Un désir de reconstruire et une soif de destruction [PV: Elena Ivory]
Posté : 21 oct. 2024 00:14
“Duchesse,”
Le Capitaine Dolce « Douce » Ettriti toqua doucement à la porte de Myrcella, tirant celle-ci de sa rêverie. Voyager à bord d’un navire pour une patrouille de routine pouvait sembler être d’un certain ennui, mais cela figurait parmi les lubies du Roi ; apparemment, pour assurer une bonne collaboration entre la noblesse et le petit peuple, il était nécessaire pour ceux nés dans le privilège d’expérimenter la vie du peuple.
Dans le cas de Myrcella, cela incluait simplement de naviguer, deux à quatre fois par année, avec la patrouille surveillant les eaux territoriales. Une tâche qui pouvait sembler fort anodine, voire inutile car la seule nation Ayshanranne ayant une flotte notable était Meisa, une flotte qu’elle n’avait d’ailleurs jamais utilisée parce que la guerre pour laquelle ces navires avaient été bâtis a été avortée par Serenos dans ses jeunes années.
« Oui, Capitaine? » demanda-t-elle sans même lever les yeux de son livre, absorbée par un passage tout simplement torride et ne pouvant qu’à peine tolérer d’être interrompue dans son activité. « Je croyais qu’on s’était mise d’accord pour que je ne sois pas dérangée à moins d’une urgence. »
« La vigie a vu des navires », l’informa le capitaine.
Cette nouvelle surpris Myrcella à un point tel qu’elle marqua une pause, interdite. Le silence la laissant probablement croire que Myrcella ne l’avait pas entendue ou l’ignorait sciemment, Dolce donna une seconde série de petit coup. Déposant son livre sur la commode, elle finit par répondre : « Eh bien, cela constitue une urgence, en effet. Je me prépare et je sors. »
« Bien, votre Altesse. »
Satisfaite, Dolce fit demi-tour, le claquement de ses bottes faisant un léger écho le couloir du navire, s’éloignant vers les escaliers qui menaient au pont.
Se dressant de sa chaise, la jeune demi-sœur de Serenos fut prestement habillée par ses dames de compagnie, toutes extrêmement nerveuses à l’idée de rencontrer des pirates. Après tout, les rumeurs couraient que ces brigands des mers étaient particulièrement friands des esclaves, du pillage et du viol. En contrepartie, la duchesse n’était pas bien inquiète. Les navires de ligne Meisaens étaient à la fine pointe de la technologie navale, capable de combattre efficacement contre les vaisseaux les plus rapides et d’exécuter un siège marin. Et de plus, Aldericht, son neveu, était à bord ; quel mal pourrait bien leur arriver ?
On lui passa une brassière de soie noire autour du torse, couvrant proprement sa poitrine, avant de lui passer une robe meisaenne à la taille, ainsi qu’un voile diaphane, masquant le bas de son visage. On la couvrit de bijou, dont une chaine de perles posées sur sa tête, des bracelets d’or et d’argent aux bras et aux pieds, avant de lui couvrir les épaules d’un châle blanc. On lui donna ensuite sa bannière, sur laquelle figurait le Sombrechant avec l’épée et la lance, replié sur ses bras pour en masquer les mains. L’attirail en lui-même avait été confectionné pour masquer le plus de signes possible, rendant une analyse des tics nerveux un peu plus compliqué.
Une fois prête, ses dames de compagnies se vêtirent à leur tour. Elles avaient également un rôle diplomatique, après tout, et de ce fait, elles imitaient presque leur maîtresse, hormis qu’elles ne couvraient pas leur poitrine, et que leurs bijoux étaient de luxe inférieur ; aucune perle ou pierre précieuse ; elles devaient démontrer que Myrcella était beaucoup plus importante dans la conversation diplomatique qu’elles ne l’étaient.
Elles sortirent toutes, l’une après l’autre, monter sur le pont, juste au moment où le navire de guerre Meisaen s’arrêtait. Lorsque ses yeux s’ajustèrent à la lumière, elle parvint à noter les couleurs du Royaume de Lumen, du bleu avec des fleurs de lys dorés. La Duchesse eut un moment de pause ; aux dernières nouvelles, le Royaume était en état de crise après un événement cataclysmique.
L’Olympomachie, une guerre entre les êtres divins d’une autre terre. Si ce n’était des Vestiges, peut-être que l’Ayshanra en aurait été tout aussi ébranlé, ou alors la Volonté de la Magie n’avait pas dans ses plans qu’une force extérieure ruine son plan. Mais qui pouvait dire avec assurance, maintenant ? Les vestiges avaient énormément changé au cours des dernières décennies, agissant moins à titre de destructeurs occasionnels et plus en tant que protecteur du continent. Sauf Xelocyath, évidemment.
Myrcella s’avanca alors, jusqu’à se trouver devant le pont qui avait été placé entre les deux navires, à une poignée de dignitaires d’approcher. Guidé par une jeune femme qu’elle ne connaissait que de vue, le Prince Aldericht prit place à son côté.
Myrcella jeta un bref coup d’œil en direction de son neveu, dont les yeux étaient soigneusement bandés. Comme s’il avait perçu son regard, il tourna légèrement la tête vers elle, avant de se pencher et de tendre l’oreille.
« Avez-vous déjà rencontré quiconque de ce royaume ? »
« Nos relations sont plus ou moins distantes, mais oui. Père a déjà visité le royaume avant le cataclysme. »
« Sont-ils… amicaux ? »
« Autant que vous désirez l’être, tante. »
Malgré son titre de prince, Aldericht n’était pas le Meisaen le plus haut placé ; qu’importe qu’il soit le fils du Roi actuel, Myrcella restait la personne possédant le plus d’autorité, ce qui voulait dire, notamment, qu’elle ne pouvait pas se cacher derrière lui pour sauver la face. Mais, après tout, elle avait été reine pendant plusieurs années avant que Serenos ne revienne ! Bon, elle n’était qu’une enfant à l’époque, mais ça compte !
Dolce attendit que les dignitaires ou représentants étrangers s’avance avant de parler d’une voix forte et claire, convenant à un officier de la marine : « Vous approchez la Duchesse Myrcella de la Maison Aeslingr et le Prince Aldericht de la maison Aeslingr ! »
Elle s’écarta alors, laissant la place aux représentants Luméens.
Les yeux de la Duchesse ne purent s’empêcher d’étinceler un moment en voyant une jeune femme parmi eux. Une brunette aux cheveux court.
« Vous le ressentez aussi ? » demanda Aldericht
« Oui, » répondit-elle sur un ton nerveux.
« Gardez les yeux ouverts. Si l’un d’entre eux fait un seul geste brusque qui vous semble menaçant, hurlez de toutes vos forces. »
La Duchesse ravala sa salive et faillit opiner, mas se contenta de souffler lentement sous son voile, essayant tant bien que mal de se donner une contenance. Ce qu'elle ne donnerait pas, en ce moment, pour être restée chez elle, dans sa villa, pour s'oublier dans une outre de vin. D'ailleurs, était-elle seulement assez sobre pour avoir une conversation diplomatique ? Pourquoi devait-elle ainsi être terrifiée par son frère au point de ne pas pouvoir lui dire ce qu'elle désirait aussi ardemment? Ah, ce qu'elle pouvait détester sa vie, par moment!
Le Capitaine Dolce « Douce » Ettriti toqua doucement à la porte de Myrcella, tirant celle-ci de sa rêverie. Voyager à bord d’un navire pour une patrouille de routine pouvait sembler être d’un certain ennui, mais cela figurait parmi les lubies du Roi ; apparemment, pour assurer une bonne collaboration entre la noblesse et le petit peuple, il était nécessaire pour ceux nés dans le privilège d’expérimenter la vie du peuple.
Dans le cas de Myrcella, cela incluait simplement de naviguer, deux à quatre fois par année, avec la patrouille surveillant les eaux territoriales. Une tâche qui pouvait sembler fort anodine, voire inutile car la seule nation Ayshanranne ayant une flotte notable était Meisa, une flotte qu’elle n’avait d’ailleurs jamais utilisée parce que la guerre pour laquelle ces navires avaient été bâtis a été avortée par Serenos dans ses jeunes années.
« Oui, Capitaine? » demanda-t-elle sans même lever les yeux de son livre, absorbée par un passage tout simplement torride et ne pouvant qu’à peine tolérer d’être interrompue dans son activité. « Je croyais qu’on s’était mise d’accord pour que je ne sois pas dérangée à moins d’une urgence. »
« La vigie a vu des navires », l’informa le capitaine.
Cette nouvelle surpris Myrcella à un point tel qu’elle marqua une pause, interdite. Le silence la laissant probablement croire que Myrcella ne l’avait pas entendue ou l’ignorait sciemment, Dolce donna une seconde série de petit coup. Déposant son livre sur la commode, elle finit par répondre : « Eh bien, cela constitue une urgence, en effet. Je me prépare et je sors. »
« Bien, votre Altesse. »
Satisfaite, Dolce fit demi-tour, le claquement de ses bottes faisant un léger écho le couloir du navire, s’éloignant vers les escaliers qui menaient au pont.
Se dressant de sa chaise, la jeune demi-sœur de Serenos fut prestement habillée par ses dames de compagnie, toutes extrêmement nerveuses à l’idée de rencontrer des pirates. Après tout, les rumeurs couraient que ces brigands des mers étaient particulièrement friands des esclaves, du pillage et du viol. En contrepartie, la duchesse n’était pas bien inquiète. Les navires de ligne Meisaens étaient à la fine pointe de la technologie navale, capable de combattre efficacement contre les vaisseaux les plus rapides et d’exécuter un siège marin. Et de plus, Aldericht, son neveu, était à bord ; quel mal pourrait bien leur arriver ?
On lui passa une brassière de soie noire autour du torse, couvrant proprement sa poitrine, avant de lui passer une robe meisaenne à la taille, ainsi qu’un voile diaphane, masquant le bas de son visage. On la couvrit de bijou, dont une chaine de perles posées sur sa tête, des bracelets d’or et d’argent aux bras et aux pieds, avant de lui couvrir les épaules d’un châle blanc. On lui donna ensuite sa bannière, sur laquelle figurait le Sombrechant avec l’épée et la lance, replié sur ses bras pour en masquer les mains. L’attirail en lui-même avait été confectionné pour masquer le plus de signes possible, rendant une analyse des tics nerveux un peu plus compliqué.
Une fois prête, ses dames de compagnies se vêtirent à leur tour. Elles avaient également un rôle diplomatique, après tout, et de ce fait, elles imitaient presque leur maîtresse, hormis qu’elles ne couvraient pas leur poitrine, et que leurs bijoux étaient de luxe inférieur ; aucune perle ou pierre précieuse ; elles devaient démontrer que Myrcella était beaucoup plus importante dans la conversation diplomatique qu’elles ne l’étaient.
Elles sortirent toutes, l’une après l’autre, monter sur le pont, juste au moment où le navire de guerre Meisaen s’arrêtait. Lorsque ses yeux s’ajustèrent à la lumière, elle parvint à noter les couleurs du Royaume de Lumen, du bleu avec des fleurs de lys dorés. La Duchesse eut un moment de pause ; aux dernières nouvelles, le Royaume était en état de crise après un événement cataclysmique.
L’Olympomachie, une guerre entre les êtres divins d’une autre terre. Si ce n’était des Vestiges, peut-être que l’Ayshanra en aurait été tout aussi ébranlé, ou alors la Volonté de la Magie n’avait pas dans ses plans qu’une force extérieure ruine son plan. Mais qui pouvait dire avec assurance, maintenant ? Les vestiges avaient énormément changé au cours des dernières décennies, agissant moins à titre de destructeurs occasionnels et plus en tant que protecteur du continent. Sauf Xelocyath, évidemment.
Myrcella s’avanca alors, jusqu’à se trouver devant le pont qui avait été placé entre les deux navires, à une poignée de dignitaires d’approcher. Guidé par une jeune femme qu’elle ne connaissait que de vue, le Prince Aldericht prit place à son côté.
Myrcella jeta un bref coup d’œil en direction de son neveu, dont les yeux étaient soigneusement bandés. Comme s’il avait perçu son regard, il tourna légèrement la tête vers elle, avant de se pencher et de tendre l’oreille.
« Avez-vous déjà rencontré quiconque de ce royaume ? »
« Nos relations sont plus ou moins distantes, mais oui. Père a déjà visité le royaume avant le cataclysme. »
« Sont-ils… amicaux ? »
« Autant que vous désirez l’être, tante. »
Malgré son titre de prince, Aldericht n’était pas le Meisaen le plus haut placé ; qu’importe qu’il soit le fils du Roi actuel, Myrcella restait la personne possédant le plus d’autorité, ce qui voulait dire, notamment, qu’elle ne pouvait pas se cacher derrière lui pour sauver la face. Mais, après tout, elle avait été reine pendant plusieurs années avant que Serenos ne revienne ! Bon, elle n’était qu’une enfant à l’époque, mais ça compte !
Dolce attendit que les dignitaires ou représentants étrangers s’avance avant de parler d’une voix forte et claire, convenant à un officier de la marine : « Vous approchez la Duchesse Myrcella de la Maison Aeslingr et le Prince Aldericht de la maison Aeslingr ! »
Elle s’écarta alors, laissant la place aux représentants Luméens.
Les yeux de la Duchesse ne purent s’empêcher d’étinceler un moment en voyant une jeune femme parmi eux. Une brunette aux cheveux court.
« Vous le ressentez aussi ? » demanda Aldericht
« Oui, » répondit-elle sur un ton nerveux.
« Gardez les yeux ouverts. Si l’un d’entre eux fait un seul geste brusque qui vous semble menaçant, hurlez de toutes vos forces. »
La Duchesse ravala sa salive et faillit opiner, mas se contenta de souffler lentement sous son voile, essayant tant bien que mal de se donner une contenance. Ce qu'elle ne donnerait pas, en ce moment, pour être restée chez elle, dans sa villa, pour s'oublier dans une outre de vin. D'ailleurs, était-elle seulement assez sobre pour avoir une conversation diplomatique ? Pourquoi devait-elle ainsi être terrifiée par son frère au point de ne pas pouvoir lui dire ce qu'elle désirait aussi ardemment? Ah, ce qu'elle pouvait détester sa vie, par moment!