Toujours assise, Mélinda se releva, et hocha la tête.
« Bien sûr… Vous n’êtes pas très loin de chez vous, en réalité. Je vous ai ramené dans mon harem, et nous sommes donc toujours à Mijak. Vous n’aurez qu’à aller sur le balcon pour vous en rendre compte, on voit très bien le Palais Impérial d’ici. »
Ce que Mélinda voulait avant tout instaurer, c’était un lien de confiance entre elle et Décatis. Elle se rapprocha donc du grand rideau séparant la chambre du balcon, et l’écarta de la main, révélant le ciel, et, surtout, quelques toits mijakiens. Le Palais n’était pas dans l’angle de vision disponible depuis le lit, mais la vampire voulait montrer à sa congénère qu’elle ne lui mentait pas.
« Vous n’êtes pas prisonnière, Décatis, et il est important que vous le compreniez. Vous savez, j’aurais pu appeler la Garde Impériale, mais… Je ne voulais pas que vous vous retrouviez dans les cachots. »
Subtilement (ou pas), elle lui disait que Décatis pouvait lui être redevable… Mais Mélinda ne le formulerait jamais ainsi, et se dépêcha d’enchaîner :
« Vous êtes entrée en état de rage, Décatis… Et je pense en être involontairement responsable. Vous savez, je l’ai senti quand je suis venue vous voir. Vous êtes une vampire, et vous utilisez la magie pour masquer vos instincts vampiriques. Ainsi, même si vous vous hydratez régulièrement en sang, vos instincts, eux, sont niés… Et on ne peut pas les nier. Cet incident a sûrement été provoqué par le fait que vous avez eu une congénère vampirique proche de vous. »
La vampire se rapprocha un peu du lit de Décatis, se frictionnant les mains, et en posa une sur le rebord du lit :
« Je… Je ne veux pas que ça se reproduise, Décatis… Je vois bien avec quel engouement vous avez mené votre propre affaire, et… Et je sais combien c’est difficile de monter un commerce dans la capitale, vu que j’ai eu bien du mal à lancer mon harem. Alors… Je… Ça doit vous paraître particulier, mais… Je tiens à vous aider. Vous aider à accepter votre nature vampirique. »
Il n’était pas rare de tomber sur des vampires refusant ce statut, car ils voyaient le vampirisme comme une sorte de virus.
Ce qui, selon Mélinda, était une grosse erreur.