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Démoniaque curiosité (pv Valac)
Posté : 10 oct. 2024 23:44
par Ouroboros
« N'y a-t-il pas meilleur lieu pour un serpent qu'une dense forêt? »
C'est une question rhétorique auquel il ne convient pas de porter de réponse. Assise sur cette souche aussi ancienne que le monde, la serpentine s'interroge mentalement avec un sourire distrait. Parfois, son regard est capté par le mouvement soudain d'oiseaux, de petites créatures sauvages qui daignent montrer le bout de leur museau. Trop vives, trop rapides cependant pour ce basilic qui rôde entre les arbres d'un air menaçant. Le monstre est bien trop large pour espérer chasser ces bêtes et pourtant il essaye. Obstiné et têtu, probablement poussé par son puissant instinct de prédation.
Adorable, pense la bibliothécaire. Son petit animal de compagnie n'a pas l'air de se déplaire dans cet environnement boisé, sans doute viendra t-elle à nouveau en ces lieux pour le laisser divaguer à sa guise. Loin des êtres civilisés et de leurs villes, loin de tout ce qui est susceptible d'attiser son insatiable curiosité. La même que la sienne.
Elle se replonge dans son grimoire, bercée par le son de la nature. Sa longue robe brune ornée d'ésotériques symboles dorés repose sagement autour d'elle, dormante sur l'herbe environnante. Loin de sa chaotique impulsivité, la serpentine se complait dans cet étrange atmosphère, dans cet apaisante relaxation similaire à sa librairie. Cette pensée qui lui traverse l'esprit est bien vite repoussée, effacée de sa tête comme si elle n'avait jamais existé. Rien ne peut remplacer sa somptueuse demeure, elle le sait. Et si elle a le malheur de souhaiter autre chose, son Royaume la rappellera à l'ordre. Cela a au moins le mérite de lui soutirer un gloussement amusé, dans cette réalisation qui n'en est pas une. Les pages de son grimoire glissent les unes après les autres, tantôt sous l'impulsion de ses doigts, tantôt via le bout de sa queue de serpent. Combien de fois devra t-elle relire cet amas de papier avant d'en comprendre le fond? A croire que plus les livres sont vieux, plus ils sont cryptiques.
Un choc, un tremblement attire l'attention de la bibliothécaire. Le basilic exprime son mécontentement contre les arbres alentours, son corps ondulant frappant les troncs dans un bruit sourd. Sa prédation semble infructueuse et c'est avec irritation qu'il croise les yeux de sa propriétaire. Elle-même fronce les sourcils, agacée d'être dérangée dans sa lecture par son impétueux compagnon. Nul besoin de paroles entre eux, l'étrange lien qui est le leur ne s'embête pas d'éclats de voix. Le basilic se dresse et toise la femme-serpent de ses défiantes pupilles dorées, dans une confrontation qui n'est pas du goût de la libraire. Elle doit se rendre à l'évidence, monsieur ne cherchait pas juste à jouer avec la faune locale.
« N'as-tu pas déjà mangé avant de venir ? Je suis sûre que tu n'as même pas digéré ton humain encore. »
Le monstre s'approche, désireux d'obtenir gain de cause. La serpentine soupire d'agacement et ferme son grimoire. Depuis quand cette créature était-elle devenue aussi capricieuse? La femme-serpent en est probablement la cause d'une manière comme d'une autre, bien qu'elle soit trop narcissique pour l'admettre. Ses doigts se lèvent, une magie rougeâtre émane de ses ongles longs jusqu'à se répandre sur le sol à une dizaine de mètres d'elle. Un pentacle démoniaque prends forme sur le sol, brûlant l'herbe dans une odeur de souffre. La douce voix de la bibliothécaire devient sombre alors qu'elle récite une incantation aux sonorités incompréhensibles par le commun des mortels, à moins qu'il ne s'agisse d'un langage perdu depuis bien longtemps. Le basilic avance vers le symbole impie, comprenant que son futur repas sera bientôt son apparition. Il se redresse, prêt à frapper ce qui apparaitra devant sa gueule et remplira bientôt son ventre.
Pour la serpentine, c'est un moyen rapide d'obtenir un petit diablotin pour nourrir son monstre. Une misérable créature démoniaque comme il en existe des millions dans les tréfonds infernaux. A la différence d'une incantation invocatoire qui constitue un appel auquel le diable peut répondre librement, ce maléfice là ne s'embarrasse pas de politesse. Dans les faits, c'est davantage un kidnapping qu'une invitation. Mais jusqu'à présent, la libraire n'est jamais parvenue à faire venir autre chose que des diablotins décérébrés dépourvus de la moindre once d'intelligence. Qui peut donc s'inquiéter de la disparation de quelques êtres inférieurs ?
Re: Démoniaque curiosité (pv Valac)
Posté : 13 oct. 2024 00:44
par Valac
“Tu sais ce qu’il te reste à faire pour mettre fin au supplice, hm ?”
“ ... je ne céderais pas ! Gnh !”
“Et je t’en remercie, brave paladin. Le prolongement de tes souffrances contribue à mon divertissement.”
Le chevalier sacré grogna de douleur, incapable de se libérer de la table où ses bras et jambes étaient enchaînés solidement. La pièce était sombre et à peine éclairée par la lumière indécise d’une lampe au bout de sa vie. Le prisonnier ne pouvait deviner grand-chose au-delà d’un mur jauni et couvert de graffitis et de fissures, la table métallique froide comme la glace sur laquelle on l’avait entravé, et son ravisseur.
Le monstre. L’ennemi. Le démon.
Le paladin avait traqué et terrassé bien des engeances des Enfers, créatures hideuses, malveillantes et impies. Forgé dans la guerre divine et bénit par son Ordre et ses Saints, il avait renvoyé bien des démons hurler dans la Fosse noire d’où ils s’étaient extirpés, les bannissant hors de la Lumière. Quand-bien même étaient-ils nombreux et puissants, il avait triomphé, malgré les sortilèges, la force brute et les légions de sbires.
Mais pas lui. Pas Valac.
L’hérétique était installé à ses côtés, sur une chaise particulièrement bien entretenue comparée au mobilier inexistant de cette pièce. L’infâme diable portait des vêtements d’une qualité indéniable, un élégant attirail qui mettait en valeur sa couleur de peau, sanguine, et ses yeux aux prunelles moqueuses.
Le paladin hoqueta, sentant à nouveau les outils de torture du démon lui arracher de nouvelles vagues d’agonie. Le tourment avait duré des heures, quand la faim et la soif avaient suffisamment rongé son endurance, aussi bien physique que mentale. Il tenait, mais pour combien de temps encore ? Plus que tout, la honte était le plus grand châtiment. Cet ennemi ne disposait d’aucun pouvoir, aucune armée, pas même la force d’un de ces monstrueux ogres ou l’agilité mortelle d’une succube. Et pourtant, c’était lui qui parvint à le piéger, à le vaincre et à l’entraîner dans cette prison. Plus qu’une arme divine, plus qu’un poison insidieux, le chevalier avait découvert que ce qui avait signé sa déchéance, sa défaite, ce fut l’esprit particulièrement vicieux et créatif d’un génie au service du mal.
“La souffrance peut s’arrêter. Dis-moi juste où tu as caché tes trophées de guerre. Tes reliques me seront utiles pour déjouer les plans de mes ... anciens cousins. Ne souhaites-tu pas que je poursuive ta croisade ? Tes trophées seront utilisés pour tuer d’autres démons. Ton héritage perdurera au-delà de ta mort.”
“Tu ... tu ne ... me tromperas pas à nouveau, perfide créature. Jamais je ne ... grah ! Pactiserais ... avec un ...”
Les mots peinaient à sortir de ses lèvres craquelées par la soif, ses yeux virevoltant de chaque côté comme s’il pouvait déverser sa douleur hors de son corps à la manière d’un marin cherchant à sauver sa barque coulante avec un seau. Soupirant doucement avec une fausse exaspération, Valac tapa du pied contre le sol dallé et malpropre, reposant l’outil métallique avec lequel il avait supplicié son captif durant les quelques heures de badinage. Sur un plateau rouillé, une panoplie d’autres engins cauchemardesques reposaient, attendant leurs tours, chacun aussi complexe qu’épouvantable dans son apparence.
“Nous allons donc continuer notre petit jeu pour longtemps, mon pauvre ami. Je ne suis pas près de te quitter. Ce n’est pas comme si tes prières me feront disparaître, hm ?”
C’est à ce moment précis, comble de l’ironie cosmique et de l’hilarité des Dieux du Destin, qu’une lueur rouge mordorée encercla soudain le démon, formant un cercle de magie reconnaissable autour de lui. Le disciple de Lilith se releva brusquement, laissant tomber l’outil d’horreur qu’il avait sélectionné pour réagir, mais la magie d’invocation ne s’encombrait d’aucune politesse, et avant même qu’il ne pousse un juron sonore, sa présence s’évanouit, laissant uniquement la senteur de soufre planer dans l’air ... et le rire incrédule et désespéré du paladin.
*Pouf !*
L’espace confiné et claustrophobique de la chambre de torture improvisée céda la place à l’air frais et naturel, le parfum de la terre et de l’écorce, le soleil pénétrant à travers une couche de feuillages ... une forêt. Valac cligna rapidement des yeux, ses rétines agressées par le changement brutal de décor. Tout ça était très ... irrégulier. On ne l’avait pas invoqué depuis ... depuis qu’il avait trahit la Monarchie des Cercles Infernaux, en réalité. Son sceau avait été effacé de toutes les annales et archives du Pandémonium, seuls ses “camarades” et quelques élus pouvaient encore prétendre avoir les schématiques exactes pour faire appel à l’hérétique. Et pourtant, le voilà, traîné de force par ...
“Oh. Voilà qui est perturbant.”
Non, ce n’était pas adressé à l’intrigante humanoïde dont l’espèce semblait être une sorte d’hybride qui, au premier regard, lui donnait déjà quelques indices sur sa personne, déducteur qu’il était. En quelques battements de cœur, il pouvait déduire bien des choses sur une personne, pour peu qu’il ait toute sa concentration orientée vers l’élu en question. Cependant, un problème plus pressant se dressait devant lui, sous la forme d’un basilic. Un représentant de l’espèce reptilienne monstrueuse, dont certains avaient dévié de leur forme originale et plus intimidante d’impie fusion de coq et de serpent. La langue fourchue qui venait goûter l’air trahissait que la créature au sang-froid s’abreuvait des phéromones qu’il exposait de sa peau pour juger son potentiel repas.
Un mortel aurait paniqué, une réaction naturelle en présence d’un colosse d’écailles dont l’emprise pouvait surement broyer et étouffer un minotaure adulte. Le temps était contre lui, tout allait se jouer sur sa réaction. Inutile de poser des questions, d’essayer de se défendre. La solution lui vint aussitôt à l’esprit, maître de l’improvisation qu’il était.
“Oseras-tu t’attaquer à un frère ? J’ai perdu mes écailles, mais je souffle du poison comme les tiens. Ami.”
Ah, le Fourchelangue. Il n’avait pas utilisé la langue des serpents depuis des lustres, et la sensation de sa langue sifflant contre ses dents lui rappela des jours plus simples, en compagnie d’une Cour de serpents, plus figurativement que réellement. Valac avait un certain don avec les langues, parvenant à en deviner les règles et subtilités en l’écoutant. Aussi, ses confrères ne seraient pas surpris d’apprendre que le diable savait aussi communiquer avec les reptiles, ayant maîtrisé cette langue utilisée surtout par quelques sorciers malfaisants dont on évitera de prononcer le nom.
Quoi qu’il en soit, parler ami était un moyen efficace de mettre en confusion un prédateur gourmand, qui semblait pondérer cette nouvelle surprise dans son cerveau primitif. Le résultat était satisfaisant pour le démon invoqué, car il ne se fourvoyait pas en croyant pouvoir convaincre assurément le monstre de ne pas frapper, mais plutôt de lui donner du temps pour s’entretenir avec celle qu’il devinait derrière son invocation.
“Très exotique, votre comité d’accueil. Je partage votre affinité avec les serpents, ils font d’adorables compagnons, bien que souvent capricieux et irascibles. Curieux choix de lieu, pour m’invoquer. Il est regrettable que j’aie été interrompu dans ma récréation de manière aussi impromptue, mais toute surprise n’est pas nécessairement malvenue, non ? Alors, à qui ai-je l’honneur, hm ?”
Re: Démoniaque curiosité (pv Valac)
Posté : 13 oct. 2024 20:28
par Ouroboros
La sorcellerie amorcée, elle ne s'inquiète pas de la chose qui va apparaitre du pentacle. Ce sera comme d'habitude, une misérable petite créature infernale parfaitement ennuyante. La serpentine a pourtant beaucoup expérimenté avec ce maléfice, sans parvenir à trouver autre chose que d'agaçants diablotins. Inutile de dire qu'elle est terriblement surprise de voir une classieuse figure émerger du cercle, un être rouge de peau bien que porteur de très élégants habits. L'intriguant personnage ne se targue pourtant d'aucune panique face à sa précaire situation, il se contente d'un simple étonnement qui laisse la femme-serpent pantoise. Cet être n'a rien à voir avec toutes les stupides créatures invoquées jusqu'à présent, c'est un unique, authentique démon dôté d'intelligence et de connaissance. Un individu avec qui la libraire peut raisonner, discuter, nourrir son insatiable curiosité. A condition bien sûr que son charmant petit animal de compagnie ne gobe pas son invité.
Plongée dans sa stupéfaction, la serpent tarde à rappeler sa créature à l'ordre. C'est l'inconnu qui fait finalement le premier pas, d'une façon aussi surprenante que délicieuse. Ces paroles sifflées trouvent un divin écho aux oreilles de la bibliothécaire, assez pour faire frémir les plumes qui trônent sur ses ailettes. Quant à son animal de compagnie, il est étrangement confus, oubliant un moment sa gourmandise pour jauger l'être à la voix mielleuse. Il examine le bipède rouge avec une intense curiosité, s'approchant pour mieux comprendre cette sublime sorcellerie. Ni hostilité, ni malice, il ne semble simplement pas comprendre pourquoi. La libraire s'en voit rassurée, bien qu'un zeste de jalousie lui tiraille l'esprit. C'est une émotion très humaine qui est aussi déplaisante qu'enivrante. Elle quitte son siège improvisé et se lève, marchant pour venir à la rencontre de ce bien curieux invité non sans chasser son animal de la main.
« Écarte-toi, Apophis. Monsieur n'est pas comestible. »
La caractérielle créature lève un regard irrité face à sa Maîtresse, désireux de continuer à étudier l'être. La serpentine n'est cependant pas d'humeur à subir les caprices de sa bête, et une silencieuse menace portée par ses iris prédateurs suffisent à éloigner l'être géant. Ce dernier rampe craintivement vers la lisière de la forêt, sans pour autant repartir à la chasse. Non, il se roule sur lui-même derrière quelques buissons, s'imaginant être dissimulé dans ses futures observations. La femme-serpent s'arrête à quelques pas du nouveau venu, l'examinant avec la même curiosité que son monstre. Un visage attrayant, une succulente intelligence, une maléfique voix à l'accent enchanteur. C'est la première fois qu'elle rencontre un démon aussi intriguant, aussi unique. Elle-même siffle, goûte l'air de sa langue fourchue pour en savoir plus sur l'être. Un goût de souffre, un goût de sang, un goût d'enfer. Trèèèès intriguant.
« J'ignorais que les démons savaient parler le Fourchelangue. »
Son regard bleu-émeraude aux pupilles fendues toisent le démon avec malice et curiosité. De tous les êtres vivants qu'elle a croisé jusqu'à présent, rares étaient ceux capable d'user de ce langage. Mais ne dit-on pas que les démons sont d’irascibles charmeurs? Prêt à tout pour séduire leurs victimes et voler leurs âmes par le biais d'inviolables pactes? C'est ce que les grimoires prétendent en tout cas. La serpentine n'a jamais eu l'occasion de vérifier la teneur de ces écrits, du moins jusqu'à aujourd'hui.
« Je crains que vous ayez été invoqué par erreur, je cherchais juste à nourrir mon irascible compagnon. Ce sortilège que j'emploie n'est jamais parvenu à faire apparaitre autre chose que d'imbéciles diablotins dénués de cervelle. Votre arrivée surprise est donc une bien étrange nouveauté pour moi. Étrange mais bienvenue~ »
Sa queue de serpent bouge, la fine extrémité glisse pour aller épousseter l'épaule du démon pour retirer une poussière quelconque. Cette situation rends la femme-serpent aussi perplexe qu'intéressée, pourquoi son incantation est-elle parvenue à inviter un beau démon rouge alors que les centaines de fois précédentes, tout n'était que petites créatures inférieures? S'est-elle trompée dans son maléfice, distraite par son agacement envers Apophis ou s'agit-il simplement d'une curieuse coïncidence ? A t-elle utilisé un sceau inapproprié par rapport à d'habitude ? Si oui, de quel grimoire provient-il ? Tant de questions et tant de réponses potentielles, cela lui donne l'eau à la bouche. L'envie d'en savoir plus, de percer mille-et-un mystères. Son délicieux sourire se targue de crocs menaçants qu'elle humidifie avec faim.
« J'ai été nommée Ouroboros mais appelez moi Rose, voulez-vous ? Je ne suis qu'une simple, inoffensive curieuse qui se pose bien des interrogations sur le bel éphèbe démoniaque qui vient d'apparaitre. Soyez mignon et offrez réponses à mes inquisitrices questions, en commençant par qui vous êtes, ce que vous êtes et d'où vous venez. J'ai hâte de prononcer le prénom du premier démon doté d'intelligence que je rencontre. »
L'intérêt de la serpentine est irrésistible. Sa curiosité infinie. Elle veut tout savoir de lui dans les moindres détails, tout savoir de cette maligne créature terriblement loquace. La libraire a trouvé quelque chose de très intéressant à se mettre sous la dent, quelque chose qui bouleverse ses petites habitudes littéraires. Les créatures maléfiques venues des enfers peuplent le moindre de ses grimoires mais jamais de sa mémoire, elle n'en a croisé un seul. En tout cas, pas un capable de converser correctement. Un de ses pas réduit l'écart entre eux alors qu'elle examine ses traits d'un regard prédateur. Elle n'est pas intimidante par sa taille moyenne, mais bien par sa nature de siffleuse aux dents longues qui ne semble guère aimer ne pas obtenir gain de cause.
« Vous n'allez pas me faire l'affront de partir, n'est-ce pas~? »
Son appendice reptilien glisse sur l'herbe, formant un cercle autour de l'individu dans une silencieuse menace. Il n'est pas impossible que l'extrémité de sa queue s'élève à proximité de la nuque de l'invoqué si elle sent qu'il s'apprête à lui fausser compagnie. Mais est-il seulement capable de fuir dans l'immédiat ? Quelle est d'ailleurs l'étendue de ses pouvoirs ? Oh, Rose est bien curieuse d'en savoir plus, bien plus.
Re: Démoniaque curiosité (pv Valac)
Posté : 13 oct. 2024 21:25
par Valac
Comme anticipé, l’invocatrice fut assez intriguée par l’attitude du diable en costume pour congédier son animal de compagnie, dont la proximité avait commencé à être bien encombrante. Valac ajusta le bouton d’un des manches de sa veste, imperturbable, fixant la silencieuse confrontation entre le basilic et sa maîtresse, avant que l’imposante bête ne batte en retraite non sans exprimer son mécontentement par un sifflement sonore.
L’invocatrice vient lui faire face, lui offrant le spectacle de sa présence, et comme tout bon amateur d’art, l’invoqué contemple aux moindres détails la femme qui l’avait appelé en ce monde. Ses yeux explorent, s’abreuvent et semblent presque dénuder la serpentine par son simple regard, presque aussi intense que le sien, dont l’azur intriguant lui rappelait le glacial domaine du Cercle de la Trahison, le dernier cercle des Enfers. Il en serait presque nostalgique. Son sourire, aux lèvres séductrices, affichait des crocs, indiquant qu’elle avait plus de similarités aux serpents que sa queue reptilienne. L’hérétique lui donna un sourire tout aussi chaleureux, son corps détendu malgré la proximité de ce qu’il devinait être au moins une puissante sorcière.
“J’applaudis votre maîtrise de la magie. Invoquer de force un démon suscite une maîtrise de la démonologie et de l’occulte que peu parviennent à maîtriser. Néanmoins, forcer le système comme vous venez de le faire implique que les courants de la magie peuvent interférer autrement, ou que l’alignement cosmique des astres soit défavorable à l’instant T de votre sort. Les critères derrière cet incident sont nombreux et relèveraient plus de l’hypothèse. Disons que le Destin a décidé de faire croiser nos routes, pour quelques caprices.”
Abaissant ses yeux, il semblait scruter le mouvement de la puissante queue de la dénommée Rose alors qu’elle dessinait un arc de cercle derrière lui pour lui couper toute retraite, mais son attention était plutôt portée vers le pentacle complexe qui avait calciné l’herbe sur le sol. Intriguant. Il se pencha légèrement malgré lui, incapable de ne pas explorer du bout des doigts les glyphes cabalistiques formés sur la couche terrestre, cherchant à en déchiffrer le sens.
“Vous êtes pleine de surprise, Rose. Cet agencement de runes est très irrégulier, très inédit. Je vois que j’ai affaire à une savante. Oh, et le subtil chaos de ces arabesques ... fascinant.”
Le disciple de Lilith se redressa, portant désormais sa pleine attention envers la mage, ayant déjà un portrait assez détaillé sur sa personne. Un sceau magique pouvait refléter la psyché d’une personne, et celui utilisé par Ouroboros indiquait un puit de savoir, mais surtout une once de folie. Quelle curieuse créature. Si Rise avait tissé une toile pour l’empêtrer et l’empêcher de fuir, elle serait plutôt ravie de le voir s’envelopper euphoriquement dans les fils de sa toile pour mieux la rejoindre.
Glissant une main dans les pans de sa veste avec lenteur, pour ne pas brusquer son “hôte”, il extirpa doucement un épais cigare qu’il glissa entre ses dents immaculées, avant qu’il ne penche sa tête à quelques pouces du sien, ses prunelles démoniaques plongées dans la lueur hypnotique de ses iris.
“Me feriez-vous le plaisir de l’allumer ?”
Il attendit patiemment qu’elle agisse en ce sens, confiant qu’elle allait obtempérer par curiosité. Son geste était une sorte de soumission confiante, comme un animal présentant son ventre vulnérable à un prédateur. Il ne se sentait pas en danger, préférant jouer à la même mélodie que celle de la maîtresse d’Apophis. Soufflant doucement un nuage de fumée odorante, il coinça son cigare entre deux doigts et dessina avec la fumée qui en émanait des arabesques paresseuses dans l’air.
“Appelez-moi Valac. Quant à vos autres questions, je serais ravi d’obliger à vos désirs ... mais avant cela, il faut savoir une chose très importante, quelque chose qui va certainement bouleverser toutes vos expectations, une information cruciale qui déterminera le dénouement de notre impromptue rencontre.”
Il avait pris un ton presque fatidique, véritable acteur. Immobile, suspendu dans le temps, il laissa planer le suspense, son cigare continuant à brûler, son regard épousant le sien sans oser rompre ce contact. Pas même un battement de cœur ne se fit entendre, comme si la forêt même avait retenu son souffle pour entendre cette terrible révélation.
Puis, soudainement, un rire amusé s’extirpa de la commissure de ses lèvres, brisant la tension qui avait saisi les lieux. Avec une délicatesse naturelle, le diable saisit une des mains d’Ouroboros, sachant qu’elle n’avait pas affiché de réticence à l’approcher sans s’encombrer de concepts d’espace ou de proximité, puis porta la main griffue à ses lèvres, les déposant très fugacement dans un baiser presque chaste, mais dont la chaleur était indéniablement empoisonnée ... figurativement.
“Je serais un grossier amateur de ne pas offrir satisfaction à votre curiosité dans un environnement plus favorable à la discussion qu’au milieu des bois. Et si nous prenions ensemble la route vers un endroit plus civilisé pour partager nos réciproques envies autour d’un met, de rafraichissements et d’un lieu propice à la promenade de santé, hm ?”
Re: Démoniaque curiosité (pv Valac)
Posté : 14 oct. 2024 00:01
par Ouroboros
Oh, quelle naïveté de croire que son invité s'enfuirait à la moindre occasion. Non, le démon n'a pas l'intention de lui fausser compagnie. Bien au contraire, il se targue d'un charmeur sourire à son égard, parfait Maître de l'univers qui l'entoure sans la moindre crainte parasite. La serpentine a toujours eu tendance à se jouer de la peur de ses infortunées victimes, à se délecter des craintes d'autrui. Mais ce charismatique démon n'a nullement l'intention de lui offrir un tel délice, faisant preuve d'une assurance telle qu'elle en déstabilise la libraire. C'est intrigant, c'est inattendu, c'est vexant, c'est... délicieux ? Quelle drôle de sensation, que de voir un être ne pas craindre ses menaces sifflées. Mieux, il la complimente sur sa chaotique maîtrise de l'occulte et de la magie noire. Assez en tout cas pour flatter l'égo de la serpent, si tant est qu'elle parvient à outrepasser sa propre incrédulité.
L'examen magique de la créature infernale a de quoi surprendre. Pour la bibliothécaire, faire naitre des sortilèges du bout de ses jolis doigts est aussi naturel que de respirer l'air forestier. L'amas de connaissance qui rôde dans cette nature viciée qu'elle incarne est parfois capable de la surprendre elle-même. Mais le savoir est un doux poison qu'il n'est pas bon de trop goûter, alors la serpentine existe, alors elle joue avec des maléfices sans toujours se souvenir de leur nature profonde. A trop creuser dans ce puits de connaissance qui est le sien, elle risquerait de perdre substance, de perdre son attrayant physique et sa raison. Il existe des grimoires qu'il vaut mieux avoir sur une étagère poussiéreuse qu'entre les mains.
« Vous êtes très perspicace, tous les démons sont comme vous~? »
La serpent retrouve son malicieux sourire, curieuse d'en savoir davantage sur ce bien savant démon. Chaque seconde qui s'écoule attise un peu plus son attention, son désir de mordre dans le fruit de la connaissance. Il y flotte même peu à peu un doux parfum d'impatience à l'égard de son invité. Pourtant, quand le bel éphèbe rouge extirpe un cigare de sa doublure et demande une source de chaleur, la libraire ne refuse guère. Elle lève une paume ouverte dans un geste empreint de sensualité, laissant un cercle magique marquer sa peau blanche jusqu'à ce qu'une petite flamme ne daigne brûler l'extrémité de la tige toxique. Il est clair que l'être n'a aucune volonté de lui échapper, bien au contraire. Est-il également curieux à son égard ? Ou ne cherche t-il qu'à entrer dans les bonnes grâces de la serpentine pour dérober ses précieux pouvoirs ? Elle peine à imaginer des créatures infernales aussi éloquentes, aussi... insidieuses.
« Valac. »
Une étrange sonorité sifflée entre ses lèvres. Tel est le prénom de son invité surprise à la rougeur si caractéristique. La joie de la femme-serpent est cependant de courte durée, l'intrigant démon refusant de lui conter davantage tant qu'il n'a pas exposé ses conditions. Un mélange subtil d'irritation et d'impatience sont alors portés par les traits de la libraire, dont le rictus malicieux devient sourire forcé. Les iris fendus de la prédatrice dévorent ceux bicolores du démon, marquant une silencieuse menace quant à ce qu'il compte bien exiger. Cet étrange suspense trouve alors résolution quand le taquin démon embrasse la main de la serpent, un geste aux courtoises apparences qui parvient pourtant à étonner. Malgré son élocution soutenue, marquée par son infini savoir littéraire, la libraire n'est pas habituée à ce genre de galantes attentions. Le surprenant geste finit pourtant par amuser la créature, qui se targue d'un séducteur sourire. Quel délicieux personnage, pense t-elle à demi-mots dans un souffle en récupérant sa main.
« Alors il est vrai ? Les démons sont biens d'irrésistibles séducteurs... Votre proposition est alléchante mais je crains malheureusement que nous sommes à des lieux de la moindre civilisation. Laissez-moi quelques secondes pour pallier à cet inconvénient, voulez-vous~? »
La serpent ferme les yeux, cherchant dans son savoir les connaissances nécessaires à la fabrication de cette magie impie. Le pourquoi, le comment, importent peu à ses yeux. Son corps agit déjà, ses bras s'ouvrent autour d'elle et de multiples symboles brûlent la végétation environnante. Les pans de sa robe flottent au gré de cette magie viciée et dans un flash, le monde disparait en ne laissant qu'une profonde obscurité. Une noirceur absolue, imperceptible par son infime durée similaire à un clignement d’œil. Autour de la libraire et du démon, un décor forestier plus épars, touché par la main de l'homme mais aussi les restes de leur 'voyage'. Une maigre odeur de souffre, quelques herbes brulées et surtout, une étrange sensation malaisante qui rôde dans l'air. Rien qui ne semble pourtant inquiéter outre mesure la serpentine, qui s'intéresse davantage au vacarme distant de la proche civilisation que de l'usage de ses magies interdites.
« J'ai fais le premier pas pour vous satisfaire. A votre tour maintenant~ »
Une amusante proposition, une séductrice demande bien qu'elle soit déjà en train de marcher en direction de la ville. Une légère impatience brûle dans son regard joueur, saupoudré d'une once de défi. Sa queue de serpent ondule derrière ses pas au même titre que ses hanches, glissant contre la végétation tout comme certaines longueurs de sa robe décorée. La libraire a hâte d'en apprendre davantage sur son infernal invité, nourrissant l'espoir d'être autant agréablement surprise par ses étonnantes manigances que par ses intrigantes vérités.
Re: Démoniaque curiosité (pv Valac)
Posté : 14 oct. 2024 22:59
par Valac
Au petit compliment de la libraire, le diabolique gentilhomme sourit, la limaille de ses dents blanches contrastant avec le cramoisi de ses lèvres pleines.
“J’aime penser être une exception comparée à mes cousins infernaux, non pas que je les porte très à cœur de toute façon.”
En effet, elle découvrira tôt ou tard, dépendamment du degré de divertissement et d’intérêt qu’elle suscitera en lui, ses origines troublantes et chaotiques. Si son passé était un secret dont la divulgation était punie de mort en Enfer et ardemment recherché par les forces du Paradis, Valac était libre d’en faire part si son intérêt s’y prêtait.
L’hérétique se met docilement aux côtés de la sorcière, scrutant le mouvement de son corps pour enregistrer dans sa mémoire sa démonstration de magie. Plutôt qu’une complexe incantation ou un long sortilège requérant plusieurs mouvements précis des mains, la dénommée Rose déploya simplement ses bras et fit manifester une magie dont la noirceur, la froideur et surtout la puissance primordiale frappa le démon. Cette odeur, cette sensation primitive qui faisait frissonner son corps jusqu’à glacer ses os, lui qui avait vu tant d’horreurs indescriptibles. Serait-ce ...
Ils furent transportés en un battement de paupière vers une nouvelle location, un territoire moins sauvage à en juger par l’organisation des arbres alentours et les odeurs qui émanaient de la ville à quelques distances de la leur. L’homme à la peau écarlate renifla, cherchant à déceler non pas les odeurs de ce qu’il avait deviné être un parc mais plutôt les résidus des miasmes obscures qui les avaient enveloppés dans leur téléportation. Le sort lancé puait la noirceur la plus primordiale, une odeur excitante et certainement enivrante pour un être à l’âme noire et corrompue comme Valac, mais quelque chose lui murmurait qu’il y avait des ténèbres encore plus profondes, des abysses encore plus grisants cachés derrière le joli minois de son étrange partenaire de promenade.
Ouroboros le devance, impatiente comme une princesse quittant l’ennui de son palais pour explorer un souk. Restant un instant derrière elle, le prodige tira une nouvelle bouffée de son cigare, ses yeux abandonnant leur décryptage des runes qui avaient calcinés le parc à ses pieds pour se porter vers le spectacle beaucoup plus attrayant et appétissant des mouvements de hanche si expressifs de la serpentine. Inutile de dire qu’il aimait ce qu’il voyait et n’était pas insensible à la générosité d’un corps aussi féminin.
D’un pas léger, il s’empresse de regagner sa juste place à ses côtés, lui offrant alors le support galant de son bras pour qu’elle s’y accroche, récif de masculinité sur lequel la naufragée pouvait s’agripper avant que l’océan de ses émotions ne l’emporte vers d’autres délires. Ils commencèrent leur marche à travers le parc, très bien entretenu et plutôt agréable à l’œil. D’un autre côté, n’importe qui venant des Enfers trouverait même le plus modeste jardin comme attrayant, comparé aux terres craquelées et arides, brûlantes et hurlantes.
“Chacune de tes questions, ma chère Rose, vaut son pesant d’or. Même la révélation de mon nom est symbolique, quand on sait que certains parviennent à dompter des démons antiques et puissants en invoquant leurs vrais noms.”
Le passage au tutoiement était aussi naturel que fluide. Ils bifurquèrent pour passer près d’une fontaine, où quelques passants se trouvaient. On pouvait remarquer qu’Ouroboros avait fait un choix pertinent. Les passants étaient de toutes espèces, d’elfes et de nains, d’orcs et autres espèces aussi diverses que variées, si bien que l’apparence hétéroclite du duo maléfique passait presque inaperçu au milieu de cette diversité raciale.
“Jouons donc à un jeu. Que chacun partage une part de son histoire, et voyons laquelle est digne de surprendre l’autre. Ce serait fort ennuyeux si je venais à répondre à toutes tes questions d’un coup, dans un monologue certes passionnant mais qui ferait l’effet de ...”
Suspendant sa phrase, il faussa un instant compagnie à la libraire pour s’approcher d’un petit stand installé au milieu de la place, où une sorte d’élémentaire de glace à l’apparence fort avenante tenait son commerce. Dissimulée par le dos du démon, elle sembla échanger quelques mots avec le diable, puis rire avec amusement avant de lui tendre quelque chose entre ses mains.
Valac revint auprès de la belle ensorceleuse, son sourire malicieux cachant l’objet derrière son dos. Avec une sorte de révérence théâtrale et amusante, il lui tendit une délicatesse très commune sur Terre, mais d’une rareté exotique sur Terra. Spécialité de certains ingénieux élémentaires de glace, il s’agissait de boules d’arôme fruitée reposant dans un cône de pâte. Ce délice glacé était, évidemment, une glace.
“ ... l’effet d’une gourmandise qu’on dévorerait sans en avoir savouré chaque bouchée. Je suis ravi de voir qu’il en existe ici aussi. Il aurait été difficile d’acquérir la monnaie locale pour se le procurer, mais disons que je peux être très persuasif.”
Quel charme, quel tour avait-il joué pour convaincre une créature de glace et de givre de lui offrir gratuitement un cornet de glace ? C’était surement une des cartes de l’intriguant personnage. Quand on était privés de pouvoirs dans une école de prodiges magiques et de créatures surhumaines, il fallait développer d’autres compétences.
“Comme tu dois le deviner, je suis effectivement un démon. Mais notre espèce est aussi diverse que les facettes d’un diamant. Certains sont des anges déchus, bannis du ciel par le Tyran. D’autres étaient des résidents des Enfers, des esprits maléfiques qui sommeillaient déjà dans le Gouffre. D’autres encore sont des âmes mortelles, si effroyablement torturées et battues qu’elles sont remodelées pour devenir des démons. Moi ?”
Valac haussa des épaules, regardant de côté comme s’il était plongé dans une réflexion profonde, le regard perdu vers un horizon dont lui seul semblait en voir le bout.
“On dit que nous sommes nés de Lilith, la mère de tous les démons. Cette vérité me plaît et me convient, alors je ne cherche pas à spéculer sur mes origines.”
Re: Démoniaque curiosité (pv Valac)
Posté : 17 oct. 2024 16:40
par Ouroboros
A ses yeux, le démon est déjà une bien plaisante exception. Il n'a rien à voir avec l'image pernicieuse et peu flatteuse des engeances infernales que content les anciens grimoires. Séducteurs, malins mais rarement intelligents, le rouge constitue une inespérée rencontre qui attise la plus âpre curiosité de la libraire. Il y a quelque chose de grisant, de délicieux dans cette brillance dont il fait preuve. Son œil est avisé, son esprit vif, son savoir aussi inconnu qu'intrigant. Et le fait que l'individu démoniaque accepte d'accompagner la savante dans ce petit caprice satisfait son plus fort égo. Aurait-elle accepté autre chose qu'une docile coopération ? Aurait-elle accepté de multiples refus et de vilaines lèvres désespérément scellées ? Oh, que cela aurait été bien plus ennuyant que ce qu'elle s'apprête à vivre maintenant !
Un galant bras vient la soutenir, créant une imprévue proximité qui amuse la serpent. Quel est donc cet étrange jeu de séduction ? Il y a un sens plus profond à ce simple contact de leurs corps, de son épaule contre la sienne. Mais avant qu'elle ne puisse s'enquérir de moult questionnements, son partenaire démoniaque prends les devants expose les règles d'un petit jeu. Une découverte lente et progressive de chaque parti, sans que cela ne devienne terriblement barbant. L'impatiente serpentine se serait probablement irrité de ces obligations en temps normal, son insatiable besoin de savoir brûlant la moindre fibre de son être. L'exceptionnel démon l'amuse pourtant beaucoup, il est source de constantes surprises, de délicieux mystères et elle a hâte d'en apprendre davantage sur sa personne, sur son infernal lieu de vie. Tant d'interrogations, tant d'hypothèses envisageables, tant de plaisantes scènes à vivre et d'émotions à ressentir.
« Ai-je la moindre raison de te dompter, toi qui marche à mes côtés~? »
De taquines sonorités sifflées par un ton joueur, la libraire apprécie cette surprenante compagnie plus que de raison. Imitant le rouge dans son tutoiement, elle se contente désormais de suivre l'infernal dans cette promenade improvisé, réduite au statut de curieuse spectatrice. Cette foule cosmopolite n'attire en rien son attention, non. C'est lui qu'elle regarde, qu'elle examine de ses pupilles prédatrices. Intéressée par ses traits masculins, intriguée par le savoir que dissimule ces yeux bicolores. Comme cherchant à le percer à jour sans avoir à prononcer le moindre mot. Le vil démon abandonne pourtant sa compagnie sans prévenir, tout cela pour quelques roucoulements avec une misérable vendeuse. La serpent a été si surprise qu'elle n'a guère eu le temps de le retenir de sa queue. La prochaine fois, elle sera plus réactive. Le reflet sombre de son expression s'estompe au retour de monsieur, qui efface sa froide colère avec un surprenant cadeau. Une glace.
« Qu'est-ce donc ? »
Ses doigts graciles capturent l'objet offert et l'étrange produit est examiné sous toutes les coutures. Il suffit cependant à la libraire de voir d'autres passants déguster ce mets pour faire preuve d'imitation, tâtant du bout de sa langue de serpent la boule fruitée. Une très désagréable sensation brûle le bout de son organe sensible et elle se ravise dans une grimace, toisant d'un air courroucé le rouge. Aucune malice ne semble poindre de son attitude, d'autant qu'il daigne parler de sa personne, de ses origines. La serpent ne dit mot, trop occupée à confronter l'objet glacé de diverses façons pour en venir à bout. Goûter de sa fourchue, mordre à plein crocs, ou encore gober l'entièreté semblent des méthodes peu appropriées pour en apprécier la pleine saveur. Parfaitement attentive malgré son apparente distraction, le plaisir de la dégustation viendra finalement quand elle utilisera ses lèvres pour subtiliser des bouchées qui iront fondre contre son palais.
« J'ignorais l'existence d'un tel mets. C'est comme de la neige parfumée. »
La serpent se lèche les lèvres, visiblement ravie de son cadeau. Son visage se tourne vers le rouge, affichant un sourire contenté.
« Lilith, c'est un prénom étrangement évocateur. N'ai-je pas lu ça quelque part ? »
Tel un fugace souvenir dans sa mémoire, une appellation qui revient sans cesse. La libraire n'essaye pourtant pas d'y réfléchir, de peur de perdre ce précieux instant de dégustation. Son puissant savoir ne saurait être éveillé sans mettre à mal les sens de son humanité rendue difforme. Elle veut en profiter encore, avant que son 'glaçon sucré' ne fonde entre ses doigts. Un de ses pas la rapproche du démon pensif et elle lui colle sa friandise gelée sous le nez, déjà à moitié attaquée.
« N'est-ce pas dommage que je sois la seule à en profiter ? A ce rythme, je vais finir par tout croquer~ »
Une intonation joueuse pour ne pas dire malicieuse, une œillade amusée. Pourquoi le démon ne s'est-il pas procuré quelque chose pour lui aussi ? N'est-il donc pas un fin charmeur ? La libraire profite de ce moment de flottement pour réfléchir, sombrant dans les étranges méandres de sa psyché pour trouver les réponses à ses propres interrogations. Absente et présente, elle reste cependant attentive même si sa voix perds de son charme, se teinte d'un verbe presque monotone.
« Intéressant. Il existe donc tant d'ouvrages dédiés à cette créature ? Non, ne devrais-je pas plutôt parler d'hommage ? Un être encensé, craint, maudit, vénéré. Les grimoires semblent tous si contradictoires à son sujet, telles des vagues qui s'affrontent dans de multiples courants déchainés. »
La serpent vogue dans cette marée de connaissance, n'effleurant cependant que la surface. Elle est incapable d'accéder à son savoir impie, aux histoires viciées de ses livres les plus interdits sans quitter la présence de Valac. Alors elle se contente de bribes d'informations, de mots-clefs, sentant le désagréable quoique habituel frisson du désaccord. Sa peau frémit en réaction à cette consultation contre-nature, à ces lectures qui ne devraient pas avoir lieu en dehors de son Royaume. Ses inquisitrices recherches prennent fin pour laisser un peu de répit à sa chair, son prédateur quoique curieux regard retrouvant un intérêt pour son univers présent. En particulier pour le beau visage du démon, à qui elle soumets une bien naïve interrogation, trouvée quelque part dans les abysses de son puits.
« Qu'est-ce donc que l'Ars Goetia ? »
Enfantine curiosité. Candide ignorance. D'occultes secrets ensevelis sous des montagnes de cadavres.
Re: Démoniaque curiosité (pv Valac)
Posté : 20 oct. 2024 00:44
par Valac
Que de questions, que de questions !
Ouroboros, ou Rose comme elle préférait être appelée, était un canon dont les multiples obus étaient ses questions multiples, chacune née d’une curiosité qui semblait ne connaître aucune limite. Elle semblait avoir déjà oublié leur petit jeu, ou bien était-elle si plongée dans ses réflexions qu’elle ne pouvait contenir les interrogations qui brûlaient sa langue fourchue. C’était presque adorable, en un sens, cet esprit libre et insouciant qui, pourtant, avait démontré à deux reprises détenir des pouvoirs particulièrement intimidants par son aisance et par la froide noirceur qu’elle manifestait.
Valac avait rencontré, souvent de loin il fallait l’admettre, des créatures avec cet archétype de caractère. Autant de confiance, des sautes d’humeur qui s’exprimaient sur leurs visages, une insouciance donnant un air d’invincibilité ... si ce n’était pas un de ces empereurs mortels ou autres hauts-placés qui se fourvoyaient dans une illusion d’immortalité de par leur statut, les quelques rares cas de ce genre étaient souvent des entités qui détenaient d’incommensurables pouvoirs. Des djinns antiques. Des archimages centenaires. Des dieux ...
“Délicieux, n’est-il pas ? Sa rareté est telle sur Terra qu’elle est commune sur d’autres plans d’existence. Un mélange de fruits et de crème, sous la bonne température, produit ce merveilleux petit dessert.”
Sur l’invitation soudaine mais attendue, le diable sourit doucement et se pencha devant la mystérieuse serpentine, s’étant attendu à ce qu’elle lui offre une part. Ou pas. Ce n’était que des calculassions sans grand objectif de sa part, mais il aimait essayer de deviner la prochaine action d’un personnage, pour mieux dresser un portrait de sa psyché, de son caractère. Malicieux, il approche son visage de la glace déjà entamée et, plutôt que s’attaquer à la partie intacte, décide de passer sa langue là où celle de la curieuse avait traversé.
L’hérétique prolongea un instant avec une lenteur exagérée sa dégustation, son regard au niveau du sien, maintenant le contact l’espace d’un long, long battement de cœur avant qu’il ne se redresse en s’humectant les lèvres, laissant un son de satisfaction résonner derrière la barrière couleur de corail de sa bouche.
Valac pencha la tête de côté et haussa un sourcil, visiblement intrigué de la voir se lancer vers de nouveaux questionnements. Il allait rétorquer que c’était son tour, mais sa remarque rencontra l’obstacle de ses dents quand elle prononça aussi le nom de l’Ars Goetia. Ses doigts, instinctivement, s’étaient agités d’un spasme, celui de l’assassin prêt à faire taire celui ou celle qui en savait trop, qui était trop près de découvrir quelques précieux secrets que l’exilé préférait garder de peur que des oreilles imprudentes et surtout dotées de vastes moyens ne les surprennent. Comment avait-elle fait la liaison entre Lilith et la Goetia ? Etait-elle en réalité une servante de Lucifer et ses sbires, payée pour l’entraîner dans un manège de leur concoction avant de le traîner dans les griffes des princes infernaux pour une éternité de torture et d’agonie ?
Non, cela semblait invraisemblable. Quelque chose transparaissait de l’attitude de la belle aux attributs reptiliens. Le balafré la toisa en fronçant des sourcils avec une intensité presque dérangeante, à croire qu’il cherchait à voir au-delà de sa structure physique et biologique, au-delà de ce mannequin de chair et de peau à l’apparence attractive. Elle semble se perdre dans ses pensées quand elle parle, à la fois dans cette réalité et dans une autre, ses yeux vagues reprenant leur intensité que quand elle avait une question à poser, que sa fouille mentale avait été fructueuse ou pas.
“Intriguant. J’ai senti en toi l’âme d’un savant, surement le fruit d’années ... non, de siècles de connaissance, je serais prêt à parier. Tu mentionnes quelque chose qui a été scrupuleusement effacé, purgé de toutes chroniques, tout récit, toute légende. Seuls quelques rares bouquins ont probablement survécu à la minutieuse destruction de toute trace de notre existence, par nos ennemis tout comme par nous-même ....”
L’écarlate passa une main sur son menton, prenant la posture du penseur, ignorant son environnement, les passants, les oiseaux qui dorlotaient entre les branches des arbres du parc, les odeurs et les sons. Sa pleine attention était dédiée au mystère vivant qui croquait sa glace avec une innocence falsifiée. Que c’était grisant, d’essayer de résoudre cette énigme.
“Le Lemegeton. C’est le seul grimoire qui a échappé au contrôle des démons et a délivré notre existence aux humains de la terre. La Clé de Solomon, celui qui a dompté les diables. L’Ars Goetia fait partie d’un des chapitres de cet antique ouvrage, et décrit, de manière quelque simpliste et archaïque à mon goût, nos noms et nos rôles. À moitié vrai, mais pas vraiment. Le plus curieux est qu’il doit contenir nos sceaux pour faire appel à chacun de nous. Dois-je en conclure que c’est delà que tu détiens ta maîtrise de l’invocation infernale, même inconsciemment ? Quant à Lilith ... ou devrais-je dire, Dame Lilith ... c’est notre mère à tous, même si certains préfèrent prétendre le contraire.”
Décidément, il était fasciné par Rose. Elle cachait bien des choses, c’était évident même pour un mortel lambda sans grande intelligence, mais il sentait qu’elle était spéciale, très spéciale. Tel un papillon attiré par la lumière d’une lampe, il se sentait désireux de léviter autour d’elle, d’éplucher chaque couche de mystère pour enfin dévoiler ce qu’elle enfouissait derrière cet innocente attitude.
Sa main approcha le visage de Rose. Une créature farouche et prudente se serait reculée devant cette proximité, néanmoins il savait que la serpentine ne ressentait aucune hostilité venant du mâle infernal, qui malgré sa surprise mêlée de suspicion, n’avait pas pris d’attitude courroucée à son égard. Son pouce approcha alors les lèvres d’Ouroboros et, avec la pulpe de son doigt, il récolta un résidu de glace qui avait coloré la commissure de ses lèvres. Souriant cette fois-ci avec complicité, il porta son pouce vers sa bouche et en suça le contenu avec malice.
“Considère mon appétit comme ouvert. Et ma gourmandise doit rivaliser la tienne. Dis-moi, où as-tu acquis ces connaissances, ce savoir ? Quelles librairies, quels puits d’érudition as-tu dévoré ?”
Re: Démoniaque curiosité (pv Valac)
Posté : 20 oct. 2024 17:30
par Ouroboros
D'autres plans d'existence ? Voila quelque chose qui aurait piqué à vif la curiosité de la serpentine si elle n'avait pas été complètement obnubilée par ses intenses réflexions. Il est sans doute préférable pour le démon que cette notion n'ait pas été pleinement captée, cela n'aurait fait qu'allonger la liste des innombrables questionnements que la libraire se posait à son sujet. En dehors de son dessert glacé et de ses recherches mentales, la serpent avait pourtant fait preuve d'une paradoxale insouciance quant à ce savoir bien troublant qu'elle avait exposé aux oreilles de Valac. Au final, elle avait été plus intriguée par le contact de la langue du démon sur sa boule de neige aromatisée que part la profonde noirceur de ses inquiétudes à l'énoncé de l'Ars Goetia. Non, vraiment, allait-il se contenter d'une simple dégustation de sa langue ?
« Tu n'es guère un démon très gourmand. Je ne vais pas m'en plaindre~ »
Cela signifie qu'il y aura plus de glace pour elle, tout simplement. Et pendant sa dégustation, ses pupilles reptiliennes rencontrent un étrange regard froncé. Tiens donc ? A t-elle froissé son interlocuteur d'une quelconque façon que ce soit ? Intéressant, cette expression de 'maigre contrariété' chez le rouge tranche quelque peu avec son habituelle attitude enjôleuse. C'est une amusante vue qui plait à la serpent, elle aime voir les différentes facettes des individus qui savent attiser ses intérêts. Il dit pourtant que ce savoir dont elle se targue a été effacé depuis longtemps des registres historiques, qu'elle ne devrait pas être au courant d'une telle chose. Les informations dont il l'abreuve sont aussi énigmatiques que croustillantes. Il ne fait pas de doute que la libraire possède ce fameux grimoire, bien que dans sa nature présente, elle serait bien incapable de dire si elle l'a lu ou non.
« Le Lemegeton... »
A nouveau, la serpent se perds dans ses pensées. Sa nouvelle recherche est marquée d'un intime avertissement, un douleur qui se diffuse à travers son âme même. Pour trouver ce grimoire et se délecter à nouveau de son savoir, il lui faut retourner d'où elle vient. Dans son Royaume, dans l'antichambre de son existence, entourée de ses milliers de livres maléfiques. Dans sa distraction, elle consume son mets glacé sans réelle attention envers Valac, plongée dans une intriguante quoique infructueuse demande. La seule chose qui la ramène à cette douce réalité est ce contact soudain d'un pouce taquin sur la commissure de ses lèvres. Son regard prédateur capte à nouveau celui du démon et elle retrouve son sourire, amusée par la malice de son geste.
« Il semblerait que nous ayons beaucoup à apprendre l'un de l'autre~ »
D'un geste gracile, la serpent esquive le rouge pour reprendre sa marche, croquant au passage définitivement le reste de son cornet glacé. L'extrémité de sa queue de serpent glisse sur la joue de Valac, dans une sensuelle invitation à la suivre. S'éloignant des ruelles animées et des foules du marché, les pas de la libraire la mène à une fontaine bordée d'arbres, un petit espace vert où les badauds se font rares. Des pierres finement sculptées aux alentours constituent de parfaits bancs et c'est sur l'un d'eux qu'elle y trouve place. La libraire ajuste sa robe et croise sensuellement les jambes, n'attendant qu'une délicieuse créature infernale ne vienne s'installer à ses côtés pour dévoiler la suite de cette étrange histoire qui est la leur.
« C'était il y a quelques siècles, me semble t-il. Cette naïve et innocente humaine qui est venue dans l'espoir de sauver son village d'une malédiction. Elle s'est présentée aux portes de ce palace maudit, implorant les gardiens de lui venir en aide. Son impertinence aurait dû la conduire à la mort mais les érudits présents avaient de bien plus judicieuses idées. Ce repaire sombre aux milliers de grimoires maléfiques et de mages occultes est rapidement devenu sa prison, là où elle fut réduite au statut d'expérience cabalistique. »
Ses yeux prédateurs se perdent naturellement sur un oiseau qui daigne venir se poser à leurs pieds, probablement par habitude d'être nourri par les habitués des lieux.
« Et puis un jour, elle est parvenue à goûter au fruit de cette connaissance interdite. Elle a dévoré livre après livre, se délectant avec gourmandise de ce savoir le plus impie. Sa nature a été pervertie, son âme à jamais corrompue par ces viles connaissances. Poussée par une insatiable faim, elle a consumé autant les grimoires que ces innombrables mages, les croquant un par un jusqu'à ce qu'il n'en reste plus un seul. Ses crocs étaient devenus si longs qu'elle a fini par dévorer la totalité de la librairie, livres comme murs, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus une seule pierre. Jusqu'à ce que tout ne disparaisse à jamais et ne devienne néant. »
Un geste vif et sa queue reptilienne manque d'attraper la petite créature toute de plumes, qui s'envole précipitamment. Les brillantes pupilles émerraudes de la serpent reviennent vers le démon alors qu'elle s'amuse d'un bien carnassier sourire à son égard.
« N'est-ce pas une délicieuse légende pleine de moralité ? Même si son sentiment était noble, l'humaine a voulu acquérir un pouvoir auquel elle n'aurait jamais dû accéder. Au final, elle a consumé et s'est consumée pour l'éternité. J'imagine qu'il faut en retenir que la curiosité est un vilain défaut, ou qu'il vaut mieux vivre dans l'ignorance que de chercher ce qu'il ne faut pas~ »
La serpentine se penche lentement vers le démon, tâtant l'air proche de son visage avec sa langue fourchue.
« Qu'est-ce que tu en penses ? C'est une histoire assez crédible ou je devrais y ajouter quelques autres détails ? J'ai pensé à une dramatique tragédie familiale, ou alors une romance ratée. Que devrais-je ajouter pour rendre le récit plus excitant~? »
Son appendice se faufile en arrière-plan, l'extrémité finissant par venir taquiner la joue de l'infernal. La libraire s'amuse, la libraire joue sans véritablement y penser. Ce démon attire tellement sa curiosité qu'elle peut sentir son propre sang bouillir, son dévorant instinct lui demandant de 'croquer' ce flot de connaissances qu'elle ne possède pas. Une attitude de prédatrice qui la priverait pourtant d'un être dont la compagnie n'en est que délicieuse. C'est à la fois grisant et à la fois frustrant, de taire une telle demande. N'est-elle pas après tout une insatiable créature, condamnée à la gourmandise pour l'éternité ? Un peu comme dans cette histoire qu'elle a contée telle une abstraite légende.
Avec du vrai, avec du faux, avec les deux.
Re: Démoniaque curiosité (pv Valac)
Posté : 20 oct. 2024 22:45
par Valac
La curiosité de Rose semblait, pour un bref moment, avoir été satisfaite, ou plutôt simplement retardée l’espace d’une trêve. Elle remarqua qu’il n’était point gourmand. En soit, si elle le comparait à ses cousins démoniaques du Cercle de la Gourmandise, alors oui, il ne pouvait rivaliser avec les engeances voraces de Belzebuth, le seigneur des mouches. Ceux-là étaient des gouffres vivants, aveuglés par une faim insatiable qui les avaient métamorphosés en une parodie de gloutons si obèses qu’ils en étaient au bord de l’implosion. Un spectacle peu ragoutant.
“Oh crois-moi, Rose, ma gourmandise n’est pas nécessairement réduite à la nourriture. Mon instinct me dit qu’on partage un même appétit qu’on peut combler mutuellement.”
Sur cette remarque chargée d’insinuations, il suivit sa partenaire de promenade, non sans apprécier le rapide contact de cette queue tentatrice sur sa joue. Oh, elle savait jouer, c’était certain. Peut-être que cette activité soudaine et imprévue sera bien plus divertissante que sa séance de torture de ce pathétique paladin. Qui sait, peut-être qu’il l’inviterait à le rejoindre pour quelques méfaits et crimes de ce gabarit, la sentant plutôt réceptive à quelques activités jugées ... discutables, par les standards des sains d’esprit. Si tant est que la folie pouvait être décrite de manière aussi manichéenne et archaïque.
Ils se trouvent une place près d’une fontaine, où peu d’individus venaient s’y attarder, offrant un refuge tranquille pour y poursuivre leur étrange échange. Mauvais dans l’âme, comme tout diable qui se respecte, l’hérétique écrase son cigare contre la surface immaculée du bord de la fontaine, y abandonnant les restes fumants pour se noyer dans l’eau claire et translucide.
“Voici donc ma pièce pour porter bonheur. Elle n’est pas très reluisante, mais je trouvais les lieux un peu trop ... mondains et ennuyeux.”
Le génie du mal convertit en romantique compagnon du jour vint se placer aux côtés de la serpentine, retirant sa veste pour la plier contre ses genoux, dont l’une des jambes se croisa au-dessus de l’autre dans une posture d’assurance nonchalante. Valac et Ouroboros étaient soudainement les maîtres de cette place, ayant clamé leur territoire. Le monde semblait être d’accord, car aucune créature ne vint déranger leur petite oasis, et l’oiseau qui osa s’aventurer à leur périphérie fut presque happé par le harpon qu’était la queue de la libraire.
Bon écouteur, il se mura dans un silence attentif tandis qu’elle racontait son récit. Une légende, une saga en quelque sorte, comme un conte raconté par des paysans à leurs enfants pour leur inculquer une quelconque morale. L’histoire contenait souvent un monstre, un méchant, la chose à laquelle se méfier. Valac avait l’amusante idée que cette chose terrifiante était la belle créature qui minaudait à ses côtés.
“Hm. L’éternelle ironie de l’existence. Toute créature dotée d’intelligence, toute civilisation naissante cherche le savoir. Par le savoir, par la découverte, la vie gagne un sens, des portes s’ouvrent, des voiles se lèvent. Le ciel devient moins obscur, les forêts moins hostiles, la vie moins lugubre ... mais à trop vouloir savoir, on risque de creuser trop profondément.”
L’exilé ne se soustrait pas à l’approche de Rose, la laissant goûter de sa langue les phéromones qui émanaient de chaque parcelle de son corps, comme une kyrielle d’indices sur son être. Quand sa queue vient caresser son menton, il s’empresse de la prendre en main, dans une prise douce et attentive, caressant du bout de ses digitales les écailles dont il devinait la sensibilité malgré leur solidité.
“Le voile qui sépare le monde dit saint d’esprit peut être très mince, susceptible d’être arraché par les ongles d’une main impatiente et trop curieuse. Alors, des bibliothèques furent ravagées dans les flammes par des fanatiques. D’autres, encore, furent jetées dans un fleuve si bien qu’il en fût noirci. Apprendre ou ne pas apprendre. S’isoler dans l’autarcie de l’ignorance bénite, ou plonger dans l’abîme d’un savoir cosmique ? Peut-on réellement répondre à cette question avec assurance ? Un savant exalté et illuminé n’est-il pas un fou aux yeux de l’ignorant ?”
Il divague, il divague. Ou peut-être pas. Il joue la même mélodie que celle d’Ouroboros, en habile caméléon social. Il valse avec elle dans sa symphonie, parvenant à comprendre la logique dans l’illogique, le mensonge dans le vrai, l’invraisemblable dans l’évident. Dans son récit, il avait eu sa réponse, partielle mais suffisante. Il savait à quoi il avait affaire et ce qu’elle représentait. Elle était comme un astre dont le champ de gravité l’attirait jusqu’à elle, mais lui était la météorite qui, allégrement, venait s’écraser pour provoquer le plus exquis des feux d’artifice.
“Tu souhaites rendre ton récit plus excitant ? La réponse est sous tes yeux, ma belle amie. Il suffit de créer de nouvelles expériences pour embellir ton histoire. Chaque artiste à son inspiration ... sa muse.”
Ses lèvres se posèrent sur la queue aventureuse d’Ouroboros, puis ses dents, sans pour autant mordre, se font sentir contre elle. Une bouchée, une invitation. Elle avait parlé de gourmandise, et lui voulait la croquer aussi.
“Dévoreuse de grimoires, je suis un livre rare et exotique. Si tu veux en feuilleter le contenu, il faudra commencer par en retirer la couverture ... et je me sens d’humeur à vouloir tromper mes doigts dans l’interdit aussi.”
Re: Démoniaque curiosité (pv Valac)
Posté : 27 oct. 2024 21:52
par Ouroboros
Oh ces vilains démons. Elle a autant éprouvé de curiosité envers eux que du désintérêt. Pourquoi ? Sans doute parce qu'elle en sait trop, beaucoup trop à leur sujet. Ses grimoires impies recèlent après tout d'un savoir très en lien avec les mondes infernaux et leurs occupants, pour la majeure partie. C'est une connaissance qui est devenue commune à ses yeux, pour ne pas dire redondante. Pourtant, quelle chance n'a t-elle pas d'être tombée sur ce délicieux démon nommé Valac ? Un diable à la peau rouge et aux plaisants traits, dont la séduction n'a de commune mesure que l'intelligence ? Il n'est pas un cornu brutal et arrogant, bien au contraire. Il émane de lui quelque chose d'onctueux dont la libraire n'est pas sûre de pouvoir se passer.
Ses manigances pour souiller ce lieux et le teindre à ses valeurs avaient fait sourire la serpentine. En soit, elle n'y avait pas réellement vu d'outrage. Sans spectateurs pour s'en offusquer, cela ne reste qu'une inexistante malice. La conséquence est bien la délicieuse somme de tout méfait, n'est-ce pas ? Mais le démon se rendrait bien compte tôt ou tard de la moralité étriquée de sa compagne. Ni mauvaise ni bonne, la serpent vogue sur les flots de la moralité au gré de ses désirs et surtout, de son amusement. Est-ce là à dire qu'elle ne rejoindra pas le démon dans ses innombrables méfaits ? Comment pourrais t-elle refuser la moindre offre de sa part ? Elle est pratiquement pendue à ses lèvres, envieuse de la moindre de ses tonalités, du moindre de ses verbes.
Et ces paroles ! Cette façon qu'il a de s'exprimer sur cette folie que constitue le besoin du savoir est absolument succulente. Pour la serpentine, c'est la garantie d'une inénarrable dopamine consumée en boucle. Il n'y a pourtant pas que cela qui lui plait, il y a aussi ces malicieuses manipulations sur l'extrémité de sa queue reptilienne, sensible et pliable au toucher. En vérité, les plus robustes écailles de la créature se situeraient plutôt sur les plus imposantes largeurs de son appendice. Le rouge peut facilement constater que la fine partie qu'il capture de ses doigts est loin d'être parsemée de rugueuses écailles. Tel un charmeur de serpent, les doucereuses notes de son timbre attisent l'intérêt d'une reptile déjà bien habilement hypnotisée. Que lui manque t-il pour assurer définitivement cette séductrice emprise qui est la sienne ?
La traiter de muse ? Mordiller l'extrémité de sa queue ? Se délecter de ses paroles embellies de sous-entendus ? Oh, la libraire est bien étonnée de son attitude, mais la stupeur n'est rien face à la joie qui envahit son corps. Alors elle s’éprend d'un incontrôlable rire, telle une enfant terriblement amusée par de bien enfantins jeux. Ses deux mains attrapent le visage du rouge, encadrant ses joues pour regarder au plus près ce si fascinant faciès. L'urgence soudaine de son geste se marie à merveille dans le brillant chaos qui illumine ses émeraudes prédatrices, quelque part à mi-chemin entre le désir pur et l'intense curiosité. Sans oublier un zeste de lancinante folie.
« Hahaha ! Je n'ai encore jamais rencontré un démon dans ton genre, tu es vraiment unique ! Je te veux, Valac ! Je veux ce succulent démon que tu es, je veux ce savoir que tu possèdes, cette malice qui est la tienne, cette chair si délicieusement rougie ! Je veux posséder tout ça ! »
Elle rit, elle rit encore, surplombant légèrement son exquis mets. Ses ongles serrent la peau de ce joli visage bien trop charmeur, laissant sa longue langue bleutée glisser sur les lèvres de la créature. Lentement, sensuellement, juste pour pleinement goûter à sa démoniaque saveur. Telle une prédatrice dirigée par sa plus profonde gourmandise, qui semble vouloir croquer cette proie sans pour autant y plonger ses crocs. La libraire n'insiste pourtant guère, se reculant sitôt sa petite dégustation effectuée. Comme si elle s'était souvenue qu'elle ne pouvait pas dévorer sa proie tout de suite, pas comme ça, pas ici.
« Tu m'obsèdes beaucoup, Valac le démon. Cette intelligence qui est la tienne me plait, j'ai l'exquis sentiment que tu pourrais me distraire durant d'innombrables décennies. Mais tu devrais faire attention à ce que tu souhaites, ô vil infernal... »
Sa queue ondule, se déplace pour entourer la taille de son compagnon. Un emprisonnement possessif qui n'est pas assez fort pour briser sa stature, bien qu'il reflète sans mal la teneur des intenses désirs de la serpentine.
« Je dévore les livres comme je dévore mes proies, d'une seule bouchée. Ce qui gâche bien souvent le plaisir de la dégustation, aussi... Je te suggère de trouver une autre comparaison~ »
La libraire s'amuse, la libraire joue. Rarement a t-elle été autant stimulée par un être durant ces dernières années et il est bien difficile de décrire son état d'esprit actuel. Oh, il ne fait nul doute que sa nature viciée pourrait dévorer cet infernal pour sustenter cette faim abyssale qui a toujours été sienne. Faire une telle chose lui garantirait la pleine possession de cet individu, corps, âme et savoir au détriment de son unicité, de son existence réelle. Mais le chaos qui règne dans sa tête, la chaleur grimpante de ses chairs offrent également une parenthèse moins dramatique, pour pas dire plus exotique. Cette fougue qu'elle ressent à l'encontre du démon est seulement retenue par le côté inapproprié des lieux, notamment l'inconfort de ce banc de fortune sur lequel ils se trouvent. Sans oublier que d'innombrables questions voguent encore dans sa psyché, des interrogations cruciales dont seul le démon possède les réponses.
Que faire de lui en cet instant ? Que faire d'elle-même ? La folle prédatrice l'ignore. Pour l'instant.
Re: Démoniaque curiosité (pv Valac)
Posté : 28 oct. 2024 19:34
par Valac
Il avait prévu que ses mots, ses gestes, la façon dont il avait pianoté ses doigts habiles le long de sa queue reptilienne, le ton de sa voix mielleuse comme un vin empoisonné, tous ses subterfuges naturels aient de l’effet sur celle qui semblait vouloir rivaliser avec les fils de Belzebuth tant sa faim était aussi profonde que la gueule d’une déité d’ogres primitives. Néanmoins, peut-être que son effet fut un tantinet trop efficace, aiguisant l’appétit d’un dragon qui jusqu’ici c’était armé de patience derrière les ombres de son antre. Maintenant il s’était dévoilé comme la plus exquise des délicatesses, un fruit défendu qui était tombé à ses pieds. Il s’était installé sur un plateau d’argent, imbibant les narines de la sorcière avec le parfum de sa lasciveté infernale, sa corruption aux effluves appétissantes, son âme noircie par sa nature et par ses actes. Valac était la drogue intense, l’ambroisie captivante qui, une fois consommée, ne pouvait plus jamais quitter le palet du fou ou du bienheureux qui l’aurait croqué avidement.
Et Ouroboros semblait bien prête à l’engloutir en entier, peut-être même littéralement à en juger par son regard. Ce regard, ces yeux, ces iris. Par l’Outremonde, le diable pouvait s’y éterniser dans une contemplation qui rivaliserait avec celle des astres nocturnes, à plonger dans cet océan de tumultes d’émotions, ce maëlstrom de cataclysmes et de calamités entravées dans l’enveloppe charnelle d’une femme séduisante. Oui, il pouvait deviner davantage ce qu’elle était, ou plutôt ce qu’elle gardait enfermé en elle. Ce savoir interdit. Cette magie innommable et brute. Ce vortex insatiable qui engloutirait tout, tout !
Il devait fuir. Il devait se libérer de son étreinte et prendre la porte de sortie la plus immédiate. Il devait la poignarder et camoufler ses traces, qu’elle ne puisse plus jamais le retrouver comme toutes les légions qui ont tenté en vain de le traquer comme le plus rare des gibiers. Elle était dangereuse, extrêmement dangereuse. L’hérétique sentait en elle une force destructrice, divine même. Tout en elle criait l’anéantissement, l’annihilation par simple caprice, le vide absolu hanté uniquement par ses rires déments et la promesse d’une éternité d’existence factice, de vie falsifiée, à la merci de ses moindres désirs.
Ce devait être en tout cas la réaction instinctive d’un être sain d’esprit. Or, notre terrible malfaiteur, ce démon sans pouvoirs qui a pourtant gagné l’inimité des plus grands des anges et des plus infâmes des démons, ne pensait pas comme un simple mortel. Là où l’oeil torve d’une entité aussi vieille que l’univers le scrutait, lui ouvrait les bras pour accueillir sa folie.
Vicieux et joueur, il ne manqua pas de réagir aussitôt au cout de langue sensuel de Rose en sortant la sienne, venant prendre contact avec sa jumelle brièvement. Tous deux étaient loin de jouer aux règles conventionnelles de la cour. Loin d’être intimidé, il plongeait tête la première dans son ouragan d’euphorie ardente.
“J’ai des choses à te montrer. Des choses que les autres ne peuvent apprécier à leur juste valeur. Parmi nous vivent des êtres aux pouvoirs incommensurables, des titans, des légendes. Pourtant, aucun, aucun n’a l’ambition ou la volonté de changer les choses. Tous se contentent de l’ordre des choses, des règles qui régissent le monde matériel et immatériel. Mais pas moi ...”
Ne cherchant pas à se défaire de l’emprise de la queue qui s’était enroulée autour de sa taille, il glissa en avant sur le banc, écrasant le peu d’espace qui les séparaient pour coller son corps parfumé, solide, brûlant même, contre la mystérieuse charmeuse de serpents. Ses yeux reprirent leur emprise sur ceux de Rose, cette fois-ci c’était les rôles qui s’inversaient, car il était le cobra au regard hypnotique, même dans son état de prisonnier volontaire.
“Je veux briser les statuquos. Je veux bouleverser la paix et faire gronder les éléments. Je veux piétiner les monarchies qui croupissent dans leur stabilité, je veux corrompre ceux qui prétendent être intouchables. Je veux vider les Enfers de leurs tenanciers et embraser le Paradis dans le chaos de l’anarchie. Je peux que les Dieux soient renversés de leurs trônes et surtout, surtout ...”
L’écarlate à la balafre cousue murmura cette dernière phrase sur un ton si bas qu’il contrastait avec la ferveur de son petit discours, le ton de la complicité, comme si cette partie était la plus secrète de son dialogue.
“... je veux être aux premières loges et trinquer devant le chaos. Je veux pleinement embrasser ma nature, mes désirs, mes pulsions. Je veux applaudir et danser par-dessus les miettes de notre univers à mesure que je le remodèle et le façonne à ma guise comme un jouet.”
L’exilé de la Goetia ricana doucement, un rire fluide résonnant dans son torse. Elle pouvait le sentir, à travers son corps, ce coeur battant, qui résonnait comme un tambour de guerre, comme la mélodie d’une cavalcade qui allait écraser le monde sous ses sabots. Ce démon sans pouvoirs avait l’ambition du plus insensé des aliénés, mais la confiance qu’il exprimait en ses capacités était tout sauf trompeuse.
“Désires-tu me prendre la main et marcher avec moi pour témoigner de mes prophéties fiévreuses ? Désires-tu m’engloutir jusqu'à la dernière miette ou préfères-tu danser avec moi dans cette symphonie dont nous serions les chefs d’orchestre ? Souhaites-tu me faire disparaître d’une morsure et en finir avec ce jeu, ou veux-tu brûler entre mes bras jusqu’à ce que notre flamme engloutisse les cieux ?”
Re: Démoniaque curiosité (pv Valac)
Posté : 07 nov. 2024 14:07
par Ouroboros
Ce démon n'est pas comme les autres, la serpentine le sait. Dans ses grimoires, dans ses antiques livres, les engeances infernales ne pensaient qu'à détruire ou corrompre l'univers, sans la moindre apparente réflexion derrière leurs actes. Agissant sous l'impulsions de leurs plus profonds vices, suivant simplement leurs désirs malsains. Valac n'est pas si différent, si ce n'est qu'il possède une grande intelligence que la libraire apprécie plus que tout. Il n'est pas secret qu'elle possède un faible pour les créatures dotée d'un minimum de cervelle. Le savoir, la perspicacité, l'érudition sont pour elle bien plus délicieux que les plus exquises friandises. Tant qu'elle éprouvera de la curiosité envers une proie (mais aussi de l'amusement), jamais elle ne refermera ses crocs sur elle.
Alors la serpent boit les paroles du rouge avec un carnassier sourire qui déforme ses lèvres, se délectant du moindre de son verbe avec une folie grandissante. Se rends t-il compte de ce qu'il est en train de dire ? Chacune de ses phrases attise la moindre fibre du corps vicié de la reptile. Physiquement comme mentalement, elle tremble, elle vacille. Le rouge dit qu'il veut plonger l'univers dans le chaos et ses mots courent sur l'échine de la libraire tel d'intenses courants électriques. Il est fou, se dit-elle en le toisant de ses émeraudes brûlantes d'intérêt. Et elle aime ça, cette idée d'anarchie. Elle aime ça, cette volonté de bouleverser les ordres. Elle aime ça, cette prétention qu'il a d'être l'instigateur et en même temps l'observateur. Oh non, il n'est pas comme les autres, elle le sait. Elle le sent.
Le vil démon se rapproche, son regard bicolore aussi hypnotisant que dangereux. La serpent est complètement subjuguée par le timbre de la créature, par ce chaos qu'il prétends pouvoir engendrer. Ô vil Valac, sait-il l'idiotie dont il vient de faire preuve ? Il n'éveille chez la reptile non pas seulement une incommensurable faim, mais aussi d'étranges pulsions qui échauffe son corps autant que son esprit. S'il pouvait goûter ses phéromones, il saurait. L'expression de la libraire est extatique, elle a l'impression qu'elle pourrait fondre simplement en l'écoutant proférer ses menaces à l'encontre du monde. La lèvre pincée entre ses crocs, son souffle est désormais chaud, sa peau excitée. Dans ses yeux, le désir, l'envie, la folie. Il a des choses à lui montrer, c'est ce qu'il a dit.
Alors elle rit, dans cette insanité qui est la sienne, laissant parler ses pulsions maladives en embrassant ce démon déjà bien trop proche. Un réel contact de leurs lèvres cette fois, qu'elle puisse pleinement goûter à ce rouge si étrange. Sa langue serpentine glisse contre une consoeur moins longue mais toute aussi agile dans un ballet aussi intense que sauvage. Excitée, affamée, elle le dévore avec gourmandise sans le croquer, suivant ses plus abstraites envies, désobéissant aux abysses de sa faim primaire. Son organe danse, ce baiser s'enlise jusqu'à ce qu'elle en perde haleine, toujours munie de ce carnassier sourire. Une étreinte qu'elle délaissera quelques instants, ne serait-ce pour pouvoir murmurer quelques mots de sa voix ardente, séductrice.
« Tu es fou, ô Valac le démon. Mais tu n'as pas idée à quel point cette folie me plaît. »
Elle goûte à ses lèvres, encore. Sa queue serpentine délaisse légèrement le rouge, libérant le prisonnier pour l'heure. Ce désir de le dévorer âme et chair, cette envie de le posséder tout entier, ne sauraient outrepasser cette exquise curiosité à son égard. Il n'y a que si Valac est pleinement Valac qu'elle ne sera satisfaite, elle le sait. La reptile ne peut pas juste se contenter de ses connaissances, de sa chair. Sa psyché étriquée désire voir, constater, s'amuser avec gourmandise de la présence du démon. Ne sera t-il pas plus délicieux s'il est libre de ses mouvements ? Plus intriguant ? Plus surprenant ? Avec lui, ô avec lui... L'ennui ne sera jamais qu'un bien lointain sentiment.
Son visage s'écarte de nouveau, laissant cette langue désormais terriblement humide s'échapper de ces délicieuses lèvres. Des bras qui étaient venus entourer le cou de l'infernal laissent glisser des griffes dans son dos, remontant fiévreusement jusqu'à sa nuque. La reptile ne cache aucunement ses bouillants troubles, dévorant le rouge d'un regard qui en dit long sur ses intentions. En temps normal, elle aurait eu peur de le croquer sans le vouloir, poussée par sa nature viciée de créature inhumaine mais pas ici. Le vil démon est parvenu à la charmer, à la soumettre à cette divine hypnose tel l'indicible séducteur qu'il est. C'est amusant, c'est intriguant, c'est excitant ! Elle se lèche les lèvres, goûtant encore à ce délice démoniaque non sans déjà en désirer davantage.
« Tu as ma pleine attention, ô bel infernal rouge. Montre moi des choses. Divertis moi. Je suis impatiente de voir toute la teneur de cette folie qui rôde dans ta tête prendre vie~ »
Encore, elle rit, ses pupilles prédatrices rivées dans les siennes. Ce charismatique démon est si unique, si émoustillant qu'elle n'est plus que frissons et tressaillements. Qu'est-ce qu'il s'apprête à dire, à révéler ? Qu'est-ce qu'il s'apprête à faire, à accomplir ? La reptile veut savoir, veut vivre ce que le rouge a à offrir, veut être surprise. Oh, quelle que soit son entreprise, elle sera pendue à ses lèvres, accrochée à son bras et bien plus encore. Prête à le suivre dans ses pensées déviantes sans la moindre hésitation, complètement obnubilée par lui. Il est si délicieux, si exquis, elle ne peut tout simplement pas se passer de sa divine présence. Et ce n'est que le début, espère avidement la serpent.
Re: Démoniaque curiosité (pv Valac)
Posté : 08 nov. 2024 20:01
par Valac
Qu’était-ce donc la folie, tout compte fait ? Qui avait l’autorité pour juger qui est fou et qui est sage ? Il y’avait des récits anciens, antiques, aussi vieux que l’aspect primaire de la peur née des hommes primitifs qui craignaient l’obscurité de la nuit, les temps où le feu n’avait pas encore été dompté et où le noir recelait mille et une horreurs. On parlait d’un savoir si terrible et si incommensurable que la fragile psyché d’un mortel cédait instantanément comme le plus fragile toit de verre frappé par la chute d’une brique. Les plus chanceux de ces victimes périssaient, leurs corps cessant de répondre à l’inflammation de leur cerveau brisé. Le cœur s’arrêtait, les membres se paralysaient et une miséricordieuse mort achevait le malheureux. D’autres, en revanche, traînaient avec eux ces ultimes et terribles révélations, quand la fine couche de la réalité était déchirée pour délivrer le spectacle abject de ce qui grouille au coin des yeux, ce qui se terre derrière la peau.
Ouroboros était l’incarnation même de ce mythe, de cette morale de l’histoire. Elle était la flamme terrible qui consumait tout, la bougie qui avait brûlé si intensément qu’elle en avait faire fondre sa cire et pourtant, elle brûlait encore, retenue par l’infinie portée de ses pouvoirs interdits. Quels grimoires uniques et puissants Rose avait dévoré ? Quelles divinités aux noms perdus dans les éons avait-elle incarné ? Quelles calamités pouvait-elle déchaîner sous un caprice ?
Elle était folle. Non, c’est ce que diraient ceux qui ne pouvaient voir au-delà de son apparence et de ce qui se trouvait derrière ses yeux aussi brûlants que les folkloriques feux follets qui attiraient les perdus et les voyageurs dans les forêts sombres. Aux yeux de Valac, elle était beaucoup plus que ça. Son parfum obscur, son sourire de prédateur, sa prestance naturelle, son aura dominatrice ... quelles terribles, terribles choses pouvaient-ils faire, ensembles. Oh, que d’images en tête, que de portraits terrifiants, excitants, à en faire frémir le plus expérimenté des monstres. Il y’avait tant de choses qu’il souhaitait lui montrer, car il savait qu’elle, cette reine des serpents, cette archimage aux multiples secrets, elle, Rose. Elle comprendrait, et apprécierait.
Il eut sa réponse, et quel délice ce fut. Elle se jeta sur lui, le dévorant dans un baiser qui n’avait ni retenue ni patience, un composé de fougue et de passion brute. Ses ongles griffus avaient labouré la chair de son dos, lui arrachant des frissons de délice, et si ses bras étaient encore cernés par les anneaux de sa queue reptilienne, il répondit avec autant d’impatience et d’ardeur à ce baiser endiablé, lui offrant une danse où leurs langues valsèrent l’une avec l’autre sous la mélodie de leurs gémissements et respirations étouffées.
Leurs caresses s’arrêtent l’espace d’un instant, et seul un indécent fil de salive vient brièvement lier encore les deux bouches rougies par la fureur de leurs désirs. La splendide créature lui susurre des mots emprunts du plus intense des désirs, et il aurait été bien sot d’ignorer tels mots. L’impardonnable hérétique sourit à son tour, et pour toute réponse vient porter une main libérée vers le visage de la belle aux yeux spectraux, caressant avec un pouce la douceur de sa peau, puis descendant pour glisser contre ses lèvres, dévoilant ces crocs longs et pointus qui auraient fait frémir un prudent personnage, mais qui attisaient d’autres passions chez celui qui avait été exilé des Enfers.
“Je veux aussi te découvrir ... en profondeur. Parcourir chaque couche qui t’enveloppe, l’arracher doucement avec le bout de mes dents, et me surprendre encore à découvrir les astres qui vivent en toi, les gouffres inépuisables de ton âme, les sommets de ton imagination.”
Avec une attention particulière, sa seconde main se porta vers le cou dévoilé de sa partenaire, l’enserrant avec la douceur d’un amant assassin, ses doigts cramoisis, forts et agiles, formant un bracelet écarlate à l’étreinte bien réelle. Un danger, peut-être, mais le risque était aussi ce qui les avaient fait orbiter l’un autour de l’autre. Son pouce continuait à palper les lèvres de la libraire, la pulpe s’aventurant sur la pointe acérée d’un des crocs de serpent.
“Partageons ensemble ce que nous avons de précieux, lions-nous dès maintenant corps et âme. Je t’offre mon sang. Une goutte, une simple goutte, et je sais que tes pouvoirs te permettront de voir l’espace d’un moment, comment je vois l’univers autour de moi.”
La chair de son doigt s’appuya davantage contre la canine reptilienne, et le fluide vital en surgit, chaud, métallique, puissant. Quand, inévitablement, le sang sera assimilé par la sulfureuse sorcière, elle pourra grâce à sa nature eldritch, voir des scènes, des spasmes de visions derrière le miroir du diable balafré. Un ouragan d’images, de sons et d’odeurs, mais surtout les étranges scripts de ses pensées, le courant de sa logique et la frénésie de ses yeux aussi prédateurs que les serpents qu’elle domptait.
Elle vit le parc où ils s’étaient déplacés et comment il avait repéré ce que personne n’aurait pu remarquer. La bosse derrière la partie gauche du manteau d’un noble, trahissant une arme cachée, comment ses gardes du corps suivaient ses pas dans un rythme calculé, quelle distance pour lui porter un coup, lui glisser une malédiction pour condamner sa famille et ses proches. L’emblème d’une guilde de banquiers sur l’anneau d’un nain installé sur un banc, et son statut parmi ses paires à la longueur exacte de sa barbe et au nombre de chevrons sur son justaucorps, et comment il pouvait contaminer son sac pour qu’un mal se propage dans la banque, entraînant une chute économique du pays. Comment la moustache d’un passant était plus courte sur le côté gauche, trahissant une consommation d’une drogue particulière avec une pipe, et comment sa posture révélait qu’il avait une blessure ancienne qu’il pouvait exploiter, et que son allure et son langage corporel indiquaient qu’ils étaient de mèche avec des criminels hauts-placés et qu’elle était le meilleur moyen de l’approcher pour entrer en contact avec eux ...
Chaque opportunité était étudiée. Chaque ouverture. Chaque possibilité. Le démon avait été éduqué, entraîné, endoctriné à être un comploteur, un instigateur, à pouvoir ruiner des gouvernements et détruire des royaumes à lui seul, à avoir l’œil du détail et au-delà. Tant de possibilités, tant de futurs à créer ou détruire, tant de scénarios à forger, d’événements à bouleverser, être l’architecte même du Destin ...
Puis, aussi soudainement qu’elles étaient apparues, les visions s’évanouirent. Lascif et séducteur, le démoniaque sir traîna avec une lenteur exagérée son pouce blessé le long de la langue fourchue d’Ourobors, prolongeant ce contact, plein de promesses brûlantes, ces promesses qui n’ont besoin d’aucun mot, qui ne sont prononcées qu’à travers les soupirs de la passion et les râles de l’extase.
“Et si tu nous transportais vers un refuge qui nous permettra de mieux faire connaissance, hm ? Je crains que les mots ne suffisent plus pour exprimer ce que tes yeux m’appellent à te faire, et ma patience comme ma retenue se flétrit à chaque instant passé à tes côtés.”
Ponctuant souvent ses mots par des gestes comme le grand communicateur éloquent qu’il était, il pencha son visage vers elle pour souffler sur une de ses longues oreilles, un souffle chaud et empreint de serments.
Re: Démoniaque curiosité (pv Valac)
Posté : 10 nov. 2024 14:56
par Ouroboros
Rarement la femme-serpent n'a éprouvé un tel intérêt pour une créature, fut-elle démoniaque. Et chaque seconde passée en sa présence est une constante torture pour la reptile, qui ne cesse d'en désirer davantage. Elle le veut, tout entier, âme et chair, mais pas au point de restreindre sa personnalité, ses libertés. Elle veut continuer à être étonnée, à être surprise, dans la limite de ce que ses plus possessives pulsions peuvent bien admettre. Le vilain démon s'intéresse à son visage, à ses crocs de serpent pourtant synonymes de danger. Il n'a pas peur, il ne la craint pas une seule seconde et elle n'en attendait pas moins d'un être aussi croustillant. Ses paroles sulfureuses font réagir la libraire, attisant davantage sa curiosité la plus viciée. Oh qu'elle aime ce doux verbe qui s'échappe de cette gorge démoniaque, cette promesse de la découvrir et sans doute, d'explorer les profondeurs de son être corrompu. La promesse inaliénable d'une ultime possession.
« Il y a des savoirs qu'il vaut mieux guère ne pas posséder, beau démon~ »
Un rire glisse de ses lèvres entrouvertes, un rire qui meurt et s'étrangle entre ses crocs sous l'effet de phalanges étroites. L'instinct de la prédatrice s'éveille face à cette étrange, charmeuse agression, ses pupilles reptiliennes brillent d'une lueur dangereuse. L'être vicié dont elle partage la nature s'offusque face à ce risque, cet enserrement qui restreint une partie de ses facultés vocales et vitales. Mais la serpent, dans toute sa plus profonde folie, s'amuse de toute la langueur de ce geste opportun. Elle savoure la moindre pression de ces phalanges, se délecte de cette grisante sensation d'inconfort, de cette délicieuse souffrance qui lui rappelle à quel point elle est une créature vivante.
L'offrande de ce fluide carmin démoniaque est paradoxalement l'acte le plus risqué de leur sensuelle étreinte. D'une simple dégustation sanguinolente, le rouge en a fait une expérience qu'elle n'était pas censée accepter. En appeler à sa nature viciée et non à sa propre personne est là toute la teneur de son erreur. Aussi, quand la reptile se plie à son petit jeu et découvre ces extraordinaires visions, ces multiples calculs étriqués et ces innombrables possibilités, elle outrepasse ses propres limites, elle viole ses propres barrières mentales. Son visage se crispe d'une expression bien moins plaisante, montrant la résistance de son esprit face à une telle demande. Comme si elle déguste pour la première fois le plus amer des desserts, le café le plus noir qui peut exister dans ce vaste univers.
Là où se trouvait avant un sourire, existe désormais un rictus d'irritation adressé à cette vilaine créature. Ses dents s'écartent, ses crocs s'allongent, et sa langue se dépêche de déguster ce liquide rougeâtre si gentiment offert. L'organe entoure le pouce, sillonnant la peau jusqu'à s'enrouler autour de la main. Un râle de frustration émane de sa gorge, luttant contre ses plus horribles désirs, contre sa plus terrible gourmandise. A t-il la moindre idée de l'épreuve à laquelle il la soumets en cet instant ? Et ce ne sont pas ses manigances à l'encontre d'une de ses oreilles qui arrivent à adoucir son amertume. Ses longues phalanges viennent glisser sur le visage du rouge, entourant ses joues non sans marquer la peau de ses ongles pour le forcer à reculer. Elle veut voir ce visage. Planter son regard dans le sien. Montrer à quel point elle est irritée par son geste.
« J'aime goûter aux choses en temps et en heure, Valac le démon. Ne me montre pas ce que je veux découvrir, ô vile créature... »
Dit-elle, après avoir récupéré son long organe. Oh, douce ironie de chercher le mystère quand elle reçoit des réponses, bien tout cela ne soit qu'une misérable justification sans substance. Elle veut voir les choses, apprendre les choses par elle-même, pas en se reposant sur sa terrible nature, sur son être corrompu aux pouvoirs bien trop grands. Aussi pour l'heure, elle va oublier ce qu'elle a perçut, elle va effacer de sa mémoire ces visions, ce calculateur savoir. La libraire se penche au dessus du rouge, léchant ses lèvres avec une gourmandise retrouvée, un sourire récupéré. Les ongles de ses pouces sillonnent le dessous de ces yeux démoniaques, de ces pupilles bicolores.
Des runes apparaissent à même le sol, brûlant la terre comme la pierre dans de sombres miasmes, dans une noirceur rappelant leur précédent voyage. Obscurité soudaine et abyssale, absence de sens, absence de tout. Un clignement d'yeux et le ciel disparait, n'offrant qu'un plafond de marbre aux intrigantes décorations. Quand à ce banc de pierre, il s’affaisse pour devenir un confortable matelas aux draps soyeux, parfumé dans des essences semblables à du jasmin. La pièce est grande, immense, façonnée à la manière d'une chambre Royale avec d'innombrables meubles luxueux. La demeure d'un ancien mage sombre de grande importance, l'une des suites les plus luxueuses de la librairie interdite. Car tel est le lieu dans lequel il se trouve désormais. Quelque part sur Terra, ou sans doute quelque part entre les lignes. La serpent n'en est pas sûre elle-même.
« Est-ce que cet endroit est à ton goût, Valac le démon ? Mon antre, mon repaire, accueille rarement des visiteurs, sais-tu ? »
La femme-serpent se targue de sous-entendus, l'extrémité de sa queue glissant dans le dos du rouge pour venir lentement, sensuellement entourer son cou, reflétant le geste malicieux de la vile créature. Possessive et dangereuse, elle attire le visage du démon de ses phalanges, de son appendice reptilien pour se délecter de ses lèvres, de sa langue, encore. Bien qu'il y ait un empressement primaire dans cet acte, un zeste d'urgence sauvage qui reflète autant ses désirs que ses étranges pulsions viciées. Perdre haleine encore avec lui, coller son corps contre le sien, et se retenir de le croquer comme une délicieuse friandise... N'est-ce pas subtilement grisant ? Mais son emprise est facile à briser s'il le désire, car au plus profond d'elle, elle ne désire trop le restreindre. N'est-il pas après tout la plus succulente des créatures quand il arrive à la surprendre ?
Re: Démoniaque curiosité (pv Valac)
Posté : 13 nov. 2024 19:15
par Valac
La réaction était difficilement prévisible, mais c’était un risqué qu’il avait amplement accepté dans son arrogance hautaine. Valac n’était point devin, il n’avait pas le don de prophétiser les gestes et paroles d’une quelconque créature à la manière d’un oracle des temps antiques. L’omniscience n’était pas dans son champ de compétences et, qui plus est, il était assez futile et naïf de prétendre anticiper ce qui était clairement une instable alchimie de pouvoirs dévastateurs et d’esprits en conflits, l’humaine avec l’innommable. Mais pouvait-il simplement s’en empêcher ? De tâter parmi les fougères et les ronces, à la quête de quelque chose, quelle qu’elle soit.
Valac était tel un garçon vivant dans une petite hutte de terre cuite au cœur d’un désert. Le monde autour de lui était un amas de sables et de mirages, de chaleur étouffante et de stagnation. Alors, il s’amusait avec les scorpions qu’il retrouvait, cachés sous les ombres salvatrices d’une pierre ou d’un mur. Le jeu pouvait alors commencer, ce jeu du destin, ce jeu de fou et d’audace. Attraper le scorpion, le harceler, le tirer par les pattes et surtout, surtout, éviter de se faire piquer par le dard noir et luisant de venin. Parfois, le dard touchait sa cible, et le diablotin en souffrait les conséquences. La fièvre brûlante et délirante de son insolence, les conséquences de sa débauche, d’avoir joué avec ce qui était interdit.
Et toujours, toujours, quand la fièvre retombait et qu’il survivait cette ordalie de l’existence, il replongeait dans son jeu, cherchait un nouveau scorpion, désireux de lui arracher les pattes et le laisser sécher sous le cruel jugement du soleil, ou le garder comme animal de compagnie, qu’importe. L’important était le jeu.
Le jeu.
Quand Rose avait combattu ses instincts sauvages, il avait vu la fin de son jeu effleurer le fil de son existence, prête à l’achever, à mettre fin à sa partie, à refermer le bouquin de règles et à le congédier. Une voracité surnaturelle qui peina à être contenue, et la colère de la belle ne fit qu’accentuer, à ses yeux démoniaques, la beauté de sa nature. Elle ne le savait pas, mais elle pouvait le deviner à la propre expression de son visage, qui n’avait pas été ému outre mesure par son irritation, par sa fureur muselée. Au contraire, il sourit davantage, se laissant saisir par ses doigts griffus, prisonnier volontaire.
“Tel est le jeu, belle Rose. Nous sommes nés pour jouer. Chaque enfant sait, instinctivement, que le jeu est plus noble que le travail. Il sait aussi que la valeur du jeu est non pas dans sa nature même mais dans la valeur de ce qui est mis en jeu. Considères-donc mon geste comme ... une première carte offerte. Il n’est que naturel d’offrir un amuse-gueule pour mieux enchanter l’anticipation, ne crois-tu pas ?”
Le diable s’impatiente aussi. Il avait été arraché contre sa volonté en plein divertissement, son âme viciée et noire hurlait d’avoir réparation, d’assouvir ses pulsions primitives les plus basiques, de nourrir sa part d’hédonisme cruellement affamée. L’infâme génie aurait déjà arraché les couches de vêtement incongrues de sa partenaire dans une démonstration de fougue bestiale digne d’un animal, si le risque de se faire interrompre par des gens enchaînés aux concepts lourds et barbants de pudeur publique et de décence. Parfois, dans de rares occasions de réflexions personnelles quand son esprit n’était pas occupé à tisser et coudre les fils du destin dans de complexes arabesques, il venait à ressentir de la nostalgie pour la simplicité barbare de la vie en Enfer. On ne se débarrassait jamais vraiment de l’emprunte calcinée du royaume des damnés sur soi.
Le monde autour d’eux s’évanouit, englouti par l’incommensurable magie d’Ourobors qui les transporta en un battement de coeur paniqué vers un nouveau territoire, beaucoup plus au goût de l’écarlate criminel qui n’en perdit pas son sourire, exprimant même sa satisfaction d’un sonore sifflement d’appréciation. Voilà un décor baroque qui épousait bien l’aspect artistique et romantique de ce lunatique aux charmes de dieu grecque. Son torse se secoua d’un rire franc à sa remarque, emprunte de tant de subtils sous-entendus qu’il ne pouvait que jouer le jeu de la terrible enchanteresse.
“Alors je me dois d’honorer mon hôte en apportant chaleur et bonne compagnie au sein de ce nid parfait. Qui sait, peut-être que l’expérience sera si mémorable que je passerais de statut de visiteur à celui de régulier.”
Le fourbe démoniaque se mêle à elle dans ses baisers, dans ses caresses, lui-même très tactile dans l’expression de ses désirs nullement cachés. Ses lèvres effleurent les siennes, puis s’entredévorent, leurs langues se livrent une lutte impitoyable sans que chacune ne cherche à dominer l’autre, se satisfaisant à un combat sans but, animé par le son de leurs soupirs étouffés et des tissus tirés. Valac est doucement étranglé par la queue serpentine de Rose qui s’enroule autour de son cou avec la sensualité d’une succube, mais quelle meilleure défense que l’attaque ? Alors il rétorque, contre-attaque comme le plus hardi des commandants de guerre, poussant l’assaut, pressant son corps contre celui de l’indocile jusqu’à la basculer contre son dos, la dominant ainsi de sa stature, ses bras enfermant chaque sortie pour la condamner à n’avoir comme monde que lui et l’étreinte de ses bras.
Ses mains sont d’impardonnables profanatrices, abandonnant toute forme de crainte ou de respect pour aller explorer dans un délicieux sacrilège la terre promise, le temple interdit qu’était le corps de cette divine créature. Ses doigts ont tôt fait de malaxer l’arrière d’une cuisse pour la soulever, de griffer le dos de sa partenaire avec une fiévreuse impatience, de passer le long de son cou pour mimer le geste de sa queue écailleuse, de presser à travers la robe les ampleurs généreuses de ses monts de venus ou de sentir fermement la fermeté d’une croupe qu’il ne désirait qu’à voir teintée d’une couleur similaire à la sienne.
Son corps se penche et se couche contre elle, son poids lentement pressant la belle dans le confort de son matelas parfumé, et l’exilé penche un visage lascif vers l’oreille de l’insatiable curieuse, son souffle chaud frôlant son cou en bouffées de chaleur qui peinaient à exprimer la flamme qui brûlait en lui en ce moment. Oh, comment il pressait son bassin contre le sien dans de lents, très lents mouvements comme la plus scandaleuse et exquise des parades nuptiales, comment il tirait sur la robe de sa partenaire pour s’ouvrir autant d’espaces où il pouvait sentir la chair qu’il convoitait tant entre ses phalanges.
“Je veux t’entendre me dire ce que tu veux que je te fasse. Non, ce que tu rêves que je te fasse. Les fantasmes qui animent tes yeux de déesse en me dévorant du regard. Les spasmes de ton corps et ce qu’il implore de subir. Les plus indécentes et vulgaires pensées qui te parcourent à mesure que j’arracherais ta robe en lambeaux et que je te ferais reine du monde.”
Joueur, il ponctua sa réplique au ton sulfureux en glissant sa langue le long du cou exposé de sa victime volontaire, brûlante, emprunte de mille et une promesse de décadence et de perdition.
Re: Démoniaque curiosité (pv Valac)
Posté : 17 nov. 2024 21:29
par Ouroboros
Un jeu, avait-il dit. Tout cela n'était qu'un jeu, le jeu de la vie et du vice. Le jeu de la mort et de l'ultime hédonisme. Le jeu de l'inconnu et du savoir. Et la serpent ne peut que se réjouir à cette idée, à cette abstraite notion d'un amusement perpétuel. Le démon attise cette immaturité qui est la sienne, ce désir d'accéder à un jeu dont elle ne connait les règles. N'y a t-il point plus stimulant que de sombrer dans les plus inconnues abysses ? Que d'être constamment surprise et étonnée ? Tout connaitre, tout savoir, est autant une bénédiction qu'un poison. Le monde en devient ennuyant, le monde en devient terne. Mais lui, Ô lui. Il sait comment attiser les fils de ses désirs. Il sait comment la divertir, il sait comment l'amuser. Ce jeu, elle y prendra part avec une joie zélée, muée par une terrible impatience. L'impatience de jouer avec un beau démon.
Les lieux semblent être au goût du rouge, si la serpent en juge par l'admiration sonore dont il s'émeut. Si toutes les chambres ne sont pas aussi luxueuses, le décor est majoritairement le même partout. Le démon s'amuse d’exquises promesses envers la propriétaire des lieux, clamant qu'il ne serait bientôt plus uniquement visiteur. L'idée plaît à la serpent, même si c'est le plus court chemin vers un bien malsain désir de possession. A trop vouloir désirer s'attarder en ces lieux interdits, le vil démon pourrait bien ne plus jamais en ressortir. Aimerait-il un tel châtiment ? Condamné à errer dans cet endroit pour la nuit des temps, condamné à satisfaire une insatiable et tyrannique créature ? Dangereuses sont ces pensées, surtout pour une femme-serpent qui est bien incapable de contrôler sa dévorante faim.
Son désir de répondre à ce bel apollon rouge s'efface dans ces baisers naissants, ces danses érotiques de leurs langues agiles. Face à l'expertise de ce vil démon, la sauvage envie d'une serpent à l'organe allongé, malicieux. Les voix sont étouffées, mais les sons produits par cette alliance de leurs lèvres envahissent la pièce, remplaçant toute discussion superflue. Le vil rouge domine la prédatrice de sa stature, s'amusant à glisser ses doigts divins contre sa peau, contre ces formes qui peinent à être contenues au sein de cette somptueuse robe. Oh, qu'est-ce qu'elle aime sentir ces phalanges courir son échine, griffer son corps, masser ses chairs ! La créature déjà bien attisée n'en demandait guère tant, Valac aurait pu la faire sienne dans toute sa démoniaque impatience. Mais il joue, il s'amuse, et elle aime ça.
Ses mots paraissent pourtant troubler la libraire. Elle qui est désormais porteuse d'une robe froissée, d'un vêtement ample qui s'est peu à peu détaché de son corps à force d'exploration. Elle dont le rose teint les joues, dont le sauvage regard prédateur toise celui qui la surplombe. Elle qui reste interdite, simple créature échauffée dont la langue pendante de désir persiste à goûter ces démoniaques phéromones. Comme une énigme jetée à son visage, la serpent s'interroge sur ces sensuelles paroles, comme si de telles pensées n'étaient jamais parvenues dans le terreau fertile de son imagination.
« Ô Valac le démon... Crois-tu que je m'embête de pensées abstraites ou de fantasmes enfouis ? Oh non, je me contente simplement d'agir selon mes envies, de suivre mes désirs sans réfléchir. Mais toi, ô toi... Je vois dans tes yeux tous les vices les plus innommables, les plus interdits. La décadence faite chaire~ »
La reptile retient un grisant soupir échappant ses lèvres humides, savourant toute la sensualité des pressions de ce vil bassin. Elle aussi s'amuse, en dépit de ses profonds désirs charnels. Elle aussi joue, oubliant temporairement sa faim pour en découvrir davantage sur la personnalité étriquée de ce plaisant démon. Sa queue serpentine délaisse le cou du beau rouge, s'attardant plutôt à entourer ce bassin, à glisser dans ces quelconques vêtements. Là où se trouve l'objet tant désiré, ce phallus masqué qui bientôt sera entouré, enserré avec une surnaturelle agilité. Ce sensuel empressement se fera ensuite exploration, manipulant la verge pour mieux en découvrir les moindres détails.
« Arrache donc ma robe, Ô vil démon... Vois à quel point ma vulve s'ébouillante d'impatience à ton égard, à quel point mon antre quémande ta lance de chair rougeâtre... Viens donc posséder mon entrecuisse avant que je ne cède à l'impatience de la prédation... »
Pour accentuer son verbe, elle ouvre sensuellement les cuisses dans une parfaite invitation, malgré cette robe qui persiste à entraver les vues les plus succulentes. La reptile ne ment pas, son corps réclame ce démoniaque partenaire, éprise du plus basique désir d'accouplement. Submergée par sa nature la plus viciée, la serpent savoure avec délice son status de victime volontaire, n'attendant désormais plus que d'être souillée par l'infernal dominant. C'est une envie plus que primaire qui brûle dans ses pupilles reptiliennes, l'irrésistible promesse d'une sauvage union. Oh, qu'elle est impatiente à l'idée d'être comblée ! Qu'elle est désireuse de sentir ce phallus qu'elle examine du bout flexible de sa queue ! Que le démon soit rassuré, la reptile a bien l'intention de lui souffler toutes les plus torrides paroles qu'il désire entendre, tous les plus torrides gémissements en réponse à sa hargne.
C'est un jeu, un jeu divin avec une insatiable prédatrice et un infernal prédateur. Mais ce jeu ne devrait trop durer, au risque que la serpent ne s'amuse d'une soudaine idée, d'un désir quelconque l'incitant à faire bien plus que jouer les proies. Après tout, n'est-elle pas juste une créature soumise à ses plus chaotiques envies ?
Re: Démoniaque curiosité (pv Valac)
Posté : 18 nov. 2024 20:43
par Valac
Que c’était grisant, que c’était sensuel, que c’était scandaleux ! Joueuse et docile, Ouroboros s’apprêtait aisément à leur jeu mesquin et endiablé, apportant cette touche de folie imprévisible que les succubes manquaient cruellement, cette petite épice qui donnait un tout nouveau goût à leur parade dérangée. Le danger, le risque. Valac n’était pas aveugle, il savait pertinemment qu’il était comme une mouche virevoltante entre les crocs d’une dionée carnivore, venant butiner avec insolence son nectar tout en sachant qu’à tout instant, à la moindre erreur ou au premier signe d’ennui, la fleur défendue pouvait se refermer contre lui et, tout simplement, le happer.
C’était excitant, terriblement, indubitablement, excitant. La veuve noire était une araignée qui faisait plusieurs fois la taille d’un mâle et souvent dévorait ce dernier si elle le souhaitait, mais cela empêchait-il l’intrépide d’essayer sa chance ? Non, pas pour notre infâme diablotin, pas pour ce génie dont l’âme cherchait à être stimulée, dont les ambitions dépassaient ceux d’un être divin et dont la fougue, comme la délicieuse Rose allait le découvrir, pouvait rivaliser avec les enfants d’Eros.
Une queue reptilienne d’une souplesse et agilité surnaturelle se glisse dans les profondeurs de son pantalon, s’aventurant vers l’objet des convoitises les plus indécentes, là où elle sentira une véritable colonne de flammes, brûlante, palpitante, impatiente. Tout être normal aurait ressenti un frisson désagréable ou un réflexe de dégoût à la sensation d’écailles comprimant son épiderme sensible, mais l’hérétique aux yeux bicolores n’en était absolument pas refroidit, et la malicieuse Rose pouvait clairement sentir sa fierté, son charisme de mâle répondre à ses caresses intimes en se prenant une forme plus conquérante et agressive.
Elle lui susurra une invitation particulièrement torride qui aurait fait saliver le plus sévère des ascètes et bouillonner le sang d’un dieu des glaces. Une lueur de désir primal et sauvage brilla derrière la herse de ses cils, la clarté d’une canine venant percer la surface luisante de sa lèvre inférieure en ce signe universel d’excitation physique et d’émoustillement mental. Oh, il pouvait lui répondre, mais parfois il était plus sage de ne pas jouer le rôle de celui qui se vante et fait pleuvoir les promesses, celui qui aboie plus qu’il ne mord. Valac était un homme d’action, un être très tactile. Il était donc naturel qu’au lieu de s’émerveiller devant les cuisses ouvertes de son amante ensorcelée, il laissa sa part prédatrice parler silencieusement.
Sans cérémonie, ses mains se refermèrent sur le tissu couteux de la robe de sa promise et d’un geste sec, il tira de chaque côté, arrachant ainsi la précieuse soierie dans un acte de vandalisme impardonnable, digne du démon qu’il était, un acte de profanation qui annonçait déjà la conquête, le pillage et le terrible siège où les flammes de son bélier comptaient percer les murailles de ce temple aux mille merveilles. À mesure que l’écarlate balafré séparait Ouroboros de son accoutrement désormais inutile, ses yeux la dévoraient avec une infinie gourmandise, son visage éclairé d’un sourire de loup se pourléchant les babines, une respiration forte venant embrumer l’air qui les séparaient de chaudes buées. Le corps se révélait à chaque lambeau de tissu qui tombait sur le sol dallé, chaque pièce de robe écartée, chaque son de leurs soupirs impatients se mêlant et s’entremêlant dans l’air confiné de la grande chambre.
“Absolument exquise.”
Inutile de s’encombrer de maintes éloges et poèmes, la sorcière aux charmes de serpent pouvait puiser amplement dans les yeux de son conquérant partenaire pour y lire toutes les louanges qui dresseraient son corps divin au statut de muse. Impatient, l’indomptable infernal s’empressa de libérer son propre torse de l’entrave de ses vêtements, se déshabillant à la partie supérieure de son corps en spectacle suave et sensuel pour les yeux de son admiratrice. Son manteau virevolta en l’air, suivit de son gilet noir, dévoilant ainsi le paysage mordoré de sa chaire, les crevasses de ses muscles, les contours de ses formes.
Le disciple de Lilith attrapa une des mains de la libraire maudite, l’approchant vers lui pour en coller la paume contre la chaleur fiévreuse de son torse, lui offrant ainsi le privilège d’explorer à sa guise ce territoire aux couleurs de Mars et en apprécier la fermeté. Ne pouvant contenir plus longtemps les rugissements de ses pulsions, il se pencha alors vers elle, l’attrapant par chaque jambe telle une proie sous son emprise pour la tirer sèchement vers, cognant son bassin dévoilé contre le sien, encore camouflé par l’incongru pantalon. Son visage approcha du sien, y déposant un baiser, puis un second, sonore et bruyant, humide et calcinant. Puis il descendit, explorant avec ses lèvres et sa langue les pâturages blancs de son cou, poursuivant ses sensuelles pérégrinations jusqu’à sa poitrine dont les deux trésors furent aussitôt capturés, une par sa main avide, l’autre par sa bouche assoiffée. Le Déchu était aussi fougueux qu’une bête trop longuement enchaînée, délaissant la lenteur d’un amoureux mélancolique au profit de la bestialité d’un naufragé touchant à la terre tant désirée, s’accrochant à elle tel le récif qui le sauverait du maëlstrom de ses désirs.
Le bel éphèbe sait valoriser le corps d’une femme, et son talent tactile est tout au service d’Ouroboros, assaillie de toute part par ce monstrueux brigand qui venait s’emparer de chaque butin qu’elle lui offrait avec cupidité. Oh, qu’il était ardent dans ses caresses, laissant des traces vermeilles former des pétales sur la pâleur de la peau de la libraire. Le voilà qui poursuit sa descente, son expédition loin d’être achevée, le bout rosé d’une langue laissant un sillage luisant d’envie et de plaisir sur le nombril de la créature ancestrale, s’approchant de cette fontaine de Jouvence, ces portes du Valhala, cette rose dont le parfum titillait les sens du rouge infernal et le provoquait, l’invitait à déflorer, à ravager, à en explorer les profondeurs accueillantes encore, et encore, et encore.
Y approchant, le perfide et séduisant diable souffle doucement dessus, exaspérant les sens de son amante, ses mains se refermant sur chacune de ses cuisses pour mieux électriser les contours de son bassin. Lui jetant un regard langoureux, Valac approcha tel un fauve vers sa proie emprisonnée sous ses griffes, et sa langue, blasphématrice, prit d’assaut les lèvres intimes de la reine des serpents.