Le spectacle de Lissandre avait quelque chose de fascinant. Lissetie pouvait le sentir, au loin, tandis qu’elle se rattachait à la conscience d’Erubetie, et qu’elle découvrait quelque chose… D’assez exceptionnel. D’indescriptible. Erubetie était à la fois multiple, et en même temps unique. Plus Lissetie passait de temps en compagnie d’Erubetie, et plus elle le réalisait. Elle n’avait qu’à se concentrer pour voir l’épaisse toile d’araignée que formait les clones aqueux de la Slime. Lissetie pouvait naviguer à travers chaque clone, ressentant ainsi les pensées des clones, des pensées qui ricochaient avec les autres. Il n’y avait ici aucun esprit supérieur, mais une multitude d’esprits reliés. Le tout ressemblait à une sorte de vaste esprit de ruche, ou de forum de discussion où des centaines de personnes parlaient régulièrement, alternant les séances avec Lissandre.
Celle-ci était en train de pomper des queues. Assise sur une Erubetie, elle avait une verge aqueuse nichée dans la chatte, et suçait deux Erubetie se trouvant à droite et à gauche d’elle. Elle les pompait avec appétit, des mains caressant ses cheveux, se crispant fermement à ceux-ci. Lissetie indiqua combien cette connexion la ravissait, et sentit une Erubetie s’enrouler autour d’elle, la câlinant dans son dos.
« Déesse du sexe et de la paix, cela sonne bien, hihi !
- Enfin, nous sommes plutôt des Anges… La Milice sexuelle de Maîtresse ! »
Une armée d’invasion qui ne conquérait pas par la violence, mais par le sexe et la luxure.
« Toutefois, tu es reliée à Mélissandre et à Lissandre, Lissetie… Tu es une excroissance de Mélissandre… Un clone d’elle, si tu préfères.
- Si tu veux nous accompagner lors d’une de nos croisades sexuelles, il faudra l’autorisation de notre Maîtresse. »
Une perspective sans aucun doute excitante pour Lissetie…
…Tandis que Reine Verrières, elle, répliqua à la Reine Noire qu’elle était tout à fait apte de connaître ses souvenirs, et termina son laïus en indiquant qu’elle pourrait un jour « éventuellement » la tuer. La Reine Noire gloussa doucement.
« J’ignorais qu’il y avait une telle arrogance chez cette humaine… Mais, après tout, elle est Française. Et, pour vouloir me voir directement, elle doit avoir sacrément confiance en elle. »
La Reine Noire se déplaça lentement, tandis que le décor évoluait, montrant désormais d’autres souvenirs de la Reine.
« Bien, bien… Je vais t’en dire un peu plus, alors. »
Une maison médiévale se forma alors… C’était la nuit, et Reine Verrières put entendre les vitres claquer.
« Voici, ma chère… La première manifestation de mes pouvoirs en tant que Source. La nuit où j’ai tué mes parents et le reste de ma famille. »
Lucinda avait suspendu le temps, et les amena dans la chambre des enfants. Lucinda dormait dans le lit, dans les bras de son grand-frère. C’était lui qu’elle aimait fortement. La maison se trouvait à l’extérieur de la ville que Reine Verrières avait vu tantôt, dans la forêt. C’était une ferme familiale. Lucinda y vivait en compagnie de Thomas, son frère, ses parents, et leurs grands-parents, ainsi que son oncle. Et, cette nuit, la jeune fille innocente eut sa première crise.
« Une Source est un individu doté d’un potentiel magique particulièrement exceptionnel, qui lui permet d’élever son esprit au-delà de ses propres limites physiques. La magie, vois-tu, est comme une série de lignes architecturales qui jalonnent toutes les réalités. Les lignes magiques traversent les frontières des réalités. Une Source a un accès direct à ces lignes. Et, quand une Source accède à ces lignes, la magie l’envahit, elle devient un portail incontrôlable. Regarde plutôt… Et tâche de survivre. »
La Reine Noire mit alors fin à la suspension du temps, et le souvenir arriva. La jeune Lucinda aux cheveux bouclés s’agitait nerveusement dans son sommeil, jusqu’à commencer à se tortiller dans le lit de paille. Surpris, Thomas se réveilla, et commença à essayer de la réveiller. Puis Lucinda se mit à hurler, à gesticuler sur place.
« Luce ? Luce ! Réveille-toi ! Luce ! »
Couchée sur le dos, Lucinda hurla alors… Un hurlement magique qui détruisit instantanément les vitrages de la maison. Toutes les fenêtres explosèrent, et la porte de la chambre d’enfants fut arrachée de ses gonds. Tom fut soulevé comme un fétu de blé, et s’écrasa lourdement contre le mur en face de la chambre. Ses yeux étaient injectés de sang, et il était déjà mort avant de tomber sur le sol.
Lucinda tomba au sol, et hurla encore. Dans le couloir, le père de Lucinda se dirigeait rapidement vers la chambre, et Lucinda hurla encore. La nouvelle onde de choc le frappa sur place, et il s’effondra sur le sol, se tortillant sur place tandis que son cerveau se liquéfiait en lui.
Un éclair déchira alors le ciel, frappant le toit, l’enflammant. Lucinda hurlait encore.
« Tu veux entendre ce que j’ai entendu, Reine Verrières ? Il m’a fallu du temps pour le comprendre… Quelqu’un était en train d’envahir mon esprit, d’en prendre le contrôle… Écoute donc. »
Lucinda se concentra encore, et laissa Reine Verrières entendre quelques mots, des mots d’outre-tombe, des mots maudits que personne ne devrait jamais entendre :
« Iä ! Iä ! Cthulhu fhtagn ! Ph'nglui mglw'nfah Cthulhu R'lyeh wgah'nagl fhtagn ! »