The Multiversity

Jeannie incarne:



Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

La Terre... Cette célèbre planète bleue. Sargeras avait depuis des millénaires gardait un oeil sur les cailloux, observant avec amusement l'évolution technologique si lente de sa population. Les Terriens ! Ce n'étaient pas des génies oh non... Bien trop occupé à s'entre déchirer pour des objectifs trop souvent obscurs et désuets. Ils avaient cependant le mérite de fournir des actes de dévotion au Dieu de la Destruction, presque quotidien. Chaque ville rasée, chaque gouvernement renversé, chaque culte remplacé. Toutes ses actions renforçaient irrémédiablement le Titan Noir. Ainsi, il avait eu au fil du temps de nombreux Hérault sur Terre. Le premier fut Loth, qui tenta vainement de défendre les cités de Sodome et Gomorrhe face à la fureur de Sargeras. La ville avait succombé à la luxure de Slaanesh, et avait donc été entièrement pacifié par l'intervention divine du Destructeur. L'ordre avait été ainsi rétablis. Des années plus tard, alors que le monde était en proie aux guerres les plus violentes, d'autres noms succédèrent à Loth. Mégas Aléxandros, Attila, Gengis, Napoléon... Tous avaient agi sans le savoir dans les préceptes saints du Dieu Noir. Optant pour une destruction des structures en place, pour y établir un ordre nouveau. Cependant, après l'échec retentissant d'un Moustachu Autrichien, plus personne n'avait eu le charisme nécessaire, ni la fougue d'incarner sur Terre les valeurs du Dieu Noir. La Terre était pourtant d'une grande importance pour le Jeu des Dieux Noirs, et Sargeras devait tôt ou tard réussir à trouver un digne successeur à ses précédents champions.

Et tandis qu'il réfléchissait aux différents individus pouvant endosser le rôle, Sargeras se laissa attirer par une personne en particulier qui semblait dotée d'un esprit purement chaotique. Quelque chose de bien peu semblable avec ce qu'il avait connu, auprès des autres habitants de la Terre. Les événements de Franklin I avaient mis cette jeune femme en évidence, et grâce à ses capacités divines et son profond lien avec le Chaos, c'est tout naturellement qu'il fut en mesure de suivre les moindres faits et gestes de Shayne Hannigan.

C'est depuis les profondeurs du Royaume du Chaos, à des distances incalculables de la planète bleue, que Sargeras étudia l'origine même de Shayne. Il réalisa rapidement le lien indicible qu'elle partageait avec Jeannie, sans pour autant tout savoir des deux entités. Mais les informations qu'il pouvait obtenir de Shayne étaient fragiles. Sa psyché tout entière semblait être en permanente explosion. Les pensées cohérentes et rationnelles étaient rares, contrairement aux piques de souffrances et de colère qui la déchainait de plus en plus fréquemment. Shayne avait tout pour être une parfaite expression du Chaos sur Terre, mais son incapacité chronique à se contrôler l'obliger à être l'esclave de ses émotions qu'on lui imposait. Shayne n'avait pas à être une esclave du chaos, elle était déjà l'esclave émotionnelle de sa créatrice. Mais le Dieu de la Destruction, était sans doute en mesure d'agir pour atténuer ces problèmes. Car il était aussi l'Ordre, dans toute son effroyable splendeur. Mais comme pour ses précédents Hérauts, Sargeras décida qu'il ne devait pas interagir directement avec elle, car il ne voulait pas que son influence Chaotique n'aggrave pas déjà une situation bien épineuse.

Cependant... Sargeras du mettre un terme à ses principes. Sa candidate idéale, venait une fois encore d'être emportée par une folie meurtrière qui risquait bien de lui faire perdre totalement le contrôle sur elle-même. La simple idée qu'il puisse perdre un agent d'influence aussi prometteur, l'obligea à passer à l'action. C'est ainsi que, en pleine tempête d'émotions négatives, l'ombre du Dieu sombre s'imposa dans l'espace réduit de la planque. Les cadavres désarticulés étaient légion, et les murs ne tenaient que par miracle. C'est dans cette situation périlleuse, que Sargeras dévoila alors sa présence. Il illumina l'esprit de Shayne et s'appropria les émotions négatives qui la rongeaient, de par cette action, la jeune femme allait enfin pouvoir gouter à une sensation de calme qu'elle n'avait jamais vécu. Il attendit quelques secondes, qu'elle réalise l'évolution brutale de la situation, pour apparaitre à ses sens.

Il n'était bien évidemment pas là en chair et en os, une telle invocation aurait demandé des rituelles bien trop complexes et difficiles, et ce n'était pas non plus un avatar de sa puissance qui c'était matérialiser. Sargeras utilisé l'esprit de Shayne pour se dessiner une enveloppe onirique dans la pièce. Ainsi, il était aussi éphémère qu'un nuage, se reflétant difficilement dans les décombres. Si la jeune femme avait fermé les yeux, l'image de Sargeras l'aurait évidemment suivi jusqu'à son esprit. Donnant lieu a un tête à tête psychique des plus déroutants. Conscient qu'il se devait de parler après une telle action, Sargeras se décida enfin à parler. Ses mots inaudibles se répercutèrent dans l'esprit même de Shayne, comme les murmures d'un être attentionné.

*Point de Miss fortune ou Sir Prize pour moi aujourd'hui Shayne. je t'observe depuis bien trop longtemps pour être étonné de ces réactions, mais je les déplore toujours avec la même sincérité. Pouvoir communiquer avec une telle artiste du Chaos, est toujours un véritable plaisir pour l'humble divinité que je suis, mais j'aurais préféré que cette rencontre s'effectue dans d'autres circonstances.*

Bien conscient que tout ce charabia n'avait pas le moindre sens pour son interlocutrice, le Dieu Noir prit soin de transmettre un bref résumé des événements récents à Shayne, pour lui démontrer qu'il avait parfaitement connaissances de ses actions.

*Tu souhaites que ça s'arrête n'est-ce pas ? Ces crises qui te rongent toujours plus intensément... Ces réactions incontrôlées qui te rappel que tu n'es que le parasite d'une divinité qui a souhaité se séparer de toi jadis... On te déconsidère et te renie, et d'autres entités souhaiteraient même te voir disparaitre. Mais ce n'est pas mon cas...*

Sargeras avait gardé la même apparence, en format plus réduit, lui permettant de se révéler sous sa véritable forme. Sans tromperie, sans mensonges, du moins pour le moment.

*Je pourrais faire de toi un être à part entière. Dépourvue de la moindre influence de ta génitrice. Mieux encore, la moindre portion d'énergie négative qu'elle pourrait te transmettre, ne ferait que te renforce intérieurement en développant une identité propre qui ne se complaise pas simplement dans le Chaos. Car tu pourrais être bien plus que ça Shayne... Si tu acceptais simplement l'idée qu'un peu d'ordre puisse s'imposer à toi. Le Chaos est un mal nécessaire, mais ce qu'on peut forger à partir de sa magnificence, c'est là le cœur même de mon existence.*

Il s’assit alors dans ce qui devait être il y a quelques minutes de ça, un majestueux fauteuil. Quand bien même l'être n'était qu'une simple image.

*Dois-je poursuivre Shayne ? Dussé-je répondre à toutes tes questions. Ou souhaites-tu que je disparaisse de ces lieux à jamais ?*

Elle avait à présent toutes les clés de son avenir entre les mains. Alors que pour la première fois de sa vie, elle était plongée dans une tranquillité absolue. Allait-elle vouloir communiquer plus en avant avec la Divinité Noir, qui ne cachait pas ses terribles pouvoir Chaotiques ?

Jeannie incarne:



Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Je regardai mon interlocuteur initialement sans comprendre avant de me mettre une gifle. Non. Non je ne rêve pas. La douleur est bien là. Donc… Se tient devant moi l’entité qui a ramené une mesure de calme dans mes pensées. Une mesure de calme? Non. C’est plus que cela. C’est un geste complètement futile mais instinctivement je touche ma tête, cherchant cette sensation familière. Rien. Juste… Le calme. Quelque chose de serein. Paisible. Et je déteste ça. Je me concentre sur un sentiment familier. Ma haine viscérale envers ma génitrice. Ah… Beaucoup mieux. La revoilà, cette exquise souffrance, ma vieille amie, cette lame de chaos qui remue dans la plaie de mon esprit tourmenté… Peut-être se disait-il que cette tranquillité serait appréciée de ma personne… Mais non. Il me connait moins qu’il le prétend, dans ce cas. Je le regarde attentivement.

Il est là sans être là. Je vois. Et pour réussir à mettre fin à toute ce déchainement cataclysmique de chaos, ce n’est pas votre petit dieu mineur non plus. Est-ce qu’il pourrait rivaliser avec la divinité m’ayant donné vie? Probablement. Ne serait-ce que parce que cette « chère » Jeannie ne veut pas être une déesse avec des fidèles et le reste. Tant de pouvoir ridiculement gaspillé pour une question de principes stupides… Oh faites moi confiance. Si ses pouvoirs étaient les miens… J’ai un sort tout spécial en tête pour cette misérable planète et ces humains que je méprise presque avec passion. Mais c’est dangereux d’avoir des pensées en présence d’une entité potentiellement capable de les lire donc… On va penser le moins possible à autre chose que ce que j’ai sous les yeux. S’il s’attend à de la reconnaissance, il va être déçu aussi. Ce n’est pas trop mon genre.

Et je sais mieux que quiconque que personne ne fait jamais rien sans avoir un agenda en tête. Je suis à la tête d’un culte, j’en sais quelque chose. Mais s’il s’attend à pouvoir collecter une dette, il va se rendre compte que même au plus bas, battue, défaite et impuissante, jamais je ne courbe l’échine. Des siècles et des siècles et des siècles de traumatismes dus à l’esclavage de Jeannie forment une forte partie de ce que je suis. Jamais au grand jamais je ne renoncerai à ma liberté. Et peut-être suis-je complètement suicidaire mais si on discute, ce sera selon mes termes. Je me lève, passe ma main sur mes vêtements qui deviennent des vêtements civils de bonne qualité car il va bien falloir quitter les lieux. Je ne vais certainement pas discuter dans ces ruines avec autant de cadavres et restes d’êtres vivants à proximité. Allez vient, que je lui dis en me levant, commençant à marcher.

Voyez-le comme une forme de test. Il sait des choses sur moi. L’étendue de ces dernières… Franklin, au moins. Et il ne s’est pas donné ce mal juste pour avoir une esclave ou un autre servile sous ses ordres. S’il ne sait pas un minimum comment je fonctionne… Disons que toute forme de respect que je pourrais avoir pour lui va drastiquement s’évaporer. Nous marchons dans les rues de la ville jusqu’à arriver devant un immense gratte-ciel. Une entrée par effraction plus tard suivie d’une balade en ascenseur, nous sommes en train de regarder la ville de son point le plus haut. Notez que je n’ai pas dit grand-chose. Comme dirais l’autre, je l’ai fait mariner dans son jus. Pas par arrogance. Pas pour l’emmerder. Mais parce que j’ai besoin de m’acclimater graduellement à ce calme dans mon esprit. Tranquillement, je cesse de m’accrocher à mon sentiment de haine. Et avec, bien sûr, la diminution de la douleur qui venait briser cette sérénité.

« J’ai bien une question, oui. Personne ne donne jamais rien pour rien. Tout le monde a son petit agenda. Admettons que tu m’aides à prendre le contrôle de Jeannie. Je gagne son corps, ses pouvoirs, son être tout entier. Super. Je deviens une déesse et contrairement à elle j’ai des plans pour tous ces pouvoirs. Manipuler la réalité? Oh que ça ouvre des possibilités. Mais toi, qu’est-ce que tu y gagnes, dans ce cas, au juste?

Une rivale? Tu n’auras jamais mon obéissance et ma servitude. Si tu me connais comme tu le prétends, tu sais que ce sera un rapport d’égalité ou rien du tout. Seulement voilà. Tu n’as pas la tête d’un gentil dieu plein de compassion. Donc je me demande quand le : tu as une dette envers moi… Va débarquer dans la discussion. Ou la démonstration de pouvoirs pour tenter de me faire courber l’échine devant toi. Ne le prends pas personnel… En fait…

Si. Prend le personnel. Je ne te fais pas confiance. Je n’ai pas de raison de te faire confiance. Seulement voilà : tu ne vas pas me faire le jeu comme quoi je suis une ingrate et que je te dois ma santé mentale, n’est-ce pas? Non. Je te regarde et ce n’est pas ce que je vois. Tu es quelqu’un avec un plan. Une idée précise en tête. Alors deuxième question… C’est quoi le plan? Ça peut avoir l’air con mais ça m’intéresse beaucoup plus que ton nom, en fait.

Ou savoir qui tu es. Quelque chose me dit qu’on ne va jamais se voir en face à face. Enfin. Pas ici. Autre rayon, je dirais. Jeannie aime se promener de rayon en rayon de temps en temps. Oh et faisant-en ma troisième question. Qui es-tu donc? Allez, viens t’asseoir à côté de moi. Si tu veux qu’on travaille ensemble, autant rendre la chose moins formelle, non? De toi à moi? J’ai comme l’impression qu’on va bien s’entendre. Mais qu’est-ce que j’en sais, au fond? Je ne suis pas mentalement stable… »

Elle ne semblait pas vraiment le croire réel. Et pourtant, elle avait quelques secondes plus tard endossé une nouvelle tenue pour l'accompagner en dehors de ces lieux de perdition. Bien évidemment Sargeras n'avait pas ce souci vestimentaire à régler. Étant avant tout une émanation de l'esprit de Shayne, il pouvait se promener comme il le souhaitait sous sa forme de divinité. Se contentant de traverser littéralement l'espace et le temps autour de lui. La jeune femme n'était pas des plus bavardes, elle se contentait de suivre un itinéraire précis, que le Dieu Noir imaginer être totalement improvisé au fil des avenues traverser. Mais le duo improbable finit cependant par atteindre un building démesuré. Shayne avait visiblement dans l'idée d'observer la ville, et le Titan Noir n'était pas spécialement contre. Après tout, tant qu'elle se sentait à l'aise et disposer à parler, c'était l'essentiel. Elle qui c'était évertué à retrouver un semblant d'instabilité mentale en repensant avec avidité à la haine qu'elle vouait à sa génitrice, fini par accepter l'idée effrayante d'être l'espace d'un instant dans une forme de tranquillité. Elle prit alors la parole, d'une voix fière et déterminée. Shayne n'avait pas manqué à ses idéaux, jetant au visage de Sargeras son assurance surjoué.

Elle n'était pas sotte, sinon il n'aurait pas pris la peine de lui venir en aide. Ainsi ses remarques furent pertinentes. Quand bien même le ton et la manière étaient un outrage au grand Destructeur, celui-ci s'amusa de la situation. Jamais personne n'avait osé le contredire de cette façon, et encore moins pour exiger une équivalence avec lui. Seuls ses frères avait été capable d'une telle prouesse, et ce qui était acceptable dans un conflit millénaire autour des puissances du Chaos, devenait presque irréaliste de la part d'une entité si lointaine. Mais Sargeras se garda bien de lui faire la moindre remarque. Elle avait au moins l'attrait d'être honnête et direct. Ce qui était plutôt rare pour un seigneur de la Ruine. Ceux-ci étaient habitués aux mensonges et aux manigances. Ainsi, les questions de Shayne agirent presque comme une bourrasque d'air frais, le confortant dans ses impressions quant à son hypothétique avenir avec la jeune femme. Sargeras écouta attentivement ses suggestions, et vint s'approcha du bord du vide. S'asseyant à ses côtés, sur les rebords de ce qui aurait pu être le toit du monde dans un autre temps.

* Je me permettrais de répondre dans le désordre à tes questions. Car j'estime que ta compréhension en sera facilitée. Durant mon existence, j'ai endossé bien des noms et l'ensemble des cultes qui me sont voués n'arrivent jamais réellement à se mettre d'accord sur ma titulature. En ce qui te concerne, je me contenterais donc de te livrer ma véritable identité, sans fioritures.*

*Je me prénomme Sargeras et je suis l'avatar de la Destruction sous toutes ses formes. Je naquis avant même la conception de la réalité, à une époque où le Chaos n'avait pas de cesse. Contrairement aux autres divinités, je fus honnis et banni par mes pairs, errant au coeur d'un Multivers naissant et fragile. À la différence d'autres Dieux, les prières ne me sont pas d'une grande utilité. Comme je te l'ai dit, je suis l'incarnation même de la Destruction, ainsi... Le moindre acte de saccage, de pillage ou d'explosions est un acte de dévotion envers ma personne. Des milliards d'êtres vivants me rendent ainsi hommage sans même le savoir. Me renforçant et m'apportant une vitalité pour laquelle je ne renoncerais pour rien au monde.*

Le Titan noir se tourna alors vers elle, la fixant du regard.

* Tu comprendras ainsi que nous avons de nombreux points en commun. Comme toi, je suis dépendant de tiers. Je parasite ainsi les actions de toute la création, tirant profit de leurs vices. Assimilant pensées, actions et paroles sans la moindre difficulté. Je n'appartiens effectivement pas à ce monde, mais à un plan astral très éloigné, prénommé Royaumes du Chaos. En ces lieux, les pires instincts des mortels sont hissés en un Panthéon des Dieux Sombres. Tu t'y sentirais d'ailleurs bien plus à l'aise que dans cette ville pitoyable, submergé par ces insectes insignifiants.*

Il avait été à l'essentiel, autant que faire se peut. Mais il savait pertinemment que le comportement explosif de la jeune femme, allait peut-être s'agacer face à la longueur de l'explication. Mais il ne pouvait pas être trop flou pour autant.

* Ces informations te permettent à présent de comprendre que tes actes m'ont toujours profité indirectement. J'apprécie la très grande imagination et l'ingéniosité dont tu fais preuve. Je n'aurais pas pris le temps de t'observer pendant tout ce temps, si je n'avais pas senti ce talent inné chez toi. Ainsi, la simple idée que tu puisses te perdre totalement dans ce Chaos... M'est insupportable. Si tu venais à dompter tes excès, mieux encore... Si tu arrivais à absorber Jeannie. Ce n'est pas une rivale que j'aurais à affronter, mais une consoeur que j'accueillerais avec respect et bienveillance. *

Il disait la vérité, Shayne aurait bien pu devenir reine de l'Olympe dès demain, elle aurait quand même servi les desseins du Dieu Noir en poursuivant ses campagnes Destructrices à plus grandes échelle. Il n'avait donc pas d'intérêts à la voir se consumer elle-même.

* Je ne cherche pas à faire de toi mon esclave. Et bien que je ne sois pas le Dieu de la compassion, je puis t'assurer que je serais toujours sincère envers toi. Car, comme tu le sais, je n'ai aucun intérêt à te mentir. Nous n'appartenons pas au même Plan Astral. As-tu simplement réfléchi à l'idée d'obtenir pour une fois un soutien qui ne soit pas un de tes cultistes ? Quelqu'un avec qui tu pourrais échanger... Et non pas seulement commander . Qui n'irait pas systématiquement contre ta pensée destructrice, et plus encore. Quelqu'un qui pourrait comprendre ce que tu vis.*

La divinité ricana alors, bien conscient que ses paroles ne seraient pas simples à croire.

* Tu ne me dois rien, et tu n'as pas de dette envers moi, tout comme je n'irais pas tenter de te soumettre à ma volonté. Je pourrais disparaitre en un instant et me désintéressé totalement de toi, tes actions me serviraient quoi qu'il arrive. Cependant, tu as raison, j'ai bien un plan derrière la tête. Et tu y as une place très importante, mais n'imagines pas pour autant que ce soit le rôle d'un pantin. *

* Si tu n'agis pas très vite, tu finiras par perdre le contrôle. Tu deviendras l'esclave de tes pulsions, et ta simple existence disparaîtra. Ton corps pourra se mouvoir et accomplir des actes chaotiques qui finiront alors par être stoppé par le premier justicier suffisamment compétent pour te terrasser. Et ce sera alors fini de toi, ton corps et ton âme retourneront à la poussière. Tes offrandes de destructions me seront alors enlevées pour toujours... Tu comprends donc que nous avons tous les deux beaucoup à perdre.*

* D'un autre côté... Si je suis en mesure de t'aider à acquérir un semblant de stabilité, et à terme si tu me laisses te soutenir pour prendre le contrôle de Jeannie... J'obtiens une précieuse alliée sur Terre. Une véritable Héraut de la Destruction... Imagine simplement le potentiel qu'une telle union pourrait donner . Fais preuve d'imagination, je sais que tu es très douée dans le domaine.*

Il avait beaucoup parler, mais sa proposition avait au moins pu prendre forme. Comment allait-elle réagir face à tout ceci ?

Jeannie incarne:



Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Je dois avouer que le pitch de vente est intéressant, c’est clair. Vous ne pouvez pas m’en vouloir d’être prudente, par contre. Peut-être ai-je une vision fortement teintée par celle de ma créatrice mais comme il le dit, il n’est pas le dieu de la compassion. Je comprends ce qu’il peut gagner… Mais en même temps, il me semble que c’est beaucoup d’efforts pour des gains… Je ne dirais pas incertains mais disons simplement que je ne vais pas me débarrasser de Jeannie demain matin. Cela va prendre un certain temps. Combien, je ne sais pas. Peut-être même des années. S’il n’est pas pressé et qu’il est prêt à attendre… Pourquoi pas. Je n’ai pas grand-chose à perdre, ultimement. Et si c’est un piège, ultimement… Je n’aurai que moi à blâmer. En même temps, j’ai toujours dit que je vivais sur du temps emprunté. Je suis un parasite, après tout, non?

Créé par accident et dépendant des sombres pensées d’une déesse qui ne veut pas endosser quelque rôle de divinité… Le jour où elle va se rendre compte que j’existe et qu’elle va tenter de s’attaquer à la façon dont nous sommes liées… Vous savez ce que les dieux aiment dire, non? Je t’ai créé, je peux aussi te détruire. Je vous avoue bien franchement que je n’ai pas vraiment envie de connaitre une fin… Prématurée. Je suis à toute fin pratique immortelle et si mes pouvoirs sont moins impressionnants que ceux de ma créatrice, manipuler la matière me permet de détruire au niveau cellulaire. Je peux guérir des maladies incurables avec un peu d’imagination. Transformer la plus hideuse des personnes en sex symbol. Je ne fais pas que détruire. Je crée aussi, imaginez-vous. Ceci dit…

Toujours dans le but de causer plus de destruction. Et oui, en ce moment, je ne suis pas très bavarde. Je réfléchis. C’est justement dans ces moments que je suis particulièrement dangereuse. Quand je fais tout exploser, quand je suis en train de rire ou de m’amuser, je suis potentiellement instable… Si je ne suis pas carrément instable… Mais on peut quand même anticiper dans une certaine mesure. Si je ne dis rien, c’est que je suis assez lucide pour réfléchir. Et c’est dans ces moments que mes plans les plus délicieusement vicieux se développent. Je pense que cela peut fonctionner. J’essaie d’attaquer sa logique mais… Clairement, s’il a pratiqué son speech et n’en pense réellement pas un traitre mot, je n’arrive pas à trouver la faille. Ce qui en soi devrait être déconcertant mais cela m’intrigue plus qu’autre chose. Et la curiosité est quelque chose que je partage avec ma créatrice. Nous avons quand même un certain nombre de similitudes, après tout...

« Admettons que j’accepte et que cette offre bien trop belle pour être honnête est, contre toute attente, réelle. Tu sais comme je sais que cela pourrait prendre des mois, des années avant que je l’emporte sur Jeannie. Mais dans l’intervalle… Oh je peux te promettre un glorieux chaos, oui. J’ai un projet en cours dans une autre ville du nom de Franklin, pour une certaine super héroïne… Et si l’expérience est concluante? Je frissonne d’imaginer la suite… Mais je ne te gâcherai pas la surprise. Pas de lecture de pensées.

Juste un détail. Tu me diras que c’est idiot mais… Là, en ce moment, tu es là sans être là. Et je ne suis peut-être pas experte en la matière mais si quelqu’un nous regardait, il verrait probablement que je parle dans le vide. Si tant est que je parle vraiment et que je ne suis pas juste en train de penser très fort ce que je veux dire. Le point est, je travaille mieux avec du concret, si je peux dire ça comme ça. Tu n’as pas de moyen d’avoir… Bien…

Une présence physique tangible? Je ne te dis pas de débarquer ici avec trompettes et fanfare. Cette projection mais plus… Corporelle, si tu veux. Tu peux dire que je suis vieux jeu mais je ne suis pas trop fan de la jouer projection astrale ou le nom de la technique que tu utilises. Et en plus… Comment je t’invite à danser si tu n’as pas de forme plus solide, on va dire? Et ce n’est pas une métaphore. Je parle d’une vraie invitation à danser. »

On pourrait raisonnablement se demander pourquoi j’accepte si vite ses explications, pourquoi je ne questionne pas davantage et surtout, surtout, pourquoi je viens d’inviter une entité remontant aux origines du multivers à danser. Il faudrait être complètement fou pour avoir une telle idée. Et je doute qu’on lui a un jour proposé une danse. Peut-être. Peut-être pas. Mais rappelez-vous d’un détail. Je fais rarement les chose juste « parce que ». J’aime le chaos, il est à la base même de mon être après tout. Mais s’en servir comme excuse pour faire quelque chose de puéril? C’est là qu’on voit qui est un amateur et qui ne l’est pas. Et je ne vais jamais me considérer comme une amatrice dans mon domaine. Autrement, Sargeras ne serait pas là, devant moi, sous une forme ou une autre. Donc si je veux l’inviter à danser, c’est qu’il y a un plan derrière. Mais quel plan?

Elle fit preuve une nouvelle fois, d'un véritable silence de cathédrale. était-elle dubitative ? Incertaine ? Les propositions de Sargeras n'étaient après pas anodines, même pour une pratiquante aussi acharnée des arcanes chaotique. Pactisé, ou se rapprocher de l'entité même de la Destruction, son reflet en chair et en os... Ce n'était pas une mince affaire. Le Titan Noir avait-il fait fausse route ? Ses impressions et son intuition concernant celle qu'il avait déjà choisie comme sa main sur le caillou bleu, était-elle trop réservée ? Non. Sa voix toujours aussi malicieuse s'affirma sur le toit du building, Shayne parlait et l'irrespect qu'elle avait pu dévouer à Sargeras quelques minutes plus tôt semblait s'être un peu dilué. Elle parlait déjà d'accepter son offre, c'était un très bon début, si tentaient qu'encore une fois, elle ne mente pas comme elle lui avait dit un peu plus tôt.

*Je ne m'attendais pas d'obtenir ta créatrice sur un plateau dans la seconde. Si tout cela était aussi simple, je n'aurais pas eu à intervenir après tout. Je t'accorderais d'ailleurs l'ultime respect de ne pas avoir à lire tes pensées Shayne. J'apprécie les surprises, en étant jamais réellement surpris.  Si tes projets sont à la hauteur de ce que tu me présentes, alors je préfère les découvrir de mes propres yeux.*

C'est alors que celui qui avait pourtant exprimé à haute voix n'être jamais surpris il y'a quelques secondes de cela, fut littéralement abasourdie par la remarque de son hypothétique protégée.

*Une invitation à danser...*

Le Dieu noir n'avait pas été en mesure d'arrêter ses mots qui résonnèrent sans doute dans l'esprit de Shayne. Lui qui avait toujours une longueur d'avance sur les autres, qui était en mesure de prédire la moindre des réactions humaines, était à présent dans l'incapacité de comprendre le fonctionnement de Shayne. Ses remarques étaient à côté de la plaque, et jamais aucun être n'avait osé lui formuler pareil demande. Son impératrice y comprise. Habituellement, Sargeras écouté les suppliques de ses serviteurs. Tous demander la vie éternelle, des pouvoirs indomptables, de l'influence à ne plus savoir qu'en faire...  Mais Shayne n'était pas l'une de ses serviteurs. Elle était un électron libre, et dans ce rôle elle exceller sans doute autant que dans ses fresques chaotiques. Le Titan Noir ne put ainsi réprimer son sourire, il ria même à haute voix. Pour la première fois depuis un millier d'années. Sargeras était conscient que la demande n'était pas sans arrière-pensée. C'était Shayne elle-même qui avait mis en avant ce concept basique de "l'action-réaction" quelques minutes plus tôt lorsqu'elle demandait des raisons quant aux propositions de Sargeras. Ainsi Sir Prize avait déjà son propre plan derrière la tête. Face à autant d'audace, le Dieu Noir ne put s'empêcher de mettre au défi les compétences de son interlocutrice.

* Si tu souhaites effectivement que je puisse fouler ce monde de mes propres pieds. Je vais devoir te demander d'agir en ce sens. Vois-tu, d'anciennes règles m'empêchent d'invoquer un avatar de ma personne aussi facilement qu'une projection astrale. Sinon, cette Terre aurait déjà été entièrement remodeler par mes propres soins... Mais tu peux briser cette règle Shayne.*

* Tu maitrises la matière n'est-ce pas . Et tu es capable de la modeler. Façonne-moi un corps selon tes propres goûts ma muse, et je pourrais ainsi fouler du pied pour la première fois ce caillou. Je n'aurais qu'à y faire pénétrer ma projection astrale.*

Elle qui n'avait cessé de le tutoyer depuis le début, allait pouvoir le connaitre encore plus intimement, en lui confectionner un corps viable pour la suite des opérations. Sargeras était véritablement étonné de la manière dont elle allait procéder. Se laisserait-elle emporter par le ridicule ? Auquel cas, Sargeras s'occuperait lui-même de réagencer la création. Mais il se pensait, peut-être naïvement, qu'elle serait capable d'y mettre sa propre touche, sans forcément l'insulter. Pour l'instant, il lui laisserait carte blanche. Les secondes passèrent alors, qui devinrent des minutes. Mais bien vite, le résultat final fut obtenu. Sargeras ne donna pas tout de suite son impression sur la réalisation, il se contenta plutôt d'y pénétrer pour donner vie à ce corps sans âme. C'est ainsi qu'après des millions d'années préservées de l'infamie chaotique, Sargeras foula du pied la Terre.

Il sembla jaugeait les capacités de ce corps d'emprunt durant quelques secondes, épiant d'un regard en coin les réactions de Shayne. Puis lorsqu'il fut certains de ses capacités à répondre, il s'inclina simplement devant sa "créatrice" et lui présenta son bras.

- Comme tu l'avais demandé, me voilà. Montre moi ce que tu as derrière la tête Shayne, tu as toute mon attention.

Jeannie incarne:



Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Sans jamais être réellement surpris, qu’il a dit. Ça n’a pas été long que le contraire fut prouvé. Je ne suis pas une puissante divinité du chaos comme lui mais je suis assez fière de mon imprévisibilité. Plusieurs ont tenté de déceler un sens, un schéma à ma façon de faire, d’être. Sans succès. Moi-même, je ne saurais vous dire avec certitude comment je fonctionne. Cela fait partie des mystères de l’univers, on va dire. Vous vous imaginez bien, au risque de me répéter, que si je veux danser avec lui, ce ne sera pas pour twerker contre Sargeras ou quelque chose de « classique ». Non. Il y a un but précis. Un objectif derrière. Une vision. Un plan. Difficile à croire, peut-être mais ce n’en est pas moins vrai. Remarquez que je ne m’explique pas un certain nombre de choses à propos de ma personne donc… Cela fait partie de qui je suis, ce que je suis, j’ai envie de vous dire.

Remarquez qu’il me surprend aussi. Agréablement, d’ailleurs. Lui créer un corps… Je ne peux pas donner la vie au sens propre du terme. Il y a une différence entre créer une enveloppe pouvant ensuite être contrôlée par des impulsions électriques envoyées au cerveau et créer un être pensant. Techniquement, en jouant avec la matière, on peut faire fonctionner un corps. Mais c’est alors une simple machine organique. Vous faites pomper le sang, vous assurez une activité électrique dans le corps, ce genre de chose. Donner la vie, la vraie vie… Est hors de mon champ de compétence. Mais en effet, une enveloppe corporelle pourrait atteindre l’objectif désiré. Car qu’est-ce qu’un corps sinon qu’un emballage malléable dont on peut altérer l’apparence? J’ai déjà fait disparaitre des cicatrices, rendu à des gens défigurés leur apparence de jadis (ce qui n’est pas si simple)…

J’ai fait grossir des poitrines, gonfler des musculatures, fait gagner quelques centimètres à des gens se trouvant trop petit… Alors créer une enveloppe corporelle pour Sargeras, sans être d’une déconcertante facilité, peut être fait, oui. J’explique. Si je prends un corps déjà existant, je n’ai qu’à altérer mon canevas pour obtenir l’effet désiré. C’est logique, quand on y pense. Mais dans ce cas particulier? Ce serait franchement insultant que de se baser sur quelque chose de déjà existant et imparfait. Je vais donc devoir créer de zéro et ça c’est une tâche bien plus ardue. Qui demande de la concentration. Beaucoup de concentration. Vous devez visualiser ce que vous allez construire, cellule par cellule. Comme si vous tentiez de construire une maison, une VRAIE maison, pas un modèle réduit, avec des blocs LEGO. Autant vous dire que vous avez intérêt à utiliser les bons morceaux, en fait…

Je sais qu’on dit, en général, qu’on ne brusque pas la perfection mais en même temps, ici, nous sommes exposés. Un drone, un super héros qui volerait dans le coin, un hélicoptère de passage… Donc, si je veux accélérer le processus sans compromettre la qualité, nous allons puiser dans deux sources distinctes. Le chaos généré par toutes ces émotions négatives qui me donnent vie et ma propre énergie vitale. La seconde est plus pour stabiliser le tout que pour être insufflée dans ma création, je le précise. L’œil normal va juste voir que quelque chose prend forme devant moi. Mais si vous pouvez voir les choses différemment, vous verrez comment à partir de rien je crée, les énergies en cause et le reste. Je saigne du nez mais j’essuie le sang du revers de la main, concentrée sur la création. Et quelle création! J’aime beaucoup le résultat final, en fait. Un franc succès, je dirais.


Le port altier, la stature imposante, un regard presque hypnotique, un physique capable de subjuguer les esprits faibles… Je dirais que je me suis surpassée. Et affaiblie également mais donnez moi quelques minutes et ça ira mieux. J’ai les jambes chancelantes et si je prends son bras, ce n’est pas pour aller danser mais pour m’aider à rester debout. Je ne suis pas une vraie déesse, moi. Je ne peux pas faire ce genre de trucs sans utiliser d’importantes quantités d’énergie. Mais je l’ai fait. On ne peut pas m’enlever ce petit triomphe. Petit? Non. Il n’y a rien de petit là-dedans. Vraiment pas. Je commence même à rigoler. Un rire un peu dément mais très Shayne, entrecoupé par une solide quinte de toux. Je cite même Frankenstein : it’s alive! Je ne sais pas si Sargeras comprendra la référence mais c’est plus pour moi que pour lui, en fait. Ma façon de faire de l’humour, si vous voulez.

« Donne moi un moment pour récupérer, tu veux? Le temps que je reprenne des forces, pourquoi tu ne m’en dis pas un peu plus sur toi? »

Détruire avait toujours été plus simple que construire. Cet adage simpliste, n'en était pas moins vrai concernant la magie. Shayne était réputé pour être une puissante manipulatrice du chaos, répandant mort et destruction pour de simples amusements. Elle n'était sans doute pas habituée à ce genre de défi, peut-être était-ce d'ailleurs ceci qui l'avait motivé à accepté la demande du Dieu Noir. Toujours-il qu'elle avait parfaitement remplis sa part du contrat. Sargeras était présent sur Terre, et ne semblait pas être sur le point d'exploser... Oui il eut sans doute peur d'une blague de mauvais goût tendu par sa nouvelle championne en devenir, mais celle-ci semblait rester sérieuse. Un peu d'ordre dans tout ce chaos, ce n'était pas si mal. Shayne avait prouvé qu'avec seulement un peu de concentration, elle était en mesure de produire un corps viable pour une divinité de son rang, et ça, c'était un exploit que Sargeras respectait. Elle était pleine de potentiel, et toutes les secondes qu'il passait à ses côtés ne faisaient que le confirmer, mais il était encore bien trop tôt pour se faire un avis objectif.

Hélas, le prodige de sa chère Miss Fortune ne l'avait pas laissé sans séquelle. Donner naissance, c'est aussi perdre de précieuse ressources. Pour Shayne, cela c'était exprimé par une partie de son essence vitale, car il sentait dans ce corps nouvellement investi, les vestiges de sa créatrice. La magie laissée toujours des marques, parfois ce n'était pas grand-chose, quelques résidus infimes, mais pour les traqueurs expérimentés, c'était comme laisser une carte de visite. Dans d'autres circonstances, il aurait pu utiliser ce lien physique pour manipuler les faits et gestes de Shayne, mais il n'avait en aucun cas dans l'intention de trahir ses dires. Il lui avait parlé de sincérité et discours direct, il resterait donc sur ces points-là sans tenter de profiter de sa faiblesse passagère. Au contraire ! Il avait bien dans l'intention de l'aider à se sortir de cette souffrance. Sargeras sentait bien aux actions de Shayne qu'elle ne tenait debout qu'avec le soutient physique qu'il pouvait lui apporter. Hésitant l'espace d'un instant, puis se souvenant qu'elle avait souhaité initialement danser avec lui, le Dieu Noir se recula d'un pas la fixa dans les yeux et lui énonça ces quelques mots

- Avec ta permission...

Il déposa l'un de ses bras, jusqu'aux fines jambes de Shayne, tandis que son autre bras vint atteindre ses épaules. De cette façon, il la souleva du sol, pour la porter dans ses bras. L'étreinte était légère et chaste, il n'avait pas décidé de profiter de quoi que ce soit. Mais ces précautions n'empêchée pas une hypothétique explosion de colère de Shayne, elle était après tout très changeante. Sargeras se sentait cependant suffisamment en confiance, pour lui offrir ce repos physique amplement mérité après un tel effort. C'était à présent à son tour d'utiliser la magie. D'un claquement de doigt, il invoqua à quelques mètres de là, un somptueux fauteuil, destiner à recueillir sa protégée. Au vu de sa précédente tenue, Shayne semblait apprécier les piques ainsi que les couleurs vives, Sargeras espérait qu'elle en soit satisfaite, quand bien même elle ait sans doute connu des centaines de trônes auparavant.  Mais ce n'était pas tout, Sargeras utilisa aussi sa magie pour soigner les blessures de Shayne. Le procédé n'était pas immédiat, mais elle sentirait sans doute très vite une amélioration émanant de sa personne.

Et Tandis qu'il prenait soin de ne pas la gênée plus que de raison durant son trajet jusqu'au trône, Sargeras repris finalement la parole.

- Un peu plus sur moi ? Je ne suis pas vraiment habitué à ce genre de questions... Mes adorateurs ont plutôt tendance à supplier pour des dons... Mais je peux te décrire mes aventures sur Terre, après tout, c'est ton monde de prédilection.

- Tu l'auras compris, je ne suis normalement pas en capacité de me rendre sur Terre. Contrairement à des divinités plus libres, ma condition de Dieu "Noir" m'empêche certaines choses. Pourquoi me diras-tu ? Disons simplement que moi et mes frères avons eu jadis des allégeances très peu recommandables. Connais-tu l'histoire du Multivers Shayne ? Elle est parsemée de nombreuses explosions, alors je suis persuadé que tes prédécesseurs ont dû t'intéresser... Bref. Nous combattîmes aux côtés des Grands Anciens, jusqu'à notre révolte. Hélas, nos anciens adversaires après leurs victoires furent plutôt "rancuniers" à notre égard. C'est ainsi que lorsque les rayons furent protégés par les "Gardiens-Totem" des sortes de protecteur de monde.  Nous fûmes bannis des Mondes-Coeurs. Afin que notre corruption ne les pervertissent pas.

Sargeras avait énormément de difficulté à expliquer les raisons de son bannissement, mais il espérait avoir pu l'éclairer sur quelques points.

- Je t'avais dit que nous n'étions pas des divinités comme les autres. N'hésite pas à intervenir si quelque chose t'échappes. Des milliards d'êtres vivants ou morts, m'informent de la moindre évolution au sein des rayons. Mes agents sont ainsi disséminés partout dans le Multivers. Et si une planète n'est pas conquise en mon nom pour y être remodelé sous ma vision de l'ordre, alors je fais en sorte qu'un tier s'en empare dans le même objectif.

Alors qu'il  discutait, Sargeras avait atteint le trône. Il déposa en douceur Shayne sur celui-ci et Laissa décoller le trône de quelques mètres en l'air, de sorte à ce que même assise, elle puisse être légèrement en hauteur vis-à-vis de lui. Un détail qui lui plairait sans doute.

- C'est de cette façon que j'ai tenté d'obtenir la Terre. Mes champions ont été nombreux, mais aucun d'entre eux n'était conscient au départ d'un quelconque lien avec ma personne. Alexandre le grand, Attila le Hun, Gengis Khan, Napoléon Bonaparte... Le dernier en date fut Adolf Hitler. Celui-ci était déjà féru d'ésotérisme avant même que je ne me tourne vers sa candidature. Son charisme était son arme la plus redoutable, mais son instabilité le perdit. Son échec fut si retentissant que je ne fus plus en mesure de faire confiance au moindre être humain.  Et pourtant... Je me souviens de quelques actions mémorables. Laisse-moi-te les montrer.

Soudain, Sargeras ouvrit de gigantesque représentation de scènes antiques. Comme si un cinéma à plusieurs écrans avait déchiré la réalité pour s'imposer au regard de Shayne, toujours assise sur son trône. Une épopée historique ? Elle apprécierait sans doute. Devant-elle défila alors des scènes de destruction, qui lui seraient à la fois douce et familière. Le pillage du Temple de Jérusalem, la fin de Babylone, la Sac de Rome, la chute de Constantinople. Et évidemment, l'explosion d'Hiroshima et Nagasaki. Ces événements avaient été des offrandes sacrées pour Sargeras, des trophées qu'il conservait en mémoire comme acteur principal des catastrophes sur la Terre. Mais ce Chaos avait précédé à un ordre nouveau, comme toujours.

- Voilà les premières informations qui me viennent en tête concernant la Terre. Il y aurait bien évidemment bien d'autres choses à dire. Mais la question était un peu trop vague, tu en conviendras.

- Quant à toi Shayne... Je connais tes fresques passées, mais tu as le don de m'étonner à chacune de tes réponses. Que voudrais-tu me dire à ton sujet ?

C'était à présent à lui de s'intéresser à sa personne. Non pas à l'image qu'elle laissait transparaitre d'elle, il n'était bien évidemment pas contre d'autres questions, mais il se devait aussi d'être à l'écoute de son interlocutrice.

Jeannie incarne:



Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Vous savez ce qu’on dit, ne jamais se fier aux apparences, tout ça. Même affaiblie, je n’en reste pas moins Shayne Hannigan, avec ses qualités et ses défauts. Donc, même si on me donne un trône, je me permets de faire quelques ajustements cosmétiques. J’ai envie de quelque chose de plus sobre et moins ostentatoire. Certains seraient insultés. Je doute que ce soit le genre de Sargeras. Je sis qui je suis et je ne vais pas commencer à cacher ma nature ou à ne pas vivre comme je vis parce qu’il a décidé de s’inviter dans ma vie. Et comme c’est quelque chose de mineur, cela ne draine pas trop mes ressources déjà moins nombreuses que d’ordinaire. Une fois sur mon trône, je ferme les yeux et me concentre sur mon lien avec Jeannie. Sargeras a peut-être mis fin à ma crise, plus tôt dans la soirée… Mais cela les énergies négatives sont encore là. En partie.

Donc, pendant qu’il m’explique un certain nombre de choses, et je reconnais volontiers que ma question était probablement trop ouverte, ce qui m’a donné vie me redonne de l’énergie et bientôt, je suis de nouveau prête à l’action. Je ne prétends pas tout comprendre mais suffisamment pour réaliser pourquoi ma conceptrice dit parfois que le multivers ne la laisse pas faire ceci ou cela. Il y a donc d’autres forces à l’œuvre, plus puissantes que les dieux, manifestement. En même temps, je fonctionne sur la logique qu’on peut toujours trouver meilleur que soi donc je ne peux pas dire que je suis surprise. Ce qui me surprend davantage, par contre, c’est de voir l’étendue des interventions plus ou moins indirectes de Sargeras sur Terre. En même temps, je ne sais pas pourquoi je suis étonnée. Cette planète semble être un curieux nexus où magie, technologie, supers et aliens évoluent…

Je pourrais par conséquent poser un tas de questions… Mais je décide de ne pas laisser ma curiosité prendre le dessus. J’ai repris suffisamment de forces donc je me lève et me rend à ses côtés. Je regarde cette ville en contrebas et son nom finit par me revenir en tête. La Libertad, au Mexique, dans l’état de Chiapas. Une ville qui a connu pas mal de déclin en termes de population malgré une tentative de revitalisation (moins de 4000 habitants en 2020). Un nouveau riche fantasque qui a voulu devenir une sorte de sauveur de la ville, d’où le gratte-ciel où nous nous trouvons. C’est particulièrement stupide quand on y pense car c’est une touche ultra moderne dans une ville autrement plus... Rustique. Imaginez un village médiéval avec Orthanc en plein milieu, la tour de Saroumane dans le seigneur des anneaux… J’ai une planque ici car le nom de la ville m’amuse… Liberté…

« Qu’y a-t-il à dire à mon sujet? J’existe à cause d’un accident de ma créatrice quand elle a voulu créer un mécanisme pour se purger de ses émotions négatives. Elle ne sait même pas que j’existe. En fait je suspecte qu’elle commence à réaliser qu’il y a un peu trop de coïncidences à son goût concernant les… Rapports… Face à mes agissements. Clairement par contre, je n’aurais pas dû exister, à la base. Pas du tout.

Tu sais que j’utilise mes pouvoirs pour aider ceux qui sont au plus bas. Le désespoir fait qu’ils sont prêts à faire n’importe quoi, absolument n’importe quoi pour garder mes faveurs. Tu serais surpris de ce qu’une mère est prête à faire après avoir sauvé son enfant d’une mort certaine. Ce que la société jette et abandonne, je récupère, répare et améliore. Ce sont des ressources utiles à avoir. Et les autorités n’aiment pas tirer sur les civils.

Ceux qui sont dans mon culte ne sont pas tous des fanatiques radicalisés. Donc côté boucliers humains, je suis servie. Je ne fais jamais rien pour rien. Tout ce que je fais sers mon envie de chaos. Même ce qui est… Bien… Sert un objectif bien moins noble qu’il n’y parait. Je suis du genre à vouloir prouver les failles du système. Tu l’as vu avec Franklin et Huntress. Elle m’a fait mal. Terriblement. Elle continue de tourmenter mon esprit.

Mais… J’ai des plans pour Huntress. Sinon, j’ai plusieurs compagnies pour pouvoir distribuer ce que je vais offrir comme cadeaux empoisonnés aux populations de ce monde. Pour le moment, elles existent plus qu’elles ne produisent ou distribuent… Mais cela fait partie d’un vaste plan de déstabilisation sur lequel je travaille. Comme tu t’en doutes, il n’y a rien de bon en moi. Pas avec autant d’énergies négatives qui sont le cœur de mon être.

Quoi d’autre… C’est une vaste question que tu poses, il y a beaucoup à dire, rien n’indique que cela va t’intéresser. Je n’ai pas vraiment de hobbies, considérant que mon existence est tournée vers un seul objectif : prendre la place de Jeannie. J’ai quelques personnes avec qui j’ai noué des liens… Amitié ne me semble pas tout à fait exact. C’est plus : j’ai envie de destruction, tu veux t’amuser avec moi? Je conspire, je complote, je planifie…

Ce que je peux te dire par contre, c’est qu’après notre danse, cette ville ne sera plus jamais comme avant. J’ai toujours dit que détruire, c’est créer. Et en même temps, c’est passer un énième message que les humains ne voudront pas comprendre. Leur survie est un mystère. Une espèce si instable, si autodestructrice, aurait dû faire face à l’extinction depuis très longtemps et pourtant… Mais je parle, je parle… Alors que les actions sont encore plus efficaces! »

La danse va bientôt commencer. La Libertad va voir son destin drastiquement changé. Et Sargeras aura une excellente idée de ce qui m’anime et me pousse vers l’avant…

Elle avait visiblement prestement récupéré son énergie. Sargeras était satisfait du résultat, mais se gardait bien de tous commentaires. Elle avait pris la peine d'alterner son trône temporaire et le Dieu Noir ne s'en offusqua pas, se contentant d'écouter avec intérêts les quelques informations qu'il n'avait pas déjà à son sujet. La faire parler était important, car même si une information nous est acquise, elle ne reste qu'une simple donnée factuelle. L'avis d'un individu sur sa propre personne, était automatiquement subjectif et c'était justement cette subjectivité qui permettait de véritablement comprendre l'intéressé. Shayne était toujours dans la présentation, l'exposition et souvent cela tournait à l'exagération. Un surplus qu'il jugeait nécessaire, mais qui pouvait aussi être creux à quelques occasions. Il se demandait alors si elle n'épaississait pas à certains instants le trait, de manière volontaire, comme une défense.

Elle évoqua alors l'accident qui avait donné lieu à sa naissance. Sargeras ne put s'empêcher de sourire à l'idée que Jeannie qui était une déesse, n'avait pas été consciente de la création d'un "double maléfique" elle semblait décidément être une individue très décalés des standards elles aussi. Cette simple information ne fit que relativiser l'attitude de Shayne aujourd'hui, après tout, elle n'était qu'un prolongement de ses sensations. Par la suite, la jeune femme expliqua ses méthodes et l'origine de ses fidèles. Ces actions n'étaient pas très différentes de celle de Sargeras, ou de tous les autres Dieux Noirs. Frapper sur les faiblesses d'un individu qui ne demande qu'à se tourner vers une autorité supérieure, était chose courante chez les puissances de la ruine. Ce qui avait été détruit puis refaçonné, était généralement bien plus solide et puissant que l'individu initiale. Cependant, elle précise dans l'instant même que la moindre de ses actions et tourné vers son intérêt. À plus ou moins long terme. Cette information ne fait qu'écho aux impressions de Sargeras sur sa compagne d'un soir.

- En Bien ou en mal, à court où long terme, tout ce qui compte, c'est les bienfaits que tu peux en soutirer. Je partage cet avis. Même si ces principes-là n'ont aujourd'hui plus aucune valeur à mes yeux. Je ne me bats pas pour un quelconque idéal, je me contente de faire ce pour quoi j'ai été conçu. Nous sommes tous les deux prisonniers de nos prérogatives.

Le sujet qui suit est bien plus personnel et dans le même temps Shayne retrouve cette soudaine évasion qui ne lui correspond pas d'ordinaire. Elle se présente comme un simple réservoir de colère. Elle a sans doute raison sur le papier, être une création d'ondes négatives n'a pas vraiment tendance à façonner un esprit éclairé et serre. Pourtant, c'est justement ça qu'il faut réussir à changer. Ce fléau, cette malédiction qui l'oblige à n'être qu'un simple exutoire d'autrui. Prendre la place de Jeannie . Ou plutôt, ne plus être envahies par ses sombres sentiments qui lui font perdre l'esprit. La vérité se situe sans doute entre les deux.

- Détruire, c'est créer. Cette déclaration incarne la fonction même de mon existence, et mon rôle au sein du Multivers, je suis très heureux de te l'entendre dire.

Il sentait que sa partenaire avait repris suffisamment de santé pour exécuter la fameuse lubie qui ne l'avait pas quitté depuis quelques minutes. La libertad pourrait bientôt être renommée, car une pointe d'excitation s'infiltra dans l'échine empruntée du Dieu Noir. Il était grand temps de fêter sa venue sur Terre.

- Montre moi Shayne. Oui, montre-moi. La Destruction incarnée, t'offre ses bras.

C'est ainsi que sous le corps façonné de sa génitrice, les yeux de Sargeras s'embrasèrent d'excitation.

Jeannie incarne:



Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

L’art, m’a-t-on dit un jour, est l’expression sur un médium donné de choses pouvant souvent n’être comprises que de nous. Et en même temps, je suis assez d’accord. Vous lisez le seigneur des anneaux, par exemple. Combien d’auteurs y ont été de leur interprétation pour décortiquer et analyser l’œuvre, disant que ceci était en référence à un accident dans la jeunesse de l’auteur ou cela un parallèle avec la guerre? On peut tenter de comprendre la pensée de l’artiste. On ne comprendra jamais la pensée de l’artiste car c’est un individu à part entière. Mais c’est la beauté de l’art. Chacun l’interprète à sa manière. Nombreux vont voir les effets de ma danse à La Libertad comme du terrorisme. Un cataclysme. Des pertes en vies humaines et d’importants dommages matériels. Peu ou pas seront en mesure d’entrevoir le but véritable de cette nouvelle œuvre artistique.

Car oui. Je considère mes actes de destruction comme de l’art. Ils sont l’expression de sentiments, d’émotions, d’idées et de concepts que je veux exprimer. C’est la grande faiblesse du vocabulaire. Il ne peut pas prendre ce qu’il y a dans votre esprit et le reproduire fidèlement dans le « réel ». L’art se passe de mots, en général. Peinture. Sculpture. Danse. Même un poème pourrait être une suite de mots sans sens avec pour seul intérêt la sonorité. La musique peut être uniquement instrumentale. Bref. Je prends la main de Sargeras et je commence à danser. Un pas à gauche, puis à droite, trois petits sauts sur place…Et autour de La Libertad, un immense mur rocheux s’élève, piégeant la ville derrière ce dernier. Sur le toit de cet arrogant gratte-ciel, je danse, pirouette, virevolte avec Sargeras (qui me suit car il peut voir la chorégraphie grâce à l’énergie résiduelle dans le corps que j’ai créé).

Des incendies se déclenchent. Des bâtiments explosent. Les lampadaires changent de forme. L’asphalte se liquéfie, rivière noire et bouillonnante qui suit les particularités du terrain. C’est le chaos total. La panique la plus complète. Et comme dans toute catastrophe, bien sûr, la vraie nature humaine se révèle une fois le vernis de la civilisation retiré. Et c’est là le but de cette danse, en fait. Le génie derrière mes pas. Vous ne voyez donc pas? La ville s’appelle La Libertad. La Liberté. Elle est désormais entourée d’un énorme mur lisse qu’on ne peut escalader, y piégeant ses habitants. Je dénonce l’arrogance du nom de cette ville, l’illusion grossière qu’elle projette. Ce qui a explosé dans les bâtiments, principalement? Télévisions. Ordinateurs. Téléphones. Radios. Les journaux ont pris feu. Tout ce qui peut servir à empoisonner l’esprit, à emprisonner l’esprit, je m’y suis attaqué.

Tout ce qui existe pour imposer un cadre, donc panneaux stop ou feu de circulation, par exemple, indication de sens uniques, avertissements de sécurité et autres ont été arrachés des bâtiments ou transformés en sculptures abstraite. Tout bâtiment gouvernemental ou servant une fonction d’autorité n’est que ruines fumantes. Ce n’est pas aléatoire. Ça n’a jamais été aléatoire. Je suis mentalement instable, oui. Mais je suis quand même capable de pensées cohérentes. Artistiques. Créatives. Voire créatrices. Tout ce carnage est une symphonie aux mensonges d’ordre et de civilisation de la « société ». Car derrière la façade, derrière le masque, c’est la jungle. Chacun pour soi où les plus forts continuent de dévorer sans la moindre pitié les plus faibles. L’être humain est un animal sauvage que le chaos révèle. Et à un moment, la tour commence à s’effondrer sous nos pieds, ses fondations sapées pour la grande finale. Nous n’avons pas dansé cinq minutes. Nous avons dansé toute la nuit. Nous nous élevons dans les airs pour regarder la grande finale quand un jet de lave est expulsé depuis l’endroit où se tenait le gratte-ciel.

« Je t’ai dédié cette danse. J’espère que tu y auras pris autant plaisir que moi. La Libertad n’est plus que ruines et chaos. Mais de cette ville corrompue s’élèvera quelque chose de nouveau. Bon ou mauvais est sans importance. Encore une fois, j’ai prouvé que l’humain prend tout pour acquis. Qu’il est devenu imprudent et que son instinct de survie s’est émoussé. Qu’il est devenu dépendant de son confort et de ses super héros…  »

La danse avait débuté, aussi éclatante que mortelle. L'incarnation de la Destruction, accompagnés les mouvements souples et dantesques de sa compagne, leurs corps tourbillonnait, ils sautiller, s'enrouler à la manière serpent mortelle hypnotisant sa proie. Tout autour d'eux, la ville subissait les contrecoups d'une telle passion. Les bâtiments volés en éclats, les ruelles étaient bientôt encrassées par le sangs des policier impuissants mêlé aux débris des institutions. La ville avait péché, de par son nom elle osait se placer aux dessus des autres, comme le vestige d'un mot qui n'avait plus de sens, et qui n'en avait jamais eu finalement pour le Dieu Noir. Libertad... Ce nom serait à présent reconnu comme le cimetière de ceux qui avaient eu le toupet de se croire supérieurs aux forces de la sombre destinée. Chaque mouvement apportait un peu plus de destruction, et cette même destruction, fortifier inlassablement le corps emprunté du Dieu Noir. Sargeras profitait pour la première fois d'un apport direct de ses méfaits, s'abreuvant à la source même d'une destruction qu'il n'aurait à l'origine jamais dû connaitre en chair et en os. L'Ultime Défenseur, ne l'avait pas encore montré, mais il avait concédé un profond respect à Shayne qui l'avait amené en ces lieux. L'idée même de profiter d'elle, avait à présent disparu de son esprit, elle lui avait d'ailleurs signifié à la fin de leur danse, que celle-ci lui avait été dédié. Cette simple preuve de respect, provenant d'une jeune femme ayant fait montre d'une langue si aiguisée, le réjouit.

Le Seigneur de la ruine, observait les vestiges de la ville, un sourire satisfait s'imposer sur ses lèvres. Ses yeux bleutés, virèrent à un émeraude profond, symbole de l'énergie chaotique qui parcourait ses veines. Il s'exclama alors à haute voix, brisant avec le calme mortuaire des lieux.

- Memento, homo, quia pulvis es, et in pulverem reverteris.

Le haut gothique était similaire au latin de la Terre, et était l'une des langues officielles de la Légion Ardente. La locution trouvait parfaitement sa place dans ce désert de mort. Appréciant une dernière fois le spectacle, Sargeras finit par se retourner vers celle qui avait été sa muse lors de cette danse. Il saisit délicatement sa main, et dans un geste purement gratifiant, il en baisa chastement le dessus. Effectuant par la même occasion une révérence, en signe de respect.

- Ce cadeau, cette danse que tu m'as offerte, je ne l'oublierais pas. L'homme a effectivement aujourd'hui subi une nouvelle fois un exemple de ce qui doit être, et qui bientôt sera.

Tandis qu'il parlait, à présent à haute voix. Déchirant les cieux noircis par la danse macabre, des mouvements de vie pouvait se faire sentir au centre de la ville en décombre. Ils étaient là, les quelques survivants du cataclysme. Ces jeunes gens, qui au cœur de la tempête avait prié, prié qu'un homme les sauves. Et ceux qui avaient été suffisamment dévoué pour faire don de leur âme, à un protecteur céleste. Ceux-là étaient les nouveaux disciples de Sargeras. Les nouveaux venu du culte Terrien, sous sa coupe. Femme, vieillards, homme bien bâti et même quelques enfants. Tous avaient sacrifié leur bien le plus précieux, pour obtenir la sainte lumière protectrice du Dieu Noir. Le petit troupeau était à présent amassé en contrebas. Leurs yeux livides, étincelaient d'une aura sombre. Dans les cendres de leur cité, parmi les ombres de leur vie passés. La véritable Liberté s'était immiscé à Libertad.

- Où étaient ces précieux justiciers qui font la une de vos journaux en cette nuit bienheureuse ? Pas un seul d'entre eux n'osa s'interposer malgré le vacarme qui retentit par-delà les contrés, jusqu'à Mexico. Vous avez placé votre vie et vos espoirs, dans la paume fragile et inapte de ceux qui, dans leur orgueil ont osé prendre le titre de surhomme. Justice sera cependant rendu, des mains de ceux qui ont été bafoué. Les vôtres. Tandis que les anges véritables de l'humanité, vous épauleront dans votre précieuse tâche.

C'était à présent à Sargeras de faire preuve de sa magie et de ses talents. D'un nouveau claquement de doigt, il activa une déchirure dans la réalité, ouvrant vers un portail jusqu'à son propre plan astral. Des créatures s'infiltrèrent alors à travers celui-ci, dévoilant leur sinistre visage aux humains conquis, qui ne semblèrent pas le moins du monde effrayés. Déterminés à l'idée de combattre le feu par le feu. Il signifia à ses créatures de se fondre dans le paysage, et d'attendre. Cachant par la même occasion leurs signatures infernales, elles agiraient en temps voulu. Puis le Dieu Noir se retourna une nouvelle fois vers Shayne, armé du même sourire, en lui parlant à voix basse.

- Ces super-héros que tu mentionnes, agissent contre nous et notre raison d'être. Tu m'as offert Libertad, je t'offrirais la tête de ceux qui t'abjurent. J'encrerais mes griffes si profondément dans leur chair et dans ce qu'il représente, que jamais plus ces pantins ne pourront prétendre protéger qui que ce soit.

Il lui tendit alors une main bienveillante, emplie de compassion et de respect, tout ce qu'il avait juré ne pas être.

- Ma muse m'accompagnera-t-elle dans cette nouvelle épreuve ?

Il le savait déjà, mais les événements de cette nuit, allait les entrainer dans une succession de péripétie des plus explosives. Mais où tout cela se terminerait ?

Jeannie incarne:



Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Je peux bien lui laisser ces humains pour son propre culte. Mes méthodes de recrutement sont plus… Subtiles. Je ne veux pas que mes cultistes me voient forcément en train de détruire une ville pour recruter les survivants. Ces humains sont indignes de ma vision. Ils ne sauraient servir mes intérêts. Je ne dis pas que quelqu’un d’autre ne leur trouvera pas d’utilité. Mais à moi, non. Mes cultistes sont des gens à qui le système, la société a pris. Et non pas quelque cataclysme que j’ai causé. Ah j’ai recruté dans mes rangs des victimes d’une catastrophe naturelle X ou Y. Mais je vais le repréciser : naturelle. Et en plus, quand on y pense, cela sert mes intérêts. Si Sargeras crée son propre culte, ses efforts vont forcer les autorités et les super héros, ces pseudos défenseurs, à devoir agir sur plus de fronts qu’ils ne sont capables de couvrir efficacement. Donc, très utile.

Et à la question, est-ce que je crains pour mon utilité à ses yeux, la réponse est : je m’en fous. Je ne suis pas son esclave. Je ne suis pas sa subordonnée. Je ne lui dois rien car je ne lui ai rien demandé. Donc, à mon avis, nous avons plus à gagner en collaborant qu’en se tirant dans les pattes mais ça ne veut pas dire que je vais abaisser ma garde pour autant. La première impression a été bonne et je sais ce qu’on dit de ces dernières. Mais le chaos est imprévisible, donc… Oh j’en sais quelque chose, après tout. Et je ne sais pas si c’est grâce au corps que je lui ai façonné mais on dirait qu’il a pu importer des créatures depuis son coin de multivers. Elles ont intérêt à se cacher efficacement car côté discrétion, on repassera, j’ai envie de dire. En même temps, au vu du machin, ce n’est clairement pas fait pour l’infiltration ou le travail de précision. Certainement pas. Trop de griffes et de dents.

Il faut dire, quand même, que pour une première démonstration, c’était quand même plutôt convaincant, non? La destruction à grande échelle a toujours eu son charme, après tout. Mais plus gros qu’une ville, je trouve que c’est du gaspillage. Trop vaste. Impossible de tout apprécier. Donc il faut des petites villes. Moins impressionnant? En termes d’échelle, oui. Mais en même temps, vous savez ce que dit l’expression : The devil is in the details. Et justement, entre détruire La Libertad et New York, on s’entendra pour dire que bien que détruire New York aura bien plus d’impact, il n’y aura pas cette même touche d’implication personnelle. Oh vous avez le droit d’être en désaccord. À chacun ses préférences. À chacun ses méthodes. Sargeras semble avoir apprécié, en tout cas. Et moi je me suis amusée. Donc… Win win, comme on dit. Enfin. Pour nous. Car pour les gens du coin… Non.

Sa proposition face aux super héros a le mérite de susciter mon intérêt. Le problème avec les super héros c’est que s’en débarrasser demande une certaine… Délicatesse. Avez-vous déjà joué à Jenga? Le but c’est que tout ne s’effondre pas mais de retirer le plus d’éléments possibles. Le parallèle avec mon cas est facile à faire. Je veux affaiblir le système et les super héros mais si j’y vais avec une approche trop agressive, je vais faire s’effondrer le tout et ils sauront que c’est moi. Une guerre totale avec les super de ce monde ne me tente absolument pas. Mais… Si je suis méticuleuse et que je les élimine ou les enlève de mon chemin un par un… C’est quand ils tenteront quelque chose contre moi qu’ils feront s’effondrer le tout. Les divisions internes sur qui est responsable de ce fiasco, comme ce ne sera visiblement pas moi, achèveront de faire le travail à ma place. C’est le but.

« Attention, Sargeras. S’attaquer aux super héros, c’est comme jouer à Jenga. Tu dois enlever les bonnes pièces pour que la tour reste debout et t’assurer que ce soit quand tes ennemis joueront que l’édifice s’effondrera. Ainsi, ils ne pourront que se blâmer entre eux. J’adore la destruction. Mais parfois, la démolition demande de placer des charges précises pour faire quelque chose de plus chirurgical. Moins flashy, certes…

Mais pas moins agréable à exécuter. Mais je te remercie de la proposition. Si tu es capable de jouer selon mes règles pour s’attaquer à ce problème particulier, ce sera avec joie. Comme je prends cette main tendue. Et pour la nouvelle épreuve… Je dirais… Oui. Ce n’est pas comme si j’avais exactement quelque chose de prévu à l’agenda. La flexibilité du chaos contre la rigidité de l’ordre. C’est pour cette raison que je préfère le chaos… »

Sargeras s'amusait de plus en plus. Shayne semblait à présent vouloir lui apprendre en détail ses méthodes et précédent, le Dieu Noir aurait pu s'offusquer de son attitude, considérant qu'elle lui manquait de respect. Lui, un idiot capable de déclencher une véritable invasion de la terre par ses démons ? Non, ce n'était pas dans ses méthodes, du moins pas pour la Terre. Le Monde-Coeur devait être renforcé, il devait être pacifié des créatures faibles et geignardes qui l'habitait, car au loin veiller encore ses ennemies millénaires. La rose avait ses propres agents un peu partout sur le rayon, et agissait d'ores et déjà à l'obtention du contrôle de ce monde. Oui, un jour viendrait une guerre totale ravageant de nouveau le Multivers, un jour sombre ou ceux qui jadis se vouer une haine mutuelle devraient coopérer pour l'intérêt du plus grand nombre, mais ce n'était pas ce jour-ci.

Sargeras n'en restait pas moins un étranger, il n'avait pas les mêmes connaissances que Shayne et bien qu'il fût en mesure de lire dans ses pensées, son caractère divin l'avait exposé à tant de populations au fil des millénaires, qu'il souhaitait aujourd'hui se laisser guider dans la marche à suivre. Après tout, il avait déjà fait ses preuves. Il était l'incarnation de la Destruction et de l'ordre qui en suivait, que risquait-il à donner sa chance à Shayne ? Elle lui prouverait peut-être encore qu'elle était digne, elle plus que quiconque à devenir son Héraut. Si seulement la belle pouvait se laisser convaincre de le rejoindre... mais chaque chose en son temps. Elle avait accepté son offre, ils devaient donc passer à la suite des opérations.

- Nous ferons selon tes règles. Ce sera l'occasion pour toi de me montrer tes talents une nouvelle fois. Tu as fais montre d'une grande propension à la destruction, te voir opérer plus sournoisement sera un plaisir.

Il avait passé sa vie à lutter contre ses frères dans ce qu'ils appelaient le Great Game. Le jeu Divin qui les avaient opposé maintes fois l'un contre l'autre, tous chercher à asseoir leur domination sur les autres. Cette compétition éternelle avait fait d'eux des êtres joueurs et sadiques, Sargeras en était l'exemple parfait. Il avait hâte de montrer à sa nouvelle lubie, ses propres talents dans le domaine. Non pas qu'il ait le besoin d'afficher une quelconque supériorité, il était dans sa nature de chercher le résultat, la victoire.

- Aurais-tu une idée précise en tête du mode opératoire à venir ?

Alors qu'ils discutaient tous les deux, le portail qui était situé en contrebas, et qui semblait inactif depuis quelques temps, laissa traverser de nouvelles entités. Ce n'était pas des démons, du moins pas totalement. Ces femmes et hommes étaient des agents de L'Officio Assassinorum, la responsable du Temple Vanus était d'ailleurs à la tête du contingent. Ses prérogatives étaient la prise d'information, le sabotage et la tromperie. Les nouveaux venue s'inclinèrent, alors qu'Alleria et ses disciples se préparaient à recevoir leur ordres. Ils avaient été prévenu quelques minutes plus tôt, grâce aux pouvoirs psychique du Dieu Noir. Et comme à leur habitudes, ils s'étaient précipité recevoir les ordres de leur maitre. Sargeras ne voulait pas simplement s'amuser avec un super-héro ou deux. Non, ses plans et ses objectifs étaient bien plus vastes. Sa présence sur Terre était l'occasion rêver pour provoquer un raz-de-marée sans précédent. Puis revinrent en tête les mots de Shayne *Si tu es capable de jouer selon mes règles...*

- La rigidité de l'Ordre... Tu découvriras à ton avantage, qu'il est toujours précieux de pouvoir s'y reposer. La flexibilité peut parfois se tordre si intensément qu'on en perd le contrôle. Les garde-fous eux, sont là pour nous rappeler qu'un pas un peu trop soutenu dans le chaos, peut-être contre-productif. Ordre et Chaos... Les deux faces d'une même pièce. J'ai hâte de pouvoir te le faire découvrir, et qui sait, te permettre de l'apprécier suffisamment pour réaliser des projets que tu n'as que trop rêver.

Jeannie incarne:



Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

« Tu réalises, j’espère, que je ne cherche pas activement à te manquer de respect, n’est-ce pas? Je dis ce que je pense. J’ai toujours agi ainsi. Je peux mentir, bien entendu. Mais j’aime tellement mieux la vérité. Elle est parfois si invraisemblable qu’on la confond avec un mensonge. Et puis soyons honnêtes. Tu me donnes une vraie chance de pouvoir l’emporter contre ma créatrice, donc… »

Je passe dans son dos avant de me pencher vers son oreille… Puis de changer de cap pour lui donner un chaste baiser au niveau de la jugulaire. Il serait facile d’attribuer le geste à l’une de mes nombreuses excentricités, oui. Mais… Sargeras n’est pas né de la dernière pluie. Et il sait que je suis, en ce moment, mentalement stable. Donc… J’ai fait ce que j’ai fait pour une raison. Laquelle? À lui de trouver mais essayons de déduire son raisonnement. La jugulaire est un point spécifique qui, en cas de blessures importante, cause une mort rapide. Mais c’est également par là que passe ce fluide nécessaire à la vie. Pas de sang, vous allez voir que le corps fonctionne très mal. Un baiser peut servir à séduire, oui… Mais il peut aussi servir à témoigner de l’affection. Ou exprimer une forme de gratitude. Pourquoi être passé derrière lui? Pour savoir où planter le couteau? Ou alors…

Pour être dans son ombre, lui qui est considérablement plus puissant que moi? Lui laisser les projecteurs comme futur maitre et conquérant de ce monde? Car honnêtement, dominer le monde serait amusant au début, j’imagine. Mais sur la durée? Je n’ose imaginer la frustration de tenter de garder un tout cohérent avec des espèce naturellement portées sur la rébellion et la désobéissance. Mais revenons-en à ce petit baiser tout chaste. Est-ce en lien avec sa dernière remarque? Deux faces d’une même pièce? Comme quoi un geste peut être perçu positivement et négativement selon l’interprétation? Laissons-le cogiter. La seule personne à avoir la réponse, c’est moi. Et qui ne demande pas n’obtient pas. Et qui demande… N’obtient pas nécessairement non plus. Sinon c’est trop facile. Il faut faire des efforts dans la vie, autrement il y a tant de leçons que vous n’apprendrez pas… Frustrant?

Oui. Mais c’est la vie. Pour ce qui est de la suite, je lui dis que nous allons devoir prendre l’avion. Sauf s’il veut nous téléporter. Ou s’il peut nous téléporter. Je manipule la matière, je ne peux pas tout faire, quand même! Je veux lui donner un petit cours d’hypocrisie héroïque 101. Je suppose qu’il en sait déjà au moins un peu sur la situation sur Terre mais c’est une chose de le lire et une autre de la voir de ses yeux. Donc, nous arrivons à Fairview. L’une des nombreuses villes à partager le même nom avec une trentaine d’autre villes. Cette ville spécifique est au milieu d’un drame. Des supers héros se sont battus contre des super criminels et les dommages collatéraux ont été catastrophiquement élevés. Bien sûr, après avoir posé pour les journalistes, les super héros sont partis, laissant une ville en piteux état. Et bien sûr, le gouvernement ne fait rien pour aider. Alors… Je vais le faire.

Mes cultistes ont déjà préparé plusieurs camions remplis de nourriture et de vivres diverses pour aider les habitants. Mon culte est connu publiquement pour aider, justement, ce genre de communauté. Certains connaissent sa branche fanatique et radicale… Mais le prouver est horriblement difficile. Et je donne à Sargeras une consigne simple. Quoi qu’il se passe, n’intervient que si je te donne le signal. Donner un ordre à un dieu multi millénaire? Non. Un test? Oui. Je sais ce qui va se passer car c’est un schéma récurrent. Mais je veux qu’il voit ce que je combat, je veux qu’il voit ceux qui sont un affront à cette facette de l’ordre qu’il représente. Sargeras fera donc comme mes cultistes : il va donner des vivres aux habitants désœuvrés pendant que je livre un discours encourageant et plein d’espoir à la population. Il faut redonner un rayon de soleil à ceux qui pensent avoir tout perdu.

Soudain, quelque chose d’à peine visible pour l’œil humain me percute et je fais un vol plané avant de défoncer une porte et de me relever, sonnée. Un super héros se tient devant moi, irradiant presque d’une arrogance écœurante, d’un orgueil mal placé et d’un sentiment de supériorité tout aussi mal placé. Je t’ai dit de ne plus répandre tes paroles empoisonnées, criminelle, me dit le « super héros ». Et je t’ai dit que tant que vous, pseudo héros, continuerez de créer l’injustice, je continuerai mon œuvre, que je réponds en crachant du sang aux pieds de ce mécréant. Toi, tes copains et le gouvernement les avez abandonnés. Je leur redonne ce qu’ils ont perdu. Leur dignité humaine. Vous vous en doutez, on ne peut pas raisonner avec un fanatique. Dans sa tête, je suis une criminelle et tout ce que je fais est mal. Je suis forcée de lui donner raison. Tout ce que je fais sers mes intérêts, oui.

Mais pour ces victimes, ce que je fais c’est effectivement leur redonner espoir. Ceux qui décident de devenir fanatiques de ma cause le font volontairement. Je n’ai lessivé le cerveau de personne. Enfin. Pas pour le recrutement. Après… Peut-être… Mais c’est un autre débat.  Devant une population impuissante qui lui dit d’arrêter et de s’en aller, que c’est lui qui a ruiné leurs vies, il continue de me battre, de me taper dessus alors que je n’ai rien tenté d’agressif contre lui. Pire encore, il commence à insulter les civils en les traitant d’ingrats et de n’avoir aucune gratitude pour leurs super héros, leur gouvernement et leur pays. Je n’ai toujours pas donné de signal à Sargeras et au vu de la raclée que je me prends, chances sont que je ne suis pas en état de le donner. Et c’est là que le test entre en jeu. Est-ce qu’il va s’en tenir à ce que j’ai dit, par principe ou est-ce qu’il va intervenir parce qu’il c’est que c’est la chose à faire, indépendamment de mon opinion? Ou peut-être que j’attends que les civils agissent?

Toute cette souffrance que je reçois pour un test? Vous n’avez aucune idée de jusqu’où je peux aller pour obtenir un résultat. Tester une théorie, par exemple…

*Shayne Shayne Shayne... Tu es si... glissante. C'est comme cherché à emprisonner de l'eau avec les doigts. Mais je n'aurais de cesse d'essayer jusqu'à en comprendre les rouages.*

Ses dernières paroles étaient des plus énigmatiques, mais elle avait conscience qu'elle pouvait parfois par sa franchise, être en dehors du "cadre" habituel le concernant. Très loin de le contrarier, Sargeras appréciait ces moments de sincérité qu'elle pouvait lui offrir. Après tout, un esprit libre était toujours plus sensible au principe qu'il incarnait. Ce qui suivit en revanche, fut des plus inattendues. Depuis leur rencontre, elle avait été directe et plutôt expéditive dans ses requêtes, mais c'était là l'une des rares fois ou le tempo semblait ralentir. Elle tournait autour de lui, comme une panthère autour de sa proie, mais c'était pourtant cette même démarche féline qui se mua en un geste inexplicable. Elle vint déposer un baiser chaste sur sa jugulaire. Elle qui s'était targué il a de ça quelques heures de toujours agirent avec une raison derrière la tête. Elle qui n'était plus sous le contrôle de ses émotions et qui agissait donc parfaitement en connaissance de cause.

Que pouvait bien vouloir dire cet acte . Un baiser de Judas, non du moins ce n'est pas ce qu'il espérait. Un geste d'affection ? C'était possible, mais elle avait pourtant bien dit qu'elle ne considérait pas les autres en matière de relationnel. Toute son action avait été méticuleusement décidé. Son passage dans son dos, ses gestes, sa proximité vers son oreille qui finalement c'était tût. Shayne agissait avec sa dorénavant légendaire aptitude à perturbé le Dieu Noir. Il finirait sans doute par le lui demander, Le Dieu était bien trop curieux et intrigué pour laisser pareil acte de côté, mais il ne brisa pas la magie de l'instant. Il se contenta de se retourner vers elle, un sourcil légèrement haussé en signe d'interrogation, mais elle resta de marbre. * Quelle femme...*

Elle lui dévoila  après son plan. Et bien que la tentation d'utiliser la téléportation pour quitter les lieux fut tentant, Sargeras se décidait de prendre l'avion à ces côtés. Ces petits gestes mortels étaient si affriolants pour lui  ! Ainsi, ils survolèrent Fairview. Sa tendre Muse souhaitait visiblement lui faire découvrir de lui-même le revers de la médaille, des héro qu'elle abhorrait tant. Le Dieu Noir n'était bien évidemment pas contre la proposition, il avait des yeux partout dans le Multivers, et des justiciers il en avait connu de nombreux. Tous partagés cette sinistre égocentrie mélanger à un sérieux complexe de supériorité qui ne faisait qu'un cocktail détonnant, ironique pour des défenseurs supposé de l'humanité.

Voilà comment le duo débarqua dans la ville, pour y découvrir un espace saccager. La lutte entre les "héros" et les "vilains" avait saccagé des pans entiers de l'espace de vie. Personne ne semblait avoir lever le petit doigt, si ce n'est les journalistes accroc au buzz. Sargeras pouvait déjà voir les Selfies empli d'orgueil des stars d'un jour, meurtrier d'hier. C'est alors que l'objectif de Shayne se précisa. Elle était très engagé dans la politique de reconstruction, elle aidait les plus démunis et obtenait leurs faveurs de cette façon. À cette simple réflexion, Sargeras eut bien l'envie d'éclater de rire. C'était exactement son propre procédé habituel, mais lui l'opérait à l'échelle d'un monde. Débarquant en fanfare, après qu'une planète eut été assallie ou durant l'assaut, il délivrait les Autochtones et obtenait par ce biais leurs soutiens. Des campagnes militaires conquérantes, il avait su en mener... Mais la capacité de faire régner l'ordre alors que tout chose semblait vouée au chaos, c'était ça la partie la plus agréable de son propre culte. L'ordre finissait toujours par reprendre sa place, une fois la destruction passé. Fairview allait connaitre la même conclusion, mais cette fois-ci, ce n'était pas le culte de Sargeras qui serait mis à l'honneur. Shayne avait l'initiative, et le Dieu Noir ne put s'empêcher de constater une nouvelle similitude entre eux, il finissait par trouver ça troublant.

Ce qui le troubla encore plus en revanche, c'est la cage de fruit qu'il reçut rapidement entre ses mains. Elle venait de lui faire jurer une promesse solennelle, tout en lui confiant le rôle de bienfaiteur des pauvres hères de cette ville en ruine. Lui, Prince de la Destruction, reconvertie en volontaire dans une association... Le génie frôlait le ridicule, et ils y étaient en plein dedans !

- Shayne... Je ne suis pas sûr d'être le mieux placer pour...


Mais elle l'interrompit avec ce même regard plein de malice. Peut-être qu'un jour viendrait ou il ne céderait pas à ses caprices si déroutants, mais aujourd'hui il se contentait de suivre ses directives. Il passait auprès des habitants de la ville, tendant la main aux plus démunis. Tous semblaient regagner espoir, alors que le discours convainquant de Shayne se répercuter dans les enceintes mises à sa disposition par les autres disciples de son culte. Elle captivait la foule, et Sargeras était fier d'elle. Mieux encore, il nourrissait dorénavant de nouveaux projets. Alors que ces mots sur la tribune semblaient briser la carapace des convives, Le Titan Noir se concentra sur une jeune fille délaisser au coeur de la foule. Loin d'être touché par une scène que qu'il avait vu des millions de fois par le passé, il s'avançait quand même vers elle, en lui tendant une orange qu'il avait pris la peine d'éplucher.

il ne reçut qu'un simple sourire gêné de sa part, l'ordre Triomphait... Jusqu'à ce qu'il ressente une présence hostile, qui accourait à une allure déraisonnable. Personne ne vit l'homme encapuchonné dans sa tenue grotesque. Personne, sauf Sargeras. l'inconnu venait tout juste d'expédier un violent coup de poing dans la mâchoire de Shayne l'envoyant valdinguer dans une porte située juste derrière. La petite fille que Sargeras avait servie, en laissa tomber son orange par terre. Choquer par l'attaque sur la bienfaitrice de la ville. Instantanément, le Dieu Noir laissa tomber par terre le restant des fruits qu'il avait trimballé toute la journée. Ses poings étaient serrés, et des veines anormalement développés jaillissaient de ses bras dénudés. Ses jointures étaient dorénavant blanchies par la pression exercer par ses doigts. L'homme mystère n'avait cessé de battre Shayne aux yeux de tous. L'insultant par la même occasion, avant de s'en prendre à toute l'assemblée qui avait protesté à sa venue.


je m'avance d'un pas déterminé à travers la foule. Le capuchon qui recouvre ma tête, et le haut de mon corps, empêche les individus autour de moi de voir la fureur qui ronge à présent mes yeux. Je ne suis pas venu sur Terre sans raison, tu es la raison. Je la vois en contrebas, sur la porte dégondée. Il la frappe, il la bat. Elle me regarde, elle... me sourit ? Que fait-elle ! Elle est parfaitement en mesure de répondre à l'attaque, elle est capable de le faire exploser d'un claquement de doigt. Elle peut se défendre, elle doit se défendre... Que cherche elle à me prouver... Que veux-tu exactement Shayne ? Que je brise ma parole . Tu tentes un Dieu, tu exiges que celui-ci te montre que l'ordre n'existe pas . Tu cherches à noyer ma fonction secondaire . Non... Tu veux simplement savoir ce qui m'anime. Rien ne t'arrête lorsque tu as une idée en tête, je le sais à présent. Et malgré les insultes et la cadence toujours plus soutenue que cet imbécile te fait subir, tu ne bouges pas d'un poil. Ton visage délicat est à présent boursouflé, mais tu n'en as que faire. Tu sais quand un seul instant, tu pourrais me donner le signal me permettant de l'anéantir. Mais tu ne veux pas le faire. Les individus autour de nous, protestent, mais personne ne bouge. Pas même les membres de ton culte que je te soupçonne d'avoir prévenu en amont. Tu savais en réalité que ce héros de pacotille allait venir. Tu ne voulais pas me mettre en situation d'aide auprès des déshérités, tu voulais que je constate la signification de l'ordre et de justice dans ce pays. Mais j'en ai suffisamment vu.

Alors que tout le monde est resté stoïque, je ne peux assister impuissant à ta chute inexorable. Dans tous les cas, tu as déjà gagné et je t'en félicite. Je grimpe sur l'estrade et rejoins finalement le duo que tout oppose. Mon ombre recouvre à présent celle de l'assaillant.

Toi... Lui dis-je, alors que le capuchon qui composait ma tenue de cultiste se désagrège sous les impulsions de puissances qui parcourent mon corps déchainé.

Il se retourne, il m'observe. D'un simple regard, je lui ancre dans le cerveau la douleur que je suis sur le point de lui infliger. C'est un super-héros qui n'en a que le nom. Ma magie lui ronge déjà l'esprit, tandis que son corps répondant à toutes sortes de stimuli ne peut l'empêcher les réflexes nauséabonds qui l'envahissent soudainement. Il s'urine dessus, avant de déféquer. Ma main s'approche de sa gorge, et l'enserre pendant de longues secondes. Je le soulève en l'air pendant un temps qui me semble être une éternité, mais qui ne dépasse pas les quelques battements de cœur qui le sépare de la mort. Puis, je lui inflige le même coup de poing qu'il avait osé jeter au visage de Shayne. l'envoyant inconscient, s'écraser au fond d'un bâtiment délabré derrière eux. Je n'en ai pas terminé avec lui, mais j'oublie rapidement son cas pour le moment.

Je pose un genou à terre, et constate les ravages sur le visage de Shayne. Les hématomes sont nombreux, l'arcade est fracturée, le nez est en miettes. Du sang jaillit de ses lèvres, ainsi que de ses oreilles. Est-elle mortelle ? La question me traverse l'esprit. Elle semble divagué, mais un sourire est toujours accroché à son visage. Je le caresse calmement, avant de déposer au sommet de son front, à mon tour, un chaste baiser. J'ajoute à celui-ci, les mêmes propriétés régénératrices que je lui avais confiées lors de la création du corps d'emprunt, qu'elle m'avait façonné. Ses blessures pourront ainsi se résorber au plus vite. Je soulève pour la deuxième fois de ma vie, le corps de Shayne, mais la garde cette fois-ci plus près de mon torse. afin de pouvoir distinguer son visage et ses traits. Puis je lui chuchote, à l'oreille, alors que la foule semblait hurler d'allégresse la survie de leur bienfaitrice.

- J'ai manqué à mon engagement envers toi. Mais tu savais déjà que j'allais réagir de cette façon. On ne peut pas défier la Destruction impunément. Que dois-je en conclure cette fois-ci ?

Il était une fois de plus dans l'incertitude.

Jeannie incarne:



Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Je n’ai jamais été en danger. Jamais. Oui, du sang et des blessures sont visibles. Mais c’est uniquement pour le spectacle. Il n’y a pas eu de réels dommages. Je ne suis pas Jeannie donc je suis vulnérable à ce qui gouverne la troisième dimension, comme n’importe qui d’autre. Mais manipuler la matière me permet de protéger efficacement mes organes vitaux ou ce qui a besoin d’être protégé. Et si Sargeras avait été plus attentif, bien que je ne le lui reproche en rien, il aurait remarqué que mon passage au travers de la porte aurait dû causer des dommages qui ne sont pas là. Mes vêtements sont en piteux état mais c’est tout. Je n’ai jamais été en danger. Cela fait partie de ce que je sais faire de mieux. Tester la vraie nature des gens et des êtres. Leurs réactions. Leur adhérence à leurs principes. Et non, je n’ai pas fait cela par manque de respect pour le dieu noir.

Au contraire, je reste résolument convaincu que cette démonstration a son utilité. Pour commencer, et je le redis, mon but était de lui montrer en temps réel ce que je fais, comment je gagne des fidèles supplémentaires et comment même en étant fait des pires émotions, je peux avoir la bonne façade pour servir des intérêts plus grands plus tard. Une bombe à retardement, si vous préférez. Ensuite, je voulais aussi qu’il voit comment la notion d’ordre est pervertie par des individus qui se servent du mot comme d’un slogan publicitaire sans savoir ce qu’est réellement l’ordre. Si cette planète doit passer sous son contrôle, et je n’ai pas de raison de douter du contraire, autant lui montrer un des plus gros problèmes de ce monde. Les super héros sont un redoutable fléau qui rend les humains dépendants d’eux. Maintenant, le commun des mortels ne cherche pas à se sauver, il attend d’être sauvé.

Et bien sûr, il y a toute la partie publicité. Ce corps qu’il possède est un peu comme son avatar dans ce vaste jeu vidéo qu’est la vie sur Terre. Ces gens qui l’acclament comme celui qui a osé se dresser contre le super héros n’auront rien vu qui puisse le définir comme « inhumain ». Quelqu’un y a veillé pour moi. Une puissante télépathe entièrement dédiée à ma cause qui m’assiste dans mes plus ambitieux projets. Un jour peut-être, Sargeras la rencontrera formellement. Pour le moment, elle est un moyen d’arriver à un résultat dans cette histoire. J’annonce à la foule que je vais bien, de ne pas s’inquiéter. La distribution de vivres continue pendant que je prends Sargeras à part pour répondre à sa question. Peut-être sera-t-il peu compréhensif, peut-être sera-t-il en colère… Mais je lui dois une explication, de cela il ne fait aucun doute. Et il l’aura. Sans mensonge ni détour.

« Tu as été absolument parfait. C’est ce que tu dois en conclure. Le but n’était pas de te défier. Et que tu tiennes ta parole n’a jamais été l’objectif. Ne vois-tu pas quelle était la fonction de cette démonstration? Bien sûr que tu la vois. Pour la première fois depuis une éternité, tu foules à nouveau le sol de cette planète. Tu as ta propre façon de faire les choses, j’en conviens. Mais regarde ce que ce que tu as accompli ici.

Ces gens ont perdu leur maison, des proches, leur lieu de travail. Cependant, plusieurs d’entre eux ont encore leurs téléphones portables. Je ne sais pas de ton côté du multivers quelle technologie vous avez mais ici, un tweet peut pratiquement renverser un gouvernement. Et là, ils parlent de toi. Le séduisant volontaire qui comme un chevalier de légende a sauvé une jeune femme en détresse. Leurs mots. Pas les miens. Regarde…

Tu vois sur mon téléphone ce qu’ils disent. Comment le simple fait que tu aies distribué des vivres à ces désœuvrés, comme ton geste protecteur a fait de toi une sensation au minimum locale. Les gens ont vu. Les gens ont filmé. Et dans un monde où rares sont ceux qui osent agir, tu es devenu un héros, à ta façon, toi aussi. Nous parlons de pièces et de leurs faces, de l’ordre et du chaos. Tu n’as pas manqué à ta parole. Tu as eu ton signal.

Mais c’est un signal auquel tu ne t’attendais pas. Quand tu as décidé d’agir, tu l’as fait en pensant à l’absence d’un signal de ma part. Mais… Nous n’avons jamais convenu d’un signal précis, non? Donc comment peux-tu avoir manqué à ta parole si tu ne sais pas ce qu’est le signal? Tu as été absolument parfait. Tu n’as rien à te reprocher. Tu as passé le test haut la main. C’est sans doute présomptueux de ma part mais je suis fière de toi.

À côté de toi, je ne suis que peu de choses. Une déesse aux yeux de mortels mais déesse que de nom. Mais j’espère malgré tout pouvoir apporter ma pierre à ton édifice. Ainsi, même si le plan échoue, même si je ne devais jamais triompher de Jeannie, il resterait quelque chose de moi pour y survivre. Le souvenir de ce moment, par exemple. Le chaos est… Comme de la crème glacée. Tu as différentes saveurs. Différentes textures.

Fondamentalement, c’est le même ingrédient de base. Mais la forme qu’il prend peut être différente. Et en quelque part, c’est ma façon de te montrer avec qui tu travailles. Ma façon de faire les choses. L’ordre dans mon chaos. Mais si tu juges que j’ai été trop loin, que je t’ai manqué de respect, je… Je suis d… Ça va venir, je suis si peu habituée à dire ces mots… Je suis désolée. Voilà. Mais je te confirme à nouveau que le but a été de te donner de la visibilité. De faire de toi le héros. Et de partager avec toi ma philosophie. »

Je lui souris. Il n’y a ni malice ni arrogance. Le geste est sincère. Reste à voir comment il réagira…

Tout se passa très vite passé, mais le Dieu Noir avait quand même été en mesure de ressentir des ondes magiques provenant d'une Psyker au loin. Était-elle une membre du culte de Shayne ? Les effets semblaient démontrés que oui, mais rien ne pouvait encore le confirmer. La foule semblait décidément prise d'allégresse, satisfaite à la fois que Shayne soit en bien meilleure santé que prévu, mais aussi que le héros responsable de leur malheur ai été corrigé. L'homme restait encore inerte au fond du bâtiment, alors que Shayne reprenait un discours enflammé rassurant ses fidèles et déclarant que la distribution allait se poursuivre. Sargeras constatait que tout ceci n'avait été qu'une manipulation préméditée par la jeune femme, comme il l'avait pensé en premier lieu. Celle-ci lui demanda de la suivre, en dehors des brouhahas et des applaudissements effreinée, ce que le Titan Noir fit rapidement.

à l'abri des regards indiscret et des oreilles baladeuses, le duo destructeur put enfin échanger. Tout ceci avait pour but de faire gouter aux méthodes, et aux résultats de Shayne. Ses façons de contrôler l'opinion publique à son avantage. Tout en décrédibilisant les héros qui n'avaient de cesse de poursuivre leurs petites actions égoïstes, en tentant de grappiller tous les regards sur eux. Ils étaient les véritables parasites d'une société à la dérive. C'est d'un ton monocorde, et avec un visage de marbre, que Sargeras lui répondit. Il ne voulait pas donner signe d'un quelconque désarroi.

- Nous avons la même approche. Je comprends parfaitement ce que tu as voulu faire ici en cette journée et auprès de ces gens. Même si je t'avoue que ma nature divine, influe automatiquement sur le caractère des individus. C'est viscéral... à partir du moment ou l'un d'eux écoute mes chuchotements, et finit par me vouer un culte, il est irrémédiablement changé. Il se transcende en un nouvel être, privé de ses chaînes, découvrant une nouvelle vie. Mais comme je te l'ai dit, c'est ma nature qui agit. Toi en revanche, tu arrives par ces mêmes procédés à faire changer le regard des autres et sans besoin de magie. À une échelle plus réduite, certes. Mais cela reste du très beau travail. J'avais souhaité découvrir la sournoiserie qui t'habitait, et je ne suis pas déçu !

Sargeras découvrit alors les messages sur "twitter" et autres réseaux sociaux de cette planète. Évidemment ces échanges pour lui étaient des plus archaïques, mais la Terre n'était pas réputée pour ses avancements technologiques.

- Alors dis-moi ma belle. Tu as souhaité me faire endosser le rôle de héros, et quand bien même tu ferais une parfaite princesse à secourir, nous savons tous les deux que tu n'en avais nullement besoin. Je présume que tu as un autre objectif derrière la tête. Me montrer ton monde, et tes méthodes, je comprends tout à fait le procédé. Mais j'apprends à te connaitre. Et tu n'es pas simplement la jeune femme "explosive" que tu m'avais déclarée il y a de ça plusieurs jours. Tu as déjà un plan derrière la tête, et c'est ce qui me plaît chez toi. Comme je te l'avais dit, je suivrais tes objectifs et des méthodes. Que ma demoiselle en détresse, va elle demander à son chevalier servant par conséquent ?

Enfin elle aborda la dernière partie de son argumentaire. Elle lui présenta même des excuses, et un sourire qui contrairement aux autres ne semblaient pas être forcé ou purement psychédélique. Elle était honnête, comme elle depuis le début de leur échange. Pouvait-il réellement la blâmer pour s'être joué de lui ? Le Dieu de la Destruction estimait que si elle avait réussi à le faire agir, c'est qu'elle avait suffisamment d'esprit pour incarner une individue libre et indépendante. Loin du parasite qu'elle s'efforcer d'être, Shayne pouvait en réalité se détacher de Jeannie, sans avoir nécessairement à la combattre jusqu'à la mort. Mais ça, il se gardait bien évidemment d'en parler pour le moment. Il voulait la pousser vers l'indépendance, la pousser à ressentir des choses qu'elles n'avaient jamais eu l'occasion de voir ou de vivre. Car comme elle avait voulu faire découvrir à Sargeras ses méthodes, le Dieu Noir lui, souhaiter lui faire découvrir des parties de sa personnalité qu'elle ignorait encore. La transcender, sans la forcer. Il avait vu une partie de son monde, elle connaîtrait une partie du sien.

Agréablement surpris du respect quelque peu maladroit de Shayne, qui avait passé ses derniers jours à lui comprendre qu'elle ne souhaitait pas le tourner en ridicule. Sargeras accepta ce "Désolé" en lui retournant un sourire sincère à son tour. Un élément toujours très rare chez la divinité chaotique.

- Tu n'as pas à t'excuser Shaynie. Tu possèdes beaucoup d'audace, et une témérité qui aurait pu t'attirer ma fureur, mais je vois à travers tes actions des preuves de sincérités et de dévouement que je n'aurais jamais attendus d'une jeune femme aussi libre. Nous partageons la même philosophie. Et viendra un jour, ou je pourrais te le montrer en personne. Un jour où tu découvriras un monde, des mondes. Qui te sont parfaitement destinés, et où les individus sur place n'attendent pas d'être abattue comme le bétail de ce caillou bleuté.

Shaynie ?

- Je sais que tu aimes la vie. Même si tu fais souvent preuve d'impétuosité, tu ne souhaites pas disparaitre et encore moins après m'avoir montré la sensation de cet ordre dans ton chaos. Cette forme de stabilité qui t'habite, grandira. Tu découvriras au fil de nos échanges, que Jeannie ne devrait peut-être pas occuper une si grande place dans ton cœur. à présent, penchons-nous sur cette fameuse pierre à notre édifice en commun. Car ne l'oublie pas, tu n'es pas ma subordonné, ni mon esclave. Mais si tu souhaitais un jour me rejoindre, sache que j'en ai vu suffisamment pour savoir, que je n'aurais jamais eu meilleure représentante de la Destruction, sur Terre.

Lui aussi faisait preuve de sincérités, et ne souhaitait pas pour autant la mettre en cage. Il l'a savait bien trop craintive des obligations qui n'émanerait pas de sa personne.

Jeannie incarne:



Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Je le corrige. Shayne. Pas Shaynie. Shaynie ressemble trop à Jeannie pour mon goût et je ne pense pas que nous en soyons rendus à l’étape des petits surnoms. Peut-être est-ce là sa façon de me tester, aussi, voir comment je vais réagir. Moins stable, ma réaction aurait été considérablement plus brutale. Mais je le suis suffisamment pour formuler une réponse cohérente. Un peu froide, d’accord. Mais je préfère froid à « tentative de meurtre sur un dieu dont l’origine remonte à la création du multivers ». Moins dangereux pour ma santé, également. On me dira : HA HA! Les failles dans l’armure, tu montres tes vraies couleurs! Si vous n’avez pas suivi jusqu’ici, je vais le redire. J’ai été parfaitement sincère, du début à la fin. Si vous pensez que j’ai présenté une façade ou un masque à Sargeras, je vous encourage à relire cette chronique depuis le tout début.

Oui, le surnom m’a fait mal. Peut-être était-ce intentionnel, comme je l’ai dit. Je l’ai testé et il me teste. Voit ce qu’il peut dire ou ne pas dire. Voir ce qui déclenche ou non une réaction chez moi. Et ce serait parfaitement logique. Je pourrais difficilement lui en vouloir d’ailleurs. C’est quand on commence à tout prendre pour acquis, que l’on pense que tout est sous contrôle que les problèmes commencent à apparaitre. Si vous voulez un conseil qui va vous aider toute votre vie, en voici un : même si vous pouvez faire une tâche les yeux fermés, faites la avec tout le sérieux qu’elle mérite. J’ai vu des victimes d’accidents stupides par excès de confiance. Donc que Sargeras, un dieu noir, de retour sur Terre, décide de faire attention à ceci et cela? Logique. Normal. Attendu. C’est s’il ne le faisait pas que ce serait terriblement inquiétant. Un « méchant » arrogant perd automatiquement.

Pourquoi, autrement, Darskseid, Thanos, Brainiac, Galactus et compagnie n’ont toujours pas conquis ou détruit cette planète? À cause de leur arrogance. Qu’est-ce qui a coûté cher aux grands dictateurs de ce monde? Le fait de penser qu’ils ont toujours raison. L’hiver russe a clairement prouvé à deux reprises que non, l’arrogance d’un homme, d’un mortel, ne viendra pas triompher de la nature elle-même. Et j’imagine, je ne peux pas le prouver, que si Sargeras s’est rendu à un âge si avancé, ce n’est pas en étant systématiquement imprudent. Autrement, soit il serait un joueur très mineur ou alors un vassal de quelqu’un de plus puissant que lui. Et tout ceci nous ramène à ce que je suppose être un test. Et si ce n’en est pas un? Alors il l’aura fait inconsciemment, ce qui est alors d’autant plus impressionnant. Mais en même temps, je n’ai pas le monopole de la surprise...

« Tu sais, j’ai un plan, oui. Et je sais m’adapter rapidement. Mais j’ai encore du mal à te cerner. Ne le prend pas mal. Ce n’est pas personnel. Simplement, vois-le ainsi. Pendant toute mon existence, j’ai lutté seule. Et soudainement, tu débarques avec suffisamment de pouvoirs pour pouvoir neutraliser une partie complète de ce que je suis. Pour être parfaitement honnête, je suis terrifiée par tout ça. Même si je ne le montre pas.

Peut-être est-ce puéril, peut-être est-ce une preuve de ma propre faiblesse, de ma propre impuissance mais… C’est ainsi. Je suis faite de chaos. Le changement, en soi, fait partie de qui je suis, ce que je suis. Mais quand le changement arrive trop vite, même le chaos peut avoir du mal à t’adapter. Je te montre ce que je fais. Comment je mène mes opérations. Et malgré tout, je me sens grossièrement inadéquate. Mes actions sont à petite échelle.

Mon ambition est nettement inférieure et pathétique face à ta vision. Donc, je remets en question ce que je fais et comment je le fais. Tu ne cesses de dire des choses encourageantes alors que normalement… Je ne sais pas… Vois le ainsi. Un peintre amateur rencontre son idole, Pablo Picasso, admettons. C’est un maitre. LE maitre. Nécessairement, il ne trouvera jamais son travail à la hauteur, se refusant toute présomption ou arrogance. Logique.

Et donc, je ne peux que remettre en doute ce que je fais. La pertinence de tout ceci. Ultimement, je fais ce que je fais pour me donner une chance contre Jeannie. Mais toi, tu veux ramener un ordre, ton ordre dans le multivers. Tu es un château de sable. Je suis un simple grain. Comment pourrais-je alors me trouver une valeur face à toi? Je me sens perdue. Confuse. J’ai toujours pensé que ma fin viendrait dans un dernier combat.

Un dernier affrontement contre Jeannie. Ton arrivée rebrasse les cartes et cela me terrifie. Car la somme de mes certitudes vaut maintenant zéro. Ce que la demoiselle en détresse va demander à son chevalier servant, demandes-tu? C’est horriblement trivial mais en ce moment, une crème glacée me ferait le plus grand bien. Et… Être rassurée, aussi, j’imagine. Pas de grand plan, pas de manipulation, quelque chose d’horriblement terre à terre.

Mais la question, Sargeras, est la suivante : est-ce qu’un être de ta puissance peut, veut s’abaisser à quelque chose d’aussi grotesquement banal? Est-ce même folie que de te demander une telle chose ou est-ce plutôt suicide? Je ne sais pas, Sargeras. Je ne sais plus. Tu représentes quelque chose que je peine à concevoir et la seule logique que je vois est d’être moi-même. Parfaitement franche. Mais est-ce suffisant pour justifier un intérêt sur le long terme? »

Sargeras vit rapidement à sa réaction que le surnom qu'il avait pu lui donner l'avait affecté. Cela aurait été mentir que de dire qu'il ne s'attendait pas à cette déstabilisation passagère. Jeannie avait toujours eu la priorité sur Shayne, elle voulait la fin de sa génitrice, ainsi le simple fait de l'avoir appelé d'une sonorité se rapprochant de la Déesse avait suffi pour créer une atmosphère un peu plus froide. Mais le Dieu Noir n'avait pas agi de la sorte dans le simple but de la ramener sur Terre. Oh non, il souhaitait simplement se rendre compte du degré de dualité qui subsister encore chez sa nouvelle associée. Et la réponse était suffisamment claire, il resterait encore un long chemin avant que Shayne puisse totalement se détacher de Jeannie. Mais Sargeras ne doutait pas d'être en mesure de faire pencher la balance.

Le sujet devint cependant rapidement plus sérieux encore, loin des surnoms. Elle venait tout juste d'admettre avoir encore du mal à cerner le Dieu de la Destruction. Mais finalement, comment lui en vouloir ? Lui-même avait du mal à se mettre à la place des mortels de cette planète lointaine, comment Shayne pouvait en si peu de temps s'acclimater à une entité multi millénaires. Ce n'était pas facile, d'autant plus pour une jeune femme qui avait souvent eu tendance à se tenir à l'écart, préférant développer ses propres plans ravageurs à l'abri des regards. Shayne était seul, entouré de ses fidèles qu'elle utilisait pour son bon plaisir. La déclaration d'il y a quelques jours précisant qu'elle n'avait rien de bon en elle, ne venait pas simplement du fait qu'elle était née d'un concentré d'énergie néfaste, mais aussi et surtout parcequ'elle avait peur de s'ouvrir et d'être déçue. Trop souvent déstabiliser par des ondes cataclysmiques que lui envoyer sans le savoir, sa créatrice.

- Justement Shayne... Tu as trop lutté seule. Cette indépendance qui te définit est à la fois une très grande force, mais aussi une faiblesse inavouable. Car tu ne peux pas supporter toute la création, seule sur tes épaules. Moi-même je ne le pourrais pas, personne ne le peut. S'efforcer de rester seule, c'est d'une certaine façon se condamner à mourir. Cette difficulté à me cerner, je la partage avec toi. Nous représentons tous deux le Chaos, son changement et la destruction qui l'entoure, il n'est pas étonnant d'avoir encore des incertitudes marquées. Serais-je encore attrayant à tes yeux, si tu savais déjà tout d'une divinité de mon âge ?

Quant à mes pouvoirs, et leurs utilisations sur ta personne. Tu ne dois pas être effrayée. Je t'ai découverte incontrôlable, et je te vois à présent en pleine possession de tes moyens. Ces deux facettes de ta personnalité ne peuvent être dissociées. Ma magie ne sera bientôt plus nécessaire à ce que tu puisses transformer toutes ces ondes négatives, en énergie brute. J'ai passé près d'un million d'années à ne provoquer que mort et destruction sur mon passage, avant de réussir à contrôler pleinement ma fonction. Je sais déjà que tu seras bien plus rapide que moi pour te maitriser.

Elle évoqua alors son sentiment d'impuissance envers lui, et les comparaisons pleuvaient naturellement. Ses propos étaient là encore cohérent, mais n'en restait pas moins incorrect.

- Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maître*. De Vinci, mais j'imagine que tu le savais déjà. L'histoire regorge d'individu qui a surpassé leurs aïeux. Certains d'entre eux, sont même déifiés à leur tour. Et pas seulement sur Terre, mais dans tout le Multivers. Les générations à suivre sont destinés à remplacer les précédentes. C'est le principe même de l'évolution... Dans mon cas, mon statut de divinité met quelque peu en branle le schéma, mais il n'empêche qu'une élève, n'est pas condamné à marcher à travers l'ombre de son maitre. Et je t'interdis de te comparer à une amatrice, ce n'est pas digne de toi et de l'image que j'ai de tes compétences.

Elle avait beau estimer que ses ambitions étaient inférieures, elle n'avait pas du tout le même vécu que la divinité destructrice. Et par conséquent bien moins de temps et d'occasions d'accomplir ses objectifs. La nature elle-même n'avait pas décidé pour elle de ses faits et gestes. Et quand bien même elle était l'oeuvre de Jeannie, elle était en mesure de capter  certains aspects de la vie que Sargeras ne pourrait jamais comprendre.

Il l'a sentait troubler et inquiète, pour la première fois d'ailleurs, sa priorité ne se portait pas sur les plans et les manigances, mais sur un besoin irrépressible de se détendre en pensant à autre chose. Sargeras n'était pas vraiment à l'aise sur ce sujet. Il n'avait jamais agi que par besoins de répondre à ses prérogatives divines. Il était l'esclave de ses pulsions, tout s'agréger autour de la Destruction puis de l'ordre. Les petits plaisirs de la vie étaient illusoires pour lui, il n'y avait jamais prêté attention. Si bien que la définition même du plaisir était abstraite à ses sens. La seule chose qu'il savait, c'est que le bonheur avait la forme d'une prière ou d'un sacrifice en son nom, se délectant des effluves offerts par ses disciples. Ainsi, lui qui avait vécu durant des millénaires, était irrémédiablement ingénu sur bien des sujets, qu'il estimait triviaux.

- Si je suis un château de sable, il suffirait d'un simple coup de pied pour me faire voler en éclat. Non... je suis un Roc. Un puissant rocher qui dans la tempête, voit s'écraser des milliers de vagues désordonnés reprendre leur forme au fur et à mesure qu'elles s'écroulent face à moi. Et au sommet de ce rocher, se dresse un phare. Qui s'illumine à chaque acte de destruction ordonnée que tu pourras m'offrir. Tu n'es pas un grain de sable, tu es la lumière dans l'obscurité qui n'attend que de rayonner ! à travers les temps et les âges.

Quant à Jeannie... Je te l'ai déjà dit, mais ton destin n'est pas forcément lié à une lutte fratricide contre elle.  Tu n'es pas un parasite, tu n'es pas obligé d'agir comme tel. Tu pourras vivre en dehors de son influence, et ne plus percevoir ses émotions négatives comme des supplices, mais comme de simples dons. Tu es plus qu'une épine dans son pied. C'est ça la certitude qui doit te rester en tête à présent, tu es une individue à part entière. Et je serais là pour en attester.

Sargeras avait l'impression que Shayne avait sérieusement besoin d'un remontant. Lui qui n'avait jamais connu ce genre de chose, finissait par trouver l'idée au moins intéressante à vivre. Peut-être se prêterait-il au jeu suffisamment longtemps pour en apprécier les règles ?

- Ce que tu appelles banalité, serais pour moi du domaine de l'extraordinaire. Je n'ai jamais passé le moindre instant de ma vie à me détendre. Du moins, autrement qu'en provoquant des explosions. La seule folie serait de refuser une telle invitation. Ainsi, je ne m'abaisse pas car rien de tout cela est grotesque. Tu m'avais dit que j'allais connaitre les facettes de ton monde, et de ta vision des choses. J'espère avoir la chance de te rassurer Shayne, car cela signifierait que j'ai eu la chance de connaitre l'autre partie de la pièce qui te constitue.

Sargeras ignorait si c'était son enveloppe humaine qui agissait sur sa réflexion. Si ce corps créé de toutes pièces souhaitait revenir à ses principes de base, à savoir chercher un peu de bon temps en cette belle journée ensoleillée . Mais lui était sûr d'une chose, il voulait tenter de comprendre le train de vie des mortels de cette planète, et non plus simplement essayer de les manipuler.

Le duo de choc s'était changé pour l'occasion, il faut dire que Shayne devait forcément avoir froid avec si peu de tissu sur le corps. Sargeras n'avait pas ce problème, c'était une créature à sang chaud.  Dans ces nouvelles tenues décontractées, ils atterrirent rapidement dans une ville voisine. Dénué de chaos, et de ruines. Le Dieu Noir les avait téléporté afin que les populations locales ne les dérangent pas trop, ils c'étaient un peu trop fait remarquer à Fairview. L'établissement ne disait rien à Sargeras, mais il faut dire qu'il ne comprenait pas vraiment les us et les coutumes de la planète pour le moment. Ainsi, lorsqu'une femme en rollers vint vers lui prendre sa commande, le Dieu Noir en resta quelque peu bouche bée. Ne sachant pas vraiment quoi prendre. Il se tourna alors vers sa complice, l'air gêné.

- Je... Qu'est-ce que je suis censé prendre Shayne ?

Alors qu'il écoutait la proposition de sa compagne, le Titan Noir se permit d'enchainer une fois réunie plus qu'elle et lui.

- Tu es sûr que de la crème et des glaçons te feront te sentir mieux ? J'aurais pu te faire apparaitre une banquise si tu le souhaitais !

Le Prince de la Destruction essayait d'être aimable, et surtout ! D'aborder des sujets qui hélas, ne lui étaient pas familier.