The Multiversity

Salim n'était pas du genre à se décourager facilement. À mesure qu'il approchait de ses 18 ans, la question de sa mère, ce vide qu'il ressentait depuis toujours, devenait impossible à ignorer. Son père lui avait raconté peu de choses sur elle, et il avait grandi avec l'image floue d'une femme qui l'avait abandonné après le divorce. Mais au fond de lui, il savait que l'histoire était plus complexe. Ses parents s’étaient séparés brutalement, et son père, puissant et influent en Arabie Saoudite, avait tout mis en œuvre pour garder son fils près de lui, usant de ses relations pour obtenir la garde exclusive.

Angela, sa mère, n’avait jamais vraiment eu sa chance. Elle était américaine, une entrepreneuse qui avait tenté de refaire sa vie de l’autre côté du monde, loin de lui. Depuis tout ce temps, elle n’avait jamais cherché à le recontacter, du moins c’est ce qu’on lui avait fait croire. Mais Salim voulait connaître la vérité. Il ne pouvait plus supporter de vivre dans l’ombre d’une absence inexpliquée. Il lui fallait des réponses.

Un jour, alors qu’il regardait des reportages en ligne, il tomba par hasard sur un site du dark web où des gens parlaient de leurs expériences avec des détectives privés. Un frisson d'excitation parcourut Salim. Et si c’était ça, la solution ? Il savait que retrouver quelqu'un en dehors du pays ne serait pas facile, mais l’idée s’ancra dans son esprit.

Finalement, après de nombreuses recherches, il trouva un détective basé aux États-Unis, spécialisé dans les enquêtes familiales et les recherches de personnes disparues. Salim le contacta via une messagerie sécurisée, en gardant son identité aussi discrète que possible. Il inventa une histoire simple : un fils recherchant sa mère pour la première fois. Il ne voulait pas trop en dire, par crainte de dévoiler son véritable objectif et d’attirer l'attention de son père.

Le détective, un homme du nom de Jack Malone, accepta la mission. Salim lui envoya les maigres informations qu'il possédait : le nom de sa mère, Angela, et le fait qu'elle était américaine. Le reste était flou, presque oublié dans les méandres de son enfance. Mais Jack était expérimenté et bien connecté. Il avait des contacts dans les entreprises, des accès à des bases de données publiques et privées, et il savait comment naviguer dans les complexités du systéme sans se faire prendre

Le temps sembla s'étirer. Chaque jour, Salim vérifiait ses e-mails avec une anxiété croissante, espérant une nouvelle de Jack. Après plusieurs semaines d'attente, un matin, un e-mail tant attendu arriva enfin.

"Objet : Informations concernant votre mère."

Salim n'hésita pas une seconde avant de l'ouvrir. Son cœur battait à tout rompre.

Salim resta immobile, relisant plusieurs fois le message. Angela... Sa mère était là, quelque part à New York, à une distance qu'un vol international pouvait couvrir. Elle avait un numéro de téléphone, une entreprise, une vie que lui ignorait complètement.
Il cliqua sur le document attaché. C’était un fichier simple, mais pour lui, c’était une porte vers un nouveau chapitre. Il parcourut l'adresse, l'activité professionnelle de sa mère et, bien sûr, le numéro de téléphone qu'il avait tant désiré.

Mais maintenant qu'il avait ces informations, une nouvelle peur l'envahissait : que ferait-il ensuite ? Il avait rêvé de ce moment, mais il n'avait jamais pensé à ce qu'il dirait, à comment elle réagirait. Était-elle prête à le voir ? L'avait-elle même cherché, pensé à lui ? Des questions sans fin tourbillonnaient dans sa tête. Mais il savait qu'il ne pouvait plus reculer.

Quelques jours plus tard, après avoir réfléchi, il prit une grande inspiration et composa le numéro.
Le téléphone sonna plusieurs fois. Son cœur battait si fort qu'il avait l’impression qu'il allait exploser. Puis, une voix féminine, douce mais professionnelle, répondit.
"Bonjour, ici Angela à l’appareil, je vous écoute."
C'était elle.
Salim resta muet quelques secondes, sa gorge soudainement nouée.
« Allo ? Allo ? »
Il y eut un long silence à l'autre bout du fil. Un silence si lourd qu’on aurait cru qu’il n’y avait personne au bout du fil.
« Allo ? Il y’a quelqu’un ? »
Salim, paralysé par la peur, laissa tomber son téléphone, incapable de répondre. Sa mère était à l’autre bout du fil, mais il ne pouvait pas dire un seul mot. Ayant confirmé l’identité de sa mère, il ne lui restait plus qu’une seule chose : organiser la rencontre.

Salim n'avait jamais envisagé d'aller aussi loin. Mais après avoir obtenu le numéro de téléphone d’Angela et réfléchi longuement à la manière de l'aborder, il avait réalisé que l’approche directe n'était peut-être pas la meilleure. Il lui fallait une approche plus subtile, une façon de se rapprocher d'elle sans tout dévoiler immédiatement.

Quelques jours plus tard, Salim reçut un message de Jack Malone, le détective qu’il avait engagé plus tôt.

Salim sourit, un mélange de soulagement et d'anxiété envahissant son corps. L’e-mail arriva le lendemain matin, comme prévu.

Le lundi suivant, il se présenta aux bureaux d’Angela Designs, situé dans un élégant bâtiment en plein cœur de New York. Il avait pris soin de soigner son apparence, vêtu d’une chemise sobre et d’un pantalon ajusté, prêt à se fondre dans la masse des employés. La tension montait à chaque pas qu'il faisait vers la réception.
Arrivé à l’accueil, il se présenta :

"Bonjour, je suis Yassine Al-Harbi, le nouveau stagiaire."
La réceptionniste jeta un coup d’œil à l’ordinateur, hochant la tête.
"Oui, bien sûr. Vous êtes attendu. Accordez-moi un instant, j’informe Mme Angela."

Son cœur se serra à l'entente de son prénom. Mme Angela. C’était sa mère, et pourtant elle n'avait aucune idée qu'il se tenait juste là, à quelques pas de la rencontrer. Salim serra les poings pour contrôler son émotion, son cœur battant la chamade. L’instant de vérité approchait, il allait enfin rencontrer celle qui l’avait mis au monde. Quel genre de femme était-elle ? une femme chaleureuse, froide, hautaine, arrogante ? Il allait bientôt le savoir…

Angela Solans était l’imposante PDG de Angela Designs, une solide entreprise générale qui travaillait dans l’immobilier de luxe. À ce titre, la compagnie disposait d’un service informatique important, d’un service comptabilité, et surtout d’un service architectural. C’était une entreprise ayant de gros clients, avec des architectes prestigieux qui concevaient des gratte-ciel, des villas futuristes, et se chargeaient même de la conception de l’intérieur des appartements, du design et du style. Sur le site Internet de l’entreprise, Angela Solans, la fondatrice, avait droit à une biographie relatant ses expériences passées dans le Golfe. On la voyait à la Trump Tower, et elle faisait partie des milliardaires qui soutenaient Donald Trump, elle côtoyait les chefs d’États, et son entreprise faisait l’objet d’enquêtes internationales et médiatiques. Un journal soupçonnait notamment Angela Designs de participer à des réunions secrètes avec l’État d’Israël pour concevoir la « future Gaza ». La compagnie était aussi impliquée dans les projets pharaoniques des pays du Golfe, et cela avait d’ailleurs fait la fortune de Miss Solans. Son cabinet avait aidé à la conception de plusieurs îles artificielles de Dubaï ou de gratte-ciel, et, plus récemment, Angela avait aussi décroché un contrat autour du pharaonique projet des Saoudiens The Line.

Pour autant, la compagnie agissait aussi au sein des États-Unis, notamment à New York, où la compagnie avait conçu des gratte-ciels luxueux et décroché des appels d’offres à des prix mirifiques. Tout cela faisait d’Angela une femme richissime, à qui on prêtait des ambitions politiques. Elle parlait en revanche assez peu de sa vie privée. Ses frasques sexuelles défrayaient souvent la chronique, mais elle n’avait aucun mari ni enfant. Elle affirmait que sa poitrine était naturelle, ce qui avait de quoi surprendre. Ses deux magnifiques obus en faisaient naturellement une candidate de choix. Elle se disait être une femme moderne du 21^ème siècle. Elle était pour la liberté sexuelle, même si elle n’était pas fan des woke et des hommes-sojas. Angela avait donc évidemment sa carte au sein du Grand Old Party. Elle surveillait également elle-même chaque nouvelle entrée dans son entreprise, que ce soit employé ou stagiaire. Il valait mieux éviter les fuites, car Angela Designs avait de très gros clients.

Ce matin, Angela était comme à son habitude à son bureau à une heure très matinale. Tous les employés savaient qu’elle bossait dur, qu’elle vivait dans un penthouse situé au-dessus des bureaux. Elle était en litige durable avec les Saoudiens autour du projet The Line. Un projet délirant de ville futuriste en plein désert, nécessitant des travaux colossaux. Les Saoudiens avaient sous-estimé le coût du projet, et commençaient aussi à réaliser que ce projet risquait de ne pas être rentable. Ils souhaitaient par conséquent renégocier les contrats. Dans ce contexte, la venue d’un stagiaire saoudien dans le département informatique avait été scruté à la loupe. Absorbée dans la lecture du contrat et dans des rendez-vous interminables avec ses avocats, Angela n’avait pas eu le temps de se renseigner sur le stagiaire avant le rendez-vous. Elle se rendit donc vers la salle de réunion où le jeune stagiaire devait se présenter.

Quand elle entra, ce fut pour voir que le directeur du pôle informatique, Michael Batson, se tenait déjà là.

« Bonjour, Madame Solans.
- Bon jour, Michael. Et bienvenue à vous… Monsieur Al-Harbi. »

Elle alla rapidement s’asseoir. La jeune femme portait un magnifique tailleur blanc, qui avait surtout tendance à mouler ses formes somptueuses, à commencer par sa poitrine massive. Elle s’assit, et croisa les jambes sous la table.

« Alors, vous souhaitez donc faire un stage chez nous, Monsieur Al-Harbi ? Vous faites des études dans quel domaine ? Notre méthode de recrutement implique que je me renseigne un minimum sur nos candidats et nos recrues, je laisse cela aux principaux concernés, comme Michael » indiqua-t-elle, pour se justifier de ne pas avoir lu le CV du candidat.

Ses yeux la troublaient un peu… Son regard et son teint arabe lui rappelait le seul homme qu’elle ait jamais vraiment aimé, et qui était celui qu’elle haïssait le plus au monde, celui qui l’avait privé de la plus parfaite de ses créations… Son fils, Salim.

Salim Al-Harbi se tenait devant la porte imposante du bureau d'Angela Designs, ses doigts légèrement crispés sur la lanière de son sac. La secrétaire, une femme élégante dans un tailleur noir, lui avait demandé de la suivre quelques minutes plus tôt, lui adressant un sourire professionnel tout en l’invitant à entrer dans l’ascenseur. Le trajet jusqu’au dernier étage du bâtiment, où se trouvait le bureau de la PDG, avait été silencieux, à l’exception du bruit de ses chaussures sur le sol en marbre.

« Madame Solans vous attend», déclara la secrétaire en s'arrêtant devant une porte en verre opaque. Elle appuya sur un bouton discret à côté, et les portes s'ouvrirent doucement.

Salim prit une profonde inspiration, essayant de masquer son trouble, avant de pénétrer dans l’immense salle de réunion où l'attendait Angela Solans, entourée de son équipe. La secrétaire referma la porte derrière lui sans un mot, le laissant seul avec la femme qui, malgré tout, restait sa mère biologique. Salim se tint debout avant qu’Angela ne lui fasse signe de s’asseoir.
Les yeux de Salim s’écarquillèrent à la vue de sa mère : cette dernière était tout simplement une… putain de gonzesse ! les joues de Salim virèrent au rouge, surtout à la vue de son décolleté large et épais, ou transparaissaient deux énormes poitrines. Salim faillit perdre conscience, il n’avait jamais vu d’aussi gros obus de toute sa vie !

*Mon dieu, sa poitrine est énorme ! elle a des implants ou quoi ?! *

Le jeune garçon ne put s'empêcher de ressentir un léger frisson lorsqu'il entendit sa mére prononcer son nom. Ce n'était qu'un nom d'emprunt, un masque derrière lequel il cachait son véritable objectif. Pourtant, entendre le timbre de la voix de celle qui, malgré tout, restait sa mère biologique, lui fit un effet qu'il n'avait pas anticipé.

Assis droit sur sa chaise dans la salle de réunion, Salim tenta de contrôler son agitation intérieure. Il avait rêvé de ce moment pendant des années, cherchant un moyen de rencontrer cette femme dont il ne connaissait que des bribes d'histoires glanées sur Internet. Angela Solans, la PDG redoutable, riche et puissante, l'incarnation même de la réussite, qui avait tourné le dos à son fils. Et maintenant, elle était là, assise face à lui, aussi imposante qu'il l'avait imaginée, et pourtant... différente.

Son regard glissa furtivement sur les traits de son visage. Il vit quelque chose dans ses yeux, une lueur passagère, peut-être un souvenir, mais elle l'avait masquée presque aussitôt. Son cœur s'emballa un instant.

Se souvient-elle de moi ?

Reprenant son calme, il afficha un sourire poli, essayant de masquer l'ouragan d'émotions qui faisait rage en lui. Il savait qu'il devait rester vigilant et ne pas laisser ses sentiments personnels compromettre cette rencontre.

« Merci de me recevoir, Madame Solans, » dit-il en s'efforçant de maintenir un ton neutre. « Je suis actuellement en première année d’études en développement informatique à Riyad, et j’ai décidé de venir passer mon stage ici, aux USA, en compte tenu des nombreuses opportunités présentes dans le pays »

Il sortit une tablette de son sac à dos, qu'il remit à Angela.

"Ici, vous trouverez mon projet de fin d'année, un jeu vidéo que j'ai créé en utilisant un outil du nom de RPG Maker, et que j'ai par la suite publié sur Steam"

Dans la tablette, Angela avait effectivement accès à une page Steam sur laquelle se trouvait un jeu du nom de "Fear and Hunger", un jeu qui était mal connu auprès du grand public, mais extrêmement connu chez le public hardcore pour sa difficulté extrême et son coté gore, presque grotesque. Des fois, Salim se demandait comment il avait pu créer une chose pareille...
Michael Batson se rapprocha, jetant un coup d'œil.
« Ah, je connais ce jeu ! mon fils y joue assez souvent, c’est assez crade comme jeu je dois avouer. Vous avez conçu ça tout seul ? »
« Heu, oui… »

En quittant la page Steam, Angela et Michael pouvait tomber sur le fichier projet du jeu en question, où se trouvait la totalité du code source du jeu, preuve que Salim en était bien le concepteur. Michael posa quelques questions techniques à Salim, histoire de s’assurer qu’il avait bien écrit le code lui-même et non avec l’aide d’un outil IA.

« Et bien, vous semblez avoir de solides bases en programmation, monsieur Al-Harbi, je suis étonné. Cependant, un homme comme vous ne serait-il pas mieux dans une entreprise plus spécialisée ? Genre une entreprise de jeux vidéo, par exemple ? »

Salim s’attendait à cette question. Les mains posées sur ses genoux, se crispèrent légèrement.

« Premièrement, les entreprises de jeux vidéo ne recrutent pas en ce moment, au contraire : dans le secteur, actuellement, la mode est aux licenciements »
Il fit une pause avant de reprendre :

« De plus, je m’intéresse aux infrastctures des grandes entreprises comme les vôtres. Passer un stage dans une entreprise aussi prestigieuse que là votre n’a pas le meme effet que de passer un stage chez, disons, Square-Enix »

Salim avait préparé minutieusement son entretien. Angela designs était une entreprise prestigieuse, ou les erreurs n’étaient pas permises. Il devait par conséquent soigner sa prestation et avoir un air irréprochable. Mais rien ne pouvait le préparer à ce moment. Ce n'était plus simplement une quête de vérité ou de justice. C'était un face-à-face avec le passé, et l'avenir de Salim dépendait désormais de chaque parole échangée.

« J’espère pouvoir contribuer au développement de votre département informatique, et surtout, apprendre auprès de vos équipes, » ajouta-t-il, cherchant à garder son ton aussi professionnel que possible. Mais au fond de lui, il se demandait... combien de temps pourrait-il cacher sa véritable identité ? et surtout, combien de temps pouvait-il cacher son excitation vis à vis de ses deux énormes obus ?

Avait-elle repéré son fils ? Angela était d’une beauté à s’en damner, et bien plus intelligente qu’on ne le pensait, mais elle n’était pas extralucide. Impossible pour elle de voir en ce jeune homme son fils. Elle avait juste pensé à son fils en voyant qu’il était métis, et tiqua également quand il mentionna l’université de Riyad. En toute logique, son fils avait l’âge d’être à l’université, lui aussi… Angela sortit cela de ses pensées quand leur stagiaire évoqua le jeu vidéo underground qu’il avait conçu pour Steam. Batson le connaissait, ce qui ne surprit guère Angela. Le côté gamer de Batson était connu, il proposait régulièrement de faire des partenariats pour un jeu vidéo axé sur Angela Designs. Un jeu de construction en temps réel, Angela Buildings. De fait, l’idée était passée du projet théorique à la réalité, le jeu était en cours de développement.

Angela les laissa discuter un peu. Batson lui demanda pourquoi il venait dans leur compagnie plutôt que de rechercher une place au sein d’une boîte de jeux vidéos. Il expliqua que le marché actuel n’était pas très favorable. Il est vrai que les grandes entreprises de jeux vidéos avaient réalisé des vagues de licenciements importantes après l’euphorie des années post-Covid.

« Le marché du jeu vidéo a les reins solides, pourtant, observa Angela. Suffisamment pour que nous ayons envisagé un partenariat pour développer des jeux vidéos inspirés de notre compagnie.
- Angela Buildings, vous en avez peut-être entendu parler ? Un simulateur de construction. »

Batson avait visiblement envie d’en parler, mais Angela choisit de recadrer la conversation.

« Vous devez savoir que notre agence travaille sur des projets d’urbanisme assez sensibles. Pour ne pas vous mentir, c’est votre nationalité saoudienne qui a penché en votre faveur. Notre compagnie s’est engagée dans le projet de construction The Line. Peut-être en avez-vous entendu parler ? »

C’était le projet pharaonique et futuriste des Saoudiens, connu dans le monde entier, et qui coûtait une fortune colossale.

« Ce que je veux vous faire comprendre, Monsieur Al-Harbi, c’est que nous avons de grands projets de développement en Arabie Saoudite. Le contexte géopolitique autour de votre pays d’origine a pour conséquence que notre gouvernement cherche à renforcer ses liens avec les Saoudiens. Nous espérons bien décrocher des contrats. Aussi, votre présence s’inscrit dans des échanges avec les autorités saoudiennes. Cela a aussi pour conséquence que vous allez devoir vous attacher à respecter un principe de confidentialité sur tout ce que vous verrez entre nos murs. En devenant stagiaire au sein de notre compagnie, vous rentrez dans un univers où il faut vous montrer discret sur ce que vous verrez, y compris auprès de vos proches. Est-ce que cela vous semble envisageable, Monsieur Al-Harbi ? Nous ne vous interdisons pas de mentionner dans votre CV votre stage, mais il vous est formellement interdit, autant pour votre sécurité que pour la nôtre, de mentionner les projets auxquels vous participerez. J’espère que cela est bien clair pour vous, Monsieur Al-Harbi. »

La dernière chose que Salim pouvait concevoir, c’était le fait que l’entreprise de sa mère soit d’une manière ou d’une autre, impliqué dans le domaine des jeux vidéo, son passe-temps favoris. Ainsi, le jeune garçon écarquilla les yeux quand sa mère mentionna Angela Design, un soi-disant jeu de constructions.

« Non, je… je n’en ai pas entendu parler »

Sa mère venait ensuite de lui parler de The line, un projet saoudien immense dont le but était de créer une projet ville intelligente futuriste située à Neom dans la province de Tabuk (nord-ouest du pays, au bord de la mer Rouge) et conçue de telle sorte qu'il n'y ait ni voitures, ni rues, et que la ville n'émette pas de carbone. Ce projet urbain conçu en plein désert est constitué de deux parois en miroir de 500 m de hauteur, sur 170 km de longueur et environ 200 m de largeur. À l'intérieur de cet espace, une cité futuriste est censée naître à l'horizon 2030.

Ce projet monstrueux, porté par Mohamed Ben Salmane, avait pour objectif de réduire la dépendance de l’Arabie saoudite vis-à-vis du pétrole et d’offrir ainsi une alternative saine et écologie aux énergies fossiles. Un projet ambitieux, qui illustrait la volonté de l’Arabie saoudite d’investir dans les énergies renouvelables, et qui, selon les sources, était reporté pour couter une véritable fortune.

Salim était naturellement au courant du projet, vu que l’entreprise détenue par son père faisait partie des nombreux prestataires contractés par le gouvernement saoudien pour concrétiser The Line.

« Oui, j’en ai entendu parler, Madame Solans. C’est un projet faramineux, en effet »

Puis, sa mère lui fit part du contrat de confidentialité qu’il devait respecter. Beaucoup d’entreprises faisaient signer un contrat de confidentialité à leurs agents, surtout lorsqu’il s’agissait de projets importants. D’ailleurs, faillir au principe de confidentialité se soldait souvent par un licenciement. Les entreprises comme Angela Designs accordaient une grande importance a la confidentialité de leurs opérations, et ceci, Salim le comprenait parfaitement.

Salim hocha la tête avant de répondre

« Je comprend parfaitement, Madame Solans. Je m’engage à respecter le principe de confidentialité de vos activités et de ne divulguer aucune information sensible à un quelconque tiers »

Salim, avec un air excité, se pencha en avant :

« Quand est ce que je pourrais commencer ? »

Salim était excité pour démarrer son stage, non pas pour le stage en lui-même mais pour faire plus amble connaissance avec sa mère, sa mère dont il avait été privé dès sa naissance !

Le projet The Line avait bénéficié d’une forte publicité, les Saoudiens avaient dépensé une fortune pour diffuser des publicités vantant les qualités de ce projet. Un tel projet attirait beaucoup de curieux et d’ennemis, notamment les Iraniens. Il fallait donc se méfier de tout espion cherchant à obtenir des données confidentielles sur ce projet. Si Angela ignorait pour l’heure qui était vraiment Salim, le service d’enquête interne de la compagnie lui permettra de le savoir bien rapidement.

Il était en tout cas enjoué à l’idée de travailler. Angela sourit, et répondit rapidement à son emphase :

« Vous pouvez commencer à travailler dès aujourd’hui si vous le souhaitez. Votre référent sera Monsieur Batson, ici présent. »

Michael Batson esquissa un léger sourire en hochant la tête.

« Tu es stagiaire, donc ta première journée consistera surtout à voir comment on fonctionne en interne. Pour l’heure, il va falloir qu’on te créé un compte stagiaire avec des autorisations, donc, d’ici là, tu seras avec moi ! »

Angela sourit brièvement. Salim put signer électroniquement le contrat de stage sur une tablette, et se retrouva ensuite seul en compagnie de Batson. Il ne restait plus dans l’air que le parfum enivrant de la patronne.

Le duo rejoignit l’ascenseur menant au pôle informatique, et, en chemin, Baton sourit doucement à Anton.

« Elle est belle, hein ? La patronne… On la regarde tous comme toi, tu sais. Elle est célibataire, en plus. On dit qu’elle aurait eu un gosse avec un Saoudien, et que c’est pour ça qu’elle insiste autant pour qu’on travaille avec eux. J’ignore si c’est vrai, mais on ne peut coucher qu’une fois avec elle… Quand on se débrouille bien. Enfin, ne te fais pas trop d’illusion, tu as une belle gueule, mais tu es juste stagiaire, il faut au moins avoir un CDI pour ça, haha ! »

Batson était loin de se douter de la réalité !

« Je pourrais te mettre sur notre projet de jeux vidéos, ça a eu l’air de t’emballer, tout à l’heure… Qu’est-ce que tu en dis ? »

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