Sud-Kivu, République Démocratique du Congo (RDC)
Les détonations résonnaient en l’air, tandis que les flammes se rapprochaient du village, et que les habitants hurlaient. Ceux qui tentaient de s’interposer étaient froidement abattus par les miliciens de l’Armée de l’Aube.
« Fuyez, fuyez !
- Ils sont là ! »
Les miliciens s’approchaient, faisant klaxonner leurs Jeeps. Un camion rempli de soldats se trouvait en plein milieu de ce petit convoi qui rejoignit la place centrale du village.
Depuis la fin des années 1990, les régions orientales congolaises faisaient l’objet de conflits incessants entre principalement trois nations : l’Ouganda, le Rwanda, et le Congo. Des conflits à répétition qui trouvent une origine dans les conflits ethniques entre les Hutu et les Tutsis, conflits devenus mondialement célèbre suite au génocide commis par les Hutus sur les Tutsis au Rwanda, et aux mouvements de populations importants qui ont ensuite suivis dans les régions transfrontalières, et notamment le Kivu. Ces centaines de milliers de réfugiés rwandais qui étaient arrivés massivement avaient déstabilisé les régions frontalières, engendrant bon nombre de troubles par la suite. Face à ce chaos général, un homme avait su se démarquer des autres : Laurent-Désiré Kabila. Ce dernier avait fondé un mouvement rebelle, l’AFDL, et avait pris le pouvoir. Kabila avait alors formé un gouvernement de coalition, mais qui n’avait pas réussi à apaiser les tensions grandissantes dans le Kivu. La guerre avait fini par éclater dans le Kivu entre plusieurs États, qui, sous prétexte de protéger les Tutsis, en profitaient pour piller les ressources locales, se livrant à des guerres de procuration par l’intermédiaire de milices armées.
C’est dans ce contexte que la deuxième guerre du Congo avait éclaté, et que l’Armée de l’Aube avait été fondée. Une milice menée par le « général Ayo Keita », qui avait profité du conflit pour s’enrichir, en jouant sur tous les tableaux. Keita n’avait aucun scrupule, aucune conviction. L’Armée de l’Aube avait été fondée au Rwanda, dans les cendres du génocide, où Keita était devenu un passeur, aidant les réfugiés à fuir en les pillant par la suite, puis, pour ceux qui ne pouvaient pas lui échapper, en les transformant en esclaves. David avait été l’un de ses tueurs, un enfant-soldat. Keita les appelait ses « Libellules ». David avait pu s’arracher de l’influence malsaine de Keita en rejoignant le DDR, un programme national de réinsertion des mercenaires et enfants-soldats, et en bénéficiant de l’aide inattendue d’un mécène occidental, Bruce Wayne. Mais, si David avait pu être réhabilité, le Congo, lui, avait continué à sombrer.
La deuxième guerre du Congo avait donné lieu à une guerre civile qui durait désormais depuis 20 ans. David était né des cendres de la guerre, et n’en repartirait que le jour où la guerre serait terminée. Aussi se tenait-il là. Kahanda était l’un de ces nombreux villages qui subissaient les raids réguliers des différentes milices venant piller les ressources naturelles du Congo. C’était un pur massacre, une manière de régner par la terreur. Les miliciens s’avançaient, équipés de lance-flammes, enflammant les maisons et les casemates. Ils s’avançaient ainsi vers un bâtiment en maçonnerie, et défoncèrent l’une des portes d’entrée, une solide double porte en fer. Deux miliciens s’avancèrent dans un couloir. Faisant office de bâtiment municipal, cette structure abritait l’école et d’autres administrations élémentaires. Du pied, l’un des deux miliciens ouvrit une autre porte, et pointa son fusil d’assaut à l’intérieur d’une salle de classe remplie d’habitants apeurés.
« Non ! Pitié ! Nous avons des enfants !
- La ferme, sale chien de Tutsi ! »
Le milicien disposait d’un fusil à pompe qu’il pointa vers l’homme après l’avoir repoussé du pied…
*BANG !*
Aussi assourdissante qu’un éclair, la détonation résonna dans le vide. De la poussière tomba du plafond, tandis que, dans un hurlement de douleur, le milicien était repoussé. Il heurta violemment le mur, et en lâcha son arme. Surpris, son complice vit un homme qui l’avait projeté contre le mur, le tenant à la gorge.
« Putain de bordel ! »
Équipé d’un fusil d’assaut, le second milicien releva son arme vers la silhouette qui se tenait là, et appuya sur la gâchette… Tandis que, au même moment, la pointe tranchante d’un Batarang se planta dans le canon de l’arme. Les balles éclatèrent à l’intérieur, et le milicien se reçut un puissant coup de pied dans le ventre, qui le ramena dans le couloir, où il heurta le mur. Vêtu d’une combinaison noirâtre, Batwing venait d’apparaître.
« Restez ici ! enjoignit-il aux civils. Je m’occupe de ces monstres. »
Il pensait être seul dans sa croisade. Les forces militaires congolaises étaient débordées par les nombreux miliciens qui sévissaient dans la région.
David se trompait.