The Multiversity

N'était-elle pas adorable? Suki pourrait rester comme ça à la blottir contre elle des heures entières, elle ne la dérangerait pas, jamais. Le dessin, la corde à sauté, à la balle, à la poupée, à la dinette, elle se laisserait volontiers porter par tous ses jeux auxquels elle aura envie de jouer. Rien ne sera de trop pour elle mais pour le moment, elle fantasme, elle n'était pas à elle, elle était une petite fille qui attendait de voir des femmes venir ici et craquer sur sa bouille d'ange. Et bien sur, vu commente elle est craquante, ça peut arriver très vite. Elle avait aussi peur de cela... Elle avait entendu dire que si une enfant refuse ses potentiels parents, elle pouvait rester encore un peu ici pendant que les animatrices lui faisaient comprendre que ça sera ses nouvelles mamans mais... est-ce une simple rumeur ou la vérité? Quoi qu'il en soit, c'était déjà étonnant qu'elle adresse la parole à Rinako mais pourquoi pas? Non seulement elle était là le jour où elle l'avait sauvé mais elle espérait qu'elle s'habitue vite à la voir. Suki ne voulait pas bousculer les choses mais elle voulait rapidement adopter Holy, être au moins bien en couple avec Rinako et déménager aussi. Vu qu'elle n'a qu'une chambre, elle ne risque pas de pouvoir adopter une enfant dans ces conditions. Mais si sa petite amie était d'accord, dès demain elle demande plus grande maison avec deux chambres!

Cette dernière faisait le clown pour faire sourire Holy, elle se retenait de rire la chipie mais elle riait quand même, bien que ça ne se voit pas tellement. Elle était si adorable comme ça. Les deux, Holy et Rinako.

« Alors qu'est-ce que je fais? Je rentre avec elle ou on lui donne ta peluche? »

Malgré quelques petits rires de sa part, elle ne répondait pas et regardait Rinako, surement en attendant une nouvelle blague? Suki baladait sa main sur son corps – surtout ses côtes – pour la chatouiller et la faire rire un peu. Une enfant, ça devait sourire et avoir le sourire, chose qu'elle semble avoir du mal à fournir. Mais ça se voyait qu'elle était toujours fatiguée et qu'elle espérait surtout dormir. Ce n'était pas encore la soirée mais elle avait dû bien se dépenser? Gardant sa peluche avec elle, elle observa de nouveau Suki en espérant comme d'habitude une bonne réponse mais...

« Suki, tu restes dormir avec moi? »

Cette question, Suki y était habituée avec elle mais elle était toujours aussi dure à entendre car elle connaissait la suite. Elle allait fondre en larme et pleurer de toute son âme pour qu'elle dise oui. Quand bien même elle pourrait dire oui, elle n'aurait pas le droit. Chaque enfant devait dormir seule dans son lit ou sauf cas contraire, avec une animatrice, en général si la petite est atteinte de terreur nocturne ou pour cause de maladie. Et Suki était une soldate. Elle passait sa main sur sa joue en la regardant tendrement mais... ça ne marchera pas, comme toujours.

« Je ne peux pas, tu le sais bien. »
« Mais siii! Reste! Je veux dormir avec toi! »

Elle lâchait déjà sa peluche pour jouer les koalas pour s'accrocher à son cou mais, voilà qui était trop tard. Elle pouvait tout lui promettre, elle voulait juste dormir avec elle mais Suki n'y pouvait rien changer, c'est ça le pire dans cette histoire. Accrochant ses mains autour de sa nuque, elle ne risquait pas de lâcher prise facilement, en général, les animatrices devaient l'éloigner d'elle mais... elle a rarement fait quelque chose de si dur à supporter... Elle commençait déjà à pleurer, Suki a essayé de la détacher, de la rassurer en même temps mais rien ne l'atteignait. Elle pleurait de plus en plus fort pour ne pas la lâcher mais... elle avait de plus en plus de mal à parler, sentant son cœur venir se loger dans sa gorge. Comment refuser ça à une enfant en mal d'amour? Elle était la seule qui lui redonnait un peu le sourire à chacune de ses visites mais elle devait la lâcher car elle n'était pas sa mère. Quand elle avait enfin réussi à la faire lâcher – rapidement, ce qui est rare –, elle ramassa sa peluche pour la lui donner, faisant en sorte qu'elle soit face à face avec sa nouvelle copine. Elle avait eu du mal à le sortir surtout à la voir pleurer comme ça et sa voix était si faible dans ce moment-là...

« Je suis... là aussi... »

Malgré une légère amélioration, elle prenait sa peluche pour pleurer sur elle, c'est à peine si elle avait réussi à déposer un baiser sur son front avant de quitter la chambre d'un pas rapide pour s'adosser contre un mur et se calmer du mieux qu'elle le pouvait. Suki plaquait sa main sur sa bouche comme pour se retenir de vomir mais elle voulait surtout retenir ses larmes et ses gémissements. Toujours pareille, elle était sur le point de fondre en larmes à son tour mais elle devait être forte! Mais ce n'est pas facile...

Je commence à me dire que je viens de faire une connerie en blaguant sur le sujet. La petite Holy a l'air d'y croire assez pour quémander une nuit avec Suki. En fait je trouve qu'elle se ressemblent, deux mignonnes petites blondes qui se sentent seules et rêvent d'être ensemble. Si c'était possible je ferait l'impasse sur ma première nuit d'amour avec ma petite amie pour la laisser avec son petit bout de chou. Ça me fend le cœur de les voir comme ça, je n'ose pas en placer une... ni sourire. Un jour prochain, le plus proche possible, Holy foutra le camp de cette chambre dans les bras de Suki. Bien sûr je serais là, pour taper les bagages et la grosse lapine.

Tout cela augure de grandes discussions entre nous. Je sais que Suki vient d'une famille de militaires, mais ses mères sont gradées dans une autre armée. Si elle... Si nous devenons les nouvelles mères de cette gamine, la pauvre se rendra compte que même hors de l'orphelinat nous ne pourrons pas lui consacrer tout le temps que nous voudrons. Le travail, les missions, un peu de temps pour nous deux aussi. Il faudra le préparer à ce qui l'attendra : l'une, l'autre ou les deux convoquées à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. L'une des premières choses que j'ai appris à faire toute seule est d'appeler la voisine pour qu'elle vienne s'occuper de moi, suivant les instructions de ma mère. Je ne me souviens pas l'avoir vue dans cet état même à l'époque où je m'accrochait en pleurant, elle n'était pas dure ou insensible pour autant. Est-ce que je serai à sa hauteur le moment venu ?

On verra bien. Sans vouloir pourrir intérieurement ce touchant tableau j'espère profiter de ma vie sexuelle avec ma petite amie avant d'avoir une enfant. Je n'ai pas honte à l'idée de tirer le maximum du temps qui nous sépare de l'adoption de la petite. Je suis une commando : je m'adapte aux circonstances. Le scénario parfait qui nous verrait rentrer à la maison comme une gentille petite famille n'étant pas envisageable on va déjà voir ce que les deux mamans valent toute seules... On va voir ce que je vaux comme petite amie, surtout. Suki finit par prendre la fuite et je la comprends, l'idée d'abandonner ce petit bout de chou en larmes me serre le cœur. Pour elle ce doit être encore pire mais je la laisse filer dans le couloir avant de rejoindre la petite fille sur le lit, qui serre sa peluche comme si elle aussi allait partir.

L'occasion est trop belle, pas de me glisser entre elles ou de faire ma place maintenant que je suis seule avec Holy. Je viens doucement caresser son petit bras et parler d'une voix douce.

" Elle voudrait vraiment rester avec toi, c'est vrai. Ça la rend triste de partir, à chaque fois. "

Je ne prends pas le temps de pousser le raisonnement plus loin, une autre blondinette a besoin de moi et celle-ci n'est pas vraiment en état de se farcir un sermon. Je dépose un petit bisou dans ses cheveux, son visage restant enfoui dans les poils de sa peluche.

" On reviendra bientôt, promis. "

Un dernière caresse sur son petit bras et je quitte la chambre à petits pas. En sortant je balaie bien le couloir des yeux pour m'assurer qu'il n'y a personne... Personne à part l'autre petite blonde bouleversée que je m'empresse de prendre dans mes bras. Encore une fois je ne fais pas dans les demi-mesures, je la serre contre moi pour la câliner, la décoller du mur afin de lui masser le dos et caresser ses cheveux. Mais je ne vais pas la laisser se morfondre. Je glisse les lèvres près de son oreille.

" Je dois t'avouer un truc, ma chérie. J'ai jamais rien vu d'aussi adorable qu'Holy et toi. "

Il faudra bien une mère sur deux qui ne lui passera pas tous ses caprices, et il y de grandes chances que ce soit pour ma pomme... si j'y arrive, parce que je me vois mal refuser la lune à ces grands yeux miroitants. On verra sur le moment, pour l'instant je surveille le couloir en espérant que ma petite amie aura le temps de se calmer. Je préfère ne pas en rajouter dans un sens ou dans l'autre. Mais il faut bien repartir. Je la garde contre moi, tournant doucement pour nous mettre dans la direction de la porte.

" Viens. On va se... "

Se prendre une bonne glace, histoire de faire passer son chagrin. Mais la cohue de gamines toute contentes de leurs peluches qui nous prend d'assaut m'empêche de finir ma phrase. Au moins on aura pas quitter l'orphelinat que sur des larmes.

C'était dur pour Suki de faire face à ses pleurs, ce n'était pas la faute de Rinako, ça serait arrivée tôt ou tard sauf si elle s'endort avant sans quoi, ce sont les animatrices qui auraient subi ses pleurs. Mais elle restait seule à se calmer comme elle le pouvait. Merde, elle avait laissé Rinako là-bas d'ailleurs? Elle ne doit pas savoir si elle doit laisser Holy seule ou rester avec elle au contraire? Quelle idiote! Heureusement, elle la fit revenir rapidement pour se diriger vers elle avant d'être prise dans ses bras, son dos caressé, de même que ses cheveux. C'était bon. Mais elle n'aimait pas savoir Holy si triste. C'était un caprice en quelque sorte mais dans cette optique, elle ne voulait pas laisser passer ça. Elle voulait rester avec cette enfant qui a perdu ses parents mais... les lois sont les lois. Caelestis est un endroit rêvé mais chaque tableau à ses erreurs, il est possible qu'il y ait des folles qui seraient prêtes à abuser d'une jolie petite fille après tout? Qui sait ce qui se cache derrière sa voisine? Elle était peut-être touchante avec Holy dans ses bras mais ce n'est pas cette belle image qui la fera stopper de pleurer ou qui fera en sorte que les autres la laisse partir avec la petite fille dans ses bras.

Elle passait ses bras dans le dos de Rinako à son tour mais elle ne disait rien. À quoi bon? Ça ne va rien changer et ça risque de faire remonter ses craintes et ses pleurs. Mais bien vite, les petites arrivaient toutes en même temps pour les remercier toutes la la fois. C'était bien mais elle aurait aimé voir le même sourire sur le visage d'Holy, qu'elle soit avec elles pour le dire aussi. Pas en pleurs. Elle essuya ses yeux rougis avant d'avoir un sourire, l'air de rien.

« De rien. Ça nous fait plaisir que vous aimiez vos cadeaux. Soyez sage, d'accord. »

Elle n'était pas d'humeur à s'attarder dessus et passa l'attroupement, une caresse sur la tête que quelques petites avants de rejoindre doucement la sortie. Elle n'oublia pas de prévenir qu'Holy était en pleurs, que l'une d'elles aille au moins tenter de la réconforter. Elle quitta l'orphelinat en saluant une dernière fois les petites avants de soupirer une fois dehors, prenant la main de Rinako. Au diable la gêne, elle avait besoin d'elle.

« Les seules fois où je n'ai pas le droit aux pleurs, c'est quand elle s'endort avant... »

Elle marchait avec elle, en y repensant un peu avant de se laisser guider aussi par Rinako pour une bonne glace, ça ne leur fera pas de mal en effet. Puis en dégustant cela, elle pouvait vraiment confirmer que sa petite amie adore ça, la glace! Elles ne parlaient pas de grand-chose en route à part quelques petites choses routinières. Puis Suki arriva enfin à sa maison, une petite maison classique, pas très grande mais elle était seule en même temps. Là c'était déjà plus intime que sa chambre à la caserne! Il n'y avait pas énormément de chose mais... il y avait des choses. Elle ouvrait la porte pour la laisser entrer chez elle, chez elles plutôt.

« Bienvenue chez toi, Rinako. »

Elle avait encore du mal à lui donner des surnoms. La peinture était blanche partout, bien rangée aussi. Sur la gauche, il y avait la cuisine assez grande mais pas petite non plus. En continuant tout droit, la droite laissait place au salon avec sa table ronde, le canapé avec la table basse. Un livre ou deux de jeux à faire comme des mots croisées à peine entamé, une armoire avec quelques livres et quelques films, essentiellement des films d'humour, des classiques et quelques films de guerre bien sur. Sa grande télé qui servait peu mais quand même, quelques bibelots en tous genres sur les meubles et sur les murs quelques photos.

Elle, bébé dans les bras de sa mère qui venait d'accoucher et sa seconde maman à ses côtés. L'une était blonde aux cheveux courts et la seconde avait de longs cheveux brun. Une autre sur la plage de Caelestis, plus petite qu'Holy, entre un et deux ans avec des petites couettes, assise dans le sable à côté de ses mamans dans un petit maillot de bain rouge à pois blancs. Elle n'avait pas encore cet air froid et strict, non, une petite fille comme une autre qui regardait dans la direction de la photo, la bouche un peu ouverte. Il y avait d'autres photos comme son premier jour à la grande école – la primaire – avec ses cheveux courts et son sourire ou le jour de son diplôme militaire avec ses parents, toutes les trois en salut militaire. Là on reconnaissait la Suki actuelle. Elle avait d'autres photos mais dans un coin de son salon. Elle resta entre le salon et la cuisine, voulant d'abord servir Rinako après tout.

« Tu veux... tu veux quelque chose à boire ou à manger? »

Elles avaient quelques petites choses au frigo après tout, elle lui fera la visite en même temps ou après, qu'importe. Elle était un peu embarrassée, c'est la première fois qu'elle reçoit quelqu'un ici en dehors de ses parents et qu'elle n'ait rien consommé qui soit alcoolisée.

J'ai beau penser à la pauvre petite Holy toute seule dans sa chambre voir toutes ces gamines ravies me rend le sourire. Ce n'est visiblement pas le cas de Suki, elle traverse la petite foule comme elle peut. Ça me rend triste de la voir dans cet état, mais je ne peux m'empêcher trouver ça merveilleux. Quand on ne la connaît qu'en tenue de combat un fusil d'assaut à la main, comment se douter qu'elle est si sensible ? Je la suis d'abord du regard, encore plantée au milieu des enfants déjà déconcertées par sa fuite. Elle ne doivent pas se douter de ce qui lui arrive, et je me retourne vers la source de son chagrin... Cette fois je souris pour de bon, la petite tête surprise d'Holy disparaît dans la chambre. Je suis vite rappelée par les gamines anxieuse de l'évasion précipitée de leur grande copine blonde.

" C'est rien, elle est fatiguée. On a beaucoup marché aujourd'hui.
- Hé ! Vous avez tué des monstres ?
- Ouais ! Il paraît que t'as été chez les Formiens ?
- T'a eu peur ?
- Heu... "

Je suis prise de court et je pense que ça se voit très bien, les animatrices ne sont pas mieux loties que moi. J'étire un grande sourire, toute rouge que je dois être.

" J'vous raconterai la prochaine fois, d'accord ? Suki m'attend ! Allez ! Faites pas de bêtise et à la prochaine ! "

Et je file à mon tour. Leur raconter... Ouais, si je trouve un moyen de taire les complots, les passages gores et les crises de folie furieuse qui forment un bon quatre-vingt-dix pour cent de l'histoire, les dix pour cent restant se résumant à la soirée au camp que je préfère oublier. Je rattrape Suki et m'arrête net un instant. Elle me prend par la main, comme ça devant tout le monde. Ma petite amie ! J'en frissonne de bonheur et serre doucement sa main dans la mienne pour la réconforter. Je m'abstiens de répondre. Qu'est-ce que je pourrais bien dire ? Elles ont tout aussi envie l'une que l'autre d'être ensemble, à quoi bon ressasser les évidences ? Et je serais bien capable de faire une bourde. Alors je sors la méthode universelle pour les peines de cœur : la glace au chocolat. Ça marche aussi pour les mamans, ou c'est que la mienne s'était faite plaquer pile quand je me suis retrouvée à l'hosto à moitié morte.

Le temps de flâner encore un peu sur le chemin histoire laisser descendre la glace, on arrive dans un quartier d'habitation tout ce qu'il y a de banal. Je scrute les maisons à peu près identiques les unes aux autres, je guette celle de ma chérie. Celle-là, avec des rideaux verts ? Non, je la vois mal faire de la déco d'intérieur. Les jardinières au bord de la fenêtre aussi : je crois qu'on peut oublier. Je n'ai qu'à me laisser guider mais je suis si excitée ! La maison de Suki, de ma petite amie ! Je frissonne plus : je tremble ! Pas sa chambre d'officier, sa vraie chambre dans sa vraie maison ! Bon, sa maison n'a rien d'exceptionnelle comparée aux autres. Ce n'est pas étonnant de la part d'une femme si discrète sur sa vie privée. Peut-être qu'à l'intérieur...?

Mais je ne rentre pas tout de suite. Je reste un instant plantée devant la porte, abasourdie. Rien de stupéfiant ne m'a sauté au visage, pas de détail bizarre qui me fait tiquer à travers la porte grande ouverte... Chez moi. Je crois que le raccord ne s'était tout simplement pas fait dans ma tête. Depuis le début je ne plante qu'un vague décor, ça ne comptait pas tant que j'étais avec elle, et avec Holy aussi. Mais soudain c'est le décor qui me tombe dessus. Sa maison, notre maison. Après toutes ces années cantonnée à la base dans chambre aussi sécurisée qu'une salle de test de réacteurs... Et même bien avant... J'ai une maison, la maison de ma petite amie, notre maison à toute les deux.

Tu vas pas rester plantée là comme un rosier, ma fille ! Bouge !

Mon souffle m'échappe alors que je passe timidement l'entrée. Je suis si nerveuse, d'un coup ! J'ose à peine regarder autour de moi comme si tout risquait de disparaître... Qu'est-ce que c'est grand ! Je n'ai pas l'habitude de ce genre d'endroits. Elle vit vraiment toute seule dans un tel espace ? Vivait ? Même à deux ça fait beaucoup plus que ce que j'ai pu connaître. Et c'est nickel ! Rien de penser à l'état dans lequel je laisse ma chambre. J'en ai pris pour mon grade plus d'une fois lors des inspections. C'est affreux, je lui ruiner sa jolie maison. Soudain mon cerveau repasse à la vitesse de croisière.

" Hein ? Quoi ? Non. Si ! Heu... "

Je rougie, je me mets à frissonner. Je sais plus où me mettre ! À mon tour de paniquer pour un rien. Allez, les neurones ! On s'active !

" Je... C'est que... Je commence à avoir faim.

On pas mangé grand-chose aujourd'hui, et les émotions ça creuse. Toujours aussi penaude je suis ma blondinette adorée dans la cuisine. Malgré moi je fais attention à ne rien toucher, ne pas frôler un mur ou un meuble. Mais petit à petit j'arrive au moins à mieux regarder ce qui m'entoure. La cuisine... J'ai jamais eu de cuisine, en tous cas pas aussi clairement définie. Tout près de ma petite amie qui s'attaque au frigo, je tend timidement la main vers le plan de travail. Incapable de m'en empêcher je retient mon souffle un instant avant le contact, puis me relâche avec un soupir de soulagement. C'est réel, et ça ne s'effondre pas quand j'y touche. Notre cuisine, notre maison... L'endroit où on va vire ensemble.

Je ne peux pas plus me retenir de sourire, je ne pense même pas à essayer. Ma main entière glisse sur le plan de travail, s'y plaque alors que je me tourne vers ma tigresse.

" Merci, Suki. "

Ça doit la surprendre, enfin j'imagine. Je ne suis pas très assurée, mais il faut dire que je me retient de lui sauter dessus pour la serrer dans mes bras en pleurant de joie.

" J'ai jamais... Ma mère était célibataire. On vivait dans un petit appartement... Et après j'ai... J'avais que ma chambre à la caserne... "

Ma gorge s'amuse à remuer, je lutte pour ne pas cligner des yeux parce que je sais bien que ça va couler. Depuis ce matin ça n'arrête pas, j'ai pas l'habitude d'être aussi heureuse. Je détourne les yeux. Je n'y voit déjà plus grand chose mais qu'est-ce que j'aime ce grand truc blanc et flou autour de moi ! Une maison, le rêve inespéré, alors que je n'ai plus de foyer depuis l'âge de huit ans. Et merde ! J'ai cligné ! Je sens les petites gouttes chaudes qui roulent sur mes joue. Je baisse la tête et lève une main devant mon visage pour cacher à quel point mon sourire tremble. Aucune chance que ça masque l'étranglement de ma voix, mais au moins je sens cette énorme boule remonter me laisser un peu de place dans la poitrine.

" Désolée, je... Je suis tellement contente... "

Voilà que Suki l'avait invité chez elle, sa petite amie! Si jamais ses parents étaient au courant de ça, elles seraient étonnées de leur fille unique mais pour le moment, inutile de penser à ses parents, elle ne devait penser qu'au confort de Rinako. Et ça tombe bien, cette dernière avait faim! Suki en cuisinait pas beaucoup, elle avait pris quelques cours avec ses parents avant de prendre son indépendance mais elle se débrouillait. Elle n'était pas un cordon-bleu mais avec une petite amie à la maison, elle peut dire adieux aux plats tout préparer, elle va faire des efforts et surprendre Rinako! Ou inversement? Est-ce que sa petite amie cuisine? Elle verra ça bien assez tôt. Elle ne va pas lui faire un bon petit plat mais ça ne coute rien de lui faire un petit sandwich! Elle ouvrait son frigo pour sortir du pain de mie et quelques petites choses. Un simple jambon beurre? Des crudités? Du poulet. Allez, elle devait deviner! Elle prit une tranche de poulet qu'elle coupa en plusieurs longues tranches peu épaisses, un peu de salade, une ou deux rondelles de tomate et un peu de mayonnaise? Ça devrait faire l'affaire? Sinon elle lui aurait sans doute demandé de mettre autre chose?

Quand elle la remercia, elle trouva ça normal, elle le prit même avec le sourire mais la suite, elle avait toucher la corde sensible sans y faire attention. C'était rare que Rinako parle de sa mère. Bon d'accord, elle n'ont pas passé des semaines ensemble mais même comme ça, elle le savait. Elle en apprenait un peu sur son enfance mais elle ne voulait pas en savoir plus si cela lui était pénible. Mais... que répondre à ça? Lui promettre qu'elles ne vivront pas dans un appartement dans un avenir plus ou moins lointain? Elle laissait le sandwich de côté en se rapprochant d'elle, qui baissait la tête. Sauf que Suki voyait bien ses larmes couler. Elle passe une main sur sa joue, essuyant au passage les quelques larmes avant de la blottir contre elle. Suki est plus petite mais de pas grand-chose donc ça va. Elle passe une main dans son dos, c'était à elle de la réconforter!

« Si ce sont des larmes de joie alors ça va. Mais je ferrais tout pour que ce ne soit pas des larmes de tristesse qui coulent sur tes joues. »

Elle prit le temps qu'il faut pour que ça aille mieux avant de lui tendre son petit repas. Elle en avait préparé un second pour elle puis elle lui prit la main, elle ne savait pas si c'était une bonne chose après avoir parler de son appartement étant petite mais il doit bien y avoir certaines choses qui vont lui redonner le sourire ici? Elle lui prit la main, l'éloignant de la cuisine et du salon pour s'enfoncer dans le couloir. Il n'y avait pas grand-chose mais ça restait une maison agréable. Elle ouvrit une porte qui menait vers la salle de bain. Une baignoire pas très grande mais assez pour essayer un bain à deux un de ses jours. L'inconvénient était que les toilettes étaient aussi dans la même pièce mais comme jusque-là elle était toujours seule, ce n'était pas un défaut ni une qualité. Près du lavabo et du miroir, il y avait quelques dalles fissurées, brisée, parfois en petits morceaux mais cela fait partie des cauchemars qui hantent Suki. Espérons que Rinako n'ait rien remarquer ou ne pose pas de question. Elle ouvrit une autre porte qui n'était qu'un placard avec plusieurs boîtes ou choses dont elle ne se sert pas. Remplis de souvenir qu'elle n'a pas vu depuis bien longtemps! Et enfin, la chambre! Plutôt spacieux, il y avait un grand lit bien fiat, au carré, deux petites tables de nuit bien qu'elle ne se sert réellement que d'une pour y stocker quelques dessins des petites qui le lui offrent. Un livre de chevet aussi et des lampes. Il y avait aussi un pistolet sous le matelas de son côté, on ne sait jamais qui serait assez fou pour lui en vouloir? Un placard pour ses tenues bien qu'il y ait quelques rares tenues différentes. Il y avait aussi une robe posée sur une chaise. Oui, une robe. Souvenir d'une mission avec Grand couillon, la Branleuse et les autres. Peu de décorations ici aussi, même pas un autre télé ici mais bon, ce n'est pas grave. Elle avait en guise de seule décoration une grande photo encadrée d'elle et de son bataillon.

« Notre chambre, mon... mon n'a... mon amour. »

C'était dur à sortir mais va falloir de l'entrainement! Même sa petite queue de tigresse et ses oreilles bougeaient en rythme, insistant bien sur le fait que c'est dur à dire. Pour ne pas trop se laisser tenter, elle retourna avec elle vers le salon où Rinako n'était pas aveugle et voyait bien ce qui se trouvait ici. Elle mangeait tranquillement, attendant des questions éventuellement de la part de Rinako. Elle n'avait pas beaucoup de règles ici, elle était stricte au travail amis ici, plutôt cool comme le diraient les jeunes de nos jours.

Avec tout ça j'avais même pas remarqué qu'elle me faisait à manger. Mon adorable petite amie d'amour m'a fait un sandwich... Je sais que j'abuse, je m'en rends bien compte, mais c'est plus fort que moi. J'ai même pas encore goûté ce sandwich et c'est déjà le meilleur de ma vie. Je me laisse complètement aller dans les bras de Suki. Je pleure de joie, je frissonne de bonheur tout contre elle, ma vie sombre et tortueuse vient d'être catapultée au grand soleil d'un coup de pompe au cul. Forcément un truc aussi puissant ça fait pleurer ! Et ce qu'elle me dit est tellement adorable ! Ce que je ressens en ce moment est... J'ai même pas de point de comparaison, même pas mon dépucelage. Je suis même trop heureuse pour avoir en y repensant, c'est du passé, ma vie d'avant.

" Oui, z'est de la joie... Zuki... snirfl... J'ai jabais édé auzzi heureuse... "

J'ai ouvert les vannes, c'est foutu. Je dois être complètement ridicule mais tant que je suis dans ses bras et que ça lui va j'en profite. Finalement ce plus beau jour de ma vie sera très difficile à détrôner, mais je fais confiance à ma petite amie pour y arriver. Surtout si elle a le renfort d'un petit bout de chou blond avec une énorme lapine jaune en peluche. En attendant je resterais bien blottie là toute la nuit. Les larmes passent vite mais les frissons restent pour me réveiller un peu. Je profite encore un peu de ses bras avant de de me redresser, me détourner le temps de rendre un peu plus présentable d'un ou deux revers de main. Il n'en faut pas plus pour laisser les signes de l'embarras se montrer clairement sur mon visage, mais justement je baisse la tête même si mes yeux restent levés le plus haut possible vers les siens. Contradictoire, tout ça, et en plus je sourie.

En avant pour la petite visite de la grande maison de ma petite amie. c'est la maison de ma petite amie et elle est grande, c'est tout ! Salle de bain. Baignoire ! Énorme ! La baignoire n'est pas énorme, elle est normale... Je suppose. Elle est largement assez grande pour s'allonger et prendre un bain. Peut-être même... J'évite de trop m'approcher pour ne pas déjà penser à ce qui se passera demain matin : mieux vaut faire les choses dans l'ordre. D'ailleurs je jette un coup d'œil miroir. Ha ! L'horreur ! J'ai les yeux rouges et tout bouffis ! Je suis horrible ! Elle va me plaquer ! Relax, ma fille. Tu fais encore une montagne pour pas grand chose... Mais quand Suki se retourne je prends quand même une seconde pour regarder ma tronche de plus près. Et je profite d'être dans son dos pour me masser un peu le contour des yeux.

La chambre... Si javais réussi à régler la couleur au niveau de mes joues : encore foutu ! Je repars dans le rouge. Ce que dès ce soir il va s'en passer, des choses. Dans cette chambre, sur ce lit impeccablement fait au carré, avec ma petite amie. Cette fois je n'ose pas entrer... pas encore, pas avant d'en faire notre chambre. D'ailleurs un détail me percute en passant : je l'ai déjà vue nue, à peu près. J'ai même dormi avec elle, je l'ai eu dans mes bras, contre moi, toute une nuit et entièrement nue. Mais elle ne m'a jamais vue nue... enfin, à peu près. J'étais pas particulièrement habillée ce soir-là, ni la nuit. Faut que j'arrête de penser à nous deux toutes nues, je suis encore gênée. Et sa façon trop craquante de se forcer à m'appeler "mon amour"...

Retour au salon, on a des sandwich à manger et il faut que je me calme un peu. Je suis gonflée à bloc comme un missile air-air déverrouillé, j'ai l'impression que je vais péter en vol. Je profite d'ailleurs de l'occasion pour m'intéresser à cette pièce. Grosse télé ! Si elle ne connaît pas "Celkhane Maiden", j'espère qu'elle va accrocher. Des fois c'est un peu cul-cul et ça risque de trop lui rappeler le boulot. Même si ça part sur un truc débile, une soldate et une esclave qui tombent amoureuses : ça marche qu'à la télé. Le canapé aussi me plaît. J'ai pas de canapé dans ma chambre à la caserne, un petit plus comme la baignoire et la cuisine.

Mais je trouve vite quelque chose de bien plus intéressant, plus surprenant, mais tellement craquant !

" Non ! C'est toi avec tes mères ? "

Évidemment que c'est elle, ou une des deux femme est sa sœur cachée qui a eu un enfant. Penchée sur le mur avec mon sandwich je ne me prive pas du petit diaporama de la vie de Suki.

" T'es trop mignonne sur celle-là... Et là... Ça t'allait bien, les cheveux courts ! "

Ok, c'est complètement débile. Je me suis arrêtée avant de dire sans réfléchir qu'elle ressemblait à Holy avec les cheveux courts. J'aurai d'autres occasions, celle-là me semblait un peu risquée pour l'ambiance. Et la dernière photo... Suki au garde à vous, en train de saluée avec ses deux mères. C'est déjà la Suki qui me faisait fantasmer, celle que tout le monde connaît, aussi strict que sa tenue de combat. Ça fait un petit pincement au cœur de les voir comme ça. Je me redresse face à cette photo, soudain moins enthousiaste.

" Elles ont l'air vraiment fières de toi. "

Même si ce ne serait pas la première fois, inutile de lire dans mes penser pour savoir ce qui s'y cache. Mais je n'ai pas le temps de me morfondre sur ma mère que je sens quelque chose glisser de mon sandwich. En même temps c'est tout simplement logique : à force de remuer les doigts je devais bien finir par en perdre un morceau.

" Merde, ma tomate ! Pardon ! "

Au moins, ça lui donne un aperçu de ce que ça fait d'avoir une gamine à la maison.

Malgré quelques grosses larmes dans la cuisine, elle n'avait pas eu à se plaindre. Rinako n'avait fait qu'exprimer son bonheur à travers des souvenirs lointains mais sinon rien de grave. Aucun commentaire sur la salle de bain bien qu'elles avaient à peu près la même idée à propos de la baignoire et rien non plus sur la chambre. Suki n'était pas une professionnelle de la décoration alors tant que ça tient et qu'elle trouve ça bien, ça lui convient parfaitement! Après si Rinako veut donner sa touche perso, elle n'a rien contre car ça sera aussi chez elle aussi. Par contre, elle ne pense pas que c'est le cas mais tant qu'elle ne veut pas tout rose bonbon, ça lui va! Sur ce point-là, elle fait garçon manqué. Pas de rose ou en petite quantité. Pour une petite fille comme Holy, elle ne dit pas mais pas repeindre la chambre en rose par exemple, ça sera non. Mais passons, la visite se termina sur le salon avant que sa petite amie ne s'extasie devant les photos d'une jeune Suki qui était loin d'être comme celle qu'elle est aujourd'hui. La question était un peu bête mais ce n'est pas marqué dessus que c'est elle et ses parents.

« Oui, j'ai été conçue à Uatis mais je suis née Celkhane. »

La blonde aux cheveux courts, c'est Rebecca Kowhite, celle qui fut donc enceinte et qui a porté Suki pendant neuf mois. La seconde aux cheveux longs et brun est Jill Tetsuhiko. Toutes deux d'anciennes soldates de l'armée uatéenneé qui ont stoppé en même temps leur engament au sein de l'armée une fois sa mère enceinte avant de prévoir de s'installer ici, loin de la guerre qui fait rage partout sur Terra. Alors oui elle sait que c'est sa mère Rebecca qui était enceinte et donc Jill qui a fécondé sa mère mais elle refuse de savoir de quelle façon! Que ce soit une hermaphrodite ou que ce soit fait artificiellement dans un laboratoire avec leur cyrprine, elle ne veut rien savoir! Même en les voyant sur la photo la plus récente, elles sont encore belles et pas trop marquées par l'âge mais ça reste ses parents! Qui serait assez fou pour imaginer ses parents copuler? C'est écœurant! Elle ne sait rien de chez rien, elle a déjà vu ses parents en maillot de bain mais elle ne semble pas avoir de forme apparente entre les jambes de sa mère donc, elle ne veut pas savoir! Elle a été fait avec amour, elle a grandi normalement, tout ça, ça lui suffit! Bien qu'elle soupçonne quand même que ça a été vraiment fait avec Amour comme on dit dans les trucs à l'eau de rose. Rien que son prénom, Suki. Ça veut dire « Amour », elles ont choisi son prénom dans un dictionnaire à prénom justement. Elle avait à vrai dire plusieurs noms sur sa carte d'identité mais personne ne fait vraiment attention à cela et bien sur, ce sont les prénoms de ses parents ce qui donne en vrai, sur l'état civile Celkhan, Suki Rebecca Jill Tetsuhiko!

Cela la faisait sourire d'entendre qu'elle était mignonne, c'est vrai qu'elle n'aimait pas trop se voir en photo mais petite avec ses couettes, elle était mignonne sur la plage. Ses petites jambes, ses petits cheveux, sa petite tête. D'ici quelque temps, il y aura peut-être Holy qui décora les murs de cette maison? Rinako allait même jusqu'à la complimenter sur les cheveux courts, cela la fit réagir en revanche.

« Tu trouves? J'ai toujours apprécier les cheveux longs mais... un jour je me ferais peut-être cette coupe à nouveau? »

Vu son caractère, les cheveux courts seraient presque plus logiques mais non, elle voulait garder ses cheveux longs. Quitte à ce que pour ne pas gêner elle les attache en une natte ou une simple queue-de-cheval. Passant sur la dernière photo au mur, la plus récente, même Suki sait qu'elle pensait à sa mère à ce moment-là. C'est vrai que pour son diplôme, elle a dû prendre la photo seule? Enfin, si elle a accepté la photo? Ça ne devait pas être drôle. Pour ce qui est de la tomate par terre, ce n'est rien. Elle n'est pas une accroc à la propreté, c'est propre chez elle mais ce n'est pas ça qui va la faire grimper aux plafonds. Plutôt que revenir sur cette malheureuse tomate, elle décide de prendre un peu d'avance et tenter quelque chose qu'une petite amie devrait aussi faire dans la vie. Tant pis si elle posait le pied sur une mine, c'était la vie et on apprend de ses erreurs dans la vie.

« Je... suis sûr que ta mère aurait été fière de toi elle aussi... »

Elle tentait de garder un petit sourire en coin en la regardant. Elle ne connaissait que le nom et prénom de la mère de Rinako, elle n'avait pas vraiment ouvert son dossier militaire mais elle en était sûre. Chaque parent est fier de la direction de ses enfants. Bon sauf s'ils finissent drogués dans une ruelle ou ont tourné des films porno, qu'elles deviennent danseuses, clowns, bancaire, tant qu'elles font un métier qui leur plaît, les parents sont fières de leur enfant. Néanmoins cette parenthèse ne devait pas être un appel à se confier. Elle le fera quand elle le voudra, quand elle en aura envie, Suki ne lui mettra pas la pression. De même qu'elle parlera de ses parents si Rinako lui pose une question sur elles. Elle tourna son regard un instant sur la télé, changeant la trajectoire de leur conversation.

« Tu regardes des choses en particulier à la télé? Moi je zappe essentiellement, il y a pas grand-chose que je suis. »

Hormis le Motorball mais elle aura le temps de lui en parler plus tard, il n'y avait rien à ce sujet en ce moment à la télé. Peut-être des anecdotes ou des petites infos sur les joueurs, les terrains ou autre mais elle n'était pas fan à ce point. Elle aimait ce sport, le regarder mais pas comme certaines qui retourne tout le net pour la moindre petite chose qu'elles ignorent à ce sujet. Il est évident que ce soir, ça ne sera pas une soirée télé mais bon, rien n'empêche de faire la conversation vers un éventuel dîner et avant leur première vrai nuit d'amour. Car bon la dernière fois, elle avait dormi nue avec elle car elle lui avait prêté son tee-shirt pour dormir mais sinon, elle n'avait rien fait à part dormir comme une masse avec Rinako, le sourire aux lèvres.

Conçue... Ce mot me donne un frisson que je réprime, sans doute ce qui finit par faire tomber la tomate. Cette façons de le dire, concevoir, me dégoûte et me blesse. Aucun des mots que je connais pour décrire ça ne me plaît, je les trouve tous trop laids ou trop froids. Je ne parle pas du sexe mais bien de l'événement microscopique qui a lieu après dans le ventre de la mère, quand une infime partie du corps de chaque parent cesse d'être ce qu'elle et se fond dans l'autre pour donner quelque chose de nouveau. Concevoir, engendrer, procréer... C'est moche, et je trouve que c'est une injustice envers tous les gosses qui ont été à naître. Je voudrais un mot qui ne s'applique qu'à ça, un joli mot. Pas pour moi, bien sûr, ni sans doute pour Holy ou beaucoup d'autres filles, femmes et hommes. Pour Suki, et pour les enfants qu'une de nous portera un jour.

Ma petite amie sait forcément quelle chance elle a d'avoir deux mères qui s'aimaient dès le départ, qui s'aiment sans doute encore ? Je crains d'autant plus le moment où je devrais lever le voile sur mes origines, lui révéler la profondeur abyssale de l'injustice. Car c'est une injustice en soi. Je lui envie ce couple souriant soudé autour de ce minuscule bout de chou qui fait à peine connaissance avec la lumière et l'air libre. Pourtant je ne suis pas vraiment jalouse et pour très bonne raison : plutôt crever que de renier ma mère un tant soit peu. Cette conviction et le souvenir de cette femme qui m'a donné beaucoup plus que de raison suffisent à me rendre le sourire... J'imagine aussi la photo, ça compte beaucoup.

" T'as vu comment j'étais dans ta cuisine ? Imagine moi au garde à vous à côté d'une grande brune dans le même état... Une très belle grande brune. "

Ma maman c'était la plus belle des mamans et pis c'est tout ! Et j'ai réalisé que je n'étais pas encore sa digne fille, elle a placé la barre bien plus haut que je ne l'avais imaginé. Quand Suki passe à la télé un doute me fait frissonner. Je lève la main à ma broche... Non, pas encore. Alors j'attaque mon sandwich en suivant ma petite amie. La futur plus belle des mamans ? Ça serait encore cramer les étapes comme une fusée. Ce serait aussi une grosse esquive à mon péché un peu trop mignon, quoique ce n'est pas seulement fleur-bleu. Je rougis en avalant ma bouche de pain-salade-tomate-poulet-mayo.

" Moi aussi. Je regarde presque rien, je préfère m'entraîner. Ou je regarde des trucs de dans pour mes techniques de combat. "

C'est beau de mentir à sa petite amie, ma fille... Bon, ok ! Je passe aux aveux ! Mais c'est embarrassant de dévoiler mon côté ado romantique comme ça. J'ai peur qu'elle me trouve nunuche, surtout si elle ne connaît la série. L'affiche est nunuche et c'est vrai que les zig-zag amoureux et les drames passionnels qui s'entortillent dans tous le sens c'est une piscine olympique d'eau de rose à chaque épisode. Même si la série a pris un gros coup de pied aux fesses dans la saison trois... Plutôt un coup de crosse de fusil d'assaut dans les gencives, parce que les affiches du double-épisode central faisaient carrément film de guerre.

" En fait je... Je regarde qu'un truc... Je... "

Un peu de courage, je relève au moins les yeux.

" Je suis fan de Celkhan Maiden... La série télé avec l'esclave et la commando qui tombent amoureuses. "

Surtout j'en dis pas plus ! Si je commence à lui raconter on en a pour la nuit et je suis pas certaine qu'on soit d'accord sur tout. Parce que mine de rien les créatrices de la série ne se gênent pas pour taper où ça fait mal, surtout avec le mec de la bande. Parce que oui : y'a un mec. Un orphelin élevé sur Caelestis, mais un mec donc forcément ça fait râler... En plus il est super gentil, il fait pitié par moment tellement il se laisse faire. Mais c'est normal vu qu'il tombe entre les griffe de la pétasse du casting. En fait... Erf ! je suis en train de refaire les trois saisons dans ma tête. Faut que j'arrête. En plus en déviant un peu du regard je viens de tomber sur la cinéthèque de Suki et, de toute évidence...

" Ça doit pas être ton truc. "

Soudain j'approche pour lui voler un baiser du bout des lèvres, et revenir en arrière avec un grand sourire.

" Mais je t'aime quand même. "

Si ça continue ma fausse queue va se détacher toute seule. Elle aurait pu m'accrocher un yoyo dans le dos vu que ça fait que monter, descendre et partir dans tous les sens.

" Et tu fais des super sandwichs. "

Désolé s'il y a des fautes, le site où je vais corriger ne marche pas ce soir...

Une belle grande brune en train de pleurer à côté de Rinako au garde à vous? Oui elle imaginait bien ça mais une photo ça aiderais mieux pour voir son visage? Elle la verra bien tôt ou tard. C'est dur d'imaginer une personne qui ressemble un peu à sa petite amie en brune? Idem qu'elle a du mal à visualiser à quoi pourrait ressembler leur fille? En supposant et en espérant que ce soit une fille avec leur deux code génétique ce qui ferait une Suki-Rinako? Bon pour les cheveux ça pouvait totalement être autre chose que rose ou jaune? Orange peut-être? Mais physiquement? Elle aura les yeux de qui? La forme de visage à laquelle de ses mamans? Son caractère? Houlala, il y avait encore tant de chose à imaginer et c'était loin ça en admettant que ça arrive. Oui, Suki aimerait aussi avoir une fille à elles, vraiment. Ça n'empêcherait en rien d'aimer Holy mais... mais elle veut aussi des filles sorties de son ventre ou celui de Rinako. Il faut arrêter de trop de se jeter dans l'avenir. La maison plus grande, Holy et le bonheur, ça sera déjà bien... éventuellement l'une d'elles enceinte mais ça ne sert à rien de s'imaginer cinq ou dix ans plus loin déjà! Cela risque d'être un de ses défauts quand elle est en couple! Vouloir plus, vouloir se voir loin alors qu'elle n'a encore rien fait.

La voir touché sa broche quand elle a évoqué la télé, elle n'avait pas comprit pourquoi? Elle devait croire qu'elle glissait? Quoi qu'il en soit, elle aussi ne regarde pas vraiment la télé, à croire que ça risque de servir pour les informations ou les invités à la limite seulement? Mais en réalité non. Elle avait du mal à le dire mais Rinako regardait une série au moins? Celkhane Maiden? On ne peut pas dire que Suki regarde ça. Elle n'a jamais même zappé dessus mais d'après les échos, soient c'est trop bien, soit c'est un truc de gamine amoureuse! Ouais, elle penserait surement ça elle aussi. Mais maintenant qu'elle a quelqu'un dans sa vie, peut-être que cette série serait trop bien à ses yeux? Ça lui ferrait une passion en plus avec elle, de quoi les rapprocher encore un peu.

« Je connais juste de nom, je n'ai jamais vraiment regarder. »

Que ce soit la série, les critiques, les articles dans les magazines sur les actrices. Même si elle se tourne vers ses quelques films, Suki garde un petit sourire avant de continuer à ne pas trop faire croire à Rinako qu'elles n'ont pas vraiment de goût en commun.

« Tu sais, ce sont juste quelques cadeaux. Je les ai visionner pour que ça ait une utilité mais je ne les ai pas choisi. Sauf un ou deux. »

Oui, elle ne regardait pas beaucoup la télé ou le cinéma mais ça ne l'empêchait pas d'aimer certaines films comme n'importe qui. Prise dans ses pensées, elle ne vit pas arrivé le baiser et ses oreilles comme sa queue se redressèrent d'un coup au contacte de ses lèvres mais ça n'avait rien de dérangeant. Elle se lécha les babines à cause du goût du sandwich avant de sourire.

« Je te ferais n'importe quel sandwich à l'avenir et je ferais même des efforts pour la cuisine si tu veux. »

Elle était légèrement timide en disant cela mais c'était vrai au moins. Elle se rapprocha d'elle un peu pour poser ses mains sur ses épaules en posant sa tête sur l'une d'elle. Jouant nerveusement avec son doigt sur sa poitrine, au niveau du cœur. Elle marchait sur des œufs mais faut espérer que ça ne sera pas une nouvelle erreur de sa part!

« Dis... je... tu me prendrais pour une de... de ses chaudasses si je te disais que j'ai envie de toi de... depuis qu'on est chez nous? »

Autant être franche. Suki n'est pas le genre de personne à passer son temps devant la télé à parler émission ou série et elles n'étaient pas ici pour un grand débat sur tel ou telle chose. Elles étaient ici en sachant ce que ce soir il allait se produire. De même qu'elle ne ferait que faire un peu avancer l'emploi du temps qu'elle s'était imaginer. Mais plutôt que passer la case départ pour arriver à la case nuit d'amour, elle pouvait toujours lui demander certaines choses, ne serait-ce que pour être l'ambiance et être plus à même de partir faire l'amour ensuite.

« Je... voulais savoir... tu es vierge, Rinako? »

Oui ou non, elle s'en fichait à vrai dire. Chacune à eux ses expériences – ou non – passé puis c'est tout. Elle voulait juste savoir si faire l'amour ensemble pour la première se fera plus en douceur que prévu ou non? Juste pour Rinako, si elle est vierge, Suki va devoir la guider en plus.

« Je comprendrais que tu sois gênée mais... »

Mais quoi? Elle ne savait pas comment se rattraper pour ça. Oui il fallait en parler pour se décoincer, mieux visualiser la suite mais Suki avançait sur un terrain inconnu donc difficile de prédire la suite des évènements!

Je vais pas avoir de mal à caser ma collection de films près de la télé. Quand je dis collection de films, il faut bien sûr comprendre "coffrets de Celkhan Maiden, trois saisons à multiplier par trois éditions : collector, limitée et prestige"... C'est pas un crime d'être fan ! Je vais peut-être pas tout ramener d'un coup, ça pourrait effrayer Suki. En tous cas elle finira forcément par connaître par cœur qu'elle le veuille ou non, et je commence tout de suite à penser à ne pas être trop chiante avec ça. En tous cas la suite ne peut que me faire sourire pour ce qu'elle implique.

" Si tu t'y connais autant que moi en cuisine, on sera pas trop de deux à faire des efforts. "

Non, ma mère ne cuisinait pas non plus. Mais je connais plein d'esclaves affranchies qui ont des recettes de petites plats géniaux. Ils seront peut-être pas bien géniaux au début mais avec de l'entraînement ils devraient devenir mangeable au bout d'un moment. On verra les scénario-catastrophes plus tard, parce que pour l'instant ma petite amie vient tout contre moi. Mes mains se posent sagement sur ses hanches alors que ma tête penche à peine pour trouver la sienne. J'aime l'odeur de ses cheveux, et sentir ses petits frissons, ses dandinements à peine perceptibles. ma petite amie nerveuse. J'ai beau être encore une novice, si le fait de me désirer depuis vingt minutes fait d'elle une chaudasse je suis quoi ? Je me suis retenu toute la journée, depuis que je l'ai vu à la cérémonie !

En fait je trouve ça touchant de sa part de me demander ça, et surtout de cette façon hésitante. Je tourne la tête pour déposer un baiser dans ses cheveux avant de descendre. Je veux qu'elle dise encore "chez nous", j'adore l'entendre de sa petite voix d'amoureuse. Mais je prends à peine mon souffle qu'elle repart... Elle veut savoir... Ho putain ! Comment j'ai fait pour pas la voir venir, celle-là ? En tous cas on peut dire que la douce décontraction de mes geste vient d'en prendre une bonne dans les gencives. Je me fige et je tremble en repensant ce qui s'est passé hier entre moi et les frangines coquines. Surtout en pensant à ce qu'elle va en penser ! Me faire dépuceler par deux expertes perverses moins de vingt-quatre heure avant de lui sauter dessus comme ça...

" Je... Je suis plus... tout à fait... du tout... vierge. "

Elle a pas du en entendre le moitié vu que je suis pas certaine de l'avoir dite à haute voix, je me soupçonne d'avoir remuer les lèvres en me faisant croire à moi-même que je passais aux aveux. Doucement. Inspire par le nez, ma fille ! Expire lentement par la bouche ! Pas s'angoisser, pas se braquer. Pas de panique, quoi... Je panique quand même un peu. Mes doigt glissent jusque dans le dos de Suki comme si j'avais peur qu'elle me repousse. J'ai les oreilles de kistune en arrière et ma queue doit pas faire la maline non plus.

" Je suis plus vierge... Tu m'en veux pas ? "

J'étais encore vierge quand on a dormi ensemble, et d'un coup je m'en veux de ne pas avoir gardé pour elle le peu d'innocence que j'ai sorti de la Fourmilière. Je n'arrive pas à imaginer quelque chose qui me ferait me sentir plus coupable, et j'ai le visage qui cuit en attendant son verdict.

Pour Suki, c'était difficile de poser ce genre de question, c'était toujours un terrain miné qu'elle passait quand elle posait ce genre de question. Elle avait bien vu avec sa question sur le mariage, ça lui a jeté un froid! Et là, bonne ou mauvaise question? Ne serait-ce que pour savoir si elle était vu par Rinako comme une chaudasse ou non? Mais le petit baiser dans les cheveux la rassure un peu, en revanche, sa seconde question était de nouveau un iceberg envoyé à sa chérie. Conne comme elle est, elle ne se souvient pas forcément qu'elles sont déjà parler de ça au bar? Non? Ou alors elle l'a rêvé? Elle ne dit rien, préfère attendre une réaction de Rinako, pas mauvaise espérons-le? Puis elle croit entendre quelque chose et bouge donc sa tête pour se relever vers elle. Oh mince, elle avait peut-être dit un truc qui ne passait pas? Puis elle lui avoua qu'elle n'était plus vierge. Ha? Mais ce n'était pas une raison pour lui en vouloir après tout. Suki ne lui avait pas promis qu'elle se chargerait de faire passer la jeune fille en jeune femme.

« Pourquoi je t'en voudrais? Tu sais, tu es vraiment ma petite amie depuis ce matin car... je dois dire que... je n'étais pas très sur de nos dernières paroles échanger dans ma chambre... Je... je ne savais si je l'avais imaginé ou non? Puis ne pas en parler le matin ne m'a pas aidé dans mes choix. »

Simple rêve dû à l'alcool, vérité, fantasme? Comment elle aurait pu savoir vu qu'elle n'était pas à jeun? Suki n'allait pas lui en vouloir pour si peu même si elle se demandait à quoi ressemblait sa première fois? Peut-être l'occasion d'en parler ensemble toutes les deux? De se décoincer un peu ensemble avant de franchir un cap, main dans la main. Elle se recula pour s'asseoir sur son canapé, invitant Rinako à en faire de même.

« Je pense qu'on pourrait au moins toutes les deux parler de nos premières fois? Je sais pas si c'est un bon conseil mais je pense que ça pourrait nous aider à nous sentir plus à l'aise après? »

Elle ne comptait pas tout raconter à Rinako mais au moins sa première fois avec une femme et une futa, les premières fois, ça marque à vie après tout. Elle détourna son regard, cherchant par où commencer? Elle n'allait pas lui donner un rapport ni tous les détails mais il ne fallait pas juste se contenter de dire si c'était bien ou non. Elle passa sa main près de ses oreilles de tigresse en se grattant la tête. Quand faut y aller...

« Ma première fois... j'avais quinze ans... Je ne sais plus vraiment comment ça a vraiment débuté mais j'avais fait ça avec... ma colocataire dans la caserne. Un soir... il me semble qu'on en avait souvent parler, que les filles, les autres s'en vantaient et se prenaient pour des grandes. Puis... je ne sais plus ce qui nous a poussé à partager un seul lit mais... mais ce fut ma première fois avec une fille et c'était plutôt bien, pas génial mais bien. On n'en a pas vraiment reparlé ensuite, on a essayé une ou deux fois mais on avait bien ressenti qu'il n'y avait pas vraiment d'amour. Depuis, on se salue à peine... ni plus, ni moins. »

On dit souvent que la première fois, ce n'est pas terrible... c'est à moitié vrai pour elle.

« Mais... tu es juste dépucelé avec une fille ou bien... tu... est vraiment plus vierge? »

En gros, est-ce qu'elle a coucher aussi avec une futa ou hermaphrodite? Sinon, Suki pourrait aussi raconter sa première fois avec ce genre de femme mais d'abord elle. Elle était déjà embarrassée d'avoir raconté sa première fois, autant laissé Rinako lui raconter rapidement à son tour sa première fois.

Pourquoi elle m'en voudrait ?... J'aimerais ne pas avoir à le lui raconter, du moins pas tout de suite. Mais je vais le faire, il la faut. J'ai eu ma dose de secrets. Je sais que ça pèse, que ça vous moisi de l'intérieur et que la pourriture se répand d'une façon ou d'une autre. Les meilleures raisons n'y font rien parce que quand la vérité sort du puits... La vérité, ou la réalité des faits déformée par des circonstances trop écrasantes. Mais j'ai choisi de porter un autre genre de fardeau, il va falloir que j'assume. Même si je crains de décevoir Suki je veux qu'elle me juge comme je me juge moi-même, son verdict ne sera peut-être pas aussi terrible que le mien ?

L'entendre parler de ma fuite au point du jour ne m'aide pas. J'ai bien dû faire le point là-dessus comme sur tout le reste, mais je m'en veux de l'avoir laissée seule comme si elle avait rêvé avec un coup dans le nez. Je n'avais pas encore choisi cette nouvelle ligne de conduite : aller au fond des choses le plus directement possible, partir de la base. Mais est-ce que j'aurais eu le bonheur de l'avoir dans mes bras toute une nuit si j'avais été comme ça ?

Nos premières fois... Assise sur le canapé avec ma petite amie je dois avoir les oreilles qui savent plus où ni comment se mettre. Je suis gênée, effrayée de découvrir peu à peu à quel point sa première fois n'a rien de commun avec la mienne, mais attentive. Ma chérie est en train de me confier une des parties les plus intimes de sa vie, et je veux en prendre soin comme du reste. En plus c'est une histoire assez banale, dans le fond. Elle n'a pas à en avoir honte, ni à la regretter. J'aurais sans doute fait pareil si je n'avais pas toujours eu peur de m'enflammer lors de ma première fois, m'enflammer au sens propre.

Je trouve ça mignon en me faisant un petit film, ma Suki et sa copine qui savent pas trop ce qu'elles font mais qui le font quand même, jusqu'à se retrouver au lit. Et je préfère y voir tout simplement le fait que la première n'était pas la bonne, parce que la bonne : c'est moi. Enfin, j'espère ! Accroche-toi ma fille parce que c'est au parc d'attraction que tu trouveras un grand huit pareil ! J'ai les oreilles qui s'écrasent, comme tout le reste. C'est que ma première fois toute récente est digne d'un film porno, alors posée à côté de ses émois d'adolescente ça va faire tâche. Je respire, je serre mes petits poings pour me donner du courage. Je vais essayer de pas trop paniquer. Autant le dire vite quand même.

" Les deux. C'est pour ça que j'ai peur que tu m'en veuilles. J'ai couché qu'une fois, avec une femme et une hermaphrodite. Les deux en même temps... Hier après-midi. "

J'ai la tête qui part en diagonale plongeante, je peux pas la regarder en fasse. J'étais amoureuse d'elle, j'ai l'impression de l'avoir trahie. Mais je dois pas arrêter, et je dois contenir à tout prix ce besoin de partir en courant pour de m'envoler vite et loin.

" La mission à la Fourmilière a duré moins de deux jours et c'était l'horreur. Et il y avait cette femme qui... On pouvait pas gérer tout ça, et pour tenir le coup on arrêtait pas de dire qu'une fois sorties de là on... On irait boire un verre. "

Je m'égare. Je m'arrête le temps de respirer, de frissonner en repoussant l'horreur. Pas maintenant, pas comme ça. Je lui dirai tout, dans les grandes lignes ou dans le détail, tout ce qu'elle voudra savoir et sans doute plus. Mais pas maintenant. Je relève les vers elle, des yeux désolés, coupables.

" Je m'en suis voulue d'être partie, Suki. J'avais tellement peur que quand j'ai entendu l'alarme... C'était à cause de mes pouvoirs. J'ai jamais eu d'amies ou de petite amie parce que j'avais trop peur de pas me contrôler. Si j'avais pas eu mon bracelet en obsidienne quand on est sorties au bar je serais pas restée avec toi. "

Je prends une autre inspiration que je relâche lentement. Il y a autre chose, une autre réalité des faits qui a donné à ma fuite des conséquences inattendues : je suis sortie de la Fourmilière brisée, mais aussi plus forte. Je souris à ma petite amie.

" Mais j'ai plus peur, maintenant. Et puis... "

Et puis merde, tiens !

" Et puis elles étaient chiantes ! Je me suis retrouvée avec mes complexes de pucelle devant une futa perverse qui me racontait ce qu'elle se collait dans les trous pour aller en cours à la fac. Et à table, en plus ! J'en étais encore à me dire que si je te revoyais j'aurais jamais le courage de venir te parler, et que j'allais pas être à la hauteur. En plus les grosses perverses qui se la racontent, j'ai limite dû leur taper un ordre de mission pour qu'elles se décident à me sauter !

C'est pas de l'abus, ça ? Moi la petite vierge encore trauma de toutes les saloperies qu'elle venait de se taper, je me faisais tourner autour par des femmes prétendue adultes. Si j'avais pas pris les choses en mains elles auraient jamais... Ho putain ! Je me ratatine d'un coup, je m'enfonce dans le canapé. Quelle conne ! Je viens de péter mon câble et de balancer à Suki que je lui ai sucré ma virginité pour me calmer les nerfs. je fixe déjà la porte en me demandant si part en courant tout de suite, ou si je part en courant dans deux secondes.

Elle était bien consciente que ce n'était pas simple à parler de ce genre de chose et c'est aussi la raison pour laquelle et répondait en première, voulant montrer à Rinako que ce n'était peut-être pas si grave que ça de parler de ce genre de choses entre elles. Elles en parleront bien tôt ou tard entre elles de toute façon donc quelle différence ça peut faire d'en parler maintenant? Suki avait raconté une histoire parmi tant d'autres sur les premières fois normales. Ça ne cassait pas trois pattes à un connard mais ça restait une petite histoire de sexe sans lendemain. Une fois, elle apprenait donc que pour sa Rinako, c'était du dépucelage des deux en une seule fois! Entre filles et avec une futa? Eh bien, elle rattrapait vite son retard! Devrait-elle en sourire – de façon coquine – ou bien être jalouse? Certes, c'était hier, elle aurait pu lui donner sa première fois mais Suki ne courrait pas après ce genre de chose. De plus, c'est plutôt bien qu'elle ait testé une autre fille, ça lui permettra de comparer même si pour aujourd'hui, ça sera surement tout en douceur. Elle écouta donc son histoire sans l'interrompre, elle avait déjà du mal à la raconter, la pauvre! Elle se permettra juste de l'interrompre une fois – ou plutôt entre deux phrases – pour la rassurer un peu. Elle posa sa main sur la sienne en gardant une voix ou la colère ou la tristesse – ou autres sentiments néfastes – n'avait rien à faire là.

« N'y pense plus, ce n'est pas important. Aujourd'hui tu es avec moi et c'est ce qui compte. »

Qu'elle ne pense plus au fait qu'elle était partie rapidement au petit matin, c'était de l'histoire ancienne à présent. C'est vrai qu'au final, ce n'était pas banal comme histoire mais ce n'est pas pour cela qu'elle lui en voudra? Elle n'était pas dans sa tête, à côté d'elle au moment des faits, comment elle aurait pu dire si elle lui en veut ou non? Elle ne lui en voulait pas bien sur mais... Comment l'expliquer? Bref, même si cela datait à peine plus ou moins de vingt-quatre heures, ce n'était pas grave.

« Eh bien ça m'a l'air d'être deux filles plutôt bizarres, surtout cette futa? »

S'il y a une bonne déesse ou même un bon dieu, elle ne sera pas tombé sur cette folle de Too Bad! Là oui elle aurait pu comprendre que sa première fois était... étrange et bizarre! Mais pour Suki aussi c'était une de ces histoires passer et pour le moment, elles n'avaient rien à faire dans ce moment romantique. Suki était pour un amour pur et simple entre elles et elle supposait que Rinako aussi? Mais il est possible qu'avec un coup dans le nez, elle serait capable de proposer un plan à trois? Ou plus? Mais bon, comment savoir? Elle n'a jamais été bourrée et amoureuse en même temps, sa prochaine cuite promet!

« Pour ce qui est de ma première fois avec une futa... j'étais déjà plus à l'aise et... moins à l'aise aussi. Je n'ai jamais couru après les futas, j'ai toujours eu peur que ce soit des mecs en réalité, opérer ou non. Mais aussi loin que je me souvienne, c'était bien une femme et ça ses produits après l'une de mes premières missions en alliance avec Tékhos. Elle avait à peu près le même grade que moi et... nous aussi c'était un peu pour décompresser... j'étais pas à l'aise au début mais après... je me suis un peu lâcher. »

Elles avaient le même grade mais cette Tékhane était plus grande qu'elle en toute taille et mensuration et la nuit avait été plutôt bonne mais comme la plupart du temps, c'était le coup d'un soir. Oui, Suki adorait les femmes mais une fois lancées avec une futa, elle peut partir loin! Hélas, ce fut aussi le cas avec Mélinda... pourquoi elle pense à elle! Quitte à penser à ça, autant repenser à la branleuse, au moins elle n'avait pas vraiment honte à avoir couché avec une grande actrice/réalisatrice porno! Elle aurait tant de chose à raconter sur ses diverses expériences sexuelles mais elle n'en avait pas envie. Chacune avait ses petits secrets puis autant elle se fichait de parler de leur première fois, autant elle n'a pas envie d'étaler le nombre de fois où elle a écarté les jambes. Surtout que beaucoup étaient à cause de l'alcool...

« Enfin, que tu ait ou non quelque chose entre les jambes, je t'aime quand même plus que n'importe quelle fille que j'ai ou croiserais sur ma route. Je pense que tu ne peux même pas imaginer à quel point je t'aime ma Rinako... »

Suki changea de position, à genoux sur le canapé pour se mettre au-dessus d'elle, se pencher vers elle et l'embrasser doucement, délicatement, un vrai petit baiser doux, comme d'habitude. Un vrai délice! Elle stoppa son baiser un court instant pour avouer une première vérité.

« Notre premier baiser chez nous... »

Elle eut un petit rire avant de reprendre les lèvres de Rinako contre les siennes et savourer ce bonheur, tout simplement. La suite sera encore mieux mais ce baiser n'est qu'un petit avant-gout de leur bonheur. Il y avait tant à faire ou à essayer mais chaque chose en son temps...

Bizarres ? Oui, sans doute. En tous cas perverses, et je sens que j’en serais pas sortie avant longtemps sans la colonelle Jun. Je les charge pas, mais qui serait sortie de cette chambre aussi vite sans intervention extérieure ? Je dois pas descendre dans les rouges en y pensant. L’image furtive de Suki entre les deux frangines m’a traversé l’esprit, il y a de quoi être rêveuse. En plus elle enchaîne sur une autre première fois, la deuxième moitié de la mienne, elle aussi pour se défouler. C’est vrai que ça défoule. Ma faible expérience en la matière me pousse à me dire que les futas sont de vraies chiennes en chaleur. Sur le terrain elles doivent vraiment être nerveuses !

Je dérive, mais soudain je me fige. Je ne sais pas trop comment prendre ce qu’elle semble avoir du mal à formuler. Je me sens gênée d’en venir d’un coup à nos corps qui sont si près l’un de l’autre, et d’imaginer que l’une de nous serait une hermaphrodite. J’entrouvre à peine bouche pour répondre que le souffle me manque... Sa Rinako. Je frémis de bonheur d’être sa Rinako. Sa petite amie, peut-être son grand amour, sa subordonnée, sa sœur d’arme, bientôt la deuxième maman de notre fille adoptive ? Tout ce que je suis, tout ce que je serai, je suis à elle toute entière. Et elle vient me prendre. Ma tigresse adorée grimpe sur le canapé pour venir tendrement m’offrir un doux baiser, le plus tendre de la journée.

Finalement on ne va pas beaucoup regarder la télé sur ce canapé, pas quand on y sera assise toutes les deux. Je crois même que dès qu’on sera toutes les deux dans la maison je passerai mon temps à lui courir après pour l’embrasser. Elle relève la tête, j’étais en train de fondre mais je me sens croustiller. Notre premier baiser chez nous ! Et son petit rire, ses yeux qui pétillent si près des miens. Elle me rend folle ! Je passe les bras autour d’elle avant de me laisser glisser en arrière. Je la garde contre moi pour ne pas me priver de sa bouche délicieuse. Elle finit allongée sur moi et ça aussi : j’en mourais d’envie ! Toutes les deux allongées l’une contre l’autre, elle dans mes bras, comme la nuit qu’on a passée ensemble.

Je l’embrasse tendrement, la câline entre mes bras. Mes mains bougent à peine dans son dos, glissant par petites poignées de millimètres pour le masser tout doucement. Mais bientôt elles rampent un peu plus loin pour mieux la serrer contre mon corps. Mes lèvres glissent des siennes, remontent sa joue pour arriver à son oreille, la vraie.

« Ma Suki. »

Son nom veut dire quelque chose, il me semble. J’ai du mal à voir comment je pourrais en dire plus sans me répéter. Comme mon étreinte je veille à garder ma voix la plus douce.

« La dernière fois qu’on était comme ça, quand tu m’as dit... J’y croyais pas, et je pensais pas que tu t’en souviendrais... Je pensais pas non plus que entendrais ma réponse... »

Et au creux de son oreille, je chuchote comme à ce moment-là.

« Je t’aime. »

Je laisse ma tête redescendre, mon visage passe sous le sien. Je lui vole un petit baiser du bout des lèvres.

« Mais ce soir, je vais sans doute m’endormir la première. Alors tu pourras me le dire à l’oreille ? Je veux être certaine de rêver de toi. »

Oui, c’est gnangnan. J’ai que seize ans, je peux bien faire ma petite écervelée romantique, non ?

C'est ce genre de chose qu'elle rêvait depuis longtemps, pas seulement les parties de jambes en l'air avec des filles de tous genres, non. Ce genre de petit baiser tout sympathique, ce genre de câlin, le genre de chose qu'elle pourrait très bien faire avec Rinako après une journée de boulot. Même sans évoquer leurs corps nus qui se frottent, ce genre de petites choses que font les couples, voilà ce qui lui faisait envie à l'époque et qu'elle n'avait jamais eu dans les bras d'une autre femme. Glissant toutes les deux sur le canapé, elles se retrouvaient dans la même position que la dernière fois, avant qu'elles se ne quittent. Sauf que Suki était nue et un peu alcoolisée et Rinako avait ce qui qui servait de chemise de nuit, un tee-shirt assez large. La façon de prononcer son nom, avec cette forme d'appartenance, elle n'avait pas à en rougir mais ça la rendait si heureuse d'être si importante dans la vie d'une fille autre que ses parents. Ses baisers, son étreinte, jamais elle ne pourrait se lasser de tout cela, c'était une chose impossible à voir pour elle.

Elle aussi la gardait dans ses bras en ne voulant plus la lâcher mais cette dernière continuait d'être si fleur rose en voulant des mots magiques au creux de son oreille? Très bien mais il était temps de prendre Rinako pour ce qu'elle était vraiment. Pas une adolescente mais une jeune femme. Approchant ses lèvres de ses oreilles, elle commença donc avec ce qu'elle voulait entendre et ce qu'elle avait surement imaginé sans le lui dire.

« Je t'aime tant ma Rinako. »

Voilà qui était fait pour ce qu'elle voulait entendre. Enfonçant ses lèvres dans son cou, elle l'embrassa quelques petites fois avant de reprendre.

« Mais je compte sur autre chose que quelques baisers et t'avoir dans mes bras pour que tu te souviennes de moi cette nuit. »

Oui, une nuit excellente attendait sa petite amie. Elle n'imaginait rien d'aussi vulgaire ou dépraver qu'avait pu lui raconter Too Bad le lendemain mais ça sera fantastique, romantique, tout simplement merveilleux. Elle se redressa en restant sur elle, un peu gênée mais bon.

« Je ne sais pas si ça te branche de commencer maintenant? Dans... notre lit? Rien ne nous oblige déjà à... mais on aurait déjà plus de place pour s'embrasser. »

Oui, ça se tient. Elle se poussa, retournant sur le sol, elle se tourna en direction des photos pour se calmer un peu. Non pas qu'elle y faisait attention mais c'était pour cacher un peu sa rougeur. Du côté de ses accessoires, ça ne se voyait pas, ses oreilles étaient normales et sa queue aussi. Une fois qu'elle se sentait prête, elle prit la main de Rinako pour la tirer doucement en direction de sa chambre qui était à présent, leur chambre.

« Tu viens? »

Un léger sourire pour accompagner le tout, elles allaient bien s'amuser, c'est sur! Doucement, ensemble, elles marchaient et pénétraient leur chambre. Suki et Rinako s'arrêtèrent devant le lit, face à face et si proche qu'elles pourraient se coller l'une contre l'autre. Elle gardait ses mains dans les siennes, sa queue remuait doucement alors qu'elle gardait son regard dans le sien.

« Une fois dans notre lit, je pense pas qu'on va en ressortir de sitôt. Tu te sens prête à partager ta nuit avec moi? »

Je frissonne de bonheur, si intensément que je ne peux empêcher mon dos de se cambrer et mes yeux de papillonner. Tout ça à cause d'un souffle léger sur mon oreille et de quelques petits mots tendres. À cause de l'impatience aussi, la douce angoisse qui n'a fait que monter toute la journée. Cette même angoisse qui me fait frémir quand ma petite amie adorée parle de plus que des câlins et des baisers. Je veux plus, je n'attends que ça, mais ça l'effraies aussi. Est-ce que je vais être à la hauteur ? Est-ce je vais savoir quoi faire pour la combler ? Est-ce que je risque d'être... d'être trop salope ? Ma première expérience est encore toute récente et ça ne s'est pas fait dans la finesse.

J'essaie de retenir mon souffle de s'emballer. Commencer ? Dans notre lit ?!... Notre lit... Je suis écartelée entre mes émotions, je sais plus ce que je dois faire. Mon cœur me dit de foncer, mais trop n'importe comment, alors que mon ventre me dit de partir en courant très vite, et ma tête veut un peu de calme pour réfléchir. Plus de place pour s'embrasser ? C'est bon, ça ! Je prends ! On va y aller doucement.

" J'arrive. "

Un peu de courage, ma fille !... Ho non ! C'est pas le moment pour penser à ma mère ! Allez, un peu de courage ! C'est pas comme si on allait sur le terrain. En fait c'est tout le contraire alors pourquoi on se met la pression ? On est amoureuse et va juste se le montrer un peu plus... beaucoup plus... Ça me rassure pas. Une fois dans la chambre je suis tellement tendue que j'ai peur de partir comme un ressort et de traverser le plafond. Aide-moi un peu, pitié ! J'espère bien qu'on va rester un moment sur ce lit. Si je me sens... ? Là c'est trop, je craque. Je me jette quasiment sur elle pour l'embrasser, et pas un petit baiser tout gentil. Je l'embrasse passionnément, avec fougue et appétit, comme... comme j'avais peur de me faire jeter et de ne plus jamais goûter ses douces lèvres, sa langue chaude et tendre, son souffle au goût de sandwich... Je suis vraiment trop sous pression.

Je finis par rompre le contact et finalement je suis toujours aussi fébrile. Les yeux fermés je colle mon front au sien, et remonte une main dans ses si doux cheveux pour mieux garder sa tête contre la mienne.

" Je suis prête... "

J'arrive pas à le dire plus fort qu'un soupir.

" Arrête d'en parler comme ça, s'il te plaît... J'ai l'impression que c'est... une épreuve. "

C'est pas une épreuve, ça doit pas être une épreuve, si ? Non, je veux pas le voir comme ça, comme un foutu examen noté par une une sergent-instructrice. Je rouvre les yeux en laissant couler la main jusque sur son épaule. Et la pression s'envole d'elle-même comme je mets à rire doucement.

" Je vais finir par avoir peur, si ça continue. Bien sûr que ça me branche d'aller m'allonger avec toi dans notre lit ! "

Et ça me branche tellement que je la garde contre moi et je nous jette toutes les deux sur SON lit ! Parce qu'il faut encore que j'y passe une nuit pour que ce soit le nôtre. Et pour l'instant ça me va très bien de rester habillée en gardant contre moi. Il faudra quand même que je lui fasse passer la belle robe de soirée posée sur la chaise, mais je n'ai rien d'aussi classe à me mettre. Alors pour l'instant je me contente de mon uniforme de danseuse du ventre contre la combinaison de ma petite amie, de toute façon les deux vont finir par voler. Allongée sur le flanc à côté d'elle, je sens ma fausse queue de renarde qui balaie lentement le lit dans mon dos.

" C'est vrai qu'il y a de la place dans notre lit. "

Les voilà dans leur chambre et Suki est plutôt impatiente. Le lit n'est à même pas un mètre d'elle, elle pourrait commencer comme elle en a toujours rêvé. Cette première soirée sera aussi douce que tout ce qu'elles ont vécu ensemble, amoureuse, jusque-là et bien sur, au fil des jours, elles auront autre chose à faire que des petits bisous. Suki pourrait se montrer plus dominante ou inversement, Rinako pourrait se montrer comme ça? Elles pourraient avoir certains fantasmes à faire comme se déguiser, jouer des petits rôles ou se lancer dans une soirée hermaphrodite? Faut pas croire mais pour ce qui était du sexe, que ce soit les jeux, la lingerie ou le « cinéma », les créatrices ne manquaient pas d'imagination! Il y avait même, soi-disant un fauteuil avec des capteurs bizarres relié à une sorte de casque pour le cyber-sexe mais non seulement ça coutait cher mais en plus, ce n'était pas très répandu ici? Surtout un délire de ses chaudasses de Uatéennes! Ça ne l'étonnerait pas que Dylan ait déjà essayé ce genre de chose! Suki ne s'y connaissait pas trop en sexe toy... Bon, c'est vrai, elle a déjà eu l'occasion d'essayer et de plus, elle avait déjà feuilleté quelques pages sur le web par simple curiosité mais disons que les seules choses qui l'avaient intéressé dessus étaient des choses pour stimuler la libido, augmenter les chances de devenir parents. Que ce soit des sortes de pilules, des choses moins banales... Elle avait vu une sorte de double gode qui absorbait la mouille de l'une pour la faire passer dans une sphère collée au jouet entre les deux pour la transformer en une sorte de spermatozoïdes. Mais le taux de réussite n'était pas de cent pour cent et le jouet en question avait un certain nombre d'utilisations avant de ne plus fonctionner donc disons-le, ça avait du mal à décoller en ce qui concerne les ventes.

Le baiser de sa petite amie la surprenait, elle imaginait ça doux mais avec cette force, c'était beau bien que plus violent mais... ce n'était pas désagréable. Elle s'imaginait devoir tout faire mais c'est à croire que ses deux filles se sont bien occupé de son éducation, un bon point pour elles. Elle souriait face à sa réaction, c'est vrai qu'elle n'avait pas fait attention mais ça faisait un peu exercice militaire la façon dont elle avait dit cela.

« Désolé. »

Lâcha-t-elle en souriant avant d'être propulsé dans son lit par Rinako qui trouvait effectivement le lit plutôt grand. Suki passait le bout de ses doigts sur sa poitrine, passant plus bas pour caresser son ventre et retourner vers ses hanches. Dommage qu'elle n'avait pas les mains nues, elle aurait bien aimé profité de sa peau douce. Mais bon, elle va devoir attendre un peu car elle ne voulait pas se déshabiller maintenant et passer pour une vraie chienne. Même si les propos de Suki ne l'aidaient pas à dire le contraire...

« On aura la place de faire des folies, comme ça... »

Elle souriait en rougissant à peine. Il y avait du progrès mais se retrouver dans le lit, toutes les deux devaient aider quand même. Elle se rapprocha de Rinako pour la coller un peu en caressant sa hanche, allant jusqu'à sa cuisse pour remonter doucement et recommencer.

« Avant de vraiment se lancer, tu as quelques fantasmes que tu aimerais vivre? Je ne sais pas... faire ça dans un costume spécial ou une position peut-être? N'ait pas honte... on a toutes nos petites envies, parfois bizarre... »

Suki détourna le regard un peu avant de recroiser ses yeux en souriant un peu plus.

« Tu vas me prendre pour une perverse à force. »

Mais à voir Rinako avec ses petites oreilles de Kitsune, ça la rendait tellement mignonne que sa queue remuait doucement, agissant avec ses émotions. Rinako était si belle, même sans cela mais avouons-le, c'était un petit plus. Elle imagine, allez savoir pourquoi, une Holly ressemblant un peu plus à une kitsune, plus furry que humaine et bon sang, ce qu'elle était choupinette! Enfin, ce n'était pas le moment de penser enfant, surtout avec ce dont elles risquent d'aborder. Cela peut mener à un enfant mais pas comme ça entre deux filles normales ou alors Suki et Rinako vont inventer une nouvelle façon de procréer !

Faire des folies... Je rougis sans trop savoir pourquoi. Après tout c'est bien ce qu'on a eu en tête toute la journée, non ? La main gantée de ma chérie me donne des frissons alors que la mienne remonte son bras. Je passe vraiment ma vie à moitié à poils, et dans une telle situation c'est vraiment injuste : je n'ai que sa nuque à caresser alors qu'elle a tout mon ventre et mes hanches. Mais elle ne tarde pas à me faire frissonner autrement. Des fantasmes ? Des costumes et des positions ? Des petites envies ? Je sens que je fais une drôle de tête. Je ne m'attendais pas à ça non plus. Je me suis déjà fait de petits films érotiques dans ma tête, mais rien de franchement exceptionnel. Et je suis d'autant plus prise de court que ma blondinette adorée est aussi gênée.

Minute ! Elle est gênée ? Comment j'ai pas vu ça plus tôt ? En fait elle est aussi paniquée que moi ! Ça doit être pour ça qu'elle arrête pas d'en parler et de me demander si ça va, si on va pas trop vite, si je veux quelque chose de précis... Bin ma fille ! Vous vous êtes trouvées, toutes les deux ! Des milliers de choses me passent par la tête et résonnent comme des alarmes. Je suis plus jeune, moins expérimentée, moins savante, moins inventive, moins gradée, moins mâture, moins petite, moins belle, moins blonde... Je m'enfonce dans tous les moins qui passent en une demi-seconde. Et je craque dans l'instant.

Ma main repousse la sienne, je la met sur le dos en me mettant sur elle. Je me trémousse pour glisser les jambes entre ses cuisses, vraiment l'écraser. Dressée sur les coudes je plonge au creux de son cou pour y déposer de petits baisers, ma main droite atteint déjà mon plastron et sa commande d'ouverture.

" Arrête de parler... et enlève ta combi... "

Je relève la tête de son col pour lui voler un petit baiser. Mais ça ne me suffit pas, je revient l'embrasser à pleine bouche. Je la veux, je la désire, je n'ai jamais ressenti ça pour personne, même pas pour elle quand je la fantasmais. Pourquoi on se prend la tête ? Même si je ne sais pas vraiment et comment la toucher, j'apprendrai bien assez tôt. Je sais déjà où j'ai envie de poser mes lèvres et laisser trainer ma langue : partout sur son corps, et pas que sur son corps. Je sais aussi que tout ne se fera pas dans une infinie douceur à l'eau de rose. Mes sentiments pour elle sont forts, intenses, et je meure d'envie de le lui montrer.

Je me redresse à genoux pour virer mon plastron. Après je fais précisément ce qu'elle m'a dit : j'assume mes envies, sans avoir honte. Je veux faire l'amour à ma petite amie, alors même si on devient perverses je vois pas pourquoi j'aurais honte ! Je suis déjà bien plus qu'à moitié nue, ma tenue est plus facile à enlever. Mais histoire de bien mettre les choses au clair j'enlève ma broche, et je me penche pour la poser sur la table de nuit. Qu'est-ce qu'il y a de clair ? Juste une impression : il me semble bien avoir senti le bout du nez de ma chérie frôler mon téton gauche.

Je me redresse à nouveau et laisse mes mains glisser sur sa combinaison. Depuis le temps que j'attends de vraiment la voir nue, pas seulement la deviner dans le noir en sachant que je dois garder les mains dans mes poches. Je veux toucher, goûter et comparer chaque centimètre carré de sa peau si douce. Parce que ça je le sais d'expérience : elle a la peau très douce.

" J'ai envie de toi, ma Suki. J'ai envie de te faire l'amour tout de suite. "

Mes mains n'attendent que de l'aider à s'extraire de sa combinaison. Ensuite ce sera à mon tour de rouler sur le dos pour la laisser m'enlever ma culotte... J'en frissonne tellement que je tremble presque. J'espère qu'elle va aimer la petite flèche rose soigneusement épilée tout en bas de mon ventre.

Suki aurait-elle déjà imaginé sa Rinako si impatiente, si dominatrice? Non. Mais pour le coup, Suki avait beau être une boule de nerfs, voir sa Rinako la mettre sur le dos, se placer entre ses jambes et l'embrasser dans le cou en lui ordonnant des choses, ça l'avait excité! Était-ce le rapport de forces qui faisait ça? Pour peu qu'elles auraient déjà été nues et Rinako avec quelque chose entre les jambes, ça aurait été... drôlement tentant. Suki ne fantasmait pas vraiment sur les futa/hermaphrodite mais elle commençait déjà à imaginer sa petite amie dans différentes situations et... dans certains cas, elle ne dirait pas non. Lui donner un ordre de cette façon l'avait étonné, surtout ce qu'elle demandait mais la lieutenante va-t-elle la contredire? Oh non, elle aussi voulait être nue! Suki restait muette devant cette envie, devant cette jeune femme qui se déshabillait dans son lit. Oui, pour le coup, elle matait un peu mais n'avait-elle pas le droit d'aimer regarder sa petite amie impatiente et nue? Elle était aussi belle qu'avant! Et ses attribues de kitsune... charmante! Une belle Celkhane kitsune qui sait la faire fantasmer en un rien de temps! Elle retira sa fausse queue accrochée à sa tenue pour le moment. Pressant le bouton sur son col, elle cita doucement son code pour désactiver sa tenue afin de pouvoir la retirer sans la déchirer – avec un bon matériel alors! – en mille morceaux.

« Suki Tetsuhiko M-241.89 S.T. L-3040-500 »

Et pouf, la tenue si serrée, si moulante ne devenait plus qu'une tenue informe, bien trop large pour le corps de la soldate. Se glissant hors de sa coquille de soldate, la voilà nue comme au premier jour, une femme en chair et en os. La soldate n'était plus qu'une femme sans cette combinaison, une femme prête à passer à ce grand soir qui la faisait tant rêver depuis une semaine. Maintenant nue, grâce un peu à l'aise de Rinako, elle pouvait faire ce dont elle avait toujours envie, caresser Rinako mais cette fois, en sentant sa peau sous ses doigts, pas juste avec le visage ou les lèvres, chaque petit centimètre de son corps pouvait passer sous ses doigts cette fois. Suki ne portait pas de culotte mais elle n'en portait jamais, idem pour le soutien-gorge. Cela faisait un peu tout ça dans sa combinaison. Pourtant sa dernière culotte remonte à la soirée avec cette fameuse robe. Depuis, la culotte est si rare! Suki posa sa main sur la côte de Rinako, descendant doucement vers ses hanches.

« Ta peau est si douce, Rinako... je m'en souvenais plus... »

Faut que la dernière fois, elle n'était pas dans son état normal quand elle avait pu profiter inconsciemment du corps de sa douce petite amie. Oh oui, elle était si douce, le corps de sa Rina... ça faisait un joli surnom ça, Rina? Ça serait un crime d'abimer sa peau avec quoi que ce soit. Ses doigts passaient eux aussi sur la queue touffue mais douce de la belle renarde. Tiens, sa queue! Elle la récupéra sur le lit pour l'accrocher en bas du dos, redevenant ondulante pour doucement se mouvoir de plaisir. Il ne restait que la culotte de Rinako mais ça ne fait rien, elle était impatiente de se frotter contre elle. Sa main descendait sur sa cuisse passant doucement sur sa culotte alors qu'une idée folle mais pas si fou que ça lui traversait l'esprit. Rinako était impatiente? Pourquoi ne pas jeter un peu d'huile sur le feu? Suki se redressait un peu en se rapprochant d'elle, sa faible poitrine frôlait celle de sa Rina-kitsune.

« Ma Rina chérie... je peux te retirer ta culotte... avec mes dents? »

La tentation était trop forte, elle se perdait déjà dans son cou pour l'embrasser et l'embrasser, passant sa langue le long de son cou, la léchant, la savourant. Elle n'était pas tellement sucre mais Suki était bien décidée à déguster entièrement sa sucrerie. Suki n'avait rien entre les jambes, sachant que sa petite amie revenait aujourd'hui, elle a tout fait pour être toute belle et propre entre les jambes. Aussi douce que sa peau. Continuant de l'embrasser, sa main caressait doucement l'un de ses seins moelleux et doux... ils avaient l'air bon eux aussi mais patience, c'est pour bientôt...

Je déballe ma Suki chérie comme un joli bonbon que je frémis à l'idée de goûter. Je me demande ce que ça fait de porter ça, d'être moulée des orteils au col et de sentir soudain tout ce se relâcher ? Je lui poserait la question une autre fois. Pour l'heure je tire ce gros sac informe pour en libérer ma chérie, et je le balance en la dévorant des yeux. Ma Suki est entièrement nue devant moi, enfin je peux la voir et même la regarder. Ses épaules finement musclées, ses bras fins, ses tout petits seins... Et elle me touche. Je reste dressée sur les genoux le bassin en avant pour mieux laisser sa main dériver. Mes paupières papillonnent sous les frissons qui se déchaînent depuis ses doigts. Mes lèvres s'étirent toute seule alors que mon esprit vibre de la remarque de ma belle.

" La tienne aussi... Moi, je m'en souviens. "

Et je me mordille la lèvre de savoir que dans quelques secondes j'y goûterai à nouveau. je rouvre les yeux en la sentant remuer sur le lit, elle remet sa queue de Neko. Et elle se relève. Cette fois mes mains l'accueillent et la suivent, je caresse ses épaules, puis ses bras. La gauche coule dans son dos mais la droite retrouve son épaule. Ma Suki chérie est peut-être plus petite que moi, plus timide quand elle s'y met, mais elle est aussi forte en dehors comme à l'intérieur. Et surtout ses petits seins sont tout contre mes petits seins.

Je me laisse dévorer par ma tigresse d'amour. Je n'arrive pas à croire ce que je viens d'entendre mais tout ça est encore irréel dans certains coins de ma tête. Ma lieutenante dans mes bras, qui me grignote le cou en m'appelant sa Rina chérie, qui me caresse toute nue, et qui veut m'enlever ma culotte avec les dents. Je me laisse tomber sur le lit avec un long soupire d'excitation. Sur le dos je me cambre en braquant les yeux de ma petite amie.

" Vas-y, mon amour... avec les dents. "

Ça m'excite ! Je profite de ce moment pour virer mes gants interminables. Elle avait raison : je la trouve perverse. Et surtout je suis jalouse, parce que ce n'est pas demain la veille que je pourrais la déshabiller avec les dents. Je glisserais bien aussi mes doigts enfin nus dans ces beaux cheveux blonds, mais j'ai besoin de tous mes appuis pour mieux me cambrer et laisser ma tigresse gourmande me dépouiller de mes dernières défenses. Je me mordille la lèvre alors qu'elle fait de même avec ma culotte.

" Grumpf ! Dépêf-toi ! "

J'en peux déjà plus de garder les cuisses serrées pour la laisser virer ma culotte. J'ai le cœur qui bat à cent à l'heure, qui pulse le désir et l'excitation à travers tout mon corps... et même au-delà à travers l'a queue touffu qui s'agite fébrilement au bas de mon dos.

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