« Je… »
Elle n’a rien à dire. Elle n’a même pas l’impression que le laius de Liliane demande à ce qu’on lui réponde. Ca ressemble plus à un préambule. Ca ressemble aussi énormément à un moment critique de leur vie à toutes les deux. Liliane qui lui raconte son passé. Elle l’a déjà fait. Mais elle a été contrainte de recommencer en venant sur les lieux du drame. Alma le réalise. Et sa main se pose sur son estomac. Elle ne se sent définitivement pas bien dans cette situation.
Est-ce qu’elle devrait dire qu’elle va racheter cette église ? La transformer en un lieu en célébration à la vie ? Ajouter des couleurs. Ajouter de la musique. Ajouter des gens. Peut-être le transformer en une sorte d’atelier partagé d’artistes ? Puis elle abandonne. Ce n’est surement pas ça que Liliane a envie d’entendre. Tiens, d’ailleurs, il n’est plus écrit « sa » Liliane. Mais juste Liliane. Comme quoi, même Alma doit avoir compris certaines choses.
*Si elle voulait que je transforme ce lieu en autre chose, elle ne m’aurait pas autant fait la gueule pour l’œuvre d’art tout en haut de l’immeuble la dernière fois. *
Ce qui ne l’aide pas à trouver une solution.
Elle se sent tellement inutile, debout, en plein milieu d’une église abandonné, et vide, et silencieuse. Inutile…
« Je ne sais pas quoi te dire. Je… Je comprends bien que Cérès est un obstacle entre nous deux. Je te dirai bien que je peux m’en débarrasser. Demander à Akane de le faire. Mais je ne peux plus. Je… Une partie de moi est en elle. »
Ses yeux s’agrandissent. Sa main se pose sur sa bouche. L’autre revient dessus. Il faut vraiment qu’elle arrête de parler pour combler le vide. A chaque fois, elle finit par sortir de la merde qui l’enfonce. « Une partie de moi est en elle. » : comment quelque chose de bon pourrait survenir après ça.
« Enfin, ce n’est pas ce que tu crois ! J’ai, euh, je… Je ne sais pas comment l’expliquer. C’est comme, euh, une expérience, je pense. Je… »
Elle baisse la tête. Elle ne peut pas soutenir les beaux yeux de Liliane.
« Je vais fermer ma gueule. Dis ce que tu as à dire. Allège ton cœur. Je… je ferai face. Non, si je suis honnête, je m’écroulerais surement comme une merde. Mais si tu as déjà pris une décision, même si elle ne me plaît pas, je ne me dresserais pas sur ton chemin. Tu es trop… importante pour moi. Tu es si importante pour tellement de personnes. Il vaut mieux que ta générosité arrose le plus grand nombre plutôt qu’une chose cassée comme moi. »
Elle tourne la tête vers la sortie. Elle repense à Akane.
« Dis-le vite ce que tu as à me dire. Je ne voudrais pas que l’idée d’Akane que j’ai refusé revienne et que je l’accepte. Son plan était de te dresser. Mais je ne suis pas d’accord. Je… Oui, il faut vraiment que j’apprenne à me taire. Désolé. »