Mais ça, c’est la leadeuse qui parle. En ce moment, ça lui demande une grosse quantité pour ne pas se laisser déborder par Alma l’émotionnelle qui joue au bélier contre la porte pour accéder au cerveau et ses contrôles.
« Continue ton enquête, Verena. Remonte aussi loin que tu le peux sur cette chaîne de pouvoir. Je veux savoir qui est derrière cet avocat. Et si c’est un intermédiaire, je veux savoir qui utilise cet intermédiaire. Ou ces intermédiaires. Je m’occupe de Liliane. »
Alma ne pourrait pas se lancer dans de tels hypothèses. Mais un écrivain omniscient ? Il pourrait légitimement se poser la question de l’efficacité de la super espionne VS le machiavélisme d’une demi déesse, non ? Cette rousse détestable et ô combien efficiente, elle serait bien capable de percer à jour le plan de Shayne. Peut-être. La question intéressante deviendrait alors celle-ci : à qui la loyauté irait ? Shayne ou Alma ? A moins que Verena ait son propre agenda et se serve à la fois de la mère et de la fille pour ses propres intérêts ? Non. Il ne vaut mieux pas trop creuser cette piste. Cela ressemblerait à démasquer de suite LE super vilain. LA Némésis de tout ce cycle.
Alors Alma laisse Verena derrière elle. Elle referme la porte et s’adosse contre elle. Soudainement, elle se sent si faible. Le corps allongé dans ce lit tout là-bas. C’est celui de son Soleil. Comment peut-elle abriter une super nova et à la fois la fragilité d’une flammèche prête à s’étioler complètement ? Cette femme qui n’a rien d’une déesse, d’un cyborg, d’une alien ou de toute créature unique : comment peut-elle paraitre si forte en abritant tant de faiblesses ?
*Pourquoi je suis si aveugle à ces problèmes ?! Ca m’énerve !! *
Alors elle prend le temps de retrouver sa culotte et de l’enfiler. De faire le tri entre ses affaires et celles de Liliane. Alma prend ce temps pour se rhabiller, en silence. Elle craint la future confrontation. Tout comme elle craint de s’asseoir sur son lit et de provoquer le réveil de sa belle. Il faut qu’elle se repose !
Inévitablement, Liliane se réveille. Alma est là. Assise sur le bord du lit. Elle veille. Mais l’expression sur son visage est profonde. De la peur. De la tristesse. De l’agacement aussi. Bref, pas besoin de pouvoirs pour réaliser qu’il n’y aura pas un quatrième round de sexe. Mais plutôt le moment où « il faut qu’on parle ».
« Je suis stupide. J’ai beau me palucher et sourire à dire que j’évolue. Je suis toujours aussi stupide et aveugle. Comment j’ai fait pour ne rien voir ? Pour ne rien sentir ? »
Alma étant Alma, elle décide d’aller directement au cœur du sujet. Mettons les formes et appelons ça « la thérapie choc ».
« Tu vas garder ton rein, j’ai fait annulé l’opération. Tu vas arrêter de t’épuiser pour gagner un peu d’argent et payer ce connard d’avocat. Je suis peut-être toujours aussi faible et bourrine comme au début, mais j’ai maintenant une sacrée équipe qui m’épaule. J’ai des paires d’yeux et d’oreilles en plus. Je sais, Liliane. J’ai appris beaucoup de choses. »
Pas « mon Soleil ». Alma a utilisé son prénom « Liliane ». Pas de mots doux. C’est vraiment une conversation sérieuse.