Alice était finalement prête. Sa robe chinoise lui allait à ravir, comme à chaque fois. C’était un magnifique cadeau de Mélinda lors de son mariage. Elle avait conçu cette robe sur mesure, et Alice la portait désormais souvent, notamment lors des réceptions officielles. Ainsi habillée, elle rayonnait de beauté, mais, à sa surprise, elle n’eut pas la visite de Rosa, mais de deux jeunes filles en robes qu’elle n’avait encore jamais vues… Marie et Marion.
« Bonjour, Mesdemoiselles. Je… Je te remercie, Marion, mais ça vient surtout de la robe, je n’y suis pour rien ! »
Elle était toujours aussi modeste, et ses joues avaient légèrement rosi. Elles la saluèrent à l’aide d’une révérence, avant de filer, partant à gauche et à droite d’Alice, qui les avait entendue parler d’Evangeline comme leur « mère ». Un choix de mot curieux, mais elle n’eut pas vraiment l’occasion d’en savoir plus, vu qu’elles venaient de partir… Et on lui fit ensuite signe de venir. Alice reprit rapidement sa contenance, en se disant que, ici, avec les Poupées, les apparences pouvaient être trompeuses. Evangeline était sûrement plus âgée que ce que son apparence montrait, mais Marie et Marion étaient-elles vraiment ses filles ? Que lui voulaient-elle ? Intriguée, Alice descendit des marches, et rejoignit la salle à manger.
C’était une grande salle avec une cheminée au fond, plusieurs armures décoratives dans les angles, et une mezzanine en hauteur. Les murs étaient faits d’une pierre solide médiévale avec du carrelage sur le sol, et un énorme lustre sur le plafond. Les servantes, des dames plutôt jolies en soubrette, avaient installé beaucoup de candélabres, et Alice nota la présence de grandes fenêtres avec de longs rideaux donnant sur l’extérieur. La nuit était venue, plongeant la pièce dans le noir, mais on pouvait deviner les étoiles brillant dans le ciel.
« Installez-vous, Princesse, Maîtresse Evangeline va bientôt arriver. »
On avait fait monter une table assez petite, faite pour elles, et non une table de banquet trop grande, ce qui aurait amené les deux femmes à se retrouver trop éloignées l’une de l’autre. Alice se rapprocha donc de la table, et se racla la gorge, voyant plusieurs plats en argent, et de multiples couverts, plusieurs verres, etc… Fort heureusement, elle connaissait le protocole en la matière, et constata que les serviettes avaient été brodées avec les initiales « MW »…
*Mélinda Warren…*
Comme quoi, son amie vampirique avait effectivement contribué au développement et au financement de la vallée ! Alice sourit distraitement, avant qu’Evangeline ne fasse finalement son entrée. Belle et majestueuse, elle invita Alice à s’asseoir, qui la salua à son tour, avant d’obtempérer.
« Rosa… Disons qu’elle s’est montrée très chaleureuse, mais je pense qu’elle me convient, oui… »
Elle sourit doucement, tout en se disant qu’Evangeline savait sûrement qu’elle et Rosa n’avaient pas joué à la dinette ensemble.
« En tout cas, j’ai hâte de pouvoir vous aider. Je pense que, dès demain, nous pourrons obtenir des renseignements sur ce dragon. Mais il faudra que Lux vienne avec nous. À dire vrai, Madame, je pense qu’elle est bien mieux qualifiée que moi pour s’occuper d’un dragon… Si j’ai le sang d’Erwan Korvander en moi, peu de dragons reconnaissent la vertu de ce sang, et beaucoup de dragons sont davantage des animaux sauvages que des êtres capables de conscience. »
Mine de rien, Alice n’avait pas oublié la raison de sa venue ici !
« Et… J’ai rencontré vos filles au fait, Marie et Marion… Elles sont charmantes ! »
Du moins, du peu qu’Alice avait vu sur elles…