« Ouais, si tu le dis… En tout cas, je n’ai jamais vu un prof avec un look pareil… »
Elle se tut ensuite, puisque l’heure était à l’interrogation. C’était un test de connaissances, avec des questions un peu trop élevées pour Mélinda. Titillant son crayon, elle en suçotait la pointe, signe qu’elle réfléchissait. Mélinda était loin d’être une élève indisciplinée à l’académie. Avant de la rejoindre, elle avait eu des professeurs particuliers, et avait donc suivi une formation très intense, fruit de sa famille. Les Warren étaient élitistes, et son père était un homme très exigeant, demandant à sa fille qu’elle produise le meilleur d’elle-même.
Tandis que Mélinda réfléchissait, elle constata vite qu’Elmma était perturbée… Car elle écrivait moins vite qu’à l’accoutumée. Elle s’était souvent demandée si Elmma ne lisait pas dans les pensées, vu la facilité avec laquelle elle noircissait du papier et réussissait les examens. Mais, là, face à cet examen, elle semblait distante, ailleurs.
« Hey, tu vas bien ? » susurra Mélinda.
La voix de la professeure fusa alors, et Mélinda se raidit sur place :
« Mademoiselle Warren ! On ne demande pas de l’aide à sa voisine ! »
Mélinda écarquilla des yeux, et rougit furieusement.
« Madame, je…
- Et on ne répond pas à son professeur ! Est-ce vraiment là les valeurs qui vous sont enseignées à l’Académie Carrion ? La désinvolture, la provocation face à l’autorité ?
- Mais…
- Vous avez gagné une heure de colle ce soir, Mademoiselle Warren ! Maintenant, arrêtez de perturber le fonctionnement de cette classe ! »
Pour Mélinda, ce fut comme un coup de poignard en plein cœur. Comme statufiée sur place, elle sentit son cœur s’emballer nerveusement, fusant à toute allure. Une heure de colle… Une heure de colle ! Son père le saurait, car cette heure serait mentionnée dans son carnet scolaire. Elle commença à trembler, sentant une vive anxiété la saisir. Si son père l’apprenait… Elle allait devoir tout faire pour que cette prof’ ne le note pas dans son carnet !