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Lalwendë Cirth - et sa Sœur Liée. (SC de Ryanne H.) [Valiobservées !]

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Les Lalwendë
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Enregistré le : 15 août 2024 08:29
Fiche
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Prénom : Cirth.
Nom : Lalwendë.
Âge : Un peu moins de la vingtaine.
Sexe : Féminin.
Race : Kitsune.
Fonction : Sciptomancienne.
Orientation : Bisexuelle.
Origine : Tekworld - sur un archipel proche d'Edoras.

Physique :

Jeune et svelte sont les deux adjectifs qui caractérisent cette charmante boule de nerfs ! Joueuse à l'excès, Cirth ne se départit quasiment jamais de son sourire de renarde qui lui confère une jolie mine de fripouille, ses petites « canines malicieuses » n'aidant absolument pas à la prendre au sérieux. Les cheveux et les oreilles de la Kitsune sont couleur d'orge. Une chevelure lisse qu'elle n'a jamais fait pousser plus bas que sa nuque, sauf du côté de ses joues où deux mèches pendent au-delà de son menton rond. Deux broches d'or, agrémentées de sobres décorations bleu foncé, ornent ses jolis cheveux non loin de ses oreilles de renarde. En matière d'éblouissante beauté, ses pupilles de félin n'en démordent pas étant donné leur magnifique éclat doré... qui peut tout aussi bien virer à l'argenté lorsque la Kistune entre en communion avec les esprits - une transe qui ne s'éternise qu'à de très rares occasions en raison du fort niveau de concentration qu'elle exige.
Outre son visage radieux aux traits remarquablement enfantins, la mince silhouette de Cirth - qu'elle doit bien plus à son dynamisme explosif qu'à sa tendance à faire des siestes un peu partout - est le reflet de sa souplesse naturelle, si bien qu'elle n'a jamais connu ce souci pourtant répandu chez les autres espèces qu'est la prise de poids. Sa taille de guêpe est recouverte en permanence par une fine protection en cuir beige, sur laquelle est enroulée une large bande de tissu carmin. Une couleur qui tranche avec la blancheur du kimono à jupe courte qu'elle porte en-dessous, mais qui n'en demeure pas moins recouvert par une veste rouge à manches amples, doté d'un col en fourrure blanche et soyeuse. Ledit kimono comporte bien évidemment un trou à hauteur des reins histoire de laisser une totale liberté de mouvement à la queue touffue, jaune et blanche à son extrémité, de sa digne Kitsune. En guise d'éléments décoratifs, la tenue de Cirth compte deux cordons bleus plus ou moins similaires à ceux que comptent les broches attachées à ses cheveux ; le premier s'étend en travers de sa poitrine et relie les deux pans de sa veste rouge, tandis que le second pend depuis le creux de son dos, par-delà un gros nœud bouclé. Adepte des couleurs claires, Cirth porte également des mitaines blanches recouvertes par une surcouche de tissu aussi rouge que le haut de sa tenue.
Si ses belles gambettes sont à nues - c'est plus pratique pour gambader partout ! -, la gauche n'en demeure pas moins cerclée par une petite broderie blanche à mi-cuisse, maintenue serrée par un cordon identique aux autres. Aux pieds, l'adolescente porte des tabis blancs accompagnés de tongs rouges - et là encore, ça ne la dérange pas pour détaler !
Outre ses vêtements, Cirth trimbale partout un épais rouleau - baptisé Heimild - qui contient ses estampes et bien d'autres choses... en rapport avec ses connaissances en matière de Scriptomancie. Cet accessoire, quand la brave Kistune n'est pas occupée à travailler dessus, est en permanence attaché dans son dos, juste au-dessus de sa queue de renarde. Et à l'intérieur de ce même rouleau, Cirth conserve précieusement son pinceau fétiche - Yfirbót - qui s'associe parfaitement au pot d'encre magique qu'elle a suspendu à sa ceinture.
Ainsi ne manque-t-elle jamais de rien pour accomplir son devoir de Scriptomancienne et... s'amuser, pardi !~

Caractère :

On dit la plupart des adolescents immatures ? Cirth Lalwendë, descendante d'une tribu Kitsune des îles, en est un parfait exemple !
Celle-ci ne manque jamais une occasion de s'amuser, si bien qu'elle en vient souvent à transformer les missions - périlleuses ou non - qui lui incombent en une forme de jeu totalement inédit. Quand la Kitsune est lancée, plus rien ne l'arrête ! elle devient excessivement bruyante, en plus de se sentir incapable de s'arrêter de remuer dans tous les sens...
Une vraie pile électrique susceptible de partir à n'importe quel moment à la course au papillon ou à l'oiseau exotique.
Vous l'aurez donc compris : cette fille-là a franchement du mal à prendre les choses au sérieux.
En dehors de cette facette de sa personnalité - à la limite de l'hyperactif -, Cirth peut tout aussi bien se laisser aller à la paresse. Généralement, ses siestes sont des plus longues, et c'est d'autant plus vrai quand elle se déniche un endroit confiné et confortable où se rouler en boule. Il lui est souvent arrivé de sécher des cours de magie rien que pour tomber profondément dans les bras de Morphée. Pour autant, cela n'a jamais vraiment nuit à sa formation de Scriptomancienne.
Ce statut lui a toujours été favorable pour bien des raisons ; sa passion et son assiduité pour le dessin et l'écrire en sont, mais il est aussi question de ce don naturel qui lui a toujours facilité la communion avec les esprits. En effet, depuis toute petite déjà, Cirth était capable de les voir et d’interagir avec eux comme si ces derniers avaient toujours fait partie intégrante de son entourage. Bien sûr, comme dans toute famille il lui est déjà arrivé de leur faire la tête, voire de leur montrer les crocs pour une raison ou pour une autre. Mais la jeune Scriptomancienne, candide et naïve sur les bords, n'a jamais abusé de leurs pouvoirs.
Bien que joueuse par-dessus tout, elle abhorre la triche quelque soit sa forme. Selon elle, les règles sont faites pour que le jeu, dans sa difficulté, en vaille la chandelle. Sans elles, pas de challenge ; sans challenge, pas d'amusement !
Quant aux blessures qu'elle pourrait récolter, la survoltée ne les craint pas ; elle est une battante qui cherche toujours à se relever pour courir à nouveau~

Histoire :

Comme les trois quarts du temps, le soleil brillait sur l'archipel ! Il y régnait un climat tropical en cette magnifique matinée. Le ciel rose, vide de tout nuage, voyait circuler bien des oiseaux exotiques qui pépiaient à tue-tête, transmettant par leurs petits cris joyeux toujours un peu plus de bonne humeur au peuple des îles. Enfin... pour ceux qui les entendaient, bien sûr ! car ce n'était pas le cas de tout le monde.
En l'occurrence, la jeune Cirth dormait comme une bienheureuse - les grasses-matinées, ça, on peut dire qu'elle les connaît bien ! L'apprentie Scriptomancienne prolongeait sa nuit dans une modeste pièce de la maison appartenant à l'Ancienne du village. On y trouvait une étagère remplie de livres traitant de divers sujets - dont la magie bien évidemment ! - ainsi qu'une armoire en bois où Cirth rangeait ses affaires personnelles. En tout cas, pour l'heure, la Kitsune profitait pleinement de son hamac ; elle était enroulée en boule et ne produisait absolument aucun bruit - pas le moindre ronflement susceptible de la trahir.
Aussi roupillait-elle dans sa tenue du soir, c'est-à-dire... complètement nue. Les nuits n'étaient pas fraîches pour la plupart - c'était même plutôt l'inverse, à vrai dire - mais qu'elles le fussent ou non, Cirth se servait toujours de sa queue touffue, bien serrée contre elle à la manière d'un doudou, qui suffisait à l'immuniser contre le froid.
Même dans ce genre de circonstance, l'endormie ne fermait jamais la porte de sa chambre. Elle n'avait rien à cacher à personne, et surtout pas à la plus vieille Kitsune du village qui l'avait recueillie dès son plus jeune âge. Cette dernière ignorait tout de ce qu'il est advenu de ses véritables parents ; elle l'avait trouvée là, esseulée au milieu d'un champ, avec pour seule compagnie un cercle d'âmes translucides tout aussi égarées. Ce petit brin de fille, l'Ancienne n'avait pas pu se résigner à l'abandonner. Au final, elle l'avait pris sous son aile, l'avait vu grandir, puis avait décidé de la former à la Scriptomancie pour en faire sa jeune héritière d'un Art reposant sur une association de talents bien particuliers, tels que la calligraphie, la peinture et l'exorcisme. Le hasard ayant bien fait les choses : Cirth se sentait à son aise dans chacun de ces domaines.
Son caractère de jeune fille joueuse, et parfois de tête de mule, n'impactait guère sur ses facultés d'apprentissage ; c'était même tout le contraire puisque Cirth ne se mettait aucune barrière lorsqu'elle entrait en communion avec les esprits. Encore une fois, la Scriptomancienne ne s'encombrait jamais de masque. Elle était bien trop candide pour cela ! Et cette honnêteté, les esprits l'appréciaient. En tout cas, ceux avec qui elle tenait la conversation depuis toute petite ne brillaient pas par leur méchanceté. Cirth avait littéralement déteint sur eux puisqu'ils se montraient souvent très joueurs. Dans un sens, la Kitsune était parvenue à les fidéliser, à contrario de la quasi-totalité de ses collègues d'apprentissage qui n'entretenaient que très difficilement ce genre de relation avec leur entourage spirituel. Eux préféraient de loin conserver une certaine distance avec les êtres immatériels, étant donné que leur travail consistait souvent à exorciser, par le biais de mantras complexes, ceux susceptibles de représenter un danger pour les vivants...
Cirth ne partageait pas leur froideur. Elle ne se laissait pas contaminer par leurs mauvaises pensées et, justement, cet état d'esprit lui permettait de trouver le sommeil très facilement.


La lève-tard sentit vaguement quelque chose lui tapoter le flanc. Au cœur de son hamac, elle émit un petit grognement et se tourna dans l'autre sens, les bras serrés autour de son appendice de renarde. Un léger soupir d’aise lui échappa, ce qui fit grommeler l'Ancienne qui avait fini par trouver suspect de ne pas la voir courir partout au-dehors. Si la jeune Cirth savait se faire discrète pour allonger ses nuits à l'insu des autres, elle était tout le contraire quand son envie de jouer prenait le dessus !
L'Ancienne essaya pour la deuxième fois de réveiller son élève avec le bout de sa canne en bois de bonsaï. Elle fit chou blanc, sa paresseuse d'élève réagissant de manière identique à la première.
Une veine prit forme sur sa tempe ridée. Perdant patience, la vieille Zélodienne fit sauter l'un des nœuds qui retenait le hamac suspendu en l'air. Pour ce faire, elle n'eut même pas recourt à sa canne : seulement à son regard magique, qui lui permettait de produire un feu bleu dont elle avait la parfaite maîtrise.
La dormeuse s'écrasa sur le parquet comme une masse ! Elle roula aux pieds de la vieille femme, qui la suivait du regard sans sourciller et sans piper mot. Il fallut trois secondes supplémentaires à l'apprentie Scriptomancienne pour ouvrir les yeux, et cinq de plus pour s'étirer de tout son long.
L'Ancienne lui administra un faible coup de canne entre les oreilles.

- Aïeuh ! lâcha l'affligée en se grattant la fontanelle. Pourquoi tu m'as tapée ?!

- Pour te réveiller, mon enfant, répondit platoniquement l'Ancienne.

Les joues gonflées, le ventre collé au sol, Cirth se redressa sur les coudes et battit des jambes à la manière d'une enfant capricieuse.

- La paresse est l’oreiller du Diable, mon enfant. Combien de fois vais-je devoir te le rappeler ?

La réprimandée s'assit en tailleur sous le regard inquisiteur de la Zélodienne qu'elle considérait comme sa grand-mère. Pour se donner un air triste, Cirth rabattit délibérément les oreilles.

- C'est parce que j'ai veillé tard. s'expliqua la jeune femme. Les esprits voulaient jouer alors je n'ai pas su leur dire non.

Incrédule, l'Ancienne secoua la tête. Elle gratifia son apprentie favorite d'un nouveau coup de canne entre les oreilles, ce qui lui arracha une seconde plainte :

- Mais aïeuh ! Qu'est-ce que j'ai fait de mal encore ?!

- Ce coup-ci, c'est pour m'avoir menti, rétorqua l'Ancienne. Bien essayé, ma rusée d'enfant, mais je sais parfaitement que tu n'as pas quitté ta chambre depuis plus d'une dizaine d'heures. Dois-je aussi te rappeler que les esprits avec lesquels tu converses me prêtent également de leur temps ? A plus forte raison quand tu n'es pas là pour leur accorder du tien.

Les mains appuyées sur ses chevilles, Cirth sourit jusqu'aux oreilles !
Intriguée par ce subit éclat de gaieté, l'Ancienne eut un haussement de sourcil à son attention.

- Ha ha ! Alors tu as deviné ça toute seule, grand-mère ? Cela signifie qu'ils ne m'ont pas dénoncée ! Je savais que je pourrais leur faire confiance~

- En effet, confirma-t-elle. Mais cela ne change rien au fait que tu as fainéanté - encore - alors que tes confrères et consœurs sont déjà en train de s'exercer de leur côté, eux ! Qu'as-tu donc à répondre pour ta défense, mon enfant, hm ?

Afin d'appuyer ses paroles, elle frappa le sol avec la queue de sa canne.
Cirth croisa les bras sur sa poitrine en gonflant de nouveau les joues. Son oreille droite fut prise d'un petit mouvement saccadé comme pour chasser une mouche importune. Un tic qu'elle avait lorsqu'elle était mécontente.

- Les autres sont nuls ! répliqua-t-elle. Ils ne veulent jamais jouer avec moi. Je crois qu'ils ne m’aiment pas. A chaque fois que je leur demande de participer, tous préfèrent partir à la chasse aux esprits malins. Ça les ennuie que je les suive. Ils me trouvent trop « bruyante ». Du coup, moi, je fais comme eux : j'les boude. Vwala ! C'est dit.

Elle avait fini par s'ouvrir à sa bien-aimée grand-mère. Celle-ci la regarda avec compassion tout en réfléchissant à ce qu'elle allait bien pouvoir lui répondre... Quelque chose pour la réconforter, sans doute. Sauf que la consolatrice n'en eut pas le temps, inopinément secouée par le passage d'un courant d'air mystique qui hérissa jusqu'aux poils de sa queue de renarde ! L'Ancienne se figea, ses yeux arrondis par le trouble que les esprits venaient de lui faire parvenir à travers sa chair et ses os.
Un trouble certes puissant mais que Cirth, tout juste éveillée, n'avait vraisemblablement pas encore capté. Interloquée par la réaction inhabituelle de sa grand-mère, la jeune Scriptomancienne pencha légèrement sa tête blonde de côté,

- ...Quelque chose ne va pas, grand-mère ?

L’interrogée reprit contenance, son regard d'argent se rivant dans celui de la jeune Lalwendë. Elle prit la parole en prenant garde à ne pas trop en dire sur ce qui venait de lui arriver, car elle savait son apprentie assez impétueuse pour foncer bille en tête.

- Dis-moi, mon enfant... Que ferais-tu si jamais l'un de ceux qui t'ont boudée se trouverait être en mauvaise posture ? Attention, blague à part : je souhaite que tu me répondes en toute franchise.

Sans l'ombre d'une hésitation, Cirth répondit :

- Je lui viendrai en aide ! Peut-être qu'après ça il sera plus enclin à jouer avec moi ?~

Elle eut un sourire jusqu'aux oreilles.
L'Ancienne le lui rendit - mais de façon moins ostensible et bien plus brève.
Ce qu'elle avait ressenti à l'instant l'inquiétait de plus en plus...

- ...Je suppose que c'est cette envie perpétuelle de t'amuser, couplée à ta candeur, qui fait de toi une brave fille, soupira-t-elle avant de se tourner vers la porte. Même si sécher les cours contredit un peu cet état de fait...

Cirth s'efforçait de conserver son sourire mais celui-ci se fit crispé et modérément gêné. Tout en portant une main derrière sa tignasse blonde, la Zélodienne évacua un petit rire de gamine.

- J'ai eu un petit coup de barre, grand-mère, se justifia-t-elle... maladroitement. Mais je serai plus assidue durant les prochains jours ! Parole de Scriptomancienne.

- Et de joueuse ? la taquina son interlocutrice, qui leva le dos de sa main ridée pour signifier la fin de cette conversation. Dépêche-toi de te préparer. Ensuite, tu me retrouveras devant la grande arcade du village.

Cirth se redressa d'un bond ! Si sa grand-mère lui proposait de la rejoindre à cet endroit précis, cela signifiait qu'elle aurait le droit de s'éloigner du village. Quand bien même la jeune l’adolescente était une joueuse invétérée, l'Ancienne la savait assez capable pour lui confier quelques tâches essentielles à la prospérité du village tout entier. Voilà pourquoi Cirth ne prenait jamais la mouche quand sa grand-mère venait la réprimander. Il n'en aurait pas été de même dans le cas où un de ses collègues d'apprentissage aurait tenté sa chance à la place de cette figure d'autorité et de sagesse.
Dans une parodie de salut militaire, Cirth salua dignement sa gentille grand-mère.

- Chouette ! C'est d'accord, dit-elle, rayonnante. Je prends mes outils de travail et je file à l'endroit convenu~

L'Ancienne la connaissait assez bien pour savoir à quoi s'attendre le moment venu. Aussi dut-elle lui rappeler de ne surtout pas oublier l'essentiel, à savoir...

- Enfile ta tenue d'abord, mon enfant. Ne va pas offrir aux autres le spectacle indécent de ton corps ainsi exposé, comme ce fut le cas de... si nombreuses fois par le passé.

Oui : Cirth pouvait se montrer tête en l'air - pour ne pas dire négligente - à ce point-là !
Le souvenir gênant de sa petite fille adoptive en tenue d'Eve sur la grand-place du village restait gravé dans sa mémoire comme dans du marbre blanc immunisé contre les aléas du temps.

- Ah ! Oui, effectiv-... je veux dire, bien sûr, hé hé !

Décidément ! elle avait bien fait de le lui rappeler...
Sans prononcer un mot de plus, l'Ancienne quitta la pièce, laissant la jeune Lalwendë récupérer un peu de sa pudeur perdue.


Glingal ou la « Flamme Suspendue », village caché dans les îles des Terres Neutres d'où provenaient les Scriptomanciens et Scriptomanciennes de tout niveau, s'était vu bâtir sur un paysage vallonné où les arbres anciens - principalement des bonsaïs et des cerisiers - côtoyaient de modestes habitations. Celles-ci présentaient toutes plusieurs points communs : un toit en pente et de couleur vive dont les coins sont relevés en cornes, ainsi qu'une structure basse rarement composée de plus d'un étage. Chacune de ces demeures, étroites mais non moins jolies à regarder de par leur architecture fantastiques, étaient reliées à un axe principal menant vers la grand-place qui, presque de la forme d'une toile d'araignée, faisait office de carrefour. Plusieurs pontons, décorés par des gravures et autres symboles mystiques, segmentaient les différentes voies, donnant presque un aspect aérien à ce village de paix. De nombreuses arcades marquaient le début et la fin de chaque ponton, et sur ces dernières étaient fixées des lanternes colorées de facture artisanale qui produisaient la nuit de merveilleuses lumières tamisées. Un tel éclairage ne permettait pas seulement aux habitants de mieux se situer dans les ténèbres de la soirée ; il leur permettait également de rendre hommage aux esprits, qui souvent les gratifiaient de leur visite sous la forme de feux follets dansants.
Ce sont tous ces petits détails-là qui donnaient à ce village le nom bien mérité de « Flamme Suspendue ».
Cirth connaissait les environs comme sa poche, alors elle eut tôt fait de les traverser pour rejoindre la grande arcade rouge où patientait l'Ancienne du village. A la différence de sa grand-mère, la jeune Zélodienne ne possédait pas de long manteau écarlate ; elle préférait garder ses jambes à l'air libre et portait donc un kimono rouge et blanc, un vêtement bien plus pratique pour se mouvoir à grande vitesse. Cirth était du genre véloce, à contrario de bon nombre de ses paires qui, à défaut de faire grand cas de la célérité, se focalisaient bien davantage sur la magie et ses innombrables dérivées.
Malgré son petit gabarit, la jeune Scriptomancienne marchait à grande foulées enthousiastes, ce qui la rendait aisément remarquable quand bien même il y aurait eu foule autour de sa personne. Alors quand cette dernière pointa le bout de son nez sur le premier ponton du village, l'Ancienne ne manqua pas la voir arriver.
Cirth, quant à elle, repéra tout de suite les plis soucieux qui composaient le visage de sa tutrice de toujours.

- Mon enfant, commença l'Ancienne avec gravité avant même que l’adolescente ne s'exprime, il semblerait qu'en cette belle matinée le trouble ait fini par percer.

Les oreilles droites, la jeune Scriptomancienne l'écoutait avec grande attention. Elle aussi avait fini par ressentir quelque chose d'étrange pendant qu'elle s'était habillée. Un « trouble », oui. Il n'était pas perceptible par tous ; il fallait pour cela éprouver une certaine sensibilité vis-à-vis des esprits de la région. Cirth, en l'occurrence, avait assez joué avec la plupart d'entre-eux pour comprendre qu'un changement avait eu lieu dans le comportement de ces derniers.
La couleur du ciel et le reste de leur environnement paisible n'offraient aucun indice quant au problème qui se profilait lentement mais sûrement...

- Tu veux que j'enquête sur son origine ? s'enquit Cirth dont les lèvres s'étaient étirées pour donner naissance à un petit sourire espiègle. Cela signifie que je vais pouvoir aller me promener en dehors du villaaageuh !~

- Tu as en partie raison. Mais, pour ta sécurité, je te défends de prendre les choses à la légère, rebondit l'Ancienne en tapotant le sol de sa canne noueuse. Ce qui affecte les esprits aujourd'hui pourrait bien causer notre ruine le lendemain ! Le perturbations que j'ai captées tout à l'heure ne sont rien d'autres que des signaux de détresse. Je crains fort que le Berceau des Âmes d'où ils proviennent soit le premier lieu touché par ce désastre en devenir...

- Si c'est si grave que ça pourquoi ne pas faire appel aux autres ?

- Bien que paresseuse sur les bords, tu restes la plus avancée sur la voie de la Scriptomancie, admit sa grand-mère, qui craignait fort que cette déclaration amène Cirth à doser encore plus ses efforts.

L'adolescente rayonnait de fierté. Sa queue de renarde brassait l'air sous le coup de l'excitation.
Comme pour la mettre en garde, l'Ancienne regarda sa petite-fille avec intensité.

- Ne te disperse pas, mon enfant. Il y a aussi quelque chose d'important que tu dois savoir. C'est au sujet du Berceau des Âmes, cette plaine où reposent nos ancêtres...

- J'écoute !

- J'y ai assigné une sentinelle il y a peu, mais il se trouve que je n'ai pas eu de nouvelles d'elle depuis hier. Or il était convenu qu'elle me fasse parvenir son rapport au plus tôt, c'est à dire à l'aube de chaque journée.

- Elle pique peut-être un somme, s'avança Cirth, grande connaisseuse en la matière.

- Tu sais de quoi tu parles, répliqua la grand-mère avec une pointe de consternation. Mais c'est justement la raison pour laquelle je ne t'ai pas assignée à ce poste. La sentinelle à laquelle j'ai fait appel ne se serait pas laissée aller.

- Grumpf... 'Pas gentil, ça. Même si c'est vrai, grommela la Zélodienne. Bien dormir, c'est important.

- Bien travailler ne l'est pas moins, rétorqua l'Ancienne avec un mince sourire. Bref. Je veux que tu te rendes là-bas afin d’éclaircir cette histoire. Si tu n'es pas revenue avant la nuit tombée, je dépêcherai quelqu'un du village pour qu'il vienne te chercher.

- Je serai de retour bien avant ! lui assura-t-elle. Fais-moi confiance, grand-mère. Je ne te décevrai pas~

Dans le cas contraire, ses petites escapades en dehors du village se feraient plus rares. Cette menace implicite planait sur la petite tête blonde de Cirth. Pour autant, elle ignorait que cette mission que venait de lui confier sa grand-mère pourrait, en cas d'accomplissement, lui permettre d'accéder à de plus vastes horizons.


La jeune Scriptomancienne et aventurière en herbe n'ignorait rien de l'île qu'elle foulait depuis son plus jeune âge. Le moindre de ses recoins ne lui était pas étranger, bien au contraire ! Jouer à chat avec les esprits y résidant lui avait finalement servi à autre chose que s'amuser. Dans son gros rouleau fétiche qu'elle avait baptisé Heilmir, Cirth avait reproduit les différents lieux que composaient son île - s'y perdre avait fini par lui servir de leçon. Pour parvenir à destination, elle n'eut besoin que d'y jeter un seul petit coup d’œil. Aussi, quand son regard se posa sur le Berceau des Âmes, midi n'avait pas encore sonné.
Aucun vent n'y soufflait. C'était le calme plat sur la plaine... plate ?
Des pierres tombales et des sceptres en bois surmontés par des sceaux magiques affleuraient de l'herbe entretenue, marquant l'emplacement des innombrables sépultures au-dessus desquelles quelques esprits sédentaires tournoyaient paresseusement sous une forme lumineuse et transparente, visibles par les seuls initiés. Le brouillard s'était levé, si bien qu'on y voyait goutte au-delà d'un rayon de dix petits mètres.
Cirth ne s'attendait pas à faire la fête dans un cimetière mais tout de même... quelle morosité en ces lieux !

- Ça manque cruellement de soleil par ici, commenta-t-elle sans pour autant ralentir la marche. Et d'animation ! Où a bien pu passer la sentinelle dont grand-mère m'a parlé ?

L'instant d'après, elle entendit l'herbe bruisser à proximité des tombes. Ce qu'elle trouva passablement étrange étant donné qu'aucun vent ne soufflait en ces lieux sordides. De même, les esprits n'avaient pas pour habitude de produire le moindre son, si ce n'était quand ils émettaient leurs plaintes ou quelques petits rires pour la plupart du temps innocents ou juste facétieux.
Nullement effrayée, la Scriptomancienne interrompit son avancée et dressa les oreilles.
Un nouveau bruissement. Accompagné de quelque chose d'encore moins anodin...
Aux oreilles de Cirth, cela sonnait comme le bruit d'un liquide mais en plus... visqueux ?
Avant de tourner la tête en direction de sa source, la jeune Zélodienne émit un petit « Hm ? » aussitôt suivi par un « Oooh ? ». Sous ses yeux jaunes emplis de surprise, des silhouettes ovales et rebondies glissaient lentement sur l'interminable tapis de verdure. Comme s'ils avaient affaire à de la lave, les brins d'herbe fondaient dans le sillage de leur masse gélatineuse. Dans cette dernière, Cirth reconnut des carcasses squelettiques totalement nettoyées de leur chair. Elle vit des cages thoraciques, des crânes et divers ossements figés dans l'aberrante matière.
Les cours en matière de mauvais esprits lui revinrent alors en tête : ces choses n'étaient autre que des Vàsas. Comparables à des limons mais en bien plus toxiques, lesdites créatures, animées par une influence maléfique, émergeaient parfois des tombes pour se repaître autant des âmes égarées que de leur chair tendre.
En tant que Scriptomancienne, Cirth ne pouvait pas rester indifférente devant pareille manifestation. Son rôle consistait à les exorciser avant qu'elles ne se prolifèrent, quand bien même elle ignorait pourquoi il y en avait autant dans les parages.
En effet, la jeune femme, sensible à la magie et surtout aux esprits de toutes sortes, en localisa une bonne dizaine. Leur présence prêtait à penser que la sentinelle en charge de la sauvegarde de ces lieux dormait probablement d'un sommeil éternel...
De sorte à ce qu'on ne puisse pas la surprendre, Cirth bondit sur une pierre tombale pour s'y tenir accroupie.

- Grand-mère ne va pas être ravie d'apprendre que son envoyé vous a servi de petit-déjeuner...

Au-dessus de la tête de la Kitsune, les esprits commençaient à s'agiter. De cette manière, ils répondaient à la tension que produisaient les Vàsas.
Cirth, qui pour une fois prenait le temps d'analyser la situation, vit l'un des limons se ratatiner. La seconde d'après, aussi rapide qu'une balle de pistolet, une fine extension de son corps gélatineux traversa la brume pour gober un esprit à la manière d'une langue de caméléon capturant une mouche. L'esprit absorbé produisit quelques plaintes avant de s'éteindre complètement, son essence spirituelle siphonnée par le Vàsa qui se mit alors à prendre du volume.

- Hey ! s'écria la spectatrice. Vous pensez que je vais vous laisser manger mes compagnons de jeu jusqu'au dernier ?! Ça ne se passera pas comme ça, tas de vomi !

En hurlant son indignation, Cirth avait attiré sur elle l'attention de tous les Vàsas.
Alors que les doigts écartés de sa main droite commençaient tout juste à luire d'un feu bleu, les monstruosités gélatineuses se ratatinèrent l'une après l'autre...

- Ah, non ! s'insurgea la Scriptomancienne. Je ne suis pas comestible !

Souple comme pas permis, elle bondit de pierre tombale en pierre tombale, esquivant ainsi les jets vampiriques que les Vasàs lui décochaient. En bonne équilibriste, la renarde termina sa cascade sur un sceptre planté dans l'herbe en l'honneur d'un défunt - et ce sans le casser malgré sa faible épaisseur.

- Raté!~ leur lança jovialement la Zélodienne. Je sais bien que vous n'avez pas les yeux en face des trous mais tout de même~

Les doigts de Cirth étaient parcourus de petits tourbillons de flammes azurées.
Elle s'apprêtait à en faire bon usage quand les Vàsas, loin d'être essoufflés, reprirent leurs assauts ! Cirth détendit les jambes et délaissa son perchoir à leur poison corrosif. Alors qu'elle se retrouvait en suspension dans l'air, la tête à l'envers, prête à retomber sur ses pattes comme un félin, la Kitsune pointa un doigt en direction d'un horreur gélatineuse. Le temps qu'elle se rétablisse dans l'herbe avec une roulade, sa cible comptait un grand trou en son centre. Elle avait fait l'objet d'un rayon du Feu des Esprits. Les contours de l'orifice, brûlés par la perforation, s'illuminèrent puis s'élargirent jusqu'à consumer entièrement son hôte qui se transforma en un petit tas de cendres.
Cirth eut un sourire malin, suffisamment large pour révéler ses canines de prédatrice.

- Vous êtes bien plus propres comme ça !

Considérant les Vàsas sur le point de la canarder, elle dut se remettre en mouvement. Frappées par les attaques, les pierres tombales qu'elle dépassait à toute vitesse fondirent comme neige au soleil. Sans ralentir, Cirth sauta sur un pied en pivotant sur elle-même. D'un geste rotatif, elle décocha deux nouveaux rayons qui éliminèrent deux de ses assaillants. Quand elle retomba sur ses appuis, la jeune femme rebondit avec une roue parfaitement exécutée. Les tirs des Vàsas la manquèrent de peu. A l'inverse de ses deux attaques qui eurent raison d'un nombre de cible identique au premier.
A l'atterrissage, les tongs de la Scriptomancienne dérapèrent sur l'herbe et la firent choir sur les fesses. Ce fut un incident bienvenu car elle entraperçut un tentacule de gélatine passer entre ses oreilles dressées.

- Ouille... 'pas passé loin, celui-là, siffla la Zélodienne. On reprend la partie !

En poussant sur ses mains, elle reprit la cavalcade !
Les attaques des limons se firent moins nombreuses et plus espacées, ce qui permit à la Scriptomancienne d'invoquer pour la seconde fois son Mýrarljós. Ses doigts se remirent à luire d'un feu bleu, mais il était maintenant question de sa main gauche.
La Zélodienne s'amusait comme une folle ! Elle profitait des ouvertures chez ses ennemis pour les expédier rapidement dans l'autre-monde. Les fins rayons de feu bleu les anéantirent avec une efficacité redoutable.
Finalement, Cirth se retrouva face au dernier Vàsa. Le meilleur pour la fin, car il était le plus imposant de sa horde.
Accroupie dans l'herbe entre deux pierres tombales encore intactes, la Scriptomancienne porta une main dans son dos, là où son rouleau était accroché à l'horizontal. Ce dernier faisait aussi office d'étui où reposait Yfirbót, son pinceau aux poils blancs et au long manche argenté gravé de symboles rouges. Ledit manche se terminait par une sphère dénuée de couleur.

- Ne bouge pas : je m'en vais te refaire une beauté !

Cirth décapsula le petit pot accroché à sa ceinture et y plongea la tête de son pinceau dont la queue sphérique vira soudain au bleu. Elle venait ainsi d'infuser son outil de travail d'essence spirituelle qu'elle conservait très précieusement dans son Inhibiteur d'Âmes.
Aussitôt fait, elle referma le pot et se lança à l'assaut du gros limon !
Le monstre visqueux émit un bruit de succion avant d'étendre sa matière sous la forme de pics de gélatine. Cirth se plia en deux en fléchissant sur ses jambes, puis prit son "envol". Tout en riant à gorge déployée, elle passa par-dessus les attaques du Vàsas. Et quand son saut majestueux l'amena au dessus du limon, elle le gratifia à la vitesse de l'éclair de deux coups de pinceau en croix. Le motif se répercuta sur la surface du Vàsa, qui s'était mis à entrer en ébullition.
Cirth, le pinceau en main, se réceptionna derrière lui avec une roue. Alertée par les bruits que produisait le limon, elle lui coula un regard par-dessus son épaule.

- Ho-oh ! fit-elle avec une légère grimace. 'Pas bon signe, ça...

Pris de spasmes et couverts de bulles écarlates, le Vàsa en proie aux flammes bleues se mit à siffler comme une cocotte-minute.

- Tous aux abris !

Cirth se remit à courir et plongea derrière une champ de pierres tombales. L'instant d'après, le monstre gélatineux explosa, dispersant de son horrible masse flambée dans toutes les directions !
La Scriptomancienne, les mains plaquées sur son crâne, se recroquevilla derrière sa protection de pierre le temps que la pluie cesse. Par bonheur, aucun morceau ne l'avait éclaboussée.
Elle se redressa et se tourna vers l'ancien emplacement de feu son ennemi, époussetant au passage sa jupe du plat de la main.

- Après la pluie vient le beau temps à ce qu'on dit.

La brume avait été repoussée par l'explosion et, effectivement, le soleil perçait à travers son rideau déchiré. Tout en profitant de ses bienfaits, Cirth recueillit une partie de l'essence spirituelle des Vàsas dont elle s'était débarrassée avec brio. Le tout intégra son Inhibiteur d'Âmes, qui fut rempli à ras bord !

- Par ici la bonne sou-soupe ! s'exclama joyeusement la Zélodienne. Peut-être bien que je m'en servirais pour me dessiner, moi, en pleine action face à ce gros tas de vomi ? Je suis sûre que grand-mère en serait ravie, elle qui adore mes estampes~

Debout face au cratère qu'avait provoqué l’explosion du limon, elle songeait très sérieusement à s'y mettre quand elle entendit une voix implorer son aide...


Elle n'appartenait pas à un esprit. Elle sortait de la bouche d'un de ses congénères en chair et en os.
On ne pouvait pas se méprendre à la vue de sa toge rouge et de ses oreilles... ou plutôt de son oreille, l'autre ayant disparue sous une masse de chair informe qui recouvrait également la moitié de son crâne.

- Lalwendë... C-c'est toi ?... Il faut... Argh... Q-que tu m'aides...

L'appelée, qui s'était tournée vers le nouveau venu, avait les yeux ronds d'horreur.
La sentinelle disparue se tenait devant elle et n'était vraisemblablement pas au mieux de sa forme. Son œil droit, injecté de sang, avait pratiquement doublé de volume tandis que l'autre était à demi-clos. A plusieurs endroits, sa chair était boursouflée, parcourue de vaisseaux sanguins en suractivé. Rien qu'en les voyant pulser, Cirth pouvait compter les battements de cœur de la sentinelle.
La sentinelle devait sans doute son mal-être à la couche de chair parasite qui s'était accrochée sur son crâne. D'innombrables yeux déments, accompagnés d'effroyables bouches garnies de crocs pointus, en recouvraient la surface irrégulière.
Sur le point de vomir, la Scriptomancienne déglutit en portant une main à sa bouche. Elle se ressaisit plus vite qu'elle ne l'aurait cru possible. Après tout, ce n'était pas la première horreur à laquelle elle avait affaire...
Par contre, jamais auparavant n'avait-elle été témoin de pareil phénomène de possession.

- Tu es... la sentinelle ? s'enquit-elle.

Le parasité lui répondit d'une voix double, où le conflit entre les deux entités était presque palpable.

- J-Je suis... J'étais... Je... suis... Gaaarglh... Ma tête ! J-J'ai l'impression qu'elle v-va.... éclater !

Il tendit une main tremblante vers Cirth. Celle-ci recula de deux pas, le poing serré sur le manche de son pinceau. La Sentinelle trébucha et se ramassa sur la face. Elle n'eut pas besoin d'utiliser ses mains pour se redresser - son parasite conçut des tentacules à cette occasion, sur lequel il s'était appuyé.
Les yeux du malhuereux étaient trempés de larmes, sa bouche tordue en une grimace de douleur indicible.

- Lalweeeendë ! P-Pourquoi tu ne... m-m'aides pas ?! P-Pourquoi t-tu me f-fuiiis ?!!

Avant que Cirth ne puisse lui répondre quoi que ce soit, le bougre parasité fondit sur elle et la saisit par la gorge. Sa force était démentielle ! La Scriptomancienne en eut le souffle coupé, ses jambes battant inutilement l'air. Elle grimaça en agrippant le poignet de cet étau de chair qui lui serrait le cou. Les gueules avides sur le crâne déformé de la sentinelle s'ouvrirent de conserve, dévoilant un nombre tout aussi impressionnant de longues langues baveuses. Les tentacules de chair s'agitaient au-dessus de sa tête, prêtent à s'agripper à un nouveau crâne.
Celui de la jeune Cirth, peut-être ?
La Sentinelle toussa du sang noirâtre et se passa une main crispée sur le visage.

- T-Tu peux m-m'aideeeeer, cracha-t-il. S-Si tu me d-donnes d-de ta c-chair... m-mon mal d-de crâne... s'apaisera-a-aaa-a !

N'ayant pas le pouvoir de remuer les lèvres, Cirth libéra son aura. Tout autour d'elle, comme des extensions de sa silhouette, des déferlantes d'énergie grise jaillirent dans toutes les directions ! Les doigts du contaminé se détendirent ; Cirth, des perles de larmes dans le coin des yeux, trouva la force de s'arracher à sa prise et bondit en arrière. Elle toussa à plusieurs reprises, puis emplit ses poumons d'un air qui avait bien failli définitivement lui faire défaut.

- E-Espèce de malade, bafouilla-t-elle. ...J'ai bien cru y passer, moi ! Qu'est-ce que c'est... que cette chose sur ta tête ?

Son interlocuteur mal en point la toisait avec un mélange d'horreur et de douleur. Il transpirait à grosses gouttes. Plus son état empirait, plus les réserves magiques du parasite qui le consumait allaient en croissant.

- L-La v-voix... du D-Dieu Terriblement Ancien, parvint-il à éructer, avant que son timbre de voix vire à l’aigu. J-je me suis r-réveillé... avec c-cette chose... sur... ARGH ! GAAAARRH !

Il se prit la tête entre les mains et se la secoua comme un fou !
Cirth n'eut pas le temps de se réjouir que ni elle ni sa grand-mère n'avaient eu tort : la sentinelle s'était endormie, puis avait été attaquée dans son sommeil par une bien vilaine bête. A sa place, la Scriptomancienne aurait fini avaler toute crue !
L'idée de s'endormir à la bête étoile ne lui paraissait plus aussi alléchante...
Les hurlements du moitié possédé se substituèrent à d'horribles grognements. La parasite accroché à son crâne avait fini par prendre le contrôle de son corps. Tous ses yeux - y compris les deux prunelles devenues abyssales de l'hôte - se braquèrent sur la Scriptomancienne. Il se pencha en arrière, eut un léger temps d'arrêt... puis projeta son bras gauche en avant ! Le membre se disloqua et prit la forme d'un tentacule garni de bouches monstrueuses.
Cirth sauta par-dessus, évitant pour le coup de finir empalée au bout de cet appendice disgracieux.

- WhOu-Olééééé !

Ses pieds se posèrent souplement sur la lance de chair, pile entre deux horribles bouches dentées. Cirth n'avait pas quitté des yeux son adversaire, et à raison : son autre bras en voie de conversion était prêt à lui foncer dessus comme l'avait fait le premier !
La Scriptomancienne réagit au quart de tour. Elle tendit la main en avant et fit appel à son pouvoir de Télékinésie. Frappée par une force invisible, l'épaule de son ennemi bascula brutalement en arrière. Considérant l'offensive avortée, Cirth quitta le tentacule pour foncer sans détour sur l'ex-sentinelle.

- Ça va être ta fête !

Le parasité se redressa vivement, une étincelle meurtrière brillant dans ses yeux exorbités. D'autres tentacules, plus fins et affûtés que le premier, jaillirent de son crâne pour intercepter la Scriptomancienne !
Heureusement, celle-ci était déjà entrain de réciter une incantation.

- Eldhjóli !

Une roue enflammée apparut sous ses pieds, la catapultant ci-tôt dans les airs ! La première rangée de tentacules s'embrasèrent à son contact. Le parasite, mu par son instinct de survie, dut s’en débarrasser au plus vite par peur de finir entièrement consumé. Entre-temps, Cirth était retombée sur son invocation et, juchée sur son sommet arrondi, jouait au équilibriste.

- Allez ! s'écria-t-elle. Je vais rouler sur ta sale face de pieuvre faisandée !

Elle courut sur la roue, la faisant avancer par la même occasion, et ce ne fut que lorsqu'elle fut assez rapide à son goût que Cirth la quitta.
Le parasité se dévia au dernier moment, laissant sa jambe et son bras droit sous ce rouleau compresseur incandescent !
Cirth l'entendit pousser un cri abominable avant de voir sa silhouette disparaître dans la traînée de flammes bleues qu'avait produit le passage de la roue. Celles qui crépitaient autour de la Scriptomancienne s'éteignirent rapidement, découvrant une balafre de terre dénudée au milieu d'une plaine autrefois verdoyante.

- Zut ! Je crois bien que je l'ai manqué, ronchonna la Zélodienne.

Son esprit, Cirth le percevait encore. Mais le pire dans tout ça, c'est que sa présence maléfique se faisait plus intense encore ! Pourtant le Feu des Esprits lui avait infligé des dégâts, non ?
Cirth trouvait cela étrange. Raison pour laquelle elle ne baissa pas sa garde, accroupie sur la terre brûlée, son pinceau en main. Yeux plissés, elle vit alors la silhouette déformée de l'ex-Kitsune.
Et il avait gagné autant en volume qu'en laideur, son corps encombré par de grossières boursouflures où la chair décolorée pulsait de façon atroce. C'était là une vision de cauchemar.
La sentinelle n'avait-elle pas mentionné un certain « Dieu Terriblement Ancien » ? Il y avait donc probablement un fond de vérité dans ses dires, car cette chose qui la contrôlait corps et âme était des plus repoussante !
Un tel degré de possession est incurable, pensa à regret la Scriptomancienne.
Le parasite se contracta de tout son être et gronda sa rage par toutes ses bouches, déployant par la même une affolante aura de ténèbres. En plus des abcès sur sa carcasse blafarde, des striures noirâtres affleurèrent à sa surface, le faisant ainsi grimper un cran supplémentaire sur l'échelle de la laideur.
Repoussée par des bourrasques de vent, Cirth croisa les bras devant son visage. Son champ de vison partiellement obstrué, elle ne vit pas le tentacule de chair lui foncer dessus. Pour la peine, elle se le reçut en travers de l'estomac ! Son aura grise amortit un peu ce violent coup de fouet, certes, mais il était suffisamment appuyé pour la faire décoller du sol et l'expédier en arrière, au beau milieu des pierres tombales.

- Oughf !

Chuter, Cirth savait le faire - elle en avait connu des gamelles ! - mais des comme ça, c'était chose moins fréquente.
Une main plaquée sur le ventre, la jeune Scriptomancienne se redressa. Elle n'était pas prête de s'avouer vaincue. Elle n'avait pas dévoilé toute l'étendue de son Art à cette abomination !
Le regard chargé de détermination, un filet de sang s'écoulant de la commissure de ses lèvres, Cirth se chargea en énergie spirituelle avant de bondir en l'air !
Chacun de ses doigts brûlaient de ce feu surnaturel dont elle avait acquis la maîtrise depuis quelques années déjà.

- Tu pensais en avoir fini avec moi ? caqueta-t-elle. Et ben, c'est pas le cas ! La proie ici, c'est toi !

En guise de réponse, elle eut droit à un grondement désapprobateur. L'humanoïde parasité leva ses yeux sur Cirth puis, de toutes ses bouches, cracha cette substance gélatineuse et corrosive propre aux Vàsas !

- Ravale ta bile, gros dégueulasse !

Cirth prit soin de définir la trajectoire de chaque projectile avant de les intercepter avec son Feu des Esprits concentré, les rayons fusant doigt après doigt jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'un index imprégné de cette fameuse énergie bleutée.

- Preeeeeeeeeends ça !

Son dernier tir visait la tête ; il fut si précis qu'il traversa le crâne du parasite, emportant quelques yeux disproportionnés dans son sillage.
Le monstre poussa un cri perçant en secouant son horrible trogne... mais c'était tout.
De toute évidence, le Feu des Esprits, aussi pénétrant et précis fût-il, n'était pas assez intense pour l'abattre.
Cirth, après être retombée sur ses pieds, eut droit à un nouveau déluge de tentacules revanchards. Elle parvint à se soustraire à chaque appendice - parfois de justesse ! Néanmoins acculée, elle dut trouver refuge derrière les pierres tombales. Celles qui n’avaient pas encore souffert de leur affrontement dévastateur. En prévision de la stratégie qu'elle allait devoir employer et surtout par souci de discrétion, la Kitsune résorba son aura. Quand elle jeta un coup d’œil par-dessus les pierres tombales, elle fut soulagée de constater que son ennemi déformé ne l'avait pas encore localisée.
Si je me souviens bien, la sentinelle avait aussi parlé de « voix » tout à l'heure. Alors que va-t-il se passer si je le force à écouter la mienne ?
Sans perdre davantage de temps en probabilités, Cirth déplia Heilmir, son précieux rouleau magique, et trempa de nouveau son pinceau dans son pot d'essence spirituelle.
Entre-temps, son outil de dessin suspendu au-dessus du papier, elle eut un sursaut d'intelligence susceptible de lui sauver la mise.
J'ai besoin d'une diversion !
Et elle en connaissait une drôlement efficace !
Un sourire malin se dessina sur ses lèvres. Elle ferma les yeux et, dans la plus grande des sérénités, généra un double parfait de sa personne. Oui, elle et son Skyndiminni se ressemblaient comme deux gouttes d'eau, indissociables jusqu’à leur signature énergétique. Cirth murmura ses consignes à sa doublure, qui s'en alla aussitôt à l'opposé en rampant dans l'herbe, toujours hors du champ de vision du Kitsune parasité. Pendant que sa jumelle se déplaçait le plus silencieusement du monde, la Scriptomancienne se retenait tant bien que mal de rigoler en calligraphiant son sortilège sur le rouleau. Cela lui prit un peu plus de temps que prévu, car elle avait dû y mettre du sien par crainte que son sort n'ait pas assez d'impact sur l'esprit torturé de la sentinelle. Elle remarqua par ailleurs, après une brève analyse, que la conscience de ce dernier ne faisait plus qu'un avec celle de son maudit parasite.
Je croise les doigts pour que ça fonctionne.
Bien qu'elle ne le montrât pas, son ventre lui faisait toujours mal. Un autre coup de ce genre et elle pourrait bien ne plus jamais se relever...
Soudain, quelqu'un se mit à crier au loin !
Cirth sursauta quand elle entendit sa jumelle s'autodétruire. L'explosion fut si impressionnante que sa lumière azurée éclaira la plaine toute entière ! Arrachés de leurs supports par la violente déflagration, quantité de débris de pierres tombales enflammés se mirent à tomber du ciel,

- Repose en paix, frangine.

C'était son tour maintenant.
Le cœur battant à tout rompre, Cirth inspira un grand coup puis se releva, son matériel de Scriptomancienne dans les mains. Elle attendit de voir la silhouette embrassée du parasité émerger des flammes mourantes pour le pointer de son pinceau.

- Hey, toi !

L'intégralité des yeux du monstre se braquèrent sur elle.
Cirth lui sourit d'un air malicieux.

- Je t'ai préparé une chanson. Ça te dirait de l'écouter ?~

Question purement rhétorique !
Alors que le parasite se remettait encore de l'explosion, Cirth déplia son rouleau. Ce qu'elle y avait inscrit disparut aussitôt du papier pour s'imprimer directement dans la psyché de l'être corrompu ! Les symboles magiques utilisés pour produire l'insupportable « chant » étaient visibles autour de son crâne boursouflé. Ils sortaient et rentraient dedans comme dans un moulin, si bien que le parasite se mit à ruer dans tous les sens, ses mains mutées inutilement pressées sur son oreille calcinée !

- Pandemonium, siffla joyeusement la Zélodienne, qui se tenait à bonne distance de l'aberration en proie à une vive torture mentale. Tu pourrais faire sembler d'apprécier un peu ! Je me suis vraiment donné du mal pour te l'écrire, cette chanson~

Il était temps d'en finir pendant qu'il hurlait à la mort.
Tout en brandissant son pinceau devant son nez, Cirth imprégna ses poumons d'air et de magie pure. Quand elle eut terminé son ouvrage, à savoir un cône de Feu des Esprits, la Scriptomancienne, les joues gonflées et le torse bombé, en approcha lentement ses lèvres puis...

- RAAAAAAWR !!

...Rugit son courroux !
Le son, amplifié autant par son mégaphone improvisé que par le feu mystique qui le constituait, se propagea suivant une trajectoire conique dans laquelle se trouvait, en plein centre, le parasite. Ce dernier fut soufflé par une violente onde de choc à laquelle se mêla le Feu des Esprits sous forme de sirocco.
Plus que l'herbe et les pierres tombales, ce fut tout un pan de la plaine qui partit en fumée !
Cirth cessa de hurler au bout de cinq secondes. Cinq secondes au cours desquelles elle avait dépensé un bon quart de ses réserves - si ce n'était davantage. Quand elle rouvrit les yeux pour contempler son œuvre mortel, il n'y avait plus la moindre trace du séide de la Divinité Terriblement Ancienne. Son hôte aussi avait fini en fines particules, mais Cirth savait qu'elle n'aurait pas été capable de le séparer de son parasite.

- ...

Elle lui adressa une petite prière pour qu'il puisse reposer en paix puis s'en alla rejoindre les siens. Pour une fois, l'envie de flâner ne lui avait même pas effleuré l'esprit. Elle en avait assez vu pour le restant de la journée.


Comme promis à sa bien aimée grand-mère, Cirth fut de retour au village avant la nuit tombée. Sa tutrice l'y attendait, assise sur un banc sous la grande arcade située juste à l'entrée. La jeune Scriptomancienne n'eut pas besoin de tout lui raconter. Sur l'île, sa grand-mère était quasi omnisciente grâce au lien très étroit qu'elle avait tissé avec les esprits locaux.

- Je n'aurais jamais pensé qu'un fléau aussi vieux que le monde viendrait un jour élire domicile dans la tête d'un de mes disciples, pensa l'Ancienne à voix haute. Il va falloir que je songe à un moyen de renforcer nos défenses spirituelles.

Cirth voyait très bien ce qu'elle avait en tête. Elle secoua la tête.

- Ce serait vain. Cette chose agissait sur l'esprit et le corps. Un simple talisman n'aurait pas suffit à la repousser.

- Tu m'as l'air d'avoir vu l'enfer, mon enfant...

- On en était vraiment pas loin, soupira la Kitsune. Je regrette de ne pas avoir pu aider mon confrère...

- Tu n'as pas de raison de t'en vouloir. Moi-même je n'aurai pas pu arracher le parasite à son hôte sans devoir lui prendre la vie. Considère que tu l'as soulagé de ses souffrances, mon enfant. Très peu parmi les nôtres en auraient été capable. Et puis... j'imagine que tu auras su tirer une leçon de toute cette histoire, hum ? Tu comptes toujours prolonger tes nuits plus que de raison ?

Un frisson d'horreur traversa l'échine de la jeune femme. Son oreille droite se mit à remuer comme pour chasser un insecte qui se serait posé dessus.

- Ugh... J'y réfléchirai à deux fois ! Plus question de garder la porte de ma chambre grande ouverte non plus !

- Et qu'est-ce que tu comptes faire de ton temps libre ?

Cirth trouvait cette question étrange dans la bouche de celle qui la poussait constamment à étudier.
Ses sourcils blonds arqués, elle regarda sa grand-mère comme si celle-ci essayait de la piéger.

- ...Renforcer mon lien avec les esprits ? M'améliorer pour mon bien et celui de mes proches ?

Enchantée par cette réponse, l'Ancienne frappa joyeusement dans ses mains !

- Sage décision, mon enfant ! On dirait bien que le moment est venu...

- Comment ça ?

- En réalité, je n'ai plus grand-chose à t'apprendre, ma petite Cirth. Rien que tu ne pourrais apprendre au-delà de nos contrées. Au-delà de cette île sur laquelle tu t'es épanouie.

Frappée d'incrédulité, Cirth se pointa du doigt.

- Vous voulez dire que je suis... enfin libre de partir à la découverte du monde ?

L'Ancienne hocha vigoureusement la tête.
Le visage de Cirth s'éclaira.

- Vrai de vrai ?!

Nouvel hochement de tête.

- Si je te le dis ! Maintenant va, mon enfant. Le monde et ses esprits n'attendent plus que toi...

La Scriptomancienne prit sa grand-mère dans ses bras et l'inonda de bisous !
Depuis le temps qu'elle rêvait de quitter son île pour découvrir le monde extérieur...
Cette simple pensée l'avait requinqué !

- Et ta Sœur Liée.

Ah ! Celle-là, Cirth l'avait presque oubliée.

- Kerberath vient aussi ?

Bonne ou mauvaise nouvelle ? La Kitsune affichait une expression neutre.

- Mon enfant, tu n'es pas sans savoir que la seule barrière à sa malédiction de naissance, c'est ta proximité. Loin de toi, elle deviendrait assurément ingérable. Et le mot est petit, dans son cas...

Kerberath n'était pas une Kitsune. Non, elle était une Louve étrangère dont le cœur était habité par un mal obscur. Depuis toute petite, l'Ancienne, après avoir pris le temps d'étudier l'entente improbable entre ses deux enfants adoptées, avait usé d'un sortilège complexe pour contenir les crises de folie de la concernée. La bonne humeur de Cirth agissait comme un médicament aussi efficace qu'indispensable pour l'esprit instable de Kerberath. La tutrice de la Kitsune avait préféré créer, voire entretenir, cette dépendance plutôt que de se débarrasser d'une de ses protégées.
Bien au courant de cette histoire, Cirth Lalwendë comprenait la situation de son amie de longue date et le devoir qui lui incombait.
En revanche, elle se posait une question vis-à-vis de sa Sœur Liée...

- Pourquoi n'est-elle avec vous ? Vous l'avez déjà mise au courant ?

L'Ancienne eut un petit sourire malin.

- Figure-toi qu'en prévision de ce jour faste, je lui ai enseigné la navigation. Elle a d'ailleurs passé la nuit dernière penchée sur des cartes maritimes. Cela dit, j'aurais plutôt tendance à croire qu’elle s'est assoupie dessus...

Cirth parut scandalisée.

- Elle dort encore ?! Mais... vous avez vu l'heure qu'il est ? C'est du favoritisme ! Révolte, révolte !

Pour la calmer, l'Ancienne lui abattit sa canne entre les oreilles. La Kistune geignit en se frottant la tête.

- Bien qu'elle déteste l'eau de mer, Kerberath a accepté de te suivre dans ce voyage initiatique. Elle n'avait pas trop le choix, en même temps... (Elle soupira.) J'espère que tu lui témoigneras d'autant plus de reconnaissance après avoir appris que ta Sœur Liée s'est abîmée les mains sur la construction de ce radeau.

L'embarras colora les joues de la Sciptomancienne.

- Alors c'était pour ça, tous ces bandages ?

Elle avait honte de l'avoir autant taquiné à ce sujet.

- Ne sous-estime pas sa discrétion, sourit l'ancêtre. Contrairement à toi, elle sait garder un secret. Maintenant, file te préparer, Cirth Lalwendë ! Ton kimono empeste les mauvais esprits.

Elle ne se le fit pas dire deux fois.


Capacités passives :

Lévitation : Avec la force de sa volonté, Cirth peut s'élever dans les airs à tout moment. En cas de blessure trop importante, sa concentration en prendra logiquement un coup et cette capacité ne pourra plus être utilisée avec autant d'aisance.

Scriptomancie : Entraînée par l'Ancienne de son village natal, Cirth a appris à communiquer avec les esprits. Elle peut convaincre les bienveillants de lui prêter main forte et imposer sa volonté aux moins bons - en bataillant bien sûr avec ceux-là. Prélever leur essence pour en faire de l'encre spéciale lui est donc possible.
Attention : cet Art Spirituel ne permet pas à Cirth de posséder les gens ou d'avoir un impact direct sur la volonté d'autrui.

Sensibilité à la magie : Débloque un sixième sens qui permet à son possesseur de ressentir la magie, qui l'utilise et où dans un certain périmètre.

Compétences actives :

Transfert d'énergie : Permet à l'utilisateur de transférer de l'énergie à la/les personne(s) voulue(s).

Télékinésie : Technique mentale qui consiste à prendre contrôle d'une masse en usant de magie pure. Par de fortes impulsions, elle peut produire des impacts directs sur une cible.

- Mýrarljós (Feu follet) : Cirth puise dans son énergie spirituelle pour allumer le bout des cinq doigts de la main avec de petites flammèches d'un bleu surnaturel/spectral. Elle peut de ce fait tirer des rayons du même type, sachant que la puissance de chaque attaque est divisée par cinq - soit le nombre de flammèches invoquées. Il y a toujours possibilité de frapper en une seule salve, auquel cas la puissance de cette technique ne souffrira pas de ladite division.
Le Feu des Esprits nuit autant à la chair qu'à l'esprit, dans la mesure où il peut affecter la concentration, le temps d'incantation et même le temps de réaction de ceux qu'il touche. Il est également très efficace contre les créatures immatérielles.

- Eldhjóli (Joli Feu) : Ce sort annonce l'apparition d'une roue de feu (bleu) dont la taille varie selon la puissance magique utilisée. Cirth peut grimper dessus et jouer les équilibristes pour le plus grand malheur de ses adversaires, voire tout simplement la projeter sur eux ou, pire encore, la faire choir du ciel sur leur pauvre tête.
Il est également possible pour Cirth, avec le temps d'incantation idoine, d'infuser la roue de feu avec de l'essence spirituelle. Si elle y parvient, elle peut décider de la trajectoire de la roue comme bon lui semble !

- Skyndiminni (Cachette) : Ou la mauvaise blague de notre Scriptomancienne ! A l'aide de ses pouvoirs, Cirth peut générer un clone de sa propre personne, et ce à partir de sa propre silhouette. Les deux disposent d'une même signature énergétique similaire, ce qui rend la perception inutile pour les différencier. Le seul moyen de séparer le bon grain de l'ivraie reste de blesser l'une d'entre-elles : la fausse disparaîtra dans une explosion de flammes bleues, dont les effets néfastes sont mentionnés un peu plus haut.

- « RAWR ! » ou plus communément appelé Öskrandi (Rugissement) : D'une insondable inventivité, Cirth sait se faire entendre quand elle entre dans un accès de rage ! Et pour ce faire, au lieu de ne montrer que les crocs, elle a décidé qu'il est hautement plus efficace de collaborer avec les esprits. Alors, avant de pousser son rugissement, elle préfère dessiner devant sa bouche un cône issu du Feu des Esprits ayant pour but d'amplifier le son en allant jusqu'à générer une violente onde de choc suivant une trajectoire... plus ou moins contrôlée.
Il va de soi qu'à la puissance du son s'ajoute la propagation du Feu des Esprits sous forme de sirocco !

- Pandemonium (Charivari) : Quand elle le veut, Cirth peut devenir insupportable envers son auditoire ! En l'occurrence, le son le plus agaçant et le plus insupportable au monde ne lui est pas inconnu ; la Scriptomancienne a le don de le répercuter en chaîne dans l'esprit-même de son « partenaire de jeu ». Il lui suffit pour cela de l'inscrire au préalable dans son rouleau magique, après quoi les lettres mystiques qui composent cette incantation débilitante prennent place dans la psyché du futur affligé. Pendant trois tours, les cris de déjanté qui résonneront dans son crâne l'empêcheront de se concentrer ou de bouger à son aise - par engourdissement des sens - tandis que sa défense en prendra un sérieux coup ! Ce sont en fait les résidus d'esprits qui composent l'encre magique du pinceau de Cirth qui sont les responsables de ces maux atroces.

- Endanleg Stimplun (Estampillage Final) : A l'aide de son pinceau infusé de magie - ou trempé dans de l'essence spirituelle -, Cirth inscrit à même l'air - ou directement sur sa cible - un symbole de magie incandescent très complexe dont les propriétés sont triples :
=> A puissance supérieure ou équivalente, il peut placer une technique sous entrave jusqu'à la fin du combat ou jusqu'à ce que Cirth l'efface.
=> Les dégâts se répercutent à la fois sur le corps et l'esprit, entraînant ainsi un déséquilibre psychique proportionnel aux dommages physiques provoqués (des brûlures pour la plupart du temps).
=> Si la cible n'est pas fait de matière ou est carrément animée par un procédé magique, l'attaque redouble d'efficacité, ne laissant ainsi que très peu de chance de survie à cette dernière.

Allur Eldur Og Logi (Tout feu tout flamme): Cirth entre en communion parfaite avec les esprits, à tel point qu'elle ne contrôle plus seulement le Feu des Esprits : elle le devient ! Son corps prend alors la forme d'un renard constitué de ce fameux brasier - qui, mélangé à la nature de sa magie, tire entre le gris et le bleu. Sous cet aspect éthéré, la Scriptomancienne ne peut plus avoir recourt ni à son rouleau ni à son pinceau mais l'intégralité de ses attaques sont magiques et brûlent au contact.
En renarde, Cirth peut à tout moment modifier sa taille, basculant d'une bête de taille standard à celle, bien plus intimidante, du gabarit d'un véhicule. En outre, elle acquiert le don d'immatérialité, lui permettant ainsi de passer à travers les surfaces solides. Cela dit ce dernier pouvoir n'opère qu'une fois toutes les dix secondes, et Cirth ne peut pas le maintenir actif plus de cinq secondes.


Inventaire :

Yfirbót (de son vrai nom : Compensation) : Le grand pinceau fétiche de notre artiste blonde ! Conformément à son statut de Scriptomancienne, elle s'en sert autant pour dessiner et tracer des glyphes que pour se battre. Son usage ne demande très peu de magie s'il y a utilisation d'essence spirituelle contenue dans son Inhibiteur d'Âmes (voir description plus bas). Toujours est-il que Cirth combat avec cet outil en dessinant des arabesques sur son parchemin ou à même l'air. Au contact, ladite encre magique est brûlante ! En tout cas, son efficacité est prouvée sur les êtres de pure magie dont les esprits font partie.
En ce qui concerne l'apparence de ce pinceau, celui-ci est de couleur argenté, avec quelques gravures rouge taillées sur toute sa longueur. Ses poils sont blancs et à son extrémité opposée se trouve une sphère solide susceptible de servir de matraque. La boule vire au bleu quand les poils du pinceau absorbent de l'essence spirituelle.

Inhibiteur d'Âmes : Une sorte de petit pot, marqué par un sceau et attaché à la ceinture de Cirth, dans lequel marmite de l'essence spirituelle qu'elle prélève parmi les esprits ; ce sont le plus souvent les restes des plus vilains qu'elle garde dans cet état de « limon » avant usage ou exorcisation totale.

Heimild (de son vrai nom : Source) : Le nom que porte l'épais rouleau qu'elle conserve attaché dans son dos. Ce dernier renferme ses estampes et bon nombre de formules magiques mais pas seulement ; le papier granulé spécial qui le compose sert de catalyseur à l'essence spirituelle, de sorte à ce que cette dernière ne puisse pas l'anéantir par incinération. Il est le seul support papier capable de résister au passage d' Yfirbót. Cirth s'en sert aussi pour utiliser certaines de ses techniques qui exigent un peu de temps ainsi qu'un certain talent en matière d'écriture.

Kimono taillé sur mesure : Rien de plus voyant que cette tenue qu'elle porte constamment ! La plupart du temps, si Cirth ne porte pas ce vêtement c'est qu'elle est nue - ce qui est loin d'être un complexe pour elle. A l'origine, cette tenue ne laissait pas les jambes ainsi exposées... sauf que l'Ancienne de son village s'est vue contrainte de tailler la longue robe en courte jupe afin que Cirth ne la foute pas en l'air, cette dernière étant un peu hyperactive sur les bords au point de passer une bonne partie de ses journées à s'agiter - quand elle ne fait pas la sieste.
Grâce à la Sciptomancie, la Kistune peut agir magiquement sur l'étoffe et transformer son ensemble de diverses manières.


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Personnage secondaire
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Nom : Kerberath Lalwendë.

Surnom/titre : La Maudite, la Grande Louve et Kerby pour les intimes.

Particularités physiques : Ses oreilles de chien battu, couchées de chaque coté de son crâne - Son timide sourire - Sa longue chevelure d'un gris clair, qu'elle entretient bien mieux que sa chambre bordélique - Sa chemise blanche, si différente du kimono de sa plus chère amie - La cape rouge à capuchon qui lui est assortie et dont elle ne se sépare jamais - loin d'être coquette, elle est d'une « propreté » parfois douteuse dans la mesure où il lui arrive de sentir le chien errant...

Caractère : Observatrice et soucieuse du mal qui l'entoure - Réactive - Très protectrice avec Cirth qui, dans un sens, représente sa vie - Très instable (le mot est petit !) en l'absence de sa Sœur Liée - Discrète et calme la plupart du temps - Résignée quand il lui arrive de céder aux capricieuses de sa joueuse d'amie - Aime autant partir à la chasse aux trésors naturels (des pommes de pins à la forme insolite, des morceaux d'animaux et d'autres banalités de ce genre...) qu'à la chasse tout court - Sensible à la présence des mauvais esprits - Un peu comme une garde du corps, elle n'est pas vraiment du genre à se mettre en valeur - Elle tient l'eau de mer en horreur !

Origines : Nul ne sait d'où provient exactement cette pauvre fille habitée par un mal obscur. Abandonnée à la mer, miraculée affligée d'un comportement destructeur et changeant, elle a été recueillie dans un berceau flottant par la doyenne du village de Cirth en personne, qui a fait d'elle sa fille adoptive après avoir considéré l'effet hautement positif que la Kitsune - autre enfant adoptée - avait sur elle. A l'aide d'un sort complexe, l'Ancienne a favorisé leur si bénéfique amitié en la faisant muer en une fraternité spirituelle. C'est ainsi que Kerberath est devenue la Sœur Liée de Cirth, dont elle a hérité le nom de famille, ainsi que sa Gardienne à temps plein.
Liens particuliers : En ce monde, Kerberath doit sa survie à deux personnes : l'Ancienne qui a allégé sa malédiction en lui présentant Cirth et, bien entendu, cette dernière avec qui elle passe le plus clair de son temps. Plutôt renfermée sur elle-même, la Louve n'éprouve en revanche aucune affection particulière pour les autres membres de sa tribu d'adoption qui l'ont accepté uniquement par égard pour la doyenne et pour ses prouesses à la chasse au gibier - qui permettent aux apprentis Scriptomanciens de ne pas avoir à s'en soucier.

Compétences clés : Kerberath n'est pas une Scriptomancienne, loin de là ! En revanche, en tant que Louve et surtout Maudite, elle est capable de se transformer en une espèce de monstre à mi-chemin entre l'ours, le démon et le chien. De quoi en faire une redoutable combattante dotée de griffes et de crocs puissants ! Une chasseuse née qui, hélas, perd systématiquement le nord en l'absence de Cirth...
A l'inverse, en présence de sa Sœur Liée, Kerberath n'a absolument aucun mal à transformer séparément ses membres ; elle peut donc conserver une forme majoritairement humaine tout en gardant un parfait contrôle sur les parties de son corps affectées par la « malédiction ».
Peu importe la forme dans laquelle elle se trouve, Kerberath possède un flair à toute épreuve ; pour elle, suivre une piste est un jeu d'enfant ! Et en l’occurrence, sa proximité avec la Kitsune lui a permis de se familiariser avec la présence des esprits qu'ils soient bons ou mauvais, qu'elle parvient à ressentir avec plus de facilité que n’importe quel mystique.
Malgré son dégoût maladif pour l'eau salée, la Maudite sait s'orienter en mer et bricoler des embarcations de fortune. Elle est donc très à l'aise avec ses dix doigts autant qu'avec ses griffes.

Possessions : Kerberath ne possède rien de plus que ses vêtements, qu'elle tient en double exemplaire pour la simple et bonne raison que se salir fait partie intégrante de sa personnalité.
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:idea: A ne pas confondre ces charmantes demoiselles ! :idea:

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Re: Lalwendë Cirth - et sa Sœur Liée. (SC de Ryanne H.)

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Re-Bienvenue à ces deux ravissantes chipies !

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