The Multiversity

Chiara entra dans la taverne d’un pas las. Immédiatement, le brouhaha des conversations cessa : une très belle inconnue, seule qui plus est, était rare. Les hommes attablés la regardèrent entrer et la dévisagèrent, voire plus.

Généralement, elle aurait souri, lancé un petit bonjour à la cantonade, et provoqué une bousculade pour avoir l’honneur de lui offrir un verre. Elle n’en avait cure en cet instant. Elle voulait juste s’asseoir, boire une bière (oui, quand elle avait vraiment soif, elle préférait une bière à du vin) et attendre quelques minutes que son cops lui dise qu’il était prêt pour la suite.

D’un geste las, elle fit signe au barman de lui apporter un pichet de bière. Elle commençait à désespérer. Cela faisait des jours maintenant qu’elle cherchait quelqu’un pour l’emmener à Harkenaar. Elle ne trouvait personne. Bien entendu, le fait que ce village soit situé dans les Terres nommées Ruines de l’Eld ne semblait pas aider. Qu’il ait une tristement célèbre réputation de village maudit non plus. Que les derniers à avoir tenté le voyage n’en étaient jamais revenus. Les avant-derniers non plus. Et bien d’autres avant eux.

Personne ne voulait même évoquer ce nom. Pas même pour le prix qu’elle était prête à payer.

Elle regarda la salle. Les conversations avaient repris mais certains regards restaient fixés sur elle.il fallait avouer que malgré sa tenue stricte de voyageuse ses atouts et sa beauté sautaient aux yeux.

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Lorsque l’aubergiste déposa la chope et le pichet devant elle, elle tenta quand même sa chance. Elle était là pour ça après tout.

« Dis-moi, aubergiste, ne connaîtrais-tu pas un guide aventureux dans la région ?
- ‘Faut voir. J’en connais plusieurs. Où qu’elle va la p’tite dame ? »

Il avait l’air plutôt bonhomme, plutôt ouvert pour un aubergiste de village en fait.

« Je dois aller à Harkenaar.
- Hark… ? Vous trouverez jamais quelqu’un d’assez fou pour aller là-bas !
- Même pas pour une coquette prime ?
- Faudrait qu’il puisse revenir pour la dépenser ! Non non non, jamais personne de sain d’esprit n’ira là-bas ! »

Les conversations s’étaient à nouveau arrêtées, mais pour une autre raison. Tous regardaient à nouveau Chiara, mais avec un air effaré ou apitoyé, comme si elle n’était pas consciente de ce qu’elle avait dit.

« Je dois vraiment…
- Vous ne devriez pas aller là-bas. Vous n’en reviendrez pas. Ce village est maudit. Maudit ! Rien qu’en parler porte malheur. Buvez vot’bière et allez-vous en. Vous ne me devez rien. Je ne veux pas de votre poisse ! »

Le gros homme se retourna et rentra derrière son bar. La conversation était close. Elle but sa première pinte assez vite puis se servit tranquillement la seconde.

Deux hommes se levèrent de leur table et s’approchèrent. Ils avaient un air qui ne revint pas à Chiara. Ils mijotaient quelque chose. Il ne fallait pas avoir son âge pour le voir.

« Dites voir, M’dame. On connaît p’têt quelqu’un. On aurait une p’tite prime si on vous donne le nom ? On peut vous mener à lui. »

Elle haussa les sourcils et sourit obligeamment, malgré les regards concupiscents qu’ils croyaient dissimuler. Ce voyage se terminerait probablement dans les champs pas très loin.. Salement. Pas de doute là-dessus.

Vous mes gaillards, vous allez m’offrir mon vrai repas…

« Ce serait très aimable de votre part. Bien sûr que je vous rétribuerai. Tout travail mérite salaire non ? »

La Louve buvait silencieusement un verre non loin de la nouvelle arrivante. La tête encapuchonnée et la queue cachée sous la cape, l’Hybride ne cherchait pas à attirer l’attention. Juste boire un verre et repartir à ses occupations. Mais la discussion entre la femme et l’aubergiste ne lui échappa pas, l’une de ses oreilles s’agita légèrement sous sa cache. Elle écouta donc, sans mot dire, tout en buvant quelques gorgées de sa boisson. Harkenaar…à entendre la réaction des personnes présentes ici, ce lieu était à éviter à tout prix : ce qui attisa la curiosité de l’Okami. De plus, s’il se situait dans les anciennes ruines de l’Eld, ce périple pourrait également s’avérer intéressant pour elle ; rien n’empêcherait qu’elle ne trouve pas d’indice sur sa sphère.

Et tandis que deux hommes venaient d’accoster la femme avec un mensonge éhonté visible à des kilomètres à la ronde, la Louve posa son verre et se tourna vers celle qui cherchait un guide :

« Moi je veux bien y aller. »

Regards médusés de la part de l’assemblée :

« Non mais vous n’y pensez pas c’est la mort là-bas ! Vous allez y rester ! »

Elle hocha simplement les épaules avant de reprendre :

« C’est vrai, je ne connais pas l’endroit mais s’il vous faut quelqu’un pour vous accompagner, je suis partante. Quant aux lieux maudits remplit de créatures terrifiantes et cauchemardesques…Ce ne sera pas la première fois que j’y fais face… »

L’Okami regardait à présent parfaitement Valéria et la détermination dans son regard ne faisait aucun doute. Tout comme le succube pouvait aisément deviner que son interlocutrice ne mentait pas : des monstres abjects et des lieux maudits, elle en avait déjà rencontré par le passé. Elle reprit la parole :

« A vous de me dire si vous êtes intéressée ou non. »

C’était un pari risqué certes, mais avec les derniers évènements, l’Olympomachie, la découverte d’une partie de son identité, voyager au sein de l’ancien royaume de l’Eld ne pourrait être qu’enrichissant. Dangereux certes, mais bénéfique en ce qui concerne la connaissance. Il ne restait plus qu’à voir si Valéria allait accepter l’aide de l’Okami ou non.

« Moi je veux bien y aller. »

Cette phrase claqua dans l’air comme un coup de fouet. Les deux gars tournèrent la tête vers celle qui venait de parler, médusés. Le reste de l’auditoire s’était tu lui aussi. A nouveau.

« Non mais vous n’y pensez pas c’est la mort là-bas ! Vous allez y rester ! »

La femme haussa les épaules et expliqua sobrement :

« C’est vrai, je ne connais pas l’endroit mais s’il vous faut quelqu’un pour vous accompagner, je suis partante. Quant aux lieux maudits remplit de créatures terrifiantes et cauchemardesques…Ce ne sera pas la première fois que j’y fais face… »

Son regard déterminé était planté dans celui de Valeria. Elle était sérieuse. Ses affirmations aussi. Elles auraient pu sonner comme une bravade, mais pas dans ce cas, Valeria en était sûre.

« A vous de me dire si vous êtes intéressée ou non. »

Elle jaugea un long moment la femme assise non loin, enfermée dans une lourde cape à la capuche rabattue, même ici, au sec. Elle portait plusieurs armes, sa tenue était celle d’une voyageuse. Elle semblait avoir connu des jours meilleurs, mais c’était tout à fait normal pour une baroudeuse. Un fin sourire étira les lèvres de Valeria.

« Bienvenue dans l’équipe.
- Qu… Qu… Quoi ?
- Ah mais non, on a répondu les premiers ! Dégage, la morveuse !
- On connait un guide qui…
- Vos gueules les gars ! Laissez-les tranquilles. »

L’aubergiste sortit de derrière son comptoir en entendant les hommes rouspéter. Il ne voulait pas de problèmes et ces deux-là étaient connus pour en poser.

« Toi Govarth ne te mêle pas de ça !
- Ouais, on veut notre prime. »

Valeria leur lança un regard sévère. Ses yeux rougeoyèrent de colère dans la pénombre.

« Je vous remercie de votre offre mais non merci. Laissez-nous maintenant. »

Les deux hommes semblèrent rapetisser tout d’un coup alors que soudain ils réalisaient qu’ils essayaient d’arnaquer quelqu’un qui pouvait s’avérer dangereux. Le silence régnait. Oppressant. Ils n’allaient pas renoncer. Pas avec tous les autres villageois autour comme témoins de ce qu’ils prendraient comme un affront.

Valeria se tourna vers l’aubergiste.

« Leur ardoise est pour moi. Et mets un verre à tout le monde. Pour le dérangement. »

Elle posa sur la table une pièce rutilante. Trop pour le tout, assurément, mais pas assez pour éveiller la cupidité des deux fiers-à-bras. L’aubergiste prit la pièce et poussa les deux hommes vers la salle. Ils s’en allèrent en grommelant. Ils n’avaient pas eu ce qu’ils voulaient mais leur réputation était sauve. Ils n’estimaient certainement pas s’en tirer à bon compte, mais le regard de la voyageuse et les lames de l’empêcheuse de tourner en rond les avait fait réfléchir.

« Si vous me rejoigniez pour discuter de ce voyage ? Je m’appelle Valeria. »

Elle lui tendit une main franche en l’invitant du geste.

La Louve sourit et serra la main tendue, d’une poigne tout aussi franche que celle de son interlocutrice avant de prendre place au côté de la dénommée Valeria, qui venait également ni plus ni moins que de remercier les deux hommes qui avaient tenté de l’entraîner dans un guet-apens des plus honteux.

« Enchantée. Je m’appelle Shad. »

Elle attrapa le nouveau verre posé par le tavernier et but quelques gorgées avant de prendre la parole :

« En effet, ce fameux voyage…Dans les Ruines de l’Eld…Tous semble être apeurés de vous accompagner à ce fameux lieu…Harkenaar c’est cela ? Vous avez des informations sur cette cité peut-être ? Comme je vous l’ai dit, je n’ai jamais mis les pieds dans cette région, ce sera également une première pour moi mais – elle haussa les épaules – il faut bien un début à tout. »

Elle prit une voix plus basse, murmurant juste assez pour que celle Valeria puisse l’entendre :

« Je me fiche de l’or que vous pourrez me proposer, si je vous ai proposé mon aide c’est pour des raisons personnelles, voyez-vous, je pense peut-être trouvé des informations intéressantes dans cette région désolée. Mais vous ? Que cherchez-vous également ? Des artéfacts ? Des connaissances perdues ? »

« Mais arrêtez bon sang ! Vous allez tous les deux à votre perte ! » s’époumonna un des clients présents non loin.

L’Okami lui sourit doucement avant de se tourner à nouveau vers Valeria :

« Dois-je vous faire part des capacités que je peux vous apporter pour ce dangereux voyage ? Oh et tant qu’à faire, comme nous allons nous rendre en terre bien hostile, ne serait-il pas mieux que nous nous tutoyons ? Je peux vous dire cependant que je suis plus basée sur la magie offensive. »

La Louve avait bien découvert il y’a peu qu’elle avait également un fort pouvoir de guérison mais elle devait encore en apprendre toute sa portée et ne préférait pour l’heure ne pas en faire part.

La femme se leva sans attendre et lui serra la main d’une poigne ferme avant de prendre place à ses côtés. Elle s’appelait Shad. Valeria l’examina un peu plus précisément. Elle portait un équipement qui avait vécu, mais de bonne qualité. Plusieurs fourreaux à divers endroits de son corps laissaient voir un impressionnant arsenal. Probablement qu’une ou deux lames de plus se trouvaient dissimulées à des endroits « stratégiques ».

Son regard et son attitude dégageaient une sérénité et une assurance et donnaient une impression de compétence qui à première vue ne paraissait pas usurpée. Et Valeria avait vu passer un paquet de charlatans dans sa longue vie !

Shad but quelques gorgées de sa pinte amenée quelques instants plus tôt :

« En effet, ce fameux voyage… Dans les Ruines de l’Eld… Tous semblent être apeurés de vous accompagner à ce fameux lieu… Harkenaar c’est cela ? Vous avez des informations sur cette cité peut-être ? Comme je vous l’ai dit, je n’ai jamais mis les pieds dans cette région, ce sera également une première pour moi mais – elle haussa les épaules – il faut bien un début à tout.
- Je n’en sais pas grand-chose. Juste qu’il s’agissait d’une exploitation minière de petite importance qui n’a plus donné de nouvelles à un moment donné. Personne qui y soit allé depuis n’en est revenu. Je veux aller voir si ce qui a causé tout ce tort s’y trouve encore pour savoir s’il y aurait moyen de rouvrir la mine. »

D’après ses informations, cette mine qu’elle espérait que le temps avait fait oublier des mortels était une veine de saphir. Les légendes sont faites à partir de rêves, mais parfois elles recèlent un fond de vérité. Et Valeria savait de source sûre (elle-même) que cette mine avait réellement existé. Mais elle n’allait pas tout révéler à Shad. Pas maintenant. Peut-être plus tard, quand elle aurait plus confiance. Ici, elle venait à peine de lui serrer la main…

L’aventurière lui glissa bien plus discrètement d’autres informations.

« Je me fiche de l’or que vous pourrez me proposer, si je vous ai proposé mon aide c’est pour des raisons personnelles, voyez-vous, je pense peut-être trouver des informations intéressantes dans cette région désolée. Mais vous ? Que cherchez-vous également ? Des artéfacts ? Des connaissances perdues ?
- Des artefacts ? Non. C'était une mine. Je voudrais savoir s'il serait possible de la rouvrir. A défaut, peut-être y récupérer un produit non exploité ? Voyez ça comme une espèce de chasse au trésor. Donc ce serait donnant-donnant ? Vous m’aidez et je vous aide ? C’est ça le marché ? »

C’est à ce moment qu’un client plus scrupuleux que les autres essaya à nouveau de les dissuader.

« Mais arrêtez bon sang ! Vous allez tous les deux à votre perte ! »

Valeria hocha doucement la tête alors que Shad souriait à l’homme.

« Dois-je vous faire part des capacités que je peux vous apporter pour ce dangereux voyage ? Oh et tant qu’à faire, comme nous allons nous rendre en terre bien hostile, ne serait-il pas mieux que nous nous tutoyons ? Je peux vous dire cependant que je suis plus basée sur la magie offensive.
- D’accord. Oui, ça peut être très utile de savoir ce que peut faire l’autre quand on est en situation de survie. De la magie offensive ? Et de réelles aptitudes guerrière, si j’en juge par toutes ces armes. »

Le manque de soutien curatif ennuyait Valeria. Mais elle n’allait pas faire la fine bouche alors qu’elle n’avait trouvé personne depuis des semaines. De toute façon, elle pourrait toujours baiser l’aventurière pour récupérer. Le plaisir était son salut. Par contre, pour ce qui était du salut de Shad…

Elle posa calmement sur elle son regard que la lumière reflétée sur la bière rendait ambré en attendant qu’elle développe ses compétences, sirotant sa boisson.

- D’accord. Oui, ça peut être très utile de savoir ce que peut faire l’autre quand on est en situation de survie. De la magie offensive ? Et de réelles aptitudes guerrière, si j’en juge par toutes ces armes. »

La Louve opina de la tête, buvant à son tour quelques gorgées croisant le regard ambré, surnaturel de son interlocutrice. Un regard qui ne laissait pas entièrement insensible et la Louve pencha très légèrement sa tête sur le côté, clignant des yeux, perplexe. Serait-ce ? Non, il était bien trop tôt pour lancer des conclusions hâtives.

« En effet, je possède bien des aptitudes aux armes, mais j’avoue utilisé plus souvent mes flammes et mes transformations. -face au regard perplexe de Valeria, la Louve continua – je peux me transformer en louve, de deux tailles différentes, une assez grande pour vous servir aisément de monture et une autre assez grande pour vous gobez en un seul coup. Je peux aussi devenir une lycane, sans être impactée par la pleine lune… »

Elle s’arrêta là, gardant sa forme draconnique pour le moment secrète. Si Valeria gardait des secrets, elle aussi faisait de même, quoi de plus normal après tout ? Garder un atout dans sa manche n’était jamais dénoué d’intelligence. De plus, elle lui avait livré pas mal de ses aptitudes, c’était déjà là une belle marque de confiance.

« Hmm quant à cette mine, je ne sais pas si vous pourrez réellement l’ouvrir, surtout à un tel endroit, par contre chercher ce qu’elle contient, oui, oui ça peut être possible. Suicidaire mais possible. J’imagine que nous aurons droit à des goules, peut-être à d’autres monstres des profondeurs également…Mais j’imagine qu’il faut un peu de surprise dans cette aventure hein ? »

Bien que ces surprises ne seraient pas de celles que l’on attend avec impatience.

« Vous avez des vivres pour cette expédition ? De quoi vous déplacez ?  Après dans les deux cas, cela ne serait pas difficile à gérer, je peux participer aux frais sans souci si besoin. »

Sur ses mots, elle fit tinter une petite bourse dont la contenance ne fit pas de doutes avant de la ranger de nouveau.

« Et quand comptez-vous partir ? »

Après tout l’aventure n’attends pas ! Et l’argent non plus !

La femme prit le temps de profiter un peu de sa bière. Elle réfléchissait sans doute à ce qu’elle allait dire. Et comment elle allait le dire. Ou elle voulait juste ménager ses effets. Ou tout ensemble. Valeria attendait patiemment, jambes croisées et dos confortablement appuyé contre son dossier. Shad se mit à parler, plus bas, sans causer de souci à l’excellente ouïe du succube.

« En effet, je possède bien des aptitudes aux armes, mais j’avoue utiliser plus souvent mes flammes et mes transformations. Je peux me transformer en louve, de deux tailles différentes, une assez grande pour vous servir aisément de monture et une autre assez grande pour vous gober en un seul coup. Je peux aussi devenir une lycane, sans être impactée par la pleine lune… »

Ah oui quand même ! Pas étonnant qu’elle ait pris le temps pour formuler ça. Tout le monde ne peut pas encaisser pareille nouvelle. Valeria la regarda intensément, cherchant une faille. Confier sa vie à une affabulatrice n’était pas une bonne idée quand on voulait faire de vieux os. La femme-louve ne semblait pas mentir.

« Intéressant. Je dispose moi-même de belles affinités avec le feu, aussi bien offensives que défensives, ainsi que d’un pouvoir de persuasion disons… non négligeable. J’ai aussi quelques compétences de polymorphisme. Mais rien d’aussi exceptionnel que toi ! Bien sûr, je dispose de l’une ou l’autre potion mais pas beaucoup. Pour ce qui est du combat rapproché, je suis plutôt habile avec des dagues ou ce bâton – elle désigna un solide bâton aux bouts ferrés posé contre le mur derrière elle. Ce qui m’ennuie c’est que nous n’ayons pas de guérisseur. Tu n’en connaîtrais pas un ? On ne sait jamais, surtout dans ce coin-là du monde... »

C’était réellement ennuyeux pour le cas où le voyage tournerait mal. En l’absence de soigneur, il faudrait redoubler de prudence. Ces contrées hostiles étaient un véritable guet-apens permanent.

« Hmm quant à cette mine, je ne sais pas si vous pourrez réellement l’ouvrir, surtout à un tel endroit, par contre chercher ce qu’elle contient, oui, oui ça peut être possible. Suicidaire mais possible. J’imagine que nous aurons droit à des goules, peut-être à d’autres monstres des profondeurs également… Mais j’imagine qu’il faut un peu de surprise dans cette aventure hein ?
- Nous verrons bien une fois là-bas. Je n’ai que peu d’espoir, je l’avoue, mais il paraît que l’espoir fait vivre. »

Elle fit une drôle de moue, mi-sourire mi-grimace.

« Pour tout te dire, j’aimerais avoir des revenus supplémentaires et cette mine serait une aubaine. Mais pas à n’importe quel prix. Ce qui explique pourquoi je doive aller voir tout ça par moi-même.
- Vous avez des vivres pour cette expédition ? De quoi vous déplacez ? Après dans les deux cas, cela ne serait pas difficile à gérer, je peux participer aux frais sans souci si besoin.
- Oui, pour deux pas de souci. Je ne savais pas combien de personnes j’arriverais à recruter, donc je n’ai pas prévu trop, mais pour deux, c’est plus que largement suffisant. Je n’ai pas besoin de ta contribution. Sauf si tu veux quelque chose de particulier qu’il faudra aller chercher.
- Et quand comptez-vous partir ?
- Il me semblait qu’on se tutoyait… Je suis prête. On peut partir dès qu’on a fini cette pinte, sauf si tu préfères partir demain, après une dernière nuit au chaud et un bon repas, chaud lui aussi. »

Elle n’était pas pressée au point de partir sur-le-champ, mais si Shad le désirait, ça ne la déragerait pas. Il y avait quand même un voyage d’une petite quinzaine de jours normalement. Rien qu’entrer dans les profondeurs de l’Eld prendrait une semaine.

Elle avait envie de savoir. Le pire était toujours l’incertitude.

Concernant la question d’un soigneur que la Louve pouvait connaître, elle répondait simplement d’un simple mouvement négatif de la tête. C’était là un petit mensonge. Bien sûr qu’elle connaissait des personnes qui seraient capables de les soigner, mais elle doutait fortement que ces derniers daignent venir pour une telle mission. Et puis, sans soigneur, il leur suffira de redoubler de vigilance ! Shad fit cependant noter à son interlocutrice qu’elle avait pu observer des soigneurs par le passé et avait pu apprendre un peu d’eux, elle connaissait donc deux trois plantes utiles mais rien de bien folichon. Et de toute manière, elle était presque sûre que ces dites plantes n’existaient pas là où elles se dirigeaient.

Vint après la question des vivres et du moyen de déplacement que Valeria avait déjà réglé, à la question si Shad désirait quelque chose en particulier, elle haussa simplement les épaules :

« Non pas vraiment, si on a ce qu’il faut, alors ce sera suffisant, au pire, nous aviserons sur place. »

Car il fallait toujours prendre en compte les imprévus !  Il ne restait plus qu’à savoir si les deux femmes allaient partir après leurs pintes ou un peu plus tard. La Louve pesa le pour et le contre.

« Hmm..d’un côté nous ne sommes pas en course avec d’autre personnes à ce que je sache et à la vue des réactions que j’ai pu entendre, peu de gens vont tenter l’aventure là où nous allons. Nous allons également principalement dormir à la belle étoile et je n’ai aucune idée de comment sera le gibier là-bas, si nous venons à manquer de vivre…- elle pris une voix plus forte – aubergiste !! Votre meilleure viande je vous prie ! »

« Et c’est parti ! » dit il avant de s’éloigner de son bar pour quelques instants.

La Louve se tourna vers Valeria :

« Mangeons et profitons encore d’une nuit au chaud, je crois même qu’il est possible de se laver ici…Maintenant si tu es pressé, on a qu’à juste manger et partir directement, moi l’un ou l’autre, ça me va ! »

Au même instant, l’aubergiste revint avec une belle pièce de viandes accompagnée de quelques légumes vert et de pommes de terre. Il posa l’assiette devant Shad.

« Et voilà, bon appétit ! – il se tourna vers Valeria – et vous ? Vous ne voulez rien ? »

Elle hocha la tête à la réponse de Shad. En effet, au pire, elles aviseraient sur place. Elle disposait de deux potions de guérison mineures, au cas où, mais sans réel guérisseur, ce serait certainement trop peu si elles devaient en avoir besoin. Elle haussa les épaules.

« Bah de toute façon, notre vigilance sera au top étant donné là où on va. Faudra pas faiblir.
- Hmm... D’un côté nous ne sommes pas en course avec d’autres personnes à ce que je sache et à la vue des réactions que j’ai pu entendre, peu de gens vont tenter l’aventure là où nous allons. Nous allons également principalement dormir à la belle étoile et je n’ai aucune idée de comment sera le gibier là-bas, si nous venons à manquer de vivres… – elle prit une voix plus forte – aubergiste ! Votre meilleure viande je vous prie !
- Et c’est parti ! »

L’homme partit en cuisine sans attendre.

Quel clampin ! Il ne prend même pas ma commande…

« Mangeons et profitons encore d’une nuit au chaud, je crois même qu’il est possible de se laver ici… Maintenant si tu es pressée, on a qu’à juste manger et partir directement, moi l’un ou l’autre, ça me va ! »

L’aubergiste arriva déjà avec le plat de Shad.

« Et voilà, bon appétit ! – il se tourna vers Valeria – et vous ? Vous ne voulez rien ?
- Si vous aviez attendu deux secondes, j’aurais sans doute eu le temps de commander moi aussi… »

Il eut le bon goût de s’excuser. Le succube regarda le plat de Shad. Il ne lui faisait pas plus envie que ça.

« Je prendrai plutôt du poulet…
- Parfait ! J’ai aussi ça en stock ! »

Il partit puis se ravisa.

« Autre chose ?
- Oui, du pain et du vin. Et du bon !
- Je vous apporte ça mesdames. »

Elle regarda la louve.

« M’attends pas, ça va refroidir. Et tu as raison, on va prendre un bain et passer la nuit. Demain sera toujours assez tôt pour le départ. »

L’aubergiste revint quelques minutes plus tard avec toute la commande. Le pain sortait du four, le poulet était juteux et craquant, les légumes avaient l’air très appétissant, surtout les carottes. Valeria le remercia.

« Nous prendrons deux chambres pour la nuit. Faites également préparer deux bains.
- Euh… Je n’ai plus qu’une chambre. Mais elle comporte un lit double ! Est-ce que ça pourrait vous convenir malgré tout ? »

Valeria haussa les épaules. De toute façon elles allaient crapahuter pendant des semaines ensemble, alors ça ne changeait pas grand-chose de son point de vue.

« Ca ira.
- Je vous fais préparer ça. Pour quand le bain ?
- Dans deux heures. »

Il s’en alla alors sur une courbette. Valeria prit une aile et la décortiqua délicatement en regardant Shad.

« Ca ne te dérange pas j’espère ? »

N’empêche, je me demande bien qui occupe ses chambres, je n’ai pas vu grand monde…

La Louve hocha simplement les épaules en avalant une bouchée de viande.

« Non, pas le moins du monde – elle la regarda, haussant un sourcil – pourquoi je devrais ? »

Partager directement une chambre avec une inconnue ; cela aurait pu en rebuter certains ou au contraire donner de grandes espérances à d’autres. Pour Shad, cela lui importait peu, après tout, elles devraient faire équipe ensemble et lors de leur périple il était très peu probable qu’elles fassent « chambre à part ». La seule chose qui allait changer comparé à l’instant présent c’était que Valeria allait découvrir que son interlocutrice n’était pas humaine ; mais cette perspective ne semblait gêner l’Hybride. Après tout, elles avaient décidé de faire équipe ensemble pour se rendre à Harkenaar grâce à leurs expériences et talents, non pas à cause de leur race.

Quelques discussions plus tard, notamment sur le futur voyage à entreprendre et un repas terminé et payé, la Louve se leva et désigna l’escalier menant à l’étage et de ce fait à leur chambre.

« Allons-y ? »

Demanda t’elle tout simplement avant de prendre la direction de la chambre, non sans avoir récupéré la clé au passage. Elle entra dans cette dernière et nota qu’elle était des plus sommaires. Un double lit, un fauteuil une petite table basse ainsi qu’un bureau avec une chaise.  Il y’avait également un petit meuble où les habits pouvaient être posés et suspendus. En somme, le minimum syndical. Le bain quant à lui, était préparé dans la pièce d’à côté ; une imposante bassine avec de l’eau fumante en son sein et quelques « produits » de soins disposés ici et là sur ses rebords.

« Je te laisse y aller la première si tu le souhaites, bon il est aussi temps que je me mette plus à l’aise également. »

Et elle fit descendre la capuche de son chef, dévoilant une paire d’oreilles poilues tandis qu’une queue apparaissait au même instant où sa cape fut retirée. Son appendice caudal se mis à bouger tranquillement dans son dos et croisant ses mains derrière celui-ci, l’Hybride se tourna vers Valeria :

« J’espère que cela ne te dérange pas. Je voulais dîner en paix, je pense que tu peux comprendre – elle afficha un sourire – enfin ! Va prendre ton bain ! »

Et dire que ce sera sans doute le dernier avant un long moment…

A la question de savoir si une chambre double la dérangeait, Shad répondit avec une nonchalance qui fit sourire Valeria.

« Non, pas le moins du monde. Pourquoi je devrais ?
- Peut-être, va savoir… » répondit le succube avec un petit sourire énigmatique.

Les deux heures passèrent plutôt rapidement à discuter principalement des environs et des ragots du coin tout en faisant connaissance. Shad se leva alors et proposa de monter. Le bain devait être prêt.

Valeria monta à sa suite, en profitant pour mater quelque peu la démarche chaloupée de sa partenaire tout en déplorant que sa cape empêchât une meilleure vue de son fessier. Une vue tout court en réalité.

La chambre était sommaire, comme s’y attendait le succube. Ils étaient dans un village, même pas important, même pas connu pour une quelconque raison, et encore moins fréquenté par une foule saisonnière ou même venue pour une occasion particulière. Cependant, il y avait deux pièces et ça c’était rare.

La baignoire – le grand baquet en bois – prenait une place considérable dans la pièce mais était largement assez grand pour que les deux femmes s’y plongent ensemble.

« Je te laisse y aller la première si tu le souhaites, bon il est aussi temps que je me mette plus à l’aise également.
- T’en fais pas, il y a place pour nous deux ! On pourra profiter de la chaleur toutes les deux ! »

Le succube était enjoué et enleva sa cape tout en regardant Shad faire de même. Elle découvrit avec étonnement de longues oreilles et une queue de loup lorsque la cape disparut des épaules de la jeune femme.

« J’espère que cela ne te dérange pas. Je voulais dîner en paix, je pense que tu peux comprendre… Enfin ! Va prendre ton bain !
- Ah ça oui, je peux tout à fait comprendre ! »

Valeria entreprit de se déshabiller dans la chambre, sans aucune gêne devant Shad. Les couches de vêtements s’effeuillèrent petit à petit - sans avoir l'air de chercher à charmer sa compagne de chambrée, mais un peu quand même - pour dévoiler une peau pâle dénuée de cicatrices et de tatouages, des formes généreuses au galbe excessivement bien dessiné, des aréoles sombres et une toison pubienne courte et soignée.

Elle remonta ses cheveux pour les attacher en queue de cheval tout en regardant Shad.

« Ben alors ? Viens te dis-je. On va pas y passer la nuit. Un bain froid c’est pas un bain. »

Elle s’avança jusqu’à elle et dégrafa le premier bouton de sa chemise.

« T’as pas peur de moi quand même ? Moi, j’ai pas peur de toi. »

La proximité permettait sans erreur aucune de ressentir le doux parfum de la peau de Valeria, un parfum léger et insidieux qui parlait aux sens intimes plus qu’au nez finalement. Quand le succube le décidait, il pouvait exacerber cette odeur et provoquer chez ses cibles un désir irrépressible. En l’occurrence, elle ne faisait pas usage de pouvoir, c’était simplement sa nature qui émanait d’elle, comme Shad avait une odeur plus canine qu’un simple humain.

Elle sourit à la louve en la regardant sereinement.

Face à elle, l’Okami pouvait voir Valeria s’effleurer petit à petit, retirant chaque couche de vêtements avec une minutie parfaite. Elle put rapidement poser ses yeux sur son corps entièrement nu, libre de toutes entraves de tissus, notant sans le moindre souci que ce dernier semblait avoir été finement sculpté. Pas la moindre trace de cicatrices, des courbes et un glabre qui en feraient pâlir plus d’uns. Et pourtant, la Louve ne sembla pas plus étonnée que cela.

« Non. Non, je n’ai pas peur de toi. »

Répondit-elle simplement en prenant délicatement la main qui venait de commencer à la dévêtir afin de la repousser gentiment sur le côté. Son regard croisa celui de Valeria tandis que l’odeur de cette dernière, celle du succube envahissait les sens de l’Okami. Un sourire amusé vint à orner ses lèvres. Cette odeur, elle la connaissait que trop bien, et elle avait appris à la distinguer. Il était vrai qu’elle ne s’était pas mise à la humer à l’étage inférieure, cela aurait particulièrement étrange même !  Sa propre descendit sur son armure afin de la défaire sans hâte tout en fixant Valeria :

« Un fort pouvoir de persuasion hein ? Ce n’est pas la première fois que je croise l’un des tiens »

Elle était à présent également nue, sa peau, à la différence de celle de Valeria portait les stigmates d’une vie éprouvante, marquée ici et là de quelques cicatrices. Un long tatouage composé d’un phoenix et d’un dragon orné également l’entièreté de son dos. Sa silhouette restait féminine mais les muscles roulaient sous sa peau. Elle approcha son visage de celui Valeria, affichant un sourire :

« Allons prendre ce bain à deux, si c’est ce que tu souhaites vraiment mais je tiens à te prévenir, même si je me suis ouverte un peu à la gente féminine ma préférence reste envers les hommes…J’espère que cela ne te dérange pas ? »

Et sans attendre une quelconque réaction, la Louve se glissa sur le côté avant de monter dans la bassine d’eau chaude.

« Je crois que toi et moi, sommes bien loin d’être de simples humaines…Mais dis-moi, comptes tu réellement faire cette mission ou finalement est ce que tout cela était un plan pour que tu es quelqu’un ce soir ? »

En effet, à connaître la nature de son interlocutrice, cela restait possible !

« Non. Non, je n’ai pas peur de toi. »

Elle repoussa la main gentiment de Valeria avant de retirer son armure.

« Un fort pouvoir de persuasion hein ? Ce n’est pas la première fois que je croise l’un des tiens. »

Valeria savait parfaitement que son odeur ne devait pas avoir de secret pour elle. Pour d’autres certainement, mais elle supposait que son flair était très développé. Et ne fut donc pas vraiment surprise par cette remarque, même si elle doutait que Shad l’eût vraiment identifiée avec certitude.

L’aventurière se dévêtit elle aussi, sans aucune pudeur. Son corps musclé portait les traces de ses multiples expéditions et de certaines blessures certes guéries mais qui lui avaient laissé un souvenir. Val laissa sans équivoque courir son regard sur ce corps qu’elle aurait bien dégusté.

Shad s’approcha d’elle. Tout près. Valeria l’aurait embrassée, là, tout de suite, si elle ne s’était pas retenue. La louve sourit et glissa :

« Allons prendre ce bain à deux, si c’est ce que tu souhaites vraiment mais je tiens à te prévenir, même si je me suis ouverte un peu à la gente féminine ma préférence reste envers les hommes… J’espère que cela ne te dérange pas ? »

Elle la laissa là sans attendre de réponse et se glissa dans le bain. Le succube sourit, amusé et la suivit. Cette fois, il put admirer pleinement la croupe de l’aventurière quand celle-ci glissa dans l’eau. Elle la rejoignit calmement.

« C’est ennuyeux, mais pas gênant, non.
- Je crois que toi et moi, sommes bien loin d’être de simples humaines… Mais dis-moi, comptes-tu réellement faire cette mission ou finalement est-ce que tout cela était un plan pour que tu aies quelqu’un ce soir ?
- De simples humaines ? Certainement pas, en effet. Je t’avoue qu’une partie de jambes en l’air avec toi ne me déplairait assurément pas. Tu es très belle et je n’ai pas connu beaucoup de membres de ta race. »

Elle laissa son pied courir le long de la jambe de Shad et caresser sa peau.

« Non. La mission n’est pas un prétexte. Elle pourrait juste être bien plus agréable si nous partageons la même couche. Tu sais, si ce n’est que la morphologie, je peux être tout ce que tu désires. Par exemple, avoir un sexe masculin est inné. Laisse-moi voir dans ton esprit et je le deviendrai pour toi. Je fais ça souvent. Mais nous sommes appelées à remettre notre vie dans les mains l’une de l’autre et ce serait un bien mauvais calcul de ma part de te forcer d’une quelconque manière. Alors sois sans crainte.  Par contre, cela dit en passant, l’énergie sexuelle déployée lors de mes rapports me soigne. Donc, si je suis blessée, tu sais quoi faire. »

Elle soupira longuement et lui adressa un clin d’œil coquin.

« Et puis, si tu t’es – un peu – ouverte aux femmes, peut-être t’ouvriras-tu à moi ? Quoi qu’il en soit, profiter de ce grand lit et de tes bras me serait très agréable. Fais-en ce que tu voudras, louve un peu ouverte. »

Elle sourit et laissa sa main glisser sur son corps, faire remonter doucement ses seins, tout en regardant ceux de Shad, détaillant leurs aréoles avec un intérêt non feint pour voir si elles avaient une couleur bleutée comme son pelage ou plutôt « humaine ».

« Tu veux bien verser un peu plus de sels s’il-te-plaît ? »

La Louve haussa un sourcil :

« Tiens donc ? Ce n’est pourtant pas les hybrides esclaves qui manquent pour assouvir ce genre d’envie, et tu vas me faire croire que tu n’as croisé que peu de ma race ? »

Elle ne réagit pas spécialement quand le pied du succube venait effleurer sa propre jambe. Bien entendu elle pouvait voir dans la gestuelle de Valeria, et par ses paroles, qu’elle n’attendait qu’une chose, que l’Hybride s’ouvre à elle. Ce qui n’était pour le moment pas encore au programme. Elle se saisit des sels demandés, se levant de l’eau, laissant apparaître sa poitrine et ses aréoles de couleurs humaines, répondant ainsi à la question muette du succube. Elle versa le sels et se laissa de nouveau glisser dans l’eau.

« Au moins, je serais au courant pour cela, mais si cela arrivait, évites de trop m’épuiser hein ? Vous avez une sacrée endurance vous les succubes. »

Une endurance à laquelle elle n’avait pas à rougir ! Avec le temps, et surtout l’expérience, la Louve avait également appris à être plus endurante afin de répondre aux mieux aux plaisirs de ses partenaires et du sien. Bien qu’elle ne se touchât pas ouvertement comme Valeria, elle ne semblait pas être outrée par ce qu’elle voyait, attrapant au passage un des « savons » pour venir le frotter contre sa peau.

« Je mentirais si je disais que tu n’es pas ravissante, mais ça, c’est tout à fait normal après tout. Il est vrai que voyager et partager la couche est toujours plus agréable et ça permet d’apaiser également les tensions de la journée »

Sa main savonneuse passa sous sa poitrine qu’elle souleva légèrement sur son passage, la faisant sortir de l’eau au petit bonheur du succube avant de repasser sous la surface la seconde d’après.

« Mais je suis curieuse, si tu peux voir mes envies, en quoi pourrais tu te transformer pour que je me laisse à aller à ta proposition indécente ? »

Là sur le coup, son interlocutrice avait éveillé sa curiosité !

La plastique de la jeune femme était des plus réjouissantes et lorsqu’elle sortit de l’eau pour prendre les sels, le succube put vérifier que sa peau et sa pilosité étaient tout à fait humaines. Les sels furent écoulés dans l’eau et se mirent à y fondre prestement, amenant des bulles à la surface qui éclataient en un parfum doux et sucré.

« Au moins, je serais au courant pour cela, mais si cela arrivait, évites de trop m’épuiser hein ? Vous avez une sacrée endurance vous les succubes.
- Aucun risque, je ne prends que ce dont j’ai besoin. Alors à moins d’être littéralement à l’article de la mort, tu ne cours que le risque d’être épuisée. »

Elle évaluait les possibilités de la voir céder à ses avances tout en se rendant compte qu’en réalité elle venait en quelque sorte de le faire en acceptant de l’aider à se soigner par rapport sexuel.

Tandis que Valeria se caressait sans pudeur, mais sans non plus passer à la vitesse supérieure, Shad entreprit de se laver et amena de ce fait ses mains à s’occuper de ses seins de manière plus visible.

« Je mentirais si je disais que tu n’es pas ravissante, mais ça, c’est tout à fait normal après tout. Il est vrai que voyager et partager la couche est toujours plus agréable et ça permet d’apaiser également les tensions de la journée.
- Journée qui fut, pour ma part, riche en stress car jusqu’à notre rencontre je pensais devoir partir seule. Une bonne relaxation me fera le plus grand bien. Tu es très belle toi aussi, et le charme de ton corps musclé arborant les traces de ta vie tumultueuse ne me laissent pas indifférente. J’ai presque hâte de me blesser pour avoir recours à ton énergie régénératrice. »

Le plaisir éphémère du spectacle de ses seins sortant de l’eau sous la pression de ses mains se refléta dans les yeux du succube.

« Mais je suis curieuse, si tu peux voir mes envies, en quoi pourrais-tu te transformer pour que je me laisse à aller à ta proposition indécente ? »

Ah ! Intéressante question tiens…

Valeria sourit et prit un court laps de temps pour laisser émerger de l’eau le gland d’un sexe masculin de taille exceptionnelle (forcément, pour sortir de l’eau) qu’elle masturbait presque paresseusement.

« Ceci juste pour te montrer que je peux avoir un attribut masculin digne de toi. Mais j’imagine que tu n’attends pas que ça d’une amante… ou d’un amant ! »

Elle la regardait en souriant et laissa son esprit s’aventurer autour de celui de Shad. Elle le découvrit ouvert et put y plonger sans effort pour y découvrir ses fantasmes et désirs. Elle pouvait consulter discrètement ou à l’inverse faire revivre une partie de ces émotions à sa cible et c’est ce qu’elle choisit de faire. Probablement cela la mettrait-il dans de meilleures dispositions pour un éventuel rapport.

Plusieurs amants remontèrent à la surface, plusieurs souvenirs de plaisirs intenses également et Valeria nota ce qui plaisait particulièrement à la femme-loup. Plus profondément, elle trouva la couche des souvenirs cachés, qu’elle passa sans s’arrêter afin de ne pas embarrasser son hôte. Dessous, elle trouva les désirs inconscients, la strate dans laquelle ce que Shad ne voulait pas s’avouer – ou n’était même pas consciente – se cachait.

Elle farfouilla dans ce chaos duquel émergeaient des sensations de puissance, de muscles, de brutalité. Elle n’en était pas trop étonnée, sachant le côté lupin de la jeune femme, mais plus elle avançait et plus elle se rendait compte que les visions qui l’assaillaient se muaient en créatures non pas pourvues de fourrure mais d’écailles.

Tiens ?!

Continuant son exploration, elle laissa son corps suivre les évolutions oniriques et se mit à muter lentement vers la forme qui se dessinait dans l’esprit de Shad. Les corps se modifièrent dans la brume des aspirations et petit à petit émergèrent des cornes, des écailles, des crocs. Plus elle avançait, plus ce qui se dessinait se rapprochait d’une créature draconique !

Désir ? Envie ? Peur ? Les sens de Shad l’amenaient vers une morphologie plus humaine que draconique finalement, mais de plus en plus le regard du dragon pesait sur son esprit.

Oui ! Là ! Voilà…

Enfin, Valeria sortit de l’inconscient de Shad alors que l’ombre du Dragon flottait encore dans les esprits et se retrouva entrain de l’embrasser, ce qui était suffisamment anormal pour qu’elle en soit étonnée.

Son corps avait changé de forme, bien qu’il eût gardé le pénis, mais Valeria ne savait pas si c’était vraiment l’incarnation du désir de Shad ou celle de la forme qu’elle voulait prendre. Tout ce qu’elle savait était que c’était suffisamment surprenant car rien dans tout ceci ne touchait au loup mais par contre tout touchait au dragon !

L’apparition du gland émergeant de l’eau et donc soulignant un membre d’une taille impressionnante ne semblât pas étonnée l’Hybride, après tout, les démons de la Luxure étaient capables de telles extravagances, mais elle s’octroya néanmoins un petit sourire amusé. Du point de vue d’un rapport charnel, les succubes et incubes savaient comment faire plaisir à leurs partenaires ! La Louve se laissa glisser dans l’eau, s’immergeant presque entièrement, son propre pied venant flatter ce membre dissimulé sous l’eau.

« Hmm hmm… »

Elle laissait le succube voyageait allégrement dans son esprit pour qu’il puisse y dénicher ce qui la ferait chavirer d’envie. C’était un risque mais également une certaine marque de confiance, après tout, n’étaient-elle pas censées faire équipe plus tard dans des contrées inhospitalières ? Shad ne cherchait donc pas à cacher quoi que ce soit à l’investigatrice de ses pensées, consciemment tout du moins. Mais cette exploration autorisée fit également remontée de lointains souvenirs, tous les plus agréables les uns que les autres et la Louve se surpris à laisser glisser sa main dans une caresse sensuelle le long de son corps. Son souffle devenait même plus court, plus profond tandis qu’elle avait littéralement l’impression de revivre l’instant.

Dans le même instant, elle observait Valeria se transformer devant elle, prenant peu à peu l’apparence de ses envies profondes et cachées. Mais, ce fut dans un premier temps l’étonnement qui frappa l’Okami ; elle qui s’attendait à la voir se transformer en une version masculine d’elle-même, en un loup mâle, voilà qu’elle se retrouvait face à une démone mi dragonne ! Elle se rapprocha et vint se placer devant elle, leurs corps se touchant presque l’un et l’autre.

« C’est… »

Elle passa ses doigts contre les ailes membraneuses, les écailles recouvrant quelques parties du corps du succube. Plus que l’apparence qui était face à elle, la Louve ressentait comme une autre présence, une aura qu’elle ne saurait expliquer. Et tandis que ses doigts couraient sur ce nouveau corps elle pouvait aussi le sentir se transformer à nouveau, se modeler pour répondre à des désirs enfouis et insoupçonnés qu’elle ne refoula pas. Embraser par l’envie et le désir, elle combla la distance et vint embrasser le succube, ne sentant nullement la force d’y résister plus longtemps.

Alors que son esprit voyageait dans les désirs de Shad, Valeria restait consciente de ce qui se passait dans la bassine et les caresses du pied de la louve eurent un effet tangible en provoquant quelques spasmes et un accroissement notable de la colonne de chair.

Elle remarquait également l’émoi qui la prit alors que les souvenirs la submergeaient et que ses gestes devenaient nettement plus explicites. La voir gémir doucement en se caressant puis s’approcher d’elle avec un souffle de plus en plus court et une expression de plus en plus charnelle avait là aussi un effet significatif sur elle.

Alors que Valeria finissait ses explorations et revenait dans le pur présent, elle entendit le gémissement surpris de Shad puis changea encore une fois de forme sous l’impulsion de cette forme de conscience draconique qui les submergeait toutes deux en ce bref instant. Ce qui émanait d’elle avait quelque chose – non, était, véritablement – de viscéral, primal, animal. Un élan irrépressible, une déferlante irrésistible.

Aussi, quand elle se retrouva à embrasser Shad, c’était comme si un accord parfait venait d’être trouvé. Elle eut vaguement l’impression d’entendre tinter une cloche intangible, comme si une pièce venait de trouver sa place dans une trame que seules les Tisseuses connaissaient.

Le désir de la louve était prégnant, tangible, instinctif et avide. Valeria se retrouva emmenée dans un tourbillon de sentiments aussi forts que confus et s’abandonna à l’étreinte que Shad voulait lui offrit.

Elle remarqua qu’elle avait pris une forme draconique, forcément humanoïde car son pouvoir ne permettait pas de polymorphisme trop éloigné de sa forme originale, avec une queue caudale puissante, un corps manifestement masculin, sans ailes, celles-ci venant de disparaître.

Sa longue langue reptilienne s’enroula autour de celle de Shad et ses bras l’enlacèrent puissamment tandis que son chibre se logeait tout naturellement entre les seins de la louve. Elle pouvait sentir leurs odeurs se mêler, soufre et chien mouillé, quelque chose d’animal qui dépassait la simple odeur, plus justement leurs essences.

Le désir et la passion l’envahirent et, portée par l’aura primale du dragon, Valeria s’abandonna à ce baiser passionné qui appelait bien plus. Ses mains se mirent à caresser et explorer le corps de la femme dans ses bras ; découvrant ses rondeurs, ses cicatrices, ses moiteurs déjà bien avancées.

Valeria grogna de satisfaction. Elle allait sans doute avoir ce qu’elle voulait finalement.

Peau lisse contre peau écailleuse, la Louve semblait ne pas craindre de se blesser contre la nouvelle apparence qu’avait pris le succube. Sa langue, humaine pour sa part, jouait avec celle plus reptilienne de son partenaire actuel. Des milliers de questions traversaient son esprit, tourbillonnant dangereusement, mais ces mêmes questions furent chassées par un besoin plus primal, plus instinctif. Elle laissa la colonne de chair chaude et brûlante d’envie venir se loger entre ses seins, s’y frottant délicieusement contre. L’Okami était pris dans l’étreinte du dragon, sentant ses puissants bras l’enlacer et l’amener à se coller plus à lui. Elle ne fit aucun mouvement de recul, soupirant d’expectation quand les mains se firent plus baladeuses.

« Haa… »

Son corps tremblait d’envie malgré elle. Les odeurs qui envahissaient la pièce, primal, sauvage, avait de quoi lui faire perdre la tête, d’autant plus qu’il s’agissait d’un désir caché au plus profond d’elle-même ! Un désir qui, si on le lui avait dit de face, aurait eu droit à un rire de la part de la concernée. Elle poursuivait l’embrassade, son corps se frottant à celui d’une Valeria transformée. Ces mouvements qui faisaient en sorte de frotter ses deux monts de chairs contre le sexe dressé qui s’y loger. Ses mains partirent aussi à l’assaut de ce nouveau corps, partant à sa découverte, caressant chaque parcelle de ce dernier mais surtout, venant s’arrêter sur son membre érigé.

« Je… »

Impossible d’émettre la moindre phrase, de réfléchir correctement. Il n’y avait pas de places pour les paroles en cet instant, les gestes étaient bien plus importants que les mots. La Louve se recula doucement à contre cœur avant d’abaisser son visage du sexe du « mâle » face à elle. Sa langue darda et elle y apposa une pression de la base à son sommet avant que ses lèvres ne se referme sur ce dernier. Malgré la taille imposante, l’Hybride ne semblait avoir peur. Elle fit glisser le membre contre sa langue, cette dernière venant taper contre toute la surface qui lui était possible d’atteindre. Levant les yeux pour entrevoir la réaction de son partenaire, la Louve frémit au contact visuel et comme si un ordre muet venait de lui être donné, elle l’amena aux portes de sa gorge qui n’attendait qu’à l’accueillir.

Valeria s’attendait à voir Shad faiblir et céder après cette exploration. Mais elle ne s’attendait pas à cette transformation. Elle aurait parié sur un lycan ou un autre type de polymorphe, mais certainement pas un draconien. Pourtant, l’âme de Shad ne pouvait pas tromper. Son désir profond, enfoui, était bien draconique. C’était tout à fait inattendu. Et cette forme de « présence » en elle l’était tout autant. Plus encore, car on aurait presque dit qu’il y avait là, terrée, attendant son heure, une puissance latente.

Même Shad elle-même avait été surprise, bien qu’elle ne l’ait pas montré plus que ça. Mais le contact entre elles ne permettait pas de cacher cette surprise.

Valeria profita de cette nouvelle disposition de la Louve pour caresser son corps musclé. Elle explorait également ses propres sensations, car si comme tout métamorphe elle maîtrisait son nouveau corps, elle ne le connaissait pas parfaitement pour autant. Elle découvrit que sa peau écailleuse était étonnamment sensible et réactive à ce qui entrait en contact avec elle, même l’air et l’eau. Ses membres étaient puissants, robustes, ce corps nettement plus dense que le sien.

Dans ses bras, Shad s’abandonnait sans avoir vraiment l’air de contrôler quoi que ce soit, plus proche d’être la marionnette de ses sens que l’inverse. Elle ne parvenait même plus à émettre un son cohérent, à peine quelques borborygmes et soupirs lascifs.

Il fallait avouer que l’ambiance de la pièce s’était fortement chargée. Comme si l’esprit et l’instinct primal, totalement animal – dans le sens le plus pur du terme – avaient pris le dessus sur les deux femmes et établi leur joug sur elles pour quelques instants.

Guidées par un effet supérieur à leur propre volonté, elles s’embrassèrent, se caressèrent, s’explorèrent.

La louve semblait s’éveiller sous ces phéromones, éclore à une nouvelle forme de passion. Ses gestes devenaient plus intenses, plus demandeurs, plus inquisiteurs. Après avoir massé quelque peu sa queue entre ses seins, elle s’écarta comme à regret pour mieux revenir, avec sa bouche cette fois, et la parcourir de sa langue sur toute sa longueur.

Elle était très sensible et cette caresse arracha un gémissement de plaisir au succube. Les baisers et les longs léchages se succédèrent alors que les mains de Val se perdaient dans la chevelure de la louve. Elle ferma les yeux et laissa sa tête basculer en arrière. Shad s’était maintenant entièrement glissée entre ses jambes dont seuls les genoux dépassaient de la surface de l’eau.

Elle goba le gland.

Val gémit et rouvrit les yeux pour redresser la tête et fixer son amante. Elle sentait la langue parcourir son gland et appuyer sur son frein avec expertise. Les sensations étaient inédites, intenses. Le regard de Shad tout autant.

Elle darda une longue langue bifide et reçut un afflux de phéromones draconiques.

« Ouiiii, continue… » soupira-t-elle.

Elle fit doucement monter son bassin à la rencontre du visage de la jeune femme, tandis que ses mains pressaient sa tête en sens inverse. Sa queue passa la luette et se logea contre le fond de la gorge de Shad. Val n’attendait qu’une chose : qu’elle l’avale. Mais elle paraissait si étroite. Y parviendrait-elle ?

Elle ne gronda pas quand « il » appuya sa main contre sa tête pour la forcer à aller à garder son membre entre ses lèvres et l’avaler de plus en plus. L’Hybride ne fut nullement offusquée par un tel geste, au contraire même ! Elle se sentit même enhardie. Une expiration un peu plus forte que la précédente et elle continua ce que le dragon avait entamé, elle le fit glisser le long de sa gorge, doucement mais sûrement. Un acte facilité par les mouvements de bassins de son partenaire qui venaient à sa rencontre.

« Hmmmm »

La Louve ferma les yeux, sentant la verge emplir sa gorge et bloquer en partie sa respiration. Mais elle n’en démordra pas pour autant ! Respirant doucement pas le nez et surtout détendant ses muscles, elle continuait à le faire progresser, son intrusion pouvant être noter depuis l’extérieur, un renflement se formant au niveau du cou de Shad. Sa langue continuait à appuyer sur la partie du frein qui était restée à l’entrée tandis qu’elle continuait à l’avaler jusqu’à ce qu’enfin, son nez rentre en contact avec son bas ventre. Elle resta plusieurs secondes dans cette position, bougeant légèrement de gauche à droite avant de finalement se retirer presque entièrement puis revenir à la charge, le gobant entièrement sans difficulté.

« Hmmr ! »

Elle y alla d’abord doucement avant d’accélérer sensiblement le rythme, quelques gargouillis pouvaient se faire entendre dû à l’intrusion de ce membre imposant dans sa petite gorge mais rien qui força la Louve à arrêter son affaire. L’une de ses mains glissa également entre ses propres cuisses, ses doigts venant caresser son intimité trempée de désir. Elle ouvrit de nouveau les yeux, recroisant le regard de Valeria, tandis qu’au même instant sa verge entière disparaissait entre les lèvres de l’Okami. Et elle maintient la position attendant qu’une chose : qu’il prenne les rênes. Elle était prête à encaisser.