Quand Camille se réveilla, ce fut pour constater un sacré changement.
Il était dans une chambre d’hôpital à Argo City. Il apprit rapidement qu’il avait été retrouvé par les surveillants de la classe dans la forêt, gisant au sol dans un état inquiétant. La disparition de Camille avait été signalée dès le soir où il avait disparu, et la police avait rapidement enquêté sur Antonin et Dusio en retrouvant dans la chambre de Camille des traces de poil. La police avait ensuite mené une battue avec l’aide de chasseurs dans la forêt, et leurs efforts avaient fini par payer.
Camille avait été conduit à l’hôpital d’Argo City, l’une des plus grandes villes de Volony, et disposant de traitements médicamenteux adaptés pour les humains comme lui. Mis sous perfusion, il était soigné depuis plusieurs jours, et passait l’essentiel de son temps à dormir. Il avait juste besoin de repos. Les examens cliniques n’avaient montré aucune fracture quelconque. La police était prête à l’interroger afin de mener une enquête contre Antonin et Dusio.
Prévenus, ses parents n’avaient pas pu venir, et avaient envoyé pour s’occuper de lui sa nourrice habituelle, qui avait poussé de grands cris d’orfraie en voyant dans quel état était « sa poupée ». la Lamia semblait alors être un rêve. Les policiers avaient également examiné le centre commercial abandonné, mais sans trouver trace d’une quelconque Lamia.
« Une Lamia echidna, tu dis ? Voyons, ça n’a aucun sens, ces Lamias-là sont des prédateurs ! Ils dévorent les humains, surtout ceux comme toi ! »
Le discours des médecins allait dans le même sens :
« Ton esprit a dû te jouer des tours. Tu étais en hypothermie, tu aurais bien failli mourir. Ton cerveau a inventé toute cette histoire pour te protéger, et pour te donner la force de survivre. »
Alors, tout cela avait-il vraiment été un rêve ? Au bout d’une semaine, Camille allait pouvoir quitter l’hôpital. On envisageait de le changer de classe. Antonin avait des parents influents, et avaient déjà fait appel à un avocat, qui avait dénoncé la diffamation dont Antonin était victime, en rappelant que Camille était un Sans-Poil. Les propres parents de Camille souhaitaient étouffer l’affaire afin qu’elle ne porte pas préjudice à leurs intérêts économiques.
Le dernier soir, Camille était donc seul dans sa chambre, et, quand il émergea après avoir reçu de la morphine, il put entendre un sifflement. Un gros serpent se tenait sur son lit, et une odeur de fumée emplissait la pièce. Fumant une cigarette, Shaïra était là, sous sa forme humaine, assise sur un fauteuil.
« Bonsoir, Camille. Est-ce que je t’ai manqué ? »
Shaïra n’était pas un rêve, finalement ! Elle se releva, et étouffa sa cigarette, une cigarette spéciale qui semblait être davantage chargée en magie qu’en tabac. Elle grimpa sur le lit, et s’assit à côté de Camille. Elle attrapa une letrte qui trônait sur une table.
« Tes parents ne sont pas venus, mais tu as beaucoup de fans. Cette Leïla te souhaite un prompt rétablissement, et espère te faire un gros câlin-koala bientôt… »
Shaïra regarda encore Camille.
« Je t’ai rendu aux autorités, Camille, mais je ne t’ai pas abandonné. Je ne voulais pas que tu prennes une décision hâtive, sous la fatigue ou sous l’effet rémanent d’aphrodisiaques. »
Elle se tut quelques secondes, et caressa doucement l’une des mains de Camille.
« Je n’ai jamais eu de partenaire, tu sais… Enfin, j’ai quelques connaissances, mais jamais quelqu’un qui partage ma vie avec moi. Moi aussi, j’ai réfléchi. Je voulais partir, mais j’y ai renoncé… Je te souhaite, Camille. Je compte m’installer quelque part. Je connais une amie qui pourrait m’y aider, et je pourrais y élever mes enfants… Dont le nôtre, le premier d’une longue fratrie. »
La Lamia continua :
« Je sais que tu te trouves faible, mais je peux t’améliorer. Faire évoluer ton corps, te rendre plus fort… Mais cela, il faut que tu le veuilles. Sache néanmoins une chose, Camille, une chose que je n’ai encore jamais dit à quelqu’un d’autre… »
Sous sa forme reptilienne, Shaïra n’aurait jamais pu le dire, mais, sous sa forme humaine, elle était bien plus lucide. Elle attrapa doucement la petite main de Camille dans les siennes, et enchaîna :
« Je t’aime, Camille. Je veux porter ton enfant, puis d’autres enfants, et je veux te faire évoluer. Après tout, je peux être totalement une humaine, donc tu pourrais toi aussi devenir un Lamia. Je veux te rendre fort pour que tu n’aies plus à te sentir faible en ma présence, Camille… Je veux que tu deviennes mon Camille. »