ne la connaissait pas, mais elle sentit son humeur se rembrunir. Des super-héros, cela signifiait toujours du problème !

Au niveau du convoi, les agents de N’Dyen se déployèrent rapidement. Le lieutenant-colonel, qui était à bord du camion de tête, avait réussi à sortir précipitamment de la cabine, et rampait laborieusement sur le sol, avant de se relever, quand une seconde explosion le souffla au sol. Il roula à terre, et attrapa son pistolet à sa ceinture, tandis que deux de ses mercenaires le relevèrent.

« Tuez ce truc, bande de merdeux ! »

Les mercenaires se déployèrent donc, faisant feu de tout bord…

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Alix Cindra Erling, Super héroïne à temps partiel et badass extraordinaire

N’Dyen se mit à ramper nerveusement tandis que ses hommes se faisaient massacrer. Le lieutenant-colonel avait entendu parler de ces individus en tenue bariolée qui se battaient en Occident, mais il avait toujours cru à un hoax, ou à la preuve de la dégénérescence occidentale. Il entendait pourtant les hurlements de ses hommes, des mercenaires fidèles et efficaces. Certains déposaient les armes, suscitant l’ire des autres commandos, qui leur tiraient dessus, tout en canardant la femme. Les balles se fracassaient toutefois contre sa peau. N’Dyen se mit donc à courir, poussant un soldat pour qu’il la retienne, et se précipita vers l’une des motos du convoi. Il y avait un pilote dessus, et il grimpa sur la moto.

« Démarre, on fout le camp !
-  Mais, Lieutenant-colonel !
-  Putain, mais démarre, ou je t’explose la cervelle, connard ! »

Le mercenaire démarra, et la moto fila hors de la remorque… Pour que la cervelle du pilote explose finalement. N’Dyen n’avait toutefois pas appuyé sur la gâchette, mais il partit à la renverse, tombant sur le sol sans comprendre ce qui venait de se passer. Le cadavre du soldat se coinça les pieds dans l’étrier de la moto, et son cadavre sanguinolent glissa sur le sol avant que la moto ne se renverse sur le sol. L’uniforme maculé du sang du pilote, N’Dyen se retourna, et vit le corps d’un soldat heurter violemment le camion à côté de lui, avant de s’effondrer sur le sol. Au milieu de la fumée et des explosions, la silhouette massive avançait, véritable vision de mort et de chaos. Un commando avec un fusil à pompe tenta de lui tirer à bout portant, mais la main de la femme se saisit de la pointe du canon, la fit pivoter, et frappa l’homme au torse, le projetant au sol. Le coup avait brisé les os de sa cage thoracique, envoyant des bouts d’os dans ses poumons, lui garantissant une mort particulièrement désagréable.

La femme se rapprocha ensuite de N’Dyen, qui pointa son pistolet sur elle. Après sa chute à moto, il avait du mal à se relever, et tira avec son pistolet. Les balles filèrent autour des seins de la femme, jusqu’à ce que le percuteur de son arme ne tape dans le vide.

Clic. Clic.

Elle se rapprocha alors, et le souleva, une main sur sa gorge, regard menaçant dans les yeux… Mais, en Afrique du Sud, il y avait plus de dix langues officielles, avec une répartition géographique. Ici, près de la frontière nord, le patois local était le soltho du Nord.

« <Va te faire enculer, sale pute !> » grogna l’homme.

Il lui cracha au visage, un geste symbolique. Avant qu’Alix ne puisse réagir, un homme s’élança dans son dos, tenant un sabre à la main. Il hurla en cherchant à l’embrocher… Mais une balle le frappa à la poitrine, à hauteur du cœur. La détonation était lointaine, et il tomba au sol. Un autre homme cibla Alix avec un lance-grenades, et, pile au moment où il appuya sur la gâchette, une balle jaillit, et atteignit la grenade en pleine course. La déflagration vaporisa l’homme, et renversa Alix. N’Dyen se mit à ramper, tandis qu’un drone furtif se mit à les survoler, son scanner analysant le corps de la femme. Le drone diffusa alors un puissant flash sonore et visuel.

Quand Alix retrouva ses esprits, une silhouette se tenait au-dessus d’elle. Quiet était arrivée, et avait neutralisé N’Dyen, l’attachant au sol, et observa la femme, un pistolet sorti, mais non encore pointé. Ne pouvant pas parler, elle s’exprima en langue des signes, faisant un geste simple. Elle joignit ses deux mains devant elle en les serrant brièvement.

[Amie.]

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Alix Cindra Erling, Super héroïne à temps partiel et badass extraordinaire

Bon… Ce n’est pas exactement comme ça que je m’imaginais finir cette petite opération de nettoyage mais… Si d’autres veulent se joindre à la partie, il suffisait de le demander. Cette saloperie de flash et cette agression auditive étaient clairement non nécessaires. Un simple « Eh, on veut tabasser nous aussi et on paie la première tournée au bar pour s’excuser de débarquer comme ça » aurait parfaitement suffit. Mais bon. J’imagine qu’on peut dire autre endroit, autres mœurs. Et il peut bien parler la langue qu’il veut, ce clown, Jeannie s’est assurée que je puisse les parler, les lire, les écrire et les comprendre. Langues, dialectes, la totale. Vous imaginez le merdier si vous tabassez quelqu’un sur un malentendu? Alors avant de me faire agresser les sens, j’ai quand même eu le temps de répondre, distinctement dans sa langue, que ce n’est pas près d’arriver.

Ceci dit, nous sommes APRÈS le flash et… C’est… Une femme presque à poil qui se tient devant moi. Ok. Il fait chaud. Mais quand même… Et c’est quoi, elle pense que je suis rendue sourde à cause du boucan? Amie. Ok... Alors je lui demande dans plusieurs langues qui elle est et pourquoi elle interfère dans moi qui extermine la vermine. Français, anglais, allemand, espagnol, mandarin, japonais, espéranto, plusieurs dialectes locaux… Si elle voit que je peux parler à un volume de voix normal, c’est que je ne suis pas sourde donc parfaitement capable de faire la conversation. Je sais, je sais, il faut de tout pour faire un monde et je ne dis pas le contraire! Vous reconnaitrez quand même que ce n’est pas exactement banal. En tout cas, le ménage a été fait et bien fait. Il n’y a aucun survivant à part le chef. Et c’est comme ça que j’aime les choses. Mais ce n’est qu’une question…

De temps. Quand il cessera d’être utile, il faudra bien écraser le cafard pour l’empêcher de continuer de foutre la merde. Et ça, c’est un mal nécessaire à se donner. Vous laissez un ennemi filer, il finira par revenir pour finir le travail. Je n’ai pas l’habitude de me peinturer une cible dans le dos pour le plaisir. Certains ont peut-être ce passe-temps. Pas moi. Chacun son truc, comme je dis souvent. Ceci dit, dans l’immédiat, je reste quand même avec un problème sur les bras. Enfin. Problème. On va plus dire question. C’est qui elle? À première vue, pas une ennemie. Autrement, on serait en train de se taper dessus. Si ce n’est pas une ennemie, cela ne veut pas dire que c’est une alliée pour autant. À priori, une professionnelle… Elle a eu la courtoisie de ne pas juste piquer le chef et partir avec. Mais comme dit, rien ne me garantit que c’est une alliée. Et encore… Par rapport à quoi?

Nous semblons avoir un ennemi commun, c’est déjà la base. Mais pourquoi est-ce son ennemi? Idéologie? Raison personnelle? Ordre d’un supérieur? Contrat? C’est bien ce qui est compliqué avec les professionnels. Moi, je veux buter ce type après l’avoir interrogé. Sauf que si ses ordres sont de le ramener vivant, on fait quoi? Clairement, j’étais là en premier et j’ai fait le plus gros carnage. J’ai fait la plus grande part de travail, au prorata des efforts déployés, il est à moi. Mais est-ce que ma logique et la logique de mon « amie » s’harmonisent? Je n’ai pas spécialement envie de tabasser une femme à moitié à poil. Je le ferai si nécessaire, certainement. Mais… Ce serait quand même bizarre. Oh et si vous pensez que je louche sur un joli physique, c’est mal me connaitre. Je ne suis pas immunisée aux charmes, non. Mais là, nous sommes encore en zone de combat. Donc je suis plus que capable de la regarder dans les yeux.

« Pas très bavarde, hein? Moi c’est Alix. Et je ne sais pas pourquoi toi tu es là mais moi, j’interroge ce type et après je le bute. C’est ce qu’on appelle faire le ménage. »

Quiet dut attendre un peu pour pouvoir s’exprimer… À sa manière. La femme face à elle semblait parler un certain nombre de dialectes, mais il n’y avait que dans une seule langue que Quiet pouvait s’exprimer sans risquer de tuer celui qui l’écoutait : le navajo. C’était la langue amérindienne la plus parlée parmi les langues amérindiennes, mais elle restait tout de même très minoritaire. Est-ce que cette femme savait la parler ? Si c’était le cas, ce serait l’une des rares personnes avec qui Quiet pourrait s’entretenir ! Pour l’heure, elle constata que cette femme musclée et violente n’était pas une menace, et elle lui expliqua vouloir interroger N’Dyen, avant de le tuer. Quiet cligna des yeux, et se rapprocha de son drone. Celui-ci était pensé pour l’accompagner, et le drone généra une image holographique, virtuelle, sur laquelle Quiet pouvait écrire des mots. Elle se rendit à l’arrière du drone, et ouvrit un panneau latéral, accédant à un clavier, et pianota dessus, écrivant :

Mes mots tuent.
Je ne peux parler qu’en navajo.
Je travaille pour le SHIELD.

Elle observa les réactions de la femme, ajustant en conséquence, et fit des précisions supplémentaires, en pointant du doigt N’Dyen :

C’est ma cible.
Je les suivais pour découvrir leur base.
Comment comptes-tu t’occuper des réfugiés ?

Il y avait après tout un camion entier rempli de réfugiés qu’on ne pouvait pas abandonner dans le désert. N’Dyen ricana alors, en observant les deux femmes.

« Vous, les Occidentaux, vous croyez vraiment que tout se résout avec vos poings… Je suis curieux de voir en quoi vos poings vont vous aider. »

Quiet se déplaça, et désigna du doigt les camions abritant des réfugiés. Des coups sourds résonnaient à l’intérieur, et une porte finit par s’ouvrir en grinçant. Des individus paniqués, amaigris, affaiblis, en sortirent. Hommes, femmes, enfants, il y avait également quelques vieillards. Ils parlaient bruyamment, avant de hurler, observant le carnage. Les mères protégeaient le visage de leurs enfants. Les hommes pointaient du doigt Alix, dont le corps était à moitié maculé du sang des commandos qu’elle avait massacrés. Ils répétaient le même mot en leitmotiv. Quiet plia trois doigts sur chacune de ses mains, abaissant les deux autres, et, tout en regardant Alix, les leva à droite et à gauche de sa tête, traduisant ce que les gens disaient en commençant à fuir.

[Démon.]

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Alix Cindra Erling, Super héroïne à temps partiel et badass extraordinaire

« Navajo, hein? Chance pour toi, ma créatrice m’a donné la faculté de parler, écrire, lire et comprendre toutes les langues, dialectes et autres sur cette planète. Ça évite les malentendus. Navajo ce sera, donc. Et tu bosses pour le SHIELD, dis-tu? Pas mon groupe de personnes préférées mais bon. Pas de raison non plus de se taper dessus… Je te laisse l’interroger en premier alors, si tu veux. Moi ça ne me dérange pas. »

Donc… Navajo. Je ne me souviens pas avoir eu à parler cette langue par le passé mais les aptitudes pour sont là, dans ma tête. Autant en profiter. Quant à l’autre fumier, il peut bien se la jouer fin finaud, il va avoir tout un changement d’attitude quand je vais lui faire cracher le morceau. Il manque juste un détail sur cette… Mystérieuse alliée, on va dire… Son nom. Je n’ai aucune idée de comment je dois l’appeler. Considérant qu’elle semble déterminée à trouver la base d’où ce type vient, ce qui veut dire un endroit bourré de méchants divers… Cela veut dire qu’on risque fort de se battre ensemble contre eux. Ça aide de savoir comment appeler l’autre, en fait. Machin, attention, sur ta droite… ça ne fait pas très professionnel, on ne va pas se mentir. Non pas du tout, même. Un problème à régler en temps et lui, dans l’absolu. Nous avons encre le temps pour.

Miss à moitié à poil (vous ne pouvez pas exactement prétendre le contraire) décide d’ouvrir la porte du camion plein de réfugiés. Mauvaise idée, moi je dis. En plein milieu du désert, comment est-ce qu’on va pouvoir s’occuper de tout ce beau monde? Il aurait été plus logique de les amener dans un village voisin, quelque chose comme ça… Et comme de fait, des civils sortent, voient le carnage, me voient, paniquent, me traitent de démon et courent dans tous les sens en prenant la fuite. Alors là… Est-ce qu’ils forment leurs agents, le SHIELD ou… Parce que j’aimerais juste faire remarquer que quand vous allez aider des victimes potentiellement en état de choc, il faut utiliser un ton de voix rassurant et une attitude compatissante. Je l’ai lu dans un livre. Là, vous envoyez une femme blanche, à moitié à poil qui tue avec sa voix si elle parle autre chose que le navajo. Trouvez l’erreur.

Oui parce que bon, moi, à force, je deviens blasée de tous ces trucs de super pouvoirs et autres mais ça ne change pas le fait que… C’est plutôt problématique, en fait. Est-ce que je cours après les réfugiés ou tente de rétablir l’ordre? Absolument pas. C’est l’envoyée du SHIELD qui a foutu ce bordel, qu’elle se démerde avec. Moi, sauver la vie de gens qui me traitent de démon… Ils peuvent aller se faire voir. Ils ne sont plus mon problème. Je suis de ceux qui croient que si tu ne fais rien pour t’aider, tu mérites de crever. Dans la nature, les animaux sont capables d’agir pour survivre. L’être humain a beau être intelligent, son instinct de survie existe encore. Logiquement, donc, il devrait toujours viser cet objectif. Au lieu de tenter de comprendre la situation, non, on va courir dans tous les sens dans le désert. Rationalisons. Ils savent qu’ils ont été enlevés. Donc si on les libère…

« Alors là… Bravo. Je ne sais pas à quoi tu pensais… Mais… Une femme à moitié à poil qui ne peut pas parler ouvre la porte d’un camion plein de réfugiés qui vont voir une scène de carnage en sortant… La diplomatie et les interventions humaines, ce n’est pas trop ton genre, avoue… Tu es plus… Commando ou assassin. Je dis ça comme ça mais qu’ils se démerdent. Je ne vais pas perdre mon temps avec des gens qui me traitent de démon. Sinon, tu veux l’interroger, l’autre salaud? »

Quiet haussa les épaules quand Alix lui fit observer que libérer les prisonniers n’était sans doute pas une bonne idée. Elle allait répondre avec ses doigts, mais, comme cette femme lui avait dit qu’elle était polyglotte, et qu’elle parlait le navajo (Quiet avait rencontré des personnes comme ça sur le doigt d’une seule main), Quiet se racla la gorge, et lui répondit en utilisant cette langue, qu’elle ne maîtrisait pour autant pas à la perfection (Quiet n’était pas une Amérindienne à la base) :

« Pas là pour les sauver… Eux ne feront que nous gêner.  Ils rejoindront le plus proche village, et auront une chance. »

Pour le reste, Quiet n’avait pas à divulguer son matricule ou ses objectifs à une civile, fût-elle une super-héroïne. Elle en avait déjà trop dit en mentionnant le SHIELD, et se rapprocha de N’Dyen, qui soupira en la voyant. Quiet ne pouvait pas lui parler en navajo, et écrivit avec l’aide du drone quelques mots, que N’Dyen put lire :

Emplacement de la base ennemie.
Outer Heaven.

N’Dyen ricana en grinçant des dents.

« Je te reconnais… Une belle femme tueuse qui se balade à poil. Tu es une Widow… Je ne suis qu’un troufion de base, certes, mais je me suis renseigné un peu. »

Quiet fronça les sourcils. S’il voulait parler, elle ne comptait pas l’interrompre, elle voulait justement qu’il parle !

« Tu ne peux pas empêcher ce qui se passe, ma jolie… Toi et ta copine psychopathe… Vous n’êtes que des monstres dégénérés ! »

L’agente du SHIELD répliqua par une gifle bien sentie, et l’homme grogna. Quiet écrivit à nouveau quelques mots :

Tu me connais.
Tu sais de quoi une Widow est capable, alors.

N’Dyen cracha en signe d’approbation.

« Tout doux, ce n’est que du business ! Je fais juste ça pour arrondir mes fins de mois, moi… Quelques réfugiés de plus ou de moins, qu’est-ce que ça peut bien changer, hein ? J’ignore où est la base principale. Ce que je sais, c’est qu’il y a un réseau de bases organisées sur toute l’Afrique. Moi, je devais les livrer au Mozambique… »

Il attrapa quelque chose dans la poche intérieure de sa veste… Un plan que Quiet attrapa, et vit des coordonnées GPS, renvoyant à un petit village frontalier du Mozambique. Un pays tout en longueur, ancienne colonie portugaise, qui faisait actuellement l’objet d’une grande instabilité en raison d’une insurrection djihadiste dans le nord du pays. Quiet soupira doucement, puis neutralisa N’Dyen d’un coup à la tempe, le clouant au sol.

« Je vais contacter mes supérieurs pour qu’il soit extrait, ils l’interrogeront en temps voulu. »

Quiet se déplaça ensuite, et pianota sur son drone, demandant une extraction de prisonnier. Elle reçut au bout de plusieurs minutes une réponse, avec des coordonnées GPS à proximité, pour y déposer N’Dyen. Elle se retourna alors vers Alix, ne sachant pas trop quoi faire d’elle.

« Qu’est-ce que vous faites là, au fait ? Vous n’êtes pas répertoriée au sein de la Justice League, ni parmi les super-héros accrédités par les Nations Unies pour intervenir dans les zones de conflit. Pourquoi avoir attaqué ce convoi ? »

Pour l’heure, Quiet ignorait si elle pouvait se fier à cette femme, ou si elle devait la considérer comme une menace potentielle…

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Alix Cindra Erling, Super héroïne à temps partiel et badass extraordinaire

Donc c’est ce que je pensais. Le SHIELD se donne des airs mais en vérité il se fout bien des dommages collatéraux. Bon à savoir. Pas surprenant, au vu de la quantité d’états-uniens dans ses rangs mais… Je ne sais pas, une part de moi s’attendait à mieux, je suppose? Mais c’est sans importance. Si elle n’est pas intéressée à sauver les réfugiés, je ne le suis pas davantage. Leur vie est donc entre leurs mains et s’ils crèvent, ils crèvent, c’est tout. Pour la suite, je la laisse interroger l’autre idiot sans l’interrompre. Tant mieux si elle a ce qu’elle veut. Au moins il aura été modérément utile. Avoir su que le plan était dans sa poche, je n’aurais pas retenu mes coups quand je l’ai tabassé, quoi. Mais bon, on ne peut pas tout savoir ou anticiper et de toute façon, ce n’est pas dramatique. Elle a eu ce qu’elle veut et d’autres vont s’assurer de le presser comme un citron pour qu’il parle.

De quoi, je ne sais pas et je m’en fous. Il leur sera plus utile à eux qu’à moi de toute façon alors… Je peux bien le leur laisser. Évidemment que j’aurais préféré l’éliminer moi-même mais… Voilà quoi. En tout cas, j’écoute l’échange entre les deux, notant certains détails dans ma mémoire, on ne sait jamais. Sans grande importance maintenant mais plus tard… Toujours prévoir avec de l’avance quand c’est possible. Et avoir un plan B. On me dira que c’est la base mais plusieurs semblent oublier ce principe. Je ne serais pas très gentille de ne pas le leur rappeler, n’est-ce pas? En tout cas avec l’autre idiot dans les pommes, nous n'aurons pas besoin de garder un œil constnt sur lui. Déjà pour commencer, ce serait chiant et ensuite… Bah ce serait chiant. Il n’y a pas d’autres raisons, en fait. Et justement, comme nous sommes sur le point de partir, car je me dis que tant qu’à être là, bah… Vous savez…

J’irais bien faire un tour dans cette base et refaire la décoration intérieure, si vous voyez ce que je veux dire… Mais miss à moitié à poil, qui ne m’a toujours pas dit qui elle était, ne semble pas voir les choses de la même façon que moi. Ce qui est un peu dommage car franchement, si elle pense que je vais me farcir un interrogatoire, elle peut se le rouler bien serré et se l’enfoncer dans le rectum jusqu’à ce que ça lui ressorte par la bouche. Quoi? La confiance ça va dans les deux sens. Elle peut bien faire partie du SHIELD, elle n’a et n’aura jamais aucune autorité sur moi. La seule personne qui peut me donner mes ordres est ma créatrice… Et encore. Pas tout le temps et certainement pas en toutes circonstances. Mais bon, on peut quand même lui répondre, pas vrai? Juste pas ce qu’elle veut entendre. Après tout, je ne suis pas forcée de lui répondre. C’est une affaire de… Politesse.

« Qu’est-ce que je fais là… Tu as des yeux, non? J’ai démoli un convoi de criminels pour les empêcher de mener à bien leurs activités illégales. Quoi, tous ces morts et cette destruction ne t’ont pas mis la puce à l’oreille? Je suis une démone, tu as oublié? C’est ce que cette bande de connards ingrats ont dit en tout cas. À quoi ça sert de sauver des gens comme ça, je finis par me le demander. Même pas un merci… Mais bref.

Je ne suis pas dans la Justice League, en effet, bien que je connaisse la Justice League, ses membres, j’entends. Pas nécessairement intimement mais nos routes se sont croisées. Pour le reste, je n’ai pas besoin de la permission de qui que ce soit pour aller tabasser les criminels et autres salauds qui contreviennent à la loi et à l’ordre. Je fais comme les états-uniens, je mets mon nez partout, même où on n’en veut pas. Et là, ce partout est spécifiquement la base qui se trouve aux coordonnées que tu as récupéré. »

Quiet n’aimait pas ça. Elle faisait équipe seule, elle détestait l’idée d’avoir des coéquipiers… Sauf Nick Fury, mais il n’était plus au service actif, ni même membre du SHIELD. Alors, elle se coltinait en plus une femme instable, aux pouvoirs immenses, et totalement ingérable ! Pour seule explication, celle-ci se borna à dire qu’elle était juste venue arrêter des criminels. Elle avait attaqué ce convoi avec violence, manquant tuer les réfugiés, et en provoquant un ramdam qui ne manquerait pas d’attirer de nombreuses troupes dans le coin. Quiet, comme son surnom l’indiquait, opérait dans la discrétion, la filature, et le temps long. Elle pouvait passer des jours à surveiller une base ennemie, à épier les mouvements, les déplacements de troupes, à repérer la moindre brèche… Un peu comme la légendaire Sniper Wolf, une mercenaire tireuse d’élite de renom, elle pouvait rester des jours dans des positions presque identiques pour identifier sa cible. La femme était bien décidée à aller à la base où Quiet comptait se rendre, ce qui avait le don de l’enrager.

Quiet cligna des yeux, et se déplaça.

« Je ne suis pas Américaine. Vous pouvez m’appeler Quiet. »

Son vrai nom était quelque chose que même Quiet ne connaissait pas. Elle avait des pertes de mémoire, et peinait à se rappeler de son enfance, lorsqu’elle était à la Red Room. Quiet se déplaça donc, revenant au drone, et fit un bref rapport, puis souleva N’Dyen.

« Qu’est-ce que vous baragouinez toutes les deux ? Lâchez-moi ! »

Quiet l’approcha du drone, et neutralisa alors N’Dyen d’un solide coup de poing dans le ventre. Elle frappa à un emplacement précis, lui coupant la respiration. Un sifflement aigu s’échappa des lèvres de N’Dyen, qui tomba au sol. Quiet programma ensuite le drone, et une trappe s’ouvrit, libérant des tentacules métalliques qui s’enroulèrent autour de N’Dyen. Le drone allait se charger de l’évacuer. Quiet reçut ensuite un message dans son comlink, et l’écouta :

« Rapport reçu, Agent Quiet. Poursuivez mission. La métahumaine vous accompagnera. Nous réunissons des données sur elle, je vous confirme qu’elle n’est affiliée à aucun groupe. Mais mieux vaut qu’elle vous obéisse que l’inverse. Passez-là moi, je vais tenter de dialoguer. »

Quiet reconnut cette voix… C’était celle de Maria Hill, la Directrice du SHIELD. Si elle-même supervisait l’opération, c’est que la situation était préoccupante. Quiet décrocha son comlink, et le tendit à la femme.

« Bonjour, Madame. Je suis la Directrice du SHIELD, Maria Hill, et vous interférez dans une opération extrêmement risquée. Selon nos informations, vous n’êtes effectivement affiliée à aucune organisation tolérée par la résolution n°2649 adoptée par le Conseil de sécurité des Nations Unies, résolution qui permet aux métahumains d’agir sous mandat exprès de l’ONU. Comme je suppose que vous n’entendez pas retourner tranquillement chez vous, et que j’ai une certaine expérience personnelle avec les métahumains, nous vous demandons expressément de suivre les directives de l’agent Quiet. »

Maria Hill se tut pendant quelques instants, puis reprit :

« Pour votre information, les réfugiés qui étaient dans ce convoi recevront l’assistance d’un détachement de Casques bleus pour être relocalisés dans un autre campement. Il n’appartenait pas à l’agent Quiet de s’occuper du transport des civils. Enfin, je me permets une petite précision juridique : le SHIELD n’est pas une organisation américaine. Notre organisation a été créée par la résolution n°18 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Toutefois, notre financement dépend du budget de l’OTAN, d’où cette confusion. Ceci étant posé, est-ce que ces conditions vous conviennent ? Et comment doit-on vous appeler ? »

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Alix Cindra Erling, Super héroïne à temps partiel et badass extraordinaire

« Quiet donc. Moi c’est Alix. Je ne suis pas américaine non plus. »

Bon, au moins j’ai un nom à mettre sur un visage. Définitivement mieux que miss à moitié à poil. Elle est loin d’être vilaine à regarder, remarquez. Pas tout à fait sûre que ce soit mon genre mais bon. Je doute très fortement d’être le sien. Forte et tête et grande gueule… Ça ne plait pas à tout le monde. Sauf que je vais me faire trouer de balles avant de laisser tomber mes alliés sur le champ de bataille. Si on va attaquer cette base ensemble, je ne compte pas repartir sans elle. Après, si elle veut trahir, c’est une toute autre histoire mais ce n’est pas mon genre, clairement pas. Je n’ai pas besoin qu’elle soit ma meilleure amie, après. L’essentiel est juste d’avoir quelqu’un de fiable parce que moi, mon plan se résume à éliminer tout ce qui est hostile et criminel dans cette base. Comme je suis pas mal certaine que ce n’est pas une simple base militaire… Bah voilà, quoi.

Ce serait con, exemple, de déclencher la pire pandémie de l’histoire de l’humanité parce que j’ai balancé un soldat véreux au travers de la vitre d’un laboratoire, admettons. Genre scénario à la Resident Evil ou assimilable avec des expériences pas nettes faites par des puissances mercenaires sans scrupule et… Et en fait c’est probablement juste une base militaire bourrée d’armes illégales. Probablement quelques armes chimiques, du classique de terrorisme international. J’imagine que ça pourrait effectivement intéresser le SHIELD. Et parlant de SHIELD… Si ce discours était supposé me motiver à collaborer avec eux… C’est d’un rébarbatif… Mais qu’est-ce que j’en ai à foutre de qu’est-ce que l’ONU autorise ou non, qui a créé et qui finance le SHIELD ou je ne sais quoi encore? À la fin de la journée, ce sont juste des types qui tentent de justifier leur utilité et leur légitimité, en fait…

Évidemment que je fais une de ces têtes, vous vous attendiez à quoi? Tellement de détails inutiles… Et le sort des réfugiés, qu’est-ce que j’en ai bien à faire? La réponse est absolument rien. Clairement que si la personne au bout du fil peut me voir, j’ai ma tête de « non mais c’est pas vrai, j’hallucine ». Et là en plus il faudrait que je sois sous les ordres de Quiet? J’ai envie de dire : sinon quoi? Si c’est elle qui dirige le SHIELD… Est-ce qu’elle sait au moins qu’elle est vraiment nulle pour convaincre les gens de faire quoi que ce soit? Si j’avais été de moins bonne humeur, je l’aurais déjà envoyé se faire voir. On va essayer d’être plus diplomate… Essayer étant le mot clé. Je ne promets rien mais l’effort sera là. C’est déjà plus que ce que je ferais en temps normal, ne demandons pas de miracle non plus. Allez Alix. De la diplomatie. Un petit peu. Tu peux le faire, non?

« Euh… J’espère que vous savez que c’est la pire tentative de recrutement, demande de coopération ou assimilable de la décennie, hein? Vous m’avez vu la gueule? J’ai la tête de quelqu’un qui en a quelque chose à foutre de ce que veut l’ONU, qui a fondé et finance le SHIELD et ce que vont faire ces connards de réfugiés qui m’ont traité de démon? Moi tout ce que je sais, c’est que ce fumier vient d’une base militaire.

Base militaire probablement remplie de types comme lui. Alors moi, je suis sympa : je vais aller faire le ménage là-dedans, gratos et sans rien demander en retour. En fait si. Vous aviez vraiment si peur que je tape un de vos bureaucrates, c’est pour ça que vous m’avez envoyé Sh Hulk, dans mon gym, au Japon? Quoi qu’en fait rien que pour ça… De repenser à cette nuit… Bref. Ouais d’accord. Je suppose que pour cette fois… Rien qu’une fois…

Mais je vous avertis hein : je veux bien écouter l’agent Quiet mais je ne suis pas une esclave. Si c’est un ordre stupide, je refuse d’obéir. Je veux bien faire le tank du groupe et… Ah ouais. Pas certaine que le jargon de jeux de rôles ou de jeux vidéo ça vous parle… Je veux bien qu’on me tire dessus pour permettre à Quiet de faire son boulot mais je tire la ligne à vas te baigner dans la mare de plutonium pour voir ce que ça fait! »

Depuis le poste de commandement, Maria Hill étouffa à peu près une impressionnante litanie de jurons qui auraient fait pâlir d’envie ce personnage de Matrix qui adorait la langue française pour le raffinement de ses mots injurieux. Elle coupa brièvement son communicateur, et lança une recherche autour de She-Hulk, ignorant à quoi cette femme faisait allusion. Elle ne donnait après tout pas personnellement l’intégralité des ordres de mission, mais il arrivait que She-Hulk travaille pour le SHIELD. Mais cette folle furieuse qu’elle avait en face ? Elle représentait tout ce dont Maria Hill se méfiait. Une femme bourrée de pouvoirs surpuissants, visiblement une brute épaisse qui se moquait comme une guigne des conséquences qu’elle faisait, et des dégâts secondaires qu’elle provoquait. Lâcher un tel animal dans une mission aussi subtile revenait à demander à un éléphant dans un magasin de porcelaine de ne rien casser. Alix se borna à dire qu’elle était prête à suivre les ordres de Quiet dans la mesure du possible.

Maria Hill, qui n’était pas femme à se laisser marcher sur les pieds, répliqua rapidement, sans mâcher ses mots elle aussi :

« Permettez-moi de clarifier un point : il ne s’agit pas de recrutement, ou d’une tentative de… Comment avez-vous dit, déjà ? De coopération ! Rien de tout ça, je vous rassure. Vous êtes un élément dangereux, vous foncez dans le tas sans réfléchir, sans vous préoccuper de la vie des autres, et sans vous poser d’autres questions que celle d’agir selon votre bon vouloir. Pour être totalement honnête avec vous, si nous n’étions pas sur une mission hautement sensible, j’aurai déjà envoyé une unité d’élite vous appréhender avant que vous ne décidiez de saccager un village. Sérieusement, vous vous étonnez que ces gens ne vous aient pas acclamé en héroïne ? Regardez le carnage autour de vous, et vous aurez peut-être un élément de réponse ! »

La Directrice grogna sur place, s’efforçant de se calmer. Ces foutus super-héros et leur envie de toujours se faire bien voir ! Le monde entier avait vu ce que ça avait donné quand des gamins avaient attaqué Nitro sans aucune considération des risques, et que ce dernier avait fait exploser un quartier résidentiel de Stanford.

« Bref… Si vous voulez que je parle franchement, comme vous l’aurez sans doute compris, je ne vous apprécie guère. Mon jugement personnel ne doit toutefois pas rentrer en ligne de compte. Si vous accompagnez l’agent Quiet, c’est uniquement parce que je pense que c’est la moins pire des solutions. Donc… Je ne vous dirai pas de ne pas faire de conneries, car vous allez en faire, mais essayez de ne pas trop en faire, et de ne pas me déclencher un conflit armé. »

Quiet était, comme à son habitude, restée silencieuse. De son point de vue, elles étaient surtout en train de perdre du temps. Contrairement à bien d’autres agents du SHIELD, elle n’était pas fan ou excédée par les super-héros. L’indifférence totale était plutôt ce qui la définissait. Elle préférait accomplir ses missions seule, et avoir ce bulldozer géant dans les pattes allait forcément la ralentir.

« L’agent Quiet… Nous sommes à la recherche d’un criminel de guerre, Skull Face. Celui-ci s’est illustré pour la première fois lors de la guerre entre l’URSS et l’Afghanistan dans les années 1980’s. depuis lors, il continue à agir dans les différents conflits armés du globe. Nous soupçonnons sa base principale de se trouver quelque part sur le continent sudafricain… Et nous le soupçonnons également d’utiliser des prisonniers pour concevoir des armes bactériologiques. Vous comprendrez donc pourquoi je vous exhorte à ne pas tout démolir sur votre passage… »

Jeannie incarne:



Alix Cindra Erling, Super héroïne à temps partiel et badass extraordinaire

Les deux femmes rejoignirent une Jeep, Quiet délaissant sa moto pour un véhicule deux places. Elle programma la moto pour qu’elle soit récupérée par la suite, tout en constatant qu’Alix n’avait pas que des pouvoirs surpuissants, mais pouvait aussi changer d’apparence. Elle expliqua être « matériakinésiste », un pouvoir qui lui permettait de changer la matière. Plutôt pratique, pour une infiltration… Quiet était restée silencieuse lors de la discussion entre Alix et la Directrice Hill. Une fois au volant de la Jeep, elle relia son transpondeur aux enceintes de la Jeep, et laissa Maria Hill expliquer la suite du plan.

« Bon… Nous avons enquêté sur N’Dyen. Pour l’heure, nous n’avons aucun élément pour identifier le complexe ennemi au Mozambique, mais nous savons qui est son contact. »

Quiet roulait sur une longue route goudronnée menant à la frontière entre l’Afrique du Sud et le Mozambique. Elle rejoignit la P522, une longue route goudronnée qui remontait jusqu’au Mozambique.

« Le Mozambique est un pays très pauvre, qui est en pleine reconstruction. Vingt ans de guerre civile ont suivi la décolonisation du pays. Près d’un million de morts entre communistes et capitalistes. Le nord du pays est désormais entre les mains des islamistes, et la guerre civile a eu pour effet d’entraîner une importante prolifération d’armes à feu. La guerre est finie, mais pas les armes. Il y a une criminalité forte qui se regroupe à la capitale, Maputo… Et c’est là que vous allez. »

Quiet n’avait rien de particulier à signaler. Maria Hill leur expliqua ensuite que le Mozambique avait connu un traité de paix en 1992 qui avait mis fin au régime communiste, et avait ouvert le pays aux sirènes du néolibéralisme. Des investissements massifs avaient eu lieu dans le pays, enrichissant ce dernier, mais en accroissant aussi sensiblement les inégalités sociales. La criminalité avait cru avec l’ouverture des frontières. Quiet s’intéressait toutefois plutôt au régime communiste qui avait gouverné le Mozambique jusqu’en 1992. Le FRELIMO avait été le parti unique de Mozambique, et le pays avait été dirigé par le héros de l’indépendance du Mozambique, Samora Machel. Si Quiet avait accepté cette mission, c’est aussi parce qu’elle soupçonnait que le FRELIMO avait participé aux opérations de la Red Room. Difficile pour l’heure d’y voir un lien avec N’Dyen, mais Quiet avait une intuition…

Le SHIELD avait lui aussi des pistes.

« Roxxon s’est implanté dans la région, et a repris des infrastructures nationales pour y installer des champs de pétrole. »

La Roxxon était une multinationale américaine très influente, mais qui finançait des activités criminelles dans le monde entier. Sa présence n’augurait donc rien de bon.

« N’Dyen avait réservé une chambre d’hôtel au Polana, le plus luxueux hôtel de la ville… Et l’un des cadres de la Roxxon, Joao Silva, a également loué une chambre d’hôtel. De plus, les informations que nous avons obtenu en consultant les données personnelles de N’Dyen montrent des liens avec la Roxxon. Je ne pense pas à une coïncidence, donc on est en train de vous réserver une chambre au Polana. Vous y irez, et vous obtiendrez des informations sur Monsieur Silva. Nous devons découvrir l’emplacement de cette base, et savoir ce qui se passe ici. »

Jeannie incarne:



Alix Cindra Erling, Super héroïne à temps partiel et badass extraordinaire

Maputo, capitale du Mozambique… Un village découvert par les Portugais au milieu du 16^ème siècle, mais qui avait véritablement commencé son développement lorsque la Compagnie néerlandaise des Indes orientales avait édifié un fort à l’entrée de la baie, puis y avait construit des comptoirs commerciaux. La ville avait toutefois toujours été assez secondaire, jusqu’à ce qu’on découvre à proximité des gisements de diamants. Maputo avait ainsi prospéré, devenant une ville coloniale économiquement développée, mais qui s’était effondrée suite à la décolonisation, au départ des colons portugais qualifiés, et à la guerre civile. La ville restait vivante, mais Quiet ne put que constater que cette ville vivait sur les souvenirs de sa période coloniale. La Jeep filait jusqu’à l’hôtel de luxe, l’Hôtel Paluna. Ce n’était pas au Mozambique qu’on allait trouver une succession de voitures de luxe hors de prix. La nuit la plus onéreuse de l’hôtel coûtait l’équivalent d’environ 250 €, ce qui était risible par rapport aux hôtels luxueux de pays plus développés.

Quiet se gara sur le parking, mais elle allait rapidement être confrontée à un problème d’ordre assez esthétique. Difficile de se faire passer pour une simple touriste avec un tel uniforme. Elle avait un look assez  inimitable, et qu’on imaginait guère en ville. Quiet grommela donc en sortant de la Jeep, et ouvrit le coffre. Elle se demandait pourquoi Maria lui avait loué une chambre, alors qu’elle aurait très bien pu se contenter de se rendre sur un toit. À l’intérieur du coffre, il y avait un sac avec des vêtements qu’elle pouvait mettre par-dessus sa tenue. Quiet n’aimait pas trop ça, car les vêtements avaient parfois tendance à l’étouffer, à la brûler. Elle enfila une paire de lunettes de soleil noires, ainsi qu’un débardeur kaki, et un short en treillis. Un look qui restait finalement assez militaire. De la main, elle fit ensuite signe à Alix, et les deux femmes rejoignirent l’hôtel. Elle nota tout de même quelques voitures de luxe, tranchant avec leur Jeep poussiéreuse, mais Quiet n’en avait cure. Le portier haussa les sourcils en les voyant, mais ouvrit la porte, sans doute rassuré par leur teint blanc.

Rejoignant la réception, Quiet déploya alors son drone. La réceptionniste écarquilla les yeux, mais le drone se chargea surtout de parler, d’une voix mécanique et féminine :

« Bonjour. N’ayez pas peur, je suis PAMELA, le drone qui assiste Madame Héléna Carreidas, qui est handicapée et muette de naissance. Je suis votre amie, et vous n’avez pas à avoir peur de moi, je suis PAMELA ! »

Quiet n’aurait pas été surprise d’apprendre que cette fonctionnalité avait été conçue par des informaticiens blagueurs. En tout cas, la réceptionniste ne tarda pas à trouver une réception, déjà payée, et offrit les clefs aux deux riches Européennes. La chambre choisie était juste à côté de celle qui avait été louée par N’Dyen. Quiet allait ainsi pouvoir installer son matériel de surveillance. Impossible pour le SHIELD d’obtenir la liste de la clientèle, car elle était sur un serveur privé, interne. Leur première mission serait donc de commencer par récupérer la liste des réservations afin de découvrir l’identité du contact de N’Dyen, ou l’identité que celui-ci utilisait…

…En attendant, elles furent guidées à leur chambre, avec vue sur la mer.

« Bienvenue à Maputo, Mesdames. La réception reste à votre disposition pour toute question ou tout renseignement éventuel. »

Jeannie incarne:



Alix Cindra Erling, Super héroïne à temps partiel et badass extraordinaire

Bon bah c’est partit alors. En piste les artistes et tout ça, tout ça. Clairement, j’attire les regards car comme dit précédemment, ma tenue ressemble énormément à celle de Yor Forger quand elle est en mode « Thorn Princess ». Sauf que bon, quand vous avez la classe, un physique très bien foutu et juste ce qu’il faut de musculature pour faire comprendre que ceux qui reluquent trop risquent de se prendre une mandale… Ça aide. Je n’ai pas dit qui j’étais ou quelle était ma fonction. Le drone a parlé à ma place et comme cela semble avoir suffit à la réception de l’hôtel, pas besoin d’en rajouter. Nous montons à notre chambre et j’en profite pour observer discrètement aux alentours. Malheureusement pour moi, je n’ai pas eu de réponse à ma précédente question : est-ce que d’autres agences appartenant à d’autres pays opèrent activement dans cet hôtel?

L’absence de réponse de la patronne de Quiet laisse à penser que soit ils ne savent pas ou, pire encore, c’est un vrai nid d’espions et ça va être encore le bordel. Je ne veux pas, ou plutôt plus, rencontrer le « SHIELD asiatique » que j’ai eu le déplaisir de croiser lors de ma mission avec Wonder Woman. Et si je peux aussi éviter d’avoir le Wakanda sur le dos ou je ne sais quel super service africain… Ça m’arrangerait aussi. Mes réserves de diplomatie sont presque vides et je ne garantis pas de la politesse de ma réponse. Donc… Je le redis, j’aimerais bien éviter. En tout cas la vue sur la mer n’est pas mal du tout. Pas le plus beau panorama que j’ai vu mais… Ça se regarde bien. Une fois que je suis certaine que nous sommes seules, je m’adresse à Quiet en navajo. Aux dernières nouvelles, Google Translate n’a pas anglais / navajo. Un jour peut-être mais pas maintenant.

« J’imagine qu’il faudrait clarifier notre relation, non? Si jamais quelqu’un pose des questions… Tu es Héléna Carreidas mais est-ce que je dois répondre à un nom précis choisit par… Tu sais qui… Et à une occupation particulière? Là, le drone a parlé pour le groupe mais il ne va pas tout le temps faire la conversation pour nous, quand même? Surtout que bon, si on doit rencontrer des… Partenaires d’affaires… Autant être prêts.

Et on s’arrange comment pour la nuit? Je vois un lit. Un grand lit. Mais un lit. Et pas question que je dorme sur un canapé ou je ne sais trop quoi. Est-ce qu’on fait des tours de garde? Comment tu veux qu’on joue toute l’affaire? Pas à l’oreille, toujours? L’improvisation, ça va cinq minutes puis les balles commencent à siffler et plus personne ne rigole… Eh que veux tu… Comme on doit travailler ensemble… »

Ce que j’en fais des efforts, en ce moment… Si ce n’était que de moi, je serais déjà en train de fouiller la chambre d’à côté, ce qui attirerait nécessairement l’attention de l’ennemi qui enverrait du monde pour m’éliminer. Et donc, ces gens-là ont une autre pièce du puzzle et on remonte la piste ainsi jusqu’à la source. Mais non. Quiet ne semble pas vouloir jouer la chose selon ce style donc… Je dois avouer que je ne sais pas trop ce que je dois faire à part attendre. Attendre après elle ou attendre qu’il se passe quelque chose, au choix. Pas que ce soit nécessairement « mal »… Mais je suis une femme d’action. L’inaction me rend nerveuse et ma définition de se dégourdir les jambes n’est certainement pas la vôtre donc… Mieux vaut ne pas me laisser sans avoir rien à faire trop longtemps. Je dis ça comme ça, simplement par souci de transparence, quoi…

Dès qu’elles rejoignirent la chambre, Quiet s’empressa de se déshabiller. Elle soupira doucement en sentant à nouveau ses poils au contact de l’air libre. Oh ! Comme elle avait du mal à comprendre ces gens qui aimaient s’habiller au point de disparaître sous leurs vêtements ! Chez Quiet, il était impossible de s’habiller totalement. Pour autant, elle portait quand même une longue mitaine recouvrant l’un de ses avant-bras, mais c’était plutôt son tronc qu’elle devait laisser à l’air libre. On lui avait expliqué au sein du SHIELD que c’était quelque chose de psychologique, un traumatisme lié au fait que son corps avait été fortement brûlé. Pour reconstruire sa peau, HYDRA avait utilisé des technologies encore inconnues. Quiet avait ainsi une peau très spéciale, qui s’abreuvait d’eau et d’énergie solaire. Plus elle portait de vêtements, et plus elle étouffait. Les scientifiques du SHIELD restaient toutefois dubitatifs, et pensaient qu’il y avait aussi un effet traumatique, que Quiet justifiait inconsciemment par la prétendue spécificité de sa peau.

Quoi qu’il en soit, elle se remit en sous-vêtements, et examina ses affaires. Elle écouta Alix parler sans lui répondre, préférant la laisser parler. Elle sortit de ses affaires un ordinateur portable qu’elle posa sur un bureau, et l’alluma. Elle se rapprocha ensuite de « PAMELA », le nom de son drone, et ouvrit un compartiment, libérant un autre drone, plus petit. Il s’agissait d’un mini-drone conçu par le SHIELD et disposant d’une caméra avec un microphone. Des petites ailes argentées lui permettaient de s’élever. Quiet retourna ensuite vers l’ordinateur, et démarra le programme permettant de commander le drone. Sur l’écran de l’ordinateur, la caméra du drone s’afficha, et elle pouvait le contrôler. Le drone s’éleva ensuite, et passa par les grilles du système de ventilation, se rapprochant ensuite de l’appartement voisin.

« Euh… »

Elle regarda ensuite Alix, avisa le lit, et haussa les épaules :

« Prends le lit, je n’aime pas dormir avec une couverture sur le corps. »

Quiet pensa ensuite à ce qu’Alix avait dit, notamment quant à sa couverture.

« Prends l’identité que tu veux. De toute façon, je ne pense pas qu’on nous interrogera. »

Elle se racla la gorge. Quiet n’avait pas l’habitude de parler, alors elle devait se concentrer pour parler normalement. Elle se rapprocha de la porte-fenêtre donnant sur le front de mer. Il y avait des touristes à Maputo, mais essentiellement des touristes sudafricains. Les Occidentaux venaient aussi, mais étaient quand même assez minoritaires. Peu d’agences de voyage devaient proposer de venir au Mozambique, l’un des pays les plus pauvres du monde, et en proie à une insurrection terroriste au nord.

« Pour la nuit, tu fais comme tu veux aussi. Je monterai la garde. »

Pour l’heure, il n’y avait pas grand-chose à faire Quiet s’écarta de la porte-fenêtre, et s’assit sur un fauteuil

« Pour l’heure, on doit attendre… Tu as une équipe à contacter ? Enfin, tu as l’air de bosser en solo, toi… »

Jeannie incarne:



Alix Cindra Erling, Super héroïne à temps partiel et badass extraordinaire

« Une équipe à contacter? Non, je bosse en solo. Ma créatrice m’a ainsi conçue. Quoi que récemment, j’ai été plus ou moins forcée de travailler en équipe. Pas forcément la sensation la plus agréable qui soit. Je suis habituée à mon indépendance, à faire les choses à ma façon. Bosser avec Wonder Woman peut être… Intense. Mais bon. Comme on dit par chez nous : live and learn, si tu vois ce que je veux dire… »

Bon bah ça règle la question alors. J’ai le lit rien que pour moi et elle veut se charger de monter la garde. Tant mieux. Je n’ai pas réellement besoin de dormir, c’est plus une… Habitude… Pour camoufler le fait que je ne suis pas humaine mais j’avoue que ce n’est pas quelque chose de désagréable. Par contre, c’est fou le temps qu’on perd à dormir… Des heures de « perdues » alors qu’il y a tant à faire… En même temps, les criminels aussi ont besoin de dormir donc… Ce qui est bon pour nous est bon pour eux, les limitations sont fondamentalement les mêmes, d’un point de vue « organique ». En tout cas, à mes yeux, une chose est bien certaine. Je suis très contente de ne pas être un être humain ordinaire. Les faiblesses de construction de cette espèce… C’est à se demander s’ils ne sont pas le résultat d’un grotesque accident qui les aurait propulsés dans l’existence.

Encore que bon, on va garder le débat philosophique pour plus tard. Ce qui me laisse vraiment perplexe, en ce moment, c’est que pour toute sa grande gueule et son attitude des plus « bitchy », la patronne de Quiet ne semble avoir pris aucune mesure pour harmoniser nos fausses identités ou quoi que ce soit. Considérant que de ce que je comprends, l’ennemi qu’ils cherchent à neutraliser est loin d’être votre terroriste ou criminel lambda de base, cela implique, par conséquent, qu’ils doivent être doués pour débusquer ceux qui mettent leur nez trop proche de leurs affaires. Selon la même logique, c’est d’autant plus crucial de s’assurer que la couverture, l’identité d’emprunt de vos agents, donc (ou « invités » dans mon cas) soit la plus parfaite possible. Capable de tenir le coup face à une vérification méticuleuse. Ce qui n’est clairement pas le cas en ce moment, ça c’est bien certain…

En même temps, à regarder Quiet, elle ne semble pas faite pour travailler en équipe non plus. Déjà, le fait qu’elle se promène pratiquement à poil a disqualifie de pas mal de missions nécessitant de se mêler à des gens lors d’occasions spéciales. Avoir un handicap la rendant muette, l’excuse officielle, ne veut pas dire avoir l’air distante comme elle est. Je la vois mal, drone ou pas drone, être à son aise dans une soirée mondaine où le port de la robe de soirée est obligatoire. Autrement dit, vous avez pris une brute qui parle avec ses poings et ce qui a l’air d’être une assassin taciturne pour infiltrer un hôtel de luxe qui doit être bourré d’agents ennemis. À mon avis, c’est un des pires choix stratégiques possibles mais bon, qu’est-ce que j’en sais? Peut-être que notre échec théorique fait partie du plan. Forcer l’autre à montrer son jeu et commettre une erreur? Aucune idée.

« Ça ne te fait pas de bien de pouvoir parler avec quelqu’un sans risquer de causer des désagréments? Au sein de la… Compagnie… Pour laquelle tu travailles, est-ce que certains se sont donné la peine d’apprendre ta langue pour faciliter l’intégration et la communication? Ou c’est le genre d’environnement de travail où tout le monde est trop occupé à faire ses petites affaires pour se donner la peine de faire ce genre de choses? »

Wonder Woman… Quiet avait déjà entendu parler de cette femme, bien sûr. Elle savait que les super-héros existaient, et que le SHIELD avait sur eux des fiches précises… Sauf pour Alix, visiblement. Quiet était assez intriguée d’en savoir plus sur son « créateur »… Ou sa créatrice. Une créatrice qui parlait le navajo… Cela n’était pas courant ! Très peu de gens sur Terre parlaient le navajo, et c’était précisément pour ça que celui qui avait fait d’elle la femme qu’elle était avait fait en sorte que le navajo soit la seule langue qu’elle puisse parler sans risque… Code Talker, l’homme qui avait implanté en elle les parasites vocaux, y avait vu une ironie de l’Histoire. Quiet y songeait silencieusement, quand Alix lui demanda si parler ne lui faisait pas du bien. Quiet la regarda lentement, sans répondre immédiatement.

« Je suppose… Même pour moi, le navajo est… Difficile. Mais peu de gens le parlent… Très peu. C’est l’une des langues les plus fermées au monde. »

À tel point que les Américains avaient utilisé le navajo lors de la Seconde Guerre Mondiale pour crypter leurs échanges radios et ainsi éviter que les Japonais ne les décryptent En soi, Quiet n’en voulait pas aux agents du SHIELD de ne pas maîtriser le navajo, cette langue était, comme elle l’avait expliqué, peu usitée D’ailleurs, le code navajo restait encore à ce jour le seul code militaire qui n’avait pas été brisé. La subtilité du navajo était telle que même les autres tribus amérindiennes ne pouvaient le parler.

« D’ailleurs, comment est-ce que ta créatrice peut connaître cette langue ? Qui est-elle, exactement ? Seul quelqu’un qui a grandi auprès des Navajos peut connaître le navajo et le maîtriser… »

Cela valait peut-être pour les mortels… Mais sans doute pas pour ceux qui n’étaient pas mortels.