The Multiversity

[Marishka Auschwitz]

Quelques jours ont passé depuis la réconciliation entre Alma et Liliane. Et si on avait demandé à la future quart de déesse de donner un qualificatif au temps passé ? Compliqué aurait-elle répondu.

Alma a très bien compris que Liliane a beau être une personne incroyable, extraordinaire, merveilleuse. Liliane reste une femme avec ses limitations. Son niveau de patience n’est pas infini. Bref, à tout moment, le rêve peut tourner au cauchemar. Et Alma se retrouvée briser de voir le Soleil disparaitre derrière la ligne de l’horizon pour… toujours.

Alors compliqué parce qu’Alma a marché sur des œufs pendant ces quelques jours. Elle a fait extrêmement attention à tout ce qu’elle a dit, tout ce qu’elle a entrepris, tout ce qu’elle a fait. Et Alma étant Alma, ça l’a vite saoulé. Attention, elle ne regrette pas d’avoir donné ces quelques jours entièrement à sa géniale petite amie. Oh que non ! D’ailleurs, à chaque fois qu’elle a manqué de faire une connerie, baisser les yeux et découvrir le foulard noué à son poignet lui a permis de relativiser. Mais Alma ne pourra pas toujours faire attention à ce qu’elle dit et fait. Etre là pour Liliane est important. Etre là pour Liliane seulement n’est pas bon pour sa santé mentale. Elle doit atteindre ses propres objectifs.

Elle DOIT devenir Alma Prime.

Il est donc temps de se concentrer à nouveau sur cet objectif. C’est pour cette raison qu’elle est dans son hangar à faire les cents pas. Elle réfléchit. Beaucoup. Elle sait qu’elle doit faire appel à ses proches. On lui a assez répété qu’elle n’était pas si forte que ça et que ses faiblesses allaient être compensées par les autres SI elle leur demandait de l’aide.

SMS pour Liliane : « Je veux créer le Parc. Pour moi. Pour le Vert. Pour nous. Pour la ville. Mais je n’ai aucune idée de comment faire. Est- que tu peux venir ce soir ? Je vais également inviter Giana. Je vais demander à Shayne même si je suppose qu’elle ne viendra pas. C’est mon projet. Je dois me débrouiller toute seule. Ah, et bien entendu, pas de Cérès. Par contre, si tu penses que ça peut être utile, invite Abigail. Enfin, si elle a du temps et qu’elle le veut bien. Je ne veux pas la forcer. »

Par contre, si Abigail vient, Alma pourra enfin lui offrir le cadeau qu’elle lui a acheté. Une grosse peluche de dromadaire qu’elle a placé dans une pièce vide à côté de l’atelier de Liliane. Une peluche avec une pancarte qui dit qu’elle peut venir s’installer quand elle sera prête et si elle en a envie.

SMS pour Giana : « J’ai besoin de toi. De ton cerveau. De ta capacité à imaginer des plans. A me mettre sur la meilleure des voies pour un résultat optimal. Je dois devenir une meilleure Alma. Je dois devenir Alma Prime. Et pour cela, je suis convaincue que ça passe par la naissance du Parc que j’imagine. Un endroit pour moi. Pour Liliane. Pour toi. Pour les gens qui se rapprochent de moi. Pour ceux que je ne connais pas mais qui me connaissent. Un lieu qui va apporter de vrais changement. Pour le Vert. Pour la ville. Peut-être davantage. Mais je vais déjà me concentrer sur ce petit territoire. Je dois y aller pas par pas. Si tu es d’accord pour m’aider, le rendez-vous est ce soir. Il devrait y avoir Liliane. Peut-être sa demi-sœur. Akane aussi sera là. Mais pas Cérès et peut-être Shayne. »

Et soudainement, après avoir envoyé un SMS de la même teneur à Maman Shayne, la tension grimpe d’un seul coup ! Alma réalise ce qu’elle vient de mettre en branle. Ce n’est pas seulement un petit projet qu’elle va mener dans son coin à l’abri des regards. C’est un gros projet qui va définitivement la révéler à sa ville. Elle est en train d’avancer vers le feu des projecteurs. A partir de maintenant, elle va devenir une personnalité publique. Le poids des regards et des responsabilités va lui peser sur les épaules. A-t-elle fait assez de musculation pour ? Oui, elle est littérale. Mais pas que. Est-ce que soutenue par Liliane, Giana, Shayne et Akane lui permettra de ne pas briser le Roseau qu’elle est ? Elle espère tellement ne pas commettre la pire erreur de son Histoire…

[Jeannie]

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize. 

Je serais presque insultée, vous savez? Alma qui pense que je ne viendrai pas… Ce n’est pas parce qu’elle doit grandir, faire ses choix et assumer les résultats que cela veut dire que je ne serai pas là pour donner mon opinion ou l’aider si elle a besoin de moi. Absolument ridicule. Donc le soir venu, il y a moi, bien sûr, Akane, car elle ne quitte pas Alma (garde du corps, tout ça), Liliane et Abigail (qui a bien aimé la peluche) et bien sûr, Giana. Autrement dit, une bonne partie des gens dans la vision d’Alma Prime dans le parc. Ah oui, Alma s’est demandé pourquoi quelques jours plus tôt, des livreurs sont venus avec une table de conférence, des chaises, un projecteur et un écran. Maintenant elle réalise que maman Shayne a encore anticipé les actions de sa fille adoptive. Non parce que tout le monde dans le salon, ça ne fait pas très professionnel, en fait…

Une fois les présentations faites pour ceux qui ne connaissent pas les autres, nous allons pouvoir entrer dans le vif du sujet : le parc. Sans surprise, avant même qu’Alma puisse prendre la parole, elle se fait prendre de vitesse par la cyborg qui liste un certain nombre de règlements allant du municipal au fédéral, qui demande à Alma si elle a en sa possession un certain nombre de permis et de documents légaux, son objectif étant de sécuriser la légitimité du projet et éviter toute emmerde administrative. Alma, avant de te fâcher après Giana, tu devrais prendre le temps d’écouter ce qu’elle a dit. Elle n’a rien dit pour dénigrer ton intelligence, elle n’a pas été insultante… Alors vois le comme Giana qui participe avec « enthousiasme » à la réunion. Si tu y vas avec ton attitude de merde habituelle, la cyborg va retourner en mode commentaires assassins et tu vas perdre la face devant les autres.

À toi de prouver que tu as gagné en maturité. Chose certaine, cela prouve être une bonne amorce car Liliane rebondit sur ce que la cyborg a dit car elle s’est renseignée de son côté sur quelque chose auquel Giana n’aurait pas forcément pensé : la facilité de se procurer des plantes, lesquelles sont à la mode, lesquelles vont mieux survivre dans ce climat, si on veut favoriser les espèces locales ou importer d’ailleurs. Elle exprime le souhait d’avoir au moins un de ces érables qui donne de la sève au printemps, souvenir de son temps passé au Québec avec Abigail qui hoche la tête vigoureusement. La blonde qui ressemble bien trop à Liliane est bien sûr assise à côté d’elle et dans des vêtements propres, lavée et bien peignée… Alma pourrait presque les confondre tellement il y a de similitudes. C’est bluffant. Abigail en ce qui la concerne a regardé l’aspect plus… Social? Pas tout à fait.

Elle demande si Alma a pensé à avoir beaucoup d’éclairage dans le parc et de la surveillance. Pour éviter que les gens viennent s’y droguer et laissent trainer des seringues. Et si elle serait confortable de laisser au moins un espace pour les sans-abris. Elle explique que c’est difficile, parfois, de trouver un endroit sécuritaire pour dormir. Comme beaucoup de villes aux États-Unis, ce qui est mesures sociales est souvent cinquante ans en arrière donc prendre soin des pauvres n’est pas exactement une priorité. La question de sécurité intéresse bien sûr Akane qui demande à Alma si elle veut que le parc soit ouvert en permanence ou s’il aura des heures d’ouverture. Si le parc sera patrouillé. C’est pour éviter, entre autres, les pickpockets et autres indésirables du genre. La réunion VIENT de commencer, Alma n’a pas pu en placer une et déjà elle se fait bombarder d’idées et de questions pertinentes. Notez que je suis la seule, à part elle, qui n’a pas encore parlé…

[Marishka Auschwitz]

Alma réalise seulement maintenant l’objectif de la livraison. Et que ça l’énerve d’être si prévisible ! Elle en voudrait presque à Maman Shayne. Mais bon… Elle doit respirer. Chasser les noirs nuages. Oui, il faudra qu’elle pense à la remercier plus tard. Akane aussi. Parce qu’Alma avait complètement délaissé les cartons. Il a bien fallu que quelqu’un s’y colle. Et qui, à part Akane toujours là et dans les petits papiers de la puissance demi déesse pour installer tout ce bazar ? Certes, le câblage n’a peut-être pas été fait. Mais il n’aura surement pas fallu longtemps à la cyborg pour régler tout ça.

Et la réunion commence véritablement. Et… ça dépasse complètement Alma. Elle avait cru qu’elle devrait exposer son plan devant tous ces regards braqués sur elle. Ce fut donc une sorte de soulagement quand Giana prit la parole et… non. Ce ne fut pas un soulagement d’entendre parler d’administratifs, de papiers, de permis, de… Heureusement Liliane reprend la parole. Les plantes ! Ça, ça lui parle. De ça elle peut reprendre un peu de poils de la bête pour revenir dans la conversation et… Non. L’une après l’autre, tout le monde ajoute son opinion, ses idées, ses questions.

Et inévitablement, tous les regards se braquent finalement sur Alma.

« Euh… »

Pauvre entrée en matière. Si elle ne se ressaisit pas vite, elle va passer pour une incompétente, ou une ado capricieuse qui s’est lancé dans un projet bien trop ambitieux, ou… STOP. Non. Ne pas perdre de temps à psychoter. Il y a largement mieux à faire. Et elle aura besoin de toute son énergie.

Alors Alma sort son téléphone portable et passe une longue minute à écrire, écrire, écrire… Mais qu’écrit-elle alors qu’elle devrait relever les yeux et répondre aux interrogations de tous ? Abigail va surement consulter son téléphone portable. Ce serait logique étant donné qu’elle est muette et, NON. Abigail ne reçoit rien. Car Alma a ouvert l’application du bloc-note et synthétiser rapidement toutes les infos et questions de toutes. Voilà. Là elle est parée à contre-attaquer.

*Ce n’est pas une bataille. Je devrai avoir un autre vocabulaire. Mais on verra ça plus tard ! *

« Giana. Ma réponse va être très simple pour toi. Je n’ai absolument rien. Pas de papiers. Pas de procédure en cours sur internet. Rien. Ça me prend beaucoup trop la tête rien que d’y penser. Et, sans aide, je ne vois pas comment je pourrais me sortir de ce labyrinthe administratif. Et c’est donc pour ça que j’ai fait appel à toi et ton cerveau.

Liliane. J’adore ton enthousiasme. Et je suis aussi très surprise que tu aies autant d’informations et d’idées. Je ne pensais pas que tu étais déjà aussi impliquée dans mon projet. Ca… me touche. »

Comment ne pas sourire et observer le foulard qui ne quitte plus son poignet ? Oui, Liliane est formidable. Elle a plein de bonnes idées. Mais il ne faut pas toutes les prendre et passer à la suite. Le Vert est le domaine d’Alma. Elle doit ajouter des informations conséquentes.

« Je veux que mon Parc. Notre Parc. Je veux que ce soit un endroit disons magique. Une source d’émerveillement permanent. Pour cette raison, il y aura des couleurs tout le long de l’année car les espèces auront été choisis pour que chacune éclose à sa saison. Il faut que notre Parc combatte la morosité grise de la ville. C’est tellement déprimant tout ce béton. »

Giana a-t-elle remarqué la ressemblance perturbante entre Liliane et Abigail ? Je… Bien sur qu’elle la remarquer. Pardon, madame la cyborg. Je ne sous-estimerais plus votre haute intelligence. Mais… en avez-vous déduit des choses qui devrait être transmise à Alma ? Hmm… Mieux vaut probablement en parler d’abord avec la demi déesse, n’est-ce pas ?

« Abigail. Je n’avais pas pensé à l’éclairage ou aux sans-abris. Mais tu peux me faire confiance sur le fait que notre Parc sera un endroit où la sécurité primera. Je ferai preuve de mesures violentes envers quiconque cherchera à perturber ma paix et… Euh. Ce n’est peut-être pas la solution. Je ne devrai pas être violente. Il faudra bien sur que je montre l’exemple ? »

Ce devrait une affirmation et non une question. Mais comment Alma pourrait instaurer un tel climat de sécurité sans faire preuve de violence ? Elle a donc regardé Akane, comme si elle lui confiait cette mission. Et puis elle a regardé Liliane en lui demandant si c’était vraiment ce qu’elle devait devenir : non-violente. C’est… plus compliqué que ce qu’elle pensait. Créer ce Parc va être un sacré défi. Cela va être autant une modification de l’environnement que d’Alma elle-même.

« Pour les sans-abris. Je suis prête à les accueillir. Peut-être créer une sorte de village dans les arbres pour conserver une sorte d’esthétisme pratique ? Je ne sais pas. Donc, je suis prête à les accueillir mais je ne tolèrerais pas les parasites inutiles. Il faudra qu’ils se rendent utiles. Qu’ils travaillent ? Est-ce que je devrais faire en sorte que mon Parc, notre Parc devienne une sorte d’entreprise ?

Akane. Mon Parc… Rhaa, décidément, j’ai du mal avec ça. Notre Parc sera ouvert en permanence. S’il y a des grilles autour, ce ne sera pas pour en faire une prison à ciel ouvert. J’ai ASSEZ donné là d’où je viens… Pardon. Je me suis énervée. C’est… Le Gris sera là pour créer des arabesques esthétiques ou servir à des choses plus pratiques. Mais notre Parc sera ouvert en permanence. Peu importe les raisons des gens. S’ils sont tristes après un décès dans leur famille ? S’ils n’ont que cette plage horaire pour leur routine sportive ? S’ils désirent se poser dans un petit coin discret pour profiter des étoiles en amoureuse ? Tout le temps ouvert. »

Alma aurait donc du prendre un carnet papier pour noter les infos et les questions de ses… collègues ? Mais elle aurait aussi dû prévoir une bouteille d’eau. Parler n’est pas un exercice facile.

[Jeannie]

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize. 

« C’est fait », dit Giana. La cyborg regarde en direction du portable connecté au projecteur et plusieurs documents se font télécharger avant de s’afficher à l’écran. En dehors de quelques éléments manquants (le nom du futur parc et le nom complet d’Alma pour les documents administratifs, par exemple), Giana a, le temps qu’Alma réfléchisse, rempli suffisamment de documents administratifs pour donner un frisson d’horreur à ma fille adoptive qui réalise que sans la cyborg, elle se serait retrouvée dans un cauchemar de paperasse et de bureaucratie. Giana est peut-être froide et clinique et parfois franchement insultante mais on ne peut pas nier sa redoutable efficacité. On parle de centaines de pages qu’Alma n’aura pas à lire. Miss psychoteuse vient de se sauver d’une dépression nerveuse doublée d’un burnout grâce à la cyborg qui est immunisée à cela.

Liliane, qui continue de traduire pour Abigail, fait savoir que la plupart des sans-abris, les vrais sans-abris, ne demandent pas grand-chose. Un peu de nourriture et un endroit confortable où dormir, surtout en hiver ou par grandes chaleurs. Ils vont sans problème faire l’entretien ménager du parc, avec des balais, à l’ancienne, donc. Ils peuvent arroser les plantes ou faire des travaux de jardinage léger, si on leur montre quoi faire. Giana s’y oppose en disant que c’est inefficace. Elle peut avoir un petit groupe de drones pour faire le travail plus rapidement et plus efficacement. Et en plus, pour la sécurité, ils peuvent être armés avec de l’équipement non létal. Abigail ne l’entend pas de cette façon et elle devient agitée, disant que bien des sans-abris n’ont pas choisit d’être à la rue et que leur donner un travail honnête, même si c’est juste du bénévolat, est une affaire de dignité humaine.

Akane laisse entendre un grognement en disant que c’est n’importe quoi. Les forts survivent et les faibles non. S’ils étaient forts, ils se dresseraient contre les circonstances et feraient quelque chose de leur vie. Ce genre de discours ne plait pas à Liliane qui fait savoir d’un ton dangereusement calme que les sans-abris ne sont pas des parasites ou des faibles et qu’elle en a suffisamment côtoyé pour le savoir. Qu’en fait, c’est Akane qui est faible avec sa vision en noir et blanc. Ah les choses sont en train de déraper et pas qu’un peu. Personne ne traite Akane de faible. Mais avant que les choses ne dégénèrent, la seule vraie adulte dans la pièce, maman Shayne, se lève et pose un regard sévère sur tout ce petit monde… Et je vous garantis que tout le monde se calme en un instant. Personne ne veut se mettre une demi-déesse capable de vous transformer en confettis à dos…

« Ce que vous voulez est sans importance. Que je sache, c’est le parc d’Alma. Au cas où vous auriez oublié, c’est ma fille adoptive, là, assise au bout de la table. Si Alma dit qu’elle veut accueillir les sans-abris, si elle décide de leur donner un travail, même léger, je vous rappelle qu’à terme, ce sera SA ville. Si elle commence tôt à réintroduire les sans-abris dans la population, ce sera une tâche de moins plus tard.

Giana, est-ce que tu peux calculer une projection de la perception du public entre une flotte de drones et des sans-abris qui travaille et nous dire ce qui va être reçu le plus favorablement? C’est bien ce que je pensais. Le facteur humain. Les hypocrites vont se dire qu’il vaut mieux que les sans-abris travaillent dans un parc à l’autre bout de la ville dans un secteur industriel à l’abandon plutôt que proche du centre-ville, de un.

De deux, les gens qui ont une conscience sociale vont voir l’initiative d’Alma d’un bon œil car cela fait des années que le besoin de refuges pour sans-abris supplémentaires est un problème et les gens au pouvoir ne font rien. Côté médias, c’est une occasion en or et plusieurs en politique municipale, ne serait-ce qu’en vue des prochaines élections, risquent de donner leur support à l’initiative d’Alma donc de potentiels outils à l’hôtel de ville.

À moins bien sûr que l’une d’entre vous veuille contredire une demi-déesse plurimillénaire qui n’en est pas à son premier culte ou à sa première prise de pouvoir. Donc, Alma, dans ta vision de ton parc, j’imagine que tu vas vouloir un compromis? Des sans-abris pour faire les tâches d’entretien et des drones pour la sécurité? Ainsi, tu ne mettras aucune vie en danger et ton parc aura un air de modernité, si on peut dire les choses ainsi… »

Qui a dit que maman Shayne allait laisser fille Alma se noyer dans ce vaste projet qu’elle entreprend?

[Marishka Auschwitz]

Le chaos. Comment Alma a-t-elle pu croire qu’elle pourrait mener cette réunion ? C’est tellement simple de se dire qu’elle va faire pousser un Parc au milieu de nulle part et que, comme par magie, les gens vont y venir et faire tout ce qu’ils font dans sa tête. La réalité est tellement plus compliquée… Elle aurait dû prévoir que réunir autour d’une même table autant de femmes uniques avec leur caractère bien défini créeraient des frictions. Mais non. Alma reste Alma et n’avait pas du tout anticiper ça. Maintenant, il faut faire quelque chose. Reprendre le contrôle. Mais comment ? Un mouvement. Quelqu’un se lève. Maman Shayne.

Et c’est le calme instantané.

*Waouh… Comment elle arrive à faire ça ? *

Et Maman Shayne parle. C’est… brillant. Alma écoute avec sa bouche entrouverte comme si elle assistait à un petit miracle. Comment fait-elle pour réussir ce tour d’éclat ? Récupérer les idées de tout le monde, les réarranger, les modifier pour que l’émettrice change d’opinion naturellement, les fusionner pour donner raison à toutes tout en faisant en sorte qu’Alma reste à la tête. Et d’ailleurs, Maman Shayne revient vers elle. Waouh. Elle a même fait en sorte de la mettre en lumière en acceptant le compromis que Maman Shayne vient de créer ?

« Je, euh, OUI. Oui, bien sûr. Les sans-abris sont avant tout des humains. Il faut leur donner quelque chose à faire pour occuper leurs mains et leur tête. Les drones, c’est bien aussi. Ça ne dort pas. Mais il faut qu’ils soient silencieux pour ne pas troubler la quiétude que je veux que ce Parc ait. Il faudra peut-être penser à leur design également. Mais si ce sont des machines, il ne faut pas qu’ils aient un air froid. Heureusement pour ça, nous avons des artistes autour de cette table. »

Est-ce qu’Alma avait pensé à la portée de récupérer les sans-abris ? Non, bien sûr que non. Elle voulait avant tout faire plaisir à Abigail. Puis elle avait pensé que ce serait de la main d’œuvre facile à utiliser. A la limite, elle s’était mise à leur place en repensant à son ancienne vie lorsqu’elle était Marischka. Mais penser aux hypocrites, aux médias et aux politiciens ? Jamais de la vie.

« Je suppose que je vais griller pleins d’étapes mais c’est bien pour ça que je ne fais pas ça dans mon coin toute seule. Moi je suis une femme d’action. Oui, je sais, tout le monde le sait. Ce que j’ai besoin, c’est de mettre en place des actions. Qu’est-ce qu’il faut qu’on fasse pour que nos mots deviennent la réalité ? »

Alma lève le doigt. Elle interrompt quiconque aurait voulu dire quoi que ce soit. Elle demande en même temps du silence le temps qu’elle écrive sur le bloc note de son téléphone portable. Rapidement, elle en vient à un système : Alma/prénom d’une proche/tâche.

« Giana. Pour ce bordel qui fait tourner les pharmacies à vendre du Doliprane, tu as besoin de moi ? Qu’est-ce que je peux faire concrètement pour qu’on avance avec ces centaines de pages ?

Liliane. Abigail. Peut-être qu’on devrait aller s’adresser aux sans-abris ? Leur parler de notre projet. Gagner leur soutien. Toute seule, je risque de déclencher des fuites ou des bagarres. Je vais bégayer et me ridiculiser. Mais avec vous deux ? On a nos chances, non ?

Akane. On devrait s’occuper de la sécurité toutes les deux. Je veux dire, Giana ne va pas pondre des drones. Donc je me disais qu’on pourrait peut-être patrouiller dans les environs. Tu utiliserais le Rouge pour faire une sorte de recensement et- OH ! Je crois que j’ai eu une idée. Ce serait bien qu’on découvre des espèces rares ou en voie d’extinction ? Bon, revenons à ce que je disais. En gros, tu recrutes des animaux et potentiellement, tu commences à m’apprendre à maîtriser le Rouge ?

Shayne. Je ne sais pas trop. Je veux dire. Je suis contente que tu sois là aujourd’hui. Mais tu as tellement à gérer. Je suppose que je ne prévois aucune action ensemble ? Et si oui, je pense qu’il faudrait qu’on fasse quelque chose avec les médias ou le truc de politique ? Je n’y connais tellement rien à ses domaines. Et ça ne m’intéresse pas du tout, en plus… »

[Jeannie]

Jeannie incarne:



Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Giana dit à Alma que tout ce qu’il manque c’est le nom du parc, le nom complet d’Alma et sa signature. Une fois qu’elle aura ces trois informations, elle pourra les rajouter aux documents qu’elle a déjà prérempli. Autrement dit, la partie administrative sera entièrement réglée dès qu’Alma aura donné les seules informations dont ne dispose pas actuellement la cyborg. Pour ce qui est d’avoir des drones silencieux, ce ne sera pas un problème. En produire non plus. Giana explique calmement qu’elle est millionnaire après avoir su tirer son épingle du jeu à la bourse et qu’elle a une usine qui peut construire des drones. Donc sur ce point, il n’y aura rien d’autre à faire que de s’entendre sur le design desdits drones. Oui Alma n’a jamais vraiment pris le temps de connaitre Giana donc elle découvre un certain nombre de choses. Mais est-ce si étonnant?

Pourquoi la cyborg n’aurait pas calculé qu’avoir d’importantes quantités d’argent serait quelque chose de pragmatique sur la durée? Et on remarquera qu’elle ne s’est pas objecté, pour le moment, à un design plus artistique. Encore faudra-t-il voir, bien entendu, quel design sera proposé. Ce qui mène à Liliane et Abigail. Pour une machine, surtout Abigail. Qui a déjà des idées. Alma peut voir des sortes de croquis dans sa tête quand la blonde (qui n’est pas Son Soleil) tente de communiquer avec elle. Elle s’inspire beaucoup des animaux qui existent déjà. Si les drones ont une forme familière, les gens y porteront moins attention. Quant à aller rencontrer les sans-abris, oui, c’est parfaitement faisable, pourquoi pas! Déjà pour commencer, ce serait bien de leur demander leur avis avant de leur « imposer » quelque chose. Bien qu’imposer est un terme bien trop fort, considérant les circonstances.

Dans l’intervalle, le temps que les drones soient produits, Akane n’a pas de problème à faire appel au Rouge. Même que, en complément des drones, oui, en effet, on pourrait considérer mettre dans le parc des espèces menacées et quand même avoir des créatures du Rouge pour assurer la sécurité. Pour ce qui est de l’apprentissage du Rouge, elle et Giana ont des visions différentes. La cyborg recommande qu’Alma commence par maitriser parfaitement le gris et le vert d’abord considérant que sa maitrise actuelle est imparfaite et a besoin d’amélioration, d’optimisation. Akane est plus de l’avis que le Rouge donnerait à Alma une synergie sans précédent. Elle ne connait personne qui maitrise les trois ordres. Quoi qu’il en soit, c’est un débat pour plus tard :  il est d’abord et avant tout question du parc et non de l’apprentissage d’Alma, il faut garder la chose en tête, non? Évidemment.

En ce qui me concerne, je dis à Alma que je vais lui trouver quelqu’un pour gérer les relations publiques. Je ne dis pas que Liliane ne serait pas capable de le faire. Liliane est juste… Trop éparpillée. Artiste. Étudiante. Impliquée dans un tas d’organismes communautaires ou d’œuvres caritatives. Avec un emploi. En couple avec Alma… Je vais lui trouver quelqu’un. Je créerai ce quelqu’un sur mesure si nécessaire. Ce n’est pas ce que je dis à Alma, évidemment. Ce que je dis à ma fille adoptive c’est que si je suis là, c’est que j’ai fait de la place dans mon horaire pour elle et de ne pas s’inquiéter. Je vais étudier pour elle l’aspect média et politique. De savoir que maman Shayne va lui enlever un poids de sur les épaules devrait aider. Intérieurement, je rigole. On parle d’un parc, là. Attends, Alma, quand ce sera ta ville, de gérer des problèmes de zonage…

[Marishka Auschwitz]

« Merci. Je ne sais pas comment je me débrouillerais avec ces blablateurs. Je trouve vraiment ces gens inutiles. Ils ne servent à rien. En tout cas, c’est l’impression qu’ils m’ont donnée quand je me suis arrêtée un peu devant la tête. Et je parle aussi bien des journalistes que des politiciens. »

Mais là n’est pas le vrai problème. Alma n’aura jamais véritablement à gérer ces castes sociales. Quoique, à l’avenir, en multipliant les coups d’éclats, les gens viendront de plus en plus. Pour lui parler. Pour l’interviewer. Pour essayer de conclure des affaires. Ah… Donc elle doit commencer à s’y préparer. Mais pas maintenant. Il y a tant de choses à faire avant ça.

« C’est une super idée, ça ! Des drones-animaux. Ça combinera à la fois le Gris et le Rouge. J’aime beaucoup cette idée. Et puis, qui sait, on pourra peut-être fabriquer un drone-dromadaire ? »

Est-ce qu’Alma saura reconnaître la limite entre l’utilisation d’une bonne private joke et la lourdeur d’une répétition grossière ? Pas sûr. Mais en attendant, ne connaissant pas encore Abigail (et ça s’applique également à Giana. Visiblement. Millionnaire. Elle est millionnaire !), Alma utilise le peu de liens qu’elles ont entre elles.

Alma observe ensuite Giana et Akane. Les deux ont en commun qu’elles peuvent lui apprendre à maîtriser le Rouge. Le dernier des trois Règnes qu’elle ne possède pas. Mais les deux femmes sont diamétralement opposées. Tant par leur physique, caractère et capacités. Donc également dans leur apprentissage. De là à dire que les deux femmes ont la fibre pédagogique… Mais comme Maman Shayne l’a dit, c’est un sujet pour plus tard. Elle doit se concentrer sur son Parc. Et ce dernier ne pourra pas toujours être défini par ce simple mot auquel on ajoute une Majuscule.

« Ca va être un problème. »

Il y a des problèmes bien plus graves dans la vie. Mais les « simples » questions de Giana n’auront pas de simples réponses.

« Je n’ai aucune idée de comment appeler ce parc. Encore que, s’il n’y avait que ça, ça ne me poserait pas autant de problème. Non, c’est la question de mon nom de famille… »

Il est vrai que jusqu’à maintenant, Alma a plutôt été du genre à esquiver toute la paperasse qui demande à avoir une identité enregistrée dans des banques de données.

« Je ne m’appelle pas vraiment Alma. Enfin, si ! C’est mon vrai prénom maintenant. Mais j’en avais un autre avant. Marischka. Marischka Auschwitz. Mais ce n’est pas moi. Je ne suis plus cette personne. Et je ne veux pas porter ce nom dans cette nouvelle vie. »

*Je fais quoi ? J’invente un nom au hasard maintenant ? Avec mon manque d’imagination. Ca va donner un truc pas crédible. J’aurai bien pris celui de Liliane. Mais nous ne sommes pas mariées. Et peut-être qu’elle ne veut pas. Ou que mon futur rang de quart de déesse ne me le permet pas ? *

Sans le réaliser, Alma recommence à psychoter dans son coin en voulant chercher une réponse toute seule. C’est en relevant les yeux et en les posant sur son Soleil, qu’une réponse et demie lui vient.

« Est-ce que mon Parc devrait prendre le nom de Kano ? Et est-ce que je devrais prendre ton nom de famille à toi, mon Soleil ? »

[Jeannie]

Jeannie incarne:



Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize. 

« Je suis déçue, Alma. Très déçue. Je te rappelle que tu as une mère adoptive : moi. Et que ta mère adoptive, Shayne, a un nom de famille. Hannigan. Donc tu es, logiquement, Alma Hannigan. Pourquoi aurais-tu besoin d’un autre nom de famille que le mien? Je vais commencer à me poser des questions, à savoir si tu me considères vraiment comme ta mère adoptive. Cette… Trahison… »

Oh bien sûr j’exagère un peu. Avant qu’Alma ne se mette à se flageller mentalement, Giana, dans son éternelle attitude froide et clinique, fait remarquer un certain nombre de choses. Un, elle ne compte pas faire dans la cybernétique. Les drones auront la forme d’un animal. Il n’y aura rien d’organique là-dedans donc théoriquement, uniquement le gris. Ensuite, pour le nom du parc, il serait plus logique de prendre quelque chose qui aurait une signification localement comme le but est que la communauté l’utilise. Liliane est peut-être considérée, pour une raison ou une autre, comme une bonne personne mais elle n’a rien fait qui lui vaille l’honneur d’avoir un parc portant son nom. C’est, sans surprise, dit sans le plus petit gant blanc mais en effet, Giana n’a pas tort.  Le but c’est de créer un parc. De sa conception à son nom, il faut que ce soit crédible si elle ne veut pas…

Bien se faire accuser de toutes sortes de faussetés parce que quelqu’un quelque part va prouver que c’est faux ou que le nom choisit glorifie tel ou tel sombre personnage de l’histoire humaine ou… Vous voyez le genre? Si elle utilise un nom de famille c’est ce qui risque d’arriver. Quant au nom de famille d’Alma… Là c’est moi qu’elle corrige. Seul un cercle très fermé sait qu’Alma est ma fille adoptive. Oui, pour mes fidèles, je suis la déesse Shayne mais sur les documents légaux, car on a besoin de ces saloperies, même s’ils sont falsifiés, je suis quand même identifiée en tant que Shayne Hannigan. Ce n’est pas un nom de famille unique mais il n’est pas exactement commun non plus. Donc la question à se poser est : veut-on vraiment prendre le risque que quelqu’un découvre le lien entre Alma et moi? Il y a des arguments en faveur des deux côtés de la médaille, quand on y pense…

Créer des faux papiers est facile. Le faire correctement est une toute autre histoire. Je peux donc comprendre pourquoi est-ce que Giana n’est pas d’accord avec mon choix de nom famille. Cela présente un risque de sécurité. Si quelqu’un apprend qu’Alma est ma fille adoptive, elle devient une cible le temps que cet ennemi m’atteigne. Et je peux vous dure que ce n’est pas tous les jours facile. Pour le moment, j’ai pas mal réglé mon problème d’indésirables mais… Pour en revenir à la question du nom de famille, Giana a proposé une liste de ceux qui sont le plus communs. Pas forcément la solution qui sera retenue mais c’est toujours bien d’avoir des options. Pour ce qui est du nom du parc, il va falloir brainstormer. La solution ne risque pas d’apparaitre par hasard dans les airs, c’est évident. Il va falloir se pencher sur la question. Personne n’a dit que ce serait facile…

« Effectivement, je suis obligée d’être d’accord avec Giana même si mon côté narcissique ne veut pas. Si on veut rester subtil, il faudrait que le parc ait un nom qui ne va pas attirer l’attention. Que si dans un recensement ou un registre il apparait, il ne va pas se démarquer d’un autre par son nom. Oui, on pourrait argumenter : propriété privée ouverte au public… Mais Alma en est à ses débuts pour son implantation et son expansion. »

[Marishka Auschwitz]

Se contenir. Faire des efforts pour ne pas s’effondrer devant tout le monde. Ralentir le flot d’insultes dans sa tête. Mais… BORDEL ! Pourquoi elle n’a pas pensé à une solution aussi simple ?! Prendre le nom de famille de sa mère adoptive. Prendre le nom de Maman Shayne ! ABRUTIE D’ALMA !!

Giana embraye avec logique froide. Concernant le nom de famille. Concernant le nom du parc. Contre-productive, Giana ! GRR. Non. Non, elle fait son travail. Si c’est énervant, c’est parce qu’elle y excelle. Et si Alma veut Giana à son côté : c’est justement pour son excellence. Alors elle hoche de la tête et se contente de prendre toutes les informations sans ouvrir sa gueule. Parce qu’à ce moment de la conversation, ce n’est pas une bouche disciplinée et bien élevée qu’elle a. Mieux vaut travailler sur ses nerfs et sa patience dans le silence.

« Pour le nom de famille, je crois que je devrai rester sur Hannigan. »

Alma regarde Maman Shayne. Puis elle se focalise sur Akane. Sa garde du corps.

« Vous m’avez toutes très bien fait comprendre que je ne suis pas aussi forte que je le voudrais. Mais refuser que je porte le nom Hannigan, ce n’est pas seulement pointer du doigt mes faiblesses. C’est aussi remettre en question ma Seigneur de Guerre. »

C’est plus fort qu’elle, elle ne peut pas réprimer un petit sourire en coin. Oui, elle aurait pu simplement utiliser le prénom Akane. Mais elle a préféré donner le titre qu’elle aurait porté si elle était restée sur leur monde de naissance. Pour exulter l’égo et la puissance de sa garde du corps.

« Qui plus est, si quelqu’un est suffisamment intelligent pour trouver le lien entre moi et Maman, alors il n’y aura pas trente-six scénarios. Soit c’est une personne à éliminer et cela permet de renforcer mon pouvoir et celui de la demi déesse. Soit c’est une personne à recruter. Et vous savez toutes que je suis prête à recruter toutes les individualités uniques. Giana en est le meilleur exemple, vous en conviendrez. »

Donc c’est décidé. Alma veut porter le nom Hannigan. C’est d’une simplicité terrifiante ? Jubilatoire ? Elle n’est même pas certaine du mot à utiliser. De toute façon, elle est déjà en train de se demander si Liliane voudra un jour porter le nom Hannigan ? Mais ce n’est absolument pas le moment de poser la question.

« Quant au Parc, en réalité, je viens d’avoir une idée. Ça va être un lieu important. Ça va être le cœur de la prise de contrôle de ma vie. Ça va être l’étendard de mon pouvoir. Alors, tout comme la simplicité de choisir Hannigan comme nom de famille ? Est-ce que je ne devrai pas appeler ce Parc : le Vert ? »

[Jeannie]

Jeannie incarne:



Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Giana demande des clarification. Parc Le Vert (The Green Park), Parc Vert (Green Park) parcvert (Greenpark) ou un autre orthographe? C’est pour s’assurer qu’il n’y aura pas de problème de droits d’auteur, ce genre de choses. Évidemment que la cyborg ne s’attarde pas sur le symbolisme du nom. Elle est concentrée sur sa tâche : la paperasse administrative. Et pour s’acquitter de cette tâche, elle a besoin d’informations additionnelles. Personne ne s’est objecté au nom, c’est déjà ça. Liliane, toutefois, propose un autre nom pour donner encore plus de portée sur ce qu’Alma cherche à créer comme effet. En ce moment, Alma maitrise le vert et le gris. Éventuellement, le troisième ordre qu’il lui manque. Ce qui veut dire que dans un seul parc seront présents les trois ordres, non? Alors pourquoi ne pas appeler le parc quelque chose comme Convergence?

Un mot qui veut dire que différentes choses se dirigent vers le même point, si on veut résumer. Ce n’est pas bête, en fait. Cela fonctionne tant pour les trois ordres que va maitriser Alma qu’à une échelle humaine avec différentes classes sociales, par exemple. Parc de la Convergence. Cela a quand même de la gueule. Ou si on veut faire un poil plus prétentieux : Jardins de la Convergence. Mais bon, c’est à Alma de décider. Comme elle a décidé de porter mon nom de famille… Bien que techniquement, je n’ai pas de nom de famille. Je m’en suis donné un. Comme ma sœur, Alix, a rajouté quelque chose après son prénom. Notre créatrice s’appelle juste Jeannie. Donc… Prénoms, nous avons. Noms de famille… Pas vraiment. Mais c’est sans importance. Alma a raison. Si jamais quelque fait le lien, Akane se fera un plaisir de casser des gueules. Et pas que ça, évidemment, non.

Je suis également prête à faire des confettis si besoin. Enfin bon. Dès qu’Alma aura choisit le nom du parc, Giana va envoyer la paperasse requise aux différents paliers de gouvernements et organismes en charge d’autoriser la création dudit parc. Et bien sûr, pour éviter d’attendre des semaines, elle va trafiquer le système pour que le dossier d’Alma soit traité rapidement. Juste assez pour faire bouger les choses, pas assez pour attirer l’attention. Ce qu’il faut absolument éviter, il va de soi. C’est quand les gens commencent à se poser des questions que les problèmes ont tendance à montrer le bout de leur nez. La beauté de la bureaucratie moderne, c’est que malgré tout, personne ne se parle. Ce qui rend la manipulation prévue par Giana plus efficace, donc. Avoir les autorisations en une poignée de semaines au lieu de mois, c’est une nette amélioration, vous ne trouvez pas?

Alma n’aurait pas eu la patience d’attendre trois à six mois minimums avant de pouvoir se mettre au travail. Être patiente ne fait pas partie des points fort de ma fille adoptive. Et ce n’est pas SI grave que cela à mon avis. Elle a le droit de vouloir que les choses aillent plus vite. Moi je ne m’y objecte pas. Chose certaine, ce n’était pas une mauvaise idée de convoquer cette réunion plus tôt que tard. Considérant qu’il y aura inévitablement de l’attente, cela permet aussi d’anticiper ce qu’il faudra en matériel, allouer des fonds, faire les achats, transporter le matériel… Sans compter de rencontrer les gens en ville qu’Alma voudrait avoir au parc pour y travailler, par exemple. Si elle veut gagner des points avec les gens de sa future ville, elle ne peut pas uniquement embaucher dans son cercle de cultistes ou de collaborateurs. Peut-être que ces gens le deviendront mais là ce qu’elle doit mettre de l’avant, c’est que la construction de son parc aura besoin de main d’œuvre et donc d’attirer les chômeurs en ville…

[Marishka Auschwitz]

« La Convergence ? »

Ça fait très intellectuel comme nom, ça, non ? Après, Alma ne peut pas dire qu’elle n’aime pas. Ou alors, justement, elle ne peut pas le dire parce que c’est une idée de sa géniale petite amie avec qui elle vient de se rabibocher ? Il pourrait y avoir de ça. Mais ce n’est déjà plus la peine de s’appesantir sur ce sujet. En effet, avec l’explication du pourquoi de ce terme, Alma est conquise.

« Il y a « Vert » dans « Convergence », de toute façon. C’est un peu comme si j’avais presque trouvé. On pourrait aussi dire qu’il y a « gens » dedans. Ce qui voudrait dire que le Parc accueille les gens du Vert. Peut-être. Oui, je ne vais pas trop creuser le symbolisme. Bon, je ne sais pas si c’est le mot qu’il faudrait utiliser. Parce que, ça commence quand même par « con » si je tiens à tout décomposer. Ouais, allez, vendu pour les Jardins de la Convergence ! J’aime beaucoup ! »

Giana a le nom de famille. Elle a aussi le nom du Parc. Il ne lui reste donc plus que la signature. C’est encore truc un con et simple pour tout le monde. Mais Alma, comme d’habitude, a toujours réussi à faire en sorte d’échapper à ça. Oui, elle a griffonné vite fait des trucs lors de livraisons. Bon, très souvent, elle a fait des croix. Les livreurs s’en foutaient du moment qu’ils avaient un truc sur leurs papiers ou machine.

Alors Alma se rapproche de Giana pour signer sur son bidule de cyborg. Elle écrit en majuscule son prénom : ALMA. Et puis il y a un instant de doute. Les gens font toujours des trucs bizarres qui partent dans tous les sens avec leur signature. Comme s’il fallait rendre le truc méconnaissable. Alma y va donc de son style. Elle finit par gribouiller sur son prénom. Pas simplement deux lignes vite fait qui pourrait ressembler de loin à une croix. Ça ressemblerait davantage à un enfant qui chercher à faire un aplat de couleur sur un dessin simple.

« Ça va aller ça ? Ou je dois refaire un truc similaire mais, au lieu d’écrire Alma, j’écris Hannigan ? »

Une fois que cette question sera traitée, Alma pourra souffler. L’étape administrative sera passée. Bon, elle ne pourra pas s’empêcher de lâcher quelques jurons en apprenant le looong temps d’attente pour valider son dossier. Mais la machine sera lancée et elle pourra tout de même se concentrer pleinement sur ce nouveau projet. Tiens, d’ailleurs, il faudra revoir l’organisation avec les professeurs à domicile. Déjà qu’il y avait eu du changement en incluant Liliane dans sa vie. Petit problème qui sera rapidement solutionné entre deux messages RP (ou entre deux bulles d’une BD si vous êtes plutôt un lecteur qui a besoin de dessins).

« Ah. Je viens de penser à un truc. Je suppose que m’asseoir en plein milieu du terrain abandonné et communiquer avec le Vert pour faire émerger le Parc, pardon, les Jardins de la Convergence, n’est pas nécessairement la meilleure des idées. Il faut aussi en passer par un plan avec tout pleins d’étapes ? Dessiner une carte et prévoir un truc de planning avec pleins de gens que je ne connais pas qui devront intervenir ? »

Alma réalise que ça fait longtemps qu’elle pense à ce Parc. Elle a pensé à pleins de trucs. Disons une foultitude de détails. Mais dans le fond, confronté à la vraie réalité de la chose : il existe encore énormément de zones d’ombres à remplir.

[Jeannie]

Jeannie incarne:



Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize. 

Giana fait remarquer que quand on signe, c’est prénom ET nom de famille, forçant Alma à recommencer. Mais une fois que c’est fait, comme par magie, sa signature apparait sur toutes les pages et documents requis et hop! Le tout est envoyé. Mais si Alma pensait être au bout de ses peines… Oh que non! Loin de là! Parce qu’avant même de penser aux plantes… Il faut penser à faire passer l’eau, l’électricité, penser aux fondations, toutes ces choses… C’est un projet complexe dans quoi elle s’embarque. La cyborg demande à Alma si elle pensait vraiment qu’elle allait s’asseoir au milieu du par cet que tout allait se faire tout seul. Elle montre plusieurs plans de parcs ou plutôt, la portion cachée que personne ne voit. Il y en a du câblage électrique et des canalisations en dessous d’un parc! Forcément que les plantes auront besoin d’eau et les chemins de lumière le soir.

Il ne faut pas non plus oublier une antenne réseau pour les téléphones, tablettes et ordinateurs portables, un endroit pour entreposer les déchets et le recyclage avant le ramassage et un million d’autres choses auxquelles Alma n’aurait jamais pensé. Moi-même, honnêtement, je n’y aurais jamais porté attention. J’ai des architectes, des ingénieurs, des planificateurs, des gens formés et payés pour gérer ce genre de chose. Alors voilà. Ceci dit, Alma en est à ses débuts, elle ne dispose donc pas encore de ce genre de ressources. Bon, considérant que Giana peut faire énormément de choses, ce n’est pas nécessairement problématique mais c’est à garder en tête pour le futur, sait-on jamais. Si Alma veut faire construire autre chose, cette première expérience lui sera utile, assurément. Elle dépend beaucoup de la cyborg, pour le coup. Liliane n’y connait rien, c’est certain.

Abigail et Akane non plus. Quant à moi, comme dit, j’ai des gens pour s’en charger à ma place. Alors je ne peux pas l’aider non plus à moins de lui prêter mes ressources, ce que je ne compte pas faire. Il faut qu’Alma apprenne à dépendre de ce qu’elle a autour d’elle et non pas de maman Shayne qui va encore lui donner tout cuit dans le bec. Ah il est certain que ma pauvre fille adoptive risque de sortir de cette réunion avec un mal de crâne. Elle n’a pas choisi un projet facile même si à première vue, on dirait que oui. Mais bon. Comme on l’a dit, la cyborg peut, va aider Alma. Si Giana ne sait pas quelque chose, vous lui donnez quelques minutes et ce ne sera plus un problème. Akane grogne que c’est tellement plus compliqué ici que de là d’où elles viennent… Encore que de là d’où elles viennent, il n’y a pas de carte donc c’est plus Akane qui montre son impatience qu’autre chose.

Cela donne une excuse à Alma pour passer pour celle qui est patiente. Pour ramener Akane à l’ordre et lui rappeler l’importance de ce parc. Est-ce que la maitresse du Rouge a fait exprès, probablement pas. Akane est Akane et Akane est quelqu’un de simple, on l’a déjà dit. Elle n’aurait certainement pas imaginé un tel « stratagème ». Elle dit ce qu’elle pense et c’est tout. Liliane fait remarquer que si on veut bien faire les choses, il y aura toujours un certain nombre de complications. Le regard en coin qu’elle jette à Alma, lui, est parfaitement calculé. Un rappel que prendre pour acquis, c’est mal. Oh elle n’est pas fâchée après ma fille adoptive, non. Mais ce serait des fois qu’Alma voudrait donner raison trop vite à Akane. Giana ramène la session à l’ordre avec une question simple : quel est le budget, en milliers de dollars. Plus spécifiquement : dizaines de milliers de dollars.

Est-ce que tu as ça à ta disposition, Alma, des dizaines de milliers de dollars? Ou est-ce que tu vas encore avoir besoin de maman Shayne?

[Marishka Auschwitz]

Euh… Si. Alma avait pensé (naïvement) qu’elle s’assiérai bien en plein milieu du par cet qu’elle « réveillait » le Vert. Pour un parc, il fallait des arbres, des plantes et des fleurs. Ce n’était pas un parc comme parc d’attraction qu’elle avait en tête. Une sorte de mini forêt avec des chemins plus ou moins propres que les gens prendraient pour flâner. Mais tout cela, elle le garda pour elle. Elle sentait bien le poids de tous les regards sur elle. Si elle disait ce genre d’âneries (qui était simplement le fruit d’une inexpérience, donc parfaitement excusable dans le fond), elle perdrait la confiance de certaines. Voire perdre la patience de la cyborg. Et elle ne voulait rien de tout ça. Alors elle garda le silence, laissant poursuivre Giana poursuivre son exposé.

Alma écoute Giana. C’est déprimant. Tellement de sujets différents à penser. Et elle se souvient alors de toutes les camionnettes différentes qui passent et repassent dans toutes les rues de la ville. Autant de différences qui marque une quantité grande de corps de métier différents. Est-ce que la cyborg est SI intelligente et performante qu’elle regroupe toutes ses entités en elle ? Voilà ce que commence à se dire Alma. Qu’elle devrait faire en sorte de recruter des gens qui travailleraient pour la cyborg ? Mais d’un, Giana pourrait le prendre mal. (parce qu’Alma le prendrait mal qu’on lui dise qu’elle a besoin de subalternes). De deux, si Giana est millionnaire, elle doit avoir largement de quoi se payer des aides humaines, non ?

Puis Akane intervient. Alma devrait la corriger. Elle va s’apprêter à le faire, d’ailleurs. Pour l’exercice d’autorité. Pas parce qu’elle pense qu’elle a tort. Mais il vaut mieux que ce soit Akane qui râle d’impatience plutôt qu’elle, non ? C’est alors que Liliane intervient. Aie ! En plein son cœur. Ce ne sont pas les mots qui font mal. C’est le sous-entendu appuyé du regard… Alors Alma laisse Akane tranquille. De toute façon, elle est désarçonnée par la question de Giana. Une question simple. Mais également le nerf de toute guerre : l’argent.

« Euh… »

Pas terrible comme introduction. Mais déjà tellement révélateur de l’état actuel des choses.

Alma regarde forcément Maman Shayne. Sans elle, il n’y aurait pas d’argent pour Alma. Mais là, on parle d’un projet personnel. Un projet qui vise à faire d’elle la quart de déesse dont on parle tant. Et entre temps, à la faire grimper sur les différents classements représentés sur les feuilles excel. Donc : non. Pas Maman Shayne.

Elle regarde ensuite la cyborg. Elle est millionnaire. Ce n’est pas quelques dizaines de milliers de dollars qui la jettera à la rue. Mais voilà. Alma est déjà tellement dépendant de Giana à force de lui demander des services. Donc elle ne voit pas comment elle pourrait s’endetter d’une pareille somme. Pas question de vivre avec cette dette jour et nuit. Non.

Donc quoi ? De l’argent sale ? Missionner Akane d’attaquer une banque ? Parce que, pour des raisons évidentes, elle ne peut pas mettre sa vie sur un pareil acte. Mais… est-ce que voler sa ville pour construire son projet est un bon mouvement ? Il lui semble que non…

« Qu’est-ce que ça fait de moi si je me mets à organiser un vol d’argent ? Attention, pas ma ville, hein. Mais une ville voisine. Je suppose que ce n’est pas la bonne solution pour financer mon Parc ? Enfin, nos Jardins de la Convergence. »

De nouveau, elle regarde Maman Shayne puis la cyborg millionnaire. Oui, elle sait qu’elles ont de l’argent. Mais elle leur fait également comprendre qu’elle ne veut pas dépendre d’elles et trouver une troisième solution. Une solution « made in » Alma.

[Jeannie]

Jeannie incarne:



Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize. 

Quelle mauvaise suggestion! Liliane fait les gros yeux à Alma. Et quand on dit les gros yeux, ce n’est pas « petite amie pas contente parce que sa petite amie a mangé le dernier biscuit ». Non. C’est « tu proposes un truc du genre encore une fois, je te sors de la pièce par une oreille et on va avoir des mots ». Abigail fait plusieurs fois la même série de signes à Liliane, que Giana traduit pour le reste de l’assistance comme disant « Elle plaisantait! Elle plaisantait! » Ce qui ne convainc absolument personne… Mais au moins quelqu’un essaie de la tirer hors du trou dans lequel elle a failli s’enterrer elle-même. La cyborg fait calmement remarquer que toute activité criminelle pourrait attirer une attention non désirée et qu’elle peut neutraliser ce qui est électronique, pas ce qui est dans la tête des gens. Autrement dit, si quelqu’un voit quelque chose… Vous voyez le genre.

Je décide donc d’aider un peu Alma car elle est clairement hors de son élément. J’explique qu’il y a plusieurs façons de procéder. Si ma fille adoptive veut vraiment tester le degré de support des gens de « sa » ville, elle peut utiliser une stratégie sans la moindre subtilité et qui peut rapporter gros. Elle se fait un Patreon, un Kickstarter, un GoFundMe ou assimilable et elle demande des dons pour la construction des jardins de la convergence. L’avantage? Les gens vont voir qu’elle a à cœur le développement de la ville. Elle va attirer l’attention. Les gens vont soit lui donner de l’argent, soit se porter volontaires pour l’aider avec la construction. Ce qui veut dire moins de dépenses en main d’œuvre. Sans compter que la municipalité pourrait voir la chose d’un bon œil. La gentrification est une tactique tellement à la mode… Si Alma améliore ce quartier qui actuellement est « inutile »…

Ce sont des dizaines, des centaines de votes à aller chercher. Donc, potentiellement se faire offrir le terrain ou accélérer les permis. Peut-être avoir une exemption de taxes. Il y a plusieurs avantages à avoir les élus municipaux de son côté. Akane fait remarquer que les gens ne donnent jamais pour donner. Et c’est là que je lui explique la différence fondamentale entre son monde et celui-ci. Ici, les gens vont donner juste pour ne pas être dans ceux qui sont vu comme des gens avares et mesquins. La question d’image est importante. Très importante. Donc, exemple, si Giana commence à faire courir sur les réseaux sociaux le Kickstarter de la Sainte aux plantes et qu’elle en fait le sujet numéro un discuté, tous ceux qui seront contre vont se faire prendre pour cible par « les gens bien-pensants » qui vont les dépeindre comme des monstres. Par pression sociale pure…

Les gens vont donner davantage. Alma, Alma, Alma… Il est plus que temps de t’apprendre une arme terriblement redoutable : la manipulation de l’opinion publique. On peut faire tomber des gouvernements entiers avec une telle arme. Et elle devrait aimer malgré tout car ultimement, c’est un peu comme son monde natal. Cibler les plus faibles. En faire des proies. Forcer les autres à reconnaitre votre importance. Faire que ceux qui veulent garder le statut quo ou ne pas avoir d’ennuis vous versent un tribut… Sauf qu’au lieu d’utiliser la violence, elle utilise la force du nombre, de l’opinion, contre ses détracteurs. Et la prochaine fois que le gouvernement voudra envoyer des agents voire un super héros, les gens de cette ville vont les rejeter encore davantage et certainement plus agressivement. Entre une Alma fraichement arrivée qui change les choses et « ces connards dans leur tour en verre à Washington »…

[Marishka Auschwitz]

Voilà. Elle recommence. Elle part dans ses travers et Liliane l’assassine du regard… C’est tellement douloureux. Mais, même si ça lui fait mal, elle n’arrive pas à penser à autre chose. Parce que, partant du principe qu’elle veut se débrouiller comme une grande. Donc sans l’aide de Maman Shayne et Giana la millionnaire : comment posséder autant d’argent. Même sans avoir fouillé du côté de l’argent que lui donnait Maman Shayne, elle sait que des dizaines de milliers de dollars est énorme. Elle n’est pas débile. Enfin, dans une certaine catégorie de domaines…

Alors elle redevient passive de sa vie. Spectatrice. Liliane, Abigail, Akane, Giana et Maman Shayne. Tout le monde a son mot à dire. Tout le monde à quelque chose a un message à communiquer. Liliane qui s’offusque de la façon de penser de sa petite amie. Abigail qui cherche à combler les trous qui se forment au fur et à mesure entre les deux femmes. Maman Shayne qui explique des trucs compliqués que, même en faisant des efforts, Alma n’arrive pas à comprendre. Enfin, elle comprend l’idée générale. Mais de là à y adhérer et de foncer dans cette voie… Non, définitivement, tout ça dépasse Alma. Et… oui, forcément, ça l’énerve. Et elle ne peut plus avoir le luxe de piquer une colère d’ado et de bouder. Alors, silencieuse, elle essaie de cogiter dans son coin. Elle essaie surtout de cogiter EFFICACEMENT.

« Donc… »

Et c’est terrible à quel point la pression l’agresse dès qu’elle se met à parler autour de cette table. Ce sont les personnes les plus proches dans sa vie. Jamais elle n’a eu cette qualité de relation ET cette quantité. Mais ça lui met une telle pression…

« Donc je dois rester gentille. »

Elle donne un regard à Liliane. Le genre qui dit silencieusement « oui, j’ai compris. Désolé. Je suis… moi. »

« Et je dois faire comme les sans-abris et tendre la main ? Enfin, le faire de façon 2.0 sur internet ? Je… »

C’est plus fort qu’elle. Cette situation la dépasse tellement. Elle finit par enfouir son visage dans ses mains quelques instants. Quand elle reprend la parole, elle n’a pas encore trouvé le courage de regarder toutes ces femmes uniques, merveilleuses et puissantes qui l’entoure.

« Je ne peux pas. J’ai trop de fierté. Je ne peux pas faire la manche sur internet. Même sans ça, ça va prendre combien de temps ? Beaucoup trop longtemps. Enfin, trop longtemps par rapport à la patience que je possède. Et pas besoin de cacher que je suis insupportablement impatiente. Difficile de fermer les yeux à ce stade de ma vie… »

La solution ? L’autre solution pour faire aussi bien qu’un financement participatif ?

…

Alma n’en a pas.

Et ce qu’elle voudrait ? Clore cette réunion. Aller se réfugier… Elle ne sait pas. Normalement, ça aurait dû être auprès de son Soleil. Mais sa relation avec l’astre qui podigue la vie a changé. Il y a des doutes. Il y a de la méfiance. Marcher sur des œufs est tellement compliqué et épuisant… Alors. Elle ne dit rien de plus. Et elle n’entreprend rien. « Désolé d’être une Alpha si faible, Akane » pense-t-elle.

[Jeannie]

Jeannie incarne:



Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize. 

Liliane demande aux autres femmes présentes si elles peuvent lui laisser quelques minutes avec Alma, le temps de… Comment dire… Clarifier certaines choses avec elle. Je ne vois pas d’objection. Et si je ne vois pas d’objection, aucune des autres personnes présentes ne verra d’objection. Abigail l’aurait fait pour Liliane, Giana parce qu’elle n’a pas de raison de dire nom… C’est Akane qui aurait pu être un problème mais si Shayne-sama dit : dehors… C’est dehors. Donc, une fois qu’elles sont seules, Liliane force Alma à s’asseoir et elle vient s’asseoir sur ses genoux, se blottissant contre elle, son odeur, sa chaleur étant absolument immanquables pour ma fille adoptive. Elle regarde Alma. Et elle attend qu’Alma parle. Au bout d’un moment, elle voit que sa petite amie hésite à dire ce qu’elle a en tête… Donc elle décide de prendre les devants.

« Mon roseau, clairement tu ne comprends pas le principe, je me trompe Tu essaies de le comparer à quelque chose que tu connais mais tu es loin du compte. Cette expression n’existe probablement pas d’où tu viens mais par chez nous on dit : toute bonne action mérite une récompense. Et tu serais étonnée du nombre de personnes qui voudraient te donner une récompense matérielle mais qui sont trop timides pour le faire…

De peur que tu le prennes mal. Pour rappel, tu as sauvé des vies. Et une vie, pour plusieurs, ça n’a pas de prix. Ironique considérant qu’il y a encore des esclaves en ce monde. Mais ce n’est pas ce que j’essaie de t’expliquer. Tu ne quémandes pas. Tu ne demandes pas la charité. Tu proposes un projet. Et tu donnes la chance aux gens de contribuer. Vois-le comme… Des mécènes. Tu as commencé à lire sur l’art donc tu sais de quoi je parle.

Ce qui a été proposé, c’est de renforcer cette idée du Nous. Toi et ta communauté. Toi et tes fans. Toi et les habitants de cette ville qui croient en toi, en ton projet de par cet qui veulent participer. Sais-tu qu’en général, la municipalité décide sans vraiment consulter les gens qui vivent dans un endroit donné? Il y a des enjeux économiques derrière alors que les gens soient contents n’a pas d’importance pour eux. Mais toi? Tu leur donnes le choix.

Le choix de contribuer. De suggérer. De faire des Jardins de la Convergence quelque chose de plus gros que ce que tu aurais pu imaginer à la base. Une main tendue n’est pas nécessairement un poing, Alma. Il existe des bonnes personnes en ce monde. Des gens reconnaissants. Des gens qui ne veulent que cela, payer une… Dette de gratitude, si tu veux, pour ce que tu as fait pour eux. Alors laisse les faire. Accepte. »

Liliane prend le temps de mettre ce baume à lèvres à la saveur qu’affectionne particulièrement Alma, bien qu’elle ne l’admettra jamais publiquement, et elle donne un long baiser doux et sucré à sa petite amie. Évidemment qu’Alma est complètement perdue. Elle n’a pas encore affronté l’ennemi le plus dangereux de toute l’histoire de l’humanité : l’administration. Ou bureaucratie comme certains l’appellent. Elle n’a jamais travaillé sur des gros projets. N’a jamais été confrontée à des plans d’urbanisme. Forcément qu’elle est perdue. Mais Alma est orgueilleuse. Admettre une faiblesse, demander de l’aide… C’est pour cela que Liliane a demandé du temps avec sa petite amie. Pour qu’elle puisse parler librement de ce qui la tracasse sans avoir l’impression d’être jugée. Cela prouve aussi que le lien avec Liliane a été restauré…

[Marishka Auschwitz]

Alma prend peur ! Liliane veut lui parler en tête-à-tête. Ça ne sent pas bon du tout. Surtout que ça suit le terrible regard qu’elle lui a lancé. Voilà. Elle a encore merdé. Elle fait sortir tout le monde avec ses « gentils » mots pour la finir sans audience. C’est la dernière fois qu’elle la voit. Et pourtant, impossible de la suivre se lever. Elle est si « faible » face au Soleil… Alors elle l’entend se rapprocher et… QUOI ?! Elle s’assoie sur ses cuisses. Elle se blottit contre elle. Elle est si chaude, son Soleil. Mais… alors… que…

Alors elle écoute le monologue de sa petite amie. Il y a plein de choses qu’elle ne comprend pas. Elle a des contre-arguments. Et, d’ailleurs, elle va bientôt lui faire entendre le fond de sa pensée. Mais… pas tout de suite. Cette odeur. Cette sensualité du geste à habiller ses lèvres. Alma le sait déjà : ce qui va suivre ! Ça fait battre son cœur une première fois. Et une deuxième cavalcade s’ensuit quand le baiser prend d’assaut ses propres lèvres. Oui, elle râlera après ça.

« Oui, bon. Je… »

Reprendre ses esprits. Pour pouvoir faire de vrais phrases et ainsi transformer le monologue de Liliane (et son baiser !) en une vraie conversation fructile.

« Et si je vais chercher Giana ? Si je lui demande combien de moutons ça fera au total ? Je crois que les froides statistiques ne seront pas à la hauteur de ta foi en l’humanité. Allez, je vais jouer. Je vais compter les gens qui pourraient me donner leur argent. Quelques joueurs rapport à la partie de paintball. Quelques vieux et quelques autres timides qui ont relayés ce nom de « Sainte aux plantes » dont je dois me défaire. Etant donné que ma petite amie a un trauma avec les sectes. Tiens, d’ailleurs, parlons-en des fanatiques. J’ai donné l’ordre de les tuer. Donc, à l’exception de Cérès, il n’y a plus personne dans cette cours-là. Là où je vais récupérer du monde, je pense, c’est grâce à la salle d’arcades. Oui, il y a aussi les gens de ton campus à cause de l’autre taré qui a manqué de me tuer avec ces gaz. Mais on va être très loin des comptes pour faire fleurir correctement, enfin, avec les conneries administratives, on va être très loin d’avoir l’argent ! Pff. C’est tellement énervant et compliqué de construire des choses. »

Il se produit alors quelque chose. Comme si on avait allumé une petite lumière dans le labyrinthe plongé dans les ténèbres qui représente le cerveau d’Alma. Disons une petite épiphanie. Car Alma a bien dit qu’elle voulait CONSTRUIRE quelque chose. C’est à l’opposé de Marischka la Destructrice. Détruire est tellement facile et rapide. Construire, c’est une toute autre affaire. Et elle réalise qu’elle a véritablement cette étincelle en elle. Elle en a vraiment marre de détruire. Oui, elle veut construire quelque chose.

« Ca va être chiant. Ca va m’énerver mais… »

Imaginer être au contact des gens tout le temps. Leur faire comprendre avec des phrases alambiquées qu’elle veut leur argent et leur soutien. Parce qu’il est hors de question de dire cash « Donne-moi ton argent. Donne-moi ton corps et ton temps pour construire MON parc. »

« Non. Je ne peux pas faire ça. Je ne peux pas passer mes journées en ville et dans les rues à convaincre tous ses moutons. Je ne peux pas jouer ce rôle de leadeuse de cette façon. C’est sur que je vais courir au désastre. Si je dois les diriger, il faut que je trouve une autre façon de faire. Et… je ne vais pas pouvoir simplement attendre que la cagnotte atteigne une certaine somme d’argent. Je… il faut que j’agisse ! Il n’y a pas moyen que je commence à travailler sur le terrain abandonné de suite ? Que je fasse appel au Vert pour avoir un Parc disons « naturel » ? »

[Jeannie]

Jeannie incarne:



Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize. 

Liliane lève les yeux au ciel. Soit Alma fait exprès de ne pas comprendre, soit elle ne comprend vraiment rien. Un des deux. Alors la blonde utilise contre Alma une arme redoutable contre laquelle elle n’a aucune défense : la douceur. Elle câline, elle caresse, elle donne une pluie de petits baisers à Alma et Alma se transforme en Alma la guimauve. Liliane ne dit rien. Elle fait juste fondre Alma comme du beurre dans une poêle. Oh ma ille adoptive sait très bien que c’est dangereux. Que Liliane, après, sera capable de la manipuler comme une marionnette, ses défenses mentales ayant cédées sous toute cette douceur sucrée et addictive. En même temps, en quelque part, si elle n’a plus à se concentrer sur une partie du problème… C’est… Bien. Non? Si elle ne sait pas comment faire quelque chose mais Liliane oui, ne devrait-elle pas déléguer? Ce serait logique.

La Très Solaire Liliane susurre des choses à l’oreille d’Alma. Juste ce qu’il faut de sensualité pour réveiller la libido de son roseau mais pas assez pour que ce soit indécent. Elle laisse ses lèvres effleurer celles d’Alma sans lui donner de baiser… C’est une ignoble torture mais c’est le soleil dominateur qui montre le bout de son nez. « Alma, arrêtes de t’inquiéter pour rien. C’est mauvais pour ta santé ». Le soleil a parlé. Alma doit se relaxer. Se détendre. Sinon le soleil sera de mauvaise humeur. Et ce n’est pas quelque chose qu’Alma voudrait, non… Liliane continue de se blottir… Non… Presse ses seins contre Alma… Pauvre roseau qui se fait attaquer de toute part par la sensualité, la douceur et l’amour de son soleil… Et trahir de l’intérieur par la Alma romantique qui a commencé à se développer et sa libido qui voudrait en avoir davantage… Liliane sait ce qu’elle fait.

Ô combien elle est redoutable. Tout est mesuré. Calculé. Elle va convaincre Alma de la laisser mener cette campagne kickstarter, gofundme ou autre pour elle. Liliane veut prouver à Alma que Giana ne connait pas aussi bien l’humain qu’elle pense. La blonde n’est pas à sa première collecte de fonds. Liliane a des centaines d’heures dans des œuvres de charité. Elle sait comment approcher les gens. Comment les rallier à une cause. Comment récolter des dons. Du soutien. Alma ne se sent pas confortable de le faire? Pas de problème. La Très Solaire Liliane n’a pas ce problème. La volonté d’Alma n’est pas assez forte pour résister à la blonde. Mais plus encore. Alma a peur que si elle dit non à Liliane, Liliane va se fâcher. Est-ce déloyal de la part de la blonde? Oui. Et non. Il y a une part de manipulation. Mais c’est de la « manipulation positive ». Amener Alma à accepter quelque chose de…

Différent. Et comme dit, elle n’aura pas du tout à le gérer. Donc… Voilà. Et non. Liliane n’a pas répondu à sa question. Utiliser une combinaison de phéromones, de gestes et ce qu’il faut d’émotions pour réussir à calmer ainsi Alma demande énormément de concentration. Ceci dit, ultimement, ce qu’elle fait, elle le fait pour Alma. Et pour leur couple. Elle sait qu’Alma va psychoter abusivement sinon. Elle va se trouver faible ou sans talent ou incompétente ou autre… Mais Liliane connait certains aspects d’Alma mieux qu’Alma elle-même… « Tu as besoin d’une petite victoire pour te remettre d’humeur pour la suite », déclare Liliane, avant d’ajouter « embrasse-moi. Fais-moi me sentir comme la petite amie la plus privilégiée du monde… » Alma vit pour et par le défi. D’imaginer que quelque part ailleurs sur cette terre une petite amie puisse être plus heureuse que SA Liliane lui sera insupportable. Une petite victoire. Un baiser des plus exquis.

Quelle belle conclusion avant de retourner à des affaires considérablement plus sérieuses…

[Marishka Auschwitz]

Ce n’est pas juste. Non, vraiment, ce n’est pas juste. Tout ce que lui fait subir Liliane. Ce silence qui lui crie à ses oreilles qu’elle n’a pas eu sa réponse. Et Liliane qui s’amuse avec elle. Avec chacune des parties de son corps. Alma réalise parfaitement que c’est une tentative de diversion. Mais… mais elle sait qu’elle ne va pas y résister. De toute façon, l’expression de son visage a déjà changé. Ses lèvres ont déjà lâché les onomatopées de la femme qui commence à céder à sa libido. Et pourtant, il n’y a même pas de main plongée dans sa culotte. Terrible, terrible Liliane en action !

Nul besoin d’en écrire plusieurs paragraphes pour arriver à la conclusion qu’Alma a « perdu » face à Liliane. Elle a abdiqué face au Soleil. De toute façon, pas même un Dieu ne pourrait infléchir la course de l’astre solaire. Tout le monde en a besoin. Tout le monde subi ses caprices, qu’il soit présent ou non. Alors Alma abdique. Avec grand plaisir ! Enfin, il ne faut pas trop l’afficher non plus. Est-ce que les autres au dehors ont entendu ? Est-ce que Giana a tout vu via une caméra ? Est-ce qu’Akane a tout vu via un petit animal ? Alma a un peu honte de s’être laissé emporter ainsi. Mais… non. Ça lui a fait beaucoup de bien. Liliane a su agir avant qu’elle ne psychote profondément.

« Je… »

Elle tousse pour s’éclaircir la voix.

« Je crois que nous nous sommes mises d’accord. Nous pouvons rejoindre les autres, oui ? »

Alma se lève donc et prend sa petite amie par la main. C’est fou à quel point ce geste si banal, qu’elle avait vu tant de fois dans la rue sans le comprendre : c’est fou comme ce geste peut remplir un individu de joie. En poussant le potard, on pourrait presque croire que c’est ça la fameuse réponse à l’univers et non le nombre 42.

Sitôt la porte passée, Alma s’exclame.

« Après… discussion. J’ai entendu les arguments de Liliane. Elle s’occupera donc du machin sur internet pour récupérer l’argent. Elle s’occupera aussi de gérer tout l’aspect humain du truc. Pas que Giana n’aurait pas pu le faire mais… oui, voilà. Ses compétences seront bien mieux utilisées ailleurs. »

La phrase est bateau. Mais Alma commence à faire preuve de diplomatie en attribuant les rôles à chacun selon leurs compétences. La cyborg aura clairement vu la manœuvre mais, en même temps, aurait-elle envie de surveiller les allers et venues de citoyens lambda pour apporter quelques euros (ou dollars, ou bitcoins, ou peu importe !) à la cagnotte d’Alma ? Alors qu’elle est déjà millionnaire et pourrait régler la question seule !

« Donc, si je résume bien. Liliane a la responsabilité des relations humaines. Giana, la responsabilité de tout l’administratif et des plans ? Akane de la surveillance. Abigail, de… euh, la partie artistique ? Ça te va de réfléchir à ça ? Et Maman Shayne, euh… Disons du conseil professionnel ? M’aider à faire quelque chose au niveau des médias et des gens en costard cravate dans leur bureau ? Oui. Oui, je crois que c’est une répartition plutôt idéale par rapport à tous nos caractères, non ? Oui, je crois que c’est bien. »

Et elle ? Alma le réalise. Elle ne s’est pas attribuée de rôle. Elle est… la cheffe ? Celle qui va superviser ? Oui. Et non. Elle a aussi un rôle majeur. Le genre qu’aucune autre ne pourra faire. Elle est irremplaçable dans la mesure où elle est la seule qui communique avec le Vert. Et il n’y a personne d’autre qui parle avec le Vert dans sa ville. Bon, peut-être un peu Cérès. Mais c’est via SON pouvoir. Alors ça ne compte pas.

[Jeannie]

Jeannie incarne:



Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize. 

Personne n’a d’objection avec la distribution des rôles. C’est le projet d’Alma, d’une part et d’autre part, cela correspond aux forces des unes et des autres. Et puis en quelque part, qu’on lui donne une chance, aussi, c’est son premier projet d’envergure. C’est beaucoup plus complexe que ce qu’elle imaginait et ma fille adoptive s’en rend bien compte. Pas que cela, naturellement. Cela lui permet de développer d’autres compétences pour le moment embryonnaires chez elle. Déjà, quand on y pense, elle ne s’est pas vraiment fâchée, elle a réussi à garder la tête relativement froide, elle est graduellement en train de prendre sa place dans la cour des grands. Et là-dessus je suis fière. Elle est prête à essayer différentes choses même si elle n’y croit pas forcément. Elle laisse les gens autour d’elle prendre des initiatives. Liliane et le kickstarter, par exemple.

Elle ne cherche pas à tout contrôler. Mieux encore : elle sait reconnaitre ses faiblesses et tente de travailler autour d’elles. Elle a compris qu’elle ne peut pas faire les choses seules. Que même si elle trouve les règles stupides, même si c’est compliqué « pour rien », elle doit quand même les suivre. C’est une belle évolution de sa part, je trouve. Dit ainsi, cela n’a pas l’air si significatif et c’est précisément pourquoi je suis une demi-déesse à la tête d’un culte et de multiples entités écran et vous non. Vous devriez avoir honte de votre manque de vision. La réunion se poursuit, toujours avec l’aide précieuse de Giana et quelques heures plus tard, oui, des heures… Alma a un plan solide. Son projet, si simple dans sa tête, s’arrime désormais avec la réalité. Avec les impératifs de ce monde où elle se trouve. Et si elle ne sent pas un peu plus Alma Prime, c’est dommage pour elle…

Dans la vision qu’elle a eue, le parc est au cœur de l’identité d’Alma Prime. Il est là où tout a vraiment commencé. Jusqu’à présent, elle faisait le tutoriel. Là, elle est en train de passer aux choses sérieuses. C’est fini l’époque où faire des erreurs n’avait pas forcément de graves conséquences. Elle l’a vu avec Liliane, quand elle a merdé et pas qu’un peu. Elle le sait. Elle le sait que maman Shayne n’est plus là pour rattraper ses gaffes ou réussir à les « diminuer » d’une façon ou d’une autre. Et Alma a bien appris sa leçon. Elle a ses défauts, oui. Mais être stupide n’en fait pas partie. Elle a réalisé qu’ici, elle a intérêt à évoluer rapidement si elle veut battre le système… Ou simplement ne pas finir proie au lieu de prédatrice. Après la réunion, Alma se retrouve avec un choix cruel à faire. Liliane veut passer du temps avec sa petite amie. Giana veut commencer à vraiment tester ses capacités.

Au moins, il n’y a que deux options. J’aurais facilement pu en rajouter une troisième. Et ce n’est pas un choix qu’elle peut faire où elle saura faire plaisir aux deux. Avoir le beurre et l’argent du beurre, si vous préférez. Si elle va avec Liliane, cela reporte encore une évaluation de ses capacités donc un plan de formation et à terme, la rendre encore plus efficace pour protéger ce à quoi elle tient. Si elle va avec Giana, elle peut dire adieu à la douceur et à la chaleur de son soleil qui va encore être trop occupée avec cet horaire chargé qui est le sien. Et en quelque part, Alma a encore besoin d’être rassurée que sa relation avec Liliane a été réparée, restaurée. Abigail ne peut pas l’aider. Akane non plus. Et je ne vais pas l’aider. Ce choix, c’est à elle de le faire et de vivre avec les conséquences. Alors Alma, futur quart de déesse, future Alma Prime, qu’est-ce que tu choisis : ton physique ou ton mental?