Plus intriguant, le père de l’enfant est assis sur le trottoir. Son esprit partagé par la peine de son enfant et par la terreur qu’il vient d’expérimenter. Un démon dans un corps d’adolescente répète-t-il plusieurs fois à qui s’approcherait assez près de ses lèvres tremblantes pour entendre.
La main pousse ensuite la porte de verre pour entrer dans la pâtisserie qui semble être le lieu où s’est conduit le Mal. Un carillon chante. Mélange de couleurs et de fragrances. Délice pour les yeux et les narines après l’omniprésence du béton gris du monde du dehors.
De dos, on peut deviner rapidement que c’est cette jeune fille la source des problèmes de l’enfant et du père au-dehors. Pourquoi ? Tout simplement parce que son apparence est incroyable ! A première vue, on pourrait penser que c’est une sorte de jeune fille amoureuse d’une mode étrange. Un serre-tête avec d’énormes fraises et un collier de chantilly figé. Une robe couleur menthe. Un corset, des épaulières et des gants couleur chocolat.
Mais… à seconde vue, tout devient différent. Les fraises sur la tête semblent briller de cette lueur organique. Ce qui ressemble à un tissu vert est en réalité une sorte de réelle glace à la menthe figée dans un tissu organique. Et que dire du corps en elle-même de l’adolescente ? Il faudrait surement imaginer un blob, ou encore ce dessert connu des anglais. Quelque chose de transparent, bloblotant et de couleur rouge fraise. Il y a des choses qui flottent à l’intérieur. Ça semble être l’esquisse d’une colonne vertébrale dessinée par Picasso. Des organes du style du défunt peintre.
Bref, ça ne peut pas être une adolescente loufoque : c’est un monstre.
Que fait ce monstre sucré ? Elle vient de passer derrière la vitrine. La serveuse derrière la caisse enregistreuse a disparu. La porte battante finit de stabiliser après son passage. Désormais, l’adolescente-monstre a les yeux grands ouverts d’anticipation de tout ce qu’elle va manger. Un grand sourire accompagné d’une petite goutte de bave affamée à la commissure.
Ses deux mains s’accaparent d’éclairs au fraise. Elle veut goûter encore ce que l’enfant lui a « offert ». Il y en a déjà un dans sa bouche quand le carillon chante de nouveau.