The Multiversity

C’était l’Île du Paradis… Themyscira, la demeure légendaire des Amazones. Elle avait été protégée par les Olympiens il y a des millénaires, pour des raisons qui échappaient encore à Diana. Suite à l’Olympomachie, les protections divines qui avaient protégé pendant des siècles l’île avaient été reconstituées. Ces protections s’étaient échaudées au cours des années, sous l’influence malsaine de la Boîte de Pandore. Diana se rapprochait aujourd’hui de son île, et elle n’était pas seule. Elle était en compagnie d’une femme qu’il fallait protéger. Elle était traquée par son ancienne compagnie, Vector Industries, une firme venant d’une autre dimension qui s’intéressait de très près aux métahumains… De trop près, même. Emily Ashford avait décidé de se retourner contre la firme, et avait fait part aux héros qui l’avaient approché d’une menace de grande envergure, d’un plan de longue haleine mené par Vector Industries pour s’approprier leurs pouvoirs. Des nouvelles assurément très inquiétantes, d’autant qu’Emily leur avait indiqué que les agents de Vector Industries s’étaient infiltrés dans les grandes organisations défendant la planète. Cela excluait donc de confier Emily au SHIELD. Il avait donc été décidé de l’emmener ailleurs… À Themyscira. Il était impossible que Vector Industries ait pu infiltrer l’île.

Diana avait donc décidé de s’y rendre, et avait à cette fin emmené Emily. Elles auraient pu y aller à bord du Javelin, mais comme on ne pouvait exclure que leurs vaisseaux soient surveillés,  elle avait décidé d’y aller autrement. Les deux femmes avaient rejoint la Grèce, et Diana avait réservé un voilier depuis un port de plaisance, puis avait ensuite rejoint la Mer Égée. Diana avait ainsi pu rejoindre Themyscira, en franchissant le dôme magique qui protégeait l’île. Diana et Emily purent ainsi voir la magnifique Île du Paradis, constituée d’une île principale et de plusieurs îlots qui les entouraient :


Diana leva la tête et désigna du doigt plusieurs pégases ailés qui volaient dans les airs, et qui se rapprochèrent du port de la ville. Diana y orienta le voilier, puis se retourna vers son invitée.

« Nous approchons, Emily… Bienvenue dans ma terre natale… Themyscira ! »

Une île qui avait beaucoup souffert, et qui avait même été abandonnée par les Amazones, capturées par leurs ennemis… L’île s’était reconstruite grâce à la magie olympienne. Quand Hestia avait reconstruit l’Olympe, sa magie reconstructrice, unique en son genre, avait ensuite été utilisée sur Themyscira, tandis que Diana avait retrouvé ses sœurs, et les avait libérés. On pouvait donc sentir en elle une certaine fébrilité à l’idée de revenir ici… Car c’était chez elle !

La survie au sein de son monde d’origine a développé une faculté nécessaire chez Emily; Les décisions rapides, au quart de tour. Ce qui commença par une suspicion légitime des méthodes de son ancien employeur est devenue une conversation au sein de la Ligue et des autorités terriennes pour exposer des intentions malsaines de la part du président de Vector Industries. Et bien sûr elle opta pour l’asile et leur protection lorsqu’il fut clair et net que la jeune femme a fuité des informations trop critiques pour mériter le pardon de son ex-employeur. Aucun secteur achalandé et surpeuplé de Megapolis ne pourra la cacher de ces milliers et millions de caméras disséminés dans toutes les aspects de la vie en surface. Même le milieu Underground est futile puisqu’on l’avait trouvé là à l’origine. La Terre est sa seule voie de sortie même si pour cela elle doit se retrouver séparée de son amie encore dans la conglomération. C’est avec tristesse que sa vie dans une toute autre réalité commence.

Craignant ouvertement que des taupes de la firme soient déjà infiltrées dans des institutions importantes de la planète, il fut décidé par Wonder Woman de la cacher sur une île secrète, mystique et hors de porté de la technologie de surveillance. Emily se voit embarquée, littéralement, sur un voilier voguant sur la mer bleue et cristalline de la Grâce vers un point au milieu de nulle part. Elle connait le déplacement sur roller, dans l’espace et dans des appareils volants mais c’est sa première expérience sur l’océan. La jeune femme tombe sur les fesses et halète en sentant son estomac se retourner sous le mouvement si inhabituel de ce moyen de transport. Comme pour ses débuts en roller elle fixe un point spécifique pour oublier le léger vertige lorsque le dôme franchi laisse voir une île majestueuse et d’étranges créatures volant au-dessus des bâtiments d’ivoire.

- Je suis une fille urbaine, Diana. Je ne reconnais pas ce genre d’architecture mais c’est agréable à observer je dois dire.

Elle se tient les cuisses et fixe intensément ces bâtiments et ce port se rapprochant de leur bateau alors que c’est le contraire. L’absence complète de technologie – du moins ce qui est visible pour cette invitée – la secoue elle qui ne connait que le confort urbain et un panorama saturé de gratte-ciels, de routes et de vaisseaux circulant dans la stratosphère. Ici sur cette île paradisiaque une nature plus basique et pure élimine le moindre repaire restant pour Emily qui retrouve finalement la terre ferme. Même dans cet espace ouvert la jeune femme se retrouve perdue et si vulnérable devant les première amazones présentes pour accueillir la princesse prodige. Vulnérable car sur cette île dont le code vestimentaire est différent, la veste et le short noir d’Emily font tache. Elle qui s’est montrée courageuse devant la Ligue la voilà qui se place près de Diana, légèrement derrière.

- J’ai l’impression qu’elles peuvent me trancher la tête si aisément. Suis-je vraiment digne de rester ici pour quelques temps ?

Le retour de Wonder Woman n’allait clairement pas passer inaperçu. Diana s’y attendait. Elle était la fille prodige, celle destinée à devenir Reine, et qui venait de sauver les Amazones. Voir son île ainsi reconstruite ne pouvait que l’émouvoir. Emily était dans son dos, et elle ne vit pas les yeux de Diana s’embuer de larmes de joie. Themyscira s’était reconstruite ! Elle pouvait percevoir les magnifiques odeurs de son île, les senteurs parfumées, la nourriture… En chemin, elle croisa quelques bateaux de pêche, et se retourna vers Emily quand celle-ci l’interrogea sur le fait de savoir si elle était « digne » de rester ici. Impossible de ne pas voir le bonheur qui irradiait sur le visage de Diana.

« Digne ? Ce n’est pas une question de dignité, Emily… Cette île a été préservée pendant des millénaires des horreurs de la guerre. C’est un joyau de beauté qui devrait guider le monde vers un avenir radieux. »

Le bateau se rapprochait du port, et Diana jeta l’ancre à la mer, puis accosta lentement. Le voilier se frotta au quai, et elle sauta au sol. Le quai était en marbre solide, à l’intérieur d’une crique, face aux fondations massives et lumineuses de Themyscira. On pouvait voir d’énormes piliers en argent s’enfoncer dans l’eau, soutenant des ponts et des structures cylindriques ressemblant à d’énormes temples prospères et massifs. Diana descendit donc sur le quai, et monta les marches menant au ponton. Elle sourit en voyant sa tante, la puissante et fière Antiope.

« Diana…
-  Tante Antiope… »

Diana se jeta à ses bras, lui offrant une accolade fort peu diplomatique. Antiope était une femme un peu stricte, la générale de Themiscyra. Elle avait jadis été mariée à Thésée, elle avait été la Reine de Themyscira, et avait fondé une autre tribu amazone, les Amazones de Bana-Mighdall. Elles s’étaient installées en Égypte il y a plusieurs millénaires, une tribu qui avait renoncé à servir les Dieux après les attaques d’Héraclès sur Themyscira. Aujourd’hui, l’heure était au pardon, et à la réconciliation. Diana le savait. Suite à l’Olympomachie, les différentes factions amazones allaient devoir se réunir, pour s’allier. Diana profitait donc de la protection d’Emily pour voir où en étaient les discussions. Elle considérait Antiope comme sa seconde mère. Antiope était sévère, mais elle avait toujours veillé à former Diana. Contrairement à Hippolyte, sa mère, Antiope avait vu le monde extérieur, et elle avait toujours été partisane d’une ouverture de Themyscira vers le monde extérieur. Le fait est que, après l’attaque de la Monarchie de la Rose sur l’île, Diana avait pu compter sur l’aide des autorités locales. L’Union Européenne s’était mobilisée, et cela aussi, les Amazones allaient devoir en tenir compte.

« Comment allez-vous ? J’aurai aimé revenir plus tôt, mais…
-  Je sais, tu as des obligations, toi aussi… Comme tu peux le voir, l’île s’est plutôt bien reconstruite.
-  Et les délégations ?
-  La Reine Andromaque est arrivée avec sa fille. Les Amazones de Terra participeront aux discussions. La Reine Faruka II est là, et nous attendons encore la Reine Nubia. »

Faruka II, l’actuelle Reine de la tribu de Bana-Mighdall. Diana avait déjà croisé cette tribu, et avait surtout affronté leur championne… Qui arriva alors.

« Bonjour, Diana… Qui est la demi-portion qui t’accompagne ? »

Massive et musclée, Artémis était une Amazone redoutable, quelqu’un qui, comme Diana, avait aussi exploré la Terre. Elle s’était notamment rapprochée de Red Hood et d’Archer, lorsqu’ils formaient les Outlaws, des super-héros qui flirtaient avec les limites de la loi, se rapprochant d’organisations criminelles pour les combattre.

« C’est… Emily. Une réfugiée. »

Antiope avait été informée, et acquiesça doucement.

« Elle est donc naturellement la bienvenue à Themyscira. »

Depuis leur première rencontre dans la Watchtower Emily voyait sa relation avec ces Héros de la Terre comme étant professionnelle fondée sur un désir de sincérité et de confiance. Elle pensa alors que de ce point il y aurait qu’un développement amical à long-terme sans rien davantage. Lorsqu’un visage radieux prend par surprise la jeune réfugiée Emily sent cette puissante contagion l’envahir. Son regard braqué vers Diana lui remonte son humeur d’un cran, lui fait bomber le torse tandis qu’elle respire avec plus de détente. Son sourire s’éveille et avec des joues plus chaudes Emily hoche la tête et se sent capable de se tenir debout à l’approche du voiler vers la crique de l’île.

- Je n’ai jamais crue aux Utopies. Mais je veux bien t’écouter et voir cette île l’esprit ouvert.

Déjà la nouvelle venue constate l’architecture unique qui domine la crique, un amuse-bouche pour d’autres beautés à venir. Un sol de marbre lisse et lubrifié par le travail de nombreuse travailleuses démontre un soin particulier au détail et à la qualité de la ressource utilisée. Emily serait capable de rouler aisément sur cette surface avec ses rollers et rouler comme sur une piste cyclable. Toutefois elle porte ses souliers de sport tandis que son regard curieux et attentif prend inspiration des temples et de l’éclat naturel du métal servant de piliers. Megapolis est quasi uniforme avec ces bâtiments de béton comme de métal gros ou noir, une image plus sobre et sans vie à comparer de Themyscira. Le plus notoire pour Emily est cette ambiance incroyablement positive. Toute timidité initiale s’estompe pour laisser place à de la confiance de soi. Enfin elle réalise que la population est entièrement féminine ce qui fort agréable pour la demoiselle.

Une petite ascension après la jeune femme observe la réunion de famille avec un sourire triste. La nostalgie et surtout le regret tente de nouer sa gorge. Pendant un bref instant elle se sent envieuse et heureuse pour Diana qui au moins à une terre natale où revenir. En rejoignant le ponton, Emily comprend ensuite que leur venue est à point nommé avec l’arrivée de d’autres délégations amazones venus de la Terre comme de Terra. Des reines sont présentes sur l’île et voilà qu’une réfugiée de dernière minute sera témoin de la rencontre sommet, possiblement. Quand une autre amazone pousse enfin Emily à se présenter elle  sort de l’ombre de Diana pour se tenir par elle-même devant Artémis et Antiope.

- Emily Ashford. Je viens de Mégapolis, une ville-planète. Quand j’ai eu un malentendu avec la Ligue de Diana j’ai choisi de leur offrir ma main et de tourner le dos à un ex-employeur devenu trop suspicieux. Elle a accepté ma main tendue de bonne foi et je suis fortement reconnaissante envers votre nièce.

Puis elle pivote légèrement pour confronter Artémis d’une expression plus renforcée. Plus intense, lançant un regard brûlant vers Artémis elle la fixe malgré les quelques pouces de différence en termes de taille. Aucun doute que la jeune femme n’a pas la musculature d’une guerrière accomplie mais ce qui lui manque physiquement elle le remplace avec un caractère plus solide.

- Nous n’avons pas les mêmes compétences, certes. Je reste quand même une femme avec de l’expérience au combat. Je refuse que l’on me traite de demi-portion alors que vous ne savez rien de moi. D’ailleurs, me réfugier ici ne me rendra pas mollasson. Je donnerai ma part pour votre communauté et ça c’est une parole d’honneur.

Artémis ricana doucement quand la « demie-portion » s’offusqua qu’on l’appelle ainsi. Artémis était un vrai garçon manqué, mais avec une poitrine confortable, de longs cheveux, et une sacrée paire de muscles. Ceux qui pouvaient croire les Amazones douces et tendres parce qu’elles habitaient à « l’ïle de Beauté » pouvaient vite déchanter. Artémis était belle, mais très bourrine, et clairement pas du genre à faire dans la dentelle. Ce n’était pas pour rien si elle s’entendait si bien avec Red Hood, un ancien justicier qui était devenu un vengeur, et pour lequel Batman avait des sentiments contradictoires,  se reprochant l’évolution négative de son ancien protégé.

« Hoho, tu parles avec de grands mots, pour un si petit corps, gloussa Artémis. Tu n’auras qu’à t’inscrire au Colisée, si tu veux me prouver que tu n’es pas une demi-portion… Demi-portion !
-  Artémis, tu ne vas pas te battre avec toutes les personnes qui arrivent ici…
-  Hey, j’aime ça, moi, me battre ! On ne connaît vraiment une personne que quand on l’affronte, et je dois prendre ma revanche sur toi ! »

Diana faisait partie des quelques rares personnes ayant pu battre Artémis. Une tâche loin d’être facile, vu qu’Artémis avait pour ambition de battre Superman. C’était d’autant plus frustrant pour Artémis qu’elle n’était pas une Princesse héritière. Elle n’était d’ailleurs même pas Amazone, à l’origine. Fille de deux Américains, elle avait rejoint la faction des Bana-Mighdall. Artémis avait pour père des soldats américains, qui étaient morts au combat. Arrogante, elle avait rejoint Bana-Mighdall, et avait entrepris de s’emparer d’un artefact légendaire, l’Arc de Ra. Un arc divin, mais qui l’avait rejeté. Quand elle avait voulu s’en emparer, la Déesse Nephtys lui avait dit qu’elle ne pouvait pas encore brandir l’Arc. Elle avait ensuite défendu les Bana-Mighdall quand la cité avait été envahie par des mercenaires et des terroristes. Une attaque violente, mais qui avait offert à des voleurs l’opportunité de voler l’Arc de Ra. Depuis lors, Artémis recherchait l’Arc.

Elle s’éloigna, et, dans son dos, Emily put voir une énorme hache de combat.

« Artémis souhaite est la Shim’Tar des Bana-Mighdall, expliqua Diana. Tu arrives à un moment très particulier, Emily. Pendant longtemps, notre peuple a été divisé en plusieurs clans, des factions très éloignées, y compris sur une autre planète. Suite à l’Olympomachie, et à ce qui est arrivé à cette île, ma mère souhaite désormais unir toutes les Amazones. Le problème va être de désigner une Reine commune, et, connaissant mon peuple, il y aura sûrement des épreuves. »

Chaque tribu allait choisir sa championne. Les Grecs avaient inventé les Jeux olympiques, après tout. Ici, les traditions perduraient, sans relâche.

« Pour l’heure, il faut aller voir ma mère. C’est la Reine, c’est elle qui autorise des sauf-conduits pour les réfugiés. »

Tout semblait parfait ici. La réalité était toute autre, et Diana en avait souvent fait les frais. En grandissant, elle avait découvert l’envers du décor, et, tandis que les deux femmes avançaient sur le chemin principal menant au grand palais central, Emily pourrait voir, non sans curiosité, qu’il y avait des hommes parmi les Amazones. Des hommes ! Un tel spectacle relevait presque d’une forme d’hérésie. Ils étaient peu nombreux, ceci dit, et semblaient soulagés de voir Wonder Woman, qui semblait être leur protectrice. Difficile pour Diana d’avancer, car les Amazones venaient régulièrement l’enlacer, y compris les enfants. Une jeune fille se précipita vers elle, et Diana l’enlaça fièrement, souriant devant elle.

« Apolline ! Comment vas-tu, ma belle ?
-  Princesse Diana ! Je n’ai pas arrêté de m’entraîner, vous viendrez me voir me battre ? »

Diana n’était pas la Reine, mais son retour provoqua un attroupement qui éclipsait toute autre délégation diplomatique. Jadis, quand elle avait décidé d’ouvrir l’île aux hommes, elle avait déclenché une guerre civile, et les Amazones la regardaient avec mépris. Mais elle avaitr sauvé les Amazones de la Monarchie de la Rose, effaçant tout ce qu’elle avait pu faire auparavant. Elle était Wonder Woman, leur sauveuse… Leur gardienne.

- Il manque juste que tu balances des « fuck » pour ressembler à un vrai garçon manqué de Megapolis. Je peux te donner un entraînement sur cette matière si tu le demandes gentiment.

Emily montre un sourire malin avec ses dents en évidence. Elle compte bien avoir le dernier mot sur Artémis malgré que l’amazone rousse marque un point important ; Les mots restent des mots et le combat est la preuve de l’action et de la vraie nature de l’humain. Si une arme peut exprimer la personnalité d’une personne alors la hache de guerre est un symbole de puissance brute et de sauvagerie palpable rien qu’à la vision de cette femme forte et arrogante. Ce que Diana raconte sur son amie et rivale le confirme. Emily ne s’est jamais intéressée à la politique par le passé – surtout que le monopole du Consertium n’avait aucune opposition officielle sur toute la ville-planète.

- Chaque clan possède ses propres valeurs et coutumes, non ? Il sera difficile de trouver une femme pouvant faire l’unanimité. Je ne vois pas cette communauté suivre les ordres d’Artémis.

Loin d croire en l’Utopie, elle doute fortement que ces épreuves puissent déterminer la candidate parfaite pour mener toutes les amazones en une seule unité de sœurs. Cette déduction instinctive est vite mise sur la glace quand la jeune femme observe la grande place et les alentours du chemin principal menant à leur prochaine destination. La majorité féminine et les quelques hommes aptes à rester sur l’île lui rappel le même ratio homme-femme que chez son ex-employeur. Et les souvenirs de son ancienne refont surfaces lorsqu’Emily se retrouve séparée d’une Diana entourée d’un large groupe de fans pour se retrouver isolée. Dans le coin droit de son champ de vision elle remarque une jeune amazone d’environ 15 ans garder ses distances silencieuse et peut-être asociale. Elle lâche une exclamation silencieuse et se rapproche de celle qui se nomme Raya. Leurs regards se croisent une fois à bonne distance.

- Tu as de drôles de vêtements.

- Oh ça…short et veste en cuir en fibre de quartz et autres composants compliqués pour ne pas les brûler. C’est ma tenue normale là d’où je viens. Et toi, pourquoi tu ne rejoins pas tes amies ? Je vois que Diana est aimée de carrément tout le monde.

- Ça me laisse froid. Je préfère m’entraîner et étudier seule dans la grande bibliothèque de Themyscira.

- Arrête ça tout de suite, lance Emily. Aucune adolescente ne mérite et ne devrait vivre dans la solitude à si jeune âge. Ça m’est arrivé une fois… et plus jamais cela.

- Tu n’es qu’une nouvelle. Ne me parle pas comme ma mère.

- Alors je serai ta grande sœur ?

Emily hausse les épaules avec ce petit sourire futé à la plus jeune fille avant de claquer ses talons ensemble. Les souliers se convertissent alors en ses rollers conçus dans sa propre dimension. Visuellement identique à des rollers de la Terre ceux-ci cachent plus de puissance et la réfugiée attise la curiosité de Raya en reculant et avançant sans bouger les jambes. L’amazone cherche à la surprendre avec une petite charge en avant mais Emily est trop rapide en la contournant avec une esquive flexible avec une rotation de 180° autour de Raya. Ce petit jeu de tag  tandis que la foule agglutinée autour de Diana se disperse et que d’autres amazones remarquent ce que porte la jeune arrivante. La performance cesse et la même Emily amusé retourne ébouriffer la chevelure de Raya.

- On s’entraînera ensemble à la prochaine opportunité. Peut-être vais-je envisager m’inscrire au Colisée pour un jour affronter cette Artémis. Promis ?

Une fois qu'un timide hochement de tête scelle la promesse entre les deux jeunes demoiselles Emily peut enfin retourner auprès de Diana. C’était un détour soudain du programme prévu mais Emily ne regrette pas parler avec l’adolescente et établir un premier lien entre elles. En fait elle sent un énorme soulagement l’envahir en sentant le regard de Raya de loin puis se tourne vers Wonder Woman.

- Quand j’avais 12 ans je me suis retrouvée à la rue durant toute une année. C’était la pire période de ma vie de chercher des vivres dans les poubelles ou voler ce que je pouvais. Et depuis le jour où j’ai commencé à me battre et à porter ces rollers je me suis jurée de ne plus jamais retournée à une « vie de rat ». Quand j’ai vu cette fille seule et indifférente…il fallait que je l’approche et lui parle.

Diana devait s’y attendre, bien sûr. Pour autant, cela faisait toujours chaud au cœur. Même si elle avait quitté son île pour voguer sur d’autres cieux, Themyscira restait son île de naissance, sa terre de rattachement. Elle revenait toujours ici en considérant être rentrée à la maison… Ce qui était quand même plus simple quand elle n’était pas bannie, ou qu’elle n’avait pas déclenché une crise diplomatique en voulant recueillir des réfugiés. Elle constata qu’Emily s’était rapprochée de Raya, et la laissa faire, tout en saluant d’autres Amazones. Petit à petit, la foule se mit à diminuer, dégrossissant au fur et à mesure que le temps passait. Emily revint près d’elle, et Diana lui sourit doucement.

« Je vois que tu as déjà commencé à faire de bonnes rencontres… »

Emily lui expliqua qu’elle s’était rapprochée d’elle parce qu’elle lui avait rappelé son propre sort, alors qu’elle était seule et abandonnée.

« Aucun enfant n’est seul ici. Celle-ci fait probablement partie de la délégation amazonienne. »

Une curieuse, de toute évidence ! Diana ne s’attendait pas à débarquer en pleine délégation ! Le duo remonta l’avenue principale. Le Palais de Themyscira se dressait joyeusement, accessible par un grand escalier en marbre. De multiples statues massives dorées ornaient le long escalier, qui menait vers les hauteurs de l’île.

« Themyscira est une terre d’asile, un endroit béni des Dieux… Maintenant que les Olympiens ont été restaurés, l’île refleurit. »

Ici et là, de magnifiques arbres s’étaient redressés. Les arbres remuaient agréablement, l’escalier s’ouvrant parfois sur des jardins et des aires de repos, jusqu’à ce que les deux femmes atteignent le parvis du Palais. Elles avaient rejoint le Parthénon de Themyscira, les « hauts-quartiers » de la ville. Une grande place centrale se trouvait au centre, avec le Forum, un espace de discussion, le cœur démocratique de la cité. Plusieurs temples ornaient les lieux, ainsi qu’une structure plus grande, le Palais. Diana frémit en se rapprochant, consciente que les deux femmes allaient bientôt rencontrer Hippolyte. Normalement, la demande de réfugiée d’Emily ne présenterait aucune difficulté, et Diana se dirigea d’un pas assuré vers l’enceinte du Palais, accessible par une grande rotonde ornée de colonnes de marbre impressionnantes et massives…

- Je vois. Je n’ai pas pu lui demander son nom mais je la trouve plutôt adorable avec son expression et son teint de peau.

Il est loin la première rencontre avec la Ligue où Emily se retient de dire quelque chose ne serait-ce qu’un peu stupide ou personnel. Sur Themyscira, la conversation devient plus naturelle et légère. C’est-à-dire, Emily peut dire ce qu’elle pense avec une familiarité qu’elle n’oserait pas encore adopter en la présence des autres Héros et de fait même se sentir plus proche de Diana durant cette période de sa vie en tant que réfugiée. Un doux sourire se dessine sur ses lèvres tandis qu’elle fixe sa guide avec un éclat scintillant dans les prunelles de ses yeux. Il faut dire que la sincérité a un bel effet sur la jeune femme qui commence à baisser encore plus sa garde et admettre des pensées un peu coquines envers la jeune adolescente. Ne voulant pas encore poser des questions sur l’âge de consentement elle se contente d’hocher la tête en comprenant que sa première rencontre fait partie d’une délégation. Son séjour sera temporaire avant que son clan retourne dans sa région d’origine.

Emily change ses rollers pour ses souliers normaux ; S’élevant vers les hauteurs de l’île des escaliers de marbre gardés par de splendides statues dorées emmènent le duo vers le siège de Themyscira là où préside la reine des Amazones de cet univers. Elle entend comme quoi ce lieu a toujours été un lieu de refuge pour les femmes. Sans encore les connaître en profondeur Emily sent une grande force chez ces guerrières dont plus particulièrement la tante Antiope. Elle clignote des yeux face à l’éblouissement de l’Acropole baigné d’un soleil rayonnant et chaud.

- Même depuis Megapolis je savais que des dieux sont entrés en guerre contre des mondes et que leur conflit a laissé des séquelles. Je compatis pour vos pertes, Diana. Mais pourquoi cette île est un asile ? Je ne dis pas non à votre hospitalité…pas assez débile pour refuser cela !  C’est que ton peuple est si fort rien n’indique une forme de persécution.

Le parvis du palais procure à la jeune réfugiée une vue spectaculaire sur l’océan et les bas quartiers de l’île paradisiaque. Depuis La Watchtower elle a vue ces océans s’étirer sur une considérable portion de la planète et maintenant sur Terre elle voit l’étendue devenir sans fin. Emily inspire l’air frais de ce vent tiède soufflant dans sa chevelure et se baigne un instant de ce soleil radieux. Comme Superman, cette lumière lui servait d’énergie à la différence que c’est la chaleur qu’elle absorbe par la peau. Quand un œil attentif voit le frémissement de Diana la jeune demoiselle pose une main sur l’épaule de la princesse des Amazones. Comme Raya, Emily sent sa curiosité s’éveiller et cette femme d’une grande bonté l’intéresse encore plus.

Avec assurance elles passent à côté des temples et vers la rotonde elles entrent pour accéder après plusieurs pas assurés dans le grand Hall du trône. Les gradins façonnés dans pierre et formant une voûte permettent le rassemblement d’un auditoire et vraisemblablement en vue du sommet à venir. Le dôme en coupole laisse passer la lumière du soleil tout en étant en mesure d’y placer une bâche ou autre textile à son sommet en cas de pluie. Emily s’avance calmement vers le trône et enfin elle peut voir cette puissante et magnifique femme la toiser du regard. La ressemblance avec Diana la frappe tout comme les deux sont bels et bien mère et fille. Son cœur palpite en plus de sentir des pincements à cet endroit et dans son esprit. Son sourire reste bien droit et confiant quand elle dit :

- C’est un bonheur de faire votre connaissance. Je suis une…alliée et amie de Diana de ma propre volonté. J’ai des soucis avec des forces d’un autre monde et requiert votre bénédiction pour rester sur Themyscira pour quelques temps.

« Un jour, je te ferai lire le mythe d’Héraclès et le traitement qu’il réserva aux Amazones. »

C’est assez sobrement ce que Diana répondit à Emily quand elle s’étonne du fait que les Amazones n’avaient pas l’air partiellement persécuté. Des femmes guerrières, cela faisait mauvais genre, et c’était encore plus vrai en Grèce antique, une nation phallocratique où la Déesse Héra était perpétuellement tournée en ridicule dans les mythes, trompée à de multiples reprises par son mari volage, comme pour exprimer la supériorité du mâle sur la femelle. Dans ce contexte, les mythes avaient noirci l’image des Amazones, affirmant qu’elles se coupaient les seins, comme une manière de les masculiniser. Les mythes antiques regorgeaient d’histoires d’amour entre héros grecs et reines amazones, que les premiers aimaient avant de les tuer. Bellérophon triomphant des Amazones après avoir battu la Chimère, Achille tuant la reine Penthésilée dont il était tombé amoureux… Ou Héraclès ayant massacré Hippolyte après avoir volé sa ceinture. Diana ne rentra pas davantage dans les détails, car, non seulement elles approchaient du Palais, mais aussi parce qu’il y avait d’autres raisons d’isoler Themyscira. Ce n’était pas un hasard si l’île était peuplée de créatures magiques.

En rejoignant le Palais, le cœur de Diana bondit doucement dans sa poitrine en voyant sa mère…  La Reine Hippolyte ! Elle portait une armure de combat d’une blancheur immaculée avec des motifs dorés, une tenue cérémonielle qu’elle portait en raison des invitées qui venaient d’arriver.

« Mère ! Voici la jeune femme dont je vous ai parlé, Mère, Emily Ashford… »

Hippolyte était une Reine puissante. Avant que Diana ne quitte son île, Hippolyte avait été la première Wonder Woman, celle qui avait combattu les nazis lors de la Seconde Guerre Mondiale. C’était elle qui avait développé la tenue célèbre de Diana, et les deux femmes se ressemblaient tellement que peu de gens savaient qu’il y avait eu deux Wonder Women. Hippolyte descendit de son trône doré. À droite et à gauche, d’énormes statues de marbre représentaient les plus grandes Reines du royaume, comme Penthésilée.

« Je te souhaite un bon retour, ma fille. Comme tu as pu le voir, l’île a retrouvé ses couleurs, et nous avons bon nombre d’invitées.
-  J’ai pu constater cela, Mère. »

Sa mère avait été son prédécesseur à la tête du royaume, et son successeur. Diana avait abdiqué, et le trône était retourné entre les mains d’Hippolyte.

« Je suis encore membre de la Ligue… Réserviste, précisa-t-elle. On m’a parlé de toi, Emily, de ton souhait de te révolter contre cette société qui a attaqué les super-héros… Une histoire qui ne m’est que trop familière. Si ma fille a confiance en toi, j’ai confiance en toi. Tu es la bienvenue parmi nous, Emily Ashford, et tu pourras rester ici aussi longtemps que tu le souhaites. »

Il se dégageait d’Hippolyte une puissance similaire à celle de sa fille. Si Diana était la fille de Zeus, Hippolyte avait été bénie par la Déesse Artémis et par la Déesse Héra, ce qui faisait d’elle un être bénéficiant d’une énergie quasi-divine. Hippolyte se déplaça lentement, et seule Diana put sentir la nervosité chez elle.

Sa mère était inquiète, très inquiète.

Emily est témoin de ces immenses statues sculptées à la main en l’honneur d’importantes reines de Themyscira. Outre les graffitis, la jeune femme découvre la vraie forme de l’art qui sert à inspirer et relayer une partie de l’Histoire. Ça et tout ce qu’elle a vu depuis son débarquement a une beauté et un charme très naturel qui tire délicatement sur des cordes sensibles qu’Emily ne pensait pas avoir. Il fallut entendre le mot « mère » pour les souvenirs de sa propre mère – Amanda Ashford - reviennent à elle. C’était de bons moments personnels comme des moments où elles étaient de sortie en famille. Puis en voyant Diana et Hyppolyte réunies la jeune femme garde un instant de silence avec deux larmes timides perlées du coin des yeux. Emily les essuya avec sa main.

- Mes excuses. Je me souvenais de ce que j’ai perdu.

Emily acquiesce quant à sa volonté de lutter contre son ex-employeur. Il y a encore des détails à révéler sur ses motivations à l’origine et les circonstances derrière son recrutement. Toutefois le simple fait que c’était une société autre que le Consortium avait joué en leur faveur. Comment refuser le logis en échange de tâches qui ne veulent pas toujours aller dans la violence ou les attentats répréhensibles ? Emily voyait les intentions de Vector Industries comme uniquement centrées sur le développement de son prestige et lutter contre une menace existentielle comme les Xénomorphes. Avec la découverte du Multivers, Emily comprenait que l’ennemi existentiel s’étire au-delà de sa compréhension. Le point de rupture a été quand le recoupement d’informations confidentielles lui fait découvrir l’existence des gemmes de pouvoir et de l’omnipotence, ce que Wilhelm voulait obtenir.

La jeune femme observe la reine des Amazones et sa frappante ressemblance avec sa fille Diana. C’était aussi un membre réserviste de la Ligue et donc une autre personne que la réfugiée est ravie de savoir comme amie et non comme ennemie. Devant une figure royale et aussi importante les gestes communs comme une embrassade et une bise cordiale lui parait risqué ou hors de portée. Emily tend sa main en gage de politesse et de reconnaissance pour lui permettre de rester sur l’île le temps qu’il faudra pour mûrir.

- Je me révolte aussi parce que la société exploite les faiblesses des gens qu’elle recrute. J’étais dans un état psychologique fragile et on a essayé d’implanter un piège mental contre les pouvoirs psychiques contre ma volonté. Je pense qu’on voulait faire de moi un assassin si j’étais découverte…mais j’ai refusé de suivre leur script.

Une théorie fort plausible; Beaucoup de membres sont l’équivalent de SDF et n’ont nulle part ailleurs où aller. La société avait cette logique cruelle de contraindre l’ex-employée à se battre pour sa mission en déployant son don de Métahumain. Mais on sous-estima le cœur et l’âme d’Emily. Embarrassée la jeune femme admet aussi :

- Je ne connais rien de la Terre. Madame Hyppolite, Diana, je suis ignorante de bien des choses et j’ai arrêté l’école à l’âge de 12 ans. Mon souhait est que ce séjour soit fructifiant pour vous comme moi en reprenant mon éducation sur Themyscira et en affûtant mes compétences martiales.

Emily expliqua avoir besoin d’éducation, et qu’elle ne connaissait rien à la Terre. Hippolyte sourit doucement à cette phrase, qui était bien familière au sein des Amazones.

« Tu ne devrais pas te sentir trop dépaysée, alors, beaucoup de nos sœurs ignorent quasiment tout du monde des hommes. Themyscira a été dans sa bulle pendant des millénaires. Notre premier contact avec ce monde fut la guerre… Celle à laquelle j’avais participé. »

De quoi encourager Emily à se sentir moins seule ! Hippolyte se déplaçait lentement.

« Il y a des écoles à Themyscira, et… »

Les deux femmes se regardèrent. Diana se tut en se pinçant les lèvres, et Hippolyte fronça les sourcils. Visiblement, il y avait déjà eu un sujet de dissension entre elles, ce qui amena Hippolyte à faire rapidement quelques précisions :

« Nous pensons enseigner aux Amazones le monde extérieur…
-  Themyscira dispose d’une académie. »

L’éducation à Themyscira reposait sur le modèle antique. Les Grecs antiques accordaient une grande importance à l’éducation, comme en avait témoigné Aristote dans son ouvrage monumental La Politique, où il avait consacré d’importants passages sur l’éducation. Dans les faits, chaque cité grecque disposait de son propre fonctionnement, l’école spartiate étant très différente de l’école athénienne. Themyscira avait développé une approche mixte, valorisant autant les capacités martiales qu’intellectuelles ou artistiques. L’académie de Themyscira offrait, elle, un enseignement supérieur, approfondi, et était fondé sur le concept des anciennes académies antiques. La philosophie était donc importante, et, à ce titre, les Amazones pensaient élargir l’académie. Les Amazones de Themyscira avaient de gros retards sur ce qui concernait les sciences, ou l’astronomie. L’enseignement de Themyscira était encore sur ce point très classique, relevant davantage de l’astrologie qu’autre chose.

« Ma mère s’opposait à faire venir des professeurs hors de l’île…
-  Ce n’est pas que je m’y oppose, ma fille, c’est surtout que les Anciennes ne verront pas cela d’un bon œil !
-  On parle de ces vieilles boucs décaties qui ont créé un clone de moi en lui lavant le cerveau ? De celles qui autorisaient les raids d’Amazones sur des navires marchands ? »

Hippolyte soupira lentement.

« J’aimerai parfois que tu sois moins têtue que moi, ma fille…
-  Vous avez vu comme moi le monde extérieur, Mère, et il est bien différent de ce qu’on nous a enseignés. Même nos notions philosophiques sont dépassées ! Locke, Spinoza, Racine… Diantre, même notre enseignement des mathématiques est dépassé ! »

La Reine secoua la tête.

« Je sais, ma fille ! Et nous en parlerons… Mais, pour l’heure, peut-être pourrions-nous épargner à notre invitée l’une de nos disputes, et lui montrer ses appartements ?
-  Je… Oui, désolée… »

Diana rougit doucement, ce qui était assez rare chez elle.

« Bien, bien… Suis-moi, Emily, je vais te montrer ta chambre. »

Emily avait droit à une chambre dans une aile réservée aux invités, avec un balcon qui permettait de voir la mer. Des paysages magnifiques, mais on pouvait s’y attendre… Themyscira n’était pas une île de beauté pour rien !

- Le monde de Megapolis ne connait pas la guerre sur son territoire depuis des millénaires. Cette apparence de quiétude n’est qu’une fragile alors qu’il y a bien des problèmes au niveau du peuple, contrairement à votre île de toute beauté.

Le système Megapolien est sévère mais incroyablement efficace. Les enjeux de la rue sont de maigres importances à comparer de la stabilité et prospérité de la ville-planète. Il y avait des soucis dans l’univers du rayon indigo, certes, mais que vaut vraiment une gouvernance qui abandonne les plus malchanceux ? Emily savait avant même de découvrir Themyscira qu’ici ce serait plus sympathique et ouvert à une invitée comme la « Streetrider ». Se sentir acceptée et accordée le droit à l’instruction la touche plus profondément que laisse supposer sa douce expression faciale. À entendre la resplendissante Hippolyte, sa solitude est désormais terminée. Emily est prête à s’intégrer et à grandir auprès de ses nouvelles amies et être une visiteuse inestimable pour ses hôtes.

La question sur les matières et le degré d’éducation qui l’attend anime une conversation presque enflammée entre la mère et la fille. Toutes les deux étaient du même sang et de la même île mais leurs visions semblent avoir des fissures mineures. C’est la nature même de la descendance; les vieilles valeurs misent au défi de cet ennemi redoutable qu’est le Temps. Le vieux monde pré-megapolis est mort et la ville futuriste continuera d’exister encore longtemps. Pour l’île des amazones la question du savoir est plus compliqué avec un bon point de chaque côté : Entre Hippolyte voulant une progression lente mais prudente, puis Diana voulant rectifier des bases obsolètes. Emily mesure le poids de chaque argument sans être offusqué par la dispute. Loin de là. Elle se caresse le menton visiblement dans un songe. Puis ce qu’elle voit sur le visage de Diana anime un battement dans le fond de sa poitrine. Elle serre ses lèvres et pose une main sur l’épaule de Diana pour la calmer un peu.

- Je vous rassure que votre dispute n’a rien d’offusquant, Madame Hippolyte. Laissez-moi découvrir vos écoles et je vous donnerai un constat honnête et neutre. Les quelques années scolaires que j’ai eu d’un monde futuriste pourrait être la solution à votre dilemme. Et merci pour votre hospitalité !

Emily la salue d’un hochement de tête avant de laisser la reine retourner à des occupations tout aussi importantes quant à la présence des émissaires. Un grand corridor de marbre et de statues grecques classiques décorent la transition entre le palais royal et l’aile des invitées. Le blanc de l’ivoire, de la pierre et du marbre ont un but bien précis qui fait sourire Emily. Il fait beau et chaud et elle continue de marcher sans inconfort. Arrivé dans sa chambre la jeune demoiselle inspecte le balcon avec vue sur mer et le paysage de l’île. Elle inspire l’odeur de la mer, un parfum salé mais très modéré à comparer des usines de désalanisation de Megapolis.

- Je comprends ta mère et les anciennes ; Progrès et tradition doivent se complimenter et non pas l’un qui écrase l’autre. Elles doivent juste découvrir le bon compromis.

Emily ouvre sa veste pour permettre à la brise de souffler sur sa peau.  Elle se tient les mains contre le petit mur la séparant du vide avec son dos légèrement penché vers l’avant. La partie inférieure de son dos baigne sous la lumière avec une belle ligne légèrement courbée marquant sa colonne vertébrale. C’est sans compter son fessier moulé dans ce short qui ne couvre que ses parties intimes en laissant ses jambes dévoilées. Emily inspire et se retourne pour observer Diana et l’invitée à la rejoindre.

- Même dans le feu de la dispute vous vous aimez en tant que famille et je souhaite que vous préserviez une bonne relation. Je la trouve aussi très chanceuse de t’avoir. Je t’ai vu rougir plus tôt et…euh…tu étais adorable.  Un peu de timidité te va comme un charme, je trouve.

Qu’Emily pense qu’il n’y ait aucun problème sur Themyscira était touchant. La réalité était toutefois plus nuancée. L’île était loin d’être parfaite, et elle ne présentait qu’une illusion de perfection. Diana  avait pu le constater quand elle avait appris que ses sœurs se livraient secrètement à des actes sinistres de piraterie, attaquant des bateaux pour s’accoupler a/b][/color]vec des hommes, qu’elles tuaient ensuite, jetant leurs corps dans la mer. Et, quand Diana avait souhaité racheté les péchés de Themyscira en accueillant des réfugiés, des naufragés de la mer, elle s’était heurtée à l’hostilité d’une partie réactionnaire et conservatrice de l’île, qui avait ourdi un complot contre la jeune Reine, provoquant une guerre civile qui s’était terminée dans le sang, et dans l’abdication de Diana, qui avait laissé Hippolyte reprendre le pouvoir. Un choix difficile, qui lui avait valu un exil de son île, jusqu’à ce qu’elle sauve à nouveau les Amazones.

Emily proposa d’aller visiter l’université, et de donner son avis sur le choix d’instruction. Diana haussa les épaules.

« Toute analyse sera la bienvenue, je suppose que ce sera un débat public…
-  Tu me connais, Diana, la notion de démocratie ne nous est pas totalement étrangère. »

À l’époque de la démocratie athénienne, les citoyens se réunissaient sur la colline du Pnyx, nommée en hommage à la colline d’Athènes, et formaient l’Ecclésia, une assemblée composée d’Amazones. Les choix les plus importants étaient votés à l’Ecclésia, après épuisement des débats. En temps normal, les affaires courantes étaient gérées par la Boulé, un conseil composé d’Amazones élues à l’Ecclésia. Chaque projet de réforme était présenté par l’orateur public. Diana sentait bien qu’elle allait devoir s’intéresser à ces débats, et à la manière dont cette proposition serait présentée. À l’époque, elle avait décidé d’elle-même d’ouvrir les berges de Themyscira aux réfugiés, un acte que beaucoup d’Amazones avaient considéré comme un abus de pouvoir, puisque pris dans l’urgence, et sans tenir compte de la décision de l’Ecclésia. En réalité, la Reine de Themyscira n’avait souvent qu’un rôle de représentation, et n’avait un véritable pouvoir décisionnel qu’en matière de guerre.

Diana redoutait déjà les débats à venir à l’Ecclésia sur la réforme de l’académie de Themyscira. Hippolyte l’invita à aller rejoindre Emily, tandis qu’elle-même irait s’entretenir avec les autres Amazones. Diana hocha la tête, et suivit Emily à travers un couloir, qui la mena à une chambre, puis à une terrasse d’où Emily observait l’île. Il suffisait de fermer les yeux pour entendre le son des mouettes, le roulement de l’eau sur les rivages, les bruits de la ville. Emily sentait que Diana s’était approchée, et la charia sur le fait de l’avoir vu rougir. Sourire de l’intéressée, qui se rapprocha encore, louchant brièvement sur le short moulant d’Emily.

« Moi, timide ? Peut-être… Mère est une personne bien plus terrifiante qu’on ne le pense, tu sais… »

Elle se rapprocha d’Emily, et posa alors une main sur son épaule en se mettant à côté d’elle.

« C’est une belle île, hein ? Le reste de la planète est loin d’être aussi terrifiant que ce que je pensais, mais rien ne vaut le fait d’être ici… De revenir chez soi. Est-ce que tu penses pouvoir te plaire ici, Emily ? »

Elle la regarda alors, très proche d’elle, et sourit alors malicieusement, avant de rajouter :

« Toi aussi, tu es mignonne quand tu rougis… »

- Ma mère…elle n’avait rien d’une femme forte mais son autorité était sans équivalent quand il fallait me gronder ou pour garder mon père loin de la boisson. Être physiquement fort ne veut rien dire si on n’a pas un caractère solide. Ça aura été sa plus importante leçon.

Emily comprenait les propos de Diana et le genre de jeunesse que son amie eut avec la reine Hippolyte. Une vie trempée dans la discipline et l’art du combat qui imprègne chaque parcelle de ce corps sculpté comme un éloge à la beauté, la puissance et au désir. La jeune demoiselle, elle, n’a fait que rester vivante et accrochée à un mince espoir durant son adolescence. Seulement depuis sa venue sur Terre que la Megapolienne commence à se reconstruire et reconnecter avec son vrai soi. Leurs différences martiales sont évidentes même sans le moindre échange de poings sauf pour ce caractère humain, humble, curieux et déterminé qu’Emily se découvre une fois les chaînes du passé retirées.

Elle continue de profiter de la vue dégagée et inspire profondément cet air pur. Le changement de décor et de culture lui procure beaucoup de confort et le temps de penser l’esprit détendu. C’est avant que sa pose relâchée se fasse toucher au niveau du short par une main tâtant le textile. Ou bien était-ce…oh bon sang ! Emily se redresse et essaie d’ignore le geste qu’elle vient de recevoir. Une autre main lui agrippe l’épaule et la jeune femme soupire plus chaudement en fixant l’horizon.

- Je souhaite de tout cœur me plaire sur votre île. Sauf que je serai toujours une fille urbaine. Je suis née et j’ai grandie toute ma vie dans une ville urbaine et mon avenir est dans l’une d’elles. Et mes compétences combattives sont plus adaptées dans cet environnement.

Depuis cette louche téméraire sur son fessier, Emily ne réalise pas la rougeur qui persistait sur ses joues jusqu’à ce que la championne des Amazones en fasse mention dans un échange de regard très rapproché. La brunette essaie de lâcher une exclamation mais ne fait qu’accentuer sa gêne et une expression de choc. Sa subtile tentative à s’écarter est vite annulée par la main de Diana qui la retient en place. Sa respiration s’accélère, puis elle secoue la tête.

- Je n’ai rien d’aussi spécial, Diana. J’étais une espionne de faible niveau qui aurait pu devenir une ennemie sans la décence de la Ligue.

Elle se cherche une excuse pour désamorcer cette proximité qui éveille des sentiments forts et nouveaux. La douceur de l’amazone la garde engagée dans la conversation et cette malice sur ces lèvres lui fait ressentir sa vulnérabilité. Emily se mordille la lèvre et laisse un gros soupir s’éclipser de sa bouche. Sa main agrippe l’épaule de Diana.

- En vérité…je me reproche beaucoup de choses. J’ai commis des gestes répréhensibles afin de survivre et d’autres que je regrette. Une personne comme moi ne mérite pas de connaître l’amour ou de se sentir heureuse. Et j’ai vraiment oublié ce qu’était le bonheur pendant si longtemps.

Diana et Emily observaient l’île, et Diana pouvait sentir la nervosité d’Emily, qui lui avoua que, tout en adorant cet endroit, elle ne se sentait pas à sa place, privilégiant les zones plus urbaines. Diana la laissa parler, comprenant en réalité sans doute plus qu’Emily ne le pensait ses doutes et ses hésitations. Elle-même, elle y avait déjà goûté. Le doute, la confusion… La remise en question et le poids de la culpabilité.

« Il est bon de se reprocher ces actes passés, Emily. Cela signifie que tu as encore une conscience, et que tu as aussi conscience de tes propres imperfections. Des erreurs, nous en faisons tous, et nous en payons toujours le prix. Il ne tient qu’à toi de te définir par tes erreurs, ou de vouloir montrer que tu vaux mieux que ce à quoi tes erreurs te résument. »

Il s’agissait de paroles qu’on aurait pu dire pleines de sagesse, mais qui étaient aussi le fruit de la réflexion de Diana. Notant les rougeurs sur les joues d’Emily, elle ne le signala pas encore, et posa ses mains sur le parapet, observant l’île :

« J’ai déjà coulé le sang. Mes décisions en tant que héroïne m’ont amené à être exclue de la Ligue. Mes décisions en tant que souveraine de cette île ont plongé celle-ci dans le chaos, et ont abouti à une guerre civile qui a ensanglanté cette terre sacrée. J’ai été bannie de cette île, et, pourtant, comme tu as pu le voir, lorsque je suis arrivée ici, on m’a accueilli en héroïne. »

Comment expliquer une telle chose ? Diana reporta ensuite à nouveau son attention sur sa partenaire, et lui sourit, en caressant sa joue.

« Donc, la question, en ce qui te concerne, est de savoir ce que tu vas faire… Tout le monde peut trouver sa place ici, à Themyscira. Ta connaissance du monde extérieur fera de toi une fine observatrice, et ton analyse sur notre mode de fonctionnement ne pourra que nous être prolifique. Pendant trop longtemps, Themyscira s’est isolée et repliée sur elle-même, confondant la vanité avec la peur du monde extérieur. Ta présence aidera l’île à s’améliorer, et à guérir de ses cicatrices. En revanche, il y a une question que je me pose… »

Diana se pencha alors vers Emily, un sourire sur le coin des lèvres :

« D’où te viennent ces rougeurs au visage ? »

Se tenir avec une amie à observer la splendeur inégale de l’île est l’un des plus beaux moments de sa vie. Pour la première fois Emily peut enfin confesser ses erreurs et se montrer vulnérable en étalant le poids de ses remords. Elle sent le regard constant de Diana mais jamais on la jugea. C’est un moment si simple et pourtant le lien entre les deux femmes se renforce. Il suffit à Emily d’écouter et de relever le visage pour réaliser leurs ressemblances. Exclusion, sang, des vies chamboulés par leur existence et les choix accomplis sous le coup des émotions et des circonstances, même Diana avait commis ces terribles choix et assumée les conséquences de chaque action. Rien ne paraissait de cela – surtout que la jeune femme n’était pas sur Terre durant ces périodes chaotiques – et pourtant son amie maintenait cette nécessaire façade.

Diana avait raison ; Emily s’était toujours définie que par ses erreurs. Elle voyait le monstre en ses pouvoirs et elle avait permis à cette définition de proliférer jusqu’à dans ses décisions depuis l’adolescence. « Route infernale » ce surnom de scène qu’elle a reçu pour ses performances dans l’Underground reflète une vision immobile de soi-même. Emily commence à comprendre, à voir la solution à ses reproches. Diana lui avait donné un indice et, plus perspicace qu’elle se croyait, la jeune demoiselle peut alors se tourner vers son amie pour lui répondre.

- C’est le pardon. Elles te pardonnent pour tes erreurs passées. Moi je n’ai personne à qui m’excuser. Si je veux avancer il faudra d’abord me pardonner à moi-même.

Ce mot a une grande puissance. Le dire requiert la plus grande force morale car pardonner veut dire abandonner toute hostilité et rancune envers la personne fautive. Le pardon est la force majeure vers la réconciliation de soi et rebâtir des liens sains avec les autres. Emily ne savait pas encore combien la réunion de tant de délégués amazoniens mettrait ce mot à l’épreuve. Mais c’est la vraie solution durable. Elle soupire sans toutefois relâchée son expression de douceur. La megapolienne se voyait investie d’une mission importante pour Themyscira. Un peu comme un projet secret entre les deux femmes. Emily ne peut rien promettre sauf agir comme il se doit.

L’invitée humecte la parfum de la mer titillant ses narines avant que celui de Diana remplisse ses poumons de beaucoup de fraîcheur. Elles sont proches et la question tant soi peu inquisitive cherche inéluctablement à coincer Emily contre le parapet. Ça et la caresse de sa joue procurent un mélange de réconfort et tension dans sa poitrine. Elle pense que ça fait mal au niveau de son cœur mais il s’agit de battements plus forts sans rapport à l’exigence et la fatigue physique. Sa bouche commence à haleter dans un effort pour calmer un feu qui s’éveille. Emily contrôle la chaleur mais celle-ci est si différente, unique. Elle serre la mâchoire et essaie de renier ses sentiments une dernière fois. Ce regard doux et chaleureux qui l’observe…les rougeurs ne partent pas.

- Damn…elles viennent de toi. Quand je suis avec toi et que je te parle je me sens si légère, si confiante et si faible à la fois. Tu me fais de l’effet, Diana. Et c’est à cause de ta taquinerie !

Le pardon… Comment l’obtenir ? Il fallait se faire pardonner des autres, mais aussi, et peut-être même surtout, se pardonner soi-même. Cela, c’était la chose la plus difficile. Diana était respectée parmi les siennes, mais cela occultait-il pour autant ce qu’elle avait fait ? Le pire, c’est qu’elle n’était elle-même pas trop sûre de ressentir du remord. Elle avait mis fin à l’emprise d’un homme, Maxwell Lord, sur Superman… Un traître qui avait manipulé l’Homme d’Acier pour en faire son esclave télépathique. Diana l’avait tué… Ou, du moins, elle avait pensé le tuer. Même si Maxwell Lord était toujours en vie, ça n’enlevait rien au fait qu’elle avait eu l’intention de commettre un meurtre, et qu’elle pensait l’avoir fait. C’était une guerrière, mais aussi une politicienne. Si elle était une femme rêvant d’un idéal, elle pouvait aussi se montrer très pragmatique. Ironiquement, si cet épisode était celui que Diana regrettait (même sans savoir clairement ce qu’elle aurait pu faire d’autre), ce n’était pas ce que les Amazones lui avaient reproché… Et, sur ce point, Diana n’était pas sûre d’avoir commis des erreurs. Elle avait modernisé son île, et en avait accepté la part sombre, les racines pourries derrière ce paysage bucolique et idyllique.

Diana sourit doucement à Emily quand elle lui expliqua que sa nervosité venait d’elle.

« Oh, vraiment ? Ma… Ma taquinerie ? »

L’Amazone n’était pas dupe, elle voyait les rougeurs sur les joues d’Emily, et elle posa sa main sur son menton, relevant le visage d’Emily. Celle-ci semblait alors très faible, amorphe, comme incapable de repousser l’Amazone.

« Tu es très belle quand tu rougis, tu sais… Mais es-tu sûre qu’il ne s’agit que de taquinerie ? À moins que ce mot ait dans ta langue une définition différente de la mienne ? »

Son visage était désormais très proche de celui de sa partenaire…

Emily sentait sa gorge plus serrée, sa respiration plus forte. Elle et Diana c’était au départ une relation professionnelle face au Phénix et les incursions dangereuses de la firme sur Terre. Elle se croyait tellement étrangère au sein de cette réalité et à peine reconnue comme une collaboratrice crédible des ligues de justiciers que le respect est tout ce à quoi la jeune femme s’attendait à recevoir. C’est une intruse avec la permission de vivre sur Terre en tant que réfugiée. Alors voir son lien avec la princesse des Amazones se resserrer dans une inexplicable impuissance de sa part la subjugue, la paralyse davantage. Emily avait les jambes molles ce qui n’arrive pourtant jamais de par son style de combat. Le menton relevé la fait face au visage de Diana.

- O-ouais, des taquineries ! Tu n’arrêtes pas de dire ces mots qui m’embarrassent et que j’apprécie. Ton sourire veut tout dire Diana et je sais que tu le fait exprès. Tu veux me faire réagir et je ne suis rien face à ton expertise.

Elle est si près de sa partenaire, de cette femme qui l’éblouie d’une bonté chaleureuse et tentatrice. Prisonnière de ce rapprochement intime Emily inspire plus fort mais le tambour dans sa poitrine battit plus fort. Elles se tenaient devant le parapet avec l’océan de la mer Égée en arrière-plan. Un vent de fraîcheur continu de souffler contre leurs corps. La jeune demoiselle balbutie sans dire un mot. Il suffit d’un minuscule petit mouvement vers l’avant pour que ses lèvres touchent celles de Diana. Sa main se pose contre sa propre poitrine lorsque les battements de cœur s’amplifient. Son front se plisse mais elle savoure l’instant, explore cette bouche.

Ce sourire satisfait et coquin de Diana devient autre chose pour Emily ; Un jeu ? Une marque de dominance sur la jeune invitée ? Le baiser cesse et la jeune fille aux joues rouges commence à perdre sa retenue.

- Pourquoi moi ? Je pensais à tellement de chose sauf cela, sauf ce moment. Pourquoi me taqui…*secoue la tête* pourquoi me séduire de la sorte ? Comment…comment je peux…

Emily Ashford bascule de corps et d’esprit. Son déni devient insupportable et elle arrive enfin à faire face avec la vérité. L’amazone a éveillée quelque chose de très intense chez la jeune femme ; Cette aventure qu’est l’exploration de sa propre sexualité. Emily se jette dans les bras de Diana dans un nouveau baiser plus sincère, les mains caressant en profondeur la longue chevelure d’ébène. Ses jambes sautillent et vont jusqu’à s’enlacer alentour des courbes de la redoutable guerrière et partenaire en guise de support.

La nervosité d’Emily était palpable, et n’en restait pas moins amusante. Diana la titillait, jouant avec elle pour voir jusqu’à quel point elle allait flancher. Sur ce balcon, elles étaient à proximité d’un lit, et Diana, comme elle l’avait souvent affirmé, n’était pas une Chrétienne. Elle avait déjà fait l’amour, avec plus de personnes qu’on oserait l’imaginer. La culture grecque n’avait jamais été contre les rapports sexuels, et Diana avait été éduquée comme ça. Le sexe n’était pas un tabou à Themyscira. C’était un plaisir d’adultes, mais il était fréquent que les adultes éduquent les jeunes là-dessus. Rien de choquant en soi, car les Amazones attendaient que leurs homologues aient vieilli pour sentir leurs floraisons, et pour les éduquer sexuellement. Diana savait reconnaître les signaux, elle avait elle-même contribué à ces séances d’éducation, qui étaient toujours plaisantes. Toutefois, elle ne pensait pas qu’Emily était dans la même situation.

Une tension sexuelle palpable naissait entre elles, et Diana se rapprocha encore d’Emily, qui en fit de même. Elle se demandait ce qui était si spéciale chez elle. Diana sourit légèrement. Il était difficile d’expliquer ce genre de choses, après tout. Elles s’étaient rencontrées dans un contexte très particulier, une bataille contre le Phénix et contre une organisation maléfique puissante venant de Megapolis, Vector Industries. Emily avait participé à deux de ces affrontements importants, et cela pouvait facilement vous changer. Diana caressa sa joue, et lui sourit tendrement.

« Parfois, il faut juste se laisser aller, et sans se poser de questions… »

Les deux amantes s’embrassèrent avec appétit. Emily fit le premier pas, et Diana la suivit sans hésitation. Sa main se posa sur ses cheveux, et son autre main s’appuya sur le bassin d’Emily, l’aidant ainsi à enrouler ses jambes autour de sa taille. Puissante et musclée, Diana pouvait sans peine maintenir sa partenaire contre elle. Elle répondit à son baiser avec force, et y ajouta ensuite un second, plus vorace, où sa langue s’enfonça dans la bouche d’Emily, partageant avec elle un baiser nourri et soutenu.

« Hmmm… »

Tout en l’embrassant, Diana se recula, et se rapprocha de la chambre. Elle plaqua Emily contre le mur, et caressa l’une de ses jambes, sentant petit à petit la jeune femme fondre, son corps écrasé entre elle et le mur.

« Le sexe rapproche les gens et purifie le corps… N’aie pas honte de ressentir cela, Emily, ce désir est preuve de vie et d’amour pour la vie… Il faut chérir ces moments et bénir cette passion, car, sans elle, tu ne serais que matière morte et inerte. »

Cette tirade quelque peu enfiévrée donna lieu à un troisième baiser, où Diana mordilla la lèvre inférieure d’Emily, jouant avec elle, laissant le désir croître entre elles…

Sur Megapolis, la vie est régie par des milliers de pages de textes et de lois adoptés par-delà les millénaires de son existence. Une existence stricte pour un avenir sans conflits, sans guerres et sachant la direction où ira la population Megapolienne. Le noyau principal de cette réalité est « l’Ordre », une stagnation contrôlée de l’expérience de vivre. Emily ne connaissait rien d’autre même dans le monde des Streetriders lui aussi tissé par des règles et ses propres traditions. Avoir affirmé être ignorante auprès de Diana et de sa mère Hippolyte n’était pas un euphémisme. Emily ne connait pas les relations sexuelles ni cette revigorante sensation du désir charnel pourtant si naturel même pour une réfugiée d’une autre dimension.

Son premier baiser a déjà été pris il y quelques temps de cela avant sa mission sur Terre. Sa seule amie de confiance l’a libéré de ses tourments psychologiques. Le baiser avec Diana revêt une importance d’un tout autre niveau. Son corps fondait, se relâchait des contraintes exigées par les rapports et interactions professionnelles. Elle était tendue devant les groups héroïques mais maintenant sa bouche rencontre les lèvres chaudes de l’amazone et un premier couinement mignon gronde de sa gorge. Se laisser aller comme le dit Diana. Emily était résolue à ce stade ; La jeune femme peut se confier pleinement et même mettre sa vie entre les mains de sa partenaire. La force du second baiser accélère son rythme cardiaque, lui fait glisser sa langue contre la sienne dans un échange subtil de salive.

Son corps ensuite plaqué contre le mur crée un étau qui la fait vibrer de toutes sortes d’émotions. C’est surtout le désir, l’affection et la curiosité de jeune femme qui la fait se perdre contre un physique plus puissant et ferme. Remuer accentue la pression contre la partie abdominale accompagnée d’une douce friction de leurs poitrines. En se laissant aller ses deux tétons durcissent discrètement sous son top et sa veste noire.

- Pendant un an j’étais morte et inerte. Je ne ressentais que du dégoût et de la rage à un âge encore si jeune. Je ne croyais pas en la vie ni en l’avenir avant de rejoindre une Team. Et là maintenant tu as raison.

Elle caresse les cheveux de sa partenaire, frotte directement contre le crâne pour le masser en douceur. Les jambes autour de l’amazone, la jeune invitée agit principalement avec les bras pour se retenir  contre une épaule. Ça lui permet aussi d’explorer les formes de sa partenaire comme son dos. Et tandis qu’Emily retrouve de l’initiative ses lèvres mordillées par Diana déposent des bises sur les joues. Elles descendent plus bas pour sentir la peau lisse et parfumée des épaules aussitôt embrasser.

- Quand j’étais dans la Watchtower j’ai observée la Terre durant 30 minutes. La face d’un monde se reflète sur celle de ses habitants et tu en es le portrait craché : Belle et sauvage…dans un sens. Souffle-t-elle d’un sourire taquin. Sa bouche dépose une bise sur le côté du cou.